De l'autre côté du miroir (Partie 1)
Samedi 13 janvier 2007, 22h, maison de Gibbs
Nora et Gibbs travaillaient encore sur le bateau. Nora aimait bien, elle avait du mal à poncer parce que c’était très physique mais cet effort lui permettait de penser à autre chose. Elle se sentait mieux après, enfin la dernière fois c’était l’effet que cela lui avait fait. Gibbs avait commandé une pizza. Nora avait mangé une part mais avait à peine touchée à la deuxième. Elle disait ne pas avoir faim mais Gibbs pensait qu’elle était assez maigre comme ça et que ça pouvait devenir dangereux à force. Alors, finalement, elle mangea sa deuxième part. Mais elle était fatiguée et commençait à bailler.
« - Tu commences à fatiguer toi, tu devrais aller dormir un peu.
- Ouais, tu as raison, je vais aller me coucher. Bonne nuit Gibbs.
- Bonne nuit Nora. »
Nora se brossa les dents, prit une courte douche, se mit en pyjama et se coucha. Elle était très fatiguée, depuis qu’elle était sortie de l’hôpital, elle dormait très mal. Elle s’endormait, oui, mais elle se réveillait une quinzaine de fois par nuit, à cause de cauchemars la plupart du temps. Elle ne l’avait dit à personne. Elle voulait le garder absolument pour elle. Elle savait quelles étaient ses angoisses, les mêmes qu’il y quelques années, mais il ne fallait pas que qui que soit sache. Avant de s’endormir, elle sortit le cadre photo qu’elle avait pris et déposa une bise dessus. « Vous me manquez, vous deux », murmura-t-elle. Une larme qu’elle essuya d’un revers de la main dévala sa joue. Elle rangea la photo, se coucha et s’endormit.
Quelques heures plus tard, Gibbs monta lui aussi se coucher. Il voulait quand même voir si Nora allait bien. Il entrouvrit la porte. Elle était allongée sur le côté, recroquevillée sur elle-même et dos à lui. Sa couverture n’était plus sur elle, elle était tombée et trainait sur le sol. Elle semblait dormir paisiblement. Il s’approcha. Elle pleurait dans son sommeil, comme les autres nuits. Ses joues étaient rouges et humides. Il sentit son cœur se serrer en la voyant dans un tel désespoir et une telle angoisse mais il était impuissant, il ne pouvait pas lire dans ses pensées. Ah, Nora, si seulement tu n’étais pas aussi secrète et mystérieuse ! pensa Gibbs. Il ramassa la couverture, la remit sur elle et la borda. Il sortit en refermant la porte sans faire de bruit.
Dimanche 14 janvier 2007, 7h, maison de Gibbs
Gibbs était levé depuis une bonne demi-heure déjà. Il avait pris une douche, était allé chercher des croissants, avait préparé sa valise et était maintenait dans la cuisine. Il était assis et buvait son café. Il regarda sa montre : 7h. Le rendez-vous pour partir était à 8h. Vu la journée de la veille, Gibbs ne voulait pas réveiller Nora trop tôt, il voulait la laisser se reposer un peu. Mais, le temps pour elle de prendre son petit-déjeuner, de se préparer et de préparer une valise, il fallait qu’elle puisse le faire tranquillement. Il décida alors d’aller la réveiller. Il monta les escaliers et entra dans la chambre qu’il laissa dans l’obscurité. Nora dormait paisiblement, toujours sur le côté mais de l’autre côté cette fois. Il s’assit sur le rebord du lit. « Nora, il faudrait que tu te lèves ma puce », chuchota-t-il en lui tapotant le dos. Elle ouvrit presque aussitôt les yeux, s’étira de tout son long et bailla un grand coup. Gibbs ne bougea pas.
« - Il est quelle heure ? demanda-t-elle en tournant la tête vers lui.
- 7h.
- Ok. »
Nora commença à rabattre la couverture. Gibbs se mit debout et Nora se leva.
« - Tu prends ta douche ou tu déjeunes d’abord ?
- D’abord le petit-déj. »
Ils descendirent dans la cuisine. Nora s’assit sur une des chaises et Gibbs se dirigea vers un des placards de la cuisine.
« - Café, chocolat ou nucalait ? demanda l’agent fédéral en fouillant dans le placard.
- Euh… nucalait, s’il te plaît. »
Il lui prépara son nucalait et lui tendit.
« - Merci.
- Tu veux des croissants ? demanda-t-il en attrapant le sac en papier contenant les viennoiseries toutes chaudes et en s’asseyant à côté d’elle.
- Je veux bien. Ils sentent tellement bon. »
Gibbs sourit, lui tendit et en prit lui aussi. Il n’avait pas mangé, il avait juste pris un café pour se réveiller mais avait attendu que Nora se réveille. Ils finirent de manger, Nora se leva et posa sa tasse dans l’évier pour commencer à faire la vaisselle. « Laisse je m’en occupe. Va plutôt prendre ta douche », la coupa Gibbs en lui prenant l’éponge des mains. Nora fit la moue et ne voulut pas bouger. « Allez file ! Et mets des vêtements chauds, il fait froid dehors. » Finalement, Nora lui céda la place et alla se préparer. Elle redescendit une vingtaine de minutes plus tard habillée d’un jean et d’un pull à col roulé rayé dans les tons bleus qui mettait en valeur ses yeux bleus. Ses longs cheveux roux étaient coiffés en une jolie tresse africaine.
« - Bon, maintenant, tu vas aller préparer une valise de vêtements chauds.
- Une valise !? Mais pourquoi, s’interrompit Nora en lançant un regard inquiet à Gibbs.
- Non, ne t’en fais pas, tu ne vas ni dans une famille d’accueil ni dans un orphelinat. Je te l’ai promis, non ?
- Oui, c’est vrai, reconnut Nora rassurée. Mais alors c’est pour quoi faire ?
- Tu verras bien.
- Je fais une valise pour combien de temps, alors ?
- 1 semaine. »
Nora se dirigea vers les escaliers. C’est là qu’elle vit, dans un coin, une valise.
« - Eh ! Mais toi aussi tu as préparé une valise ! Ca veut dire qu’on part ensemble ?
- Tu verras ! File préparer ta valise, allez ouste !
- Ca, ça veut dire que c’est oui », dit-elle d’un ton moqueur en montant rapidement les escaliers.
Nora redescendait avec sa valise quand quelqu’un sonna à la porte. Gibbs alla ouvrir.
« - Bonjour Gibbs ! dit une voix.
- Bonjour. Toujours aussi ponctuelle, même en vacances ?
- On l’est ou on ne l’est pas. »
Nora ne reconnut pas tout de suite la voix. La personne entra et elle la vit. Elle posa sa valise à côté de celle de Gibbs et alla vers le nouvel arrivant.
« - Bonjour Ziva.
- Salut Nora.
- Tu pars aussi avec nous ? demanda Nora en voyant la valise que Ziva tenait à la main.
- Peut-être.
- Mmh, c’est bien mystérieux tout ça. »
La porte sonna à nouveau et cette fois c’est un groupe de 3 personnes qui arriva : Abby, Mc Gee et Tony. Ils avaient tous une valise à la main.
« - En fait, c’est tout le monde qui part ?
- Peut-être, lui dit Tony.
- Ziva m’a dit la même chose ! Pourquoi personne ne veut me dire se qui se passe? demanda Nora
- Et si on n’avait pas envie de te le dire ? lui répliqua Tony.
- C’est pas juste. »
Tout le monde réunit, ils prirent leurs bagages et les mirent dans le coffré des voitures. Etant six, ils avaient besoin de deux voitures. Gibbs se mit au volant de la première avec comme passagers Nora et Abby. Tony se mit au volant de la deuxième avec Ziva et Mc Gee. Pendant cette partie du voyage, Nora et Abby faisaient des jeux de devinettes et autres pour passer le temps. Du côté de Tony, ils étaient en grande discussion sur les films sur les yétis. Ils durent s‘arrêter pour une pause pipi et pour manger des sandwichs. Ils repartirent. Mais cette fois, Gibbs était au volant avec Tony et Nora comme passagers et Ziva conduisait la deuxième voiture avec Mc Gee et Abby comme passagers. Nora était contente d’être avec Tony car elle savait qu’elle allait pouvoir l’embêter durant tout le reste du voyage, ce dont elle avait fait part à Gibbs. Elle eut une idée de la façon dont elle allait le faire craquer.
« - Je ne sais toujours pas où on va en réalité.
- C’est fait exprès.
- Ah. C’est pas à côté en tout cas.
- Bravo Sherlock Holmes », se moqua Tony.
En guise de réponse, Nora lui tira la langue.
« - Mais, c’est vraiment loin ? continua-t-elle.
- Assez.
- Vraiment très loin ?
- Un peu.
- Il y a encore beaucoup de route à faire ?
- Oui, encore un peu.
- Combien de temps ?
- Plusieurs heures, dit Tony qui perdait patience.
- Oui, mais combien d’heures ?
- Plusieurs heures.
- D’accord, mais combien ? Deux, trois, quatre ?
- Un certain nombre, d’accord ?
- Qu’est-ce qu’il y a, tu perds patience ?
- Non, je suis parfaitement calme.
- Tu en es sûr ? se moqua Nora.
- Absolument !
- Moi, je n’en suis pas si sûre.
- Moi si.
- Pourquoi tu ne veux pas reconnaître que tu perds patience, tu as honte ?
- Non.
- Oh que si.
- Pas du tout.
- Si.
- J’en peux plus ! Gibbs, par pitié, du scotch pour qu’elle se taise !
- Tu veux que je me taise ? Il fallait le dire tout de suite ! Regarde, voilà. Je me tais.
- Si tu y arrives. »
Nora se tut mais elle n’en n’avait pas fini. Elle avait encore bien d’autres idées en tête pour embêter Tony mais pas pour maintenant, elle voulait attendre un peu. En attendant, elle regarda le paysage et finit par s’endormir à cause du silence qui n’était perturbé que par le ronron continuel du moteur de la voiture. Tony fut surpris de ne plus entendre Nora. Il se retourna et vit la jeune fille, endormie, à moitié allongée sur la banquette.
« - Ca y est, le monstre s’est enfin endormi, murmura Tony.
- Le monstre ? dit Gibbs.
- Oui.
- Ma fille est un monstre, en conclut ironiquement Gibbs.
- Non, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Elle est loin d’être un monstre, au contraire, elle est très jolie mais par moment elle se comporte comme un véritable petit monstre ou une petite peste », essayait de se justifier maladroitement Tony.
Gibbs lui lança un faux regard désapprobateur. Ils continuèrent de rouler. Une petite heure plus tard, Nora se réveilla.
« - On est bientôt arrivé ?
- Non pas encore », lui répondit Gibbs.
Elle regarda sur le tableau de bord et attendit pile 1 minute.
« - Tony ?
- Oui ?
- On est presque arrivé ?
- Non. »
Elle attendit à nouveau 1 minute.
« - Et maintenant, on est presque arrivé ?
- Non ! »
Elle répéta son manège.
« - Est-ce qu’on est presque arrivé ?
- Non ! »
Elle refit son numéro.
« - Et maintenant, on est bientôt arrivé ?
- Non ! Toujours pas ! s’énerva légèrement Tony. Tu ne peux pas rester au moins 5 petites minutes sans me demander si on est presque arrivé. Juste 5 petites minutes. »
Nora arrêta son manège mais n’allait pas renoncer. Elle était assise au milieu de la banquette arrière alors elle s’avança de manière à mettre sa tête entre le siège de Gibbs et celui de Tony. Elle attendit un instant et fit claquer sa langue contre son palais juste au niveau des oreilles de Tony. Il ne réagit pas alors elle continua une deuxième fois puis une troisième et une quatrième fois. Au bout de la quatrième fois, Tony réagit enfin.
« - Ra, tu peux arrêter de faire ça !
- De faire quoi ? Je ne parle pas.
- Arrête de faire du bruit !
- Pff, tu me déçois Tony, franchement. Un cinéphile comme toi…
- Quoi ! C’est quoi le rapport ?
- Tu ne reconnais pas cette scène ?
- Quelle scène ?
- Cette scène, avec les ‘on est presque arrivé ?’ et les claquements de langue derrière les oreilles.
- Non.
- Shrek 2 ! C’est l’âne qui fait ça pendant que Shrek et Fiona vont au royaume de fort fort lointain. Je suis déçue.
- Je crois que je vois le rapprochement.
- Quel rapprochement ?
- Entre toi et cette scène.
- Quoi ! Tu me traites d’âne !
- Ce serait plutôt une ânesse en réalité.
- Grr, tu sais quand même qui l’âne embête, n’est-ce pas Shrek ?
- Je ne suis pas comme Shrek. Lui, il n’a aucun abdos.
- Pourquoi ? Tu en as ?
- Parfaitement.
- Ils sont bien cachés alors, se moqua Nora.
- Tu peux toujours parler toi. Tu es pire qu’un clou, à côté de toi le clou devrait faire un régime. »
Nora lui tira la langue et Tony fit pareil.
« - Vous avez fini ? On dirait deux gamins de maternelle.
- C’est elle qui a commencé.
- Ah non. A la base, c’est toi quand tu as mis tes doigts sur l’écran exprès pour me faire perdre.
- C’est pas vrai !
- Si c’est vrai.
- Non c’est pas…
- Arrêtez ! On est presque arrivé.
- Chouette ! Mais… il y a de la neige partout ! »
Et c’était vrai il y avait de la neige partout. Ils s’arrêtèrent devant un restaurant de la route 221, le « Canyons Restaurant », Gibbs sortit de la voiture puis revint, les clés du chalet à la main. Ils continuèrent ensuite de rouler pendant quelques minutes sur la route 221 puis bifurquèrent sur la gauche et se retrouvèrent devant leur location. Nora se précipita dehors sitôt la voiture arrêtée. Le chalet était tout recouvert de neige et elle trouvait ça magnifique. Tony aussi était sorti de la voiture et il avait bien l’intention de se venger du calvaire que lui avait fait subir Nora pendant le voyage. Il se baissa, attrapa de la neige avec ses mains, en fit une boule, s’approcha sans faire de bruit de Nora qui lui tournait le dos et lui lança en plein milieu du dos.
« - Eh ! s’exclama-t-elle en se retournant.
- Ca, c’est pour le calvaire que tu m’as fait subir dans la voiture. »
Avec une rapidité étonnante, Nora attrapa aussi une boule de neige et la lança de toutes ses forces sur Tony. « Tu vas voir toi ! » s’écria Tony en la poursuivant, une boule de neige à la main. Nora se mit à courir, poursuivie par Tony, et en plein fou rire. Elle courait dans tous les sens ce qui n’arrangeait pas Tony. A un moment, elle s’était retournée pour voir où était Tony et ne regardait plus où elle allait. Quand elle regarda à nouveau devant elle, elle se retrouva en face de Gibbs. Elle essaya de s’arrêter mais elle glissa sur la neige et lui fonça en plein dessus. Elle était un peu embarrassée.
« - Quand vous aurez fini de faire les idiots, vous viendrez nous aider à porter les valises, dit Gibbs.
- Reçu 5 sur 5, Monsieur. »
Nora alla vers le coffre de la voiture pour prendre sa valise après avoir tiré la langue à Tony. Elle attrapa sa valise et celle de Gibbs qu’elle voulut porter.
« - Donne c’est trop lourd pour toi, lui dit Gibbs en lui prenant la valise des mains.
- Je ne suis plus un bébé et j’ai deux mains. Je peux donc prendre deux valises.
- On verra ça quand tu pèsera plus lourd que la valise elle-même.
- Bon, d’accord Monsieur. »
Elle commença à se diriger vers le chalet.
« - Nora, l’appela Gibbs.
- Oui, Monsieur ? fit-elle amusée.
- Arrête de m’appeler Monsieur.
- D’accord. Madame », répliqua Nora en riant.
Gibbs sourit et suivit Nora qui était déjà à l’intérieur du chalet. Il était entièrement en bois et avait un charme fou. Il y avait 3 chambres : l’une avec un lit double, l’autre avec deux lits simples et une autre avec encore un lit double. La question était qui allait dormir avec qui. Ils n‘arrivaient pas à se décider, Ziva, Nora et Abby voulaient être ensemble. Seulement, on ne pouvait être que deux par chambre. Gibbs eut une idée. Sans dire un mot, il mit le matelas d’un des deux lits simples par terre et demanda à Mc Gee de l’aider. Ils sortirent alors le lit de la chambre et l’amenèrent dans une des chambres avec un lit double. Il retourna chercher le matelas et refit le lit.
« - Voilà ! Les filles seront ensemble. Le problème est résolu.
- Super ! Merci Gibbs ! s’écrièrent Abby et Nora en allant dans la chambre, accompagnées de Ziva.
- Et nous on s’organise comment maintenant ? demanda Tony à Gibbs.
- Je prends le lit simple, dit fermement Gibbs.
- Tu veux dire que je vais devoir dormir avec Mc Gee !
- Tu n’as pas le choix DiNozzo.
- Tu n’as pas intérêt à prendre toute la couverture le bleu ! » s’exclama Tony.
Après avoir rangé leurs affaires, ils se retrouvèrent tous dans le salon.
« - Il fait froid ici, remarqua Abby.
- C’est normal, la cheminée n’est pas allumée, dit Mc Gee.
- Il faut que quelqu’un aille chercher du bois, dit Ziva.
- J’y vais », dit Gibbs.
Il sortit et alla sur la terrasse où était entreposé du bois. Il prit plusieurs buches et revint. Il installa les buches dans la cheminée et sortit un briquet.
« - Je peux l’allumer, Gibbs ?
- Il ne faut pas laisser les enfants jouer avec le feu, c’est dangereux, la nargua Tony.
- Gibbs, s’il te plaît…
- Allez, viens.
- Merci Gibbs. »
Il lui tendit son briquet et, sous le regard attentif de Gibbs, elle alluma la cheminée. Il faisait déjà plus chaud. Ils allèrent manger dans un petit restaurant, celui où Gibbs était allé chercher les clés et finirent la soirée en faisant des parties de poker. Le lendemain, ils décidèrent d’aller faire du ski. Abby avait triomphalement sorti la combinaison toute neuve de Nora. Celle-ci était aux anges, elle n’aurait jamais imaginé qu’Abby et Ziva avait pensé à elle et encore moins qu’elles étaient allées lui acheter une combinaison ! La combinaison lui allait très bien, autant par rapport à la taille que par rapport à la couleur. Gibbs avait vu juste, sa couleur préférée était bien le rose. Ils passèrent la journée au ski. Ils commencèrent par des pistes vertes pour s’échauffer. Nora et le reste de l’équipe attendaient Mc Gee et Tony en bas de la piste. Il y avait d’ailleurs beaucoup d’enfants qui apprenaient à skier. Une petite fille attira l’attention de Nora, elle avait environ 6 ans, était blonde aux yeux marron et était entre ses deux parents à qui elle tenait la main pour apprendre à skier. Nora resta ainsi plusieurs minutes à la fixer d’un regard vague. Mc Gee et Tony étaient arrivés et Abby appelait pour la quatrième ou cinquième fois Nora. Celle-ci n’avait pas entendu, elle était perdue dans ses pensées. Abby s’approcha alors d’elle et lui donna une tape derrière la tête.
« - Eh ! Tu dors ou quoi ? Ca fait cinq fois que je t’appelle pour te dire qu’on y va.
- Ah, excuse-moi Abby. J’étais perdue dans mes pensées.
- J’avais remarqué. Allez viens. »
Nora la suivit. Gibbs était juste derrière et avait tout observé. Il se demandait à quoi elle pouvait bien penser. Il avait remarqué que c’était le fait d’avoir vu cette petite fille qui l’avait rendue pensive. Il était assez sceptique, il ne savait pas si c’était le fait que la petite était avec ses deux parents qui prenaient soin d’elle ou si c’était la petite elle-même qui l’avait rendue pensive. Peut-être que cette fillette ressemblait à une fillette qu’elle connaissait et qui lui manque parce qu’elle ne la voit plus. Peut-être… Il n’y avait que des suppositions avec Nora, elle ne disait jamais rien sur elle et elle n’allait pas dire ce que cette petite fille lui avait rappelé, il ne fallait pas rêver ! Ils skièrent jusqu’à ce que le soleil commence à se coucher puis rentrèrent. Tout le monde était rentré sauf Ziva et Nora, elles étaient allées dans une petite épicerie où elles avaient prévu d’acheter de quoi faire une bonne raclette. Quand elles revinrent, toute l’équipe se mit à préparer le repas dans la joie et la bonne humeur, malgré les perpétuelles gamineries de Nora et Tony qui cherchaient la moindre chose pour se taquiner, que ce soit en faisant les pitres avec le fromage ou en imitant des scènes de films comiques. Les jours suivants, ils allèrent se balader. Un jour, ils voulurent, enfin surtout Nora, Tony et Abby, faire de la luge. Alors ils allèrent en louer et se trouvèrent une piste. Ils firent des courses et des concours de cabrioles. Ils passèrent ensuite par la construction de bonhommes de neige copiant comiquement certains membres de l’équipe et bien évidemment, par une bataille de boules de neige. C’était les filles contre les garçons. Ceux-ci se prétendaient désavantagé parce que l’autre équipe avait Ziva. Chacune des équipes avait construit un rempart de neige derrière lequel ils se cachaient. Nora avait une petite idée pour, une fois de plus, faire enrager Tony. La piste qu’ils avaient choisi était une sorte de petite colline, il y avait une grande pente de chaque côté de la piste. Elle avait donc profité d’une bataille pour s’éclipser en passant par la pente en contrebas et dépasser le rempart de l’autre équipe sans se faire voir. Elle arriva sans bruit derrière les trois, les mains remplies de boules de neige et tira dans la nuque de Tony. Seulement, elle s’était un peu ratée et avait aussi tiré dans la nuque de Mc Gee et Gibbs. Les trois se retournèrent en lui lançant un regard noir.
« - Oups, dit-elle penaude en reculant à petits pas. C’était que pour Tony normalement et j’ai un peu raté mon tir visiblement.
- Ca change rien le mal est fait, répliqua Mc Gee.
- Tu ne devais pas rester dans ton camp ? demanda Tony.
- C’est vrai ça, tu as enfreint les règles, renchérit Mc Gee.
- Et quand on enfreint les règles, il y a des sanctions, dit Gibbs d’un ton ironiquement sadique.
- Euh… Je crois que vais y aller, je vais retourner dans mon camp, hein, d’accord ? dit Nora qui commençait à s’en aller en voyant que les trois hommes se rapprochaient de plus en plus d’elle.
- Pas si vite ! » s’ exclamèrent les trois en commençant à lui courir après.
Elle commença à courir le plus vite qu’elle pu mais elle ne faisait pas le poids. Gibbs la rattrapa, la souleva de terre et la mit comme un sac de patates sur son épaule gauche. Elle se retrouva la tête en bas, dans le dos de Gibbs. Elle essaya de se débattre même si cela ne servait strictement à rien.
« - Bien joué Gibbs ! s’exclama Tony.
- Bon, on en fait quoi du sac à patates patron ? demanda Mc Gee.
- Eh ! Je ne suis pas un sac à patates Tim ! protesta Nora toujours sur le dos de Gibbs.
- Quel supplice pourrait-on lui faire subir, réfléchissait Tony.
- Moi j’ai une idée, Gibbs repose-moi par terre ! s’exclama-t-elle sans que Gibbs ne bronche.
- On pourrait s’entraîner à tirer.
- Excellente idée ! Trouvez-vous un arbre où vous vous dessinez une cible et c’est parfait. Mais Gibbs, re-po-se moi par terre !
- On a déjà une cible Nora, lui dit Gibbs en la faisant descendre.
- Ah non ! Ah non ! s’écria Nora en réalisant ce que cela signifiait.
- Ah si ! dirent les trois hommes.
- De toute façon, je vais courir dans tous les sens comme ça vous ne me toucherez pas.
- On a pensé à régler ce petit détail, fit Gibbs en lui attrapant les bras par derrière.
- Et voilà, tu peux plus bouger ! » dirent fièrement Tony et Mc Gee.
Les deux compères préparèrent des boules de neige. Ils se firent ensuite un malin plaisir à les lancer en plein sur la tête de Nora pendant que Gibbs la tenait pour qu’elle ne s’enfuie pas. Finalement, Gibbs la lâcha et elle voulut en profiter pour enlever toute la neige qu’elle avait sur le visage, mais Mc Gee et Tony avaient prévu autre chose. Mc Gee voulait prendre une photo de Nora avec le visage enneigé, alors Tony alla lui tenir les mains parce que Nora ne voulait pas et se cachait le visage. Seulement, Mc Gee n’était pas le seul à prendre des photos, Gibbs en prenait aussi, Abby et Mc Gee s’en chargeaient normalement, mais notre ancien marine prenait des dizaines de photos de sa fille, à la volée, sans qu’elle le sache, il voulait garder le plus de souvenir d’elle possibles, comme s’il avait peur de la voir partir et de ne pas avoir de photo de sa petite. Après ça, ils rentrèrent au chalet où ils avaient prévu de manger une fondue savoyarde. C’était assez amusant puisqu’à chaque fois que quelqu’un perdait son pain, il y avait un gage. Ce n’était pas un gage bien méchant mais c’était du genre à imiter un âne, une poule, à aller enfiler une jupe pour Tony et revenir avec devant les autres… Ils étaient en plein repas, enfin surtout en plein fou rire quand un téléphone sonna. Chacun vérifia si c’était le sien mais ce n’était à aucun des membres de l’équipe. C’est alors que Tony comprit d’où venait la sonnerie : c’était le téléphone de Nora qui sonnait. Celui-ci prit le téléphone posé sur le table basse du salon et regarda le numéro mais Nora ne le voyait pas de cette manière et lui prit vivement des mains en lui lançant un regard noir qui voulait tout dire et s’éloigna vers le couloir en s’excusant auprès de ses amis. Tony était resté pensif.
« - Ziva, c’est de quel pays l’indicatif 249 ? demanda-t-il en se rasseyant à table.
- C’est le Soudan, pourquoi ?
- C’était l’indicatif du numéro sur le téléphone de Nora.
- Etrange », dit Abby.
Ils se turent pour essayer d’entendre la conversation téléphonique de Nora.
« - Allo ?
- ...
- Non, vous faites erreur. Excusez-moi, vous vous êtes trompé de numéro, s’empressa-t-elle de dire.
- …
- Qu’est-ce que vous voulez ?
- …
- Où avez-vous eu ce numéro ?
- ... »
Ces dernières paroles laissèrent Nora en un tel état de choc qu’elle laissa tomber son téléphone à terre. Elle était devenu pâle, pâle comme la mort. Les autres la regardèrent surpris et inquiets. Qu’est-ce que cet inconnu avait bien pu lui dire pour qu’elle réagisse comme ça ? Même quand ce cinglé de Boon la pourchassait, elle n’avait jamais réagi comme ça, elle avait toujours gardé son sang-froid ! Nora se rendit compte qu’elle était observée et se ressaisit en faisant comme de rien n’était.
« - Quelle maladroite ! dit-elle avec un sourire forcé en se baissant pour reprendre son téléphone qui sonnait dans le vide puisque l’inconnu avait raccroché.
- Tout va bien ? s’inquiétait Abby.
- Oui, mentit-elle.
- Un ami soudanais ? interrogea Mc Gee.
- Pourquoi tu dis ça ?
- L’indicatif téléphonique, c’est celui du Soudan, répondit Ziva.
- C’était une erreur, répliqua Nora en se forçant à sourire.
- Je n’en suis pas si sûr, la repris Tony.
- Et pourquoi ça ?
- Vu l’état dans lequel t’ont mis ses derniers mots, je dirais que ce n’était pas une erreur.
- Arrête c’est n’importe quoi Tony. Tu te montes des films.
- Il a raison Nora, répliqua Ziva.
- Je suis en train de subir un interrogatoire ou quoi ? Je vous rassure, je ne viens pas d’organiser un braquage ou l’assassinat du président ! » dit Nora agacée.
Gibbs ne disait rien mais observait, il essayait de lire ce qui pouvait avoir mis Nora d’aussi mauvaise humeur. Il voyait bien que, pour une raison inconnue, elle ne voulait le partager avec personne.
« - Ne t’énerve pas ! On s’inquiète pour toi c’est tout. Jusqu’à maintenant et malgré ce que tout ce que tu as vécu, rien ne t’as fait perdre ton sang-froid alors, essaya d’expliquer Mc Gee.
- Alors on se demande ce qui a pu te mettre dans cet état. Dis le nous, tu peux nous faire confiance, continua Tony.
- Tu as déjà entendu le terme vie privée Tony ? Cette personne n’a pas appelé Tony mais Nora. Tu arrives à comprendre ça ou c’est trop compliqué pour toi ? s’énerva Nora.
- Eh, calme-toi ! On veut juste t’aider.
- Je n’ai ni envi ni besoin d’être aidée. C’est une affaire personnelle qui ne regarde que moi.
- Donc, tu connais cette personne qui t’a téléphonée », en conclut Ziva.
Nora se prit la tête entre les mains. Elle était en train de bouillir, elle sentait ses mains trembler. Elle savait qu’elle était à deux doigts de frapper quelqu’un, elle n’arrivait plus à se contrôler. Elle avait besoin de se calmer. « Je suis vraiment navrée mais, j’ai besoin de prendre l’air », dit-elle le plus calmement possible. Elle attrapa son manteau et se dirigea vers la porte.
« - Tu sors dehors à cette heure-ci ! s’exclama Tony.
- Je ne vais pas loin si c’est ça qui t’inquiète. »
Elle sortit. Il faisait froid dehors et nuit noire. Le soleil se couche tôt en montagne ! Elle marcha quelques minutes dans la ruelle. Le froid lui glaçait les mains. Elle s’en voulait d’avoir perdu le contrôle d’elle-même, cela ne lui ressemblait pas. Tout le monde était resté bouche bée quand elle était sortie. Ils ne devaient pas s’attendre à une réaction aussi impulsive. Elle savait ce que signifiaient les paroles un peu ‘codées’ de son interlocuteur, paroles que personne n’avait entendu sauf elle. Elle était angoissée, une boule s’était formée à son estomac. Et dire qu’à peine une demi-heure plus tôt elle riait aux éclats ! Elle ne savait pas quoi faire. Elle aurait bien voulu en parler à quelqu’un, elle se serait sentie soulagée mais elle ne pouvait pas, c’était trop risqué. Elle était obligée de garder ce lourd secret pour elle seule. Elle était maintenant plus calme, elle voulait rentrer à présent. Elle se dirigea vers la porte, mais elle n’avait pas la force de l’ouvrir. Alors, elle fit demi-tour et alla là où était entreposé le bois pour la cheminée. Elle s’assit sur une buche. Elle était au bord des larmes. N’y tenant plus, elle se mit à pleurer, seule en cette nuit glaciale de l’hiver. Dans le chalet, Gibbs était indécis, il savait qu’elle était sur les nerfs et que d’aller la voir n’était pas une bonne idée. Elle avait besoin d’être seule. Mais d’un autre côté, il l’avait vue par la fenêtre renoncer à rentrer. Il ne pouvait pas la laisser comme ça, tant pis si elle s’énervait contre lui. Il était son père après tout et il se disait qu’un père digne de ce nom ne laisse pas son enfant seul dans cet état sans rien faire. Il se leva, attrapa son manteau et sortit. Il était maintenant dehors. Le problème c’est qu’il ne savait pas du tout où elle était et par cette nuit noire ce ne serait pas facile de la trouver. C’est alors qu’il entendit quelque chose, il s’arrêta pour mieux écouter. Des pleurs, quelqu’un pleurait et il savait très bien qui c‘était. Il suivit le son qui le mena à l’endroit où était entreposé le bois pour la cheminée. Il la vit. Elle était là, assise sur une buche, la tête entre les mains en train de pleurer. Nora releva la tête et le reconnut. Elle essuya ses larmes d’un revers de manche.
« - Gibbs, ça ne sert à rien d’insister. Je ne te dirais rien.
- Je ne suis pas venu pour ça », dit-il en s’asseyant par terre à côté d’elle.
Elle était surprise. Elle aurait juré qu’il allait lui faire subir un interrogatoire. Elle le regarda dans les yeux et lui lança un regard qui lui demandait pourquoi il était venu alors. Gibbs le comprit. « Viens par là », dit-il en relevant son bras de manière à ce qu’il soit parallèle au sol. Nora ne dit rien mais s’approcha et s’appuya contre Gibbs qui la prit par les épaules en la serrant contre lui. « Quoi que ce soit et quel que soit le temps qu’il te faudra, le jour où tu seras prête pour en parler, je serais là », lui murmura-t-il à l’oreille avant de lui déposer un bisou sur la tête. Elle esquissa un sourire.
« - Tu crois que Tony va m’en vouloir que je me sois énervée contre lui ?
- Non, il a vu pire. Il s’en remettra t’en fait pas pour lui.
- Ils sont tous au lit maintenant je suppose ?
- Certainement.
- Bien, comme ça je ne les affronterais pas ce soir, je le ferais demain.
- Il faudrait rentrer maintenant Nora, tu vas attraper froid.
- Ouais, d’accord », fit-elle en se relevant.
Ils rentrèrent et chacun alla se coucher. Le lendemain, au petit-déjeuner, Nora s’excusa devant toute l’équipe de s’être énervée la veille. Les autres lui dirent que ce n’était pas grave et que cela arrivait à tout le monde, mais personne n’essaya de revenir à la charge pour savoir ce qu’on lui avait dit au téléphone. Ils avaient compris que c’était trop douloureux pour qu’elle veuille en parler. A part ce léger incident, le séjour se termina comme il avait commencé, c’est-à-dire dans la joie et la bonne humeur de chacun.
De retour à Washington, chacun rentra chez soi excepté Abby qui alla dormir une nuit chez Gibbs. Nora et Abby voulait passer une soirée ensemble et Gibbs avait accepté d’héberger Abby pour une nuit. Il avait neigé alors le lendemain elles étaient dans le jardin de Gibbs. Elles avaient une petite idée. Abby avait amené la petite boîte dans laquelle elles avaient mis les portraits quelque peu ‘modifiés’ des différents membres de l’équipe. Elles l’avaient décorée dans la chambre où dormait Nora et, pendant que Gibbs avait le dos tourné, elles lui avaient piqué une truelle, une sorte de mini pelle, et s’étaient faufilées dans le jardin. Elles cherchèrent un endroit discret du jardin pour mettre en œuvre leur plan. Quand elles trouvèrent leur bonheur, elles creusèrent un trou et déposèrent leur boîte dedans tout en prenant des photos avec le téléphone d’Abby où elles faisaient les guignols. Gibbs arriva à ce moment-là. Alors elles s’empressèrent de tout reboucher et s’assirent sur leur trou pour le cacher. Gibbs les regarda d’un air suspicieux et leur proposa de prendre une photo d’elles. Elles posèrent pour la photo. A la fin de la journée, Abby repartie chez elle et Gibbs et Nora restèrent tous les deux. Après avoir un peu travaillé sur le bateau, Nora alla se coucher. Elle s’était allongée sur le dos et pensait. Elle se sentait bien ici, dans cette maison et avec cette équipe. Elle aimait beaucoup Gibbs et aimait beaucoup être avec Tony, Tim, Abby et Ziva qu’elle considérait un peu comme ses grands frères et grandes sœurs. Elle avait décidé de vivre dans cette maison et avec ces personnes le reste de ses jours, enfin c’est ce qu’elle espérait pouvoir faire…
A SUIVRE…