Une rencontre, un coup de foudre, un amour difficile...

J'ai longuement hésité à "reviewer" chapitre par chapitre, tellement il y a de choses à dire. Malheureusement, ce ne sont point des éloges mais beaucoup de reproches. Puis finalement, je me suis dit que je n'allais pas accorder plus d'attention à cette fanfic que l'auteur lui-même.

Faisons preuve d'organisation.

Déjà, pitié pour les yeux des lecteurs. La couleur, c'est joyeux, ça change mais devoir supporter du turquoise, du fushia, du jaune (!) et autres couleurs fantaisistes ferait fuir plus d'un lecteur. C'est souvent illisible et j'ai été obligée à pratiquement chaque chapitre de surligner l'intégralité du texte pour pouvoir lire confortablement. Ce manque de sérieux concernant le respect des yeux du lecteur est un grand signe de fangirlisme médiocre. Difficile de ne pas partir avec de gros aprioris et un gros mal de tête. Donc, du noir, du noir et encore du noir.

Style/orthographe.

Des grandes irrégularités au sein d'un style quasiment inexistant. Du théâtral. Parfois, on a le droit à un paragraphe narratif décrivant rapidement ce que font les personnages, parfois il n'y a que du dialogue. Et la flemmardise visible de l'auteur l'oblige à décrire les réactions des personnages avec des smileys! De qui se moque-t-on? Où sont les descriptions, les ressentis des personnages, l'immersion du lecteur dans l'histoire? Rien de tout cela.
Pour montrer ce que peut être un vrai texte narratif de ce nom, je propose de reprendre le début du chapitre trois.

Texte original:
" **Village sans nom**

le capitaine : Général ! Korasu est rentrée !

le général : Fait la venir !

.... : Qui est-ce ?

le général : Un atout précieux...trés précieux..."

Texte retouché:
Le capitaine arriva en trombe dans le bureau de son général. Le souffle court, ignorant l'inconnu qui était en grande conversation avec son supérieur, il déclara:
"Général ! Korasu est rentrée !"
Le général se redressa sur son fauteuil, laissant échapper un petit cri satisfait.
"Fais-la venir!" ordonna-t-il à son subordonné qui salua respectueusement avant de se retirer.

L'inconnu haussa les sourcils suite à cette interruption surprenante. Il se demandait ce qui pouvait bien soulever autant d'enthousiasme dans ce village endormi. Ne pouvant résister à la tentation de savoir, il demanda d'un ton poli mais intéressé qui pouvait être cette Korasu.
Le sourire du général s'agrandit et il frotta ses mains sur son bureau avec satisfaction. On pouvait déceler dans son regard une certaine fierté. Il fit claquer sa langue et répondit à son invité:
"Un atout précieux... très précieux."

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N'y a-t-il pas une ambiance, un ressenti?

Dans le texte de l'auteur, les personnages sont parachutés en plein milieu de chaque "scène", on a l'impression qu'ils ne savent pas ce qu'ils font là. Ils agissent, font ça et ça. Et surtout, on a la désagréable impression qu'ils ne font que de parler. La proportion de dialogue est énorme par rapport au reste! C'est du non-récit! De ce côté-là, la fic est à réécrire dans son intégralité.

Passons à l'orthographe. Dans l'ensemble, elle n'est pas trop mauvaise si l'on compare avec la moyenne des jeunes auteurs. Pourtant, l'auteur ne s'est soit jamais relue, soit elle ne connaît pas la différence entre l'imparfait, l'infinif et les participes passés. Les fautes d'accord sont récurrentes que ce soit les accords sujet-verbe que les accords nom-adjectifs qualificatifs. Le seul remède serait une bonne relecture accompagnée d'un bescherelle. C'est long et fastidieux mais au moins, la compréhension serait plus aisée. Ou bien, un bon prélecteur (pas la copine kikoolol, quelqu'un de sérieux).

Scénario.

Que dire si ce n'est que cette fanfic présente ce qu'il peut exister de "quasiment pire" en matière de fanfic Naruto. Le pire étant la schoolfic OOC mais on n'en est pas loin du côté de l'OOC. Toutefois, ce n'est pas encore le propos. Ce qui sert de scénario peut tenir sur une demi-page. J'ai fait ma mauvaise langue en prédisant dès le premier chapitre ce qui allait se passer mais je n'étais pas si loin.
Qu'avons-nous là? Une jeune fille surpuissante, Korasu, a pour mission d'assassiner les Kage du monde ninja. Elle commence par Suna où il s'avère qu'il n'y a pas de Kazekage (on le sait grâce à une petite note en court de fic qui fait l'effet d'un "oh j'avais oublié de préciser mais... ". A quoi servent les en-tête de début de fic ?). La jeune fille rentre donc dans son village qui n'a pas de nom, ce qui est très amusant au passage, découvre que l'Akatsuki a fait main basse dessus. Elle décide donc de sauver son village et de faire appel aux ninja de Konoha. Elle y rentre comme dans un moulin un jour de portes ouvertes, se fait vite accepter par la communauté attendrie par une jeune fille en détresse. Accompagnée d'une fine équipe triée sur le volet, elle retourne dans son village qu'elle retrouve complètement ravagé par l'Akatsuki, groupuscule qui, on le sait, adore raser des villages entiers.
Korasu devient berserk, se fait assommer et est ramenée à Konoha où débarquent par le plus grand des hasards la fine équipe de Suna qui était venue observer comment fonctionne l'académie de ninja de Konoha.  Illogisme flagrant, Suna ne possèderait-elle pas une académie performante? Et pourquoi envoyer comme par hasard le trio fraternel? La dessus, Tsunade envoie ses ninja descendre l'Akatsuki, le pire fléau de la planète, vidant par la même occasion son propre village de ses bons éléments. S'en suit une liste de têtes qui tombent, tous passés à trépas par l'héroïne sur fond de romance (Garra découvrant un nouveau sentiment), de retrouvailles plus qu'improbables (Rin, Obito, Sasuke). Une fois l'Akatsuki détruite, tout se finit bien avec les couples qui vont avec toute fic waffy Naruto qui se respecte.

Un scénario qui n'est qu'une suite de clichés "fanfictionnels": on a tous les ingrédients de la fic de parfait débutant qui oublie quand même que le héros, c'est Naruto.  En effet, toute l'histoire tourne autour de l'héroïne mary-suesque dont je ferais l'éloge plus tard. C'est elle qui fait tout, qui a tous les malheurs du monde sur son dos. Les autres personnages ne sont là que pour commenter ce qu'il se passe, aucune interraction si ce n'est de l'admiration pour la jeune fille.
Parmi les clichés, on a :Gaara découvre l'amour, Naruto est un débile mental quasi inexistant, Sasuke est de retour parce que Sakura lui a manqué et qu'Orochimaru lui sortait par le nez. Il y a des énormités: Akatsuki a oublié que son but dans la vie était la capture des Bijuus, Tobi est en fait Obito qui a perdu la mémoire. Rin débarque de nulle part... Sans parler qu'à la fin, Korasu fini dans le lit de Gaara. Si j'en crois la note du second chapitre, Naruto n'est pas encore parti s'entraîner avec Jiraiya, j'en déduis que Gaara a 12-13 ans et il est précisé que l'héroïne en a 14! Mon dieu, que les enfants sont précoces!

Bref, on a l'impression que l'auteur a suivi ses délires au lieu de planifier un scénario qui tienne la route et ait un intérêt.

Personnages.

Comme dans toute fiction Mary-Sue qui se respecte, l'héroïne est un concentré de supers ninja à elle toute seule. Elle est orpheline, ne sait plus qui elle est, a un caractère horrible et fort, sait tout sur tout, se fait aimer de tout et tout le monde. Pour éviter d'énoncer la définition de Mary-Sue, concentrons-nous sur les capacités venues de Naruto. Korasu possède le Mangekyou Sharingan d'on ne sait où, se bat comme une déesse avec ses deux épées "un peu plus grandes que des kunais". A la fin de la fanfic, on apprend qu'elle est la soeur d'Obito. Quel programme. Il ne manquait plus qu'elle soit un bijuu et on avait le tiercé gagnant. Je soupçonne même une dose de Self Insert quand on sait que Gaara tombe amoureux rapidement de Mary Sue et qu'on regarde le pseudo de l'auteur.
Tout ceci pour dire que le personnage principal sur lequel repose toute la fic est horriblement ennuyant. Trop parfaite, trop mystérieux et horriblement peu crédible. C'est le principal écueil dans lequel tout auteur débutant et un tant soit peu jeune tombe. Et notre auteur n'y échappe pas. Le risque, quand une fiction repose entièrement sur un personnage, est que finalement tout devienne vite indigeste car disproportionné. L'auteur veut que son héroïne ne soit pas banale et résultat, il en rajoute des tonnes.
Pour rendre ce personnage plus attachant, il faudrait le rendre plus crédible et donc, le rendre plus banal. Parce que là, cette Korasu est énervante à souhait et ne donne pas envie d'avoir de l'empathie pour elle.

Passons aux autres personnages. Les autres OC sont quasiment inexistants dans le sens où ils ne sont là que pour le mourir. On sait juste que le Général est sénile. C'est tout. D'accord, ce ne sont que des faire-valoir mais il viennent et repartent. On n'a pas envie de pleurer leur mort. Si ces personnages avaient eu une consistance, on aurait souffert pour eux, on aurait suivi Korasu dans sa vengeance. Comme quoi, se laisser emporter par une fic ne tient pas à grand chose.
Quand aux personnages de Naruto, ils sont totalement OOC. Mise à part les grandes lignes de leur caractère, on ne les reconnait pas. Déjà, ils ne sont là qu'en spectateurs que pour souligner la puissance, le mystère et les qualités extraordinaires de l'héroïne. Ils sont accessoires, ne font que parler la plupart du temps. Seul Gaara a droit au traitement de faveur de tomber sous le charme de l'héroïne. Sinon, OOC de fic Mary Sue oblige, le QI de ces personnages dépasse rarement celui d'une huitre. Kakashi est débile, Temari est une gourde, Shikamaru ne possède que le tiers de son propre QI, Sakura est nouille, Sasuke encore plus boulet et j'en passe. Inintéressant et triste à pleurer.

Bilan.

Une fanfic au style inexistant, au scénario plus qu'attendu et insipide, des personnages OOC qui servent de décor, Mary Sue et Self Insert. Je ne pourrais que conseiller à l'auteur de reprendre avec plus de sérieux son écrit. Il s'agit là d'un bon exemple de ce qui se fait en ce moment sous le soleil du fandom Naruto. Et c'est pas le meilleur... ni le pire, soyons honnêtes.  Cependant, il existe largement mieux. On peut simplement féliciter l'auteur d'avoir été jusqu'au bout.