Kiri no Kodomo
Chapitre 7 : La fin des cours, le début des ennuis
2941 mots, Catégorie: K+
Dernière mise à jour il y a 27 jours
Après les événements de la nuit à l’académie, les rumeurs vont bon train. On raconte qu’Hiroki a vaincu un spectre sorti tout droit du carnet maudit, ou qu’il est maintenant possédé par un démon. À moins que ce soit un autre élève ? Kazuto n’en sait rien — trop d’histoires absurdes circulent, malgré l’approche des examens. La pire rumeur reste celle qui les concerne, sa sœur et lui.
Quelqu’un a affirmé que leurs noms figuraient dans ce fameux carnet, inscrits comme des monstres. Kazuto s’en fiche royalement, mais pas sa sœur. Elle est touchée, même si elle ne laisse rien paraître. Il la connaît trop bien : elle ne va vraiment pas bien.
Heureusement, Kaede et Tenten ne prêtent pas attention aux ragots et soutiennent leur amie sans poser de questions. Mais Kazuto, lui, veut savoir qui a balancé ces absurdités. Il décide de mener sa petite enquête, interrogeant quelques élèves choisis au hasard, avec une fausse nonchalance.
Il marche tranquillement vers un élève qui est en train de discuter avec un ami dans la cour de l’école. Il s'arrête à côté, Feignant l’intérêt.
« Eh, t'as entendu la dernière ? C’est assez… bizarre, non ? J’ai entendu dire que des spectres du carnet maudit sont apparus. Un vrai film d’horreur ! » lance-t-il avec un sourire amical.
« Ah ouais, c’est fou ! Tout le monde en parle. Mais… tu sais qui les a combattus ? Je crois que c’est un élève d’une classe avancée, » répond l’autre, excité.
« Un élève ? Qui, tu crois ? Je me demande bien pourquoi on en parle autant, » fait-il en se penchant, faussement curieux. « Je me demande si ça a un rapport avec la fameuse histoire des monstres dans le carnet. Tu penses que c’est vrai ? »
Après un temps de réflexion, l’élève interrogé déclare :
« Hm… Je crois qu’on a entendu des noms… C’était Kazuto et Kotsuki, non ? Mais… C’est peut-être juste des racontars, t’sais, on sait jamais. »
Puis, avec un regard malicieux :
« Mais bon, ça doit être un peu vrai, non ? Les gens parlent souvent d’eux en ce moment, ça ne peut pas être pour rien.
— Et tu sais qui ils sont ? » demande Kazuto.
« Non, je ne crois pas les avoir déjà vu, et toi ?
— Ouais moi non plus je ne crois pas les avoir déjà vu. En même temps, si j’avais vu des monstres, je pense que je m’en souviendrais, » Kazuto n’en pouvait déjà plus de feindre cette sociabilité.
« Ouais, c’est clair ! » répond l’élève amusé.
« Et tu sais qui a commencé à en parler ? Il doit bien savoir qui ils sont lui. »
Enfin, il pose La question qui l’intéresse vraiment.
« Surement, mais je ne sais pas qui c’est. J’en ai juste entendu parler en arrivant la semaine dernière. »
Bilan : pas grand-chose à se mettre sous la dent. Il va falloir continuer de se montrer sociable… Quelle poisse sérieux.
Une fois dans la salle de cours, Kazuto scrute tous les élèves. Il se dit que les rumeurs viennent forcément de quelqu’un de la classe étant donné qu’il n’y avait qu’eux ce soir-là, quand le carnet a été découvert. Il pense naturellement à Neji, l’animosité entre eux grandissant chaque jour. Mais objectivement, Kazuto ne le voit pas user de ce genre de procédés — d’ailleurs, Neji n’était même pas à l’académie ce soir-là. Il va donc interroger l’élève dont il se sent le plus proche après sa sœur, Itsuki Morita.
Il est calme et discret, exactement le type de relation que Kazuto pouvait tolérer.
« Salut Itsuki, » commença Kazuto.
« ‘Lut. »
Kazuto s’assoit à côté de lui, sans un mot, sachant qu’il faut du temps avec lui. Trop parler d’un coup, et il se renfermera. Après un moment, Kazuto demande, froid et direct :
« Est-ce que tu sais qui nous traite de monstre ? »
Son interlocuteur continue de regarder dans le vide, sans un mot. Mais après plusieurs secondes, il déclare :
« Je n’écoute pas les racontars de couloir. »
Un « mais » silencieux flotte dans l’air. Kazuto attend.
« J’ai entendu les filles dire que Lee avait la langue bien pendue alors qu’il n’était pas présent le soir où vous avez trouvé le carnet. »
Sans plus d’explications, il recommence à tracer des sceaux dans les marges de son parchemin.
« Merci pour l’info, » dit Kazuto.
Ce n’est pas grand-chose, mais ça reste une piste. Il retourne s’asseoir près de sa sœur, juste avant que Mizuki-sensei ne fasse irruption dans la classe.
« De quoi est-ce que tu parlais avec Itsuki ? » Demande Kotsuki à son frère, bien curieuse.
« Je lui demandais s’il allait bien. Je trouve qu’il ne parle pas trop ces derniers temps, » répond Kazuto amusé.
« Mais, il ne parle jamais ! » S’exclame la kunoichi.
« Ah mais oui, maintenant que tu le dis. »
Elle n’obtient rien de plus. Kazuto ne veut pas l’inquiéter. Il sait qu’elle voudrait qu’il abandonne, même si ça la ronge.
Il réussit pas à suivre le cours ce jour-là, trop préoccupé par son enquête, oubliant presque pourquoi il est en train de la mener.
À la pause déjeuner, il passe à l’action. Il s’assoit à côté d’un groupe d’élèves bruyants qu’il juge parfaitement capables de se nourrir de rumeurs. Et bingo ! Ils parlent justement des rumeurs sur le carnet.
« Taisez-vous, il arrive, chuchote un élève au groupe. »
Kazuto feint de ne pas avoir entendu.
« Vous ne parliez pas de moi j’espère ? » lance-t-il sur un ton blagueur.
« C’est toi le monstre ? » demande sans détour un autre élève.
Nous y voilà se dit Kazuto.
« À ce qu’il paraît. Mais je me sens plutôt bien en ce moment, ce serait dommage de me donner envie de vous retrouver quand je me sentirai moins… Humain. »
Effet immédiat. Le groupe se fige, mal à l’aise.
« Qui vous a raconté que nous étions des monstres ?
— J’ai entendu le type nul en parler. Tu sais, le gars qui ne sait pas faire de ninjutsu ni de genjutsu, répond le premier élève, plutôt nerveux. »
Kazuto reste silencieux un instant, laissant planer le doute sur sa sentence.
« Dormez tranquille. Si je deviens un monstre, je commencerai par ceux qui bavassent, » déclare t’il en se levant, un sourire en coin.
C’est bien Lee le responsable, mais pourquoi ?
Il eut l’occasion de lui poser la question à la fin de la journée. Une fois que la sonnerie eut retentit, tous les élèves se précipitent vers les grilles de l’école, sous les recommandations de leurs professeurs concernant les révisions. On peut sentir l’effervescence de la fin d’année, l’air sent presque déjà la fin des cours. Mais pas pour tous les élèves. Un élève en particulier ne cesse jamais de s’entraîner.
Kazuto sait que Lee ne rentre pas chez lui le soir. Il part s’entrainer seul dans la forêt. Profitant que sa sœur soit en pleine discussion avec Tenten sur le maniement des armes, il s’éclipse discrètement et suit le jeune ninja dépourvu de talent, tel une ombre dans la nuit.
La traque, Kazuto connait bien. Et là, ce n’est vraiment pas difficile. Il se remémore ses traques lors de son service à Kiri, en tant que chasseur de déserteurs. Ses proies n’étaient conscientes du danger qu’au dernier moment, quand il était trop tard. Surgissant de la brume, ils les tuaient, lui et sa sœur. Mais ici, il n’est pas question de tuer Lee.
Une fois bien seul, enfoncé dans la forêt, c’est un jeu d’enfant pour Kazuto de le confronter. Se montrant plus agressif que nécessaire, Kazuto intimide son camarade, qui ne tarde pas à déballer tout ce qu’il sait :
« C’est Hiroki… C’est lui qui m’a parlé de vous », avoue Lee, la voix tremblante.
Mais oui, évidemment, c’est Hiroki le coupable, avec ses grands airs et sa fierté mal placée ! Comment n’y avait-il pas pensé avant ?
« Il m’a dit d’en parler le plus possible autour de moi pour que tout le monde sache qui vous étiez vraiment. »
N’osant regarder Kazuto dans les yeux, il continue :
« Qu’il fallait pouvoir se protéger », raconte Lee, transpirant à grosses gouttes.
Ça lui coûte de devoir dénoncer un élève qui lui a fait confiance à lui, qui se sent si seul. Il se sent honteux de ne pas être assez fort pour tenir tête à son oppresseur et garder son secret.
« Lee, nous ne sommes pas des monstres. Hiroki t’a dit ça pour nous nuire ma sœur et moi. Il n’a toujours pas digéré sa défaite face à Kotsuki la dernière fois à entraînement. »
Cette révélation sonne trop juste pour être un mensonge. Le sentiment de honte que Lee ressentait, d’abord causé par sa propre faiblesse physique s’est transformé en une honte encore plus amer. Celle causée par une faiblesse psychologique. Il s’est fait manipuler si facilement. Après cet échange, il se promet à lui-même de ne plus se laisser influencer par qui que ce soit.
Laissant ce dernier à son introspection, Kazuto retourne vite devant les grilles de l’école. Kotsuki l’y attend sûrement.
« Eh bien, que faisais-tu dans la forêt ? Et pas d’entourloupe cette fois, pas comme avec Itsuki. Depuis quand a-t-on des secrets l’un pour l’autre ?
— Tu as raison Tsuki. » Kazuto utilise ce surnom pour apaiser sa sœur quand elle est nerveuse.
« En fait, je me suis inquiété. J’ai vu que ces rumeurs te blessaient.
— Elles ne me blessent pas du tout, » rétorque-t-elle, sa fierté prenant le dessus.
« Ne viens-tu pas de dire qu’il ne fallait rien se cacher ? » répond Kazuto taquin.
« Oui bon, peut-être un peu mais rien de grave, t’inquiète. Du coup, tu foutais quoi dans la forêt ?
— Je suis allé interroger Lee, j’ai appris aujourd’hui, notamment grâce à Itsuki, que c’était lui qui colportait les rumeurs.
— Lee ? » Répond Kotsuki abasourdie.
« Je pensais que c’était Hiroki. »
Kazuto se sent encore plus bête de ne pas y avoir pensé lui-même.
« Eh bien tu avais raison. C’est bien l’exorciste superstitieux qui a manipulé Lee pour faire courir les ragots à sa place, soi-disant pour que les élèves puissent se protéger de nous.
— Quel enfoiré celui-là. Je vais me le faire une seconde fois et cette fois, je ne vais pas retenir mes coups ! »
Kotsuki fulmine. Pour qui se prend-il ?
« Ne fais rien. On arrive à la fin de l’année, on va passer le diplôme et on ne le reverra sans doute plus. Ce sera chacun son équipe.
— Tu as raison, ne faisons pas de vagues. Mais il mérite ! »
Kazuto a un mauvais pressentiment. Et s’ils n’en avaient pas fini avec Hiroki ?
Les jours suivants glissèrent tranquillement, les rumeurs s’étiolant comme un feu de camp avalé par la brume matinale, tandis que la pression des examens s’installe peu à peu. On peut sentir la tension, presque palpable, imprégner toute l’académie.
Les jumeaux ne sont pas plus stressés que ça. Ils ont assimilé avec brio tout le programme, tant sur l’aspect théorique que pratique. Bref, ils sont prêts.
Ainsi, le jour de l’examen écrit, ils purent répondre à toutes les questions sans difficulté. Mizuki leur lança même un regard approbateur après avoir jeté un œil en ramassant leur copie.
Le seul point noir, Kazuto est persuadé que Neji viendra compléter leur trio lors de l’élaboration des équipes. Il est convaincu que les autorités de Konoha ont bien compris que le jûken les contre efficacement et veulent les garder sous contrôle. Il en a parlé avec sa sœur et ils se sont retrouvés d’accord.
Le lendemain après-midi fut consacré à l’épreuve pratique. Pour encadrer l’épreuve, deux professeurs étaient présents : Iruka sensei venait prêter main-forte à Mizuki sensei. L’exercice était simple : effectuer correctement une transformation en prenant l’apparence de Mizuki sensei. Cette année, toute la classe passa le test avec succès. Dans une explosion de joie, tous les élèves se retrouvèrent dans la cour pour fêter ça ensemble. Certains parents avaient même pu se libérer pour l’occasion, afin de soutenir leur enfant avant l’épreuve et célébrer leur succès après.
Les jumeaux ne s’attendaient pas à la voir, mais leur mère avait réussi à se libérer pour l’après-midi, partageant avec eux ce moment de victoire et de liesse. Ce n’était qu’un examen, une formalité. Pourtant, ce jour-là, Kazuto et Kotsuki rirent à pleins poumons, oubliant un instant les cicatrices invisibles qu’ils portaient. L’espace d’un instant, ils furent simplement deux enfants heureux, portés par l’amour d’une mère et les cris de joie d’une classe entière.
Une fois l’effervescence passée, Mizuki vint vers Kazuto, l’attrapant paternellement par l’épaule.
« Félicitation ! Même si cela semblait être une formalité pour toi et ta sœur.
— Merci sensei, répondit Kazuto avec sincérité.
— Je regrette de ne pas avoir pu vous enseigner de jutsu plus intéressants. Vous avez sans doute dû vous ennuyer.
— Pas du tout, ne vous inquiétez pas. C’était simple, mais nous n’avions jamais eu l’occasion d’apprendre ses bases.
— Il y a bien plus intéressants à apprendre. Si tu veux bien me suivre. »
À ces mots, il emmena Kazuto un peu à l’écart, sous l’œil suspicieux de Kotsuki.
« Kazuto, il y a un parchemin. Un parchemin qui pourrait te rendre bien plus… Puissant.
— De quoi est-ce que vous parlez ?
— Je ne suis pas toujours d’accord avec les principes de l’académie et ce sujet fait partie d’une divergence d’opinion. »
Il marqua une pause, laissant à Kazuto le temps d’assimiler ses propos.
« Il existe un parchemin, mais frappé du sceau de l’interdit. Si je pouvais mettre la main dessus, je serais en mesure de vous apprendre des techniques bien plus avancés. »
L’expression de Mizuki avait changé. Un instant, Kazuto crut y voir quelque chose de plus sombre, de plus insistant. Pourtant, sa voix restait douce, presque peinée. À l’aveugle, on aurait cru entendre un professeur frustré de ne pas pouvoir transmettre son savoir. Mais Kazuto avait les yeux grands ouverts… et un très mauvais pressentiment.
Cette discussion ne lui plaisait pas du tout. C’était la première fois qu’il se sentait aussi mal à l’aise avec Mizuki sensei.
« Ce ne sera pas nécessaire sensei. Chaque chose en son temps. Je vais retourner fêter ça avec ma famille maintenant. »
Sa voix était ferme, tranchante. Il tourna les talons sans attendre de réponse, laissant Mizuki seul dans une frustration amère.
Il était persuadé que Kazuto mordrait à l’hameçon. Tout collait : un élève brillant, un brin orgueilleux, en rivalité avec un autre tout aussi doué… Et pourtant, il s’était trompé. Le parchemin lui échappait.
Il n’eut pas le temps de ruminer son échec bien longtemps : la répartition des équipes devait bientôt commencer.
Une fois aux côtés de sa sœur, Kotsuki lui demande :
« Qu’est-ce qu’il te voulait, Mizuki-sensei ? »
— Je te raconterai plus tard, ce n’était pas important. Profitons de ce moment, tu veux bien ? »
Il ne veut pas gâcher l’instant, mais il se promet de ne rien lui cacher son échange avec leur professeur, ni les mauvaises impressions qu’il en avait gardées.
Tous les élèves retournèrent ensuite dans leur salle de classe, impatients de découvrir la composition des équipes. L’attente fut longue pour certains, mais Mizuki-sensei finit par faire son entrée. Il ne laissait rien paraître de son interaction avec Kazuto, ce qui soulagea ce dernier.
« Je sais que vous êtes tous impatients de découvrir vos équipes, commença Mizuki-sensei. Alors entrons dans le vif du sujet. Équipe numéro 1 : Kazuto Yuki, Kotsuki Yuki et Hiroki Hyuga. »
À cette annonce, les trois ninjas échangèrent un regard lourd de reproches, partageant silencieusement un même juron : putain, fait chier !