Kiri no Kodomo

Chapitre 1 : Konoha

2387 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a environ 2 mois

Le soleil brille, le chant des oiseaux se fait entendre, l’allée principale du village est en effervescence. Aujourd’hui, c’est jour de marché ! Les commerçants exposent leurs produits sur des étalages de fortune, les clients potentiels essayent de négocier les prix, heureux d’avoir obtenu un rabais, sans imaginer que le marchand a fait bien plus que sa marge avec cette vente. Bref, tout le monde est content, la joie de vivre caractérise cette journée pour les habitants du village caché des Feuilles.


Mais pas forcément pour tout le monde dans l’enceinte des murs. En effet, trois personnes ont bel et bien passé les portes du village, mais n’en sont pas des habitants pour autant, et l’escorte qui les accompagne n’a pas l’air de vouloir leur donner le sourire.


Kazuto, Kotsuki et leur mère sont emmenés discrètement au quartier général de la police ninja, sous la responsabilité de l’unité de Chûnins qui les a interceptés près du village lors de sa patrouille. Ils évitent les allées principales pour ne pas créer de situations dangereuses pour les habitants, c’est la procédure. Les prisonniers ne peuvent qu'entendre les bruits enthousiastes, preuve de l'effervescence du village, pour se faire une idée du lieu qu'ils viennent de pénétrer. Une chose est sûre, l’ambiance n’est pas la même que dans leur village natal.


Arrivés au quartier général, nos héros se retrouvent séparés. Les ninjas sont enchainés sur une chaise, seul, dans une salle sombre et silencieuse, devant une table vide, avec pour seule source de lumière une ampoule fatiguée, émettant une lumière jaunâtre et terne, dont les fils dépassent du plafond. Leur mère, quant à elle, est emmenée à l’infirmerie. Le temps semblât s’arrêter. Les secondes deviennent des minutes, et les minutes des heures. Le silence pèse lourdement sur eux, les coupant du monde, les isolant complètement. La faim et la soif se font ressentir. L’objectif de cette manœuvre est simple à comprendre : il fallait les affaiblir le plus possible avant l'interrogatoire, les fragiliser pour mieux les briser. Mais Kazuto en est conscient, il est prêt à affronter ce qui l'attend. La seule chose capable de le déstabiliser est de ne pas savoir si sa famille va bien. Enfin, c’est ce que pensent les ninjas de Konoha.


Kazuto et Kotsuki sont des ninjas de type sensoriel. Ils peuvent détecter le chakra des gens alentours. Grâce à son don sensoriel, Kazuto peut presque sentir la tension dans le chakra de sa sœur, éparse, mais présente. Un léger soulagement l'envahit ; il sait qu'elle est là, tout comme lui, dans cette attente oppressante. Ils arrivent à se rassurer en se concentrant l’un sur l’autre. Le plus inquiétant étant l’état de leur mère. Ne pouvant ressentir la présence de ses enfants, ne sachant pas ce qui allait lui arriver après toutes les épreuves de ces derniers jours, elle commence déjà à craquer. Mais c’est une civile, son calvaire sera certainement bientôt terminé. Pour l’heure, celui de Kazuto ne fait que commencer !


Employant ses dons, il sut quelques instants à l’avance qu’il n’allait plus être seul très longtemps. Un vent froid, presque glacial, s’engouffra dans la pièce, annonce sinistre de ce qui allait suivre, quand un homme entra. Grand, costaud, vêtu d’un long manteau de cuir noir, un bandana sur la tête avec l’écusson de Konoha gravé dessus. Son apparence était impressionnante, le visage constellé de cicatrices, chaque stigmate semblant raconter une histoire plus violente que la précédente. Le regard pesant, froid et analytique, scrutant Kazuto à la recherche de la moindre faille à exploiter, aguerri à l’exercice. Kazuto attendait bien sagement, à la limite de la désinvolture. Le froid ne l’avait jamais dérangé, il n’en était pas déstabilisé le moins du monde. En revanche, l’inconnu qui venait d’entrer, lui, était une tout autre menace. Il imposait le respect, n’ignorant pas l’effet qu’il produisait sur ses victimes ! Il était le maître des lieux.


« Kazuto Yuki. Dix ans. Ninja du village de Kiri. Membre des forces spéciales – chasseurs de déserteurs – depuis l’âge de six ans. Plus connu sous l’appellation des jumeaux sanglants, forme un duo efficient avec sa sœur jumelle. »

La voix résonna dans la pièce, calme, autoritaire.


« Vous êtes soupçonnés d’avoir assassiné pas moins de cent trente-quatre ninjas dont quarante-trois du village caché des Feuilles. Recherché dans le bingo book avec la mention extrêmement dangereux. Un sacré palmarès, surtout pour ton âge. Je devrais sans doute décorer l’unité qui vous a capturés. Mais soyons honnêtes… Tu pourrais tous les tuer s’il le fallait, n’est-ce pas ? Toi et ta sœur. Alors, qu’est-ce que vous foutez ici ? »


Kazuto inspira profondément. Il s’était préparé à cette question. Depuis des jours, il répétait sa réponse, mais maintenant que le moment est venu, ses mots semblent peser une tonne.


« Nous demandons asile à Konoha. »


Sa voix faiblit à la fin de sa phrase. La pression avait fait son œuvre. Ce détail n’échappa pas à son interlocuteur.


« Hors de question ! Ce qui vous attend, ce sont les geôles de Konoha et un aller simple pour Kiri, quand nous aurons trouvé un accord avec vos dirigeants. Et tu dois savoir mieux que personne ce que ton village réserve aux déserteurs, n’est-ce pas ? »


Kazuto serra la mâchoire.


« Ma mère est une civile. Elle est originaire du clan Uzumaki. Faites ce que vous voulez de moi, mais recueillez-la ainsi que ma sœur, déclara Kazuto, sûr de lui en apparence, mais sa voix trahissant légèrement sa peur.

— Il est effectivement fait mention dans ce rapport que ta mère est une civile. Un traitement de faveur pourra éventuellement lui être accordé, en fonction de votre coopération à toi et à ta sœur. »


L’ombre de l’interrogatoire de Kazuto planait encore que déjà Kotsuki entrait dans l’arène.


« Je… Je ne voulais pas tuer les ninjas de Ko… Konoha je … Je ne faisais que suivre les ordres ! »


Kotsuki était au bord de la panique. L’homme qui lui faisait face avait, par sa simple présence, fragilisé ses défenses mentales, déjà bien affaiblies par la pression instaurée au préalable. Par cette simple entrée en matière, à l’évocation du nombre de ses victimes, elle voyait son avenir s’envoler.


« Chaque ninja est responsable de ses assassinats, lui répondit son oppresseur balafré. Telle est la loi des ninjas. Sa voix ne faisait montre d’aucune pitié.

— Alors j’en prends l’entière responsabilité. Livrez-moi à Kiri, mais sauvez mon frère et ma mère, s’il vous plait. Je ferai tout ce que vous voudrez ! Sa détresse était palpable. Une force purement maternelle, animale, parlait à travers elle.

— Commence par répondre à cette question alors : pourquoi chercher l’asile à Konoha ?

— C’était une idée de ma mère ! Nous sommes du clan Uzumaki, des alliés de Konoha…

— Des alliés, hein ! Un rire sans joie ébranla la jeune kunoichi. Voyez-vous ça. Des alliés qui ont tué quarante-trois de nos camarades, de nos amis…

— Il n’y avait rien de personnel ! explosa Kotsuki, des larmes ruisselant le long de ses joues. Nous n’avions pas le choix ! »


Kotsuki répéta cette phrase, de plus en plus bas, tel un écho, seule dissonance dans ce silence nouvellement imposé par ce ninja impitoyable. Elle souhaitait que son frère soit là pour la sauver.


« Laissez partir ma sœur, sauvez ma mère, et je vous donnerai tous les détails du coup d’état. Vous êtes sûrement déjà au courant qu’il a eu lieu, mais vous devez manquer d’éléments. Laissez partir ma sœur et accueillez ma mère, c’est tout ce que je demande. Elle ne cherchera pas à se venger, vous n’entendrez plus parler d’elle.

— Ce n’est pas toi qui fixes les règles, gamin. Et tu me donneras les informations que je demande, de gré ou de force. »


Sa voix était calme, implacable. Venir ici était une erreur, Kazuto s’en veut d’avoir été aussi stupide. Sa mère ne connait pas le monde des ninja, jamais il aurait dû l’écouter. Il avait laissé à sa mère son rôle de mère, celle qui prend les décisions, pour sauver ses enfants. C’était rassurant ! Seulement tout s’effondre maintenant, sa vie allait sans doute bientôt prendre fin, il ne savait pas ce qu’il adviendrait de sa sœur ni de sa mère. Son geôlier ne le lui dirait pas, il le sait. C’était un levier trop important. Il sentit son cœur se comprimer dans sa poitrine lorsque ses pensées se tournèrent vers Kotsuki.


« Lamentable ! »


Le silence fut rompu d’une voix cruelle.


« Éclater en sanglots si facilement. Et tu te prétends ninja ? Laisse-moi rire. J’ai du mal à croire que tu sois cette assassin si talentueuse décrite dans mes documents. C’est ton frère qui faisait tout le boulot, hein ? Admets-le ! Si tu n’as tué personne, nous ne te livrerons pas à Kiri. Je peux te le promettre. »


Sa voix était devenue plus douce, presque rassurante, protectrice. Mais Kotsuki n’était pas dupe. Elle était dégoûtée à l’idée qu’on puisse penser qu’elle pourrait trahir son frère, le seul être qui ne l’a jamais aimée pour ce qu’elle était vraiment. Même sa mère ne l’aimait pas autant que Kazuto ! Une volonté de justice monta en elle. Cet affront est inqualifiable !


« Libère-moi de mes chaînes et tu verras si je ne suis pas l’assassin décrit dans tes documents. »


Sa voix, tremblante de haine, vibrait de défi. Un regard amusé anima l’officier de Konoha.


« Oh, mais c’est quelle mordrait presque. Tu penses pouvoir me tuer et t’échapper, c’est ça ? En emmenant ton frère et ta mère au passage ? Tu ne sais même pas où ils se trouvent. Le temps que tu fouilles ce bâtiment, tu seras submergée. Tu ne pourras pas faire 10 m, et ça, c’est dans l’éventualité où tu arriverais à me vaincre. Et laisse-moi te dire que ça ne sera pas aussi facile que tu ne le crois. »


Un sourire de satisfaction venait déchirer son visage à la fin de cette dernière tirade. L’égo des hommes, ne pouvant tolérer l’éventualité d’être inférieur à une femme, à une gamine de 10 ans qui plus est. Elle l’avait remarqué, elle voulut en jouer, mais fut coupée dans son élan.


« Que sais-tu du clan Uchiwa ? »


Kazuto réfléchit ; il avait encore une carte à jouer, risquée, mais c’était sa dernière chance. Il fallait tenter le tout pour le tout ! Mais après ça, il serait officiellement un traître aux yeux de Kiri. On pourrait penser que c’était déjà le cas, mais la situation pouvait être encore pire vis-à-vis de son village.


« Parle maintenant ! Sinon ta mère n’aura pas la moindre chance d’être acceptée au sein de notre village.

— C’est Zabuza Momoshi, l’instigateur du coup d’État. Un ninja membre des Sept Épéistes de Kiri. Il manie Kubikiribôchô, le Couteau à Découper. Mon père était son allié. Ils ont formé un groupe d’opposants au régime. Ils ne voulaient plus de ce climat meurtrier incessant. »


Il fit une pause. L’information qu’il allait révéler était la plus importante, celle qui pourrait peut-être les sauver. Il fallait ménager son effet.


« Le règne du quatrième Mizukage était de plus en plus contesté. On pouvait entendre dans les tavernes, ou au coin des rues, des conversations. »


Il avait réussi son effet, l’officier qui lui faisait face ne montrait aucun signe extérieur d’intérêt, mais il était pendu à ses lèvres intérieurement, avide d’informations. C’était sa raison de vivre, obtenir et garder des informations.


« On pouvait entendre que le quatrième ne prenait plus les décisions lui-même. On pouvait entendre qu’il était manipulé dans l’ombre. »


Il prit une nouvelle pause, prenant presque plaisir à cette joute théâtrale.


« J’ai entendu mon père prononcer un mot, une seule fois. C’était pendant une réunion de son parti. Je n’avais pas le droit d’y assister, mais la tentation était trop forte. »


Son interrogateur avait du mal à contenir son envie de savoir, Kazuto le sentait proche de craquer. C’est à l’ultime seconde que, dans un murmure, il prononça le mot Sharingan !


La bombe était lâchée. Cette fois, son interlocuteur ne put cacher sa surprise. Cela ne dura qu’une seconde à peine. Mais Kazuto le remarqua. Le doute s’immisçait dans son esprit. Mensonge ou non, il ne serait pas livré à Kiri tout de suite. Il avait gagné du temps, mais à quel prix ? Il venait de trahir son village. De trahir les siens. Quand bien même il n’avait plus aucun lien avec le village, c’était tout ce qu’il connaissait. Mais au fond de lui, une seule question brûlait : est-ce que sa famille tiendrait bon ?

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