L'ombre du renard

Chapitre 1 : Tome 1 - Renardeau

5595 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/02/2024 11:17

1. Renardeau

 

Notre rencontre était écrite.

Nous n’aurions pu échapper à notre destin.

Aujourd’hui encore,

j’ignore si je dois maudire ce jour ou au contraire le bénir.

 

La nuit était calme, légèrement fraîche. Seuls les bruits nocturnes provoqués par quelques animaux emplissaient la forêt. Naruto prit une nouvelle branche et la lança dans le feu devant lui. L’homme détestait les feux de camp. Ceux-ci permettaient d’être visible dans la noirceur de la nuit, d’indiquer sa position à son ennemi, de devenir une proie au lieu du prédateur qu’il était. Mais, parfois, il était nécessaire de se montrer à découvert pour mieux attraper son ennemi.


Il avait remarqué, depuis un moment, qu’il était suivi dans cette grande forêt. Il avait franchi le pont construit par le dernier village rencontré sur sa route, puis, les arbres centenaires l’avaient englouti dans leur feuillage sombre. A chacun de ses pas, une ombre avançait au même rythme. Le suivi avait alors pensé à un quelconque animal curieux de sa présence en ces lieux. Il avait rapidement changé d’avis en laissant ses sens le prévenir du danger : l’animal bougeait trop prudemment, trop lentement et trop près de lui pour que cela soit un hasard de ses déplacements naturels.


Naruto s’enorgueillissait de posséder le don de disparaître à sa guise pour ensuite réapparaître là où son ennemi s’y attendait le moins, le surprenant…à mort. C’était un reste de son enseignement shinobi qu’il avait reçu adolescent. Bien qu’aujourd’hui il ne portait plus le costume du parfait ninja, il avait mis un point d’honneur à se vêtir correctement d’un pantalon en lin orange et d’une chemise noire nouée par un obi tout aussi noir, une tenue légère et discrète pour se fondre dans le décor. Pourtant, il enrageait de ne pouvoir user de cette technique contre son actuel adversaire. Ce dernier avait l’art de s’évaporer aussi facilement que le brouillard entre les arbres. Un jeu de cache-cache avait débuté entre eux mais sans succès pour le prédateur. L’ombre le suivait sans jamais trahir sa position et Naruto n’arrivait nullement à échapper à sa vigilance constante.


Aussi, le guerrier décida d’abandonner cette tactique pour une autre. Après tout, la ruse n’était-elle pas l’apanage de son alter égo ? Il réfléchit à un moyen d’obliger son ennemi de sortir de sa cachette. Pour ce faire, il traîna plus que nécessaire dans ce bois, ramassa quelques branches mortes et s’installa pour passer la nuit. Un peu plus tôt dans la journée, il avait attrapé un lapin. Il entreprit donc de le préparer pour le cuire à la broche. L’odeur risquait d’ameuter quelques carnivores mais le feu les effraierait suffisamment pour le laisser en paix. Naruto voulait affamer son poursuivant, l’obliger à commette une erreur avec ce manque.


Il avait réfléchi pendant qu’il rôtissait son gibier. Qui était donc cette ombre qui le suivait avec tant de dextérité ? Si Naruto n’était pas doué d’un instinct surdéveloppé, il ne l’aurait certainement jamais décelée. De plus, il n’avait aucunement pressenti une quelconque hostilité émanant de cette personne. Il était sûr de son jugement quant à l’impossibilité d’un tueur. Un espion peut-être ? Mais pour espionner quoi ? Ses déplacements ? Son aptitude au combat ? Et pour qui travaillait cette personne ? Non, décidément, cet intrus était une énigme pour lui.


Le bruit dans les fourrés se fit plus intense. Naruto sourit intérieurement en songeant à la réussite de son plan : son ennemi gigotait sur place et révélait sa position. Extérieurement, l’homme restait impassible, maître de lui-même comme le lui avait appris son maître, Kakashi-sensei.

 

« Ne laisse jamais ton ennemi anticiper tes mouvements. La subtilité est l’art du shinobi. Nous sommes comme les ombres : nous glissons entre les gens pour mieux les conquérir. »

 

 Une ombre… C’était toute la définition de son existence. Une ombre parmi les vivants. Pourquoi était-il donc venu au monde ? Il secoua la tête pour chasser ces pensées mélancoliques. Il avait d’autres préoccupations d’autant plus sérieuses en tête. Même si le danger ne rôdait pas, quelqu’un l’avait bel et bien pris pour cible pour une raison obscure. Par orgueil, Naruto refusait d’être pisté comme une proie.


Le rusé tendit l’oreille et sentit l’agitation croître derrière un bosquet précis. Il perçut le signal invisible du moment tant attendu. Il fit mine de tendre la main vers un tas de bois afin d’alimenter le feu. Ses doigts se refermèrent sur le vide comme il l’avait prévu. Lors de sa collette, l’homme savait pertinemment qu’il n’aurait pas suffisamment de branches mortes pour faire tenir les flammes jusqu’à la fin de sa cuisson. C’était à dessein qu’il provoqua une occasion pour l’intrus d’être seul avec son repas.

 

 « Merde! Plus de bois! Il faut que j’en rapporte, » dit-il innocemment et assez fort pour que l’autre l’entendît.

 

 Naruto se leva et quitta le cercle de lumière engendré par le feu de camp. L’ombre hésita. Les gargouillements de son ventre l’empêchaient de réfléchir de manière cohérente. D’un autre côté, elle ne pouvait laisser le centre de son attention filer de cette façon. L’inconnu observa un moment l’endroit où Naruto venait de disparaître, puis, refixa le lapin doré à point dont le jus coulait délicatement sur la chair appétissante. L’ombre réfléchit une seconde et leva les épaules en signe d’impuissance. Après tout, cet homme devrait bien revenir pour manger ce délicieux gibier.


L’observateur sortit des fourrés silencieusement, plaqué contre le sol en exécutant des mouvements lents et pourtant efficaces dans son déplacement. Il scruta les alentours, essaya d’identifier les différents bruits au cas de la venue précipitée du cuisinier. Tout semblait calme, comme si la forêt retenait son souffle. Le voleur sentait son cœur battre durement dans sa cage thoracique. Arrivé près de la viande, il vérifia une dernière fois les environs, accroupi, les mains à plat sur l’herbe fraîche, prêtes à le pousser pour lui donner assez d’élan en cas de danger. L’odeur alléchante le ramena vers l’objet du délit. Rapidement, il saisit la baguette sur laquelle était empalé le lapin et courut jusqu’à sa cachette. Ravi du succès de son opération, le larcin s’assit en tailleur pour déguster sa collation en attendant le retour de l’homme.


Il se lécha les babines et s’apprêta à plonger ses dents dans cette chair savoureuse quand il sentit une lame se poser sur sa gorge. Automatiquement, l’inconnu se figea. Le métal était froid sur sa peau et il sentit immédiatement à quel point la lame était aiguisée. Merde! Il s’était laissé avoir trop facilement. Une voix chuchota à son oreille.

 

« Qui es-tu ? questionna Naruto derrière lui.

-Je… Je vous en prie… Ne me faites pas de mal, croassa une voix fluette et apeurée.

-Qu’est-ce que… ? » répondit le prédateur, surpris.

 

 Il n’était pas aisé de le surprendre et il n’aurait pas manqué de s’amuser de la situation si cette dernière n’était pas source de contrariété. Sans un mot, il dégagea sa lame et saisit fermement les épaules frêles de son prisonnier… ou plutôt de sa prisonnière à en croire ses yeux lorsqu’il la traîna près du feu pour l’examiner. Elle était jeune, très jeune (onze ou douze ans, à peine une adolescente). Elle était toute petite et menue. Ses cheveux roses encrassés étaient coupés courts ; ils démontraient du peu d’attention qu’elle prodiguait à sa toilette.

 

« Qui est donc cette gamine ? » pensa-t-il.

 

Depuis combien de temps survivait-elle seule ? Un moment, devait-il juger en considérant ses vêtements sales et usés, son corps fragile et la faiblesse de sa résistance.


Il aurait dû la tuer : il n’était pas bon pour un homme tel que lui d’avoir été tenu en échec par une si jeune enfant. Elle pourrait s’avérer une menace sérieuse dans un avenir proche. Pourtant, il n’était pas non plus homme à massacrer des êtres sans défense. Il laissait ce privilège aux lâches. Si cette gamine s’avérait réellement un obstacle sur sa route, il s’amuserait avec elle comme il se le devait avant d’abréger ses souffrances. A cette heure, elle ressemblait davantage à un animal piégé, tremblant de tous ses membres à ses pieds. Ses grands yeux suppliants qui exposaient ses merveilleux iris de jade finirent de le convaincre et l’homme fit preuve d’une clémence inhabituelle.


Naruto s’accroupit devant la jeune adolescente à peine sortie de l’enfance. Effarouchée, celle-ci fit un bond en arrière en se traînant dans l’herbe fraîche. Elle ne prononça un mot, tut ses supplications qui menaçaient de franchir ses lèvres, retint ses larmes au coin des yeux sachant pertinemment que les laisser couler ne servirait guère à attendrir ce cœur de pierre. Elle se voulait fière. Si elle devait mourir, elle affronterait la mort dignement. Néanmoins, elle savait. Quelque chose en elle lui affirmait que cet étranger ne la blesserait d’aucune manière. C’était la raison pour laquelle elle avait choisi de le suivre.

 

 « Qui es-tu ? répéta plus doucement Naruto, n’enlevant cependant aucune menace dans ses paroles.

-Je… Je me nomme Sakura…

-Qu’est-ce qu’une gamine comme toi fout toute seule dans cette forêt ? »

 

 La fille scella résolument ses lèvres et détourna le regard. Elle sentait le poids des iris couleur de pluie de son interlocuteur. Ils l’effrayaient. Ces saphirs semblaient tout deviner d’elle : ses mensonges, sa peur, son âme. Aussi, plutôt que de le courroucer par des mensonges peu crédibles, elle préféra se taire. Et ce silence ennuya profondément Naruto. Il n’avait pas l’habitude que sa proie lui résistât. S’il avait décidé que l’autre parlerait, il devait parler. Il lui donna une petite tape sur la joue en guise d’avertissement. Même s’il ne s’attaquait pas aux gamins, il pouvait s’avérer violent pour obtenir des informations.

 

 « Réponds ! Ne me force pas à me répéter. Je déteste ça »

 

 La fille ouvrit plus grand ses yeux comme si cela était possible. Elle sembla hésiter mais ne prit pas à la légère la menace planant sur sa tête. C’était une fille intelligente.

 

 « Je me suis enfuie.

-Pourquoi ?

-On me forçait… On me forçait à faire des choses que je ne désirais pas faire. »

 

 Le nez de l’homme se fronça. Prostitution ? Non. Son odorat lui prouvait la virginité de la petite. Le parfum d’une femme changeait lorsqu’elle prenait un amant. C’était un mécanisme du corps féminin : les phéromones dégageaient quelque chose de délicieux lorsque l’hymen avait disparu dans le but d’attirer les amants potentiels en vue d’une fécondation. Peu de personne était capable de repérer ces subtils changements dans leurs compagnes. Cependant, Naruto n’était pas quelqu’un que l’on pouvait qualifier d’anodin.


Si ce n’était pour la forcer à donner son corps, que l’obligeait-on à faire ? Car elle avait bien précisé qu’elle avait réalisé cette action obligée. Cette petite ne manquait pas d’intérêt. Cela lui plut. Il resta respectueux envers ses secrets, reconnaissant le dégoût dans sa voix fluette de narrer les faits auxquels il ne pourrait, de toute façon, changer.

 

 « Pour qui travaillais-tu ?

-Pourquoi pensez-vous que je travaillais pour quelqu’un et non pour mes parents ?

-Parce que tu as dit que t’étais enfuie mais pas de chez toi. Je suppose que tu dormais ailleurs.

-Je n’ai pas connu mes parents.

-Nous sommes deux dans ce cas », dit-il en se relevant pour replacer le lapin sur le feu.

 

 Méfiante, la dénommée Sakura s’approcha de lui. Il aurait pu la torturer, la violer, voire la tuer pour son honteux larcin. Pourtant, il n’avait rien fait de cela. Il s’était contenté de lui tourner le dos et avait continué de surveiller la cuisson de son gibier. Elle avait vu bien des hommes s’emporter à cause de son insolence, son refus de communiquer. Lui, il n’avait pas insisté. Elle ne devait pas commettre l’erreur qu’elle était libre. Il n’en était rien. Elle sentait que malgré son air nonchalant toute son attention était portée sur son être. Si elle avait fait mine de s’enfuir ou de vouloir le combattre, il n’aurait pas hésité à user de violence contre elle. Elle le pressentait. C’était, à n’en pas douter, un homme dangereux.


Sakura s’assit à ses côtés, en prenant garde de ne pas le toucher. Naruto accueillit cette précaution d’un hochement de tête. L’homme reconnaissait l’intelligence de la petite. Peu rassurée, la fille ramena ses jambes contre elle et les entoura de ses bras ; elle déposa sa tête sur ses genoux. Elle contempla le feu danser en silence en attendant la suite des événements.

 

 « Je ne peux pas te garder avec moi.

-Vous ne pouvez pas me laisser partir non plus. Je pourrais vous dénoncer aux autorités.

-Qui te fait croire que j’ai un quelconque problème avec les autorités ?

-Je vous connais, dit-elle en risquant un regard dans sa direction. Tout le monde vous connaît. Vous êtes le Renard, un dangereux criminel recherché par la police.

-Qui te fait seulement croire que la police voudrait t’écouter, toi, une gamine des rues ?

-Les représentants de l’ordre savent mieux que personne de la fiabilité des petits mendiants. Nous sommes trop pauvres pour nous permettre d’aiguiser la fureur de la police par de piètres mensonges.

-Je pourrais te tuer.

-Alors faites-le ! »

 

 Naruto se fit surprendre pour la deuxième fois en une soirée. Il détailla la gamine au nom de fleur recroquevillée à sa droite. Elle tremblait comme une feuille. Pourtant, ses émeraudes dévoilaient sa volonté, sa franchise. Elle savait que quoi qu’elle dît, il était seul maître de la décision finale et elle ne ferait rien pour l’en empêcher car cela aurait été vain de lutter contre un homme tel que lui.

 

 « Plutôt mourir ici avec quelqu’un que de vivre encore tristement toute seule » murmura-t-elle en refixant les flammes dansantes.

 

 Naruto rit. Ce n’était pas un rire gai ni même moqueur. Il n’avait plus l’habitude de rire et son rire semblait artificiel.

 

 « Tu as raison : je ne peux pas te laisser partir. Tu vas manger ce lapin et tu dormiras dans cette couverture, dit-il en désignant une étoffe. Demain, nous aurons une longue route à faire. »

 

Sakura le regarda en biais, estomaquée par la décision prise par ce criminel. Il était sauvage, brutal et peu enclin à respecter les conventions humaines. Il était aussi très beau, compréhensif derrière sa rudesse apparente et plus humain que certains de ses congénères. Elle remercia son instinct de l’avoir guidée vers cet homme. La jeune adolescente venait de se trouver un compagnon de route. Un sourire timide se dessinait sur ses lèvres tandis qu’elle dégustait avec appétit le lapin cuit à point.


Le lendemain, ils partirent dès l’aube. Ils franchirent l’orée de la forêt et arrivèrent sur une route praticable et créée par l’homme. A la lumière du jour, les vêtements de Sakura apparaissaient encore plus misérables que la veille. Elle portait un yukata rouge déchiré noué par un obi qui avait dû être blanc dans une autre vie. La gamine était pieds nus ; cela le mit en rogne. Ces pieds juvéniles risquaient de se prendre dans un nid de poule ou de se blesser, provoquant par la même leur ralentissement à tous les deux. Il faudrait qu’il songeât à lui payer des getas dignes de ce nom.


Naruto tira sur le bout de bois qui dépassait du dos de sa compagne de fortune, intrigué par sa présence.

 

 « Qu’est-ce que c’est que cela ?

-Un arc.

-Je le vois bien. Que fais-tu avec cette arme de lâche ?

-Ce n’est pas une arme de lâche. Je sais tirer. Je suis assez bonne à la chasse avec cet arc. De toute façon, je n’ai pas votre force.

-Arrête de me vouvoyer.

-Vous êtes mon aîné, le Renard. Je vous dois le respect.

-Entre nous, je préfère Naruto. Et je n’attends pas de toi de l’égard pour le criminel que je suis. Arrête tes simagrées.

-Comme tu voudras, Naruto-Kun.

-Tu es bonne à la chasse ? »

 

 En guise de réponse, Sakura décocha une flèche à un lapin qui s’était risqué dans les champs voisins. Le gibier n’eut pas le temps d’exécuter un bond supplémentaire que la flèche lui traversa le gosier.

 

 « Assez bonne, le nargua-t-elle en allant récupérer sa flèche.

-Cela reste une arme de lâche. Cela enlève toute l’excitation de la traque », répliqua Naruto en boudant.

 

 Le tandem longea les rizières et les champs. Nous étions au début de l’été. Les fermiers venaient de fertiliser les champs avec le fumier du bétail. Les environs empestaient. Les mouches étaient attirées par les fertilisants naturels et zigzaguaient près des marcheurs. Elles piquaient la moindre parcelle de peau dénudée, attaquant sans relâche les voyageurs. Naruto était en partie protéger grâce à son chapeau de paille pointu.


Il baissa les yeux. Sakura avait la tête baissée. Elle se taisait. Elle ne gigotait pas. Elle subissait en silence les agressions des insectes nuisibles. Naruto admira le courage de cette gamine. Il appréciait ses efforts pour minimiser le dérangement qu’elle pouvait occasionner. Sans prévenir, il défit l’attache de son chapeau et le posa sur la tête de sa petite compagne.


Sakura leva un regard interrogateur vers son gardien. Naruto fit mine de l’ignorer. Il n’avait pas l’habitude de se montrer protecteur et encore moins de recevoir de la reconnaissance. Il agissait par instinct. Il semblait que même dans un animal tel quel lui l’instinct paternel existait. Il fallait avouer également qu’il ne s’était jamais attaché à qui que ce soit pour vérifier qu’il possédait de tels instincts. Pourquoi avait-il décidé de révéler cette partie de lui-même avec cette fille ? Il l’ignorait. Quelque chose en lui s’était éveillée au contact de cette peau juvénile. Cela n’était pas comparable à un désir sexuel, c’était un sentiment plus profond et plus fort que sa propre volonté. Curieux, il s’était laissé guider en vue de tester ces nouvelles contraintes que lui apportaient la vie.


Aucun « merci » ne franchit les lèvres fines de l’adolescente. Elle comprenait parfaitement la gêne que ces mots engendreraient. Elle se contenta de nouer les cordes du chapeau en souriant. Depuis que ces deux-là marchaient, c’était le premier véritable sourire de Sakura. Naruto sentit de la chaleur envahir son cœur. Ce sourire avait plus de valeur que tous les remerciements du monde.

 

 « Où allons-nous ? se risqua Sakura.

-Il y a un village non loin. J’aimerais que nous l’atteignions avant qu’il pleuve.

-Qu’il pleuve ? » répéta candidement Sakura en levant la tête.

 

 Le ciel était bleu hormis quelques cumulus amenés par le vent. Rien n’indiquait que la pluie allait tomber durant cette journée.

 

 « Fais-moi confiance. Un orage va s’abattre sur nous avant la tombée de la nuit. Je l’entends… »

 

 Sakura ne mit aucunement en doute les paroles de son aîné. D’après la rumeur, Naruto possédait un don incroyable. Certains qualifiaient même cela de divination. Il n’en était rien évidemment. Son secret résidait dans d’autres parties de son être.


Au cours de l’après-midi, les nuages s’accumulèrent et prirent une teinte grise. Comme le prévoyait Naruto, les premières gouttes tombèrent au moment où ils entraient dans le village. Ils s’empressèrent de franchir le seuil de l’unique taverne avant d’être complètement trempés. Ils commandèrent un repas chaud, un thé vert pour Sakura et une bière pour Naruto.

 

 « Tu veux te distraire mon mignon ? »

 

 La femme qui venait de parler n’était guère distinguée. Elle avait choisi un kimono des plus légers et parlait avec un accent assez prononcé. Naruto reconnut en elle la prostituée et non la fière geisha pour laquelle elle se faisait passer. Le village était suffisamment important pour accueillir une femme de cette espèce. Naruto avait sous-estimé la réputation de cette taverne. Même dépourvue de manières, la fille de joie sentait bon et il n’avait plus satisfait sa libido depuis un long moment.

 

 « Et pourquoi pas ? Sakura, attends-moi ici. Je risque d’en avoir pour un moment. »

 

 Il paya la chambre d’avance, s’arrangeant pour l’occuper toute la nuit. Il suivit la catin à l’étage. Il ne se perdit pas en préliminaire. Il avait besoin de satisfaire son côté bestial assez rapidement. Le Renard déshabilla sa compagne d’une nuit sans la ménager. Il la pénétra et la sentit jouir sous ses doigts experts. Elle était belle mais son goût était fade, amer. Elle sentait bon le gingembre, un aphrodisiaque puissant. Cela ne parvenait pas à émoustiller ses sens. Son esprit était préoccupé, l’empêchant ainsi de s’abandonner au plaisir de la chair.

 

 « Tu l’as laissée seule, mon ami, lui reprocha une voix au fond de son âme.

-Qui ? répondit-il à cette voix intérieure sans même bouger les lèvres.

-La gamine ! Tu as commis la même erreur. Tu as laissé une femme t’attendre seule, toute seule… »

 

 Naruto s’écarta du corps féminin qu’il explorait. Son frère Renard venait de mettre le doigt sur un point important. Il n’aimait guère songer à cet être vivant dans ses entrailles et n’y faisait jamais allusion, même à lui-même. Pourtant, il arrivait en de rares occasions que son alter égo se manifestât. Ces mots-là devaient toujours soigneusement être écoutés.


L’homme abandonna la prostituée. Vêtu d’un unique pantalon, il se dirigea vers l’escalier vérifier ce que ses sens lui indiquaient.

 

 « Viens avec nous, ma puce. Tu ne vas tout de même pas attendre ici toute seule toute la nuit ? dit une voix trop douce pour être honnête.

-Tu sais, mon cœur, ton grand frère, il va certainement être occupé pour un moment avec la dame. Tu ferais mieux de venir nous tenir compagnie », ajouta un autre jeune homme en posant une main possessive sur celle de Sakura qui tenait ses baguettes.

 

 La fleur de cerisier releva lentement la tête en signe d’avertissement. Jusque-là son visage était masqué par le grand chapeau de paille qu’elle portait toujours. En se redressant, son regard meurtrier figea un instant les deux dragueurs qui avaient eu la mauvaise idée de la séduire.

 

 « Barrez-vous ! » cracha-t-elle.

 

 Un des deux hommes partit d’un rire nerveux.

 

 « Mais c’est qu’elle mordrait, la morveuse. Bon, ça suffit ! Tu nous accompagnes ! » répliqua l’importun en tirant sur la main fragile.

 

 Naruto sauta le garde-fou de l’escalier et atterrit près de sa compagne de fortune et des deux malotrus. Il sortit sa lame sans avertissement et trancha la main masculine au niveau de poignet. La lame était affutée. La force mit dans le coup était sans conteste incroyable. Le geste avait été rapide et précis. L’inconnu leva son moignon sans comprendre, puis, hurla sa douleur. Naruto leva le pied et envoya valser le blessé d’un seul coup. Il arracha la main inerte du bras de sa compagne. Le Renard lança le membre fraîchement coupé à son propriétaire comme s’il lui renvoyait une chaussure ou tout autre objet.

 

 « Touche pas à ce qui n’est pas à toi », avertit calmement le prédateur.

 

 L’autre comparse jugea un instant l’adversaire face à lui. Il ordonna à son ami de la fermer pour qu’il puisse se concentrer. Il ne pouvait fermer les yeux sur les récents événements. L’acte de cet homme étranger, vêtu comme un barbare et au visage attirant, méritait réparation. Il le tuerait. Il avait déjà tué ; ce ne serait qu’un squelette de plus dans son placard. Ses yeux se promenèrent sur le corps de son adversaire. Il paraissait fort, très fort. Mais il était jeune et lui avait déjà acquis de l’expérience dans les combats.


Le combattant se mit en position pour attaquer. L’aubergiste les apostropha en signe de mécontentement. Naruto et le perturbateur restèrent concentrer sur le combat à venir. L’homme n’eut pas le temps de dégainer complètement son sabre qu’il avait déjà la gorge tranché. Du sang gicla sur le parquet récemment ciré. L’aubergiste pleura de plus belle en maudissant les combats d’ivrogne dans son établissement. Naruto n’avait pas le temps de répondre au vieil homme qu’il sentait déjà un autre danger. Il se retourna et s’apprêta à poignarder son prochain opposant mais stoppa son geste en réalisant qu’il était empalé à une poutre de bois.

 

 « Je t’avais dit que je savais tirer avec un arc. »

 

 Alertée par les gestes de son séducteur amputé, Sakura avait rapidement saisi son arc. Elle avait bandé ses muscles pour décocher une flèche. Cette dernière avait cloué sa cible au niveau du cœur. L’homme était mort sur le coup.


Naruto retira la flèche. Les munitions coutaient chères. De plus, il ignorait quand il pourrait retrouver un marchand capable de leur vendre des produits de qualité. Il nota la profondeur de l’entaille. La fille avait plus de force qu’il l’avait estimé. La pointe s’était enfoncée loin dans le bois de chêne, un des bois les plus résistants dans tout le pays.

 

« Cela reste une arme de lâche. Elle enlève tout le plaisir de la mise à mort.

-Rabat-joie ! »

 

 Naruto arqua un sourcil à son encontre. Rêvait-il ou elle venait de le taquiner par une insulte mineure ? En une journée, cette gamine se permettait déjà de se montrer familière auprès de lui.

 

 « Et elle n’a pas peur de tuer », lui rappela une petite voix au fond de lui.

 

 Pour calmer les esprits, le Renard dut payer une coquette somme à l’aubergiste. Celui-ci s’apaisa non sans rechigner contre les hommes aimant trop le sang.

 

 « Va dans la chambre !

-Non ! Je ne veux pas dormir dans un lit où tu y as trempé ton biscuit.

-Qui t’a dit que tu dormirais dans le lit ? Tu te coucheras à terre.

-Je t’ai sauvé la vie, râla-t-elle en pénétrant dans la chambre.

-Je l’aurais tué si tu n’étais pas intervenue. Je n’étais pas en danger, répliqua-t-il en fermant la porte.

-Je t’ai évité de le faire. Ne suis-je pas digne d’être une véritable compagne pour toi ?

-Sale peste ! J’aurais dû te tuer dans la forêt !

-Vas-y ! Mais tu perdras une véritable renarde à tes côtés.

-Tu m’as plutôt l’air d’un renardeau que d’une renarde avec cette dégaine. »

 

Sakura lui offrit un visage absolument dépité en réaction à ses paroles. La folle nuit précédente de traque, la marche forcée durant la journée, l’abandon momentané de son compagnon et le bain sanglant dans la salle commune l’avaient à peine affectée. Une seule parole malencontreuse de son gardien et elle semblait totalement affligée. Un rire guttural sortit de la gorge de l’homme. La vie aux côtés de cette gamine promettait d’être intéressante…



Mot de l'auteur


Bonjour à tous,


Merci d'avoir lu ce premier chapitre de mon histoire. Cela me touche énormément de voir certaines personnes s'intéresser à ce que j'écris. Je suis nouvelle ici et cela fait deux jours que teste les options qui s'offrent à moi. Désolée si je manipule mal certaines choses ou si je commets des maladresses. J'ai publié plusieurs histoires dans différentes catégories pour ce test.


Avant, je publiais sur une autre plateforme aujourd'hui disparue. Cela m'a énormément contrariée car j'avais vraiment envie de poursuivre mes écrits. J'avais arrêté d'écrire en 2018 car j'avais d'autres projets personnels sur le feu. Mais, le confinement m'a réellement dégoûtée de l'écriture jusqu'à présent. À cette époque, je devais réaliser du télétravail et je passais littéralement 10 à 12h sur un écran. Encore aujourd'hui, on me demande d'utiliser certains programmes et je passe un temps dingue dessus.


Donc, l'ordinateur et moi, on était un peu fâché. Je n'avais pas arrêté d'être créative pour autant. Je me suis tournée vers le dessin qui me permettait de me détendre et de satisfaire mon côté créatif. Malheureusement, cela demande beaucoup de concentration et de temps. Sans oublier que je ne suis pas spécialement douée pour le dessin. Une idée de bande dessinée était de ce fait trop chronophage pour moi. Mais je ne regrette pas cette période. Gratter le papier m'a fait énormément de bien.


Il y a quelque temps, je suis revenue à mon premier amour: l'écriture. Et, punaise, cela m'avait manqué. Je ne m'en étais pas rendue compte. Imaginez ma déception quand je me suis rendue compte qu'il m'était impossible de poursuivre mes histoires suite à la disparition de la plateforme. J'ai dû fouiller dans mes armoires, retrouver mon ancien portable et récupérer mes anciens fichiers.


Et tadam! Voilà le résultat de mes recherches!


Je me concentre ici sur les personnages de Naruto et Sakura. À l'époque, quand j'ai commencé cette histoire, le film "The Last" n'était pas encore sorti. Ma tête quand le couple Naruto-Hinata fut confirmé. Les SasuSaku, NaruHina, ne me jugez pas trop sévèrement, s'il vous plaît ^^.


J'avais également créé un AMV pour présenter la fanfic. Si vous êtes curieux, voilà le lien:


https://www.youtube.com/watch?v=N78KKOPw1Fk


Je dois relire mes écrits et poursuivre d'autres. Je vais essayer de publier un chapitre par semaine ( de préférence le week-end).


Je vous dis à la semaine prochaine. Et encore merci pour votre intérêt!


 


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