Je crois être amoureux de ma coéquipière (Neji X Tenten)
Chapitre 17 : Des Anbu comme coéquipiers
8038 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 13/05/2024 04:50
Notes de l’auteur :
Ouais, un autre chapitre dans un laps de temps raisonnable ! Je recommence, petit à petit, à me remettre en mode écrivaine. C’est-à-dire penser à mon histoire quand ce n'est pas le moment, être envahi de scénarios probables sur l’heure du couché et de parler tout seul, lorsque je tape sur le clavier (enfin !), ce qui m’a démangé mon esprit toute la journée ! XD Une vraie joie ! Je blague, cela m’avait manqué et je suis contente de retrouver ce souffle d’inspiration et surtout, le courage de le sortir de l’intangible de ma tête et le mettre sous forme de mots.
Bonne lecture !
Chapitre 17: Des Anbu comme coéquipiers
L’équipe Gai avait prévu se retrouver tôt le lendemain matin, devant le grand bâtiment servant de centre d’opération à Konoha, celui inscrit sur leur parchemin de mission.
Tenten arriva la première, n’ayant dormi que quelques heures, sur son plancher, devant sa porte, elle s’était réveillée très tôt et n’avait pu se rendormir, son esprit trop agité. Une fois tous ses effets personnels scellés et son appartement maniaquement rangé, la jeune femme avait compris qu’elle devait en sortir ou descendre rapidement l’escalier de la folie.
Elle se tenait donc appuyée sur le mur de l’immeuble du lieu de rendez-vous depuis une heure, s’occupant en faisant tournoyer rapidement un kunai entre ses doigts pour garder son esprit ensemble.
C’était un tic qu’elle ne se permettait pas trop d’utiliser en public, surtout devant ses coéquipiers, car cela traduisait sa grande agitation mentale. Ils pourraient juger que c'était inconvenant, en pleine mission, qu’elle montre si ouvertement ses émotions d'anxiété. Mais là, en ce moment, elle s’adonnait allégrement à faire tournoyer l’arme entre ses doigts nerveux, se foutant du monde entier, juste pour empêcher son esprit de cavaler à la vitesse floue de l’objet dans sa main.
C’est ainsi que Neji trouva Tenten, ses yeux absents fixant le ciel, un kunai virevoltant dangereusement entre ses doigts agiles. Les membres fins semblaient agir de leur propre chef, créant une danse fascinante et mortelle. Le jeune homme haussa un sourcil surpris, puisque c’était la première fois qu’il voyait sa coéquipière agir ainsi et que, avec l’habileté avec laquelle elle s’exécutait, ce n’était pas la première fois qu’elle s’employait au geste.
Lorsque Neji s’approcha de sa démarche souple, Tenten ne s’aperçut de sa présence que lorsqu’il ne fut qu’à quelques pas, ce qui était une autre chose à ajouter à l’inhabituel.
- Bon matin, Neji. Salua celle-ci avec un sourire, ses yeux quittant temporairement le ciel pour se tourner vers lui quelques secondes, avant d’y retourner avec assiduité.
C’est ainsi qu’il remarqua ses traits pâles et tirés et, surtout, une certaine rougeur incrustée sous ses yeux. Le kunai tournoya encore plus vite, si possible, lorsqu’elle sembla se sentir observée.
- Quoi de neuf ? Demanda-t-elle, d’une voix apparemment enjouée, mais qui masquait une tonalité tendue que le jeune homme capta.
- Rien. Répondit-il placidement, se demandant intérieurement comment engager le délicat sujet de son état, clairement anormal.
Il se retrouva à se demander comment une personne devait se comporter dans ce genre de situation, pour ne pas… empirer les choses.
Elle haussa les épaules, semblant s’attendre à quelque chose d’aussi peu étoffé, et retourna dans ses pensées, l’ignorant ainsi totalement. Neji se retrouva donc avec le dilemme d’engager lui-même la conversation, s’il voulait des réponses, ou d’attendre que Lee et Gai-sensei le fassent à sa place.
L’idée qu’il dépende des deux mâles de cette manière le dérangea. Il n'aimait pas l'idée de donner le peu de liberté qu'il avait à d’autres.
Décidant d’exploiter ses méthodes d’interactions habituelles, sans trop glisser sur ce que Lee et Tenten appelaient son « ton hautain d’homme-glaçon », Neji se lança :
- Tu ne sembles pas dans un état optimal pour la mission. Dit-il, de sa voix résolument neutre.
La jeune femme à sa droite se hérissa visiblement, son expression faciale passant de distraite à ferme.
Le jeune Hyûga comprit donc qu’il venait de plus ou moins échouer sur l’objectif...
- Je ne gênerai pas la mission, Neji. Claqua Tenten, ne prenant pas la peine de le regarder.
- Pourtant, ton langage physique me parais trahir une certaine agitation. Répondit Neji, du tact au tact.
Le kunai tournoya de plus belle entre les doigts fins de la jeune fille et Neji comprit qu’elle se retenait de lui planter l’arme quelque part.
- C’est un échauffement particulier, n’y prête pas attention. Siffla celle-ci, foudroyant de ses yeux noisette le lever du soleil, comme si elle le maudissait de quelque chose.
- Je ne parlais pas seulement de ce geste. Contra le jeune homme, qui commençait à se demander pourquoi interagir avec un autre humain lui paraissait plus difficile et complexe que d’apprendre le Jûken.
- Alors en quoi faisais-tu référence, Neji ? Questionna sèchement Tenten, ne voulant pas elle-même énoncer en quoi son « langage physique semblait agité ».
Le jeune homme réfléchit à la manière d’énoncer ses observations sans envenimer encore plus la situation. Il n’avait jamais été du genre à se soucier de comment les autres pourraient interpréter ses paroles, se contentant généralement de dire ce qu’il avait à dire, laissant les autres gérer le reste.
Mais c’était avant... lorsqu’il n’avait pas à cohabiter directement dans l’espace de cette personne et d'assumer l’humeur, souvent en corrélation directe avec ce qu'il venait de dire.
De plus, Tenten représentait pour lui ce qu’il avait le plus proche du mot « amie », il se retrouvait donc dans un dilemme, entre ses habitudes et la nouveauté.
- Il m’est évident que quelque chose te dérange. Dit-il finalement, avec un soupir à peine contenu.
Le jeune homme régula un léger mal de tête, puisque les interactions qui n’aboutissaient pas à un renvoi de la conversation en elle-même étaient exigeantes. Neji était épuisé, juste en essayant de simplement deviner comment Tenten allait réagir, dans ses hypothétiques scénarios.
Tenten se retourna vivement vers le jeune homme, plantant son regard enflammé dans ses yeux de nacre et la bouche ouverte sur une réplique qu’il devina cinglante. Mais, pour une raison qui échappa à Neji, elle sembla se calmer presque aussitôt qu’elle le fixa, se contentant de finalement fermer la bouche et les yeux.
- Je suis désolé, je me suis emporté. Soupira finalement celle-ci, après une seconde de silence. Tu fais un effort et je surréagis.
Dire que Neji était un peu perdu était un euphémisme, autant de la tournure drastique de la discussion que du fait qu’elle est remarquée, même avec son approche qu’il trouvait lui-même boiteuse, qu’il avait en quelque sorte… sorti de sa zone de confort.
- Cela ne répond pas tout à fait à la question. Dit finalement le jeune homme, reprenant, extérieurement, contenance.
Un vrai sourire joua sur les lèvres de la jeune fille. Même s’il était plus faible que d’habitude, il était au moins honnête et Neji s’en sentit moins… nerveux ?
- Comptez sur Neji pour aller droit à l’essentiel. Répondit-elle doucement, n’ayant apparemment aucun sous-entendu mesquin dans sa voix.
Plutôt comme si elle venait d’énoncer une évidence qu’elle trouvait agréable.
Elle parut hésiter un peu, avant de poursuivre :
- Je suis seulement préoccupée par…
Tenten fronça les sourcils et regarda le vide avec intensité, réfléchissant à ce qu’elle pouvait dire et ce qu’elle devait garder pour elle. Neji attendit qu’elle développe, se trouvant très curieux qu'elle poursuive, mais voulant laisser l’impression qu’il ne l’était que légèrement.
- Je m’inquiète que quelque chose vous arrive, pour des trucs aussi stupides que des techniques personnelles. Lâcha finalement Tenten, du bout des lèvres, comme si elle venait de dire quelque chose de particulièrement explosif.
Neji la regarda avec ce qui semblait, à la jeune femme, se rapprocher de l’incrédulité.
Avec une pincée d'irritation.
L’irritation, elle la décela beaucoup plus facilement, étant plus évidente…
- Alors, si les rôles étaient inversés, comment aurais-tu répondu à Lee, si c’était lui la cible ? Pour quelque chose que tu sais qu’il a durement travaillé ? Demanda finalement le jeune Hyûga, fermant les yeux pour éviter que l’émotion brille dans ses yeux et trahisse sa voix calme.
Il eut un silence et Neji se dit que c’était aussi un désavantage de fermer les yeux, puisque l’expression de son interlocuteur lui était masquée.
- Je serais en colère qu’il pense cela, je voudrais l’accompagner et démolir ceux qui voudraient profiter de ses efforts. Lâcha finalement la jeune femme, d’une voix vacillante.
Neji ouvrit brusquement les yeux, se demandant s’il n’avait pas poussé trop loin et qu’elle allait pleurer. Il avait peu de compétences pour gérer un ami préoccupé, alors en larmes… Et Tenten, qui plus est… Son cerveau se mit à surchauffer de panique.
- Je te remercie, Neji, je me sens… mieux. Avoua Tenten avec hésitation, comme si c’était plus difficile à dire qu’un secret particulièrement gênant.
Connaissant son obsession pour ne laisser aucune faiblesse transparaitre, il savait qu’en quelque sorte, cela ressemblait beaucoup à une sorte de secret.
Alors il hocha simplement la tête et s’appuya sur le même mur que la jeune femme, laissant une distance amicale entre eux, moins grande que celle qu’il plaçait volontairement avec 99,7% de l’humanité.
Dans un silence plus léger, ils attendirent l’arrivée du reste de leur équipe.
Lee et Gai-sensei arrivèrent presque en même temps, les deux mâles étant, à la surprise de Neji et de Tenten, plus calmes que leur inhumaine exubérance matinale habituelle.
Avec la fluidité d’un geste pratiqué mille fois, la jeune femme scella leur sac d’effets personnels dans leur parchemin respectif et le Jonin prit la tête du groupe pour entrer dans l’imposant bâtiment. Il voulait commencer à prendre en charge le matériel, dont le parchemin de mission faisait vaguement référence, avant que les deux Anbu n’arrivent.
Il savait d’expérience que les Anbu étaient du genre… glauques. Donc, plus vite ils partiraient, mieux ce serait. Gai se présenta au ninja à l’expression encore endormie qui tenait l’accueil et lui glissa son parchemin de mission, comme attestation de son identité et de son objectif. Sans aucune protestation, le shinobi les guida vers un entrepôt, où le matériel avait été assemblé à la hâte la veille.
- Aurez-vous besoin d’aide pour le chargement ? Demanda-t-il, plus par courtoisie que par véritable envie.
- Ne t’inquiète pas, nous nous débrouillerons. Assura fièrement le Jonin, tout en ébouriffant les cheveux de ses deux élèves les plus proches, qui se trouva être Tenten et Lee.
Neji avait, depuis longtemps, compris que se tenir près de Gai-sensei était mauvais pour son humeur...
Sans se faire prier, le ninja les laissa et alla reprendre son poste à l’entrée, avec un bâillement impressionnant. L’équipe Gai parcourut des yeux l’important stock devant eux, divisé en une pile de lourds outils, pêle-mêle, et le tas soigneusement ordonné de fournitures médicales.
- Alors Tenten, on commence pas quoi ? Demanda avec enthousiasme Gai-sensei, se tournant vers la jeune fille, qui analysait déjà le tout d’un œil critique.
- Je pense qu’un parchemin pour les outils et un pour le stock médical serait judicieux, car certains matériaux doivent rester propres et intacts. Marmonna celle-ci, plus pour elle-même que pour eux. Mais sceller tout cela, un par un, serait trop fastidieux et coûteux en chakra. Mais si…
- Tenten, si tu pouvais être plus clair pour nous. Rigola Lee, qui avait hâte de passer à l’action, mais trouvait toujours amusant de voir la jeune fille si obnubilée qu’elle se mettait à parler toute seule.
Ce qui arrivait souvent lorsqu’il s’agissait de tous sujets se rapprochant d’armes ou de Fûinjutsu...
- Ho ! Ouais… Répondit-elle avec embarras de s’être laissé emporter encore une fois. Je crois que si nous mettions une quantité raisonnable d’objets dans des bâches, cela me permettrait de sceller par empaquetage et non individuellement.
- Y a-t-il un poids maximum ? Demanda calmement Neji, qui avait découvert, avec les enseignements de Tenten, que sceller un objet demandait d’insuffler une quantité précise de chakra en fonction du poids de celui-ci.
En théorie, plus l’objet était lourd, plus cela demandait de chakra. Mais, sceller en lot, en contrepartie, atténuait la charge de chakra donnée individuellement pour qu’il adhère au parchemin.
Neji approuva donc l’idée de la jeune femme d’empaqueter les articles, puisque cela économiserait son chakra et, étant aussi la seule à pouvoir sceller, leur donnerait quelque chose à faire à lui-même et deux autres mâles. Car, même s’il connaissait plus de chose que la plupart des shinobi en Fûinjutsu, grâce au contact de Tenten, la théorie avait tendance à ne pas remplacer la pratique dans le domaine.
Explosion garantie et parchemin non remboursé…
- Environ quarante livres serait idéal. Répondit Tenten, avec un grand sourire dirigé vers le jeune Hyûga, ravie qu’il ait écouté ses leçons et qu'il s’en soit rappelé.
Pour camoufler l’étrange satisfaction qui ronronna dans son ventre lorsqu’il capta son bonheur dirigé vers lui, Neji ferma les yeux et hocha simplement la tête. C’est ainsi que les trois mâles commencèrent à chercher le matériel nécessaire pour emballer la cargaison et se divisèrent ensuite fluidement les tâches. Tenten s’activa, pour sa part, à créer les sceaux nécessaires sur deux parchemins pour y insérer les objets.
Dans les vingt minutes qui suivirent, l’équipe Gai termina efficacement de sceller la dernière bâche. Le fait que Lee et Gai-sensei n’aient pas pu s’empêcher de se lancer un défi, sur qui emballait les outils le plus vite, avait fait rapidement migrer Neji vers l’équipement médical. Tenten lui avait murmuré, en riant, que c’était mieux, de toute façon, que ce soit lui qui s’occupe du matériel délicat.
Lee et Gai-sensei étant réputés pour ne pas contrôler leur enthousiasme…
Une fois que tous eurent fait leur don de sang sur les parchemins, pour avoir accès au matériel, la jeune femme donna à Gai-sensei le résultat de leurs efforts.
C’était autant parce qu’il était le chef de mission que par souci que… comme elle était en quelque sorte la cible de ce bazar, ce serait plus sécuritaire. Il était toujours probable qu’elle se fasse enlever, au mieux… Ils pourraient ainsi compléter la mission sans entraves.
Mais elle préféra garder cela pour elle, même lorsque Gai-sensei lui lança un regard étrange, lorsqu’elle lui glissa les deux petits parchemins dans ses grandes mains.
C’est ainsi que, lorsque les deux Anbu se présentèrent au Centre d’opération, l’équipe Gai les attendaient déjà à l’extérieur, prêt à partir.
Les deux shinobi étaient clairement des hommes, leur silhouette élancée et bien ciselée dégageant une force brute, enrobée d’un voile de mystère, accentuée par leur visage masqué. Flatteusement soulignée par leur justaucorps sombre.
Tenten se surprit de les trouver beaux, même si elle ne voyait pas leur visage. Elle se fit donc un point d’honneur de ne rien laisser paraître sur son visage. Étant, encore une fois, la seule femme du groupe, elle avait une réputation à maintenir.
Surtout qu’ils semblaient maintenant l’analyser avec curiosité et scepticisme.
- Je suis Maito Gai et voici mon équipe, Hyûga Neji, Tenten et Rock Lee. Se présenta l’homme, tout en s’avançant, pour briser la tension qu’il sentait se créer.
Notamment entretenu de la part de ses élèves masculins...
Les deux adolescents paraissaient plus que tendus en sentant les deux Anbu jauger Tenten. Il savait que c’était aussi, en partie, provoqué par ce qu’ils avaient discuté la veille.
- Je suis Yamanaka. Dit l’un des deux hommes, d’une voix soyeuse, de longs cheveux blonds comme le blé attachés en un chignon simple derrière les lanières de son masque. Voici mon coéquipier Fuma. Termina-t-il, présentant l’homme silencieux à ses côtés, qui se contenta de hocher la tête pour les saluer, ses cheveux corbeaux noués en une longue tresse glissant dans son dos.
- Enchanté. Nous avons scellé le matériel pour notre mission parallèle, nous sommes donc prêts à partir, si vous l’êtes aussi. Répondit le Jonin, d’une voix plus calme que celle qu’il utilisait habituellement.
Celle qu’il réservait aux gens en qui il accordait sa pleine confiance...
- Parfait, j’aimerais discuter des informations dont vous disposez sur l’ennemi, ainsi que des dispositions à prendre pour les appréhender. Cela peut se faire en cours de route. Assura Yamanaka, de sa voix agréable.
L’équipe Gai comprit ainsi que ce serait lui qui jouerait, en quelque sorte, les intermédiaires entre eux et son taciturne coéquipier.
- Assurément, nous vous dirons tout ce que nous savons. Approuva le Jonin avec un professionnalisme.
Cela fit fierté à Tenten et à Lee et rassura Neji sur le sérieux que l’homme accordait à son rôle.
D’un seul mouvement et sans se concerter, les deux adolescents prirent chacun un flan de la jeune fille, qui les regarda avec surprise, mais n’osa pas questionner à voix haute leur comportement. Surtout pas devant les deux étrangers, aussi alliés qu’ils pouvaient l’être.
Gai-sensei ne sembla pas être surpris et prit plutôt la tête du peloton. Les deux Anbu se concertèrent d’un regard, avant que Yamanaka ne se tienne près du Jonin et que Fuma ne ferme le groupe, se tenant derrière Tenten.
Bien qu’elle n’aime pas confier son dos à un inconnu, elle ne protesta pas et se contenta d’un regard appuyé vers l’Anbu, jaugeant plutôt la distance les séparant, en cas de besoin.
La posture de Fuma ne lui transmit aucune intention menaçante, mais plutôt une certaine lassitude mécontente. Elle hocha la tête à son regard, qu’elle sentait défier son analyse visuelle et retourna son attention vers l’avant.
Le fait qu’elle sente presque la chaleur corporelle de ses coéquipiers à ses côtés la rassura, s’amusant même que le distant Neji soit plus près qu’à son habitude et que Lee ne lui permette seulement, au minimum, l’amplitude nécessaire pour ne pas la gêner.
Dieu, elle aimait ses garçons, tous attentionnés d’une manière aussi mignonne que maladroite. Une féroce détermination enflamma son corps et elle se promit qu’elle allait tout donner, pour que rien ne les blesse.
Le peloton se mit en branle et elle devina que Yamanaka laissait le rythme à Gai-sensei, puisqu’il devait juger qu’en tant que Genin de l’homme, le Jonin serait le plus apte à savoir quelle vitesse ses élèves pourraient gérer. Un sourire discret se forma sur ses lèvres et un sentiment de fierté inonda son cœur à la pensée que Gai-sensei avait toujours demandé le meilleur d’eux, avec cette douceur et cette confiance qui lui était typique.
Le résultat était qu’elle savait pouvoir gérer un rythme que plusieurs jugeraient improbable pour des Genin. Tenten remercia toutes les fois où elle s’était presque évanouie de fatigue pour se fortifier, récoltant maintenant les fruits de ses efforts.
Ainsi, lorsque le groupe vola à travers les branches comme de petites comètes et qu’elle entendit Fuma grogner d’approbation, Tenten sourit plus visiblement. Elle savait, sans avoir besoin de regarder, que ses deux coéquipiers éprouvaient la même satisfaction silencieuse.
La première heure de voyage passa rapidement, ponctuée par la conversation de Yamanaka et de Gai, qui portait sur l’échange du peu d’informations dont ils disposaient. Cela alla aussi, sommairement, sur les spécialités générales des membres de l’équipe et sur certaines spéculations, basées sur l’expérience des deux hommes en tant que shinobi.
Ainsi, Lee et Tenten apprirent avec stupéfaction que Yamanaka interrogerait l’esprit de l’ennemi... Mais Gai-sensei et Neji n’en semblaient pas du tout surpris. Tenten décida donc de questionner le jeune Hyûga, en privé, sur ce jutsu aussi génial qu’effrayant.
Fuma, pour sa part, se trouva être un spécialiste du combat au corps-à-corps et particulièrement compétent avec des armes, ce qui intéressa aussi beaucoup la jeune femme. Elle résista difficilement à l’envie de se retourner vers lui, pour échanger sur sa passion de tout ce qui était tranchant, fait de métaux et de la beauté délicieuse lorsque ces deux facteurs étaient jumelés.
Finalement, ce gars, Fuma, n’était pas aussi nul que sa première impression l’avait étiquetée…
Neji activa par intermittence son Byakugan, bien que sa capacité se soit améliorée à maintenant quatre heures d’utilisation consécutives, cela le laissait souvent épuisé et avec une migraine douloureuse s’il se rendait à cette limite. Bien entendu, il n’avait pas fait mention de ce contrecoup particulier sur son corps.
Mais le sens de l’observation exacerbé de Tenten pour sa personne l’en avait informé. Les pitreries de Lee et de Gai-sensei avaient aussi contribué à créer l’expérimentation parfaite pour ses déductions… Ainsi donc, toute l’équipe Gai en était au fait.
Tenten déduisit que Neji voulait économiser ses forces, en cas d’embuscade, puisque la nuit n’était pas faite pour se reposer complètement.
Surtout lorsque l’on était un shinobi en mission.
Personne ne savait combien d’heure d’éveil aurait cette journée.
Après cinq autres heures de courses rapides, ils décidèrent à l’unanimité de prendre une pause bien méritée. Surtout que le groupe approchait, désormais, d’un lieu idéal pour une attaque ennemie, étant loin du village. Le repli en serait donc moins optimal. De plus, le terrain commencerait à être plus dégagé de l’épaisse canopée, caractéristique du pays du feu, et rendrait plus difficile d’avancer tout en étant discret.
Le Byakugan de Neji serait donc grandement utile et exploité à partir d’ici, il valait donc mieux que tous soient reposés pour cette deuxième portion du voyage.
Tenten descella des galettes nutritives qu’elle avait préparées il y a quelques semaines et remercia, une fois de plus, la magie des parchemins alimentaires, qui faisaient en sorte que la nourriture reste toujours fraîche. Elle utilisait les galettes avec parcimonie, ne sachant jamais quand elle pourrait en refaire. C’était la collation idéale pour ne pas alourdir l’estomac, tout en restant nourrissante, pour compenser la dépense énergétique immense que demandaient souvent les missions.
- Tenten ! Tu m’avais dit qu’il n’en restait plus, la dernière fois ! S’insurgea Lee, lorsqu’elle lui tendit la galette dodue qu’il avait tant aimé dévorer avec appétit.
- C’est parce que tu les fais disparaître à vue d’œil, sinon. Gronda-t-elle avec amusement. C’est la seule pour la pause, mange un fruit avec, car il n’y en aura pas de deuxième. Prévint la jeune femme avec fermeté, puisque Lee était le pire gourmand de ses coéquipiers.
Pourtant, eux-mêmes de gros mangeurs...
- À moins que je ne mange la part de Neji. Sourit malicieusement le jeune homme, s’attirant un regard aussi indigné qu’un Hyûga pouvait le paraître.
- Tu perds toute humanité lorsqu’il est question de nourriture. Soupira Tenten, mi-amusée, mi-exaspérée.
Lorsque Lee ouvrit la bouche pour faire un discours, qu’elle savait, porterait à 110% sur le sujet de la jeunesse, Tenten descella une banane et la planta dans la bouche de celui-ci. Elle ne voulait pas que les deux Anbu les croient cinglés, surtout que ce n’était que 50% de l’équipe…
Laissant Lee s’étouffer grotesquement, elle donna à Neji une galette et une pomme et il la remercia, d’un doux hochement de la tête. Une minuscule lueur amusée dansant dans ses orbes opales en regardant Lee suffoquer près de lui. Mais, bien sûr, pour les trois quarts des mortels de ce monde, il paraissait plus irrité qu’amusé.
- Dis-toi que s’il s’étouffe pour de vrai, tu devras enregistrer l’image de Gai-sensei lui faisant le bouche-à-bouche pour le restant de tes jours. Lui murmura-t-elle malicieusement, avec un clin d’œil taquin.
Le jeune homme parut troublé et elle mit cela sur la douloureuse image mentale d’un Gai-sensei embrassant fougueusement un Lee violet. Se retenant de glousser doucement, pour ne pas ressembler aux filles étranges de l’Académie, qui sur-utilisaient cette fonction sonore, Tenten s’approcha de son sensei, occupé à discuter de quelque chose avec Yamanaka. Fuma sembla écouter discrètement, mais se tenait résolument à distance.
- Gai-sensei, collation ? Demanda la jeune fille, s’empêchant de faire ce qu’elle faisait habituellement, c’est-à-dire de fourrer la nourriture entre ses mains.
Elle voulait paraître, un tant soit peu, respecter la hiérarchie du groupe et, surtout, préserver l’image professionnelle de l’homme.
- Ho, ma jeune fleur, ce serait génial ! S’enthousiasma fortement celui-ci.
- « S’il ne la détruit pas lui-même avant… » Soupira intérieurement Tenten, qui se força à plaquer un sourire sur son visage en tendant la nectarine et la galette au Jonin.
- Tu avais dit qu’il ne restait plus de ces délicieuses merveilles ! S’extasia l’homme devant sa collation, reconnaissant les galettes qu’il avait particulièrement appréciées.
Tenten haussa les épaules et décida de laisser tomber tous faux comportements et d’interagir au naturel.
Ce n’était pas la force de l’équipe Gai, la comédie...
- Si vous arrêtiez tous de manger comme s’il n’y avait pas de lendemain, je ne serai pas obligé d’inventer ce genre de merde. Grogna-t-elle, appuyant une main sur sa hanche pour souligner son irritation.
Un rire franc s’échappa du Jonin, surprenant les deux Anbu par leur interaction atypique.
- C’est que tu cuisines si bien. Sourit malicieusement l’homme, n’étant nullement vexé, au contraire même. Tu as notre estomac enroulé autour du doigt et c’est en grande partie la perte d’un homme.
- Ne soyez pas aussi fière d’avoir ce genre de faiblesse stupide. Ria la jeune femme, appréciant de plaisanter avec l’homme, puisque cela la faisait toujours se sentir mieux.
Elle se tourna vers les deux Anbu, restés silencieux depuis son entrée.
- Je sais qu’accepter de la nourriture d’un inconnu est potentiellement risqué, mais si vous en voulez, ne vous gênez pas, on s’est approvisionné en conséquence. Leur dit Tenten, s’assurant qu’extérieurement, au moins, elle paraisse confiante.
Il y eut un moment de silence, où les deux hommes se concertèrent visuellement. Finalement, Yamanaka reporta son regard, ombragé par le masque qu’il portait, sur elle. Mais Tenten distingua l’éclat d’un bleu céruléen se plantant dans ses prunelles.
- Nous apprécions l’offre, je vais moi-même goûter, puisque Fuma est d’un naturel fine bouche. Répondit-il de sa voix soyeuse et légèrement amusé.
- Avec plaisir. Mes parchemins conservent la fraîcheur des aliments une fois scellés, il n’y a donc pas de risque de péremption. Les informa Tenten, qui descella sous leurs regards attentifs deux galettes supplémentaires et les offrit à Yamanaka.
L’homme les prit et il retira légèrement son masque pour pouvoir en porter une à sa bouche, dévoilant une peau claire et intacte. La jeune femme s’empêcha de regarder l’homme pour lui laisser son intimité. Elle savait que, s’il portait un masque, c’était pour l’anonymat, pas pour le plaisir. Elle décida donc d’engager la conversation avec son sensei.
- Avez-vous une idée d’un endroit où nous serions potentiellement vulnérables sur le chemin ? Questionna celle-ci, se penchant avec curiosité sur la carte devant elle.
Elle sentit Lee et Neji s’approcher, sûrement, eux aussi, curieux d’entendre les spéculations des shinobi vétérans.
- Il y a une portion de territoire qui est une plaine, complètement à découvert, et que nous devrons traverser si nous voulons arriver au plus vite à la mine. La contourner nous prendrait une journée de plus, que nous ne pouvons pas nous permettre avec des civils dans un état précaire qui attendent notre arrivée. Yamanaka, Fuma et moi pensons qu’il est plus que probable que ce soit l’endroit où nous serions attaqués. Expliqua le Jonin, tout en montrant une zone, d’un vert plus clair, sur la carte étalée à leur pied.
Ils avaient tous appris à l’Académie comment bien lire une carte, puisque c’était un rudiment crucial à maîtriser dans leur métier. La zone d’un vert plus clair représentait, en effet, une zone très peu boisée.
- Il y a aussi cette petite montagne, qui pourrait être un endroit idéal pour observer tous les passants à des mètres de distance. Réfléchit Neji, pointant d’un doigt délicat une tâche d’un brun sombre, qui représentait un dénivelé marqué. Ce serait le point parfait pour nous empêcher tout effet de surprise.
- Je suis d’accord avec Hyûga. Intervint Yamanaka, qui avait apparemment englouti la galette. De tout l’itinéraire, c’est l’endroit où nous serons le plus vulnérables. Ils pourraient nous voir avant que l’on puisse nous-mêmes le faire.
- C’est pour cela que nous devrions camper pour la nuit, avant de nous engager sur cette portion de terrain et ainsi, utiliser ce temps de repos pour élaborer une stratégie d’approche. Proposa calmement le Jonin. Nous pourrions établir un campement ici (il pointa une petite zone boisée sur la carte), c’est assez dense, niveau végétation, pour nous camoufler. Mais cela reste assez prêt pour que Neji est une bonne vision du terrain. S’ils nous attaquent par la plaine, ils perdent leur avantage.
- Hyûga, combien couvres-tu de mètres, environ, avec ton Byakugan ? Demanda Fuma, parlant pour la première fois depuis leur rencontre.
Sa voix grave aurait paru plaisante, si sa question n’avait pas l’effet d’une bombe.
Tenten glissa un regard oblique sur Neji, analysant son expression et sa réaction. Bien sûr, lorsqu’il le fallait, Neji pouvait effacer plus d’émotion sur son visage qu’une putain de gomme effaçait un trait de crayon. Seule sa connaissance pratiquée de ses expressions lui permit de retracer un certain malaise.
Il était coutume, pour les shinobi, de conserver vigoureusement secret leurs techniques. Même aux alliés réunis sous la même bannière. Mais, avec la personnalité extrêmement prudente de Neji, cela était poussé dans des extrêmes. Même ses coéquipiers, qui le côtoyaient plus que quiconque, devaient débroussailler valeureusement le terrain pour obtenir un minimum de réponse…
- Approximativement, cinq-cent mètres. Répondit finalement le jeune Hyûga.
Même si Tenten savait que c’était à contre-cœur, sa voix ne laissa rien paraître de l’hésitation initiale et elle resta neutre.
- C’est plus que la majorité des Hyûga avec qui nous avons travaillé. Affirma Yamanaka, qui lança à son coéquipier un regard appuyé.
Celui-ci haussa les épaules avec désinvolture et recentra son attention sur sa galette, bien entamée.
- C’est aussi environ les trois quarts de la distance entre notre futur campement et la zone d’où l’ennemi aurait un visuel sur nous. Dit le Jonin, qui lança un regard discret et doux à son élève stoïque.
L’homme savait de premières mains à quel point l’aveu lui avait demandé et que c’était pour le bien-être de la mission qu’il avait coopéré.
- Bien. Reprenons la route, je suis d’accord avec l’idée d’emplacement du campement que tu as proposé, Maito. Approuva Yamanaka, qui semblait mille fois plus humain que Fuma.
Mais lire les pensées d’autrui devait aider à comprendre le genre humain…
Avec efficacité, les shinobi reprirent leur course rapide à travers la dense forêt, ne s’arrêtant que lorsqu’ils arrivèrent, trois heures plus tard, à destination. Après que Neji est méticuleusement balayé la zone avec son Byakugan et confirmé qu’il ne décelait ni chakra ni pièges quelconque, le groupe se permit d’installer leur camp pour la nuit.
Puisque allumer un feu serait une idée plus que dangereuse, Tenten, bien que fatiguée après une courte nuit de sommeil et beaucoup d’efforts physiques, décida de préparer un repas léger. Cela l’aiderait à apaiser son esprit et permettrait à tous de reprendre des forces bien méritées. Si c’était le petit grain de riz qui pourrait faire pencher la balance entre la vie et la mort de ses coéquipiers, alors cela valait plus que la peine d’être fait.
Elle s’activa donc à préparer une salade simple, mais nutritive, qu’elle aimait particulièrement faire lorsqu’elle revenait de mission, affamée, mais trop épuisée pour cuisiner quelque chose de complexe. La jeune femme savait d’expérience que ses coéquipiers étaient dans cet état en ce moment. De plus, ils semblaient carburer à la nourriture, ces derniers temps, surtout Lee et Neji.
Tenten savait que cela était une étape normale de la croissance des jeunes hommes, puisqu’elle avait vu, de premières mains à l’orphelinat, l’appétit presque désespéré de ses frères pendant cette période de leur vie. Ajouter le facteur shinobi et vous obtiendrez des estomacs ambulants…
Mais jamais ils ne lui avaient fait pression pour la cuisine, n’avaient pris pour acquis ses connaissances et l’archétype stupide de femme = cuisinière.
Lee s’approcha d’elle avec un sourire heureux, signe qu’il lui donnait lorsqu’il voulait aider, mais ne savait pas comment. Tenten lui rendit son sourire et lui glissa quelques légumes dans les mains tout en lui expliquant ce qu’elle voulait qu’il en fasse.
- Puis-je être utile aussi ? Demanda soudain une voix grave à leur droite, les surprenants tous les deux.
Lee et Tenten regardèrent avec de grands yeux surpris l’Anbu, Fuma, d’entre tous, se proposer pour la cuisine. C’était en soi si opposé à la personnalité qu’elle lui avait attribuée que la jeune femme aurait presque ri.
- Bien sûr, Fuma-san. Sourit Tenten, se reprenant rapidement. Je fais une simple salade, mais si tu voulais râper les carottes, ce serait apprécié.
Le ninja hocha la tête et s’assit agilement près du duo et s’activa avec habileté à la tâche. Tenten savait reconnaître un connaisseur lorsqu’elle en voyait un, étant entouré de garçons maladroits avec des ustensiles de cuisine et, en contrepartie, de vieilles dames expertes. Elle associa donc rapidement les mouvements fluides de Fuma à l’habitude assidûment pratiquée.
- Vous êtes doué en cuisine, Fuma-san. Dit-elle avec certitude et appréciation.
- Yamanaka fait cramer tout ce qu’il touche et c’est mon coéquipier récurrent. Survie oblige… Répondit calmement l’homme, une pointe d’humour dans sa voix grave.
Tenten et Lee ne purent s’empêcher de rire de bon cœur et la jeune fille repoussa avec plaisir son malaise de se retrouver avec un inconnu, pour le remplacer par le désir sincère d’échanger.
- Gai-sensei est plus redoutable avec une spatule qu’un kunai, mais pas pour le bien-être de ses alliés… Avoua gaiement celle-ci.
- Ma fleur ! S’insurgea le Jonin, qui écoutait discrètement, éclatant lui-même sa couverture d’espion.
- Tenten, Gai-sensei compense avec un talent naturel pour éplucher les pommes de terre ! Répondit précipitamment Lee, voulant consoler son idole au cœur sensible.
- Il est vrai qu’il s’améliore. Approuva fièrement la jeune fille, un sourire amusé sur ses lèvres. Fuma-san, toi et Yamanaka-san avez-vous des aliments que vous n’appréciez pas ?
- Yamanaka boufferait n’importe quoi. Ajouta platement l’Anbu, ce qui lui valut un regard cinglant de l'homme. Pour ma part, je n’aime pas les radis, le reste me va généralement.
- Parlez-moi de gens qui ne sont pas fins palais ! Apprécia Tenten, qui glissa un regard appuyé vers un certain Hyûga, qui s’activait, avec Gai-sensei et Yamanaka, à monter un abri de fortune.
Tous pouvaient prédire la pluie qui s’annonçait, les nuages sombres qui se massaient au-dessus de leur tête étant révélateurs. Le jeune homme, qui écoutait aussi, semblait-il, lui glissa un regard mécontent en retour, ce qui la fit rire plus que ne l’intimida.
Les shinobi s’activèrent dans un silence qui parut moins lourd pour tous, comme si cet échange avait brisé la glace sur quelque chose. Tenten ajouta la dernière touche du repas en hachant quelques oignons verts d’une main experte, puisque tous les couteaux ou objets tranchants paraissaient obéir à ses mouvements avec une grâce fascinante. Cela lui valut un coup d’œil curieux de Fuma, qui, bien que son expression soit illisible grâce à son masque, rendait son regard d’autant plus évident.
- Tenten est impressionnante avec les armes. Expliqua fièrement Lee, qui était très sensible à tous les regards étrangers qui se posaient sur la jeune femme, surtout masculins, et sentit le besoin d’élaborer.
- J’adore simplement à leur juste valeur tout ce qui est métallique et tranchant. Nuança la jeune femme, les yeux brillants de cette passion qui l’enflammait à chaque fois que le sujet était abordé, de près ou de loin, aux armes.
Cela sembla intéresser l’Anbu, qui se mit à poser de légères questions. Mais lorsque la jeune femme y répondit avec des termes techniques qui faisaient défaut au trois quarts de l’humanité, l’homme poursuivit avec un enthousiasme réelle dans sa voix normalement atone et la conversation dérailla vers des extrémités si techniques que tous ceux qui écoutaient n’en comprirent que les grandes lignes.
L’équipe Gai apprit donc que le clan Fuma était, en quelque sorte, des spécialistes en armes, notamment de leur célèbre fuma shuriken, d’où ils tiraient leur nom clanique. Lorsque Tenten entendit le nom de l’arme, elle dut se retenir de sautiller d’engouement, ne connaissant l’arme que dans les textes de ses livres.
- Cette arme est si sacrée que le marchant d’arme de Konoha n’en fabrique pas ! Dit celle-ci, clairement à fond dans la conversation.
- Évidemment, c’est une spécialité du clan Fuma. Elle nécessite une grande expertise pour être aussi bien équilibrée que fonctionnelle. Répondit l’Anbu, avec une fierté palpable.
- Est-il vrai que l’arme cache un côté au tranchant inversé pour non pas couper nettement, mais plutôt pour sectionner le muscle interne ?! Ho, et il est dit que, parfois, si le shinobi est assez doué, le fuma shuriken peut être employé comme un bouclier qui renvoie les attaques, si sa vitesse de rotation est bien calculée !? Questionna Tenten avec une fébrilité qui fit sourire les shinobi autour d’elle. Et… Ho, Fuma-san, je m’excuse, j’oublie souvent que cela pourrait être des questions offensantes pour un clan. Termina-t-elle avec un sourire désolé.
- C’est rare qu’un membre hors du clan s’enthousiasme à sa juste valeur pour le fuma shuriken. Répondit l’homme avec une douceur qui surprit même son coéquipier Yamanaka. Nous permettons à seulement quelques initiés soigneusement choisis pour partager nos connaissances, mais tu connais plus de choses que certains d’entre eux, je vais donc faire une exception.
Avec un geste souple et gracieux, il releva la manche de son juste-au-corps noir, laissant à la vue de tout un magnifique bandage orné de motifs dorés, enlacé soigneusement autour de son poignet. Il posa son autre main sur le bandage et aussitôt, il eut un petit pouf de fumée, caractéristique lorsque quelque chose était descellé. Avec un halètement de pur émerveillement, Tenten dévora des yeux l’immense shuriken noir, rutilant, qui trônait maintenant dans les mains de l’homme.
- Il est magnifique ! Souffla celle-ci avec émotion.
S’ensuivit une discussion compliquée, mais passionnée, et tous les spectateurs de l’échange comprirent qu’ils devraient s’occuper de servir le repas eux-mêmes, puisque c’était passé en second plan pour la jeune femme et l’Anbu, qui parlaient de l’arme comme si c’était un enfant particulièrement formidable.
- C’est la première fois que j’entends Fuma parler autant. Dit Yamanaka, tout en regardant son coéquipier avec un mélange de confusion et d’amusement.
- Tenten à ce genre d’impact sur les gens. Ria Gai-sensei, tout en observant affectueusement son élève, qui se retenait visiblement de baver lorsque l’Anbu lui expliqua quelque chose de particulièrement compliqué.
Le Jonin regarda avec tout autant d’amusement le sourire de Lee, bien que complètement largué par la conversation, dirigé avec affection sur sa coéquipière pétillante et Neji, qui, aussi silencieux qu’à son habitude, observait attentivement et aussi discrètement que possible le duo.
Gai se doutait que la lueur d’irritation qui brillait dans ses yeux pâles, surtout lorsque Tenten riait, n’était pas dirigée vers la jeune femme elle-même, mais plutôt vers l’interlocuteur de celle-ci.
- Votre équipe est très intéressante, Maito. Approuva Yamanaka d’une voix mystérieuse, englobant visuellement les trois adolescents. Cela vient d’une personne souvent blasée par le genre humain, vous êtes porteur de quelque chose de rafraîchissant pour Fuma et moi.
Gai le regarda avec une tristesse et une douceur qui prit l’homme blond au dépourvu. Lui qui était habitué aux regards méfiants, voire agressifs, au moment où son masque prenait place sur son visage et son identité. Il ne s’attendait pas à un tel regard, surtout d’un shinobi pleinement conscient de l’obscurité de sa carrière.
- Ces enfants m’apportent bien plus que tout ce que je peux leur redonner en termes de techniques et de forces brutes. J’espère qu’un jour, vous aussi trouverez les gens qui vous permettront de reprendre goût à l’humanité et apaiseront vos moments de doute. Souhaita le Jonin, avec une sincérité emplie d’émotion.
C’était tabou, dans le métier de shinobi, de démontrer toute forme d’émotion. Les Anbu portaient des masques, non seulement pour conserver leur anonymat, mais aussi pour dissimuler à l’ennemi toutes émotions qui pourraient être utilisées contre eux. Mais, en cet instant, pour une raison qu’il ne comprenait pas encore tout à fait, il trouva dans l’émotivité honnête de Maito Gai une grande force. Plus grande qu’une technique impressionnante, qu’une arme sophistiquée ou d'autres dévotions concrètes grandement partagées chez les shinobi.
Pour lui, où l’émotion était habituellement faiblesse, il découvrit que, chez Maito Gai, c’était au contraire la pierre angulaire d’où il tirait sa force.
- Je vais réfléchir à tes paroles, Maito. Assura finalement l’Anbu, qui ne savait pas encore comment formuler la réflexion dans son esprit.
Un sourire doux et empli d’honnêteté fleurit sur le visage du Jonin et celui-ci hocha simplement la tête, conscient que les mots ne seraient plus nécessaires, puisqu’il venait apparemment de planter une graine dans les entrailles de l’Anbu. Il espéra qu’un jour, elle germerait, pour le plus grand bien de celui-ci.
Comme il l’espérait chaque fois qu’il voyait son plus grand ami, Kakashi, qui était officiellement démis de ses fonctions d’Anbu et commençait, cette semaine, un nouvel essai avec une équipe de Genin. De tout son cœur, il souhaitait que son ami, brisé par la vie, connaisse un jour le bonheur qu’il vivait lui-même, quotidiennement, avec l’équipe Gai.
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Anecdote de la semaine :
En reprenant l’écriture de cette fanfic, j’ai fouillé dans les documents de mon ordi et découvert les dizaines de textes, jamais terminés, qui dorment dans mes fichiers.
Des fanfic, pour la grande majorité.
C’est comme si j’avais déterré accidentellement des cadavres et que je me demandais si, pour cacher ce que ça impliquait, je replace soigneusement le sable par-dessus, me disant que cette réalité n’a jamais existé. Comme Gin-san (Anime de Gintama), qui souhaite transformer une distributrice de canettes en machine temporelle pour cacher son crime, blême de panique ! XD
Donc, après avoir intellectuellement compris que le déni ne mettrait pas un mot final sur mes textes, qui frôle les deux cents pages pour deux d’entre eux, je les ai rangés dans un coin de ma tête et j’ai accepté que la vie, c’était un marathon et non une course.
Cela m’a apaisé, car d'un, mon cardio est pourri et de deux, cela me laisse le temps d’apprécier le parcours et pas juste l’arrivée.
Et Neji X Tenten, ce sera tout un voyage, alors bouclez votre ceinture, mettez les codes moraux abrutissants en sourdine et préparez-vous à une aventure des plus stupidement… humaine et charmante. Je l’espère bien.
Prenez soin de vous et à la semaine prochaine ! (Oui, oui, j’ai vraiment écrit un autre délai raisonnable ! XD)