L'ombre de Kyuubi

Chapitre 6 : Maître des sceaux contre Maître des Invocations, 2ème partie

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 17:59

Disclaimer : L’univers de Naruto appartient à Masashi Kishimoto, à l’exception du personnage de Leiko Amado.
Fanfiction réalisée à des fins non lucratives.

Format : Préquelle
 
Genre : Drame
 
Rating : Déconseillé  aux moins de 13 ans
 
Notes : J’abuse largement sur les temps d’attente entre chaque chapitre. Désolée, je vais faire un effort.
 
 
 
 
 
L’ombre de Kyuubi 
 

CHAPITRE 5 : Maître des sceaux contre Maître des invocations, 2e partie

 
 
Par sevee
Eté-Automne 2008
Un grand merci à Akhésa, même quand elle ne me prélit pas…
 
  
 
 
Le quatrième Hokage remua : il ne sentit qu’un faible tiraillement à la place de l’intolérable sensation d’acide des dix dernières minutes. Bien, ça tiendra jusqu’à la fin du combat à défaut de mieux, pensa-t-il en observant les symboles qu’il s’était lui-même tracé sur la peau.
Enfin libre de ses mouvements, il se redressa prudemment et s’élança pour rejoindre la zone du combat. Si son adversaire n’était pas hors service, elle allait goûter à sa détermination. Et la détermination du Quatrième avait toujours un goût d’acier inaltérable.
 
**
 
Lorsque l’Hokage arriva en vue de la zone du bref mais violent affrontement, le spectacle qui s’offrait à lui clamait avec éloquence qu’il n’avait pas raté son coup : la fournaise avait envahi quelques dizaines de mètres carrés de clairière, à l’intérieur desquels les arbres se consumaient largement, s’enfonçant peu à peu dans le mélange d’eau magmatique. Sur quelques branches ou tronçons d’écorce, de petits feux s’étaient déclarés sans grande conviction, asphyxiés par le manque d’air ambiant. Curieusement, ce paysage de catastrophe naturelle restait circonscrit à sa zone originelle, prouvant s’il en était besoin que les sinistres avaient une origine artificielle.
 
L’Hokage ne vit nulle trace de la Gardienne Amado, carbonisée ou blessée, mais il aperçut un effondrement dans le sol, dans lequel l’eau magmatique s’engouffrait à gros bouillons. Il le fixa distraitement quand un éclair jaune et noir, luisant, miroita un instant dans la profondeur du cratère, si vite que le Quatrième se demanda s’il ne l’avait pas imaginé, depuis sa position en hauteur.
Tout à ses conjonctures, il mit quelques secondes à réaliser qu’une salamandre monstrueusement grosse le fixait droit dans les yeux, à trente mètres de là. Enroulé autour d’un tronc, l’animal semblait afficher une expression narquoise, mais il n’aurait su en être sûr, avec l’épaisse fumée qui avait envahi la zone. Mais cela expliquait bien des choses… A commencer par cette incroyable technique de lave qui avait jailli du sol lorsque Leiko Amado avait riposté. Cette technique élémentaire ne constituait donc pas un des dons génétiques des Amado. Mais c'était l'invocation des salamandres qui avaient transformé le sol en plaque chauffante. Le constat restait inquiétant, mais c’était toujours mieux qu’affronter une furie qui n’était pas héréditairement un volcan.
 
 
Le jeune homme balaya une deuxième fois la zone autour de lui… et accrocha les yeux noisette de la kunoichi, qui observait elle aussi la zone sinistrée de l’autre côté de la clairière, agenouillée sur une branche. Ils se figèrent, interdits, s’entrapercevant à travers les rideaux de fumée qui les dérobaient sporadiquement à la vue l’un de l’autre. Elle était blessée, pour ce que le Quatrième pouvait en voir. De l’autre côté de la zone d’affrontement, Leiko eut un sourire mauvais.
 
« Il vaut mieux que tu disparaisses, Sawa. »
 
Mais la salamandre à l’écart ne semblait pas de cet avis, et reporta alternativement ses yeux intelligents sur l’un et l’autre, qui s’observaient en chiens de faïence à chaque éclaircie dans les rideaux de fumée. La distance de sécurité entre eux semblait de moins en moins sécurisée.
 
« Alors comme ça vous êtes debout ? » constata l’Hogosha en se redressant, assez fort pour qu’il l’entende.
 
« Je vous retourne le compliment. » rétorqua l’Hokage.
 
Et soudain elle bondit en arrière pour éviter les trois kunai qui filèrent droit sur elle ; Deux d’entre eux se fichèrent dans une branche, et le troisième fila sous ses pieds pour terminer sa course dans le nœud d’un tronc derrière elle. Le Quatrième Hokage s’élança à la suite de ses kunai, franchissant en un éclair la trentaine de mètres qui les séparaient. La jeune femme se replia dans les hauteurs. Moins d’une fraction de seconde plus tard, un quatrième kunai passa à quelques centimètres de sa tête. Elle agrippa une branche à portée, transféra son poids dans son bassin, et d’une poussée se projeta en sens inverse, partant au contact du Yondaime qui lui barrait la route en contrebas.
 
Le Quatrième ne parut même pas surpris du retournement de situation. Il sourit en joignant instantanément les mains, et la vision de Leiko se teinta brusquement de violet.
 Mais ?! Et mer…
Une branche se trouvait sur sa trajectoire, heureusement, car un peu en dessous d’elle, une plate-forme violette, opaque et lumineuse s’était mise à luire. Un peu plus, et elle finissait grillée sur un kekkai qui flottait à quinze mètres de hauteur entre leurs deux positions.
 
Avant même qu’elle ait évacué son refuge précaire, trois pans de murs lumineux se dressèrent autour d’elle à la verticale, et la kunoichi se retrouva prisonnière au cœur d’un espace réduit qui se scella en pointe au-dessus de sa tête. Les quatre kunai qu’il lui avait lancé généraient un kekkai pyramidal. Pas d’échappatoire.
 
Les angles du kekkai, si proches les uns des autres, rendaient la barrière trop dense pour qu’elle puisse voir ce qu’il se passait de l’autre côté ; elle avait perdu le Quatrième de vue. Leiko respira profondément pour chasser un effroi naissant et stabilisa sa position incertaine sur la branche, au cœur du tombeau. Des kunai généraient le kekkai, il ne pouvait donc être ni très complexe, ni très puissant.

« Révélateur ! »
 
De sa main apposée sur la branche coururent des signes cabalistiques noirs le long du bois puis des parois du kekkai. La barrière s’éclaircit un peu, laissant apparaître les sceaux qui le composaient. Sa respiration s’apaisa pour ressentir les murs de sa prison, et briser la barrière le temps nécessaire pour passer au travers. Elle ferma les yeux, se concentrant sur la modification de son propre chakra et bascula dans le vide, passant au travers du tétraèdre.
 
Au-dehors, le jeune et talentueux Hokage se demandait si sa non moins talentueuse adversaire se sortirait de la prison scellée ; si oui, il misait sur une autre des soudaines explosions d’énergie dont elle avait le secret. Au lieu de ça, il la vit littéralement tomber de la base de la pyramide, qui flottait à quinze mètres du sol. Il réagit promptement et actionna son réseau de piège.
 
« Art des scellés ! Géométrie des Quatre, Deuxième coup ! »
 
**
 
Le vent siffla aux oreilles de la kunoichi tandis qu’elle filait en direction du sol, la faisant définitivement émerger de la demi inconscience qu’avait nécessité sa technique. Elle n’eut que le temps de se réceptionner lourdement que quatre lignes de symboles se répandirent à l’endroit où son genou s’était planté en terre. Quatre crapauds aussi hauts que des hommes émergèrent à distance du point d’impact, l’entourant au centre d’un sceau losangique.
La couleur blanche albinos des batraciens constituait le trait le plus frappant, avec leur immobilisme et leur embonpoint. L'air fixe et éteint qu'ils aboraient parachevait le grotesque du tableau. Leurs joues qui se gonflèrent simultanément fut la seule manifestation de vie perceptible des ces quatre invocations de scellement. Danger.
Leiko fléchit les muscles pour évacuer la zone, et vite. Mais son corps refusa de se lever, de bouger ; elle était parfaitement ancrée au sol, dans la position même où elle avait atterri.
 
Scellée pour la deuxième fois en moins de cinq minutes.
 
Les joues du quatuor batracien continuèrent à enfler mécaniquement, et les gueules s’ouvrirent simultanément pour déverser des trombes d’eau qui s’élevèrent en tourbillonnant autour de la jeune femme. La colonne d’eau, retenue par les murs invisibles du dessin géométrique au sol s’éleva instantanément et immergea en quelques secondes la kunoichi. Au bout de quelques secondes, elle laissa échapper sa dernière bulle d’air avec un regard paniqué. Ouvrant sporadiquement la bouche, son corps chercha d’instinct à happer l’air absent ; ses yeux se révulsèrent sous l’effet agonisant du manque et les muscles de son cou furent secoués de spasmes incontrôlables. Son corps se convulsa une dernière fois, puis l’eau étouffa le nuage de fumée et le « pop » de la transformation ; Mais on ne pouvait douter de la présence du volatile –un corbeau- qui surnageait au centre du puit d’eau.
 
Une très appropriée technique de substitution avait envoyé un corbeau vers une mort certaine.
 
A l’écart de la scène de meurtre ratée, l’Hokage se contenta de joindre les mains, implacable, et de prononcer durement :
 
« Art des scellés ! Géométrie des Quatre, Troisième coup ! »
 
**
 
La kunoichi, aussi statique que le broussailleux dans lequel elle s’était repliée, s’efforça de recouvrer sa respiration le plus silencieusement possible. Elle bougea précautionneusement une fesse endolorie et fit le point sur sa situation. Elle n’avait plus aucun visuel avec l’Hokage, et elle ne pouvait pas se connecter à son réseau de surveillance sans faire un minimum de vagues de chakra et dévoiler du même coup sa présence. Ce qu’elle ne comptait pas faire dans l’immédiat.
Ces propres techniques, aussi discrètes qu’un fou rire en plein enterrement ne la gênait pas en temps normal, ces adversaires ne se relevant pas de ses attaques dévastatrices en général. Mais ce moment précis était l’une des rares fois où elle maudit son propre style de combat, à l’opposé même de la définition de dissimulation. Quant à récupérer ses armes et parchemins que l’Hokage avait enterré, cela ne pouvait que s’avérer difficile, pour ne pas dire suicidaire.
 
Quatre kunai scellés judicieusement placés pour créer une prison pyramidale... Un sceau-piège losangique enfoui dans le sol qui s’était activé dès qu’elle avait touché terre… Leiko était assez sage pour savoir que le repli était préférable tant qu’elle n’avait rien d’approprié à riposter à un Maître des Sceaux au mieux de sa forme.
Fort heureusement, elle s’était prudemment placée en retrait de la zone de combat. Son instinct lui soufflait qu’il avait un autre enchaînement sous le coude ; Elle connaissait par cœur ce genre de techniques qu’affectionnaient les gros bonnets, où chaque enchaînement était immanquablement plus puissant que le précédent. Leiko n’était pas sûre de continuer à s’en sortir sans y laisser des plumes. Il lui fallait changer de position et s’éloigner, parce qu’en vérité elle n’avait aucune envie de voir à quoi ressemblait le parallélépipède rectangle du Quatrième.
 
Un vent léger se leva, et ce fut le signal pour elle. Elle quitta sa position et fila de couverts et couverts, plaçant de la distance entre elle et l’épicentre du combat... pour s’arrêter violemment, son sixième sens en alerte. Elle tendit la main, haletante, arracha une poignée de glands et lança à la volée les fruits infortunés ; des barrières translucides se formèrent à divers points d’impact avant de disparaître. A trois mètres devant elle, une première barrière, deux autres à sa gauche et sa droite, à respectivement vingt et quinze mètres. Elle prit les mesures qui lui manquait par le même procédé, pour s’assurer de ce qu’elle redoutait déjà ; elle était en plein milieu d’une nouvelle technique de l’Hokage, à l’intérieur d’une barrière carrée de 42 875 mètres cube. Ce qui lui laissait 35 mètres d’esquive, à condition qu’elle retourne au point qu’elle venait de quitter... dans les environs de la cache de l’Hokage.
 
Le vent souffla soudainement, plus fort, et les légers picotements sur sa peau se transformèrent en irritation progressive. Brusquement, la sensation désagréable tendit vers l’intolérable quand le vent forcit, déversant des coups de fouets en rafales qui se renforçaient en heurtant les parois du cube. Ces vêtements commencèrent à céder sous l’impact des microcoupures de la technique de Vent.
Elle serra les dents, protégeant son visage, et retourna sur ses pas en slalomant à couvert des arbres. Arrivée près d’une nouvelle paroi, elle sauta au sol, la main chargée d’une nouvelle invocation. En instant, il n’y eut plus qu’une carapace gigantesque de tortue au centre de la tourmente. Et son seul occupant était une femme astucieuse. 
 
Oh. Bien. Une invocation dissociée. Elle voulait jouer à ça ? Il allait lui montrer. Le Quatrième déversa plus de chakra dans ses mains placées à quelques centimètres de la barrière invisible, et en réponse, le vent se durcit à l’intérieur du cube. Il attendit. Au bout d’une longue minute, des éraflures apparurent à la surface de la carapace ; le propriétaire légitime n’allait pas bondir de joie quand il allait récupérer sa maison.
Les écorchures devinrent de profondes entailles trente secondes plus tard sous l’effet du vent dévastateur, et la carapace se recouvrit de fendillements. L’Hokage fixa intensément la protection sur le point d’éclater. Encore un instant... Un frémissement dans l'air, une soudaine chaleur. Il bondit précipitament sur le côté pour esquiver le filet de feu qui arriva furieusement derrière lui. Le vent se calma aussitôt à l’intérieur du carré d'emprisonnement.
 
La salamandre responsable de l’attaque inspira profondément et vomit à nouveau des torrents de flammes dans sa direction. Il se replia en crachant un jet d’eau de sa bouche, et perdit de vue l’animal parmi les colonnes de fumées qui résultèrent du choc des deux techniques. La dénommée Sawa avait déjà disparu, sous terre probablement. L'Hokage serra les dents ; la carapace n'avait gagné qu'un peu de sursis.
 
**
 
« Juste à temps, Sawa. » murmura Leiko en faisant un peu de place à la salamandre qui s’était glissée dans la carapace par le fond. La salamandre se rengorgea et régurgita deux parchemins de taille moyenne.
 
« Les deux plus importants, petite. » siffla l’animal. « Evite de les perdre six pieds sous terre la prochaine fois. »
 
La kunoichi ne releva pas. Elle s’empara de ses atouts et les plaça dans ses manches. « Tu ne m’aurais pas récupéré quelques armes également ? » prononça-t-elle d’une voix neutre.
 
« Je ne suis pas un facteur, petite. » rétorqua Sawa. Mais elle ouvrit une gueule béante, et lui tendit un bouquet de kunai enroulé sur sa langue.
 
« Merci, » dit-elle en s’emparant des armes. « Tu t’en vas vraiment cette fois-ci ? Ca pourrait se gâter, Sawa. »
 
« Hum. Je t’ai sauvé combien de fois la mise aujourd’hui ? Je préfère rester à portée de vue. »
 
Ponctuant ses propos d’un roulement d’yeux, l’amphibien disparut dans le trou au sol. Sitôt après son passage le fond de la carapace se resolidarisa. Juste à temps. Un sifflement étouffé se fit entendre, et la carapace commença à se fendre massivement, les dégâts visibles même de l’intérieur. Le bruit se fit de plus en plus sonore à mesure que la protection cédait.
 
L’Hogosha s’agenouilla prestement et déroula un des parchemins devant elle d’un geste sec. D’un geste précis, elle coinça un kunai entre ses genoux, plaqua les mains contre l'arme et s’entailla brutalement les paumes. Serrant les dents, elle passa ses mains ensanglantées sur toute la longueur du parchemin, badigeonnant la surface de deux traînées horizontales sanglantes. L’enchaînement n’avait pas pris plus de quatre secondes.
Elle releva la tête et joignit les mains. Le sang coula abondamment le long de ses avant-bras et souilla sa tunique, mais ce n’était qu’une tache de sang supplémentaire sur son corps et ses vêtements entaillés de toutes parts par les divers assauts du Quatrième. Le parchemin absorba le sang et se consuma lentement dans la terre.
 
La pression augmenta, ainsi que le vacarme à l’intérieur de sa protection, et dans un dernier craquement, la carapace céda.
 
« Rasengan ! » hurla une voix tandis qu’une lumière bleutée envahissait l’obscurité de la coquille.
 
L’Hogosha se projeta en arrière au travers de la carapace dématérialisée, laissant l’Hokage labourer et détruire consciencieusement le reste de son abri dans l’ultime mouvement de sa technique dévastatrice. La carapace acheva de se briser, vide. Et il la vit, elle, quelques mètres plus loin, lui souriant narquoisement.
 
L’air à ses pieds se troubla, autour d’elle, de lui, entre eux et aussi loin qu’il était possible de percevoir. Cela ressemblait aux attaques qu’elle avait lancées au début. Les techniques dangereuses. D’une manière ou d’une autre, elle agissait encore sur la Frontière. Il se raidit en prévision du pire. 
Des chapes de brouillard se levèrent ça et là ; en quelques secondes, toute la zone se figea dans un cercueil blanc. La végétation, les arbres, entaillés, dévastés par les rafales de vent, disparurent progressivement derrière des volutes blanches. La silhouette de la jeune femme s'estompa. Il regarda plus attentivement autour de lui et son sang ne fit qu’un tour. Ce n’était pas du brouillard ; le brouillard n’avait pas de forme, et certainement pas humanoïdes.
Des corps de brume émergeaient ici et là, du sol, des arbres, de la végétation ; la plupart arboraient une tenue de ninja ; aucun d’eux ne se ressemblait, si ce n’était la même expression indifférente. Le ton de la jeune femme même, provenant de nulle part, sembla dématérialisé quand elle prononça :
 
« C’est assez déplorable à dire mais cette zone est désespérément vierge de morts. »
 
Le Quatrième se figea, un frisson naissant au creux de l’échine. Une centaine de paire d’yeux s’était fixée sur lui. Il bougea légèrement la main en direction de sa poche à armes et tous les regards suivirent le mouvement d’un seul tenant. Un coup d’œil à l’emplacement de la kunoichi lui apprit qu’elle n’était plus visible, avalée dans le brouillard. Il pencha la tête et clôt à demi les paupières pour affûter ses sens. Les morts qui ne le regardaient pas encore se rivèrent à lui à ce nouveau mouvement. Le Quatrième sentit un nœud se former au creux de son estomac sous ses regards déstabilisants. Mais Konoha avaient des yeux autrement plus nombreux le jour de sa nomination comme Hokage.
 
D’un accord invisible à sa perception, les silhouettes fondirent brusquement sur lui. Encerclé de toutes parts, l'Hokage se propulsa dans les arbres, et un souffle de vent s’échappa violemment de sa bouche, lui libérant une voie de sortie dans les hauteurs. Les fantômes frappés par la rafale se disloquèrent, avant de se reformer, l’air plus concerné, plus furieux.
Le ninja volait de branches en branches, lançant des techniques d’éclaircissement autour de lui, et toujours les silhouettes éthérées se reformaient et revenaient à la charge. L’Hokage virevoltait, et s’aménagea une voie pour s’échapper une nouvelle fois du corps de la nuée, mais il vit trop tard les trois fantômes qui se dressaient sur son chemin : deux ninjas de Konoha vindicatifs et un petit garçon, la bouche tordue dans un rictus de peine et de frayeur. Ne sachant à quoi s’attendre, il se raidit instinctivement en vue de l’impact inéluctable ; les esprits le traversèrent de part en part.
 
Je ne devais pas mourir ! Je n’ai jamais vu mon enfant naître !
Konoha ne m’a pas sauvé ; les renforts sont arrivés trop tard. Le Village m’a trahi.
Je suis perdu, maman ?! Mamannn !
Je ne vous pardonnerais jamais de m’avoir laissé me dévouer pour vous laisser le temps de fuir.
Ils m’ont trahi.
Maman où es-tu ?!
Personne ne s’est proposé pour me remplacer, alors qu’ils savaient tous que j’allais être père.
Traîtres.
Maman, me laisse pas tout seul !!
Où est passée la Volonté du Feu à ce moment là ? 
Traître. Tu paieras pour les autres.
 
Tu paieras pour les autres.
 
Yondaime trébucha et tomba dans le vide sous l’impact des émotions écorchées vives des trois silhouettes, gémissant sous le contrecoup de cette empathie insoutenable. Il heurta violemment le sol et ne se releva pas, choqué. Le pire était sans doute qu’il n’avait pas affaire à un Genjutsu, et il le savait intuitivement. Ces esprits étaient réels, leurs sentiments étaient véritables, ils avaient été des hommes puis des cadavres, et la marque de leur esprit avait été rappelée en ce monde, à l’endroit même où ils avaient perdu la vie. Incapables de trouver la paix, ils attaquaient.
 
Il se remit avec peine à genoux. Les silhouettes avaient maintenant bifurqué et se dirigeaient sur lui, rageuses. Il observa, frissonnant, les fantômes arriver sur lui, l’empreinte des trois premiers revenants résonnant encore dans son corps. Il tomberait sous la tempête émotionnelle bien avant que la moitié d’entre eux ne lui passe au travers du corps. Il devait agir.
 
A l'écart de la scène, la kunoichi le vit enchaîner les signes à toute allure, espérant sans doute terminer avant que les esprits frappent. Peine perdue. La marée d’esprits en colère déferla sur lui et le dérobèrent à son regard. Elle attendit tranquillement, car il ne resterait pas grand-chose de son état psychique quand les esprits se disperseraient. Soudainement, Leiko sentit le sol trembler sous ses pieds et les corps blancs s’agitèrent en tous sens, désordonnés, fébriles. Dans un craquement suivi d'un grondement sourd, un immense pan d’édifice d’une trentaine de mètres de haut s’arracha du sol, et les esprits désertèrent l’objet de leur colère pour se ruer aux portes masssives, les visages tendus d’espoir. Un sceau doré se détachait sur le rouge éclatant des portes, et une inscription était gravée sur le gigantesque linteau de pierre. Leiko put y lire : Temple Sacré de la Forêt.
 
Les portes d’un temple sacré, un sceau sacré. Il n’en fallait pas plus pour que les morts se pressent pour y entrer.
 
Extraordinaire, murmura-t-elle, une pointe d’admiration perçant dans la voix, observant la marée de corps blancs se pressant aux portes du temple. Leur maison. Là où se trouvait la paix. Là où ils pourraient repasser de l’Autre Côté.
Dans un soupir, elle fit apparaître une fluctuation dans l’air, juste devant les portes du temple, et les esprits s’y engouffrèrent dans la précipitation la plus pitoyable. Il ne servait à rien d’insister alors qu'il avait surmonté sa technique. Le combat était d’un bien trop grand niveau. Un temps mort s'installa, durant lequel aucun deux n'attaquerait, selon une règle tacite connue des seuls ninjas. La kunoichi attendit patiemment qu’il se remette debout, difficilement, visiblement secoué par ce qu’il venait de subir. Il avait une bonne dose d’endurance, observa-t-elle.
 
Les deux adversaires se faisaient à nouveau face, au cœur de ce qui avait été une forêt peu de temps auparavant. Les bras du Quatrième pendaient le long du corps, oscillant au rythme de son souffle court. Les poings serrés, les épaules affaissées, il ne la quittait pas des yeux, tout son corps prêt à réagir à la moindre menace. Il ressemblait à un fauve traqué, mais l’étincelle dans ses yeux montrait qu’il n’était pas vaincu. Leiko imagina sans peine qu’elle reflétait la même image ; Ils étaient aussi mal en point l’un que l’autre, épuisés par les blessures qu’ils s’infligeaient à tour de rôle et par l’immense énergie qu’ils dépensaient dans leurs techniques. Elle baissa un peu sa garde en signe d’ouverture, indiquant qu’elle voulait parler.
 
« Alors ? Reconsidérez-vous votre position ? »
 
« Celle de vous faire découvrir la volonté de Konoha ? Non. »
 
Le regard du Quatrième avait flamboyé en disant cela. Et déclencha en retour la même expression chez la jeune femme. Il croit savoir, et n’écoute que lui. En définitive, je me suis trompée sur son compte. Et s’il y a bien une chose qui ranimait une colère latente chez l’Hogosha, c’était l’inconscience de ceux qui avaient le pouvoir de décision. Il est comme les autres.
 
Il fallait en terminer avec ce combat d’impasses. Il fallait frapper fort, et lui montrer. Et pour cela, elle ne voyait plus qu’un seul moyen. Un seul.
 
« Dans ce cas… »
 
Son ton se raffermit, son corps fatigué se tendit dans une position d’attaque.
 
« Je vais vous montrer un échantillon de Bijuu lâché sur le monde terrestre. »
 
 
 
A suivre…
 
 
 
 
 
 

NOTES
 
Batraciens : Les Xénopes, les crapauds les plus frappants (pour ne pas dire ridicules) que j'ai vu m'ont inspiré cette description. 
 
Hogosha : Gardien, Gardienne, ici du village ninja de Tama.
 
Invocation dissociée : Si Jiraya peut invoquer un estomac de crapaud, on peut sans doute invoquer une carapace de tortue...
 
Kekkai : Barrière, mur (spirituel, magique).
Les 4 d’Oto invoquent un kekkai (la barrière impénétrable violette) lorsque Orochimaru mène son combat contre le Sandaïme Hokage.
 
Technique élémentaire : Une technique élémentaire ninja est basée sur un élément : le Fuuton (le Vent), le Katon (le Feu), le Suiton (l’Eau), le Doton (la Terre) ou le Raiton (la Foudre).

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