L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
Point de vue de Kakashi
Nous sommes au milieu des bois, allongés dans l’herbe dans l’air doux de l’été. Le soleil filtre à travers les branches et parsème des points lumineux tout autour de nous. Je sens sa main dans la mienne et je suis pleinement heureux. Son souffle régulier me berce, elle est totalement détendue et s’endort presque, et tout mon corps est si calme à son contact.
Soudain, elle crie de surprise et de douleur, et en un instant je suis sur mes pieds. J’ai juste le temps de voir disparaitre un serpent blanc dans les hautes herbes. Sa cheville saigne atrocement, bien trop pour une simple morsure de serpent. La panique me submerge, mes mouvements sont lents et mon esprit aussi, plus que d’habitude et je me sens d’une inefficacité rare tandis que j’essaie de la soigner. Elle ne réagit pas plus que ça et ça me rend fou.
- Hanako soigne-toi ! Qu’est-ce que tu attends ?
Elle me regarde d’un air absent et torturé tandis que sa plaie saigne abondamment. Du coin de l’œil je vois d’autres éclairs blancs dans les hautes herbes et je saute sur mes pieds, kunaï à la main.
- Lève-toi ! crie-je.
Elle ne bouge pas, le regard toujours éteint. Des dizaines de petits serpents blancs sortent des hautes herbes pour la mordre et je n’arrive pas à tous les tuer assez rapidement, je suis tellement lent bon sang ! Je me débats comme un lion mais je l’entends hurler encore et encore sous les morsures des reptiles.
- Hanako sauve-toi ! Bouge ! Je t’en supplie, crie-je en pleurant en prenant son visage torturé entre mes mains.
Ses yeux sont pleins de larmes et elle a l’air apeurée mais elle ne bouge pas, j’essaie de la prendre dans mes bras mais je n’y arrive pas, elle est trop lourde. Je hurle de détresse, elle est légère comme une plume d’habitude, je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Je sens les serpents qui m’attaquent moi aussi et lorsque je me retourne, ils grouillent autour de nous, me soulevant le cœur. Soudain, un gros serpent blanc, de plusieurs mètres de long, surgit et s’enroule autour d’elle, je hurle encore tandis que je suis figé sur place et je le vois qui resserre sa prise autour d’elle, l’empêchant de respirer.
- Kakashi, murmure-t-elle dans un dernier souffle.
Je hurle de toutes mes forces tandis que je la vois mourir sous mes yeux.
*
Je me réveille en sursaut, complétement paniqué, mon cœur bat à se rompre et je suis trempé de sueur. Je respire bruyamment pour reprendre mon souffle et mes mains tremblent comme des feuilles. Je fixe mon regard sur elle, qui remue dans son sommeil sans doute un peu réveillée par mon agitation. J’essaie de me calmer en la regardant respirer régulièrement, bien vivante à côté de moi et je pose une main tremblante sur son épaule, son contact me calme enfin un peu et mon cœur commence à ralentir.
Ça fait bien longtemps que je ne me suis pas réveillé dans cet état.
Lorsque mon esprit intègre qu’elle est vivante et en sécurité, je me lève et je vais me rincer le visage à la salle de bain. Je suis trempé alors je passe de l’eau le long de mes bras transpirants, puis de mon dos. J’aurais peut-être mieux fait de juste me doucher.
Je croise son regard très inquiet dans le miroir, je suis encore tremblant et je respire trop vite.
- Mon cœur ? demande-t-elle les sourcils soucieux en approchant.
- Ce n’est rien, j’ai fait un cauchemar, dis-je le souffle court.
Je me retourne et elle pose une main sur mon cœur qui bat encore la chamade comparé à mon rythme habituel.
- Ça m’arrive régulièrement, dis-je.
Elle fronce les sourcils. Elle ne m’a jamais vu dans cet état. Je lui ai déjà parlé de mes cauchemar, mais je ne lui ai jamais dit l’état dans lequel ça me mettait, surtout que ça faisait des années et des années que je ne me réveillais plus dans cet état de panique totale.
- Rin ? demande-t-elle d’une voix douce.
- Non, dis-je.
Elle prend une petite serviette et m’essuie tendrement le dos et les bras.
- Viens avec moi, dit-elle simplement en m’emmenant dans la chambre.
Elle m’allonge sur le drap et ouvre la fenêtre, l’air frais de dehors me fait du bien et je ferme les yeux pour laisser mon corps finir de s’apaiser. Elle s’assoit à côté de moi, en tailleur dans le lit et prend ma main pour la porter à ses lèvres, embrassant longuement ma paume pour m’apaiser. Quand je suis calme, j’ouvre les yeux, et je croise son regard doux et patient. Je lui explique mon cauchemar.
- Je n’arrive pas à enlever de mon esprit Orochimaru comme prophète. Je t’assure que je te fais confiance et que maintenant que je suis réveillé je sais que ce n’est pas lui, mais mon inconscient n’est pas d’accord visiblement, dis-je.
- Tu ne contrôles pas tes rêves Kakashi, tu n’as pas besoin de te justifier, dit-elle gentiment.
- Je sais, mais je ne comprends pas pourquoi je m’obstine, il y a forcément une raison. J’ai une plutôt très bonne intuition en règle générale, Minato dit que je peux m’y fier car elle vient de mes sens exacerbés.
Elle me regarde sans comprendre.
- J’ai les cinq sens beaucoup plus développés que la moyenne et je capte une quantité astronomique d’informations à la minute sans même m’en rendre compte. Tout ça travaille dans mon inconscient et ressort dans mon esprit sous forme d’intuition.
- C’est comme ça que tu sais toujours avant tout le monde qu’il y a des ennemis ou qu’on t’observe ? demande-t-elle.
- Oui, c’est comme si je le sentais au fond de moi, alors qu’en fait j’ai peut-être capté une particule d’odeur, ou un son presque imperceptible ou encore un léger mouvement du coin de l’œil ; mais sans m’en rendre compte.
- Ajoutons à ça ton intelligence hors-norme… dit-elle tendrement en caressant ma joue.
Elle me sourit amoureusement et je me plonge dans son beau visage.
- Je ne sais pas pourquoi je m’obstine sur lui, mais il y a forcément une raison mon ange, je ne tombe jamais à côté de la plaque à ce point, murmure-je.
Elle fronce les sourcils, pas pour me disputer, mais parce qu’elle me croit.
- J’ai confiance en toi plus qu’en n’importe qui, plus qu’en moi-même à vrai dire, dit-elle en me caressant toujours tendrement.
- Je ne dis pas que c’est lui mais …
Elle pose un doigt sur mes lèvres.
- Trouve qui c’est alors et prouve-moi que je peux avoir confiance en mon maitre, j’ai tellement confiance en toi Kakashi, je suis sûre que si quelqu’un peut trouver son identité c’est toi, dit-elle doucement.
Je la regarde, pleine d’amour et de confiance, je l’aime tellement. Elle fait tellement de bien autour d’elle, je repense à Orochimaru et tous les regards bienveillants envers elle que j’ai interceptés. Je le revois passer ses nuits sur la formule des antibiotiques et célébrer les progrès d’Hanako au sabre comme si elle était sa fille.
- Je te prouverai que tu peux avoir confiance en lui je te le promets, dis-je en fronçant les sourcils.
*
Je me fais réveiller par de tendres baisers sur mes clavicules. La fenêtre est toujours ouverte, le soleil tape contre ma peau, je suis tellement bien. Elle se glisse sur moi et embrasse mon cou, aspirant ma peau. Je ne connais pas de plus doux réveils que ceux-là. J’entrouvre les yeux pour l’admirer tandis que de l’électricité me parcourt déjà et je passe mes bras autour d’elle pour être encore plus à son contact. Alors qu’elle continue de marquer mon cou à de multiples endroits, je tombe peu à peu dans la luxure et je frissonne. Elle relève la tête pour m’embrasser et je roule au-dessus d’elle lorsque des pas résonnent sur les escaliers menant à la terrasse. Je soupire, frustré. J’arracherais bien la tête de cette personne.
- Nous ne sommes pas obligés d’ouvrir, murmure-je en embrassant son nez.
Ses yeux luisent une seconde et elle saute sur ses pieds en me dégageant pour s’habiller.
- Apparemment si, râle-je en roulant sous le drap.
Elle me lance un drôle de regard au moment même où je reconnais la démarche sur la terrasse et que je me redresse vivement dans le lit en serrant les dents. Elle claque la porte de la chambre en sortant pour aller ouvrir à Shin.
Je me rallonge et l’écoute entrer comme un habitué, s’installer dans le fauteuil comme si c’était le sien. Je me lève et enfile un bas de jogging noir, je choisis vicieusement de ne pas mettre de haut, déjà parce que je compte me laver avant de m’habiller en uniforme mais aussi parce que je vois dans le miroir toutes les jolies traces qu’Hanako vient de laisser dans mon cou et sur mes épaules et que je ne peux pas m’empêcher d’aller les exposer. C’est tout de même lui qui se pointe chez moi. Enfin presque chez moi. De toute façon la guerre entre nous est une guerre froide d’égo primitive et immature. Et puis j’ai pris des shuriken pour lui, il devrait avoir la décence d’arrêter d’essayer de piquer ma copine bon sang.
Lorsque je débarque dans cet accoutrement, Hanako a la mâchoire qui se décroche et elle me lance un regard vraiment très peu fier qui me fait culpabiliser. Mais quand je vois la tête de Shin, je me dis que ça valait carrément le coup. Ses yeux se posent immédiatement sur mon cou et mes épaules et je le sens furieux, presque haineux tandis que je prends un café à la cuisine. Après ça je pars tranquillement dans la salle de bain pour me doucher. Hanako va vraiment m’engueuler pour cette apparition purement provocatrice.
- Tu le vois toujours à ce que je vois, dit-il tout bas avec un air mauvais.
- Shin, ne commence pas, dit-elle avec lassitude.
- Il te brisera le cœur Hanako ! J’ai bien compris que tu réalisais une sorte de fantasme d’écolière à te taper le commandant …
Mon sang ne fait qu’un tour. Au moment où ma main se dirige sur la poignée de la porte pour sortir, j’entends Hanako qui saute sur ses pieds et j’arrête mon mouvement. Ça va chauffer pour lui et il vaut mieux que ce soit elle qui le rembarre car je risquerais de le tuer.
- Comment oses-tu parler de moi comme ça Shin ! Je ne te le permets pas ! hurle-t-elle.
Je peux presque voir les éclairs rose qui crépitent sur ses doigts de colère.
- Je suis désolé ! s’écrie-t-il tout de suite.
- Déjà que je t’ai pardonné d’avoir fichu le cirque entre nous ! Je me fiche royalement de votre guerre stupide d’idiots mais si tu reparle encore de moi une seule fois comme ça, je te jure que tu ne repartiras pas d’ici en un seul morceau ! hurle-t-elle encore.
Je me glisse sous l’eau chaude en fulminant. Je ne sais pas pour qui il se prend pour insinuer des choses pareilles, je n’ai jamais vu ça de ma vie. Il parle de notre vie intime comme s’il le pouvait, comme si ça n’avait rien de déplacé. Ca fait déjà plusieurs fois qu’il m’accuse de la vouloir simplement dans mon lit et je ne sais pas pourquoi je ne lui remets pas une bonne fois pour toutes les pendules à l’heure. Sans doute pour elle, parce qu’elle est toujours là avec ses grands yeux doux à me calmer.
J’entends Shin qui se jette par terre à genoux et je lève les yeux au ciel.
- Je suis désolé, sincèrement, je ne sais pas ce qui m’a pris de dire ça, je suis jaloux Hanako c’est tout. Je te connais depuis toujours et il vient d’arriver dans ta vie, c’est dur pour moi d’intégrer tout ça, je ne le connais même pas, on ne se parle jamais alors que tu es ma meilleure amie. Tu ne me l’as même jamais présenté tu te rends compte ? Il passait des nuits chez toi et tu m’en parlais sans même me présenter réellement la personne que tu fréquentes, continue-t-il.
Silence. Je suis sûr qu’elle mordille l’intérieur de sa joue.
- Oui, vu comme ça… mais il faut dire que toute cette histoire n’est pas simple non plus, se justifie-t-elle.
- Alors comprend que ce n’est pas simple pour moi non plus, dit-il.
- Tu as raison, je suis désolée d’avoir hurlé, mais ne parle plus comme ça de moi, dit-elle.
Je sors de ma douche et je m’habille avant de sortir.
- C’est moi qui suis désolé, encore, dit-il.
Je débarque en direction de la cuisine en lui lançant un regard très hostile, il affiche un air craintif.
- Tu veux bien venir Kakashi ? dit-elle de sa voix douce.
Je me retourne et j’hausse un sourcil, sans bouger de ma position. Je n’ai pas la moindre envie de passer du temps avec Shin et surtout pas après ce qu’il vient de dire. Elle me regarde avec beaucoup moins de douceur que sa voix ne le laissait croire, elle est même carrément autoritaire mais je ne bouge toujours pas, ce qui l’étonne.
- Tu as vu ce qu’il vient de te dire ? dis-je froidement en le pointant du doigt.
- Oui mais…
- Pas de mais sur ce coup-là Hanako, il a déjà de la chance d’être vivant.
Shin s’agite, il ne se sent pas en sécurité et je m’applique à le regarder aussi méchamment que mes deux yeux me le permettent.
Je choppe vraiment un sale caractère depuis que cette fille est entrée dans ma vie. En même temps j’en choppe un meilleur aussi, c’est étrange. Je commence plutôt à me demander si mon calme et mon indifférence constante d’avant n’était pas simplement le reflet de mon indifférence envers la vie. A méditer.
- Bon, pour des présentations tu repasseras, je ne vais pas le blâmer c’est de ta faute, dit-elle à Shin.
J’entends un tout petit bruit sourd sur la terrasse et je sors dehors pour me retrouver face à Gaï.
- C’est donc ici que tu te caches ! s’exclame-t-il.
- Exact, dis-je encore un peu tendu.
- L’Hokage m’a envoyé chercher la femme qui habite ici, il m’a dit que si on attendait sur toi tu ne me la présenterais jamais ! rit-il.
- La chercher ? dis-je.
- Rien de grave, le prisonnier veut la voir, il veut lui parler. Ce n’est pas urgent mais ce serait bien qu’elle passe rapidement, il a peut-être des informations à lui dire. Je m’apprête donc à rencontrer la femme qui partage ta vie ? s’exclame-t-il.
- Apparemment, dis-je.
Ça me fait drôle, je n’arrive pas à associer Gaï à Hanako, pourtant ils s’entendront forcément très bien. A ce moment-là, elle raccompagne Shin sur la terrasse. Gaï lui saute dessus et lui décroche l’un de ses sourires ravageurs :
- Je suis absolument enchanté de vous rencontrer ! s’exclame-t-il à quelques centimètres d’elle.
Hanako ouvre de grands yeux surpris et se retient de rire face à l’exubérance de Gaï. Elle l’invite à entrer ce qu’il accepte avec plaisir et je me retrouve seul avec Shin qui file vers l’escalier. En moins d’une seconde, je lui barre la route et il me regarde avec crainte. Je le vois qui tente de bondir pour se sauver mais je le retiens fermement en attrapant son cou.
- Je suis désolé Kakashi… commence-t-il.
- Je peux te dire que les hommes qui osent me manquer de respect ne vivent pas longtemps Shin, dis-je d’une voix menaçante.
- Kakashi, pardon, je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne suis pas quelqu’un d’irrespectueux, surtout pas avec un supérieur.
J’avance contre lui et il recule jusqu’à ce que la barrière le retienne.
- Ça fait déjà plusieurs fois que tu te permets de sous-entendre des choses sur ma vie intime comme si ça te regardait, fulmine-je en serrant mes doigts sur lui.
- Absolument pas, tu as raison, je ne me serais jamais permis de me mêler de …
- J’ai toléré, parce que tu es son ami et que tu es mort de jalousie, mais cette fois j’en ai plus qu’assez et si tu y tiens tant que ça je peux te montrer le Kakashi pas sympa du tout, celui dont découle la réputation que je m’évertue à effacer, et tu ne risques pas d’être déçu.
Je resserre encore ma prise autour de lui, l’empêchant de parler.
- Ecoute-moi bien, je te fais la promesse que c’est la dernière fois que tu respires encore après avoir dit quelque chose d’aussi déplacé sur notre relation. J’espère que cette fois c’est compris.
Il acquiesce, toujours incapable de parler et je le balance d’un grand mouvement par-dessus la barrière sans même vérifier qu’il atterrisse correctement.
Je prends une ou deux secondes pour calmer mes nerfs avant de retourner à l’intérieur.
- Elle est charmante ! s’exclame Gaï presque étonné.
- Je sais, dis-je.
- Mais qu’est-ce qu’elle fait avec toi ! s’écrie-t-il en riant.
- Je me pose la question tous les jours, dis-je.
Ils rient ensemble et elle me lance un regard de biche qui me fait vibrer. Il reste encore un peu, me mettant la honte à chaque fois qu’il en a l’opportunité et il est charmé par Hanako. Qui ne l’est pas finalement ?