L'histoire d'amour de Kakashi Hatake
Minato nous regarde, attendri.
- Vous êtes beaux ensemble, vous avez l’air heureux, commente-t-il.
Je pique un fard énorme et je lâche immédiatement sa taille tandis qu’ils éclatent de rire. Encore une fois, je me sens coupable lorsque je l’entends dire ça.
- J’ai cru comprendre que c’était grâce à vous, dit-elle.
- Oh il est vrai que je vous ai plus ou moins mis sur la même route, admet-il en souriant.
- Mais comment avez-vous su senseï, demande-t-elle en mettant les coudes sur la table, posant son menton dans ses mains comme une enfant qui écoute une histoire.
Je me demande s’il n’y a que moi que toute cette situation gêne profondément et je me rends à l’évidence : oui. Je ne sais pas pourquoi je me sens si mal.
Ce constat simple me détend, il faut vraiment que j’arrête d’être gêné par tout ça, Minato montre toujours son affection à Kushina devant moi et ça ne m’a jamais perturbé, c’était juste normal pour moi, ils sont un couple.
Je regarde Hanako, ses grands yeux émerveillés fixés sur Minato qui lui parle de son intuition à toute épreuve, sa bouche ouverte sur un petit sourire admiratif, elle est adorable.
Pourquoi ai-je un problème avec le fait qu’on m’associe à un couple si c’est avec cette fille-là qu’on m’associe. Je n’aurais jamais pu trouver quelqu’un de mieux, elle est gentille, altruiste, douce, polie et incroyablement belle. Je devrais être honoré d’être à son bras, pas gêné et encore moins me sentir coupable et mal.
Quand je pense qu’elle m’a choisi moi, avec mon incompétence émotionnelle et mon visage défiguré, sans oublier mon palmarès glacial d’assassinats alors qu’elle sauve des vies. Mais qu’est-ce qu’elle me trouve bon sang, et comment Minato a-t-il pu imaginer une seconde qu’il pourrait y avoir quelque chose entre cet être de lumière parfait et moi ? Je me reconcentre sur ce qu’il dit car j’aimerais bien savoir moi aussi.
- Bref tout ça pour dire que j’ai appris à suivre mes intuitions, et je vous connais tous les deux depuis bien longtemps. Pour être honnête Hanako, j’ai mis en œuvre tout ce que je pouvais pour que Kakashi sorte des ténèbres.
Je me tends encore un peu plus, je suis déjà en train de me demander pourquoi elle s’intéresse à moi, j’aime autant qu’il ne souligne pas mes défauts devant elle. Mes pensées dévient vers ma période sombre et je sens au fond de moi comme un malaise profond qui s’intensifie, un douleur sourde qui monte.
Elle prend ma main dans l’une des siennes et garde son menton dans l’autre. Elle me connait par cœur, elle a toujours un œil posé sur moi, prête à me soutenir et elle me ramène encore à la réalité, loin de mes pensées angoissantes.
Minato continue :
- Et donc, un jour je devais t’attribuer un ninja pour t’accompagner dans les bois et Kakashi venait de rentrer de mission. Il ne le sait pas mais ce jour-là il m’a fendu le cœur en deux. C’était une longue et difficile mission et tout le monde était bien content d’être rentré au village, et Kakashi m’a dit quelque chose comme : « Oh vous savez je peux repartir immédiatement, je n’ai pas vraiment de proches à retrouver ici, simplement l’ennui ». Ça m’a tellement heurté que j’y ai pensé pendant des heures.
Je me souviens encore d’avoir dit ça à Minato, même si ce n’était pas exactement mes termes. Ce souvenir me replonge dans mes sentiments à cette époque et j’en ai le vertige, ma vie a tellement changé, je n’arrive pas à croire la froideur qui m’habitait alors. Je me sens terriblement mal de me replonger dans cette vie-là et je sens déjà le froid qui s’insinue en moi, me glaçant jusqu’à l’os. Que m’arrive-t-il ? Quelle est cette sensation en moi qui écrase ma poitrine et m’envahit. J’ai même la respiration un peu saccadée.
Je m’accroche à la main d’Hanako, comme pour qu’elle me sauve, et elle me lance un sourire à cent mille watts, me ramenant encore une fois dans le présent et dans la belle lumière qui baigne maintenant ma vie, j’ai l’impression de jongler entre l’ancien moi et le nouveau. Je tache de me reconcentrer sur Minato.
- Je cherchais donc un ninja pour toi, et j’ai pensé à t’attribuer Kakashi simplement pour l’occuper, et dès que cette idée a jailli dans ma tête, je ne pouvais plus penser à autre chose, je vous trouvais tellement de points communs que c’en devenait hallucinant ! s’exclame-t-il.
- De points communs ? ne peux-je m’empêcher de demander un peu surpris.
Je passe mon temps à penser à quel point nous sommes différents.
- Hé bien oui, vous êtes de la même tranche d’âge, étiez célibataires, vous n’avez plus de parents, vous avez perdu tous les deux l’intégralité de votre équipe au combat, vous aimez les choses organisées et carrées au point que ça frôle le trouble, vous êtes dévoués à ceux qui vous entourent et des acharnés de travail toujours en mission ou à l’hôpital… j’en ai encore beaucoup, faut-il que je continue ?
Je me tourne vers Hanako, scotché, tandis qu’elle me couve des yeux, pas surprise.
- Vous êtes plutôt casaniers, calmes, réservés, conciliants…
- Je crois qu’on a compris senseï, le coupe Hanako en pouffant dans sa main.
Non ! Non je n’ai pas compris, j’aurais pu l’écouter toute la nuit souligner nos ressemblances, j’ai la bouche ouverte de stupeur sous mon masque depuis qu’il a commencé, il est en train de changer ma vie sans même s’en rendre compte.
- Mais nos différences, bafouille-je à la surprise générale.
- Vos différences ? demande Minato comme si ce que je disais était lunaire.
- Oui, dis-je.
- Vous en avez très peu à mes yeux, les seules différences pour moi sont votre ratio de luminosité et d’ombre si je peux me permettre, et votre capacité à exprimer vos émotions.
Mon cerveau va exploser et Hanako ne parle pas, elle m’observe simplement avec ses grands yeux chaleureux tandis que j’ai une conversation à cœur ouvert avec mon senseï.
- J’ai justement compté sur son côté extrêmement lumineux et solaire pour te réchauffer un peu. Et sur sa spontanéité pour t’ouvrir. A part ça je ne vois pas de différence majeure entre vous.
- Elle est tellement altruiste, tente-je.
- Kakashi, tu as passé ta vie à te jeter devant des shuriken pour ceux qui t’entourent, tranche Minato en référence à mon dernier coup d’éclat.
- Elle rayonne ! m’exclame-je.
- Son côté lumineux donc, dit-il.
Je tombe à court d’arguments, même si je trouvais encore une ou deux différences, ça ne changerait pas grand-chose dans le fond, j’ai bien compris sa démonstration. Nous nous ressemblons elle et moi aussi bizarre que ça me paraisse.
- Mais alors moi, qu’ai-je à lui apporter ? demande-je presque suppliant.
- Mais tout le reste Kakashi, toutes vos ressemblances, pourquoi faudrait-il que tu lui apportes quelque chose dans vos différences ?
Je suis sans voix, quasiment en état de choc et je me laisse tomber contre le mur derrière moi, la bouche toujours grande ouverte, bien cachée derrière mon masque. Je ne me sens toujours pas bien du tout, c’est même pire, j’ai du mal à respirer.
Elle se penche vers moi en me demandant si ça va et sans réfléchir, je l’attrape par le cou et je la serre contre moi, je la serre fort en fermant les yeux, je sens que j’ai envie de pleurer à chaudes larmes, je ne sais même pas pourquoi. Je suis bouleversé et c’est vraiment violent, beaucoup trop violent pour être simplement le fait de découvrir que nous avons des points communs. Mon souffle est court et j’ai un besoin absolument urgent qu’elle me prenne dans ses bras et qu’elle me réconforte, mais je ne me sens pas de demander ça devant Minato. Que m’arrive-t-il ? Je commence à vraiment m’inquiéter.
Je la relâche et je reste contre mon mur, prenant de grandes respirations pour essayer de me calmer. La culpabilité me déchire en deux et je pense que je suis presque en crise de panique.
- Et donc vous disiez, demande Hanako en se raclant la gorge pour me laisser me remettre.
- Euh… oui donc, je ne pensais qu’à vos points communs et c’est là que mon intuition s’est allumée, je n’avais absolument aucun doute sur le fait qu’il te plairait ni qu’il t’apporterait tout ce dont tu avais toujours eu envie. Il est gentil, rassurant, intelligent, prévenant, calme … bon bref, mon petit Kakashi a beaucoup de qualités. Et beau garçon ! ajoute-t-il en souriant.
Elle rit doucement tandis qu’il reprend :
- Dans l’autre sens j’avais plus de doutes, j’étais convaincu que tu lui plairais s’il prenait la peine d’ouvrir suffisamment sa bulle mais je craignais qu’il soit trop fermé comme il l’est depuis toujours. Mais mon intuition me poussait à y croire, et puis en y réfléchissant j’ai compris qu’il y avait de bonnes chances, tu as une petite ressemblance avec Rin et je me suis dit que ce serait peut-être l’ouverture idéale pour qu’il daigne simplement lever le nez de son livre, c’est tout ce qu’il fallait, qu’il te regarde vraiment, et là je savais qu’il serait fichu. La suite on la connait, il a ouvert son cœur et je vois qu’il n’est plus malheureux, il est même très heureux de ce que j’en vois, conclut-il en souriant gentiment à Hanako.
Le monde s’effondre. Je me lève sans un mot et je sors sur la terrasse en fermant la porte derrière moi, je balance mon bandeau dans un coin et les larmes roulent toutes seules. Non, elles dévalent mes joues en torrents. Il pleut dehors mais je m’en fiche, il ne fait même pas froid c’est un orage estival. J’ai besoin d’être seul et je sais qu’ils comprendront, ils me connaissent suffisamment tous les deux. J’ai compris ce qui m’attriste profondément, ce qui me déchire de l’intérieur au point de ne plus pouvoir respirer.
Depuis qu’il a prononcé le nom de Rin j’ai compris. La culpabilité que je ressens de passer cette soirée heureuse est intolérable. La culpabilité d’avoir trouvé Hanako tout court, d’être en vie et heureux tandis qu’ils…Mon ventre se retourne violemment.
Je m’assois sur le bord de la terrasse trempée et je pleure, je pleure à chaudes larmes, je fonds en sanglots même, m’étranglant presque. Je m’abandonne entièrement à toute la tristesse et la culpabilité qui m’assaille à coup de poignards acérés. Je laisse tout mon esprit se focaliser sur leurs visages et me tuer à l’intérieur.
Je pleure tellement fort que je crie presque et je m’allonge sur la terrasse sous le poids du désespoir et de la douleur qui me fend en deux. Je hurle dans la nuit tandis que les sanglots secouent mon corps.
Mon cœur est brisé en mille morceaux tandis que leurs visages sont figés sur mes paupières, je pleure Rin et Obito comme jamais je ne me suis laissé les pleurer jusqu’à présent, j’autorise enfin mon cerveau à réaliser qu’ils sont morts et ne reviendront pas, qu’ils m’ont laissés seul et que j’avance sans eux.
Je revois leurs sourires et leurs rires enfantins, leur insouciance et leurs espoirs. Leurs visages pleins de vie, pleins de confiance en l’avenir radieux qu’ils espéraient pour eux.
Je roule sur le dos, la pluie s’écrasant sur mon visage et je laisse l’enfant que j’étais pleurer ses équipiers. Je n’avais que treize ans et j’ai dû affronter leur mort, nous étions des enfants.
J’hurle encore en me tenant le ventre et mon cri se brise dans la nuit. Je n’ai jamais réussi à faire mon deuil parce que je n’ai jamais réussi à accepter qu’ils soient morts, c’est trop dur, c’est vraiment trop dur bordel.
Je suis rempli d’eux et de leur souvenir, j’entends leur voix comme si je venais de les quitter, puis je revois Obito sous ses roches, presque mort, nous parlant pour la dernière fois.
Mes pleurs redoublent et je porte ma main à mon œil gauche, j’enfonce mes doigts dans ma peau, j’ai envie de l’arracher de mon crâne, j’ai envie de lui rendre et qu’il revienne mais il ne reviendra pas, ils ne reviendront jamais ! Je m’étrangle encore dans mes sanglots tandis que je sens une lame froide s’enfoncer dans ma poitrine, je ne les reverrai jamais. Mon cœur ne bat plus normalement, je suis en panique la plus totale, je ne peux pas les laisser partir.
Je saute sur mes pieds et je vole plus vite que jamais en direction du cimetière.
Je ne peux pas les laisser partir, c’est trop dur je ne peux pas ! Je trébuche en sautant secoué par mes sanglots et aveuglé par mes larmes. Je ne peux plus entendre que je suis heureux, je ne peux plus entendre les points communs que j’ai avec cette fille formidable, je ne peux plus entendre qu’elle est amoureuse de moi. Je ne peux pas, je ne peux pas accepter d’être heureux, comment puis-je être heureux alors qu’ils sont morts.
- Je ne peux pas ! hurle-je dans la nuit.
J’atterris dans le cimetière et je me jette à quatre pattes sur la tombe de Rin, je pose mon front contre la pierre froide et j’y déverse mes larmes. Je ne viens même plus tous les jours, je ne pense même plus à eux tous les jours, je serre la pierre froide entre mes mains jusqu’à m’en faire mal, la culpabilité me tue :
- Je suis désolé, je suis désolé, JE SUIS DÉSOLÉ ! j’hurle le corps secoué de sanglots.
Ils ne me répondront pas, ils ne me répondront plus jamais. PLUS JAMAIS. Nouveau coup de poignard dans mon cœur. Je revivrais cent fois la pire douleur physique de ma vie que celle qui m’assaille maintenant. J’ai envie de disparaitre.
C’est pour ça que je me restreins à la solitude et à la tristesse depuis toujours, je ne peux pas supporter l’idée d’aller de l’avant sans eux, je ne peux pas supporter d’être heureux, j’ai besoin de m’infliger toute cette tristesse pour les garder avec moi. J’ai l’impression de les trahir en étant heureux et en vivant une vie normale.
- Je suis désolé… je ne veux pas vous trahir, je vous le promets, pleure-je encore sur la tombe de Rin tandis que la pluie s’écrase sur mon dos.
Après la mort de mon père, j’ai choisi d’ouvrir la porte de mon cœur une seconde fois et ils sont morts eux aussi, ils m’ont laissé seul au monde. Je ne désirais plus que mourir et les rejoindre. J’ai décidé que je ne laisserais plus jamais personne y entrer, j’ai décidé de ne plus jamais aimer quelqu’un aussi fort jusqu’à ce qu’elle y entre de force. Je n’ai pas voulu la laisser entrer et changer ma vie.
- C’est elle qui est entrée, je n’ai jamais voulu que ça arrive, supplie-je toujours agrippé à la tombe.
Je sens que mes doigts saignent tant je serre la pierre.
- Je n’ai jamais voulu être heureux sans vous. J’aurais préféré mourir à vos places. Je préfèrerais mourir dans l’instant pour que vous reveniez ! Mais je ne peux pas ! crie-je.
De nouvelles larmes roulent sur mes joues et le trou béant dans mon ventre grandit encore, brisant les derniers morceaux de mon cœur encore en place.
- JE NE PEUX PAS ! hurle-je encore.
Hurler me libère de mes démons, je n’hurle jamais, je ne me laisse jamais aller. Comment puis-je être heureux sans eux. Mais comment puis-je vivre sans être heureux.
Je ne vis pas, je survis depuis une quinzaine d’années, je ne les honore pas non plus en faisant ça, je ne suis ni mort ni vivant. Je ne suis ni avec eux ni avec les vivants qui m’entourent. Pourtant je suis bien vivant, je suis vivant et ils sont morts. Ils sont morts Kakashi, réalise-le.
Un gros sanglot me secoue des pieds à la tête. Et j’extériorise encore, pour m’aider à intégrer.
- ILS SONT MORTS ! hurle-je.
J’enlève mon front et je pose ma joue contre la pierre froide, elle me glace. Il faut que tout ça s’arrête, je ne peux plus supporter ce poids qui emprisonne mon cœur, je ne peux plus supporter cette tristesse qui me dévore. Je veux une chance de vivre heureux, je veux avoir une chance de vivre une vie pleine d’amour sans que la culpabilité me tue à petit feu. Je veux qu’ils m’autorisent à être heureux.
- Je n’ai jamais réussi à vous laisser partir, je n’ai jamais réussi à aller de l’avant, emmenez-moi avec vous maintenant ou libérez-moi, supplie-je.
J’attends de mourir, j’attends qu’ils me tuent d’une façon ou d’une autre pour que je les rejoigne dans l’instant mais il ne se passe rien, la pluie continue de tomber sur moi et je ne meurs pas, je ne les rejoins pas. Je reste seul sans eux sur cette terre froide.
De nouvelles larmes coulent, ils ne me prennent pas avec eux, ils me laissent là. Je ne les reverrai pas.
Mes sanglots redoublent et m’infligent une douleur lancinante, l’image d’Hanako passe devant mes yeux et la culpabilité me poignarde encore une fois, m’aveuglant de douleur.
- Je vous en supplie, Rin, Obito, LIBÉREZ-MOI !! hurle-je encore.
Je m’écroule par terre sur le côté de la tombe et je me roule en boule dans la boue et l’herbe mouillée.
- LIBÉREZ-MOI !!
Je sens alors la seule chose qui pourra ne pas me faire sombrer dans la folie, la seule chose qui pourra me faire remonter la pente. Je sens la main de Rin qui se pose sur mon dos tandis que je pleure encore et encore devant sa tombe, me noyant presque dans mes larmes. Je sais qu’elle est là avec moi et qu’elle m’autorise à pleurer et à me relever ensuite pour vivre ma vie.
Point de vue d’Hanako
Kakashi se lève subitement sans un mot et sort dehors en refermant la porte derrière lui dans un geste indiquant clairement de ne pas le suivre. Je regarde Minato qui a les lèvres pincées et l’air triste.
Je l’entends qui s’assoit au bord de ma terrasse et ma gorge se noue immédiatement, ça fait déjà un moment que je sens qu’il n’est pas bien mais je n’aurais pas pensé qu’il aurait besoin de partir quand même. Je l’entends qui pleure et je suis tellement surprise que je me dis que je l’ai inventé jusqu’à ce que je le réentende, il pleure à chaudes larmes, je saute sur mes pieds mais Minato me bloque la porte en un instant et me fait un non silencieux de la tête.
Je plaque mes mains contre ma bouche et la douleur me tue, je sens toute sa peine et les larmes coulent sur mes joues. Ses pleurs se muent en sanglots, et chacun d’eux est une lame qui s’enfonce dans mon cœur, je pleure à chaudes larmes et j’ai un mouvement instinctif en avant lorsqu’il s’étrangle presque tellement ses sanglots le secouent. Minato tend la main pour m’arrêter.
Je ne peux pas le laisser comme ça, je ne peux pas le laisser seul dans une telle souffrance. Il pleure de plus en plus fort, j’ai l’impression d’entendre un enfant pleurer sur ma terrasse et je me mets à trembler. Il hurle alors, déchirant la nuit et je me jette en avant mais Minato me rattrape et me sert dans ses bras :
- Laisse-le les pleurer Hanako, c’est important.
Je m’effondre dans les bras de Minato et je me laisse tomber par terre, la tristesse me déchire en deux, je ne supporte pas de l’entendre dans cet état. Minato s’assoit avec moi et me tient dans ses bras tandis que je pleure toutes les larmes de mon corps, les mains sur les oreilles pour couvrir les sanglots de l’amour de ma vie. Je l’entends qui saute de ma terrasse et je tressaille, j’entends ses pleurs s’éloigner et je laisse libre court aux miens, je me laisse enfin pleurer bruyamment et gémir de tristesse dans les bras de Minato qui me réconforte gentiment.
*
Au bout d’un long moment mes larmes sèchent.
- Je ne suis pas sûr qu’il reviendra ce soir, me dit Minato.
- Mais il reviendra ? demande-je la voix enrouée.
Je ne peux pas imaginer qu’il ne revienne pas, j’en mourrais après tout ce que nous avons partagé.
- Bien sûr qu’il reviendra, il est simplement en train de faire le deuil qu’il n’a jamais pu faire.
- Il avait l’air si triste, dis-je tandis qu’une nouvelle larme roule ma joue.
- Il l’est. Il va passer une sale nuit. Tu devrais aller te coucher Hanako, je suis vraiment sûr qu’il ne reviendra pas cette nuit.
- Je ne peux pas, pleure-je encore.
- Je dormirai sur le canapé si tu veux.
Mes larmes redoublent et je serre Minato contre moi, m’abandonnant à une nouvelle crise de larmes.