L'histoire d'amour de Kakashi Hatake

Chapitre 26 : Rupture partie 2

3206 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/11/2024 09:50

Point de vue de Kakashi


Les premiers jours, j’ai l’impression que je pourrais mourir de douleur. Je ressens comme des coups lancinants dans la poitrine qui ne me quittent jamais. J’ai du mal à manger et à dormir et j’ai dû poser quelques jours de repos, ce qui ne m’était jamais arrivé de mémoire. Et j’ai bonne mémoire. Minato est inquiet au possible et a déjà tenté d’envoyer les petits me voir, mais je ne leur ai même pas ouvert la porte préférant faire le mort, même quand Sakura a menacé de la défoncer pour entrer.

Le cinquième jour, je sors de chez moi et je vais chez elle. Je ne peux plus tenir. Je la regarde lire sur son canapé, enroulée dans son plaid. Elle a l’air si malheureuse… je ne supporte pas de la voir comme ça, je saute devant sa porte pour toquer mais je me retiens au dernier moment. Shin a raison, je dois lui laisser une chance d’être avec quelqu’un qui l’aimera normalement, qui n’est pas aussi « atteint » que moi.

Je continue de l’observer, d’absorber chaque détails de son visage et chacune de ses mimiques tandis qu’elle lit. Elle finit par s’habiller pour aller prendre l’air et je la regarde sortir de chez elle. Elle est magnifique, divine, sublime, comme d’habitude. Elle part d’un petit pas en reniflant, les yeux rougis.

Dès qu’elle est hors d’atteinte, je cherche rapidement le double de ses clés dans les pots de fleurs et j’entre chez elle. Être ici, c’est comme être avec elle quand tout allait bien et j’ai l’impression que je peux enfin respirer après ces cinq jours. Je m’allonge dans son lit et je ferme les yeux en respirant son odeur. Je reste un moment, je suis comme bercé d’illusions, qu’elle va rentrer et me trouver là, qu’elle me sautera dessus de bonheur, que nous nous embrasserons en riant et en oubliant tout. Je me redresse pour partir et je vois son élastique posé sur sa table de nuit, celui avec lequel elle attache ses cheveux au-dessus de sa tête en un nid d’oiseau artistique. Je le prends avant de partir.

Lorsque je rentre chez moi, la douleur est encore pire, j’ai rouvert ma plaie. Son élastique ne quitte plus mon poignet.

Evidemment, je la suis. Où qu’elle aille, j’ai juste besoin de la voir. J’ai repris le travail mais dès que j’ai du temps libre je suis avec elle. Elle se remettra et vivra heureuse. Je passerai le reste de ma vie à souffrir en la regardant à distance et ça me convient si c’est pour son bonheur. Au bout de deux semaines, Rinko me choppe après un entrainement et m’oblige à sortir avec eux. Nous allons au restaurant tous les quatre et je m’assieds en face d’Hinari pendant que les garçons attendent nos commandes devant la grillade. Elle essaie de me parler mais je ne l’écoute pas, je me demande simplement ce que peut bien être en train de faire Hanako.

Je continue mes activités et mes missions comme avant qu’elle entre dans ma vie mais la vérité c’est que j’ai un trou dans la poitrine, béant, que rien ne peut combler. Je pensais que ce serait un peu plus facile chaque jours, mais rien ne change. J’ai de la difficulté à m’endormir le soir et à me lever le matin. Plus rien n’est comme avant.

Je passe la soirée chez Sakura et Sasuke ce soir, avec Naruto. Ça faisait longtemps, je me sens prêt à jouer mon rôle et bien qu’ils m’ouvrent la porte avec des yeux inquiets, je les convaincs suffisamment car ils se détendent rapidement. Nous discutons tandis qu’ils boivent du thé et abordons le sujet de Kumo, l’autre mauvaise nouvelle de ces dernières semaines. Nos relations n’ont jamais été aussi tendues depuis nos accords de paix et Minato sent que la guérilla pour récupérer Hanako approche.

-         Mon père m’a dit aujourd’hui que le Raikage demande le rapatriement immédiat de l’une de nos ninjas qui pourrait les aider, dit Naruto.

-         Mais on n’a jamais entendu une chose pareille, répond Sasuke.

J’ignore le regard que me lance Sakura.

-         Apparemment c’est la ninja qui a été cachée à Kumo, donc ils considèrent que puisqu’ils ont accepté de l’aider quand elle en avait besoin, elle doit les aider quand ils en ont besoin.

-         Alors c’est de bonne guerre, dit Sasuke en réfléchissant.

-         Oui, mais mon père pense que ce n’est qu’une excuse et qu’ils la garderont là-bas après ça, il dit que si elle refuse d’y aller, ils viendront la chercher par la force et que c’est une raison suffisante pour ne pas l’y envoyer.

Sasuke hausse les sourcils, surpris, puis me regarde :

-         Vous n’en pensez rien Kakashi senseï ? Vous avez toujours votre mot à dire en général en ce qui concerne les affaires du village ?

-         L’Hokage a raison. J’ai pu constater moi-même pendant cette mission que le Raikage ne reculerait devant rien pour la ramener sur son territoire.

-         Mais il s’est toujours débrouillé sans elle, pourquoi risquer une guerre, aussi précieuses soient les informations qu’elle peut lui apporter, demande Sasuke.

-         Mon père dit qu’il veut l’épouser. Est-ce que c’est vrai ? demande Naruto.

Sakura abat violement les mains sur sa bouche de surprise et les garçons lui lance un regard étonné. Je m’applique à ne pas la regarder et continue simplement :

-         Il a raison, confirme-je.

-         Elle n’a qu’à y aller alors ! Peut-être qu’elle tomberait sous son charme et qu’on éviterait la guerre. Elle serait la femme d’un kage, c’est la classe ! s’exclame Naruto avec son énergie habituelle.

-         Hanako n’a pas de sentiment pour le Raikage, tranche Sakura d’une voix forte.

Je m’applique à regarder le petit sachet en papier avec lequel je joue entre mes doigts.

-         C’est Hanako la ninja concernée ? C’est elle qu’on a envoyé se cacher à Kumo ? interroge Sasuke, surpris.

-         Oui, réponds-je de la voix la plus calme et tranquille que je puisse. 

-         Hanako la même qu’on a rencontrée… commence Naruto la bouche grande ouverte.

-         Oui Naruto, dit Sakura d’une voix sans appel.

Je nage en plein cauchemar et cette conversation est en train de raviver toutes les douleurs que je m’étais employé à enterrer au fond de moi avant de passer cette porte.

-         Alors on se battra, on la protègera et on gagnera. La paix reviendra entre nos pays. Je devrais essayer de contacter Bee, dit Naruto d’une voix calme.

-         Ne vous inquiétez pas, j’ai toute confiance en le quatrième du nom pour nous éviter un conflit, dis-je.

-         Moi aussi, dit Naruto en me souriant.

Sasuke lève un sourcil dubitatif mais ne dit rien. Il est le plus malin des trois et il a bien compris que ça ne finira pas bien. 

-         Je vais y allez, annonce-je un peu plus tard.

-         Je vous raccompagne, dit Sakura en sautant sur ses pieds.

Naruto commence à se lever mais Sakura le rassoit en appuyant sur sa tête. Il la regarde sans comprendre.

-         J’ai des questions à poser à Kakashi senseï.

-         Ça m’intéresse aussi ! Tous les conseils sont bons à prendre, se recrie-t-il.

-         Ne discute pas Naruto, tranche Sasuke d’une voix calme.

Sakura m’accompagne un petit bout de chemin en silence.

-         Ça va ? demande-t-elle finalement.

Je lui lance un regard éloquent sans répondre.

-         Que s’est-il passé ? continue-t-elle la mine triste.

Je m’arrête et regarde les étoiles, tâchant de décider si je dois parler de tout ça à Sakura. Même quand je me persuade que oui, je vais lui dire, les mots ne sortent pas. Elle s’assoit sur un banc pas très loin et le tapote, je m’assois avec elle. Nous restons en silence quelques minutes :

-         Tu n’as pas mieux à faire du reste de ta soirée ? demande-je.

-         Je vous assure que non, dit-elle sûre d’elle.

Le silence retombe et j’apprécie son soutien indéfectible.

-         Vous avez passé du temps ensemble dernièrement ? demande-t-elle.

-         Non.

-         C’est bien ce qu’il me semblait, elle avait l’air malheureuse comme tout et je sentais bien qu’elle m’évitait. Peut-être que…

-         C’est fini Sakura, nous ne nous verrons plus, la coupe-je.

-         Mais vous l’aimez bien non ? demande-t-elle de sa voix la plus douce.

Je ne réponds pas, je sens que mon cœur se brise encore. Je ne peux pas supporter l’idée que ce soit fini pour de bon. Face à mon silence, Sakura s’appuie gentiment contre moi tandis que je fixe le sol. Elle reprend :

-         Parfois on a l’impression qu’il n’y a plus aucun espoir, et puis les choses évoluent et tout change senseï. Il suffit parfois d’un battement d’ailes pour modifier le cours des choses.

-         C’est moi qui ai mis fin à notre… amitié. Un battement d’aile ne changerait donc pas grand-chose.

-         Pourquoi ? chuchote-t-elle gentiment.

-         Je ne suis pas bon pour elle, je suis trop … moi.

-         Pas bon pour elle ? Pourquoi pensez-vous que c’est à vous de décider ce qui est le mieux pour elle ?

-         Ce n’est pas vraiment moi. C’est l’un de ses amis qui m’a ouvert les yeux.

Je n’en reviens pas de parler de ça avec Sakura, depuis le temps que j’attends d’avoir ses conseils, nous y sommes, j’ai enfin sauté le pas. Je me suis décidemment attendri ces derniers mois. C’est plus facile de lui parler sans la regarder, en fixant le sol. Son contact me fait du bien également, il est très réconfortant.

-         Shin ? demande-t-elle.

-         Tu le connais ?

-         Oui, il vient la voir tout le temps au travail, tout le monde sait qu’il est raide dingue d’elle depuis qu’il est genin, sauf elle. Pourquoi avoir écouté ce type ? demande-t-elle.

-         Parce qu’il la connait mieux que moi.

-         Vous en êtes sûr ?

-         Il la connait depuis toujours.

-         Ce n’est pas parce qu’il la côtoie depuis toujours que ça signifie forcément qu’il la connait et qu’il sait ce qu’elle veut. En raisonnant ainsi alors je devrais être avec Naruto et pas Sasuke à l’heure actuelle.

Je médite ses paroles qui renversent la perspective dans ma tête. Sakura a l’air très heureuse et épanouie avec Sasuke, pourtant il est très renfermé et distant d’apparence. Je pense à mes points communs avec Sasuke. Sakura rallume une flamme d’espoir dans mon cœur.

-         Il te rend heureuse ? demande-je.

-         Plus heureuse que je n’aurais jamais pensé l’être. Pourtant il est compliqué, la communication n’est pas toujours évidente et il est plutôt réservé en public, mais quand nous sommes seuls il est tout à fait différent. Et je crois que tout ce qui compte c’est ce que je partage avec lui, je sais la relation que nous partageons lui et moi et je me fiche éperdument que tout le monde pense que je suis avec un homme froid et distant qui ne m’aime pas vraiment. Moi je connais la vérité.  

Passent devant mes yeux tous les moments de complicité échangés avec Hanako lorsque nous sommes seuls et à quel point elle parait heureuse, toujours en train de sourire et de rire, jusqu’à glousser comme une écolière insouciante. Elle n’est pas comme ça au quotidien, elle a beau être lumineuse et souriante… ce serait moi qui la rends comme ça ? Juste heureuse… S’abat sur mes épaules le fait que je l’ai complètement abandonné. Elle ne me le pardonnera jamais, je l’ai vu pleurer toutes les larmes de son corps à cause de moi, je l’ai rendue bien plus malheureuse qu’heureuse.

-         J’ai tout gâché. Elle me rejettera. 

-         Vous n’avez pas essayé de la tuer ?

-         Non, dis-je sans comprendre.

-         Bon, alors vous avez encore de la marge comparé à Sasuke et moi, dit-elle.

Après un cours blanc, nous rigolons doucement sans pouvoir nous retenir face à l’absurdité de ce qu’elle vient de dire.

-         Comme quoi tout espoir n’est jamais perdu. Même quand il y a tentative de meurtre, dit-elle.

-         Oui… merci Sakura. Vraiment.

Elle se redresse et me sourit :

-         Un battement d’aile je vous dis…

Nous nous disons bonne nuit et je m’élance en direction de chez moi. Peut-être que si je m’excuse une dernière fois elle me pardonnera, je pourrais bien m’excuser à genoux d’ailleurs tant je suis honteux de l’avoir rendu si triste, lui expliquer toute la situation, lui reporter ma conversation avec Shin et Sakura. Sans que je le décide consciemment, mes pas me conduisent finalement chez elle.

Je l’imagine me pardonner et m’embrasser de toutes ses forces et mon cœur s’envole. Je sens déjà la douceur de sa peau sous mes doigts et le son de son rire espiègle dans mes oreilles. Mon être est électrisé, je vais sauter sur sa terrasse et m’excuser jusqu’à ce qu’elle trouve la force de me pardonner, même si je dois rester des jours devant sa porte. Je revois son visage d’ange lorsque nous discutons au lit, que je suis juste au-dessus d’elle et que je peux admirer chaque détails de ses traits, quand elle rit en remontant la couette pour se cacher, quand elle se tortille contre moi quand je l’embête. J’ai l’impression de rouvrir toutes les portes que je m’applique à fermer depuis des semaines.

Je ne mérite pas qu’elle me pardonne facilement pour ce que je lui ai fait, je mérite de souffrir infiniment et pourtant, si elle acceptait ne serait-ce que de me parler, je serais déjà comblé. La vie n’est pas juste.

J’atterris sur sa terrasse en pleine nuit – pour changer – et je me précipite à sa porte avant de m’arrêter net.

La vie est juste. Le karma vous rattrape toujours visiblement. Il doit être une heure du matin et elle est endormie dans son canapé, appuyée sur Shin, qui a passé un bras autour de ses épaules et qui la caresse du bout des doigts en regardant la télé.

Le choc que ça me procure me ramène sur terre avec une violence inouïe. Je ne peux plus détourner mon regard de pareil spectacle. Quand je pense que ça pourrait peut-être être moi à sa place j’en suis malade. Il s’aperçoit qu’elle dort et la prend délicatement dans ses bras, puis il l’emmène dans sa chambre.

Je pars plus vite que je ne suis jamais parti de chez elle. Je ne souhaite absolument pas être spectateur de ce qui pourrait se passer ensuite. J’en ai la nausée et je suis furieux après moi-même. Et après lui. Et après la vie.

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