L'histoire d'amour de Kakashi Hatake

Après avoir déposé Hanako à l’hôpital, je me rends dans le bureau du quatrième du nom afin de lui faire mon rapport. Je n’oublie pas de lui parler de la hausse des empoisonnements, il était bien évidemment au courant - il sait tout - et s’inquiète légèrement de la situation.

-         Tout ce qui sort de l’habituel est inquiétant pour le village de Konoha, je soupçonne nos récents ennemis du pays des ronces. Hanako doit retourner en forêt demain, je vais m’arranger pour lui attribuer des genins pour te libérer donc tu peux disposer, dit-il en se retournant vers la fenêtre pour observer le soleil se coucher sur Konoha.

-         Ce n’est pas la peine senseï, je suis en repos demain, je peux m’en charger. Ça m’occupera.

Minato arbore alors un sourire en coin et chuchote malicieusement :

-          Alors ça, je l’aurais parié.

*

Je marche tranquillement dans les rues de Konoha les mains dans les poches, pour retourner chez moi. L’air est doux et la balade est agréable.

-         Bonsoir Kakashi senseï !

-         Bonsoir Naruto, comment s’est passée ta mission au pays des vagues ?

-         Très bien, je suis ravi d’avoir revu Inari ! Il vous passe le bonjour d’ailleurs. Je vais manger chez Ichiraku avec Sasuke et Sakura, vous vous joignez à nous ?

J’allais décliner comme bien souvent, mais ma journée ayant été complètement différente de d’habitude, je décide d’accepter.

-         Super Kakashi senseï ! Comme ça, vous pourrez nous inviter ! s’exclame gaiement Naruto.

-         Alors là, tu rêves.

Arrivés chez Ichiraku, Sakura bondit de son siège en m’apercevant :

-         Kakashi senseï ! Ça alors, c’est super que vous soyez venus !

-         Eh oui Sakura, répond Naruto, je l’ai croisé dans le village sur ma route pour venir, et il a gentiment proposé de nous offrir le repas !

Il éclate de rire tandis que je lève les yeux au ciel. Ce gamin ne changera jamais même maintenant qu’il est adulte. Je salue également Sasuke, qui reste plutôt silencieux, comme d’habitude. Comme moi.

Naruto et Sakura bavardent allégrement sur tout un tas de sujet et notamment notre première mission en tant qu’équipe 7 au pays des vagues. Je suis au fond de moi ravi d’être avec eux ce soir, et si j’accepte si peu leurs invitations, c’est simplement pour chérir un peu plus les moments où l’on se retrouve tous les quatre.

 Je suis si fier d’eux, ils sont tous les trois devenus des ninjas extraordinaires, dignes des ninjas légendaires. 

-         Il va falloir que j’y aille, s’exclame Naruto quelques heures après, Hinata va s’inquiéter sinon.

-         Je ne suis pas sûr qu’elle s’inquiète de ta sécurité, tu es l’un des ninjas les plus fort de Konoha, bien que ne m’arrives pas à la cheville, dit malicieusement Sasuke.

-         Alors là tu rêves ! crie Naruto en sautant sur ses pieds.

-         Allez ça suffit les garçons, vous reprendrez votre petite guerre demain, je me lève tôt pour l’hôpital demain matin, tranche Sakura. On y va Sasuke.

Après que j’ai -évidement- payé l’addition, nous repartons chacun de notre côté. Sasuke a l’air plus ouvert depuis qu’il est avec Sakura, bien que ce ne soit pas devenu un grand bavard, il est plus loquace et a l’air plus heureux et apaisé. Je ne sais pas pourquoi mais je médite sur cela en rentrant chez moi dormir.

*

Après m’être réveillé aux aurores je me rends au cimetière, comme d’habitude, sur la tombe de Rin.

-         Salut Rin, j’espère que tout va bien là où tu es. Je ne fais pas grand-chose d’extraordinaire ces derniers temps, j’aurai dû être en repos aujourd’hui mais je ne le suis pas alors je t’apporterai de nouvelles fleurs une prochaine fois. Je dois m’occuper de la protection d’une ninja. Elle me fait un peu penser à toi. J’ai l’impression qu’elle aussi pourrait devenir mon amie un jour. Je ne sais pas pourquoi. Tu me manques. Je vais allez faire un coucou à Obito avant de partir.

*

J’observe discrètement Hanako devant les grandes portes de l’hôpital, caché au creux d’un gros arbre avec une bonne vue sur le bâtiment. J’ai beaucoup réfléchi à la journée de hier et je suis bien décidé à ne pas me laisser influencer. Aujourd’hui, pas question de se laisser troubler. Je saute agilement à son côté.

-         Bonjour Kakashi ! J’espère que tu as bien dormi.

-         Bonjour, très bien. Désolé pour le retard. Allons-y.

En l’observant quelques minutes ce matin, j’ai pu voir à quel point toutes les personnes passant à côté d’elle lui sourient et la saluent. Je l’ai observé aider une vieille femme à passer les portes, ce qui m’avait fait penser à Obito et son cher clan de vieille dame.

Une fois arrivés à destination, nous reprenons nos rôles de la veille. Adossé contre un tronc, je parvins à l’ignorer pendant quelques minutes avant de me rendre compte que mon œil droit a une fois de plus quitté mon livre. Il faut dire que sa beauté va de pair avec sa gentillesse. Quel mal peut-il y avoir à l’admirer, et puis finalement ça fait partie de mon rôle de la surveiller. Je passe donc ma journée à la « surveiller » tout en faisant semblant de lire.

Quand le soleil décline, elle vient vers moi, une magnifique fleur à la main. Le soleil couchant se reflète dans ses cheveux, colorant ses mèches de rivière dorées. Je suis un instant subjugué et ne réagit pas tout de suite lorsqu’elle me tend la fleur :

-         Tiens je l’ai cueillie pour toi.

Je fixe son superbe sourire sans réagir. Une fleur ? Pour moi ? Kakashi Hatake en train de se faire offrir une fleur ? Je ne comprends pas ce qui me prend alors de saisir délicatement la fleur entre mes doigts.

-         C’est une fleur d’Hortensia. Pour te remercier.

-         Je…

Soudain, une sensation terrible, que je ne connais que trop bien s’empare de moi. En une fraction de seconde, je suis debout protégeant Hanako. Un sifflement sur la droite. Je bondis dans les airs, lâchant l’hortensia et lance chirurgicalement mes deux Kunaï sur la gauche en direction de deux hommes encore dans les arbres tandis que mon pied dévie le kunaï ennemi arrivant de droite. J’atterris silencieusement sur le dernier ennemi en vie, que j’extermine rapidement avant de bondir pour rattraper la fleur que j’avais lâché, juste avant qu’elle n’atteigne le sol.

-         Des brigands, lâche-je calmement. Ils viennent rarement si près du village.

Hanako est resté vers mon arbre l’air inquiet.

-         Nous ferions mieux de rentrer, dit-elle simplement de sa petite voix douce.

Je m’approche calmement d’elle :

-         Ne t’inquiète pas, il ne t’arrivera rien tant que tu es avec moi. Si tu as encore besoin de temps nous pouvons continuer. Et puis, ce n’était que des brigands sans village, je pense que tu ne risques plus rien.

Elle me sourit et prend délicatement ma main, qu’elle presse. Ce simple contact réveille tout le trouble que je contenais au fond de moi et je suis incapable de réagir ou de retirer ma main tandis que je rougis violement. Merci mon masque.

-         Non ça ira, rentrons s’il te plait Kakashi.

Je la suis sans savoir quoi dire ni quoi faire, tandis qu’elle marche tranquillement m’entrainant derrière elle, me tenant toujours par la main. Mon cerveau refuse de réfléchir correctement. La seule pensée qui m’obsède est : de quoi dois-je avoir l’air, avec une fleur dans la main droite et la main de cette fille dans l’autre. En mon for intérieur, je prie pour que Gaï ne passe pas par ici. J’en entendrais parler jusqu’à la fin de mes jours.

Je suis un ninja de Konoha, le bras droit du Hokage quatrième du nom bon sang. Je viens de tuer de sang-froid trois brigands. Je reprends contenance et retire ma main de la sienne. Elle me regarde simplement et continue sa route tranquillement.

Une fois arrivés à destination, nous retrouvons son amie Jun et l’équipe de Gaï, fraichement rentrés eux aussi.

-         Merci pour ces deux jours Kakashi, tu as été de très bonne compagnie.

-          De très bonne compagnie ?! Kakashi ?! s’écrie Gaï, alors là sortez tous vos manteaux, il va se mettre à neiger les jeunes !

Je lève les yeux au ciel et Hanako pouffe doucement d’une façon adorable :

-         Je vois plus loin que la plupart des gens, pas besoin de mots avec moi.

 Je sens le besoin urgent de partir immédiatement, il faut que je m’éloigne de cette fille.

-         Ravi d’avoir pu t’aider. Je dois y allez.

Je m’élance rapidement dans les rues du village, les laissant planter là. Je repense au premier jour, lorsque je m’étais senti comme percé à jour face à elle. Mais que pourrait-elle bien percer à jour chez moi ? Je me détends. Si vraiment elle avait eu la faculté de lire en moi, elle aurait pu voir toutes les choses horribles que j’avais faites, notamment lors de ma sombre période dans les forces spéciales, elle aurait pu voir toute la noirceur de mon âme. Elle aurait pu voir que la seule part de lumière en moi est infime, surtout face à quelqu’un comme elle qui inonde de lumière la vie des gens qu’elle croise.

*

Après mon rapport de mission et un tour au marché, je me retrouve chez moi, seul dans le silence. Avec délicatesse je retire la fleur d’hortensia que j’avais caché dans ma sacoche de shuriken et la dépose dans le petit vase que je viens d’acheter.

 Assis en tailleur, dans le noir, je fixe longuement cette fleur, me remettant en question.

Je pense à Rin et Obito, comme bien souvent. Comme j’aurais aimé qu’ils soient là, j’aurais aimé que Rin puisse m’expliquer pourquoi cette drôle de fille m’avait offert cette fleur : « Par gentillesse » m’aurait-elle sans doute répondu tandis qu’Obito m’aurait lancé un pic pour m’embêter et ramener l’attention de Rin sur lui.

Mais la question que j’aurais réellement voulu pouvoir lui poser, c’est pourquoi moi j’avais gardé cette fleur.