Guerre et Paix, ou Mariage Orthodoxe

Chapitre 1 : Prologue

2009 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/01/2025 22:20

Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum de fanfictions.fr Le Dilemme (janvier à février 2025)



Guerre et Paix, ou Mariage Orthodoxe
Prologue



Avertissement, cette histoire est une réinterprétation très libre des mythologies grecque et slave où exactitudes mythiques et liberté artistique s’entremêlent.




Au pays des dieux, Hellade la magnifique, il y a très longtemps, à l’époque mythique de l’Âge d’Or, dans une certaine ville, au bord de l’Océan immense vivait Héra, fille benjamine de Cronos et de Rhéa. Celle-ci passait la moitié de l’année chez son oncle, préférant se tenir éloignée des intrigues de la cour.


Par un beau jour de mai, alors que la déesse se promenait dans son élégante robe bleu nuit avec des broderies en or et en argent, se couvrant les cheveux d’un fin voile blanc brillant de milles feux, elle discerna dans le coin de son champ de vision une forme vivante. Au milieu des oliviers qui formaient l’allée, avec son parterre de roses blanches, il était aisé de discerner toutes formes vivantes plus grandes qu’une colombe. Elle l’interpella de sa voix mélodieuse et forte : 

— Qui êtes-vous pour me trouver à l’autre bout du monde ? Comment êtes-vous parvenu à entrer sans être repéré par ma garde personnelle ?

La forme vivante s’approcha d’elle en courant, rapide comme la lumière, l’étonnant. S’arrêtant net sur le sentier fait de petites pierres multicolores devant la jeune déesse, l’inconnu ne semblait pas fatigué de sa course. Elle le détailla, intriguée : un jeune homme, ou plutôt un jeune dieu, imberbe, fort et charismatique. Puissant et imposant, élégamment vêtu d’une tunique bleue avec des motifs traditionnels slaves en or, son visage, parfaitement ovale, au teint naturellement pâle des Russes, mettait en valeur ses yeux bleus coruscants et ses cheveux châtains. Le regard sérieux et attirant de l’homme conquit immédiatement son cœur, mais elle ne laissa rien paraître, continuant à le fixer avec dédain.

— Noble dame, princesse Héra Cronide, la fille de Cronos à l'esprit retors et de Rhéa, affirma-t-il de sa voix grave, s’agenouillant pour faire un galant baisemain à la jeune déesse rougissante. Je suis Peroun Svarogitch, dieu slave, russe plus exactement, du tonnerre, de la foudre, de l’orage et des guerriers, fils aîné de Svarog, dieu du feu, de la justice et protecteur des forgerons, et de Lada, déesse du mariage, de la fertilité et de l’amour. Vous pouvez m’appeler Zeus en Grèce. D'ailleurs, dès mon arrivée dans ce merveilleux et chaleureux pays, j’ai été surnommé Zeus par les premiers hommes mangeurs de pain et buveurs de thé que j’ai rencontrés. Vous, Hellènes, êtes un peuple bien hospitaliers, mais beaucoup moins que mon peuple, termina-t-il avec une pointe d’arrogance dans sa voix, éclat de fierté dans le regard.

La jeune déesse sursauta en entendant le nom grec du bel Russe.

— Peroun, ou Zeus, pour le dire à la grecque, s’exclama-t-elle, pointe d’arrogance et de fierté dans la voix et le regard. Je le sais bien que mon peuple est hospitalier envers tous les hommes, autant envers ses semblables qu’envers les barbares.

Zeus se releva, faisant face à l’Immortelle. Cette dernière, gênée de soutenir longtemps le regard du dieu qui semblait refléter les nuances du ciel, porta sa blanche main droite au front, baissant ses sombres yeux brillants au sol.

— … Aussi, vous avez le même prénom grec que celui de mon plus jeune frère… 

Elle éclata en sanglots, laissant libre cours à ses larmes. Le dieu donna un fin mouchoir en dentelle de la poche interne de son vêtement à la jeune femme qu’elle accepta.

— … Défunt…

Un silence lourd s’installa pendant quelques minutes.

— Héra aux bras blancs, daignez-vous m’accepter comme hôte pour quelques jours ? l’interrogea-t-il d’une voix blanche, lueur d’inquiétude dans ses yeux clairs. Nous pourrions parler de littérature, de poésie et de politique, autour d’une tasse de thé, si vous le souhaitiez !

Piquée, la Grecque répliqua : 

— Zeus, venez chez moi ! Vous êtes mon invité d’honneur ! Et nous parlerons de littérature grecque, française, russe et internationale !

Les jeunes dieux rentrèrent rapidement dans le palais qui faisait office de maison d’été de la famille royale grecque. Autour d’un samovar d’argent remis par le dieu à la déesse en cadeau, entre deux tasses de thé, en tête-à-tête, les jeunes dieux discutaient de thèmes les plus divers, allant de la politique nationale et internationale en passant par la littérature classique, la musique et la cuisine.



Plus les semaines passèrent, plus les deux jeunes se liaient d’amitié. Amitié qui devint rapidement un amour réciproque. Peroun finit par accepter le nom de Zeus au contact de Héra se promit qu’il demandera sa main, la désirant ardemment pour épouse légitime et non seulement pour maîtresse.



Un jour, apportant un bouquet d’iris d’Allemagne, Peroun-Zeus s’assit à côté de Héra et lui demanda, enlaçant contre lui la jeune Grecque, d’un ton sérieux.

— Héra, voudrais-tu bien m’expliquer cette histoire de ton frère ? Je suis assez curieux, et il faut que je sache un peu à quel personnage ressemble mon futur beau-père !

Yeux agrandis d’étonnement et de joie, elle s’écrie : 

— Zeus ! Tu penses m’épouser ! Et nous vivrons où ? Chez toi dans ta froide Rus ou ici, dans ma belle et tempérée Hellade ?

— Entre les deux royaumes, suggéra-t-il, petit sourire dans le coin des lèvres. Ainsi, je serai tsar de toutes les Russies et de l’Hellade, par alliance. Et tu seras tsaritsa de toute l’Hellade et de toutes les Russies, par alliance. Ma seule et unique épouse ! Notre drapeau sera l’aigle bicéphale couronné tenant les symboles de royauté sur un fond blanc, bleu et rouge ! 

La délicate déesse lui sourit, avant de se rembrunir.

— Zeus, mon amour bien-aimé, ne pense pas que mon père, le cruel Cronos à l’esprit retors, t’acceptera facilement comme gendre ! 

— Pourquoi ? s’étonna-t-il, lueur d’inquiétude dans ses charmants yeux bleus que Héra pouvait fixer toute la journée et percevoir la moindre variation, reflétant le ciel, allant de bleu ciel, au bleu-gris, en passant par des nuances plus foncées lorsque fâché, gêné ou attristé.

— Parce qu’il a peur d’être détrôné ! 

— Serait-ce rattaché avec l’histoire de ton frère, Zeus ? 

La question qui fusa dans les airs eut l’effet de retourner le couteau dans la plaie pour la déesse. Cette dernière baissa la tête et murmura : 

— Ou plutôt, devrais-je préciser, que sa peur est rattachée à mes frères ! 

Ressentant le regard interrogateur de son divin amant sur elle, elle continua d’un ton larmoyant.

— Nous sommes six enfants, issus de l’union du roi et de la reine des Hellènes, à savoir…

Elle énumèra de ses fins doigts manucurés les noms des enfants, faisant cliqueter ses bracelets d’or sertis de topaze.

— Hestia, Hadès, Poséidon, Déméter, Zeus et moi.

Le Rus opina du chef, fronçant des sourcils, perplexe de ce qu’il pourrait entendre.

— … Et un jour… À l’âge de cinq ans… Mon père est rentré au palais très en colère, ses yeux lançaient des éclairs, il est devenu plus agressif et violent envers tout le monde… Une rumeur courait à l’époque sous une forme de prophétie prononcée par une vieille tsigane, surnommée Gaïa, une diseuse de bonnes aventures. Elle avait prédit que l’un des fils de Cronos le détrônera devenu adulte… Je l’ai entendu de l’un de mes gardes du corps et de l’un de mes prétendants…

Les yeux du dieu et le ciel s’assombrirent brièvement avant de reprendre leur lueur normale et le ciel demeura dégagé.

— … Et Cronos, le terrible, à ordonner d’emprisonner mes frères, Hadès, Poséidon et Zeus, en plus de certains cousins et oncles, les Hécatonchires, ceux que tout le monde surnommaient « les hommes au cent bras », tellement ils étaient influents dans notre pays. Et trois jours plus tard, lors d’une sortie en famille, Cronos est parti seul avec mes trois frères, …

La gracieuse déesse éclata en sanglots. Zeus, stoïque, essaya de calmer la crise de larmes de la jeune Immortelle.

— … mais lorsqu’il revient, il est seul… Je pense qu’il a commandé leur assassinat, voire qu’il les ait tué de ses propres mains ! Rien ne m’étonne de lui ! … Ce jour, je me rappelle, gravé dans ma mémoire… Le sourire sadique qu’il ne parvenait pas à camoufler… Sa démesure à table…

Mine pensive, Zeus demeura coi, réfléchissant et se remémorant les dernières paroles de sa défunte épouse, Elena de Pologne et de Livonie*.

— Perunik chéri, lui a-t-elle supplié sur son lit de mort, n’oublies pas que tu auras des choix difficiles à faire dans la vie, mais écoute toujours ton cœur ! Penses au futur et au meilleur de tous ! Ne sois pas égoïste…

Serrant la main d’Elena, il lui répondit : 

— Léna, ton conseil, le plus sage de tous, est gravé à jamais dans ma mémoire. Repose en paix, ma chère, je sais que je ne peux changer ton destin, malheureusement !


Après plusieurs minutes de silence, le Rus s’exclama : 

— Mais je veux le voir néanmoins ce mystérieux beau-père ! Je te propose que nous formions un plan A, B et V !** Je n’aime pas me lancer à la rencontre de Cronos à l’esprit retors de but en blanc ! Il faut soigneusement planifier le moindre pas.

— Je te donne carte blanche pour ton procédé d’action auprès de mon père… Mais sache que je mets un droit de véto, ne sois pas le meurtrier de mon père ! Tout cruel qu’il soit, je ne pourrais accepter de vivre avec toi alors que tu as versé un sang immortel !

Il opina du chef pour signifier qu’il comprenait.

— Plan A, continua-t-il, tu reviens seule au palais royal, ne me mentionnes pas à ton paranoïaque de père, j’observerais les environs sous une forme animale, tu me reconnaîtras au chant. Plan B, selon l’évaluation faite au plan A, je me présente chez ton père, soit pour demander officiellement ta main, soit pour me mettre à son service, en titre d’échanson. Si je suis dans une impasse en tant qu’échanson, je passe au plan V, je monte mon cheval ailé, mon très fidèle cheval, et tu sautes par la fenêtre de ta chambre, pour t'enfuir et je te marie en sol russe.

La Grecque approuva son plan.




À suivre


_____

* La Livonie désigne la Lettonie actuelle. Aussi, les informations concernant Peroun sont exactes, sauf celle en rapport avec son épouse. Son identité n’est guère précise, donc nous inventons cette partie-ci pour notre histoire, de même que le rapport russo-grec. Bien que Peroun soit communément considéré semblable à Zeus et à Jupiter par ses fonctions et importances.

** Dans l’alphabet cyrillique, russe, les trois premières lettres sont А, Б et В), alors que dans l’alphabet grec, les trois premières lettres sont A, B et Г. La troisième lettre seule diffère, pour les Russes, c’est V, pour les Grecs, c’est G.

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