Patrocle

Chapitre 13 : Misthios

3263 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 03/09/2022 19:06

Ramsès garda le silence. Il avait trouvé Patrocle assis dans le lit, le visage pâle, mais les yeux grands ouverts. C’était impossible qu’il soit toujours en vie. Il resta interdit un moment, ne sachant que faire. Alors, il prit une profonde inspiration et demanda aux brancardiers de sortir de la tente. Sinoué alla ensuite au chevet du lit, et regarda les sutures et les hématomes autour.

— Tu devrais être mort, déclara Sinoué ahuri après avoir examiné Patrocle. Ton poumon était perforé, et tes os brisés. Je ne comprends pas ce qui se passe.

— C’est que tu as fait du bon travail, répondit Patrocle d’une voix faible.

Il avait du sang séché sur le menton et le cou.

— Ce n’était pas mon chirurgien, intervint Ramsès. Une vieille sorcière s’est occupée de toi.

— Elle était très douée.

— Tu peux nous laisser maintenant, dit Ramsès à Sinoué.

Ce dernier se leva, mais regarda une dernière fois Patrocle avant de se retirer en secouant la tête. Ramsès de son côté, remplit un pichet d’eau et le donna au jeune homme.

— Bois ça, dit-il. Tu as perdu beaucoup de sang.

Patrocle ouvrit les yeux et tendit la main pour attraper le gobelet. Il grimaça quand le geste tira sur ses points de suture. Puis, il but à grandes gorgées. L’effort sembla l’épuiser et il s’affala contre son oreiller.

— Tu dois reprendre des forces, lui expliqua Ramsès. Une esclave va s’occuper de toi, et te faire livrer à manger.

— Pourquoi fais-tu ça ?

— C’est la moindre des choses, dit Ramsès en détournant les yeux. Tu m’as sauvé la vie, et je ne l’oublierai pas.

Patrocle soupira et se mura dans le silence.

— Cette… femme m’a dit que je connaîtrai la paix, dit Ramsès d’une voix douce. Je ne sais pas ce qui se passe, mais le soleil est plus radieux que jamais, et je n’éprouve plus aucune colère.

— C’était ton souhait ? demanda Patrocle d’une voix détachée.

— La paix de l’esprit, oui. Mais passons la dessus, je veux que tu viennes avec moi en Egypte, et que tu formes ma garde rapprochées. Tu auras une place d’honneur et tu ne manqueras de rien.

Patrocle sidéré le regarda ahuris.

— Que je forme ta garde ? Mais ne suis pas… je veux dire… je n’ai jamais.

— Castor et Pollux ont refusé de t’écouter, et ils l’on payer cher. Mon père a ignoré ta mise en garde et a failli perdre la guerre. Aussi moi qui me nomme Ramsès, je refuse de faire cette erreur, tu seras mon conseillé militaire et je te nomme a cet instant chef de ma garde rapprochée.

— Je refuse les privilèges. Dit froidement Patrocle.

— Ce n’en est pas un. Puisque tes conseils sont excellents, ta rémunération doit être élevée et ton travail encouragé.

Patrocle ferma les yeux un moment, puis regarda Ramsès dans les yeux.

— Ce ne sera que pour trois années.

— Accordé.

— Et j’emmène avec moi Dates le spartiate.

— Accordé aussi, dit Ramsès amusé. Autre chose ?

— Si j’osais…

— Ose.

— Pourrais-tu envoyer quelques têtes de bétails à mon maître Chiron.

— Je lui enverrai cent taureaux et deux cent vaches laitières dès demain.  

Patrocle allait répondre lorsqu’un soldat se présenta devant eux.

— Pardon altesse, mais le soldat Patrocle est convoqué.

— Par qui ? demanda Ramsès furieusement.

— Par l’empereur Mouwatalli, il désire recevoir l’Hoplite Sanguinaire.

Ramsès regarda Patrocle et ce dernier poussa un soupir fatigué, puis inspira longuement et se leva en grimaçant de douleur.

— Je vais venir dans un instant, le temps pour moi de de me changer.

— Fort bien, je vous attends dehors.

Après le départ du garde, le prince regarda son ami et sourit plus amusé que jamais.

— Hoplite Sanguinaire, te voilà très célèbre mon jeune ami.

— Maudit soit le jour où j’ai souhaité la gloire, dit Patrocle en soupirant.

 

*

 

Mouwatalli resta consciencieusement immobile alors que l’on soulevait sa longue natte pour que le couteau acéré puisse faire disparaître les poils de sa nuque. Sa peau flasque se couvrait de plis, mais les mains du serviteur ne tremblaient pas.

— Une cicatrice et je te fais couper les deux mains », menaça soudain l’empereur.

Son coiffeur s’immobilisa un instant, puis reprit sa tâche en appliquant de l’huile végétale sur le visage de son monarque. Le couteau passa rapidement au-dessus de l’oreille droite de Mouwatalli, puis l’homme vint se planter devant ce dernier.

— Mettez la tête en arrière, sire.

Mouwatalli tendit le cou sans la moindre hésitation. Le serviteur acheva son ouvrage avant de faire un pas en arrière. Le souverain jugea de la qualité du travail en se passant la main sur le visage.

— C’est bien, Boli, décida-t-il enfin. Mais, dis-moi, pourquoi ma menace ne t’a-t-elle pas fait perdre tes moyens ?

L’homme haussa les épaules.

— Je l’ignore, sire.

— Dans ce cas, je vais te le dire, répondit un Mouwatalli hilare. Tu avais prévu de me trancher la gorge avant de t’enfuir, si d’aventure tu venais à me couper.

Boli écarquilla les yeux et le roi put constater qu’il avait vu juste. Il se leva avec un petit gloussement de gorge.

— Ne te tracasse pas pour si peu, fit-il.

— Mais… si vous saviez cela, seigneur, pourquoi m’avez-vous menacer ?

— Un zeste de danger ajoute un peu de piment à l’existence et, par les couilles de Marduk, quand on a quatre-vingt-trois ans, on a besoin de beaucoup de piment. Va me chercher Hattousil.

Mouwatalli se campa devant son miroir en bronze. Il haïssait ses membres décharnés, les replis de chair qui pendaient de ses joues et les poils blancs de sa longue moustache. Par moments, il regrettait d’avoir toujours été aussi doué pour repérer les traîtres. Peut-être aurais-je dû laisser Ouri-Téchoup me tuer, songea-t-il.

Son fils était un bon guerrier, fort et orgueilleux, mais il n’avait pas supporté de voir son père continuer à diriger les hittites alors que lui-même avait passé le cap de la cinquantaine. La révolte avait été de courte durée : l’armée rebelle s’était fait anéantir et Mouwatalli avait vu son fils se faire lentement étrangler devant ses yeux.

Il se détourna du miroir au moment où entrait l’homme qui s’était personnellement chargé de l’exécution. Grand et large d’épaules, Hattousil avait des hanches étonnamment étroites. Il suivait le style de coiffure des hittites – crâne rasé et longue natte tressée – mais ne se laissait pousser ni la barbe ni la moustache, préférant en cela la mode des Grecs du Sud.

— Bonjour, altesse, fit-il en saluant bien bas. J’espère que vous allez bien.

— Oui, même si la définition de ce terme change sensiblement à mon âge. Le Grec est arrivé ?

— Oui, il vous attend.

— Bien ! Mais dis-moi ? Quel genre d’homme est-il ?

— Il est très jeune, pas plus âgé que mon fils.

— Un enfant, donc !

— Peut-être… il est difficile à cerner. Il peut avoir le regard froid et je me méfierais de lui si je devais l’affronter. Quant à sa nature, je ne sais pas. D’après mes sources le prince Ramsès lui y a offert un poste en Egypte.

— Je vois… fais-le entrer maintenant, ordonna Mouwattali.

Hattousil s’inclina puis se retira, il revint un moment plus tard avec Patrocle. Et Mouwattali écarquilla des yeux en le voyant de près. Par les dieux il est si jeune, pas plus âgé que son arrière-petit-fils, mais il avait quelque chose dans ses yeux noirs, une maturité foudroyante et une sérénité qu’on ne trouvait que chez les personnes âgés. Ce dernier s’agenouilla devant l’empereur et ce dernier lui fit signe de se relever.

— Bienvenue dans ma tente, Patrocle. C’est un honneur que d’accueillir un soldat tel que toi.

— Tout l’honneur est pour moi, votre majesté. Il est rare d’être invité en privé par un roi de votre stature.

— Tu parles bien, Grec, mais laissons là les civilités. Viens t’asseoir à mon côté et dis-moi ce que tu fais avec les Egyptiens.

Patrocle s’exécuta.

— Un Misthios va là où on peut l’employer, expliqua-t-il. Le prince Ramsès a été assez bon pour me proposer un poste temporaire.

— Temporaire ?

— Je dois former quelques centaines de soldats pour qu’il puisse garder sa frontière avec la Nubie et lui constituer une garde royale.

Mouwattali sourit, ce qui révéla ses dents jaunies, horribles.

— Et qu’en est-il du Hatti ? Que pense-t-il de la situation ?

— Elle ne lui plaît guère, mais j’imagine qu’il en irait de même pour vous si vous vous trouviez à sa place. Mais je l’ai convaincu de ne rien tenter. Pour avoir le moindre espoir, il lui faudrait une véritable armée de mercenaires, et encore ses chances de succès resteraient-elles limitées.

— Tu es extrêmement direct, fit un Mouwattali surpris.

— Je ne trahis là aucun secret, votre majesté. Et je sens bien que ce serait une… erreur que de vouloir vous mentir.

— Dernière question, Patrocle : si Ramsès levait une armée, marcherais-tu contre moi ?

— Naturellement, votre majesté. Je serais un bien piètre soldat si je refusais.

L’empereur laissa fuser un petit rire. « Je pourrais te faire tuer, tu sais. »

— Tout est possible, admit Patrocle en fixant le monarque droit dans les yeux. Mais je ne crois pas que vous le ferez.

— Pourquoi ?

— Parce que vous vous ennuyez, sire… et que, même s’il constitue une menace, certes infime, Ramsès vous intrigue.

— Tu es très observateur, et je crois que j’ai tout intérêt à te surveiller. Mais va, maintenant, et profite de ta soirée.

 

*

La brise soufflait quand Simisée se dirigea vers la pente raide qui menait au camp Grec. Deux gardes la virent. Ils ne la connaissaient pas, se contentant de la laisser passer avec le destrier de sa maîtresse.

Comme cela avait été facile ! Mais qui aurait imaginé qu’une amazone, une guerrière d’Ares, voudrait se mêler à une foule d’hommes vils et puants ? À cette idée, elle sentit les battements de son cœur accélérer de plaisir. Pourtant, elle n’avait pas d’arme avec elle.

La musique se fit plus forte quand elle approcha. Elle vit des hommes et des femmes danser, pris de boisson. À côté, des couples forniquaient. Elle regarda le plus proche. Les fesses de l’homme s’agitaient de haut en bas, et son pénis épais bougeait comme un piston. Les yeux de Simisée croisèrent ceux de la femme, qui sourit et leva un sourcil. Puis elle cligna de l’œil. Simisée lui rendit son sourire et passa son chemin.

Avançant entre les tentes, elle vit un homme s’approcher d’elle, il souleva sa tunique et agita son sexe devant elle.

— Tu me donnes combien pour une petite partie de plaisir ? demanda-t-il.

Simisée le regarda dans les yeux, puis attrapa ses couilles et les lui tordit violement. L’homme cria et essaya de se dégager, mais la poigne de l’amazone était si dure qu’il cessa de bouger.

— Par les dieux… lâche-moi…

— Dis-moi ou se trouve la tente du Hoplite Sanglant ? demande-t-elle d’une voix calme mais terrible.

— Je n’en sais rien… aaah… je te jure.

— La dernière fois que j’ai vu un truc aussi petit, il sortait en rampant d’une pomme, dit-elle en accentuant sa prise. Dis-moi ou est le Hoplite Sanglant ou par Héra je jure que je te ferais bouffer ton minuscule verre a pisse parfumé.

Deux femmes qui traînaient dans le coin éclatèrent de rire.

— Tu peux le relâcher maintenant, dit une voix d’homme.

Elle se tourna, prête à répondre vertement à l’intrus. Puis elle vit qu’’il s’agissait du capitaine Dates de Sparte. Ce dernier était accompagné de deux hommes non-armés.

— Je te connais, dit Dates en souriant. Tu es Simisée l’une des capitaines de Penthésilée.

— Princesse Penthésilée, le tança Simisée.

— Si tu veux, dit-il en haussant les épaules. Maintenant si tu lâchais ce pauvre diable, je crois qu’il eut son comptant.

Simisée obtempéra et l’homme tomba au sol en respirant avec difficulté.

— J’ai crus comprendre que tu cherchais Patrocle ?

— Ainsi c’est son nom, conduis-moi donc à ce Patrocle.

— C’est prince Patrocle, répliqua Dates en souriant. Eh oui, lui aussi est de noble lignage. Mais il ne se trouve pas au camp, il a était convoqué par Mouwatalli, aussi je te propose de t’assoir avec nous pour l’attendre.

— Dans ce cas j’attendrai avec vous. Dit Simisée en opinant du chef.

— Et ce cheval… je connais aussi ce cheval… c’est…

— Cheraunos ! Le cheval qui n’a jamais fait défaut à sa maîtresse.

— Par les mamelles d’Aphrodite, quelle superbe bête, on dit qu’il est le plus rapide de tous, dit Dates abasourdis. Mais que fait-il ici ?

— Ce ne te regarde pas.

— Bon, attendons Patrocle ensemble dans ce cas. Dit Dates en faisant une grimace. Assis toi avec moi.

Dates congédia les deux hommes et Simisée pris place à ses côtés après avoir attaché Cheraunos. Sous le clair de lune, elle vit que son visage, même s’il était vieux, avait une sorte de charme enfantin.

— Dis-moi, est-il vrai que les amazones n’aiment que les femmes et seulement les femmes.

Simisée éclata de rire.

— Est-il vrai que les Hoplite Spartiates sont tous amants ?

— Quelque uns mais pas tous, et tu n’as pas répondu à ma question.

— Quelque unes et pas toutes également, répondit-elle. Certaines aiment les hommes, d’autres non.

— Et toi ?

— J’aime les deux, et aucuns de mes amants ou amantes n’a était déçu. Es-tu marié, Dates ?

— Oui. Je suis l’homme le plus chanceux de la Grèce, car ma femme m’aime ! Chaque fois que je dis ça, je suis émerveillé. Je ne comprends pas pourquoi elle m’aime !

— Alors, tu es réellement un homme chanceux. Mais je suppose que les soldats se marient seulement par amour.

— C’est tous qui nous reste, nous ne sommes pas roi, nous ne contentons de peu. Et ma douce Paleste est un trésor sans nom, puisse les dieux la garder près de moi pour toujours.

Simisée regarda l’homme d’un œil nouveau. Certes, c’était un spartiate et les spartiates l’horripilaient, mais il y avait une touchante honnêteté derrière ses paroles, et un charme qui perça la cuirasse de la jeune femme. Elle regarda le feu un moment puis posa une question qui lui brulait les lèvres.

— Tu as dit tout à l’heure que Patrocle était un prince, Il vient de quel royaume ? 

Il soupira.

— Il avait comme père Ménétios roi de la Locride, un homme qui n’a jamais était présent dans sa vie. Et pour mère une sale garce qui ne méritait pas un fils comme Patrocle ! Philomèle aurait dû naître avec une peau écailleuse comme celle d’un lézard ! Elle avait déshérité son fils aîné, et désigné son autre fils, Clysonyme, comme héritier.

— Pourquoi ?

— Je ne connais pas toute l’histoire, seulement des rumeurs. Tout ce que je sais, c’est qu’il est le dernier élève de Chiron, et qu’il est sait comment chasser et comment pister un animal ou un ennemi.

— Il a pourtant vaincu ma maîtresse au combat singulier, ça montre qu’il est un guerrier d’exception.

— Oh il l’est, mais Patrocle est plus soldat que guerrier, moi qui combat depuis trente ans je peux te jurer que c’est le genre de gars que tu préfères avoir à tes côtés quand la situation dégénère.

— On dirait que tu l’aime bien, fit remarquer Simisée.

— Oh oui, c’est un bon garçon, fit Dates en souriant. Il a combattu avec moi, et a tenu bon jusqu’à la fin.

Dates cessa de parler lorsqu’il vit Patrocle arriver. Ce fut la première vision qu’eut Simisée du jeune homme, et elle fut impressionnée. Il se déplaçait avec souplesse, une main posée sur la garde de son épée. Ses yeux étaient clairs, sa mâchoire solide, et sa morphologie agréable… Il était beau. Elle le détesta aussitôt.

Son avis fut renforcé quand elle le vit prendre place, en face de Dates, l’ignorant totalement.

— Dates, nous devons parler, dit-il.

— Bien sûr. Mais d’abord, permets-moi de te présenter Simisée. Simisée, ma chère, voici Patrocle, notre chef éclaireur.

Il se tourna et inclina la tête à son intention. La jeune femme lui rendit son salut puis se leva et lui présenta le cheval de sa maîtresse

— Selon nos lois, déclare-t-elle d’une voix puissante, moi, Simisée, capitaine de la redoutable princesse Penthésilée, je vous offre, vous le dénommé Patrocle, le cheval de guerre de ma maîtresse. Celle-ci vous envoi aussi un message : notre lutte n’est pas terminée, et ne le sera que quand nous aurons combattu aussi bien avec l’épée qu’avec la lance, aussi bien à pied qu’à cheval. Elle vous reprendra ses deux trésors une fois votre cadavre gisant sous ses pieds.

Patrocle se leva et à son tour et examina le cheval. Cheraunos identifiable a sa robe blanche tissée de fils d’or et d’argent, il admira l’orgueil de son maintien et le port altier de sa tête. Mais un détail l’interpela.

— Vous avez dit ses deux trésors ? dit-il surpris

Simisée croisa les bras et le regarda dans les yeux.

— Ma maîtresse m’envoi vous servir, que ce soit à la guerre, ou… autre chose. Aussi et selon la loi d’Arès le dieu de la guerre, je vous appartiens corps et âme au même titre que Cheraunos.

— Par la barbe de Zeus… murmure Dates en secouant la tête.

Patrocle ferma les yeux, puis les rouvrit et la regarda avec gravité.

— Je pars en Egypte avec le prince Ramsès, vous m’accompagnerez en tant que capitaine et rien d’autre.

— J’accepte, dit Simisée en poussant un soupir soulagé.

— Dates, cela te dirait de venir aussi ?

— Et comment ! s’écria-t-il d’une voix enjouée.

— Dans ce cas ! dit Patrocle en souriant. Nous sommes tous d’accord.     

 


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