Obsidian Heart

Chapitre 2 : Mettre ou ne pas mettre, telle est la question

1072 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/09/2024 21:10

Après s’être donné quelques gifles histoire de se mettre d’attaque pour la journée, Amaya avait enfin levé son popotin du lit. Elle marchait en traînant les pieds comme pour montrer aux fantômes qu’elle n’était pas ravie de la tournure des évènements. Amaya s’arrêta devant sa garde-robe pour décider de la tenue idéale à porter. Elle était fatiguée, certes, mais à ses yeux même le fait d’être six pieds sous terre ne justifierait pas d’être mal sapée.



Le temps à Musutafu n’était pas bien réjouissant et les jours précédant la pluie n’avait cessé de tomber. Amaya jeta un coup d’œil aux prévisions météorologiques, comme si elle avait tout le temps du monde alors qu’on l’attendait probablement de pieds fermes au café. Le pire étant qu’elle détestait arriver en retard quelque part, donc qu’en prenant son temps à choisir ses vêtements et en avançant à l’allure du plus lent des paresseux sauvages elle devrait se dépêcher histoire d’arriver on time et on fleek. 



Elle fouilla dans ses piles de vêtements pour dénicher un jeans rouge, coupe droite dans un style des années 80. Avec ça elle prit un top moulant à manches longues, noir, pour bien aller avec sa veste en cuir. 



Son appartement était petit mais bien rangé et propre, sans animaux. Amaya détestait se retrouver avec des touffes de poils sur ses vêtements. Elle semblait avoir une malédiction avec les bêtes d’ailleurs, celles-ci jetant leur dévolu sur elle comme si c’était le messie tant attendu alors qu’elle les menaçait du regard quand ils faisaient mine de s’approcher. Les animaux devaient se dire que « de la haine à l’amour il n’y a qu’un pas » car les regards ne les décourageaient pas, au contraire. 



Voyant l’heure avancer mais son état pitoyable ne pas s’améliorer, Amaya se dirigea vers la salle de bains adjacente à la chambre avec de grandes enjambées. La lumière lui fit mal à la tête quand elle appuya sur l’interrupteur. L’ampoule blanche près du miroir était particulièrement agressive. Amaya déposa ses vêtements sur un panier et s’appuya sur l’évier pour constater les dégâts du manque de sommeil. 



Sous ses yeux se trouvaient des cernes qui n’auraient pas été là si elle avait pu dormir. Le dicton « il faut souffrir pour être belle » était clairement mensonger. Il faudrait l’adapter en « je souffre et je suis moche » mais c’était certainement moins vendeur. Jusqu’à l’adolescence, Amaya était une jolie fille. Elle aurait pu figurer dans un magazine comme top modèle si l’envie lui était venue mais n’ayant jamais eu trop de désirs ni de motivation dans la vie, elle s’en était abstenue. Vous imaginez l’horreur de manger des salades à longueur de journée ? Très peu pour elle. Les petits sachets faisant office de légumes séchés dans les paquets de nouilles instantanées étaient largement suffisants. 



Si on la voyait de profil, le côté gauche du visage d’Amaya était intact. Ses longs cils noirs approfondissaient son regard et faisaient ressortir l’iris magenta de son œil. Son nez comme son sourcil était fin et élégant. Ses lèvres souvent recouvertes d’un gloss étaient roses et pulpeuses. Le côté droit était moins parfait. Lors d’un combat il y a de ça quelques années, une lame avait touché son front jusqu’à la mi-joue, laissant une trace indélébile sur sa peau. Son œil avait été abîmé et, même si elle pouvait se considérer heureuse de ne pas avoir dû le perdre, il lui causait plus d’ennuis qu’autre chose. La vision de cet œil était aussi bonne que celle d’une taupe, c’est-à-dire pas trop. Les grands objets à deux millimètres de son œil seraient peut-être vaguement captés, et encore. 



Ce que son œil droit savait faire c’était lui donner des migraines. Dès qu’un petit rayon de soleil ou un brin de lumière rentrait dans son champ de vision, sa tête commençait à tambouriner plus fort qu’un marteau piqueur. L’iris autrefois magenta était parsemée de gris. 



Amaya lâcha un long soupir en voyant sa tête. Elle se brossa les dents de manière semi-énergique (son maximum) et tâcha de mettre la vitesse supérieure pour arriver avant la fermeture du café. Une douche presque rapide et un séchage peu qualitatif plus tard, elle put enfin sauter dans ses vêtements car la tenue d’Eve ne lui plaisait pas plus que ça. Elle prit le temps de se maquiller légèrement avec le but premier de supprimer ces maudites cernes et de mettre un semblant de vie sur sa face. Amaya mit son cache-œil rouge et le noua avec un bandeau noir derrière la tête. Ses longs cheveux bruns foncé presque noirs étaient soyeux et la mèche qui lui tombait devant les yeux permettait de rendre plus discret le cache œil utilisé.



Se dirigeant en sautillant pour enfiler ses chaussettes hautes (il faisait frisquet !) tout en avançant, la brunette arriva devant la porte d’entrée. Elle revêtit sa veste de moto et ajouta un sweat-shirt noir par-dessus, sous les conseils de Rumi.



Il fallait en général une bonne journée de préparation psychologique à Amaya quand elle savait qu’elle allait voir Miruko, juste pour parfaire son poker-face et ne pas se transformer en bébé tigre face à elle alors qu’elle était clairement un tigre adulte et menaçant (si si!). Rumi avait juste le don d’être... mignonne ? Parfaite ? Sans le vouloir, en plus. 



Une paire de bottines noires plus tard, Amaya pouvait enfin claquer la porte derrière elle et dévaler les escaliers jusqu’au parking de l’immeuble. Elle enfourcha sa bécane et fit ronronner le moteur. En un crissement de pneus, elle était partie. 



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