Lettres de Kamura
Chapitre 25 : Chapitre XXV — Vingt-cinquième lettre
777 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 24/03/2023 11:21
Chapitre XXV
Vingt-cinquième lettre
Chère Dylis,
J’aurais aimé t’apporter de bonnes nouvelles, mais une fois encore la situation n’est pas très réjouissante ici… Les chercheurs ont observé un rassemblement inquiétant de qurios à la Citadelle. À croire que cet endroit est bel et bien maudit, comme l’ironise l’amiral Galleus.
Il nous a expliqué, au cours d’une réunion, qu’il est fermement convaincu que tout cela est l’œuvre de l’archidémon des abysses, un démon tapi sous terre voué à détruire le monde lorsque tout espoir serait perdu.
J’ai donc été envoyée, avec Dame Fiorayne, enquêter là-bas. Nous avons fait face à un lieu dénué de toute vie, il n’y avait plus rien. Toutes les créatures que nous rencontrions, qu’il se soit agi d’herbivores, de petits monstres ou bien d’insectes, étaient mortes. Seule subsistait la végétation. Ce paysage était désolant.
Le lunagaron auquel nous avons fait face était étrange. Les qurios s’amoncelaient autour de lui, et semblaient le contrôler. Il était agressif, se battait comme un fou, cela n’avait rien à voir avec les lunagarons que j’ai pu observer jusque là. Il fuyait souvent, et nous a même conduits jusqu’à la dépouille d’un zinogre inerte, encore fraîche. C’est près de celle-ci que nous avons achevé la bête, mais à quel prix…
Nous nous apprêtions à repartir, notre tâche complétée, lorsque nous avons observé ce rassemblement de qurios se dirigeant vers un vestige de la Citadelle, une tour scindée en deux. Puis, le sol a tremblé, et la terre s’est fendue. La tour s’est effondrée, tout comme l’île sur laquelle elle avait été bâtie, seul un gouffre béant se présentait à nos yeux. Et de ce gouffre s’est extirpée une créature comme je n’en avais jamais vue – le gaismagorm. Nourri par tous ces qurios, il avait trouvé la force nécessaire à remonter son abîme et s’apprêtait à tout ravager à la surface…
L’amiral Galleus nous l’avait caché, à Dame Fiorayne et à moi, et sûrement à d’autres encore, mais il avait ordonné la construction d’un titanesque navire de guerre, destiné à être utilisé en cet instant. Et bien qu’ils aient bombardé le gaismagorm de toutes parts, il est encore en vie, tapi au fond de son gouffre. Tous ces cratères qui avaient été formés avec le malzeno étaient en réalité l’œuvre de ce dragon ancien qui tentait de remonter.
Nous avons reçu pour ordre de nous reposer et de nous préparer à l’affronter, tandis qu’une équipe de Chevaliers de l’Ordre s’efforce de façonner un campement et un poste d’observation dans les premiers étages de l’abysse où rôde le gaismagorm. Mais je t’avoue qu’il m’est impossible de fermer l’œil. Je t’écris en pleine nuit, à la lumière de ma bougie. Cela fait trois jours désormais, et je redoute le moment où il me faudra descendre pour l’affronter… Tous les Chevaliers en état de se battre seront mobilisés. Même si nous avons reçu pour ordre de revenir en vie, sains et saufs, je compte déjà les corps que nous aurons à remonter à l’issue de notre affrontement…
J’imagine qu’au moment où tu recevras cette lettre, je serai déjà en bas, au combat. J’espère simplement que tu ne te feras pas un sang d’encre, même si je sais bien que je te demande l’impossible.
Si tu veux bien me le promettre, j’aimerais que tu me racontes tout de ton histoire lorsque je rentrerai. Lorsque j’aurai triomphé du gaismagorm, je voudrais entendre ton passé, aussi douloureux cela puisse-t-il être.
Je veux être le rayon de soleil qui te réchauffera dans les moments les plus douloureux. Alors, s’il te plaît, j’aimerais que tu m’ouvres ton cœur, et que tu m’apprennes les raisons de ton départ de Seliana, de ton arrivée à Kamura, et les origines de Llyr.
Promets-moi de me raconter tout cela, et je te promets de revenir en vie, coûte que coûte, pour adoucir tes peines et ton quotidien.
Penser à toi sur le champ de bataille me donnera tout le courage dont j’ai besoin pour cet affrontement que je redoute plus que tout.
Je vous embrasse fort, Llyr et toi.
Prends soin de toi, Dylis.
Nozomi