Lettres de Kamura
Chapitre XVIII
Dix-huitième lettre
Chère Dylis,
Pardonne-moi pour ma précédente lettre. Sur le coup de l’émotion, je me suis laissée emporter. Je suis désolée de t’avoir inquiétée et mise mal à l’aise.
Sache que tout va pour le mieux, et même si mon silence des derniers jours a pu t’inquiéter, rassure-toi. Le docteur Tadori est parvenu à l’avant-poste, aucun d’entre nous n’a été blessé ou tué par l’astalos, et désormais, Dame Fiorayne a pu recevoir l’antidote qu’il a confectionné.
En réalité, il m’a fallu retourner sur le terrain pour cela. Il fallait combattre le feu par le feu, si bien que j’ai dû affronter un monstre redoutable, un espinas, afin que nous puissions extraire de ses glandes le poison qu’il sécrète. Cela n’a pas été une mince affaire, mais je suis heureuse d’avoir pu faire la rencontre d’un ennemi aussi digne. Misen et Senki n’ont jamais été aussi fiers d’eux après une chasse, tu aurais adoré voir leurs mines réjouies !
Dame Fiorayne se remet lentement de ses blessures. Elle rechigne à me voir, si bien que je me retiens de lui rendre visite. Je me fie aux rapports de Tadori pour connaître l’avancement de sa guérison.
Pendant ce temps, les recherches pour retrouver le malzeno s’intensifient, et bon nombre de chevaliers de l’Ordre sont mis sur le coup, lorsqu’ils ne sont pas déployés en quête pour protéger l’avant-poste et ses environs. L’Amiral compte sur moi pour aider, et j’en suis honorée. Il y a de grandes chances que d’autres chasseurs et chasseuses de Kamura soient mobilisés à leur tour pour prêter main-forte, nous verrons bien si cela se réalisera.
Je suis apprêtée sur plusieurs traques pour les prochains jours, alors excuse mon silence tant que je ne suis pas de retour à Elgado. L’Amiral m’envoie chasser un tigrex et une sous-espèce de rakna-kadaki, avec l’aide de quelques chevaliers.
Merci encore pour tes mots de réconfort. Te savoir à mes côtés par la pensée m’apaise et m’aide à réfléchir posément. Le camélia que tu m’as offert trône dans un cadre, scellé sous une vitre, sur ma table de chevet. Je le vois chaque matin et chaque soir que je passe à Elgado, c’est un véritable plaisir.
J’ai grandement hâte de rentrer à Kamura et retrouver la paisibilité de la maison. J’apprécie la vie à l’avant-poste, mais votre présence, à Llyr et toi, me manque plus que tout.
Je te le promets. Lorsque toute cette histoire sera réglée, lorsque nous aurons mis un terme aux agissements du malzeno et apaisé les tensions qui suivront certainement, nous resterons tous les trois à Kamura en toute tranquillité, à jamais et pour toujours.
À très bientôt, je l’espère.
Nozomi