Territoire
Chapitre 0 : Prologue : violation de propriété
3799 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 23/02/2024 20:21
Prologue
Violation de propriété
Rosalie Jansen arriva chez elle en soupirant bruyamment. Dans chacune de ses mains, un sac en papier empli de nourriture tenait en équilibre. Elle aurait pu les poser à terre ou encore les décharger individuellement de sa voiture. Elle y avait renoncé. Sa journée avait été particulièrement épuisante et elle voulait économiser le reste de ses forces. Il était hors de question de faire un voyage supplémentaire de la voiture à la maison.
Elle jongla avec les sachets afin de sortir ses clés de sa poche. Pourquoi avait-elle mis ses clés dans sa poche alors qu’elle savait pertinemment qu’elle en aurait encore besoin deux mètres plus loin ? Ce n’était pas la première fois qu’elle commettait cette erreur. Elle oubliait et puis elle se maudissait de sa distraction.
La seconde voiture dans l’allée lui indiquait la présence de son mari et des enfants à la maison. Elle aurait pu sonner du coude mais elle ne voulait pas les déranger. Ils avaient dû avoir une journée tout aussi harassante. Son amoureux méritait bien un peu de repos.
La porte s’ouvrit comme par miracle. Rosalie détailla incrédule l’homme athlétique devant elle. Ce dernier lui souriait malicieusement. Sans un mot, il la délesta d’un des sacs. Elle savait qu’il aurait pu prendre les deux, vu sa carrure. Il la connaissait par cœur : elle était beaucoup trop fière ; elle repousserait toute aide superflue.
-Comment as-tu su ? demanda Rosalie.
-Je sais toujours quand ma tendre moitié est à la maison, répondit James Jansen.
Son sourire s’élargit devant l’air dubitatif de sa femme et la gratifia d’un rapide baiser.
-Que nous as-tu rapporté de beau, Ô noble chasseresse ?
Rosalie sentit sa bonne humeur revenir. James, son époux, avait le chic d’effacer les mauvais moments de la journée. Il était son refuge. Il la faisait rire dans les pires instants, lui redonnant toujours courage. Elle était bénie des dieux d’avoir été unie à un homme aussi exceptionnel.
-De l’agneau, répondit-elle plus légère.
-Un fameux ragoût d’agneau au curry dont ma femme a le secret. Miam ! Les filles ! Venez dire bonjour à maman.
Deux petites tornades descendirent les escaliers. Leurs pas firent résonner la maison. Ils avaient beau vivre en banlieue, le bâtiment restait une maison des Tri-Cities. Elle n’était pas conçue pour résister des siècles. Rosalie se plaignait régulièrement de la finesse des murs.
Les filles, Coralie et Jamila Jansen, sautèrent dans les bras de leur mère dès que celle-ci déposa le sac en papier sur la table. Elles embrassèrent de façon démonstrative chacune une de ses joues. Rosalie rit enfin de bon cœur. Elle adorait ses deux princesses.
Coralie, huit ans, et Jamila, six ans, agissaient comme si elles avaient été jumelles. D’ailleurs, leur lien de sang était indéniable. Elles arboraient le même visage rond, les mêmes yeux espiègles et surtout le même sourire moqueur. Elles étaient aussi le portrait craché de leur maman au même âge.
Leurs cheveux étaient aussi noirs que de l’ébène. Leur peau, légèrement plus claire que celle de Rosalie, avait une délicieuse teinte chocolat. Leurs yeux noisette pouvaient être un héritage de leur père même si Rosalie en doutait. Chacune portait la tresse traditionnelle indienne.
Rosalie était née anglaise mais son cœur appartenait toujours à l’Inde, le pays de sa propre mère. Métisse, elle avait su allier les deux cultures de ses origines. Elle possédait la rigueur et l’humour déviant de son père british et louait le côté spirituel de sa mère indienne.
Quand ses filles étaient nées, elle avait désiré transmettre cet héritage culturel. Aussi, elle mettait un point d’honneur à les parer de la coiffure traditionnelle indienne. Ses filles seraient toujours différentes de ces petits Américains blondinets ou aux taches de rousseur. Au lieu de masquer cette différence, ses filles devaient en être fières et la revendiquer. Jusqu’ici, cela avait pas mal fonctionné.
-Veux-tu inviter Ben ?
James avait interrompu le câlin.
Rosalie releva la tête, poussant gentiment ses princesses à retourner à leurs jeux. Elle jeta un rapide coup d’œil au calendrier. La lune était ascendante mais elle ne serait pleine que dans quelques jours.
-Ça me semble une très bonne idée. Il adore l’agneau, ce petit.
Ben était leur voisin et un loup-garou. Il ne leur avait jamais avoué mais Rosalie s’en doutait. Il y avait des signes qui ne trompaient pas. Les chiens et les chats le fuyaient comme la peste. Il était toujours absent pendant quelques jours à chaque pleine lune. Et surtout, il avait un regard changeant. La couleur de ses yeux dépendait de son humeur. Essentiellement quand une chose le troublait ou l’énervait. Et il était souvent grognon.
Rosalie prenait bien soin de ne jamais le regarder trop longuement dans les yeux. La politesse anglaise lui avait appris qu’il était grossier de ne pas prêter attention à son interlocuteur. Elle se rendit rapidement compte que son voisin associait cette politesse à un défi silencieux.
Le jour où les loups-garous firent leur coming out, les pièces du puzzle se mirent en place dans la tête de la petite voisine. Acculer Ben et le forcer à se révéler étaient une très mauvaise idée. Un jour, peut-être, il lui en parlerait quand il serait prêt.
Le fait qu’elle connaisse sa véritable nature n’avait affecté en rien sa relation avec lui. Elle l’aimait bien ce vieux ronchon. Depuis qu’il avait pris la défense de ses filles contre des enfants racistes du quartier, il avait été classé dans la case « gentil ». Il était un protecteur, non un tueur.
Tout homme ou créature qui protégeait ses enfants méritait son respect et de la reconnaissance. Aussi, mettait-elle un point d’honneur à l’inviter régulièrement à partager leur repas.
Ben ouvrit dès qu’elle pressa la sonnette. Il était mouillé. Il sortait certainement de sa douche.
-Ragoût d’agneau. Tu es partant ? dit-elle sans cérémonie.
-Et comment ! répondit-il sur le même ton de connivence.
-Sèche-toi et puis viens prendre l’apéro.
-Tout de suite m’dame.
Il détestait que quelqu’un, autre que son Alpha, lui donne des ordres. Rosalie était l’exception à cette règle. Il en ignorait les raisons. Son loup ne se sentait pas menacé par elle ; au contraire, il avait un besoin frénétique de la protéger.
Ce petit bout de femme, à peine plus grande qu’une adolescente, apaisait son âme.
Elle était intelligente et instinctive. Il se doutait qu’elle avait percé sa nature monstrueuse. Mais elle n’avait fait aucun commentaire et n’avait pas changé ses habitudes. Il émanait d’elle une aura bienfaisante. Il appréciait ces repas avec sa famille. C’était quelque chose qui n’appartenait qu’à lui et non à la meute. C’était une part d’humanité retrouvée depuis qu’il était devenu une créature sanguinaire.
Rosalie marcha en sautillant légèrement. La soirée promettait d’être heureuse. Elle appréciait d’avoir du monde à la maison. Il était bon de garder contact avec des personnes extérieures à son environnement ; sinon, on perdait pied dans la société et le monde actuels.
Une bourrasque freina son avancée. Quelque chose d’invisible la retenait par le bras. Étrange. Nous étions au mois de juin et il faisait plutôt chaud et sec dans les Tri-cities en cette période de l’année. Or, le vent lui apporta des fragrances humides et un goût de sel.
Elle baissa les yeux sur les pavés du trottoir. Il y avait des gouttes d’eau sur le sol qui se dirigeaient vers sa maison.
Son père lui parlait souvent du petit peuple, des esprits de la nature. Sa mère aimait les comparer aux différents dieux hindous. Depuis toujours, Rosalie faisait confiance à ses sens et se laissait guider par les êtres invisibles. Parfois, des mots lui parvenaient, des avertissements.
Aujourd’hui, elle fit silencieusement appel à eux. Elle se concentra en fermant les yeux. Quand elle les ouvrit, elle vit des traces de pas humides et non des gouttes d’eau. Inquiète, elle se dirigea prudemment vers la fenêtre donnant sur le salon.
Une créature aquatique faisait valdinguer son mari à travers la pièce.
-Où sont les enfants ? demanda calmement la créature.
Sa voix était doucereuse. Elle prédisait d’immenses souffrances à venir. Il fallait toujours se méfier de l’eau qui dort, lui disait son père quand Rosalie était petite.
-Va te faire voir, rétorqua James en crachant un peu de sang.
Rosalie sentit la peur s’insinuer en elle. Elle la réfréna. Elle ne pouvait pas se permettre de paniquer. Son mari et ses enfants étaient en danger.
Elle sortit son téléphone. Elle songea à appeler la police. Elle y renonça. Que ferait de pauvres humains face à une abomination capable de mettre K.O. son James ? Ce dernier pratiquait régulièrement un art martial. Il était pompier. Il avait l’habitude des charges lourdes et des entraînements intensifs. Pourtant, il était impuissant contre cette chose venue de la mer.
Rosalie se mordit la lèvre inférieure. Elle devait agir vite. Elle envoya un message à Ben.
« Help Fae »
En tant qu’enseignante, ça tuait Rosalie d’éviter toute ponctuation. Cependant, ce n’était pas le moment de chipoter dans son portable et d’écrire une phrase correcte. Elle espérait que son voisin comprendrait l’urgence de ces quelques mots. Un loup-garou semblait être une meilleure défense contre un fae. Car Rosalie en était persuadée. Cette chose à la peau bleue presque translucide, aux griffes acérées, et aux dents longues, ne pouvait être qu’un fae. Elle n’en avait jamais vu sans son glamour (l’aura magique qui leur permettait de ressembler à n’importe qui), toutefois, les esprits lui murmuraient leur approbation du terme.
Rosalie fit le tour de la maison. Cela lui coûtait d’abandonner son bien-aimé. Elle s’avoua péniblement qu’elle n’était pas de taille. Elle risquait simplement de se faire tuer si elle surgissait par la porte d’entrée, mains nues. Elle ne pouvait peut-être rien pour son mari mais elle pouvait sans doute aider ses filles.
En général, Coralie et Jamila jouaient dans la chambre de l’aînée. La pièce était plus grande et entreposait plus de poupées.
Rosalie pénétra dans la maison par la porte de derrière. Elle monta les escaliers sans être vue. Par contre, elle entendit les râles de souffrance de James. Elle serra les dents. Ses yeux se mouillèrent. Elle s’obligea à un visage impassible. Elle ne devait pas inquiéter ses filles.
Étrangement, le bruit cessa dès qu’elle fut à l’étage. Certainement de la magie fae. Il lui avait semblé étrange que les autres habitants du quartier n’appelle pas la police à cause du bruit de meubles cassés. Le fae avait dû insonoriser le rez-de-chaussée.
Quand Rosalie ouvrit la porte, Coralie comprit immédiatement que quelque chose clochait. Sa mère, d’habitude si gaie, avait un regard dur.
-M’man ? osa-t-elle demander, inquiète comme une enfant de son âge le serait.
-Ouvrez la fenêtre, mes chéries.
Malgré le mot tendre, les filles réagirent immédiatement à la voix autoritaire de leur mère. Elles se dirigèrent sans discuter vers la dite fenêtre. Elles ne parvinrent pas à la bouger. Même à trois, la fenêtre refusait de se mouvoir.
Rosalie claqua la langue à défaut de jurer devant ses enfants. Ce satané fae avait condamné la maison. Dans ce cas, comment avait-elle fait pour entrer ? Et pourquoi n’était-il pas monté directement à l’étage ?
-Reculez, mes puces.
Rosalie prit la chaise de bureau et frappa de toutes ses forces contre la vitre. Celle-ci reçut le coup sans dommage.
Rosalie décida de changer de tactique. Elle entraîna ses princesses dans le couloir. Un nouveau souffle la stoppa tandis qu’elle s’apprêtait à descendre les marches. Le monstre approchait.
Saisissant ses filles par les épaules, Rosalie les tira dans sa propre chambre. Un des murs était une armoire dissimulée. Habituellement, il servait de débarras. Rosalie décida que ce serait une cachette acceptable. Elle expliqua à ses enfants que tout irait bien, qu’elles ne devaient pas crier, sous aucun prétexte, que maman allait chasser le méchant monstre.
Moins confiante qu’elle n’y paraissait, la jeune femme attrapa son sabre en tremblant. Son James l’avait initiée au Kung Fu. Elle n’était pas aussi douée que lui mais avait démontré des prédispositions à l’art de l’épée. Elle s’entraînait avec une véritable lame coupante. Par sécurité, elle la conservait dans leur chambre. Il n’était pas sage, quelle que soit l’arme, de la laisser à porter de main de jeunes enfants.
La lame était en acier. Rosalie avait eu vent des rumeurs selon lesquelles les faes supportaient mal le contact du métal.
Elle se positionna près de la porte. Il aurait été stupide de l’attendre de pied ferme en face. Elle se rendait parfaitement compte qu’elle n’était pas apte à encaisser une attaque directe.
Rosalie entendit comme des détonations. Le fae était en train de tout réduire en cendre sur son passage, vérifiant en même temps la présence des enfants. La chambre des parents était au fond du couloir. Donc, la dernière à visiter. La jeune femme ne savait si elle devait être reconnaissante de ce bref répit ou le maudire. A chaque son, son angoisse augmentait d’un cran. Elle avait hâte d’entrer en action. Elle n’en pouvait plus de cette inactivité.
La porte vola en éclat. La créature entra sans crainte dans la pièce. Aussi vive qu’elle le put, Rosalie abattit sa lame sur la chose. Le monstre hurla de douleur. Cela rassura l’attaquante qui releva son arme en donnant un nouveau coup. La poitrine du fae fut marquée d’une belle balafre.
Surpris, il recula jusqu’au mur. Il lança un regard mauvais à l’impudente. Il était indéniablement plus fort qu’elle, Rosalie n’en doutait pas. Il lui ferait beaucoup de mal s’il arrivait à l’atteindre. Cependant, ce qui inquiétait le plus la jeune femme, était le talent particulier de cette créature. Quelle magie usait-il ?
Rosalie ne possédait aucun don mystique. Son corps était fragile. Elle n’était pas un adversaire redoutable.
-Il est hors de question que ce monstre touche à mes enfants, songea-t-elle en raffermissant la main sur son arme.
Elle se mit en position de défense, prête à enchaîner le combat. Cela n’impressionnerait pas le fae mais ça rassurait Rosalie.
La créature aquatique lança des jets d’eau. Avec souplesse, la jeune femme les évita. Elle avait eu raison. L’eau fit fondre l’armature de son lit en métal.
-De l’acide.
Rosalie pensa immédiatement à ses filles cachées dans le placard mural. Si l’acide les touchait, il pourrait les blesser. Elles n’avaient aucun moyen de retraite et encore moins d’espace pour éviter le liquide dangereux.
La sabreuse laissa le fae pénétrer dans la pièce. Il était grand, très grand. Elle estima qu’il devait mesurer plus de deux mètres. Ses bras étaient longs également. Ils arrivaient jusqu’à ses genoux. Quand le fae abattit un de ses bras sur elle, Rosalie l’esquiva et frappa dans une même rotation de son corps. Elle n’attendit pas la réaction de son adversaire. Elle fendit l’air de sa lame en direction de son autre poignet, le tranchant net. Ensuite elle exécuta une chute contrôlée et passa sous ses énormes jambes. A genoux, elle trancha l’arrière des mollets du fae.
Rosalie avait les poumons en feu. Elle n’avait pas beaucoup d’endurance. Ses gestes étaient peut-être fluides et souples mais elle était déjà à bout de souffle.
Dans le couloir, elle attendit. Elle ne voulait pas que la créature débusque ses enfants. Si elle devait l’attaquer une nouvelle fois, elle le ferait sans hésiter. Elle espérait simplement avoir mis suffisamment le fae en rogne pour qu’il la suive et donc s’éloigne de ses princesses.
Brusquement, les lattes du plancher se soulevèrent une à une. Rosalie courut vers la cage d’escalier. Elle était beaucoup trop lente. Une latte la souleva et la propulsa. Instinctivement, la sabreuse se mit en boule. Le choc n’en fut pas moins dur. Son dos fut douloureux dès qu’elle toucha le mur du hall d’entrée. Elle se réceptionna sans grâce sur le carrelage.
-Tu vas regretter ton audace, sale femelle.
Quel drôle de vocabulaire ! Les faes possédaient-ils tous ce verbe châtié ? Elle sourit malgré elle à cette pensée.
Elle voulut se relever. Impossible. Ses jambes étaient trop faibles.
-Faibles ou cassées d’après la douleur.
Elle espérait se tromper. Elle était un oiseau pour le chat sans ses jambes. Elle devait se mettre debout. Le combat ne pouvait se terminer si misérablement.
Le fae envoya un nouveau jet d’acide.
Rosalie ferma les yeux.
-Aidez-moi ! implora-t-elle silencieusement.
Elle attendit une douleur qui ne vint pas. Lorsqu’elle osa regarder, elle constata que le fae était aussi interloqué qu’elle. Il réitéra son action. Une nouvelle fois, le jet fut dévié comme si un bouclier invisible protégeait la jeune femme.
-Merci, chuchota-t-elle emplie de reconnaissance.
-Très bien, maugréa le géant. Je la tuerai de mes propres mains.
Effrayée, Rosalie se rendit compte que la main tranchée avait repris sa place. Non seulement le fae était plus fort qu’elle, mais il possédait un pouvoir de guérison hors du commun. Les entailles faites il y avait quelques minutes étaient à présent de fines lignes rosâtres sur son torse.
Bouger ! Elle devait se déplacer ! Elle devait lui échapper ! Son corps l’abandonnait. Malgré son courage, Rosalie ne pouvait empêcher son être de trembler. Elle avait mal. Elle rampait misérablement vers la sortie.
Le fae voyait tout cela. Il se délecta de la terreur émanant de sa proie. Sa longue langue bleutée caressa ses lèvres charnues. Il laissa à la jeune femme entrevoir ses dents acérées. Cette femelle était âgée. Tant pis, il supposa que sa chair serait tout de même délicieuse.
La porte d’entrée plia sous un coup violent. Le fae interrompit sa descente. Il contempla la bosse étrange avec un air interrogatif. Le second impact brisa les gonds. Lourdement, la porte en PVC s’abattit juste devant le nez de Rosalie, toujours à terre.
Un énorme loup roux grognait sur le seuil.
-Ben, dit Rosalie, emplie d’un nouvel espoir.
Attiré par son nom, le loup posa son regard deux secondes sur elle avant de le reporter sur son ennemi. Il avança doucement, tel le prédateur qu’il était.
Sans attendre, il sauta à la gorge du fae. Ce dernier perdit l’équilibre. Reprenant courage, Rosalie tendit la main vers son sabre. Elle parvint à se relever. Ses jambes n’étaient pas cassées mais un de ses pieds avait une belle entorse. En sautillant, elle trancha les poignets du fae avant qu’il ne frappe son sauveur. Avec Ben à ses côtés, elle avait une chance de survivre et surtout de sauver ses enfants.
Elle ne pensait pas qu’entendre le hurlement de douleur du monstre lui ferait autant plaisir. Elle vit le loup griffer le corps du fae. Ben ne desserrait la mâchoire que pour avoir une meilleure prise à l’assaut suivant. Il était comme enragé. Il allait mettre le fae en pièce.
Les vitres de la maison furent brisées par un souffle invisible. Une magie écarta le loup de sa proie. Rosalie compatit à sa douleur quand elle entendit le son aigu émis par Ben. Il avait percuté le mur trop violemment.
Une petite fille jouait au yo-yo au-dessus des escaliers. Elle semblait inoffensive mais son regard trahissait son esprit tordu. Rosalie resserra la prise sur le pommeau de son sabre. Ce nouvel ennemi, elle serait prête à le recevoir.
-Relève-toi, abruti ! Notre maître nous attend, molesta-t-elle le géant d’une voix acide, tranchant avec la jeunesse de son apparence.
-Mais… et notre gibier… minauda-t-il misérablement.
-J’ai les enfants. Partons.
Immédiatement, les deux faes disparurent.
-Non, non, non ! psamolida Rosalie.
En boitant, elle escalada les marches quatre à quatre. Dans sa chambre, un trou béant avait été creusé à la place du placard. Ses princesses n’étaient plus là.
Un gémissement lupin l’obligea à garder son calme. Elle était sur le point de craquer. Ce n’était pas le moment. Elle devait réfléchir.
Elle s’approcha du loup blessé. Il grognait. Rosalie chuinta dans le but de l’apaiser. Elle voulait vérifier ses blessures.
-A votre place, je ne le toucherai pas.
Rosalie sursauta. Elle se mit en position de défense, son sabre faisant office de barrière entre la nouvelle arrivante et eux.
C’était une Amérindienne. Elle aurait pu être jolie sans ces méchantes cicatrices sur la joue et le bras que son T-shirt laissait entrevoir. Elle ne semblait pas hostile mais Rosalie se méfia de cet air confiant.
-Qui… Qui êtes-vous ?
-Je m’appelle Mercy Thompson-Hauptman. Je suis la femme de l’Alpha de la meute du bassin du Columbia. Et ce loup, dit-elle en le désignant du menton, m’appartient.