Mass effect : un nouveau foyer

06 Juillet 2286, 13H50(heure local de l’Arche). Andromède, secteur Nova, Astia, colonie.

Les deux soleils illuminent d’une lueur macabre la scène qui se joue sous mes yeux. Des centaines et des centaines de cadavres de tout âge. Des débris, des impacts de tir et des incendies rendent la situation encore plus horrible.

« - Je te l’avais dit, lâche Julien dans un souffle avec colère. Je te l’avais dit que nous devions venir en aide. Ils sont tous morts par ta faute !

- Julien, tais-toi, réplique Tania avec un bandage au travers du visage.

- Parce que tu n’es pas d’accord ? Combien de familles humaine sont mortes par sa faute !

- Je te le répète, tais-toi, rugit Tania. De un, les humains ne sont pas les seuls à avoir souffert ne l’oublies pas. Et de deux, nous avions des ordres !

- Non c’est vrai, dis-je la gorge nouée. J’aurais pu choisir une autre issue. Ils seraient peut-être tous vivants. Brad serait peut-être vivant. Mais j’ai choisi et j’assume et maintiens mon choix. »

Je prends alors le large et marche rapidement vers une navette, laissant mes coéquipiers continuer la dispute.

Après les évènements du vaisseau, ce dernier a décollé et toutes les troupes ennemies sont parties. La bataille est une victoire, les pertes sont lourdes : la colonie a été pillée et ses habitants quasiment tous massacrés. En sachant ces faits, Julien est entré dans une colère noire.

Je reconnais ma faute et je me sens suffisamment coupable. Brad est mort sous mes yeux, Tania est salement blessée au visage et d’innombrables innocents sont morts. Une rage, une tristesse mais surtout un écœurement m’envahit. J’en viens à me dégouté moi-même. D’ailleurs, tout ici me dégoute. La boue et le sang de la bataille me dégoute, les morts me dégoutent et les choix impossibles me dégoutent.

Alors que je marche en serrant les poings, mettant à rude épreuve les jointures mécanique de ma main droite, je tombe nez à nez avec une Jirania à la peau blanche et aux tatouages noirs.

« - Bonjour lieutenant, dit-elle avec une mine accablée. Mon peuple pleure pour les vôtres, nous vous aiderons autant que possible.

- Merci Inata. »

Je ne l’ai pas reconnue sur le coup, mais oui c’est la première Jirania que j’ai rencontré sur Astia. Aujourd’hui, elle porte des plaques d’armures et possède un fusil Avenger. Elle a dû être dans la milice de fortune lors des combats.

Je continue ma marche vers la navette et remarque qu’elle me suit. Sous mon regard interloqué, elle m’apprend qu’elle est aussi appelée sur l’Arche. Je ne prends pas la peine dans savoir plus, je n’en ai rien à faire, et grimpe dans le petit vaisseau suivi par Inata et mes deux collègues.

Nous nous retrouvons dans une salle de débriefing, une table derrière laquelle se trouve Salia et Kira. Ce dernier a plusieurs bandages et se tient le côté avec une main. Quant à Salia, elle a le regard inquiet et un pli traverse son front.

« - Bonjour à vous, dit-elle en joignant ses mains devant elle. Je suis au courant de tout. Sachez d’abord que les forces ennemies sont bien en déroute. Leur flotte est supérieure à la nôtre, mais pas invincible bien au contraire. Je pense même que notre écart technologique n’est pas si profond.

- C’est bon à savoir, affirmé-je en secouant la tête.

- Effectivement. Bon, pour ce qui est des résultats de la bataille, c’est une autre paire de manche. Le bilan des morts est lourd, très lourd.

- Ah, ricane Julien. Parce que ça préoccupe les asaris le sort des autres espèces ?

- Soldat, silence, tonne le capitaine malgré ses blessures. Ta remarque est hors de propos.

- Je vous l’assure, continue Salia, je m’enquis de tous les membres de l’Arche. Cette hécatombe est horrible et doit nous rappeler qu’il ne faut pas sous-estimer nos ennemis. Avec cette bataille, ils savent que nous sommes aptes à nous battre contre eux. Et donc, ils vont faire plus attention mais il faut aussi s’attendre à d’autres attaques. Il faut donc trouver des espèces, les rallier et fortifier notre position.

- Vous voulez que nous partions en exploration, demandé-je en fronçant les sourcils.

- Exactement. Vous ne le savez pas, mais le capitaine Kira est un spectre. »

Cette nouvelle ébranle l’assemblée. Ainsi donc, notre capitaine fait partie de l’élite des soldats de la Voie lactée.

« - Il va prendre le commandement du Tempest, je suis sûr que vous savez de quel vaisseau il s’agit ?

- Affirmatif, répondis-je en me rappelant le vaisseau semblable au Normandy que j’ai vu lors de l’embarquement dans l’Arche.

- Bien, Khal, tu seras son second.

- Tu es un grand soldat, renchérit le capitaine. Tu as tout à fait ta place à mes côtés et je suis sûr, un jour, à mon poste.

- Bien sûr, continue l’asari à l’attention des autres, vous êtes aussi conviés à cette mission. Même vous, chère Inata. Vous ne serez pas nos seuls explorateurs, mais vous serez notre fer de lance.

- Pardonnez-moi, intervient Julien. Votre offre est très généreuse, mais je la décline. »

Je me doutais qu’il aurait des réticences, mais le fait de les entendre fait arrêter mon cœur pendant une seconde. Il ne digère décidément pas mon choix, mon impossible choix.

« - Bon, dit Salia après un temps de réflexion. Très bien, tu seras affecté sur un autre bâtiment. »

Le débriefing se déroule encore quelques minutes puis nous pouvons enfin sortir. Dans le couloir, la tension est palpable et l’air est lourd.

« - Bon, dit enfin Julien. On va pas se mentir, je ne te pardonne pas ce que tu as fait Khal. Et c’est pourquoi je ne peux pas rester sous tes ordres. En fait, je pense vraiment ne plus vouloir suivre les ordres de quiconque, or si je reste avec toi ce sera toujours toi le préféré. Donc, au plaisir, finit-il en partant précipitamment.

- Oh sérieux, souffle Tania. Il a besoin de temps pour réarranger ses idées, mais je suis sûr qu’il t’estime toujours et que vous êtes toujours amis !

- Ca va aller Tania, merci, mais je n’ai pas besoin qu’on ressasse toute cette histoire. »

Je me tourne alors vers Inata qui semble vouloir se faire toute petite.

- Désolé, mais tu tombes mal. Tania, je te laisse t’en occuper. Je n’ai pas le temps de faire du babysitting.

- Khal ! Je sais que tu es salement touché par la mort de Brad, tout comme moi, et par Julien, mais ce n’est pas une raison pour être un sal con. »

Sans m’en soucier, je me dirige vers ma cabine.

Une fois arrivée, je relâche ma respiration. Je ne remarque qu’à ce moment que je suis toujours équipé de mon armure. Je retire mon casque, essuie mon visage et enlève tout mon équipement. Une fois fait, je m’allonge sur mon lit, les pensées toutes embrouillées.

« - Khal, dit à l’intercom la voix de Tania. Les enterrements vont avoir lieu dans une heure. J’espère que tu seras là pour celui de Brad. »

A cette phrase, je ne peux réprimer mes sanglots et me mets alors à pleurer à chaudes larmes. Je repense alors au moment où nous étions sur la lune et où nous avions appris l’imminente attaque ennemie. A ce moment, j’avais hâte de combattre, de me glorifier dans une bataille épique. Quel idiot. C’est horrible la guerre. Quel idiot.