Le secret
Un message à Orianna avait tout mis en branle. Comme Seven l’avait prévu, dès qu’elle en avait fait la demande, la présidente de l’entreprise Lawson avait mis à sa disposition une station spatiale cachée dans les systèmes Terminus, avec un équipement complet. Tandis que Liara et elle constituaient discrètement une équipe de scientifiques comprenant les anciens de Cerberus, IDA, accompagnée de Joker, s’était rendue sur la station, où Garrus, Kaidan et Seven les attendaient. Ils avaient abandonné le Cyclone sur la Citadelle pour emprunter un transport appartenant à Orianna. Si le père et la fille profitaient de ce temps de pause pour rattraper le temps perdu, Garrus tournait comme un lion en cage. Par mesure de sécurité, la sœur de Miranda avait interdit de reconnecter l’artefact prothéen avant que IDA n’ait validé l’identité de celle qui s’y trouvait. Autant dire que le Turien avait les nerfs à fleur de peau lorsque le vaisseau transportant la synthétique accosta enfin.
IDA avait à peine posé le pied sur la station que Garrus l’attendait à la sortie du sas en trépignant. Le self-control légendaire du turien était en miettes : il prit à peine le temps de la saluer avant de l’entrainer vers les labos, laissant en plan Joker qui du leur courir après pour les rattraper. Petit à petit au fil des années, les nanites avaient renforcé les os de verre du pilote. Ses jambes restaient plus fragiles que la moyenne, mais il pouvait désormais se déplacer avec beaucoup plus de facilité, et ne s’en privait pas.
- Vous trainez, Joker, lança Garrus par-dessus son épaule.
A ce moment, Kaidan et Seven sortirent d’un couloir adjacent, et manquèrent de télescoper le trio. La synthétique en profita pour arrêter le Turien.
- Garrus, nous ne vous avons pas vus depuis des années. Peut-être pourriez-vous patienter quelques minutes, au moins le temps de nous souhaiter la bienvenue, et de nous expliquer ce que nous faisons ici ? déclara-t-elle de sa voix douce.
Kaidan présenta Seven et expliqua en quelques mots la raison de sa présence à IDA. Si l’identité de la jeune femme surprit les nouveaux venus, Joker masqua mal son émotion à l’idée de la survie de Shepard derrière un « elle nous aura fait attendre ce coup-ci ».
- Je suis très étonnée de n’avoir jamais trouvé de dossier Cerberus à votre sujet, lieutenant Cooper, remarqua IDA. J’espère qu’Orianna Lawson acceptera de me fournir les informations qui me manquent. Mais cela peut attendre. Rendons-nous au labo , je suis impatiente.
Quelques instants plus tard, l’artefact contenant la mémoire de Shepard était connecté à un terminal indépendant. IDA posa une main sur la console, et ses yeux cybernétiques perdirent leur éclat tandis qu’elle se connectait. Tendus, les organiques autour d’elle attendaient. Plusieurs minutes plus tard, IDA se déconnecta. La vie revint dans ses prunelles, et elle se tourna vers l’assistance avec un large sourire.
- J’ai comparé les données contenues dans cet artefact, avec celles disponibles sur l’activité cérébrale du commandant Shepard lors du projet Lazare. Les données coïncident à 99,5%. C’est bien elle.
- OUI ! JE LE SAVAIS ! exulta Garrus. Kaidan…
Alenko ne l’avait pas attendu, il distribuait déjà ses ordres à la ronde :
- On part immédiatement pour la Terre. Vakarian, Seven, préparez vos bagages et envoyez un message à Orianna. On sera de retour dans dix jours avec le corps du clone. Il faudra que l’équipe scientifique soit prête à travailler.
- Je vous accompagne, intervint IDA. Je pourrais commencer à travailler sur la structure des implants cybernétiques du clone depuis l’infirmerie du vaisseau. Cela nous fera gagner quelques jours.
- Attends une seconde, IDA. On va littéralement voler le corps du clone de l’héroïne de la guerre pour tenter de la ressusciter, résuma Alenko. Je n’ai aucune idée des retombées politiques que va avoir cette histoire, qu’on réussisse ou pas. Seven, Garrus et moi acceptons les risques pour nos carrières respectives, mais…
- Vous croyez vraiment qu’on va rester les bras croisés ? l’interrompit Joker. Shepard est morte en me sauvant la vie, deux fois. Je passerais en cour martiale si ça peut la ramener. On vient avec vous.