Mass Effect - Chemin de loyauté

Chapitre 3 : Face au Conseil

7201 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 18/10/2023 21:28

MASS EFFECT - CHEMIN DE LOYAUTE

CHAPITRE 3 : FACE AU CONSEIL



Shepard

Le Normandy s’apprête à terminer son saut SLM au moment où j’arrive sur la passerelle. Celle-ci offrant la meilleure vue de tout le vaisseau, beaucoup de curieux, non essentiels aux opérations, se sont amassés aux fenêtres, impatients de découvrir la vue qui les attendait. Je ne peux dissimuler un sourire à cette vision. Cela me rappelait la première fois où j’avais découvert ce formidable édifice, il y a de cela bien des années. Je ne pouvais que comprendre leur excitation.


Je suis soudain dépassée par Ashley, qui tente de s’approcher au plus près des fenêtres, se mettant sur la pointe des pieds. Je ricane gentiment devant son état extatique, avant de me tourner vers Kaidan, qui était sur ses talons.


“Visiblement, c’est la première fois que Ashley voit la Citadelle.” Je comprends, tout sourire.

“Ah, je ne vais pas la juger, j’étais pareil lors de ma première venue.” Le Lieutenant répond, ricanant. “Il y a de quoi, on va dire.”


Au même moment, le Normandy finit enfin son voyage, pénétrant dans un ciel d’une magnifique couleur violacée. Et, enfin, apparaissant tel un Léviathan gigantesque de derrière les nuages… la Citadelle s’offre à nos yeux, créant de nombreuses exclamations de surprise et d’émerveillement. Nous dominant de sa taille prodigieuse, ses cinq branches percent l’atmosphère rosée, des centaines de milliers de bâtiments illuminant leurs surfaces. C’était un spectacle hors du commun, réellement la plus belle vestige laissée par les Prothéens. Une merveille d’architecture.


… Ma seconde maison… Ah, ma jeunesse à Paris me semblait bien loin, désormais. Quel âge avais-je lorsque nous avons quitté la Terre, déjà ? Ah oui, 8 ans, lorsque mon père obtint le grade d’Amiral et fut convié à rejoindre la Citadelle, sous les ordres de l’Alliance. Un honneur, d’après lui. Et… le début de mes années d’intense entraînement et de bourrage de crâne militaire… Pour, à mes 18 ans, rejoindre l’Armée, comme il l’avait toujours souhaité, enfin, plutôt ordonné…


… Et presque douze ans plus tard, j’allais briser ce lien familial, renoncer à cet héritage militaire vieux de plusieurs générations… C’était… encore assez difficile à envisager, voire même… effrayant… Mais je devais en comprendre la nécessité, et l’accepter. L’ancienne demeure des Shepard étant toujours en ma possession après la mort de mon père, j’aurais au moins un endroit où loger, le temps de décider de ce que je ferai de mon avenir…


Nous finissons par longer la flotte de la Citadelle, un vaisseau immense se faisant en particulier remarquer par sa forme en croix.


“Regardez la taille de ce vaisseau !” S’exclame Ashley, un sourire radieux aux lèvres.

“C’est l’Ascension, le vaisseau-amiral de la Citadelle.” Explique Kaidan en se rapprochant.

“C’est pas la taille qui compte !” Crie Joker depuis son siège, nous scrutant du coin de l'œil avec une mine boudeuse.

“Ça sent le vécu, Joker ?” Taquine le maître-artilleur avec un rictus en coin.


Je me retiens fort de ne pas m’esclaffer de rire, trouvant le côté spontané d’Ashley absolument hilarant. Surtout devant la réaction offusquée du pilote, qui trouve des excuses sur la puissance de feu, les boucliers, etc… Ah, le complexe de la taille chez les hommes ! Mais cet échange est bienvenu, parvenant à me détendre un peu avant l’entrevue avec le Conseil. Pour sûr, je les inviterai tous les trois à boire un verre une fois tout ceci terminé !


“Allez, trêve de plaisanteries.” Je coupe doucement. “Ashley, Kaidan, avec moi.”


Reprenant leur sérieux, ils hochent tous les deux la tête, avant de me suivre jusqu’au sas de sortie, où nous attend déjà le Capitaine Anderson. Joker obtient les autorisations d'atterrissage, et nous rejoignons au bout de quelques minutes un quai de débarquement. Nous subissons la dépressurisation du sas, avant de pouvoir sortir, respirant avec joie une grande bouffée d’air. Nous éloignant du vaisseau, nous constatons qu’un taxi volant automatisé nous attend sur le quai.


“Udina exige probablement notre venue avant notre entretien avec le Conseil.” Soupire le Capitaine. “Puisqu’il le faut…”


Au vu de son expression, j’ai la nette impression qu’il ne porte pas l’Ambassadeur dans son cœur. S’il était comme tous les politiciens avides vivant à la Citadelle, cela n’était pas étonnant. Espérons juste que son influence suffirait à convaincre le Conseil…


Nous montons à bord du taxi, celui-ci s’envolant en direction du secteur des Ambassades. Sur le trajet, je montre à Ashley plusieurs points d’intérêt de la Citadelle, reconnaissant plusieurs lieux que j’avais côtoyé par le passé.


“Vous semblez familière de la Citadelle, chef. Vous y avez vécu ?” Demande Ashley, curieuse.

“Mon père y a été affecté lorsque j’avais 8 ans.” J’explique calmement, bras croisés. “Même si ses nombreux déplacements et mon entraînement m’ont fait beaucoup voyager, je connais globalement bien la Citadelle.”

“Vous la recommanderiez ?” S’interroge Kaidan, se penchant vers moi.


J’hésite un instant à répondre, jetant un rapide coup d'œil au Capitaine. Avant que je ne puisse hésiter entre honnêteté et contournement, celui-ci répond sereinement à ma place.


“Comme partout, il ne faut jamais se fier aux cartes postales idylliques. Il fait bon vivre à la Citadelle, pour peu que l’on soit bien niché. Mais malgré tous les efforts du Conseil pour le dissimuler, la misère y existe bel et bien. Le SSC fait son maximum pour maintenir la paix et la justice, mais…”

“La corruption et l’injustice restent présentes, hein ?” Grogne Kaidan, secouant la tête. “La Citadelle, Illium, Eden Prime… Décidément, il ne faut jamais se fier aux apparences.”

“Le Capitaine a malheureusement raison. La Citadelle a ses travers derrière son apparence parfaite, mais… j’essaye de me dire qu’il existe bien pire…” Je soupire, regardant par la fenêtre. “Je faisais partie des mieux lotis, et j’essayais discrètement d’aider ceux qui n’avaient pas la même chance que moi. Cela ne plaisait pas forcément à mon père, qui appréciait ses privilèges malgré tout, mais… heureusement que j’avais le soutien nécessaire pour le faire.”


Je lance un regard reconnaissant au Capitaine Anderson, qui me sourit gentiment en retour. Vraiment un grand homme…


“J’ai l’impression que vous vous connaissez depuis longtemps, je me trompe ?” Questionne Ashley, la tête penchée sur le côté.

“En effet.” Répond le Capitaine. “Mon appartement était voisin de celui qu’a occupé l’Amiral Shepard, je l’ai rencontré peu de temps après son arrivée, ainsi que sa famille. Et oui, j’ai connu notre jeune Shepard alors qu’elle n’était pas bien grande !”


Je détourne les yeux, rougissant légèrement. Pourvu qu’il ne fasse pas le cliché typique du parent racontant toutes les anecdotes gênantes de ses enfants !


“Je serais curieux de savoir comment notre Commandant était, plus jeune !” Rit gentiment Kaidan.

“Lieutenant, croyez-moi, ça n’en vaut pas la peine.” Je réplique avec gêne, toussotant. “Il n’y a pas grand chose à dire. J’étais juste… Eh bien, lorsque je pouvais échapper à la vie militaire imposée par mon père, je vadrouillais à gauche à droite. Lorsque ma famille en a eu connaissance, disons que le Capitaine Anderson m’a tiré d’un bien mauvais pas.”

“J’avais en effet remarqué la promptitude du Commandant à aller vers les gens, humains comme aliens.” Explique Anderson. “Son père aurait été farouchement opposé à un tel comportement, le devoir envers l’Humanité ayant toujours été son objectif premier. J’ai réussi à le convaincre qu”il était plus sage d’être bien vu par l’ensemble des races conciliennes, et qu’un Shepard proche de tout le peuple ne lui porterait pas préjudice.”

“... Pardonnez mon honnêteté, Commandant, mais votre père semblait plutôt dur à votre encontre…” Commente le Lieutenant, lèvres pincées.


Je ne réponds rien en retour, me contentant de hausser les épaules. Que répondre… Je ne voulais pas salir sa mémoire en expliquant l’enfance difficile que j’avais vécu sous son autorité… ni confirmer le comportement raciste dont il avait souvent fait preuve, se cachant derrière une excuse de patriotisme. De son vivant, il avait été compliqué de pouvoir m’en détacher, mais aujourd’hui… au moins sur ce point, j’essayais de faire mieux…


“On ne peut pas lui reprocher d’avoir éprouvé de la méfiance envers les aliens. La Guerre du Premier Contact est encore fraîche, après tout.”


Je me tourne vers Ashley, sourcils haussés. Regard tourné vers le paysage, elle arborait une expression… tellement froide, si différente de l’attitude curieuse et détendue de plus tôt… Elle avait prononcé ces mots d’une intonation cinglante, et malgré que son insinuation ne m’enchantait pas… je ne pouvais que craindre que cette guerre, lointaine et si proche à la fois, n’ait eu un impact direct sur sa personne… Et devant le regard soupçonneux et inquiet de Kaidan et du Capitaine, je ne dois pas être la seule à penser cela. 


Mais je n’ai pas le temps de l’interroger sur la question, notre taxi volant arrivant enfin aux Ambassades. Ashley reprend immédiatement son expression sérieuse. Le devoir avant tout. Nous nous dirigeons vers l’Ambassade des Humains, croisant sur le chemin de nombreuses races : Hanari, Asari, Turien, Volus, etc etc etc… Je suis même surprise de voir un Vortcha en tenue officielle ! Décidément, la Citadelle avait gardé l’attrait qui m’avait le plus enchanté : sa communauté variée ! Même si je n’étais pas dupe : le communautarisme était très présent en ces lieux…


Nous annonçons notre arrivée à la secrétaire de l’Ambassadeur Udina, qui nous fait signe d’entrer à l’intérieur de son ambassade attitrée. Décor plutôt luxueux, clair… et donnant une vue absolument magique du Présidium ! Doté de plus de verdure et d’espaces aquatiques, ce secteur était certainement le plus beau et le plus paisible de tous. Sans compter son intérêt culturel et historique, offrant par exemple avec surprise une grande statue de Krogan, en hommage à leur implication durant la Guerre Rachni. Ah… Piètre récompense face au cadeau empoisonné qu’a été ensuite le Génophage… Enfin, malgré tout, le Présidium n’avait pas perdu de sa superbe, et je me voyais déjà y passer de nombreuses heures de détente à l’avenir.


Le Capitaine Anderson nous ordonne soudainement le silence, pointant d’un mouvement de tête l’endroit où était l’Ambassadeur Udina. En pleine discussion holographique houleuse avec ce que je devinais être les trois membres du Conseil : l’Asari Tevos, le Galarien Valern et le Turien Sparatus.


“C’est un scandale ! Le Conseil interviendrait si les Geth attaquaient une colonie turienne !” S’emporte l’Ambassadeur humain.

“Les Turiens ne fondent pas de colonie à la frontière des systèmes Terminus, Ambassadeur.” Répond Valern d’une voix moqueuse.

“L’Humanité était tout à fait consciente des risques lorsqu’elle s’est aventurée dans la Travée.” Approuve Tevos avec plus de neutralité.

“Et Saren !?” Continue Udina, le poing serré. “Vous ne pouvez pas ignorer la trahison d’un Spectre ! Le Conseil DOIT agir !”

“Vous ne pouvez rien exiger du Conseil, ambassadeur.” Réplique froidement Sparatus.

“Notre service de sécurité mène une enquête sur vos accusations contre Saren.” Explique l’Asari, sourcils froncés. “Nous discuterons des conclusions du SSC à l’audience, pas avant.”


Sans rien rajouter, le Conseil coupe la communication. Je vois le dos de l’Ambassadeur trembler sous le coup de la frustration et de la colère. Je ne peux que le comprendre, jetant un regard agacé à mes trois compagnons. C’était mal engagé, très mal engagé… Nous nous doutions que le Conseil ne remettrait pas aussi facilement en cause leur meilleur Spectre… mais de là à nous rabaisser et à nous humilier de la sorte !? Quel intérêt aurions-nous à inventer une histoire pareille !? Bon sang… S’ils avaient eu connaissance du rapport de mission… et de mes antécédents… comment étais-je supposée convaincre de tels bornés…?


Prenant une grande inspiration pour se calmer, l’Ambassadeur Udina se tourne vers le Capitaine.


“Capitaine Anderson, je vois que vous avez emmené la moitié de vos troupes.” Constate-t-il en fronçant les sourcils.

“Seulement le commando d’intervention d’Eden Prime, au cas où vous auriez des questions.” Répond calmement le Capitaine, mains croisées derrière le dos.


… Je n’aime pas le regard dédaigneux que lance l’Ambassadeur à mes deux camarades. Comme s’il se sentait supérieur à eux, les scrutant de haut en bas. Je vois la main d’Ashley se serrer fermement derrière son dos, tandis que Kaidan ne détourne pas un instant les yeux. Pour qui se prenait ce politicard !?


“Sans le Lieutenant Alenko et le Maître-Artilleur Williams, nous aurions compté beaucoup plus de pertes, humaines et matérielles.” Je rajoute fermement, refusant de laisser cet individu rabaisser mes hommes. “Je suis fière d’avoir été à leur tête.”


L’Ambassadeur tourne enfin son regard vers moi, et cette fois, je n’y lis pas que du dédain dû à un quelconque rang. J’y vois… du pur mépris, voire même… du dégoût… Je sens mon estomac se tortiller sous le coup de la colère, mais je dois fortement me contenir pour ne pas exiger la raison d’une telle attitude. C’était évident. Il me tenait pour unique responsable de l’échec de la mission, et devait éprouver de l’abjection face à un officier fragile. Enfoiré… Bien caché derrière son bureau en marbre, comment pouvait-il juger les soldats ayant connu des batailles et des horreurs !? Non, non, je devais garder mon calme… Je sentais déjà les effets apaisants des tranquillisants du Docteur Chakwas s’estomper, je devais me contenir…


“J’ai les rapports de mission. Je présume qu’ils sont fiables ?” Interroge froidement l’Ambassadeur, bras croisés. 

“Bien sûr.” Confirme calmement le Capitaine. “Ça veut dire que vous avez obtenu une audience ?”

“Ça ne les a pas franchement enchantés.” Grogne-t-il. “Saren est leur meilleur agent, ils n’apprécient pas qu’on l’accuse de trahison.”

“Les preuves sont pourtant là.” Je rajoute, dents serrés. “Ils ne pourront pas continuer de le protéger indéfiniment !”


De nouveau, l’Ambassadeur me scrute avec un mépris non dissimulé. Bon sang, l’avais-je déçu à ce point ? Qu’importe, je défendrai ma position jusqu’au bout, même s’ils ne me prenaient pas au sérieux.


“Je ne crois pas que vous soyez la mieux placée pour faire entendre raison au Conseil, Commandant Shepard.” Siffle Udina. “Vous n’aviez déjà pas la côte auprès d’eux, l’idée d’accepter un Spectre humain ayant été difficilement recevable. Ah, cette mission devait être l’occasion pour vous de faire vos preuves, au lieu de cela, un Spectre est mort, et la balise a été détruite !”

“Elle n’y est pour rien !” S’emporte finalement Ashley, se rapprochant avec menace. “Vous croyez qu’on a demandé à se faire envahir par les Geth et par ce fumier !? Shepard a fait bien plus pour Eden Prime et ses habitants que v-”

“Laissez Ashley.” Je la calme in extremis, attrapant son bras pour l’empêcher de se créer des problèmes. “La situation est difficile pour tout le monde, mais je suis certaine que l’Ambassadeur est conscient de l’ensemble des enjeux.”

“En effet.” Approuve-t-il, avant d’esquisser un mauvais sourire. “Mais est-ce votre cas, Commandant ? Après tout, vous avez été le soldat plébiscité par l’Amiral Hackett et par notre cher Capitaine pour devenir le premier Spectre humain. Cependant, les résultats de cette mission démontrent qu’ils avaient peut-être tort. Fort heureusement, j’ai réussi à dissimuler les… détails indésirables du rapport avant qu’il ne parvienne au Conseil.”


Un frisson d’horreur me parcourt l’échine. Il avait sciemment fait disparaître des éléments importants du rapport, afin qu’ils ne soient pas connus du Conseil !? C’était une faute grave, pourquoi prendre un tel risque !?


“Vous n’aviez aucun droit de pratiquer une telle manigance, Udina !” S’exclame le Capitaine, l'œil mauvais. “Quand l’Amiral Hackett en aura connaissance-”

“Il n’en saura rien.” Coupe net Udina. “Seuls les détails importants du rapport ont été transférés. Estimez-vous heureux que je n’ai pas également supprimé cette mention fantaisiste de vision occasionnée par la balise. Il en va de la crédibilité de l’Humanité !”

“Je n’ai aucune intention de nuire à l’Humanité, Ambassadeur !” Je réplique violemment.

“Cela aurait été chose faite sans mon intervention.” Finit-il d’une voix remplie de mépris. “Mais nous en reparlerons ultérieurement, après l’audience. Capitaine, je vous attendrai ici même une fois celle-ci passée.”


Le dos droit, l’Ambassadeur quitte son bureau, nous laissant dans une incompréhension totale. Que sous-entendait-il par là…? Craignait-il que mes nouveaux problèmes de santé ne portent préjudice à l’Humanité ? C’était insensé, bon sang, il n’aurait qu’à trouver quelqu’un de plus compétent, qu’à trouver une excuse comme tous ces politiciens savaient si bien faire ! Mais malgré la rancœur et la colère que j’éprouve… je ne peux que m’interroger, un sentiment horrible m’envahissant… Pourquoi avais-je l’impression que Udina n’en avait pas fini avec cette histoire…? Mon estomac se tord d’angoisse. Il n’aurait pu mieux faire pour me faire stresser avant l’audience !


“Quel enfoiré !” Siffle Ashley avec rage. “Rien à faire qu’il soit Ambassadeur, de quel droit il a osé nous parler comme ça, et rabaisser ainsi le Commandant !?”

“Vous pensez qu’il manigance quelque chose…?” S’interroge Kaidan, se mordant les lèvres d’inquiétude.

“Qu’il ose !” S’emporte-t-elle encore plus.

“Du calme, Williams.” Ordonne le Capitaine, malgré qu’il ne puisse dissimuler son air soucieux. “Je compte bien tirer les choses au clair après l’audience, notamment en voyant de quoi il a été capable pour, soit-disant, la réputation de l’Humanité. Il s’agit d’une faute grave, je n’en resterai pas là.”


Le Capitaine Anderson me regarde alors avec plus de douceur, me faisant silencieusement comprendre que tout irait bien. J’aimerais pouvoir entièrement le croire, mais… ce mauvais pressentiment ne cessait de revenir… A quel point Udina était puissant pour s’autoriser pareille manigance…? Quelles étaient mes chances face à un tel homme…? J’étais intérieurement terrifiée… mais je devais contrôler au maximum ce sentiment, jusqu’à ce que tout ça soit terminé…


Je fais un léger hochement de tête, lui faisant comprendre que cela irait, avant qu’il ne commence à se diriger vers la sortie.


“Le Conseil se trouve à la Tour de la Citadelle. Allons-y.” Dit-il fermement, reprenant toute sa contenance.


Nous approuvons tous, le suivant de près. Constatant tout de même l’inquiétude que j’éprouvais, Kaidan pose une main réconfortante sur mon épaule, tandis que Ashley me contemple avec beaucoup de soutien. Je leur souris doucement, redevable et reconnaissante. Au moins, je n’étais pas seule durant cette épreuve… Et… ce changement était plus que bienvenue…


Nous traversons à pied une partie du Présidium pour rejoindre le rez-de-chaussée de la Tour de la Citadelle. Nous n’avons malheureusement pas le temps de faire du tourisme, passant devant les merveilles de ce lieu sans nous attarder. Pourvu… Pourvu que cela soit encore possible dans le futur… Une fois dans l’ascenseur, la montée est très longue, et la musique de fond ne parvient pas à calmer nos inquiétudes. Ce face-à-face avec le Conseil serait loin d’être une partie de plaisir…


Enfin, nous sortons de l’ascenseur, rejoignant une zone que je n’avais encore jamais vue. Je suis époustouflée par le décor presque automnal et terrien de la Tour de la Citadelle, les arbres rouges décoratifs embellissant à merveille les structures plus modernes. Un lieu parfaitement bucolique, probablement pour atténuer les tensions qui pouvaient s’y dérouler… Mais alors que nous poursuivons notre chemin, nous remarquons la présence de deux Turiens. L’un portait une armure bleue du SSC et un viseur sur son oeil gauche, et l’autre était en uniforme militaire turien noir et blanc. Leur échange houleux m’interpelle.


“Saren cache quelque chose !” Admet sans hésitation l’officier du SSC. “Accordez-moi un délai supplémentaire, essayez de gagner du temps !”

“Gagnez du temps avec le Conseil ? Ne soyez pas ridicule !” Rejette l’autre Turien avec dédain, bras croisés. “Votre enquête est terminée, Garrus.”


Ne lui accordant plus la moindre importance, il se détourne de l’officier. Les Turiens n’avaient pas les mêmes expressions faciales que les Humains, mais il était évident que le dénommé Garrus était en proie à une frustration extrême. Si son interlocuteur avait douté de la vérité qu’il essayait de lui faire entendre, je ne pouvais que comprendre son énervement ! Au moins un qui ne se faisait pas berner par les mensonges de Saren !


Je lui lance un regard désolé, lui montrant ma compréhension face au mur auquel il avait été confronté. Remarquant ma présence, Garrus se rapproche de nous, paraissant plus serein en nous voyant.


“Commandant Shepard ? Garrus Vakarian.” Se présente-t-il d’une voix plus calme. “J’étais responsable de l’enquête du SSC sur Saren.”


… Ce qui m’arrive ensuite est très inattendu… Maintenant que j’ai ce Turien en face de moi, je ressens un frisson étrange dans le dos. Il… Il me donne un air de déjà-vu… Il était rare de voir un Turien avec des yeux bleus aussi clairs, et les marques sombres sur son visage étaient également assez atypiques. Sans compter sa voix plutôt reconnaissable. Il… Merde, je le connaissais, j’en étais certaine ! C’était étrange… D’un côté, j’avais le sentiment d’être en quelque sorte heureuse de le revoir… et de l’autre… que cela faisait renaître un vieux souvenir que j’avais essayé d’enfouir en moi… Bon sang, pourquoi cela ne me revenait pas !?


Je dois avoir buggé quelques instants, Kaidan toussotant légèrement derrière moi pour me réveiller. Je cligne des yeux, sortant de mes pensées et le regardant avec surprise. Il ne semble pas agacé par mon comportement, montrant un sourire plutôt cordial. Je me détends un peu, tendant ma main.


“Ravie de vous rencontrer, Garrus.” Je réponds gentiment. “Et ravie surtout de voir une personne supplémentaire qui n’a pas été bernée par Saren. Contrairement à votre… chef, je suppose ?”

“Vous avez malheureusement raison.” Soupire-t-il de consternation, tout en me serrant la main. “C’était l’Exécuteur Pallin, chef du Service de Sécurité de la Citadelle. Il va présenter au Conseil les conclusions de mon enquête sur Saren.”

“Laissez-moi deviner, Saren sait parfaitement jouer les innocents et a réussi à cacher les preuves l’impliquant dans cette affaire ?” Je comprends en fronçant les sourcils.


Garrus montre un rictus amusé devant mes mots, avant d’approuver d’un hochement de tête.


“Saren est un Spectre : la plupart de ses activités sont classées top secret. Je n’ai rien trouvé de tangible.” Admet-il en serrant le poing. “Mais je sais qu’il prépare quelque chose. C’est… viscéral, comme disent les Humains…”


Au vu du regard sombre qu’il lance vers la direction du siège du Conseil, je ne doute pas qu’il soit aussi enragé que nous de voir ce meurtrier ainsi protégé. J’étais certaine qu’il avait fait de son mieux, mais avait été bloqué par les mesquineries politiques habituelles…


“Je vous remercie pour votre implication, Garrus.” Je continue, souriant pour le réconforter un peu. “Nous ferons en sorte que le Conseil nous écoute.”

“J'espère… même si je ne compte pas en rester là.” Affirme Garrus avec une forte détermination. “Mais bonne chance, Commandant. Et prenez soin de vous.”


M’offrant un dernier sourire, le Turien s’éloigne en direction de l’ascenseur. Je le regarde partir, la gorge nouée, essayant une nouvelle fois de me souvenir de quoi que ce soit. Sa voix si grave, déterminée et bienfaisante à la fois… Ce “Prenez soin de vous”... Merde, merde merde merde, j’avais beau me torturer l’esprit, rien ne me revenait ! Était-ce un effet des tranquillisants du Docteur Chakwas, ou bien le fait que je n’avais aucune mémoire !?


“Je connais ce Turien, j’en suis certaine !” Je grogne de frustration, la mine boudeuse. “Moi et ma stupide mémoire !”

“Peut-être l’avez-vous croisé du temps où vous habitiez à la Citadelle ?” Suggère Kaidan. “En tout cas, je ne doute pas des efforts qu’il a donné pour prouver la culpabilité de Saren. Dommage que cet enfoiré soit sur-protégé et que ce Garrus n’ait pu trouver aucune preuve…”

“En effet…” Je soupire, frustrée.


Bon, cela ne servait à rien de me triturer l’esprit maintenant. Comme d’habitude, cela me reviendrait bien plus tard ! Je remarque alors le regard sombre d’Ashley, dirigé vers là où était parti Garrus. De nouveau, j’y lisais beaucoup de rancœur, confirmant de plus en plus mes craintes de la haine qu’elle pouvait éprouver envers cette race. Je préfère laisser couler pour l’instant, mais je tâcherai de crever l’abcès plus tard. Je suis surtout stupéfaite par le Capitaine Anderson, qui regarde également la direction qu’avait pris le Turien. Mais lui… semblait lointain, voire même… triste… Et encore plus lorsqu’il se tourne vers moi, le regard lourd.


“... Capitaine…?” Je m’inquiète, m’approchant de lui.

“... Ne faisons pas attendre plus longtemps le Conseil…” Dit-il gravement, prenant de l’avance.


… Il connaissait également Garrus, c’était évident. Qu’avait-il bien pu se passer par le passé, bon sang !? Si j’avais à ce point enfoui ce souvenir… était-ce pour une bonne raison…? Malheureusement, cette réflexion devrait attendre…


L’heure était venue de confronter le Conseil. Prenant une grande inspiration, je monte les marches menant à la plateforme, suivie par mes deux acolytes. Udina et le Capitaine y sont déjà, faisant face aux trois conseillers, cette fois bien présents. Mais mon regard n’est tourné que vers le grand hologramme qui nous domine, me permettant enfin d’avoir un visage sur le nom qui ne m’inspirait que du dégoût depuis quelques heures : Saren Arterius.


Contrairement à beaucoup de mes congénères humains, les Turiens ont toujours été une source de fascination pour moi. Ils étaient, certes, très impressionnants, mais ils dégageaient une aura qui m’avait toujours intimé le plus grand respect. Mais ce Saren… Il n’y avait rien de bon en cet être… Ses yeux ne dégagent qu’une froideur extrême... Ce Turien… était mauvais, profondément mauvais… Et j’avais beau essayer de me défaire de ce sentiment, j’éprouvais devant lui… de la peur… Il était incroyablement dangereux, et il le savait. Il n’était pas à sous-estimer…


“L’attaque des Geth est préoccupante, mais rien n’indique que Saren y soit mêlé de près ou de loin.” Conclut l’Asari Tevos calmement, pour notre plus grande frustration.

“En outre, l’enquête du Service de Sécurité de la Citadelle n’a révélé aucun élément susceptible d’étayer vos soupçons de trahison.” Rajoute le Turien Sparatus.


Je serre fortement les poings, me contenant de hurler. Qu’ils disent plutôt que l’enquête avait été trafiquée pour qu’aucune preuve ne puisse apparaître ! Saren avait sûrement été protégé, autrement, Garrus aurait forcément trouvé quelque chose. Dans un sens, tant mieux qu’il ne soit pas présent à ce jugement affect, je n’osais imaginer le sentiment d’injustice qu’il aurait ressenti…


“Comment ça, aucun élément !?” S’emporte Udina. “Un témoin oculaire l’a vu abattre froidement Nihlus !”

“Nous avons lu les rapports d’Eden Prime, Ambassadeur.” Rétorque le Galarien Valern d’une voix hautaine. “Or, le témoignage d’un docker en état de choc peut difficilement s’apparenter à une preuve recevable.”

“Il faut donc être noble ou politicien pour que des paroles constituent une preuve suffisante ?”


Les personnes présentes me regardent avec stupeur ou choc, tandis que je défie du regard le Conseil. Qu’importe mon impétuosité, un tel aveuglement me dégoûtait. Qu’importe son statut et son travail, le témoignage de Powell aurait dû être sérieusement pris en compte ! Douter à ce point prouvait encore plus leur irresponsabilité, et leur manque de considération pour cette affaire !


“Powell et tous les survivants ont vécu l’enfer sur Eden Prime, vous pensez sincèrement qu’ils auraient inventé toute cette histoire !? De quel droit vous permettez-vous de juger et de rejeter les horreurs qu’ils ont pu traverser ?!” Je continue, la voix tremblante de colère. “Nihlus a été ASSASSINÉ, par le même être que vous essayez désespérément de protéger ! A quoi bon avoir autorisé cette audience si vous restez à ce point aveuglés !?”


J’entends Ashley discrètement siffler derrière moi, tandis que le Conseil me contemple avec méfiance, mépris ou colère. Je sens le regard noir d’Udina sur mon dos, mais je m’en fiche. Ce n’était pas en restant les bras croisés que justice serait faite. Ils allaient se souvenir que les Shepard se battaient jusqu’au bout pour leurs idéaux !


Mais ma confiance s’effrite lorsque Saren commence alors à froidement ricaner, secouant la tête et me contemplant presque avec amusement. Mon estomac se tord, et je ne parviens pas à défier son regard sans montrer mes inquiétudes. Il arrive à transpercer mon âme, détruisant en un instant la détermination que j’avais ressenti.


“Venant du Capitaine Anderson, de tels propos ne m’auraient guère étonné.” Commente Saren, d’une voix absolument glaciale. “De nouveau une belle preuve que l’Humanité devrait rester à sa place. Mais je suis étonné que le Conseil autorise le Commandant Shepard à émettre un avis aussi tranché. Vous auriez dû vous douter, chers conseillers, qu’elle n’aurait pas hésité à défendre les êtres les plus psychologiquement instables, au vu de son passif…”


Son jugement fait l’effet d’un coup de poing dans l’estomac, et je ne peux dissimuler le tremblement de mes épaules. User de mon passé et des conséquences d’Akuzé contre nous… À quel point cet être était abject !? Le pire est que cela semble fonctionner, les trois conseillers me regardant avec une forte désapprobation. Je voulais me faire entendre, montrer que j’avais encore du courage et de la volonté… mais en quelques secondes, Saren avait réussi à démolir toute chance de les convaincre… Il avait trouvé la faille à exploiter… Je… Je n’aurais pas dû venir, je n’aurais pas dû…!


“Je suis outré par ces accusations.” Continue Saren, sourcils faussement froncés. “Nihlus n’était pas qu’un Spectre à mes yeux. Au fil de nos missions, je me suis lié d’amitié avec lui. Vous devriez plutôt remettre en cause l’incapacité du Capitaine et de sa petite protégée à avoir protégé mon ancien camarade, ainsi que la balise.”

“Ce beau discours ! Vous n’avez pas changé, Saren !” Commente le Capitaine Anderson, tandis qu’il se positionne à mes côtés pour mieux m’épauler. “Une telle hypocrisie passée, pour mieux attaquer Nihlus par surprise ensuite ! Par ailleurs, si vous n’étiez véritablement pas présent sur Eden Prime, comment avez-pu avoir connaissance de l’existence de la balise prothéenne ? Cette information était gardée secrète !”

“Toujours prompt aux conclusions les plus faciles et rapides, Capitaine.” Réprime Saren avec un ton acide. “Après la mort de Nihlus, ses dossiers m’ont été transmis. Et j’ai lu le rapport sur Eden Prime.”

“Ils envoient à l’accusé le dossier le mettant en cause !?” Murmure Ashley avec incompréhension. “C’est quoi cette vaste blague !?”

“Pas étonnant qu’il ait pu se préparer en aval, et dissimuler toute preuve…” Condamne également Kaidan.


Cette audience prenait vraiment une tournure ridicule ! Le Conseil était-il si… incompétent !? Les Spectres étaient-ils si corrompus pour être à ce point protégés !? Qu’importe qu’ils étaient censés être la crème de la crème de la Galaxie, ils ne devraient pas être à ce point au-dessus des lois ! Si j’avais dû tourner comme eux, j’étais bien heureuse de ne plus être obligée de devenir une Spectre !


“Vous n’avez pas franchement brillé.” Critique le Spectre avec moquerie. “Mais que peut-on attendre d’un Humain, et encore moins d’un Humain malade et incompétent.”

“Je vous interdis de-” Je commence d’une voix sifflante, le poing serré.

“L’Humanité est loin d’être prête à rejoindre le Conseil.” Continue Saren en m’ignorant platement. “Et Shepard encore moins pour intégrer les Spectres !”

“Il n’a pas le droit de dire cela !” S’offusque Udina. “Cette décision n’est pas de son ressort !”

“L’admission de Shepard chez les Spectres n’est pas à l’ordre du jour.” Interrompt fermement Tevos, main levée.


Et elle ne le serait bientôt plus. Qu’ils trouvent quelqu’un de plus compétent, alors. Mais je croise le regard de l’Ambassadeur, toujours chargé de mépris. Encore ce sentiment d’inconfort… À quoi devais-je m’attendre…


“Alors cette réunion est inutile.” S’agace le Turien. “Les Humains vous font perdre votre temps, Conseillers. Et le mien également.”

“Une question demeure néanmoins en suspens.” Tente malgré tout le Capitaine Anderson. “La vision du Commandant Shepard. Elle a pu être provoquée par la balise.”

“Donc, maintenant, les rêves peuvent servir de preuve ?” Ricane méchamment Saren, me fixant d’un regard moqueur. “Comment puis-je défendre mon innocence avec ce genre de témoignage ? Qui plus est venant d’un soldat suivi pour troubles post-traumatiques.”

“Encore un sous-entendu, et je-” Je commence froidement, avant de me mordre fortement la langue pour me contenir. “Je n’ai rien inventé, cette vision s’est bien produite ! La balise m’a montré des images d'apocalypse, comme un avertissement ! Si vous n’en tenez pas compte, vous-”

“Je suis d’accord avec Saren.” Me stoppe Sparatus. “Notre jugement doit s’appuyer sur des faits avérés et des preuves tangibles, et non sur des divagations ou des spéculations hasardeuses.”


Tant de sentiment m’envahit à la fois. La rage, le dégoût, l’inquiétude… Ces imbéciles du Conseil… Aussi corrompus que tout politicien ! Peu importait nos preuves, ils trouveraient toujours des excuses pour se détourner du véritable problème. Nous ne pouvions pas compter sur eux, et au vu du rictus de Saren… il le savait… Il se sentait invulnérable, intouchable. Qu’il profite de cette trop grande confiance. Je n’allais pas quitter l’armée avant d’avoir prouvé sa culpabilité, même si cela devait me prendre des mois. Ma retraite anticipée attendrait un peu. Ce monstre avait osé commettre des horreurs, et s’en était personnellement pris à mes compagnons et à moi… Je n’allais pas laisser passer cela.


“Avez-vous autre chose à ajouter, Commandant Shepard ?” Demande Valern sans grande conviction.


Quel intérêt ? Ils étaient déjà décidés. Je les contemple d’un oeil noir, avant de jeter un regard mauvais à Saren. Sa satisfaction et son sentiment de victoire m'écoeurent… Mais il retomberait vite de son piédestal, j’en fais le serment.


“Profitez encore un peu de votre position, Saren.” Je menace, le pointant d’un doigt accusateur. “Je trouverai les preuves pour vous faire tomber. Et même le Conseil ne pourra plus vous protéger.”


Devinant pertinemment leur décision, je décide de ne plus perdre mon temps avec le Conseil, tournant les talons sous le regard indigné de l’Ambassadeur. Ils se passeraient de moi, j’en avais assez d’entendre leurs inepties. Kaidan et Ashley me suivent, le Lieutenant me regardant avec inquiétude, tandis que le Maître-Artilleur me prend par les épaules avec un sourire satisfait.


“C'était ce qui s’appelle leur rentrer dans le lard !” Ricane-t-elle d’une voix fière. “Bien joué Commandant, vous leur avez bien montré qu'il ne fallait pas se foutre de nous !”

“Ils m’ont mis hors de moi.” Je grogne, avant de me masser les yeux. “Bon, je risque de le regretter amèrement lorsque la tension retombera… mais sur le coup, ça fait du bien !”

“De toute façon, vu cette audience, leur décision était courue d’avance.” Souffle Kaidan. “Mais vous avez raison, il ne faut pas abandonner la partie, il y a forcément une preuve qui a échappé à Saren, il suffit de la trouver et de-”


Nous sommes interrompus par l’arrivée brutale de l’Ambassadeur Udina, qui se positionne avec menace devant moi, les yeux chargés d’éclair.


“De quoi droit avez-vous eu un tel comportement, Shepard !?” Condamne-t-il d’une voix grave. “A cause de votre insubordination, l’Humanité a été perçue comme agressive et impatiente ! Nos chances de rejoindre le Conseil et les Spectres s’envolent à cause de vous !”

“Il suffit, Udina !” Interpelle le Capitaine en nous rejoignant. “Face à Saren, le Commandant a parfaitement montré que les Humains ne se laisseraient pas intimider ! Auriez-vous préféré que nous le laissions nous humilier sans rien rétorquer ?”

“Si je vous fais à ce point défaut, soyez assuré d’une chose, Ambassadeur.” Je finis froidement. “Après avoir trouvé la preuve qui fera tomber Saren, vous n’entendrez plus parler de moi, et aurez tout le loisir de choisir un bien meilleur Spectre humain.”


Au vu de son regard noir, je commence à me demander s’il n’a pas envie de me sauter à la gorge. Venais-je de me faire un ennemi puissant…? Je savais que j’avais été probablement trop loin durant cette audience. Mais de toute façon, leur opinion à mon encontre n’était déjà pas favorable, et encore moins avec les allusions méprisables du Turien. Alors il pouvait penser ce qu’il voulait, cela n’aurait rien changé.


“Je vous attends dans mon bureau, Anderson.” Finit Udina, avant de nous quitter.

“Il ne va pas constituer une menace, j’espère…?” S’interroge Kaidan, se massant le cou d’inquiétude.

“J’y veillerai.” Promet le Capitaine, le regard grave. “Les choses n’auraient pas changé, même sans notre intervention. Nous devons désormais faire tomber Saren. Je le connais, il ne reculera devant rien pour arriver à ses fins.”

“A quoi pouvons-nous nous attendre ?” Demande Ashley, bras croisés.

“A tout.” Répond-t-il sincèrement. “J’ai eu le malheur de travailler avec lui il y a de nombreuses années, alors que j’étais proposé pour devenir également Spectre.”


J’écarquille les yeux, stupéfaite. Le Capitaine Anderson aurait pu devenir le premier Spectre Humain !? Il aurait été absolument fantastique, servant parfaitement la justice galactique et la cause humaine à la fois !


“J’ai vu de quoi il était capable.” Soupire-t-il avec remords. “Je ne suis pas dupe. Je sais que lors d’un conflit, des sacrifices sont parfois nécessaires, mais uniquement en dernier recours ! Durant cette mission, Saren n’a pas cherché d’autres solutions, et a sacrifié sans hésiter des centaines de civils innocents. Lorsque j’ai essayé de l’accuser de cette infâmie, il a joué de ses relations et de sa puissance pour me disculper. Non seulement il s’en est sorti, mais il a détruit tous mes espoirs de rejoindre les Spectres.”

“Quelle enflure !” Ashley et moi grognons en même temps.

“Voilà pourquoi il faut l’arrêter au plus vite.” Confirme-t-il fermement, avant de me lancer un regard désolé. “Je regrette de devoir encore vous demander un service, Shepard, mais-”

“C’est comme si c’était fait, Capitaine.” Je promets, me mettant au garde à vous, Kaidan et Ashley me suivant.


Qu’il soit rassuré, je ne l’abandonnerai pas face à de telles responsabilités. Je tiendrai le choc, cette audience m’avait suffisamment mis hors de moi pour trouver la force nécessaire pour continuer ! Il hoche la tête, souriant de reconnaissance, avant de prendre congé pour rejoindre Udina. Pourvu qu’il ne lui attire pas d’ennuis…


“Et maintenant ?” Je commence, me tournant vers mes compagnons. “Des suggestions pour commencer notre enquête ?”

“Je pense que notre meilleure piste serait de retrouver Garrus Vakarian.” Suggère Kaidan, bras croisés. “Après tout, les pistes qu’il a suivies pourraient nous mener sur la bonne voie.”

“Sans compter qu’il aurait toutes les raisons de nous aider à faire tomber Saren.” J’approuve avec conviction. “Autant commencer par là, alors. Direction l’Académie du SSC.”


J’osais espérer que l’employeur du Turien saurait nous dire où le trouver. De nouveau, je constate le regard sombre d’Ashley. Pourvu que le ressentiment qu’elle pouvait avoir ne nuise pas à notre travail d’investigation… Garrus avait beau être un Turien, j’étais convaincue qu’il serait un allié de taille face à notre adversaire. Et toute aide était bonne à prendre, quel qu’elle soit. Il lui faudra bien l’accepter…


Bien décidé à ne pas laisser impuni les agissements du Spectre et à prouver l’aveuglement du Conseil, nous nous dirigeons vers les locaux du SSC. Je m’étais promis de prendre le temps nécessaire pour aboutir à la fin de cette enquête… mais un léger tournis me prend lorsque nous prenons l’ascenseur de la Tour… Bon sang… Pourvu que les calmants restent actifs le temps nécessaire…



Laisser un commentaire ?