Le principe de réciprocité
Chapitre III : Celui qu'il a aimé.
C'est après un sommeil agité que j'ouvre les yeux dans le noir complet. Et si ma jambe est toujours douloureuse, je souffre toutefois beaucoup moins que lorsque je me suis endormi. Et c'est encore à moitié dans les vapes que je saisi mon téléphone portable afin de regarder l'heure. Quatorze heures... Déjà quatorze heures ? Mon dieu, je ne pensais pas avoir dormi aussi longtemps ! S'il est vrai que nous sommes rentrés sur les coups de huit heures du matin avec Monsieur Stark, après mon éprouvante mission avec Deadpool, aux vues de mon sommeil mouvementé, je ne pensais pas m'être assoupi durant autant de temps. Je demande à J.A.R.V.I.S d'ouvrir grand les volets, et ce fut une petite lumière grisâtre qui envahie doucement ma chambre. Je me poste devant la grande baie vitrée, et je constate que le temps est aussi maussade que mon humeur du jour. Et c'est sans grande énergie que je m'habille avant de rejoindre Monsieur Stark.
Alors que j'arrive près du salon, j'entends la voix de Monsieur Stark. Il semble être en pleine discussion avec... je dirais War Machine.
– Le petit va bien, c'est le plus important. S'exclame Tony.
– Oui, c'est sûr. Mais bon, ça fait deux fois en deux jours que tu le vois copiner avec Deadpool. Ce n'est pas très bon signe si tu veux mon avis.
– Non, Peter est un bon gamin, me défend-t-il. Wade lui a mentit sur toute la ligne, il lui a fait croire qu'il avait besoin de cet argent pour sauver sa femme. Sauf que Vanessa est déjà morte depuis des années, et le petit n'avait aucun moyen de savoir ça...
– Celui-là... Il ose se servir d'un gosse pour vendre des informations sur nous en plus ! S'insurge Rhodes. Et tu en as faits quoi ?
– J'ai laissé le SHIELD le livrer au professeur Xavier, précise l’ingénieur.
– Ça nous fait donc un problème de moins à régler. Et sinon, le secrétaire d’État m'a demandé d'enquêter sur le Nomad. Il aurait été aperçu en Bolivie en compagnie de la veuve noire en train d'appréhender un trafic de drogue.
– Personnellement, je ne suis au courant de rien. Et tant qu'il ne me confiera pas la mission officiellement, je ne m'aventurerais pas là-bas. S'exclame Tony l'air contrarié.
– Ah Tony... Fait War Machine en soupirant.
Après cela, un petit silence s'installe entre les deux hommes, et je profite de cet instant pour faire mon entré dans le salon. C'est un peu maladroitement que je salue les deux amis qui me rendent ma politesse. Tony s'empresse de se lever avant de venir passer son bras autours de mon épaule avant de me demander avec un brin d'inquiétude dans la voix :
– Comment tu te sens ce matin, Peter ? Ça va ta jambe ?
– Oui ! Ne vous inquiétez pas ! Voulus-je le rassurer tout de suite avant d'ajouter timidement : Monsieur Stark...Je suis désolé de ne pas vous avoir réveillé hier...
– C'est oublié, me rassure Tony avant de me demander : Tu as faim ? Vue l'heure, tu dois être affamé.
– Un peu... Avoue-je tout en ayant pas l'impression de mériter quoique ce soit.
– Bien, Rhoddy, on va aller manger quelque part, tu nous accompagne ?
– Désolé Tony, mais j'ai du travail, moi.
– Un travail qui peut largement attendre que tu prennes un bon repas. Souligne-t-il avec un sourire malicieux peint sur ses lèvres.
– Tu me tueras, tu le sais ça ? Dit Rhodes en se redressant péniblement avec ses jambes métalliques. Mais la réponse reste non.
– Tant pis, je vais en profiter pour me retrouver en tête à tête avec le petit, dit-il en serrant son étreinte autour de mes épaules. Un petit qui va, d'ailleurs, me faire le plaisir d'aller s'habiller décemment.
– Je suis mal habillé ? M'étonne-je.
– On va dire qu'on a déjà vue des choses pires entre ces murs. Mais bon, c'était Thor, et il s'habille comme un viking, donc bon... Se dit-il à lui-même. Tu ferais mieux d'aller nous enfiler quelque chose de mieux.
– Mais, je n’ai rien de mieux.
– Un T-shirt Blanc, un jeans, et une petite veste noire, tu n'as pas au moins ça ?
– Bah j'ai bien un t-shirt, mais y a un stormtrooper dessus. Précise-je.
– Ça fera l'affaire, me dit-il avec entrain. Tu iras juste chercher une veste dans ma chambre, on a l'air de faire la même taille.
La même taille ? Je n'en suis pas certain, puisque Tony n'est pas très grand, et que du haut de mes seize ans, je suis en pleine poussée de croissance. C'est pourquoi, intrigué, je profite de son étreinte pour savoir lequel de nous deux est le plus grand. Et visiblement, je suis très légèrement plus grand que lui. Si cela ne se joue à pas grand-chose, je suis tout de même heureux de le dépasser ne serait-ce que de quelques centimètres.
– Vous savez, Monsieur Stark, je suis plus grand que vous, dis-je fièrement.
– Pardon ? Fait-il surpris avant d'ajouter sur la défensive : Tu n'es pas plus grand que moi.
– Je vous dépasse légèrement.
– Oh mon Dieu, Tony, s'exclame Rhodes soudainement amusé. Il se tasse le petit vieux ?
– Sauf que je ne suis pas plus petit, dit-il avec un petit air provocateur.
– Vous mesurez combien ?
– Un mètre cinquante, plaisante War Machine.
– Un mètre soixante-dix, et toi tu n'es pas plus grand que ça, fait-il sûr de lui.
– Bah, selon Karen, je mesure un mètre soixante-quatorze, annonce-je heureux.
– Ça fait quoi de se faire dépasser par un gosse ? Se moque gentiment Rhodes.
– Oh toi ça suffit, siffle l'ingénieur visiblement agacé. Et toi, vas te changer, on n'a pas toute l'éternité.
– Oui, approuve-je avec entrain.
Tandis que je quitte le salon, j'entend toujours War Machine qui taquine Iron Man sur sa taille. Personnellement, je dois avouer que cela me fait plaisir de le dépasser. Et cela pour une raison toute bête : j’ai l'impression qu'en étant plus grand que lui, je gagne en légitimité. Et même si c’est stupide de penser ainsi, je ne peux m'empêcher de le ressentir. Ainsi, c'est avec entrain que je pénètre dans ma chambre afin de me changer.
Une fois cela fait, je n’ai plus qu'à aller chercher la veste de Tony. Seulement, le mécanicien ne m’a jamais montré où se trouve sa chambre, et la plupart du temps lorsque je le cherche, il se trouve dans son laboratoire. Mais alors que je m'apprête à le rejoindre pour lui demander où aller, soudain, je réalise que, la veille, je l’ai vue sortir d'une chambre adjacente à la mienne. Supposant qu'il doit s'agir de sa chambre, je m'y rends timidement. Lorsque j’ouvre la porte, j'y découvre une chambre bien plus modeste que ce que je pensais. Sur ma droite, il y a un large lit entouré de deux chevets modernes avec des lampes dessus. Sur le mur de droite, il y a une immense penderie qui se fond dans le décor. Et enfin, il y a une porte au fond à gauche qui doit sans doute donner sur une salle de bain. Toutefois, avant cela, il y a une vitrine, avec un mannequin vide, entourée par deux larges bibliothèques. Et si les étagères sont remplies de livres en tout genre, il n'y a cependant pas de télévision. Ce qui est assez étonnant aux vues de la personnalité très connectée de Monsieur Stark.
Néanmoins, c'est avec une certaine appréhension que je me rends jusqu'au placard pour trouver un blouson. Toutefois, s'il y a effectivement une petite veste noire suspendue, le reste des vêtements ne ressemblent pas du tout à ce que porte Tony. En effet, les tenues semblent beaucoup trop décontractées pour l'ingénieur qui préfère arborer un style vestimentaire plus élaboré. Mais alors que je réalise que je me suis trompé de chambre, j’aperçois, caché au milieu des tas de fringues, un petit calepin noir. Après un coup d’œil circulaire à la pièce, je m'en empare, curieux à l'idée d'en découvrir le contenu. Tandis que, je sens mon cœur battre la chamade, comme si je m'apprêtais à faire une bêtise, j'ouvre ce fameux petit livre. Et si, au départ, je n'y trouve que des esquisses, plus je tourne les pages, et plus je constate qu'il y a des croquis, et des portraits de Monsieur Stark. Et au détour d'une page, mes joues s'empourprent aux vues du dessin qui s'offre à moi. Celui-ci représente l'ingénieur installé nu dans son bain avec son bras qui recouvre son visage[1]. Et c'est aussi choqué, que gêné, mais également quelque peu émoustillé, que je continue de tourner les pages afin d'avoir une idée du propriétaire de cette chambre. En tous les cas, une chose est certaine : Tony a une relation très forte avec cette personne. Et si j’ai déjà ma petite idée de l'identité de l'individu en question, mon hypothèse se confirme à la page suivante, puisqu'un petit mot est griffonné à la va-vite :
« Steve, la prochaine fois, plutôt que de me dessiner, viens me rejoindre dans mon bain. Signé : T.S »
Les rumeurs dans la presse étaient donc vraies : Captain America et Iron Man sont bels et biens sortis ensembles. En même temps, j'aurais dû m'en douter vue les réactions de Monsieur Stark à chaque fois que quelqu'un évoque l'ancien leader des Avengers. En effet, son regard devient sombre, et il semble soudainement nerveux. Et puis... Hier soir, il l’a appelé dans son sommeil. Est-il possible qu'il soit toujours amoureux de lui ? Cela me semble peu probable, après tout, ils se sont battus il y a quelques années. Et depuis ils ne se parlent plus… Mais malgré cela, est-il possible qu'il éprouve toujours de tels sentiments aujourd'hui ? Si c'est vraiment le cas... Je crois bien que j'ai aucune chance... Je ne pourrais jamais rivaliser avec quelqu'un d'aussi grand que Captain America... D'autant plus que, visiblement, cet amour avait été réciproque aux vues des dessins qui ornent le calepin. Car, si au départ, il y avait d'autres Avengers, ou des paysages représentés, au fur et à mesure, il n'y avait plus que Tony d'esquissé. N'ayant pas vraiment le temps de le voir jusqu'à la fin, je décide de l'embarquer avec moi... Histoire de pouvoir regarder cela à tête reposée.
Et si je suis un peu abattu par ce que je viens de découvrir, je décide tout de même d'aller retrouver Monsieur Stark. Peut-être pourrais-je profiter du déjeuner en tête à tête que nous allons partager pour lui poser quelques questions. Et c'est avec une pointe de stresse que je m’approche de lui. Il est toujours dans le salon en pleine discussion avec War Machine. Lorsque Tony me voit revenir, il me demande :
– Tu n'as pas été chercher la veste ?
– Je ne sais pas...où se trouve votre chambre, avoue-je tout en omettant de lui dire que je me suis égaré dans celle que Captain America occupait à l'époque.
– Bien, on va la chercher vite fait, et après, on y va. Toujours non, Rhodey ?
– Toujours, confirme celui-ci à mon plus grand soulagement.
– Tu ne sais pas ce que tu loupes, l'avertit Tony.
Puis il m'embarque avec lui jusque dans sa chambre. Mon cœur bat la chamade à l'idée d'entrer dans l'endroit où dort Monsieur Stark, puisque j’ai l'impression de rentrer dans son intimité. Lorsqu'il ouvre sa porte, sa chambre n’a effectivement rien à voir avec celle de Captain America, puisqu'elle est bien plus spacieuse, et plus richement décorée. Et dans celle-ci, on peut y trouver une télévision, mais aussi un immense dressing dans lequel il m’entraîne. Il me fait essayer plusieurs vestes qui sont un peu juste pour moi. Même si elle m'allait relativement bien, je suis un peu serré dedans. Et c'est en remarquant cela que Tony s'exclame :
– Bon, tu es peut-être un peu plus grand que moi...
– Bah oui, et je suis surtout plus costaud que vous, fis-je remarquer.
– Oh n’exagère rien, Petit ! Me calme-t-il. Tu n'as pas encore la carrure d'un Thor ou d'un Captain America !
– C'est sûr, avoue-je la mort dans l'âme.
– Bien, aller, garde celle que tu as sur le dos, elle fera l'affaire pour un repas. Tu éviteras tout de même de me la craquer, d'accord ?
– Oui, je ferais attention, lui confirme-je.
Suite à cela, Tony m'amène jusqu'à un petit restaurant dans lequel il a ses habitudes. On nous dresse une petite table à l'écart des regards avant de nous donner les cartes. Et c'est une fois que la commande fut prise que je prends mon courage à deux mains pour tenter de rediriger la conversation vers le sujet qui me tient à cœur. À savoir, la relation de Captain America et de Iron Man. Et c'est timidement que je lui demande :
– Monsieur Stark, je peux vous poser une question ?
– Oui ? Répond-t-il intrigué par ma demande.
– Mais... l'avertis-je : C'est une question très personnelle, alors si vous n'avez pas envie de répondre... Je comprendrais...
– Vas-y, je t'en prie, Dit-il sûr de lui.
Honnêtement, je ne pense pas qu'il s'attende à ce que je lui pose une question sur sa vie sentimentale. Peut-être s'attend-t-il à une question sur ce qu'il s'est produit hier soir ? Mais pour ma part, j’ai besoin d'avoir des réponses. J’ai besoin de savoir qu'il n’est plus amoureux de Steve Rogers... J’ai besoin de le savoir... Tout simplement parce que j'ai peur de ne pas être à sa hauteur... Mais si je regarde la vérité en face, je sais bien que je n'ai aucune chance... Enfin, je dois tout de même en savoir plus, puisqu’après tout, s'il n'est plus amoureux de lui... J'aurais peut-être une chance... Même infime qu'il m'aime à mon tour...
Je reprends ma respiration avant de lui demander timidement :
– Vous êtes amoureux de Captain Amercia ?
– Pourquoi cette question ? Me demande-t-il visiblement désarçonné.
– Parce que... Hier soir, je suis venu vous voir dans votre laboratoire, et vous avez prononcé son nom dans votre sommeil... Avoue-je.
– Ah... Fut sa seule réaction.
– Comme la presse avait fait fuiter des images, mais que personne n'avait jamais confirmé quoique ce soit... Eh bien, je pense que tout le monde pensait que c'était des montages.
– Pour être honnête, ce n'était pas des montages, dit-il avec un air désespéré peint sur le visage malgré le faux sourire qu’il aborde.
– Mais, vous vous êtes battus avec lui en Allemagne ? Demande-je en espérant qu'il m'avoue qu'il ne l’aimait plus.
– Tu sais, Peter, c'est compliqué. Se contente-t-il de me dire comme s'il s'agissait d'une explication.
– Mais, vous l'aimez plus aujourd'hui, si ?
– C'est compliqué, répète-t-il sans me regarder.
– Parce qu'il est parti ? Lui demande-je.
– Non, ce n'est pas pour ça... Il a fait des erreurs que je ne pourrais jamais lui pardonner, m'explique Stark sur un ton qui trahissait sa colère et sa rancœur.
– Quelles erreurs ?
– Ça... Je ne peux pas t'en parler, Petit, dit-il sur un ton toujours aussi sombre, avant de faire un faux sourire et de me demander : Et toi ? Tu vas me dire de qui tu es amoureux ?
Je rougis instantanément à cette question, et le mensonge que je lui avais servi quelques jours auparavant me revient en mémoire. En effet, j'avais dit à Monsieur Stark que j'étais amoureux d'une fille de mon lycée. Afin de ne pas éveiller ses soupçons, je décidais de continuer sa ma lancée, en y glissant toutefois une petite dose de vérité :
– C'est...La fille la plus populaire de mon lycée...
– Comment s'appelle-t-elle ?
– Gwen Stacy... Dis-je sans réfléchir. Elle est aussi belle...Qu'intelligente, dis-je en lançant un regard appuyé à l'ingénieur qui me fixe avec un petit sourire. Mais... Elle ne me remarquera jamais...
– Eh bien, va lui parler, me conseille Tony. Tu sais, les filles ne font jamais le premier pas...
– Mais je lui parle déjà, lui explique-je. Sauf... Qu'elle est toujours amoureuse de Flash... l'homme avec qui elle sortait avant... Avant aujourd'hui...
– Et alors ? Si elle n'est plus avec, c'est qu'ils n'étaient pas faits pour être ensemble, non ?
– Mais... Monsieur Stark... Entre Flash et moi... Y a carrément un monde... Je dirais même une galaxie...
– Et alors ? Tu es peut-être justement le genre d'homme dont elle a besoin, non ? Si tu étais comme son ex, pourquoi elle se mettrait avec toi, hum ? Quand on quitte quelqu'un parce que ça ne va pas, si on se remet avec la copie conforme, ça ne risque pas de fonctionner, non ? Il faut... savoir ouvrir ses horizons, Petit.
– Et c'est ce que vous faites ? Lui demande-je
– Comment ça ? Dit-il perdu face à ma question.
– Après Captain, vous avez ouvert vos horizons ? Vous cherchez à rencontrer quelqu'un...de différent ?
– Oh tu sais... Fait-il sans me regarder. Des horizons différents j'en ai exploité des tonnes dernièrement...
– Je suis sûr que vous trouverez quelqu'un de bien, tente-je, quelqu'un qui saura vous écoutez et prendre soin de vous.
– Merci, Peter. Et tu vois, c'est justement pour ce genre de comportement qu'elle ne pourra pas t'ignorer plus longtemps...
– Si vous le dites...
Très sincèrement, après l'échange que nous venons d'avoir, je pense sincèrement que Monsieur Stark aime toujours autant Captain Amercia. Néanmoins, s'il éprouve toujours des sentiments amoureux à son égard, je pense qu'il éprouve également de la rancœur. Toutefois, j'en ignore l'origine, mais j'ai l'impression que c'est bien plus important que les accords de Sokovie. Et c'est en repensant aux accords de Sokovie, qu'une autre question me vient à l'esprit :
– Si vous ne l'aimez plus, pourquoi vous ne partez jamais l'arrêter ?
– Pardon ? Dit-il à nouveau surpris par ma question.
– Eh bien, à chaque fois que Captain America est aperçu quelque part, vous mettez toujours beaucoup de temps à rejoindre cette zone. Ce qui n'est pas dans vos habitudes... Vous êtes plutôt quelqu'un de réactif en temps normal... Souligne-je.
Tony me fixe silencieusement et semble hésiter à répondre. Et heureusement pour lui, cette réflexion fut interrompue par le serveur qui prit notre commande. Une fois parti, je réitère ma question ce qui semble agacer l'ingénieur.
– Pourquoi toutes ces questions sur Captain ?
– Parce que... Vous avez l'air malheureux... Avoue-je.
Et si ce n'est pas l'unique raison pour laquelle je lui pose cette question, je m'inquiète toutefois sincèrement de son état psychologique. En effet, ce n'est pas la première fois que je remarque que Tony a l'air abattu et triste. Si, au départ, je n'avais rien remarqué, à force de cumuler les séjours chez les Avengers, j'ai fini par y prêter attention. Tout d'abord, le fait qu'il boive beaucoup d'alcool est un signe plutôt éloquent de son état dépressif, puisqu'on ne s'enivre jamais sans raison. Et puis... Il dégage de lui un mal être étouffant lorsqu'on évoque l'enfant chéri de l'Amérique. Comme s'il était écrasé par ses sentiments, et que ceux-ci étaient bien trop intenses et douloureux pour être totalement contenus. Pourtant, j'ai l'impression que l'ingénieur n'aime pas dévoiler ses sentiments, et qu'il préfère les garder en lui, plutôt que de montrer ses faiblesses. Et là-dessus, je le comprends. J'ai moi-même l'impression de jouer un rôle, et cette sensation s'est trouvée accentuer lorsque je suis devenu Spiderman. Devoir mentir à May, et à mes amis... C’est vraiment difficile à vivre... Et si aujourd'hui, elle est courante pour mon activité de super-héros, cela ne m'empêche de jouer un rôle auprès de tous les autres. Et si ce n'est pas toujours évident, le fait d'avoir des personnes sur lesquelles on peut réellement compter, et avec lesquelles être honnêtes, ça fait vraiment du bien. Et c'est dans cette optique que je reprends la parole :
– Vous savez, Monsieur Stark, depuis que je vous ai rencontré, j'ai l'impression que je peux tout vous dire...
– Et tu en dis déjà beaucoup, souligne-t-il avec une pointe d'humour servant sans doute à éluder ma précédente question.
– Non, mais ce que je voulais vous dire, c'est que si vous avez besoin de parler, je suis là...
– T'en fais pas pour moi, Peter. Je vais très bien, dit-il en me tapotant l'épaule. Et puis, si cela peut te rassurer, j'ai encore quelques amis à qui parler.
– Mais je m'inquiète pour vous, insiste-je.
– Mon petit Peter, je t'ai dit de ne pas t'inquiéter, d'accord ?
– Plus facile à dire qu'à faire, explique-je. Vous êtes un modèle pour moi...
– Écoute, Peter. Dit-il sur un ton un peu plus ferme. Avec Captain, c'est de l'histoire ancienne, et si je ne vais pas le traquer, ce n'est pas parce que j'ai encore des sentiments pour lui, ou je ne sais quelles sottises que tu te racontes dans ta petite tête d'ado. Mais, si je ne le poursuis pas, c'est parce que je n'ai pas envie de l'envoyer lui, Natasha, Wanda et Sam en prison. Tout simplement parce qu'ils font ce qui doit être fait.
– Mais vous n'étiez pas d'accord avec les accords de Sokovie ?
– Avec la désertion de Captain America, et des autres... Cela complexifie grandement la situation... Et puis, ces accords... Ils ne pourront pas tenir, Peter. Un jour, le gouvernement sera obligé de les retirer.
– Pourquoi vous dites ça ? Demande-je surpris.
– Tout simplement parce que le monde affrontera une crise comme nous n'en n'aurons jamais eu, et qu'on aura besoin des Avengers. Et que si on en venait à affronter un nouveau Ultron, ou pire, une nouvelle invasion Alien, je doute qu'à Rhodes, Vision et moi, on puisse arrêter ça... M'explique-t-il avec pessimisme.
– Mais je suis là aussi, lui rappelle-je.
– Ce n'est pas faux, mais face à des Chitauris, je ne suis pas sûr qu'à quatre, on ait plus de chance qu'à trois, souligne-t-il.
Je me contente de hocher la tête en signe d'approbation. Il n’a pas totalement tort. Et si j'en suis son raisonnement, s'il n'arrête pas Captain America, c'est uniquement parce que cela ne servirait à rien de l'envoyer en prison. Puisque le jour où on aura besoin de lui, il faudra qu'il soit capable d'intervenir.
– Mais vous vous sentez capable de faire à nouveau équipe avec Captain ? Demande-je. Parce que si jamais on a besoin de lui dans une mission très dangereuse, vous serez obligé de travailler avec lui. Ce ne sera pas trop dur pour vous ?
– Et bien... Soupire-t-il. J'espère que ça n'arrivera pas...
– Mais vous avez dit...
– Je sais... Et pour être honnête, je ne suis pas certain de pouvoir travailler avec lui... Mais bon, quand le monde est en danger, on ne réfléchit pas. On fonce, et on verra le reste après...
– Mais s'il revient dans les Avengers, vous resterez ?
– Je n'en suis pas certain, m'avoue-t-il tout bas.
Mon cœur loupe un battement à cette annonce. Tony pourrait-il réellement quitter les Avengers ? Non, ce n'est pas possible... Ainsi, c'est avec un brin de panique dans la voix que je demande :
– Mais je deviendrais quoi si vous partez ?
– Oh la, calme-toi, Petit. Me dit-il avec un sourire malicieux peint sur ses lèvres. Tu n'es pas près de te débarrasser de moi. Même si je ne suis plus un Avengers, je pourrais toujours m'occuper de toi. Tu seras mon activité de retraité !
À cette annonce, je ne peux m'empêcher de me sentir soulagé. Si jamais Iron Man décidais de prendre sa retraite, honnêtement, je ne sais pas ce que je vais devenir. Pour le moment, j'ai besoin de lui dans ma vie actuelle. Venir le voir à la tour des Avengers, ça m'aide à trouver un équilibre entre ma vie de super-héros et ma vie d'étudiant. En effet, le voir réussir autant dans sa vie de super-héros que dans sa vie professionnelle, ça m'aide à me dire que j'en suis capable moi aussi. Que si Tony Stark arrive à gérer sa vie, il n'y a aucune raison pour laquelle je ne puisse pas en faire autant. Alors, s'il vient à prendre sa retraite, j'aurais sûrement du mal à remonter la pente en cas de coup dur.
Mais, ce n'est pas la seule raison, car il faut avouer que les sentiments que j'éprouve à son égard ne sont pas non plus étranger à ce soulagement. Ne plus le voir, ça me briserait le cœur, car je ne désespère pas à l'idée de le séduire un jour. Et c'est ce que je tente de faire durant tout le reste du repas. Mais en vain. Je crois sincèrement que Tony ne remarque pas du tout mes avances. Et j'ai l'impression qu'à sa façon de me parler, il me considère toujours comme un enfant... Malgré tout ce que j'ai fait... Tout ça à cause de cette stupide différence d'âge...
Une fois le repas terminé, il me propose de retourner avec lui jusqu'à la base des Avengers, mais je décline son invitation. Il est temps pour moi de retourner au Queen's, et d’exercer un peu mon métier de super-héros. Et puis, j’ai besoin de prendre un peu de temps pour moi après ce qu'il s'est produit ce week-end. Entre ma mission avec Deadpool, et surtout, la discussion que nous venons d'avoir avec Monsieur Stark. J’ai besoin de prendre du recul, et de faire le point sur mes sentiments. Mais l'ingénieur ne cherche pas à me retenir, et se contente de me souhaiter un bon week-end. Toutefois, juste avant de partir, il se retourne vers moi avant de me demander :
– Au fait, Peter, il faudra que tu me donne les plans de ton costume. Que je puisse te proposer quelques idées d'améliorer, si la collaboration tient toujours...
– Bien sûr ! Je l’amènerais la prochaine fois !
– Ok, fait-il avant d'ajouter, tu reviens quand tu veux, tu le sais ?
– Oui, je sais.
Après avoir entendu ces mots, je n’ai qu'une envie : Le prendre dans mes bras. Cependant, je retiens cette pulsion. Je n'ai pas encore l'impression d'être assez proche de lui pour me permettre de faire ce genre de chose. C'est pourquoi, je me retiens. Je me contente donc de repartir dans mon quartier par le métro.
A suivre
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Bonjour, bonsoir
J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Si tel est le cas, n'hésitez pas à me le dire en commentaire !
Peter en apprend plus sur les sentiments et les relations de Tony ! Mais parviendra-t-il à prendre la place de Captain America dans son coeur?
Sur ce, bonne soirée et bonne lecture,
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[1]Référence à la fiction « l'amour n'est pas un long fleuve tranquille » chapitre II et III