Gemini War, Tome 1, First Avengers
L’ordre de mission que nous avions découvert ne disparu pas. Cependant, la guerre ne s’arrêtera pas non plus pour nous laisser y penser. De missions en missions, d’hôpital de campagnes en centres d’opération secret, d’attentats en libérations, nous étions trimbalés d’un bord à l’autre de l’Europe. L’enveloppe en papier kraft était resté au fond d’un de nos sacs, probablement abimée par les voyages et les intempéries, mais dument ignorée par nous deux. Nous avions raté la fête des morts. Nous en aurions sûrement eu trop à honorer de toutes manières et Sasha et moi n’avions pas la moindre envie de retourner à Londres pour visiter nos très chers parents (ou du moins ce qu’il en restait). Nous avions à la place passée la nuit à veiller sur une plage, attendant le retour de Carter et Steve de leur mission d’infiltration. Les deux étaient revenus avec un éclat de rire et des coups de feu derrière eux. La situation n’était pas inhabituelle, bien qu’elle fit perdre 10 £ à ma sœur qui les donna à James qui ne cachait pas son sourire narquois.
“Joyeux noël !
-Ferme la porte Gabe, il gèle dehors !” rétorqua immédiatement Bucky en jetant un regard noir au nouveau venu.
Nous avions fini quelque part au milieu de la campagne italienne après avoir aidé la résistance locale à faire disparaître le responsable de la milice. Notre baraquement consistait d’une vieille grange perdue dans les champs, faîtes de vieilles pierres, d’une porte en bois qui possédait moins de planche qu’à l’origine, et de fenêtres dont les volets n’étaient plus qu’un vague souvenir. Autant dire qu’il ne faisait pas chaud et que nous étions entassé sous tous les vêtements et couvertures trouvées.
Ironiquement, c’était probablement le meilleur Noël que j’ai passé. Certes, nous étions poussiéreux, Bucky, Sasha et Gabe se chamaillaient comme des enfants ; Steve et Peggy, je n’en parlerais pas. Mais c’était toujours mieux que Noël en tant qu’agent d’Hydra.
Dugan avait dégoté une caisse d’alcool artisanal beaucoup trop fort pour avoir un nom et, malgré tous mes efforts, je n’avais pas pu échapper à son verre d’alcool ‘traditionnel’. Je suis presque sûr d’y avoir laissé des papilles tellement le goût était fort. Steve s’était proprement étouffé avec et, à travers mes yeux embués, j’apercevais Jim et Sasha entrain de lui taper frénétiquement dans le dos. Les connaissant, c’était plus pour mettre fin à ses souffrances que pour l’aider.
“Joyeux Noël… ” entendis-je Bucky répéter près de moi.
Ses cheveux étaient trop longs maintenant, cachant presque ses yeux, mais je savais que nous pensions la même chose. Pour des raisons différentes, soit. Mais quelles étaient les chances pour nous de souffler à nouveau comme ça dans les prochains mois ? La guerre ne nous attendrait pas. Mais pour cette fois, juste cette fois. Le monde derrière cette porte à moitié démolie pouvait bien aller se faire foutre. Car je n’avais jamais vu Sasha sourire comme ça, car je n’avais jamais vu quelqu’un d’aussi stupidement amoureux que Steve Rogers, car l’alcool me brûlait encore la gorge, car pour la première fois depuis des années, je ne portais pas un visage qui n’était pas le mien.
S.A
Peggy et moi ne passions pas un très bon moment. Principalement parce que j’étais pas fan des menottes qui entaillaient mes poignets et parce que la chaise en face de nous était occupée par une bombe artisanale. Bon, j’admets que cette partie-là était légèrement ma faute. Récapitulons. Nous étions le 2 janvier, probablement, en plein milieu des Pays-Bas, probablement, et dans un baraquement sur le point d’exploser.
“Je sens que je vais en entendre parler longtemps de cette histoire.” soupirais-je en secouant la tête.
C’était censé être une opération simple. Entrer, poser la bombe, repartir. Une opération tellement simple qu’elle devait avoir lieu de la même manière dans cinq lieux différents. C’est d’ailleurs pour ça que nous n’étions que toutes les deux avec Peggy. Enfin, non, pour être entièrement exact, Frenchy était avec nous, mais je l’avais fait passer par-dessus le mur (sans son accord, je l’admets) et il n’avait donc pas été pris. Ou si ça avait été le cas, nous n’avions pas été mises au courant.
Le problème majeur, c’est que la bombe était programmée pour dans environ dix minutes et que, au lieu d’être loin de la dite bombe, nous étions pile devant. Le tic tac du vieux réveil-matin que Jim avait connecté aux pains aurait pu me rendre folle si je n’avais pas été habituée aux bruits répétitifs dont la seule fonction semblait être celle de me torturer. La bombe était dans un sac et je m’étais débrouillée pour insulter assez fort et assez longtemps les soldats pour que personne ne remarque le bruit qu’elle faisait. Oh, et bien sûr, Dan n’était pas avec moi ! Pourquoi faire simple lorsqu’on peut se faire tuer !
“Si ça peut te rassurer, je ne comptais pas divulguer ton échec.” se moqua Peggy que je distinguais du coin de l’œil.
Plus proche de la fenêtre et du mur, je pouvais voir ses épaules bouger de gauche à droite. Nos mains étaient menottées au dos de la chaise et nos pieds attachés à ceux des sièges.
“Tu peux te moquer très chère, mais tu es aussi coincée que moi je te signale.” rétorquais-je alors que je faisais avancer ma chaise vers la bombe le plus discrètement possible.
Je n’avais aucune envie de me faire déchiqueter par une explosion. Oh, je ne pouvais pas dire que j’avais peur de mourir, non. Par contre, l’idée de mourir m’irritait beaucoup. Le rire de Peggy me tira de mes basculements dangereux de chaise :
“Darling, j’ai bien peur de te décevoir sur ça.”
J’entendis un déclic. Lorsque je me tordais sur ma chaise pour comprendre ce qu’elle faisait, je me rendis compte que la brune avait défait ses menottes et frottait actuellement ses poignets, une épingle à cheveux entre les dents.
“Une épingle. Bien sûr.” soupirai-je en laissant tomber ma tête contre le dossier.
“Tu n’aurais jamais dû te couper les cheveux à la garçonne, au moins tu en aurais eu une.” confirma l’agent Carter avec un large sourire tandis qu’elle défaisait les cordes de ses chevilles avant de venir défaire ma paire de menottes personnelle.
“Com’on, tu sais qu’au fond, tu m’aimes.” répliquai-je avec un clin d’œil alors que je me levais.
Carter était plus grande que moi d’une tête, ce qui n’était pas aidé par les talons (certes légers) qu’elle portait. Me lever ne changeait
donc pas grand-chose à ma stature hélas.
“Sasha.
-Oui ?” répondis-je avec un large sourire.
“La bombe.
-Crap.”
Bien sûr, je l’arrêtais juste à temps, sinon j’aurais du mal à écrire ces lignes. Après avoir remis un minimum de temps, nous étions sorties de la pièce par la fenêtre (du deuxième étage) avant de coller les pains de c4 contre le mur d’un des hangars où ils feraient le plus de dégâts. C’est lorsque nous étions sur le haut du mur que l’explosion retentit, manquant de nous envoyer sur les barbelés en contrebas. Nous n’étions même pas les dernières. Mais soi-disant, je n’avais pas le droit de critiquer l’équipe de Gabe, Dugan et Dan parce qu’ils avaient récupérés des armes en plus. Au grand désespoir des deux premiers, ils n’avaient pas trouvés de tanks.
D.H
Les montagnes à la frontière de l’Espagne et de la France étaient superbes à cette époque de l’année. Superbes, et mortellement froides. Nous avions débarqué en Espagne, pays soi-disant neutre, et nous devions maintenant rejoindre un campement maquis du côté français. Le voyage n’avait pas bien commencé. L’avion qui nous avait parachuté avait été repéré juste après notre saut, nous laissant à découvert. Steve nous avait dit de nous séparer et chacun devait se retrouver au campement à quelques jours de marches de notre point de départ. Je grimpais donc une pente escarpée cette nuit-là. J’étais assez à couvert pour me permettre de me déplacer à la lumière de ma lampe sans risquer quoique ce soit et préférais pas m’endormir de nuit. J’avais lu trop de récits où l’on se réveille avec de terribles engelures, lorsqu’on se réveille. Et bizarrement, mourir de froid ne me semblait pas une perspective des plus plaisantes. Au moins la matrice prodiguait une chaleur rassurante sur ma nuque. Je m’y étais habitué lentement, mais à l’instant, je remerciais sa présence.
Alors que j’arrivais sur un chemin plus plat furetant entre les arbres et la falaise, j’entendis des branches craquer derrière moi.
“Tu sais, ta lampe est pas hyper discrète.”
Je levais les yeux au ciel et me tournais vers Bucky. Ce dernier avait son habituel sourire narquois de lorsqu’il se pensait intelligent.
“Oh, la ferme Buck’.” rétorquai-je en levant les yeux au ciel, “Tu as croisé les autres ?”
Le brun secoua la tête négativement en me rejoignant :
“Nah, personne, tu es le premier. Vu où on est, je pense qu’on ne prend pas trop de risque en continuant ensemble, qu’est-ce que tu en dis ?” proposa-t-il en frottant ses mains l’une contre l’autre pour en retirer la neige.
J’acquiesçais à l’idée. Je préférais finir avec quelqu’un que de parler tout seul pour occuper le silence alentour.
“Ça me va. Fais attention où tu marches, on est à deux pas d’une falaise et la neige a gelé à certains endroits.” l’avertis-je en reprenant ma marche.
Un tel avertissement aurait dû nous mettre en sécurité. Mais Sasha et moi avons ce qui s’appelle un karma qui cherche sans cesse à nous tuer. La bonne nouvelle, c’est que je ne glissais pas sur les roches qui nous menaient derrière les arbres et vers les derniers kilomètres où se trouvait le campement. La mauvaise, c’est que James oui.
Je n’eu qu’un bref instant pour réfléchir. Je ne dis pas que ma réflexion fut la bonne. (Je tiens à rappeler que j’ai déjà failli mourir à de nombreuses reprises à cause de mon instinct de survie peu développé.) Je me jetais au sol et attrapait le bras gauche de Bucky au moment où celui-ci tombait dans le vide. Ce faisant, j’allais écorcher mon visage sur les pierres que le gel avaient rendues mortelles.
“Si j’ai encore déchiré une veste à cause de toi, je t’étripe Barnes.” grinçai-je en le tirant du mieux que je pouvais vers moi.
Buck resta silencieux tandis qu’il s’écorchait les mains en remontant. Après dix minutes où nos cœurs semblaient au bord de la rupture, nous finîmes assit tous les deux dans le froid et près du gouffre. Le brun me regarda pendant un long moment sans rien dire avant de parler :
“Je sors avec ta sœur.”
Il avait parlé tellement vite que je pris bien trente secondes à comprendre ce qu’il venait de dire avant de le fixer d’un air incompréhensif.
“C’est censé être un secret ?” finis-je par demander avant d’éclater de rire, “Buck, je suis presque sûr que le seul à ne pas savoir que toi et Sasha couchiez ensemble, c’est Frenchy. Mais merci, tu viens de me faire gagner dix livres.”
Bucky me regarda fixement puis me colla un crochet dans l’épaule.
“Tu te fous de ma gueule ? Tu sais à quel point ça m’inquiétait que tu l’apprennes ?!
-Pourquoi ? Vous êtes adultes, vous faites bien ce que vous voulez, ça me regarde pas.” répondis-je en haussant les épaules, sans vraiment comprendre l’attitude du brun.
“Dan, tu es mon meilleur ami, Sasha est ta sœur, généralement les gens n’apprécient pas trop ce genre de chose.” finit par expliquer ce dernier en se relevant.
Je ricanais :
“Buck, Sasha me collerait un pain si jamais je lui faisais une remarque du genre. Oh, par contre, si c’est pas officiel, tu devrais peut-être faire en sorte que vous mettiez les choses à plat tous les deux. Parce qu’à mon avis, elle n’a peut-être pas la même vision de votre relation, just sayin’.” poursuivis-je en l’imitant.
Visiblement, ma phrase avait jeté un froid, car nous reprîmes notre chemin en silence. Pour honnête, je préférais être franc. Après tout, pour vouloir subir Sasha, il fallait déjà être sacrément atteint.
C’est à l’aube de notre second jour de marche ensemble que nous entendîmes à nouveaux des voix autres que les nôtres.
“Oï, mate! Regarde qui daigne enfin de nous rejoindre !” s’exclama Dum Dum en nous repérant.
Ce dernier était avec Gabe et Frenchy, entrain de faire une pause autour d’un réchaud à gaz.
“Tiens, vous n’avez pas trouvé de tanks à voler ? Pourtant, j’ai entendue dire qu’il y avait un camp ennemi dans le coin.” me moquai-je en les rejoignant
“Oh, la ferme Rosbif.” rétorqua Gabe en nous rejoignant, tirant un éclat de rire à Frenchy qui était visiblement très heureux de lui avoir appris ce que voulait dire Rosbif à propos d’un Britannique en France.
Je ne sais pas si la fatigue avait enfin eu raison de nous. De toute manière, avec la neige, les rochers et les arbres, peut-être n’aurions-nous rien remarqué. Juste un bref éclat lumineux, du coin de l’œil, avant d’entendre le bruit d’une rafale de tir. Étonnamment, je ne me souviens pas de la douleur. Juste du goût du sang dans ma bouche et d’avoir vu Frenchy s’effondrer juste avant que tout devienne noir.