Les Vestiges d'Hydra

Chapitre 15 : Le Tartan et la Peluche

2988 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/04/2023 15:02

Vingt.

Ça fait maintenant vingt jours que nous cohabitons avec Peter et Wade et le moins qu’on puisse dire c’est que… Ça ne se passe pas si mal que ça ! Curieusement, Deadpool paraît légèrement plus stable lorsqu’il est en compagnie du jeune homme. Si je fais abstraction de la fois où il s’est fait passer pour Stark en appelant PymTech pour reporter le stage de Pete à une date ultérieure (choisie en pointant le calendrier les yeux fermés)... Je dois reconnaître que son imitation du ton suffisant de Tony nous a arraché un sourire, surtout à Bucky, qui semble apprécier la présence de son jeune ami ! Finalement, le plus compliqué est de gérer le fait qu’ils dorment dans la petite chambre juste à côté de la nôtre (tous les soirs, c’est spectacle son et lumières) et aussi de devoir planquer les bouteilles de whisky à Wade…

Bucky et Peter s’occupent généralement des poneys ensemble ; ils ont même supervisé la mise-bas de Tesla, au milieu d’une nuit, avec les conseils de Lachlan qui a accouru en pyjama…Pendant qu’ils travaillent et discutent ensemble, moi je dois supporter Wilson et ses remarques graveleuses ou ses sous-entendus sur l’alchimie du cul de Bucky avec mon membre viril. Je ne devrais pas, mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir rassuré quand il dit ça… C’est dire l’étendue de mon désespoir…

Nous nous sommes résignés à les garder avec nous devant l’insistance de Peter, le temps de guetter le retour de la mystérieuse femme (d’après La Fouine, il s’agirait de Silver Fox, une mutante au service d’Hydra) et de Rumlow. Il est convenu qu’une fois que le “Blob” sera de nouveau occupé, Wade et Peter retournent à New-York. En attendant, nous apprenons à Pete à mener une planque et il semble ravi de se sentir utile et d’être considéré comme un adulte.

Nous nous sommes rendus aux coordonnées GPS fournies par Wade, elles correspondent en effet à l’emplacement des ruines d’un vieux château. Nous avons mis quatre jours à trouver une entrée menant à un réseau souterrain, mais n’avons rien tenté pour la forcer, de peur de déclencher une quelconque alarme pouvant trahir notre connaissance du lieu. Depuis, les ruines restent désespérément vides…


*~*


Ce matin, alors que Bucky et moi déjeunons du black pudding avec des œufs en sirotant notre café dans un calme des plus agréables, Lachlan débarque dans le salon, les bras chargés d’étoffes, qu’il dépose lourdement en bout de table.

Madainn mbath mo buidheag (1) ! Les gamins sont pas encore réveillés ?

– Les gamins, les gamins… Y en a un qui est plus vieux qu’il n’y paraît ! Ils dorment ! répondè-je, ravi de profiter du silence qui en découle…

– Je crois pas qu’ils dorment, non, mais enfin… rajoute Bucky, en levant les yeux au ciel.

– Bref ! C’est quoi, tout ça ? demandè-je, en pointant le tas posé par l’Écossais.

– Des tartans, pardi ! Y en a pour tous les quatre… 

– Des… des tartans ? Pourquoi faire ? commencè-je à m’inquiéter.

– Le Lairg Gathering, mo charaid (2) ! C’est aujourd’hui, vous n’avez pas oublié ?

– À vrai dire…

– Je vous rappelle que vous avez accepté d’y présenter quelques poneys et aussi de participer aux jeux ! Impossible de vous y rendre habillés autrement qu’avec des kilts… J’en ai trouvés du Clan Grant, j’espère qu’il n’y aura pas trop de vrais membres de ce Clan d’ailleurs… poursuit Lachlan, un peu soucieux.

– Allons, il doit y en avoir à la pelle des Grant, en Écosse ! On n’est pas obligés de tous se connaître… le rassurrè-je.

– C’est petit l’Écosse ! Heureusement pour vous, le whisky va couler à flots… 

– On peut pas décommander ? Les ruines ne vont pas se surveiller toutes seules…questionne Bucky, inquiet.

– Et bafouer la parole de votre Clan ? Allez, hop, au boulot ! Vos ruines ne vont pas s’envoler, vous irez demain. Je vais réveiller les jeunes… répond Lachlan, en grimpant les escaliers.

Bucky me fixe et rigole silencieusement, les bras croisés sur sa poitrine et les yeux pleins de malice ! Je lui rends son sourire et reste immobile en entamant un décompte amusé : 


– Cinq, quatre, trois, deux… 

Soudain, on entend des bruits de pas précipités qui dégringolent l’escalier et Lachlan apparaît dans le hall d’entrée, le teint cramoisi : 


– Je, heu… ils dormaient pas, non ! Ça je peux vous dire… lls dormaient pas ! A dhia (3)

– Vous voulez vous crever les yeux avec un tison ? lui proposè-je, en rigolant.

– Nay ! Je… Je vais aller préparer les poneys… Mallaichte bas (4) ! l’entendons-nous marmonner, alors qu’il referme la porte derrière lui.

– Bon… Je ne boirai plus jamais de Drambuie… promis-je, en déployant les tenues.

– Je… Je crois que les Écossais ne portent rien sous leur kilt. m’explique Bucky, l’air de rien, en prenant une des jupes.

– Ah oui ? C’est… C'est très intéressant comme tradition ! On va se changer ? demandè-je, soudain de meilleure humeur.


*~*


Peter et Wade ont fini par descendre déjeuner et ont revêtu également le tartan rouge, vert et bleu des Grant avec beaucoup d'entrain, apparemment ravis de se rendre au Rassemblement après plus de deux semaines sans voir personne d’autre que Lachlan et nous ! Les papis, comme ils nous appellent…

– C’est un peu petit pour ranger mes sabres… Je peux même pas y rentrer un tanto… se lamente Deadpool, en triturant son sporran, la petite bourse accrochée à sa ceinture, qui porte le crest des Grant, une colline en feu avec la devise du Clan “Stand fast” tenez bon.

– C’est pas fait pour y ranger des armes, Wade ! lui explique Peter.

– En l'occurrence, on va peut-être quand même y mettre des couteaux juste… Au cas où… intervient Bucky, en nous distribuant quatre petits couteaux balistiques Spetsnaz, qu’il affectionne.

La porte s’ouvre et Lachlan apparaît dans le hall, drapé dans le tartan du Clan MacKay, aux lignes entrecroisées vertes, bleues et noires. La manche de sa veste Spencer porte le blason et la devise de son clan, un poignard tenu droit avec l’inscription “Manu forti” d’une main forte. Nous n’avons pas l’habitude de le voir aussi élégant et je dois avouer qu’il est méconnaissable ainsi, portant fièrement la tenue de son Clan ! 

C’est à ce moment que Bucky descend l’escalier pour nous rejoindre, après s’être enfermé dans notre chambre pour se changer. Mon regard se détache de Lachlan pour se poser sur lui, qui fixe négligemment la broche de son fly plaid, au-dessus de son épaule cybernétique. Lui-aussi est méconnaissable ; le kilt laisse voir une partie de ses jambes musclées, de grandes chaussettes noires en laine montent depuis ses ghillies jusqu’à ses genoux. Je remarque qu’en haut de sa chaussette droite, il a glissé le traditionnel sgian dubh, un petit poignard élégamment orné. Qui aurait cru qu’un homme en jupe pouvait être aussi… Virilement sexy ! En s’arrêtant devant Lachlan, il lui jette un balmoral, le traditionnel béret à pompon rouge : 


– Hors de question que je mette ça sur ma tête !

L’Écossais ne s’en offusque pas, au contraire, il rigole : 


– Vous pouvez assumer de porter une jupe, mais pas de mettre un béret sur votre tête ?

– Tout le monde n’a pas de cheveux roux à cacher ! lui lancè-je, en lui tirant la langue.

Il me balance le balmoral à la figure en faisant la grimace : 


– Bande de punks à chiens ! Allons-y, mon père et mes enfants m’attendent là-bas ; je suis venu avec ma remorque ; j’emmène les chevaux, vous prenez les poneys et les jeunes ? Ils sont chargés.

– Déchargés, moi je dirais plutôt ! rigole Deadpool, en sortant.


*~*


Lairg est magnifiquement décorée pour l’occasion, le printemps l’éclaire de nouvelles couleurs qui se mêlent aux tartans des différents Clans des participants. Le village et ses alentours fourmillent d'activités et d’insouciance, je ne sais pas où donner de la tête ! Partout, des prés ont été aménagés en terrains pour les traditionnels jeux Écossais tels que le caber (lancé de troncs), le tug o’ war (tir à la corde) ou encore le hammer throw (lancé de marteau). De nombreux corrals et enclos abritent des dizaines de moutons, chèvres, poneys et chevaux autour d’un ring de présentation où quelques juges sont en train de discuter, d’énormes pintes à la main ! Mon estomac est attiré par des stands de nourriture et de boissons disséminés un peu partout, d’où se dégagent des odeurs tantôt sucrées, tantôt salées, mais toujours alléchantes. Au loin, je distingue plusieurs petits manèges, ainsi que des stands de jeux forains autour desquels de nombreux enfants s’agitent, tirant désespérément la main de leurs parents…

Nous nous garons derrière Lachlan, qui nous fait de grands signes pour nous désigner l’emplacement qui nous est réservé. À côté de lui se trouve un homme lui ressemblant en tout point, dans une version plus âgée. L’aîné porte le même tartan, celui du Clan MacKay et son identité ne fait aucun doute quand je remarque derrière lui la présence d’une femme d’un certain âge, aux longs cheveux grisonnants, retombant sur une silhouette replète, entourée de trois enfants ! Ils s’occupent de nos chevaux dans le corral ; trois petits rouquins, deux garçons et une fillette.

Bucky et moi descendons les premiers, suivis de près par Peter et Wade. Lachlan rassemble sa tribu qui s’approche de nous avec curiosité :


– Les Grant, je vous présente mon père Alan, ma maman Caitriona, mon fils aîné Ewan, mon second fils Lewis et ma fille, Isla ! Les MacKay, je vous présente mes employeurs, Finlay, Duncan et, euh… Des parents à eux ! 

Après les salutations d’usage, nous avons bien du mal à nous défaire des enfants de Lachlan, qui semblent fascinés par… Nous ! Ils ne nous lâchent que lorsque leur grand-père leur demande de sortir les poneys du camion, ce qu’ils se précipitent de faire. Bucky les aide à installer Tesla et son poulain-Full Hybrid-dans un petit enclos à part et aussitôt, une foule de curieux viennent les observer. Buck s’extirpe précipitamment du corral pour me rejoindre et laisse Lachlan répondre aux questions des badauds. 


– La première épreuve commence dans une heure, terrain numéro 6, les Grant ! interpelle Alan.

– La première quoi ? demande Bucky, suspicieux.

– L’épreuve de tug o’ war ! répond l’ancien avec entrain.

– Euh… commence Buck.

– Ok, on y sera ! le coupè-je.

Nous nous éloignons et Bucky m’attrape par le coude : 


– Pourquoi t’as dit oui ?

– Pourquoi j’aurais dit non ? T’as peur de perdre ? Il fut un temps où tu adorais les foires, je te rappelle…

– C’était il y a longtemps…


Je ne réponds rien, mais l’entraîne pour nous balader dans le village. Naturellement, les jeunes nous ont faits faux bond et se sont éloignés dès que possible, j’espère juste que Wade ne fera rien de stupide… Au bout de quelques minutes, Bucky s’acclimate et commence à s’imprégner de la bonne humeur et de l’insouciance ambiante. Je ne me lasse pas de le sentir détendu et de le voir aussi curieux de tout ce qui l’entoure. J’ai l’impression qu’il redécouvre la vie ; non pas avec les yeux d’un enfant, mais bien avec ceux d’un adulte à qui on a volé la sienne. Certains hommes semblent reconnaître notre tartan et nous saluent chaleureusement sur notre passage, j’avoue que c’est étrangement agréable de se sentir faire partie d’un tout. Comme si nous n’avions pas à nous cacher. Comme si notre présence était non seulement tolérée, mais bienvenue !

Un peu plus loin, je me stoppe devant un stand de tir à la carabine et mes souvenirs font un bond en arrière jusqu’avant la guerre… Bucky s’arrête lui aussi, puis finit par me demander : 


– Qu’est-ce qui se passe ? T’as vu un fantôme ?

– Ça te rappelle rien ? lui demandè-je, en désignant le stand.

Je me rends compte trop tard que mon ton est plein de reproches… Bucky fronce les sourcils, visiblement à la recherche de cet épisode de son passé. Je décide alors de lui venir en aide : 


Dodo ! lancè-je, acerbe.

Bucky me fixe, abasourdi, visiblement il s’en rappelle : 


Dolorès ? Et ben quoi ? C’était ma petite amie à l’époque, qu’est-ce qu’il y avait de mal à gagner une peluche pour elle ?

– Oh, rien… Elle était contente, elle... continue-je, sur le même ton.

– Attends, t’es sérieux Rog… Grant ? Tu vas vraiment me faire une crise de jalousie avec soixante-dix ans de retard ? s’étonne-t-il.


Est-ce que c’est ce que je suis en train de faire ? Oui ! Absolument ! La Dolorès en question doit être morte à l’heure qu’il est, mais je ne peux pas m’empêcher de lui en vouloir. Même encore… C’est mesquin. C’est complètement nul, enfantin et grotesque. Mais c’est comme ça !

Je ne réponds rien, mais continue de regarder le stand les bras croisés, perdu dans mes pensées. Bucky m’observe un moment ; du coin de l'œil je peux apercevoir le petit sillon se creuser entre ses yeux, puis soudain, il me plante là et s’approche du forain pour lui tendre un billet. Le temps que je comprenne ce qu’il est en train de faire, il se retourne pour me fixer pendant que l’homme lui tend une carabine. Mon cœur s’accélère pendant que je m’approche à grandes enjambées et lorsque j’arrive à la hauteur de Bucky, le forain lui explique le fonctionnement de la pétoire : 


– Vous pouvez faire deux tirs d’essais ! lui propose l’homme.

Bucky se met en place et épaule en moins de cinq secondes : 


Nay ! Je devrais m’en sortir… marmonne-t-il.

Les petites cibles défilent et malgré la mauvaise facture évidente de la carabine, il les dégomme une à une avec une rapidité et une précision qui impressionnent non seulement le forain, mais tous les badauds à proximité, qui se mettent à applaudir avec enthousiasme. 

– Bravo, monsieur ! Vous avez gagné le gros lot-la statuette d’Iron Man-ou bien vous pouvez choisir ce que vous voulez sur l’étagère du haut ! déclare le forain, en récupérant l’arme.

– Surtout pas la statuette, non… Je veux une peluche ! La plus grosse s’il vous plaît… déclare Bucky, en me fixant.

L’homme décroche une énorme peluche à l'effigie du monstre du Loch Ness et la tend à Bucky, qui le remercie avant de se tourner vers moi : 


– Cette fois-ci, la peluche est pour toi ! 

Il se plante devant moi et me tend maladroitement le dinosaure. Je ne peux pas m’empêcher de rougir un peu, tout en faisant un grand sourire lorsque j'attrape la peluche. J’ai la sensation étrange, mais satisfaisante qu’on me rend quelque chose qui m’appartient et qu’on m’aurait soustrait pendant bien trop longtemps ! Sur le coup de l’émotion, je saisis le fly plaid de Bucky pour l’approcher de moi et lui pose un chaste baiser sur les lèvres. Il se laisse faire et rougit à son tour, puis rajuste mécaniquement la broche en fer forgé représentant le crest du Clan. 

– Merci, Buck ! Je l’adore… 

– J’ai… J’ai été sniper toute ma vie alors tu sais… Je pourrais t’en gagner d’autres si ça te fait plaisir ! déclare-t-il, l’air de rien.

– J’aime bien cette idée ! Et j’aime encore plus t’embrasser devant tout le monde pour te témoigner ma gratitude…

– Oui, euh… On devrait y aller, c’est l’heure… répond Bucky, embarrassé, mais visiblement agréablement surprit.


En nous dirigeant vers le terrain numéro six, nous faisons un crochet par notre emplacement et après avoir vérifié que les animaux vont bien avec Alan, je dépose avec tendresse mon Nessie dans le camion ! Nous cherchons les jeunes, mais ils ne sont pas dans les parages ; nous partons alors en direction de l’épreuve de tug owar et au bout de quelques pas, je décide de tenir Bucky par la main. Pour mon plus grand bonheur, il se laisse faire et me sourit, en jetant toutefois des pans d'œil inquiet aux Écossais qui nous entourent, mais tous les regards que nous croisons sont bienveillants.

Finalement, je vais continuer à boire du Drambuie...



(1) : bonjour les amis

(2) : mon frère

(3) : mon Dieu

(4) : expression d'exaspération, littéralement "la mort noire"



***** Hellooooo! Alors j'ai plein de photos pour vous côté forum ♥️♥️. Parce que ce chapitre, je me suis régalée à l'écrire 😊

Voilouuu, le chapitre suivant la semaine prochaine normalement 😉😉. Prenez soin de vous d'ici là ♥️ *****

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