L'amour au-delà de la haine
Chapitre XIV : Renaissance
Des sons confus me parviennent, comme des voix lointaines qui parlent un langage qui m’est inconnu. Puis, après ce qui me semblait être un vide intersidéral, ces fameuses voix sont remplacées par un bip qui se répètent en boucle de façon constante. Et la brume qui a envahi mon esprit commence à se dissiper en douceur. Tout d’abord, je commence à reprendre conscience de mon corps. Il me parait lourd, engourdi, et j’ai l’impression que je suis incapable de bouger le moindre orteil. Puis, je prends conscience de ma respiration et de l’air pur qui entre et sort de mes poumons.
Et lorsque je peux enfin ouvrir les yeux, je découvre un monde bien trop blanc à mon goût. Et je mets plusieurs minutes avant de m’habituer à la lumière. Et alors que le monde autour de moi est en train de prendre forme, j’aperçois une forme installée à mes côtés. Le voile devant mes yeux est en train de se lever, et je distingue l’ingénieur qui s’est assoupi à mes côtés. Installé dans un fauteuil, à proximité de mon lit, et il s’est endormi la tête enfouie dans ses bras. Et c’est avec difficulté que je lève le bras pour venir caresser ses cheveux ébènes. Mais à peine ai-je posé un doigt sur lui, que celui-ci se réveille en sursaut. Et il regarde autour de lui comme s’il sort d’un cauchemar particulièrement éprouvant. Puis, quand il comprend que je suis conscient, une forme de soulagement se dessine sur ses traits.
- Steve, tu es réveillé ! S’exclame-t-il. Je vais chercher les infirmiers.
- Attends… Tony… Essaye-je d’articuler tant bien que mal.
Mais cela ne retient pas le milliardaire qui se précipite hors de la chambre. Je sais qu’il doit s’inquiéter pour moi, mais quant à moi, mes pensées sont à mes amis. Car la dernière chose dont je me souviens c’est du sourire maléfique qui ornait le visage de Crâne Rouge. De Natasha qui est étendue sur le sol du Q.G des Vengeurs, inconsciente ou presque… Des hurlements de désespoir de Sam… Mais surtout, de tous ces ennemis qui sont là… Pourvu que tout le monde soit en vie… Et en bonne santé…
Puis au bout de quelques minutes, l’ingénieur revient en compagnie d’une infermière. Tandis qu’elle est en train de me procurer des soins, j’en profite pour leur demander :
- Comment vont Natasha et Sam ?
- Ils vont bien, intervient l’ingénieur.
Une vague de soulagement m’envahi. Car savoir qu’ils sont toujours en vie est déjà une source de joie. Mais je tiens à savoir s’ils ont été gravement blessés…
- Ils sont encore hospitalisés ?
- Et non, il ne reste que vous, plaisante Stark. Natasha est sortie hier et Sam n’a pas été hospitalisé, même si du repos lui a été prescrit.
- Parce que ça fait combien de temps qu’on est là ?
- Vous êtes ici depuis une semaine, Monsieur Rogers. Me répond l’infermière de sa voix douce et réconfortante.
- Une semaine ? M’écrie-je.
- Restez tranquille, vous êtes encore fragile, commente la soigneuse devant mon agitement soudain. Vous avez été blessé par balle, et vos poumons ont été gravement touchés. Vos amis ont même dû vous faire une trachéotomie pour évacuer le sang qui s’y était accumulé. Vous avez eu de la chance.
- Vous êtes hors de danger, précise l’Iron Man. Mais, vous êtes encore fragile.
- Vous avez encore besoin de repos, et cela, même en prenant en compte votre facteur d’auto-guérison.
- Combien de temps ? Demande-je. Car, nous avons du pain sur la planche, nous devons retrouver Crâne Rouge, et l’arrêter avant qu’il n’ait le temps de…
- Ça fait une semaine que vous êtes dans le coma, vous pensez bien que nous ne sommes pas restez sans rien faire. Pourtant, malgré toutes nos investigations, Crâne Rouge reste introuvable. Commente l’Iron Man. Vous avez donc toutes les raisons du monde de vous reposer pour le moment.
- Vous n’arrivez pas à remonter sa trace ?
- Non, nous avons fait le choix de vous sauver la vie. Soupire-t-il. Plutôt que de les poursuivre et, malheureusement, on n’a pas réussi à remonter jusqu’à eux.
- Je vois…
C’est regrettable que nous ayons perdus la trace de nos ennemis. Cependant, à leur place, j’aurais fait la même chose. J’aurais, bien sûr, priorisé mes amis plutôt que la traque de mes adversaires. Même si je me doute que cela devait être un choix cornélien surtout quand on voit qui on affronte…
Une fois que l’infermière eut fini mes soins, elle me laisse seul en compagnie de Tony. Il semble fatigué, car sans parler des cernes qui assombrissent ses yeux noisette, ses cheveux sont en bataille et ses vêtements froissés. Vêtu d’un simple t-shirt blanc sur lequel est inscrit les lettres « Rock » à moitié dissimulé sous une petite veste noire. L’ingénieur est installé dans le même fauteuil qu’à mon réveil, et se trouve, de ce fait qu’à quelques centimètres de moi.
- Merci d’avoir veillé sur moi, souffle-je reconnaissant. Sincèrement, je suis tellement heureux de me réveiller à tes côtés.
Une drôle d’expression passe sur le visage de l’ingénieur lorsque je prononce ces mots. Je ne saurais dire si c’est de la contrariété, de la peur ou de la colère. Et il ne m’aide pas à comprendre ce qui se passe dans sa petite tête de génie, puisqu’il se mure dans le silence. Aussi, pour briser le silence, je tiens à le remercier pour nous avoir sauvé la vie :
- Merci d’être venu, Tony… Sans toi, on ne serait probablement plus là… Comment tu as su que nous étions attaqués ?
Et la même expression étrange se dessine à nouveaux sur le trait de l’ingénieur. Puis, il se mord la lèvre inférieure comme pour réprimer des mots qui veulent sortir malgré lui. A mes yeux, ce comportement étrange ne peut traduire qu’une seule et unique chose : son mal être et sa gêne de se trouver à mes côtés après tout ce qu’il s’est passé. Peut-être qu’il se sent obligé de veiller sur moi. Ou qu’ils ont fait des tours de gardes afin d’éviter que Crâne Rouge revienne me tuer dans mon sommeil. Et que je me suis, malheureusement, réveillé pendant son tour. Aussi, je murmure :
- Tony… Je te remercie d’être resté avec moi, mais tu sais je vais me reposer, alors tu peux partir si tu le souhaites…
- Tu veux que je parte ? Me lâche-t-il de but en blanc.
- Pas vraiment… Avoue-je. Mais je ne veux pas que tu te sentes obligé de rester…
Surtout que lorsqu’il a été lui-même hospitalisé, je n’ai pas été d’un grand soutien pour lui. Alors qu’à l’époque nous étions en couple. Aussi, il ne me doit rien… Et le simple fait qu’il soit ici, à mon réveil, est le plus grand cadeau que peut me faire l’univers. Et rien que pour ça, je suis heureux de ne pas avoir succombé à mes blessures.
- Tu sais bien qu’on ne peut pas m’obliger à faire quoique ce soit contre ma volonté, plaisante-t-il.
- Mais je sais que ton grand cœur te pousse souvent à faire des choses dont tu n’as pas envie. Contre-argumente-je.
- Je suis loin d’avoir un grand cœur… Fini-t-il par lâcher non sans avoir détourné le regard au préalable.
Je me penche vers l’ingénieur et je passe ma main sur son visage pour qu’il soit forcé de me regard. Et malgré la douleur que me provoque ce mouvement, je lui déclare d’une voix aussi douce et calme que possible :
- Tony, tu es la personne la plus généreuse et passionnée que je connaisse. Je sais que tu es prêt à tout pour protéger tes proches, et que bien souvent, tu te néglige pour prendre soin de ceux qui t’entoure…
- Je te pardonne… Lâche-t-il soudainement.
- Pardon ? Réplique-je si surpris que je me laisse retomber dans mes coussins.
Ais-je bien entendu ? Il me pardonne ? Il le pense sincèrement ? Et comme s’il lisait dans mes pensées, il se lance dans l’un de ses fameux monologues pour tenter de justifier ce qu’il vient de m’annoncer :
- Steve… Tu sais ces derniers jours… J’ai eu le temps de réfléchir à beaucoup de chose… Et… J’ai eu…Si peur de te perdre… Si ça avait été le cas… je ne sais pas comment j’aurais pu réagir… je…
- Tony… Murmure-je en attrapant sa main.
- Steve… Il serre ma main dans la sienne avec toute la force du désespoir avant d’ajouter : Quand mon père est mort… Enfin, quand il a été assassiné… On s’était disputé… Juste avant leurs départs. Ma mère, elle voulait que je retire mes paroles, parce que j’avais été dur avec lui, tu vois ? Je lui ai dit que je le détestais, et qu’il ne serait jamais mon père… Mais… je suis resté sur mes positions… Résultat, il est mort sans savoir… Enfin, à l’époque, je pensais le détester… Mais aujourd’hui, je sais que ce n’était pas le cas… Et… C’est pareil avec toi… Je pensais te détester… Mais…
La voix de l’ingénieur se brise soudainement, et il ne peut terminer sa phrase.
- Tony… je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur… Je…suis désolé…
- Steve… Ce n’est pas ça, c’est juste que si tu étais mort, tu serais parti en pensant que… je te haïssais…
- Je sais que tu ne me hais pas, tente-je maladroitement de le rassurer.
- Vraiment ? Se contente-t-il de répondre.
- Non, je sais que tu souffres de ce que je t’ai fait… Et que… C’est impardonnable…
- Steve, écoute-moi, je te pardonne. Et cette fois-ci, je le pense sincèrement. C’est fini ce petit jeu du chat et de la souris auquel on joue depuis ton retour. J’ai eu le temps de… réfléchir cette semaine. Et je sais que ni mon père… Ni ma mère, déclare-t-il tout en réprimant un sanglot, n’aurait souhaité que je sois malheureux… Et je sais qu’ils ne t’en auraient pas voulu d’avoir protégé… Barnes… Je…
- Je suis désolé… Murmure-je à l’évocation de ces événements.
Si seulement Tony pouvait savoir à quel point je suis désolé pour tout ce que je lui ai fait subir. Les mensonges, les tromperies, les coups, les insultes, l’abandon… J’ai fait preuve d’une couardise innommable. Et je m’en veux de l’avoir traité ainsi et de l’avoir fait souffrir plus que n’importe qui d’autre dans sa vie. Et pourtant, lorsque j’entends ces mots… Un immense espoir renaît en moi. L’espoir qu’il puisse un jour m’accorder un pardon que je ne mérite pas.
- Je t’aime Tony… Finis-je par céder à l’envie de lui hurler mes sentiments.
- Je t’aime aussi Steve… Et je suis désolé pour tout ce que je t’ai… infligé ces derniers mois… Je…
- Tu n’as pas à t’excuser Tony… je… Tout était de ma faute…
- Je t’ai pas facilité la vie non plus, s’exclame-t-il en me fixant avec un petit sourire compatissant.
- J’avoue avoir été… parfois à bout de nerf, avoue-je avec le même sourire. Mais quel est l’intérêt d’aimer quelqu’un sans passion ?
Tony retire sa main de la mienne avant de venir la glisser sur mon visage. Sentir sa peau contre la mienne, et surtout ressentir toute la tendresse qu’il peut mettre dans ce geste me donne l’impression de respirer pour la première fois depuis presque trois ans. Est-ce que cela pourrait être la fin de notre calvaire ?
- Steve, je… voudrais qu’on… enfin, si tu le veux aussi… qu’on tente de recoller les morceaux…
Mon cœur loupe un battement à ces mots.
- Enfin, si tu le veux… Se sent-il obligé de préciser.
- Tony… Je n’attends que ça depuis trois ans… Je… Je… tente-je d’articuler tandis que des larmes commencent à me monter aux yeux.
Et je ne parviens pas à terminer ce que j’essaye de lui dire. Et je fonds en larme. Toutefois, contrairement aux dernières fois, cette fois-ci, ce sont des larmes de joie et de soulagement. Une réaction qui perturbe le milliardaire qui tente de me réconforter :
- Steve, calme-toi… Je suis désolé d’avoir…
Je me penche en avant et j’attrape l’ingénieur dans mes bras afin de me blottir contre lui. Ces mots, je les aient tellement attendus… Tellement que je commençais à douter de les entendre un jour. Même si je n’ai jamais douté des sentiments profonds que Tony peut éprouver à mon égard, j’ai peur que la haine et les ressentiments restent à jamais plus fort. Aussi, je me prépare psychologiquement à rester à ses côtés en tant qu’ami… Au mieux… Jamais je n’aurais pensé que frôler la mort ainsi me donnerait la possibilité de recoller les morceaux avec lui. J’ai l’impression de renaître.
- Je t’aime… Murmure-je. Je t’aime tellement… Merci… merci de me pardonner… Tony…
L’ingénieur ne me répond rien et se contente de passer ses bras autours de moi. Et nous restons ainsi un long moment, et pourtant, lorsque l’ingénieur rompt ce moment de tendresse, j’ai l’impression qu’il n’a duré que l’espace d’une seconde. Épuisé, je me laisse retomber sur les oreillers qui sont installés derrière moi. Et je regarde avec tendresse mon ingénieur qui s’est réinstallé dans son fauteuil.
- Je devrais te laisser te reposer, tu as une mine horrible, s’exclame-t-il.
- Tony… Murmure-je : tu peux… rester ? Je ne veux pas… que tu partes…
- Si tu veux, dit-il en posa sa main sur la mienne. Je vais rester jusqu’à ce que tu t’endormes.
- Merci…
Exténué par le tourbillon de sentiment que je peux ressentir et surtout par mes blessures qui sont encore trop fraîche, je ne tarde pas à être happé par le sommeil sous la surveillance de l’homme que j’aime. Et c’est les poumons en feu, mais le cœur léger que je me laisse emporter par le monde des rêves.
Ce fut le bruit de la radio qui me tire de ma torpeur. Et lorsque j’ouvre les yeux, j’ai l’impression que la brume qui m’enveloppait la vieille a naturellement repris sa place. Et il me fallut de nouveaux quelques minutes pour reprendre mes esprits. Et c’est une voix entièrement modifiée qui parvient jusqu’à moi :
« Faut plus braquer, faut encoder,
Moi, j’vais encoder rien du tout, j’ai l’BEP,
En gros, c’est cuit, la seule issue : la piraterie[1] »
En attendant ce genre de son que j’aime pas du tout avec les voix… comment on dit déjà… Tuning[2] ? Je décide de faire part de mon mécontentement :
- Ce n’est pas parce que je suis endormi que tu peux mettre de tels navets…
- Cap’ ! S’exclame Sam visiblement heureux de me voir reprendre conscience. Je coupe la musique.
Il s’exécute sur le champ pour le plus grand bien de mes oreilles. Et de mon cerveau aussi.
- Merci. Tony… N’est pas là ? Demande-je en regardant partout dans la pièce.
Serait-il possible que j’ai rêvé la réconciliation d’hier ? Si tout cela me semble trop beau pour être vrai, pourtant, tout me semblait si réel… Mais j’étais tellement dans un autre monde, tellement bercé par les médicaments et la douleur que je pourrais avoir très bien imaginé tout ça…
- Il est parti il y a une heure pour rejoindre Vision et les autres à la base. Il y aurait du nouveau.
- Et tu n’y es pas ? Demande-je surpris de le trouver à mes côtés.
- Nous sommes dispensés de nos devoirs, déclare une voix emplie de sensualité dont la tonalité provient du couloir.
Lorsque je tourne la tête vers la porte, Natasha se tient debout dans l’encablure. Elle est vêtue d’un petit haut fleuri et d’une jupe crayon d’une couleur proche de celle de la rouille. Une tenue qui va particulièrement bien avec ses magnifiques cheveux blonds toujours coupé au carré, mais qui commence à pousser un peu laissant apparaitre des racines rousses.
- Natasha… Comment tu te sens ?
- A merveille, mais selon Tony, je dois prendre quelques jours de congé pour me reposer. Me précise-t-elle.
- Pareil, s’exclame le faucon en s’étirant.
La veuve noire vient s’installer à mes côtés et pose sa main avec délicatesse sur mon épaule. Et c’est avec sollicitude qu’elle me demande :
- Comment tu te sens, mon brave soldat ?
- Mieux, et toi ? Rétorque-je avec intérêt. Après tout, tu es celle qui a été le plus blessé entre nous deux.
- T’as perdu la boule ? Lâche tout naturellement Sam. Tu t’es fait tirer dessus, Cap’. Et c’est vraiment pas passé loin de t’emporter de façon… définitive.
- Si ton amant n’était pas intervenu, tu ne serais plus là aujourd’hui pour lui faire les yeux de biche. Plaisante la belle blonde.
- Vous non plus, précise-je. Nous n’étions clairement pas de taille. On n’était pas préparé à cette attaque et nous nous sommes fait déborder. J’aurais dû…
- Tu n’aurais rien pu faire de plus, me corrige immédiatement Natasha. Il était presque minuit, et nous avions eu une rude journée. On était sur le point d’aller dormir, on ne pouvait pas s’y préparer.
- Elle a raison, on n’est pas des devins, approuve Sam. Et nos armes étaient hors de portée, et dans le noir total, il nous était impossible d’aller les chercher.
- Je sais que vous avez raison, mais je ne peux m’empêcher de me dire que… j’aurais dû faire quelque chose de plus… Pour vous protéger.
- Tu ne peux pas toujours protéger tout le monde, il faut t’y habituer.
- Je crois que je ne pourrais jamais… Soupire-je.
- Bon, et si on parlait d’un autre sujet ? Propose Sam. Genre quelque chose de moins dépriment et qui nous donnerait envie de vivre ?
- Bonne idée, approuve-je.
- Et j’ai trouvé le sujet parfait. S’exclame la veuve noire avec malice. Tony.
- Pitié Dieu. J’ai dit un sujet qui nous donne envie de vivre, pas de nous pendre ! Se plaint le faucon.
- Oh t’en fais pas, il y en a un ici qui n’attend que lui pour pouvoir respirer à nouveau. Alors, comment ce sont passé vos retrouvailles hier ?
- Je ne… suis pas sûr… Avoue-je.
- Pas sûr de quoi ? Me demande-t-elle surprise. Vous ne vous êtes pas réconciliés ?
- Comment ça réconcilié ? S’exclame Sam à mon intention. Tu t’es quand même pas déjà remis avec lui ? Et comment elle peut déjà savoir ça celle-là ?!
- Les murs ont des oreilles, plaisante-t-elle.
Je ne sais pas ce que Natasha a entendu dire, ni par qui, mais le fait qu’elle sous-entende que je me suis réconcilié avec Tony me conforte dans l’idée que l’échange que nous avons hier est bien réel. Que ce n’est pas un rêve ou une hallucination dû à la douleur. Maintenant, la seule chose que j’espère, c’est Tony ne m’a pas annoncé tout ça sous le coup de l’émotion. Et que lorsqu’il prendra le temps d’y réfléchir à deux fois, il va faire marche arrière. Ce serait… un terrible coup au moral… Mais, dans tous les cas, ce serait son choix. Je me suis promis de ne plus rien lui imposer. Et je dois me tenir à ma ligne de conduite. Je ferais ce qu’il souhaite, et au rythme où il le veut.
- Je crois que nous nous sommes remis ensemble.
- Tu crois ?! Mais quelle erreur ! Qu’est-ce qu’y te passe par la tête ? S’exclame Sam avec exaspération.
- Je croyais que tu acceptais de me soutenir ? Demande-je au faucon.
- Oui c’est vrai que j’avais promis de faire un effort, se remémore-t-il. Je vais donc me taire et me contenter de te regarder comme ça, fait-il avant de me faire une drôle de grimace.
Une conduite digne d’un enfant qui nous fait rire avec Natasha. Puis, une fois que les rires se sont envolés, la veuve noire reprend avec une voix douce :
- Pourquoi tu penses que tu t’es remis avec Tony ? Tu n’en es pas sûr ?
- A vrai dire, hier j’étais encore un peu dans les vapes. Je ne me sentais pas très bien, et je ne sais pas trop si ce que j’ai vécu est réel… Cela semble… trop beau pour être vrai, tu comprends ? Questionne-je la jeune femme.
- Je comprends, mais, après ce que j’ai entendu dire, je dirais que c’est vrai.
- Qu’as-tu entendu ? Lui demande-je avec espoir.
- Que l’Iron Man t’aurais supplié de le reprendre.
- Il n’a pas eu besoin de me supplier, m’exclame-je conscient que ce fût plutôt l’inverse qui s’était produit.
- Dommage, il aurait pu apprendre quelque chose, pique le faucon.
- La seule chose qui m’inquiète, c’est de savoir s’il le pensait vraiment… Ou s’il parlait sous le coup de l’émotion… Finis-je par avouer.
- Je parierais sur la deuxième option personnellement, commente le militaire. Ça doit être son côté girouette qui me fait me dire ça.
- De ce que j’ai entendu, Tony était vraiment affecté à l’idée de te perdre. Reprend la belle blonde en ignorant totalement les paroles de mon ami. Je ne pense pas qu’il joue à quoique ce soit.
- Dans tous les cas, je me plierais à ce qu’il veut.
- Tu d’vrais penser à toi. Intervient le faucon. Et pas qu’à lui. Tu souffres aussi dans cette histoire. Je comprends pas pourquoi tout le monde prend le parti de Tony.
- On n’a pas vraiment pris le parti de Tony, lui fis-je remarqué. Et je suis loin d’être irréprochable dans cette histoire.
- Ouais, bah lui non plus à ce que j’sache. Il nous a quand même caché les accords ! Il t’a nargué avec cet autre bouffon de sorcier ! Et toi tu viens ramper devant lui… Je sais que tu l’aime, mais il devrait aussi te présenter ses excuses d’après moi.
- Me présenter ses excuses ? Je lui ai mentis sur le meurtre de ses parents, j’ai aidé le meurtrier à s’enfuir, j’ai tourné le dos aux Avengers, et quand je reviens après presque trois ans d’absence, je suis en couple avec une autre femme. Je ne suis vraiment pas mieux.
- Savoir qui est pire ne vous aidera pas à avancer, me fait remarquer Natasha. Vous devriez tirer un trait sur le passé, et vous concentrer sur le présent et sur votre futur.
- J’aimerais bien… Avoue-je.
La seule chose que j’espère maintenant, c’est que Tony soit bel et bien dans cet état d’esprit. Qu’il ait, tout comme moi, envie de bâtir un futur commun. La seule chose dont j’ai envie c’est de passer le restant de mes jours à ses côtés. Peu importe que ce soit en tant qu’ami ou en tant qu’amant en fin de compte. Je souhaite simplement rester à ses côtés. Tant que je peux continuer de l’aimer et de prendre soin de lui, c’est tout ce qu’y compte. Et s’il accepte que je reste en tant que partenaire, ma vie n’en sera que meilleure.
- J’arrête pas de me demander ce que tout le monde lui trouve, il doit vraiment être bon au lit, j’vous l’dis moi. Plaisante Sam en semblant réellement réfléchir à la question.
- Tu sais que Tony est particulièrement doué dans ce domaine. Réplique Natasha avec certitude.
- Qu’est-ce que t’en sais ? Lui demande le militaire.
Mais la veuve noire ne répond pas, et se contente de détourner le regard. Une réaction bien étrange face à cette question.
- Tu n’auras quand même pas… Sous-entend le faucon avec une expression choquée peinte sur son visage.
- Il y a bien des années… Commente-t-elle.
- Tu as eu des relations avec Tony ? M’étonne-je de cette nouvelle.
- QUOI ?!!! S’écrit Sam. Ou même devrais-je dire : COMMENT ?!!!
- C’était il y a bien longtemps lorsqu’il venait d’annoncer au monde entier qu’il était Iron Man. J’avais pour mission de le surveiller. Explique-t-elle.
- Et tu l’as surveillé de façon plutôt intime, réplique le militaire.
- Pourquoi tu ne me l’as jamais dit avant ?
- Parce que ce n’était pas très pertinent, et que tu ne m’as jamais demandé, se contente de répondre la belle blonde.
- J’aurais trouvé ça plutôt pertinent quand j’ai commencé à le fréquenter… De façon plutôt intime, si je puis dire.
- Mais genre tu l’as fait dans le cadre de ta mission ? Fury t’as quand même pas demandé ça ? S’insurge Sam.
- Non, il ne nous a jamais demandé de coucher avec nos victimes.
- Vous êtes sortis ensemble ? Demande-je inquiet à l’idée que ce soit le cas.
Après tout, si c’était le cas, cela pourrait expliquer l’espèce de tension qu’y règne entre eux. Et je dois dire que je n’aime pas trop ça, pas que je sois jaloux ou quoi… Mais bon j’aurais bien aimé être au courant…
- Nous ne sommes jamais sortis ensemble. Tu sais, à l’époque, Tony enchainait les relations d’un soir. Précise-t-elle.
- Et toi tu t’es dit allez, why not. Se moque le faucon.
- C’est à peu près ça. Je me demandais s’il était à la hauteur de sa réputation.
- Et résultat ? J’espère que tu as été déçue.
- S’il n’était pas aussi bon que ce que raconte la légende, tu penses que Steve serait aussi amoureux ?
- Pas faux, fait-il en se caressant le menton.
- Mais pourquoi tu ne me l’as jamais dit ? Dis-je en restant bloqué là-dessus.
- Je ne voulais pas te perturber, dit-elle en glissant sa main sur la mienne. Tu sais, entre Tony et moi, il n’y a plus aucune ambiguïté.
- Tu ne penses pas qu’il aurait pu être amoureux de toi à l’époque ?
- Non, dit-elle avec certitude. A l’époque, il était amoureux de… Pepper, et il n’était juste pas prêt à se mettre avec elle.
- Je vois, réponds-je.
- Et je peux vous poser une question à tous les deux ? Nous demande Sam avec sérieux.
- Bien sûr, approuve-t-on en chœur.
- Je me suis toujours posé la question. Quand je vous ai rencontré, et que vous fuyez Hydra… Vous avez déjà… tous les deux… Insinue-t-il.
Mais alors que j’allais lui répondre que non, nous n’avions rien fait l’un avec l’autre, Natasha se met à rire. Une réaction qui est un peu blessante, il faut l’avouer. Car, on sent que cela lui provoque un vrai fou rire. Comme s’il avait dit une grosse bêtise.
- Pourquoi tu ris comme ça ? Lui demande-je un peu vexé.
- Sam voyons… Se contente-t-elle de répondre.
- Pardon, je ne pensais pas dire une si grosse bêtise. Vous aviez l’air si proche, alors je me suis toujours posé la question.
Puis en voyant ma tête et ma réaction, la jolie espionne se retourna vers moi avant de me dire :
- Steve, tu sais que je t’aime énormément, mais jamais de la vie je n’aurais pu faire ça avec toi.
- Je ne sais pas comment je dois le prendre, avoue-je un peu amer de ce genre de commentaire.
Pas que j’ai envie de faire quoique ce soit avec Natasha, mais tout de même, je ne m’attendais pas non plus à ce genre de réaction. Quelle réponde non parce qu’elle ne m’a jamais envisagé sous cet angle, je peux le comprendre. Mais de là à ce que cela lui provoque de l’hilarité…
- Steve Chéri, nous avons toujours été très proche toi et moi. Mais j’ai toujours senti que je ne t’attirais pas le moins du monde. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, s’exclame-t-elle.
- Tu as essayé ? Demande Sam choqué. Avec Captain ?
- Oui, nous nous sommes même embrassés, raconte-t-elle. Mais, le Cap’ est trop droit dans ses bottes pour sortir avec une collègue.
- Ça l’a pas empêché de sortir avec un collègue, ronchonne-t-il.
- Mais tu m’as déjà dragué ? Demande-je surpris à la jeune femme.
- Un peu, j’ai tenté de voir, mais tu ne m’as jamais regardé comme une prétendante. Et quand j’ai vu que tu tombais sous le charme de ton cher ingénieur, j’ai compris pourquoi.
- Attendez, on va recentrer un peu le sujet-là. Reprend le faucon. Donc, on est d’accord que tu as couchés avec Tony, tu as dragué Captain, tu es sortie avec Banner. Avec qui d’autres as-tu eu des aventures ?
- Thor, ajoute-t-elle à la liste sans aucun complexe.
- Thor ??!! S’étonne-t-on en chœur avec Sam.
- Oui, ce n’est pas tous les jours de sa vie qu’on peut avoir des relations avec un Dieu. Plaisante-t-elle.
- Hey ! Mais attends, tu n’as jamais rien tenté avec moi ? Si ? S’interroge le faucon.
A cette question, la jeune femme se contente d’hausser les épaules avec un petit sourire empli de moquerie peint sur son visage de porcelaine. Quant à moi, je n’en rien pas de tout ce que je viens d’apprendre en l’espace de cinq minutes. Tony et Natasha ensemble… Je n’arrive toujours pas à me le figurer. Cela me semble si… improbable. Enfin, presque autant que Natasha avec Thor.
- Bon, maintenant, passons à la question que tue… Nous prévient Sam. Qui est le meilleur amant entre Tony et Thor ?
- Je dirais qu’ils sont tous les deux très bons, répond Natasha afin de ne pas faire de vague.
- Aller, après tout ce qu’on vient d’se dire, tu peux nous l’confier non ? La supplie-t-il.
- Je suis désolée de te dire ça Sam, commence Natasha, mais je pense que Tony prendrait la première place.
- PARDON ?! Mais pourquoi ?
- Tout simplement parce qu’il sait comment faire plaisir à une femme. Alors que Thor pensera d’abord à lui.
- Thor perd face à Tony. Je n’aurais jamais cru ça.
- Être un Dieu ne fait pas tout, plaisante Natasha.
Une remarque qui nous fait bien rire. Et heureusement que le demi-Dieu n’est pas là, car je crois que sinon son égo en aurait pris un sacré coup. Sincèrement, je n’aurais pas aimé être à sa place, et je n’aimerais pas qu’on compare mes… compétences au lit avec quelqu’un d’autre. J’espère que Tony ne le fait pas avec ce Docteur Strange… Cela me vexerait… Mais je suppose que même si c’est le cas, et même si c’était en ma faveur, l’ingénieur ne me le dirait jamais. Et finalement, ce n’est pas plus mal ainsi.
Puis, notre discussion se recentre sur des sujets moins intimes. Et, sans que je m’en rende compte, de la fatigue gagne du terrain. Car, même si mes blessures commencent à guérir, je reste encore en convalescence. Et tandis que mes deux amis ont une conversation animée, je suis happé par le sommeil.
Lorsque j’ouvre les yeux, la pièce est plongée dans l’obscurité et dans le silence. Et il me fallut quelques secondes pour réaliser que de la lumière émane d’un coin de la pièce. Et installé dans un angle se trouve l’ingénieur qui a le nez dans une tablette. Il ne semble même pas remarquer que je me suis réveillé, aussi, juste pour quelques secondes, je prends le temps de le détailler avant de me signaler à lui. La tête posée sur son poignet, et les yeux rivés sur la tablette, son visage aborde une expression concentrée. Vêtu de la même tenue que ce matin, il porte cependant des lunettes de vue. Depuis quand a-t-il besoin de verre correcteur ? Car dans mes souvenirs, je ne l’ai jamais vu avec. Mais je dois dire que ça lui va bien, et que cela le rend encore plus attirant.
- Je ne t’avais jamais vue avec des lunettes avant… Murmure-je avec la voix toujours aussi rauque au réveil.
Malgré le fait que je n’ai pas parlé fort, cela eu pour effet de faire sursauter mon ingénieur. Puis, quand il comprend que ce n’est que moi, il pose sa tablette sur le côté et se rapproche de moi.
- Steve, tu es réveillé.
- Et tu es là… Dis-je soulagé de le voir à mes côtés.
- Et oui, on m’a toujours dit de prendre soin de mes aînés, plaisante-t-il avant de venir attraper ma main dans la sienne.
- Tony… Je voulais juste savoir où on en est, tous les deux… Murmure-je.
- Tu n’es pas obligé de murmurer, me fait-il remarquer tout en changeant de sujet.
- Je sais, souffle-je. Mais j’ai un peu mal à la gorge.
- Alors repose-toi au lieu de parler. Me reproche-t-il. Je reste là, tu peux dormir en paix.
- Je dors en paix… mais comment te dire… je veux juste savoir où tu en es… Tu sais que je ne t’oblige à rien, et je ne veux pas te forcer la main… Alors, si ce qu’on a dit ce matin… Tu ne le pensais pas ou…
- Tu veux déjà rompre avec moi ? Dit-il en glissant sa main dans cheveux avec un petit sourire.
- Jamais de la vie, réponds-je dans un souffle.
- Alors, repose-toi. Tu dois reprendre des forces si tu veux pouvoir affronter mes sautes d’humeur, plaisante-t-il.
- Je t’aime tellement… Je n’ai pas l’impression de mériter tout ça…
Il ne me répond rien et se contente de continuer à jouer avec mes cheveux. Et c’est après plusieurs secondes d’un long et pesant silence qu’il reprend la parole :
- Je pense qu’on mérite tous les deux d’être heureux… pour une fois dans notre vie. Et, j’ai mis du temps à comprendre que je ne pourrais pas être heureux loin de toi.
Et à peine a-t-il terminé sa tirade qu’il se penche au-dessus de moi pour venir me déposer un baiser emplit d’une tendresse qui ne lui ressemble guère. Et lorsqu’il rompt ce doux baiser, il me déclare dans un murmure :
- Je t’aime, Steven.
Une vague d’émotion m’étreint lorsque j’entends ces mots. Je suis si heureux que je ne peux contenir ma joie, et des larmes me montent aux yeux. Je sais que cela peut sembler contradictoire, mais le soulagement que je ressens ne peut être contenu. Natasha a raison. J’ai l’impression de respirer pour la première fois depuis des années. Tony est mon oxygène, et bien plus encore. Comment ais-je fais pour vivre sans lui autant de temps ? Comment ais-je fais pour ne pas devenir fou ? Tous les sentiments négatifs que j’ai enfoui depuis trois ans sont littéralement en train de s’envoler. Et, non seulement, j’ai l’impression que ma vie a de nouveau un sens, mais cela va plus loin que ça. Car mon cœur ne m’a jamais paru aussi léger qu’aujourd’hui.
- Je t’aime, Anthony Edward Stark. Tu es l’homme de ma vie.
- Tu en fais toujours des tonnes, tu le sais ça ?
- J’ai pourtant l’impression de minimiser mes sentiments, plaisante-je à mon tour.
- Tu devrais te reposer, dit-il en continuant de caresser mes cheveux.
- Seulement si tu viens dans le lit avec moi.
- Tu dois te reposer, répète-t-il. Tu n’y arriveras pas avec moi dans ton lit.
- C’est l’hôpital qui se fout de la charité ? Demande-je. Combien de fois m’as-tu contraint à dormir à tes côtés alors que tu étais gravement blessé ?
- Sauf que moi, je sais dire : non. Me provoque-t-il avec son petit sourire de charmeur.
- Je t’en prie, j’ai besoin de te sentir contre moi.
- Ne fait pas l’enfant et repose-toi. Je reste là, alors tu peux t’endormir.
- Je préférerais te sentir contre moi, tente-je à nouveau.
L’ingénieur ne me répond pas et se contente de venir déposer, à nouveau, un tendre baiser sur mes lèvres. Puis, il me murmure un petit « bonne nuit » avant de se réinstaller dans son fauteuil et de reprendre sa tablette. Et c’est donc contraint et forcé que je résigne à m’endormir à nouveau seul dans mon lit. Cependant, c’est rassuré que je finis par plonger dans un profond sommeil. Rassuré de savoir que l’ingénieur partage mes sentiments, et que cette fois-ci, il ne semble pas déterminé à changer d’avis.
- Tu ne devrais pas te remettre avec lui, murmure une voix qui me tire de mon sommeil et dont je ne parviens pas à identifier l’interlocuteur.
- Je suis assez grand pour savoir ce que j’ai besoin de faire, réplique sur un ton tout aussi bas la personne qui est en face.
Pour le coup, je n’ai aucun mal à identifier ce deuxième individu. Puisque même les yeux fermés, je pourrais le reconnaitre entre mille. Il s’agit donc de mon ingénieur, en pleine discussion, probablement à mon sujet avec l’un de ses amis. Et lorsque j’ouvre les yeux, je distingue Rhodes dans l’encablure de la porte. Dos à moi, se tient l’ingénieur qui lui fait face.
- Je comprends que tu veuille lui pardonner, mais Tony, sérieusement, n’agit pas sans réfléchir…
- J’y ai longuement réfléchis Rhoddy… Réplique le milliardaire en croisant les bras sur son torse.
- Non, tu agis sous le coup de l’émotion. Tu as eu peur de le perdre et tu oublies tout ce qu’il t’as fait subir.
- Je n’ai pas été tendre avec lui non plus, lui rappelle l’ingénieur tout en continuant de chuchoter. Je l’ai repoussé, quitté… Je l’ai même traité de chien, d’imbécile… Je lui ai mentis et caché des choses. Je suis loin d’être irréprochable dans notre relation.
- Cela n’a rien de comparable avec ce qu’il t’a fait, le corrige le militaire. Je ne dis pas que tu ne dois pas lui pardonner, c’est une bonne chose que vous vous entendiez bien. Et tu sais que je suis le premier à vouloir que les choses s’apaisent, mais de là ce que tu te remettes avec lui…
- Je sais que… Cela peut paraitre insensé mais…
- C’est insensé, approuve Rhodes. Vous vous déchiriez sans arrêt, vous n’étiez pas heureux ensemble.
Rhodes n’a pas tort sur un point, nous passons notre temps à nous déchirer. Mais est-ce que cela signifie pour autant que nous ne sommes pas heureux ? Il est vrai que nous avons passés des moments très difficile et je n’ai jamais autant pleuré que depuis que je suis avec l’ingénieur. Pourtant, je ne suis pas quelqu’un qui fonds en sanglot facilement. Mais, avec lui, toutes mes émotions sont décuplées. Mes peurs, mes chagrins, mes angoisses… Mais je dois dire, que tous les sentiments positifs le sont également. Les joies, les petits moments de bonheur, la passion... Il a le pouvoir de me faire me sentir plus vivant que jamais. Quand il me regarde, quand il me sourit, quand il me touche… Mon cœur bat à tout rompre, et je l’aime à en devenir fou. Alors, oui, même si nous avons eu des moments difficiles. A contrario, nous avons eu aussi des moments incroyables et cela inclus tous les petits moments du quotidien que nous avons partagés ensemble. Les séances cafés, les petits mots qu’on se laissaient ci et là, nos ébats, nos baisers… Ses déclarations… Oui, en tout cas, moi j’ai été heureux avec lui. J’espère que la réciproque a été vraie.
- On a eu nos hauts et nos bas…
- Tony, ce n’est pas que des hauts et des bas, depuis qu’il est revenu tu n’as jamais été aussi malheureux. Reprend le militaire.
- Je n’ai jamais été aussi malheureux que depuis que nous nous sommes séparés. Avoue fatalement Tony.
- Ni depuis qu’il est revenu dans ta vie. Tu étais bien avec Strange, non ?
- Avec Strange ? Ce n’était que des parties de jambes en l’air sans conséquence. Réplique l’ingénieur à mon plus grand soulagement.
- Je ne suis pas certain que le docteur pense la même chose, insinue Rhodes.
- Vraiment ? Parce que tu sais qu’à sa dernière mission il a fait une partouse avec trois femmes de différentes espèces dans une autre dimension. Tu penses qu’il pensait à moi à ce moment-là ? Qu’il est amoureux de moi ? L’interroge l’ingénieur sans se démonter.
- Quand bien même ce n’est pas le cas, cela n’excuse pas la façon dont Steve et ses amis t’ont traité.
A ces mots, l’ingénieur ne réplique pas et semble réfléchir. Un silence qui encourage le militaire à reprendre ses explications :
- Tu n’as pas à subir tout ça, tu portes déjà assez de chose sur tes épaules. Je ne te dis pas ça pour être méchant, je veux juste… que tu sois heureux.
- Rhodes… La seule chose que je sais… C’est que je l’aime… Et je n’ai que deux choix : Soit je continue de le haïr, soit je le pardonne…
- Ah la la Tony, tu ne me facilite pas les choses. Dit le militaire en posant la main sur l’épaule de mon amant. En tout cas, tu sais que je serais à tes côtés, n’est-ce pas ?
- Je sais, dit-il. Merci Rhodes.
- Tu veux venir prendre un café avant que je rentre ?
- Si tu veux. Approuve mon ingénieur.
Et c’est toujours muet que je les regarde s’éloigner. J’aurais dû intervenir et leur dire que j’étais réveillé. Mais, dans le fonds, j’avais envie de savoir si l’ingénieur était sérieux lorsqu’il m’a dit qu’il voulait se remettre avec moi. Bien que je ne pense pas qu’il aurait pu me mentir, mais plutôt qu’il aurait pu se laisser aveugler par la peur de me perdre et prendre, ainsi, une décision irréfléchie. Et je dois dire que cet échange me rassure. Et l’entendre me dire qu’il m’aime… Cela me rend toute chose.
Puis, au bout d’une petite demi-heure, Tony revient dans la chambre à mes côtés. Ravi de me voir conscient, il parle de toute sorte de chose. Il me raconte qu’ils sont en train de remonter la piste de Crâne Rouge mais qu’ils n’ont pas encore trouvé la localisation précise. Puis, il change totalement de sujet pour me raconter les histoires de cœur du petit Spiderman. Qui visiblement, sortirait avec… Deadpool[3]. Sincèrement, je dois dire que je ne m’attendais à tout sauf à ça de la part du petit protégé de Tony. Il me semble sérieux, et surtout réfléchis. Et franchement, je ne vois pas pourquoi il sort avec ce type.
- Et tu comptes faire quoi ?
- Que veux-tu que je fasse ? Je lui ai interdit de le côtoyer, et dès le lendemain, il était de nouveau fourré avec lui.
- Je vois. Que peut-on faire contre ça ?
- Rien malheureusement, si on s’interpose, cela ne va que renforcer l’envie du gamin de le voir. Braver les interdits… Tout ça tout ça…
- Donc tu leur donne ta bénédiction ? Demande-je stupéfaits.
- Et puis quoi encore ? Je lui ai fait part de ma désapprobation et mon rejet total de cette relation sordide et tordue. Mais, je ne peux pas lui interdire de le côtoyer, ce serait contre-productif. Il va bien s’apercevoir seul de la personne… qu’il fréquente.
- Je vois, tu préfères garder un œil dessus.
- L’idée de garder une main sur le volant plutôt que de tout lâcher, tu vois ? Fait-il en référence aux paroles de Natasha lors de la signature des accords de Sokovie[4].
Je me contente de sourire à cette petite provocation. Mais pour le coup, avec Peter, il n’a pas tort. De toute façon, s’opposer à cette relation ne le fera pas arrêter de fréquenter le mercenaire déjanté. La seule conséquence que cela aurait, ce serait de le pousser à le faire dans son dos. Et cela n’aurait aucune vertu.
Puis, l’ingénieur enchaine sur divers sujets qui semble lui tenir à cœur. Et au bout d’un moment, il semble avoir épuisé tout ce qu’il a à me dire. Aussi, c’est moi qui reprend la parole :
- Tu ne peux pas savoir à quel point tu m’as manqué.
- Arrête de dire ça tout le temps, tu vas me faire culpabiliser de t’avoir chassé du pays et transformé en criminel. Réplique-t-il sur le ton de la plaisanterie.
- Je sais… que je n’ai pas été un homme à ta hauteur… Finis-je par avouer en détourant le regard.
Et ça, j’en ai honte. La façon dont j’ai traité Tony est et restera à jamais mon plus grand regret.
- Je n’ai pas été tellement mieux. Dit-il en prenant ma main.
- Ce n’est pas comparable.
- Certes, approuve-t-il. Mais, tu as des remords, non ? Si c’était à refaire, tu referais la même chose ?
Je ne sus que dire. Oui, si c’était à refaire je protégerais Bucky et je n’aurais pas signé ces accords. Mais, j’aurais été honnête avec Tony. Sur ses parents, sur mes sentiments pour lui… Sur la peur de le perdre…
- Pas de la même façon… Je…
- Stop, arrête de t’en vouloir. Écoute, Steve… J’ai passé ces trois dernières années à me torturer l’esprit sur ce que j’ai fait. Ce que j’ai pu te dire pour te pousser à me cacher une telle chose. A culpabiliser pour notre relation, à t’en vouloir pour l’avoir gâchée… Et cela n’aboutit qu’à la haine et au désespoir… J’ai plus envie de vivre tout ça. Je veux avoir quelque chose de positif dans ma vie. Je veux juste… tenter de retrouver ce qu’on avait quand ça marchait… Tu sais, Rhodes était là toute à l’heure, et il m’a demandé si nous avions été heureux ensemble. Et… je crois que oui.
- Je le crois aussi, approuve-je. Cela n’a pas été facile tous les jours, mais l’amour, ce n’est pas censé être simple, si ?
- Pas quand on sort avec un Stark, plaisante-t-il.
- Tony Stark, je t’aime. Et je te promets de faire un effort et de travailler sur cette culpabilité.
- Je te crois…
A peine eu-t-il terminé sa phrase qu’il se lève pour venir se faire une place dans le lit avec moi. Chose que j’accepte volontiers tant j’ai attendu le moment où je pourrais le sentir contre moi. Installé dans le petit lit, l’ingénieur se blottit contre moi en me demandant si je suis bien installé. Et que répondre d’autre que oui à cette question ? Le sentir blottit contre moi m’envahi d’une joie incommensurable. Je l’aime. Je l’aime tellement que sans lui à mes côtés, j’ai l’impression d’étouffer. Que le monde est terne, gris et sans saveur. Les joies, les peines, tout est minimisé quand il n’est pas à mes côtés. Comme s’il me manquait quelque chose pour être réellement vivant. La passion de la vie, l’explosion des couleurs, des goûts, des sons, du touché… Est-ce que c’est cela que l’on ressent quand on trouve son âme-sœur ? Car, quand il est à mes côtés, j’ai l’impression que le monde est vif et que je vis pleinement le moment présent. Comme si le simple fait de l’avoir à mes côtés me sort du brouillard dans lequel je me suis retrouvé pendant trois ans. Trois années durant lesquelles je n’ai fait qu’agir sans réfléchir, sans ressentir… Comme si je n’étais qu’un robot qui subissait sa vie au lieu d’être un être humain qui la croque à pleine dent. Tony me donne bien plus que de l’amour. Il donne une nouvelle dimension au monde qui m’entoure. Et je ne veux plus jamais perdre cela. Et la seule chose que j’espère, c’est que ce que je ressens est réciproque. Et à partir de ce jour, je dédie ma vie à Tony. Car la seule chose que je souhaite dans ce bas monde c’est que l’homme de ma vie puisse être heureux à nouveau. Tout comme je le suis quand il est à mes côtés.
A suivre
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Bonjour, bonsoir,
J’espère que ce chapitre vous aura plus ! Si tel est le cas, n’hésitez pas à le dire en commentaire. Ainsi qu’à rajouter la fiction dans vos alertes/Favoris pour être alerté dès que la suite sera publiée !
Merci à Rosy pour son commentaire :D Je suis ravie que l’histoire te plaise et je te remercie pour tous les commentaires que tu prends le temps de laisser.
ENFIN !! La réconciliation entre nos deux héros ! Cela fait un moment que je la prépare et que l’imagine alors j’espère qu’elle vous aura plu ! Même si nos héros ne sont pas au bout de leur peine, le bout du tunnel est enfin à leur portée !
Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée et une bonne lecture !
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[1] Tiré de la musique 5G de Booba
[2] Je tiens à préciser que je sais que ce n’est pas le bon terme, mais notre pauvre petit soldat née en 1917 l’ignore !
[3] Si les aventures de Spiderman vous intéressent, vous pouvez les lires sous « Le principe de réciprocité » et « un grand pouvoir implique de grande responsabilité » qui se déroule en parallèle des aventures de Steve du point de vue de Peter.
[4] Référence, bien sûr au film Captain America Civil War, mais aussi à mon chapitre « Divisé nous tombons » de « L’amour n’est pas un long fleuve tranquille » qui retrace le début de l’histoire de Tony et Steve. Si vous ne l’avez pas lu, je vous encourage à aller y faire un tour !