Et la lumière fut

Chapitre 7 : Le traqueur

3456 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/06/2017 10:51

  • CHAPITRE SEPT - Le traqueur


-----


Improbable, inimaginable…


Inconcevable !


Un démon dans les bras d'un ange.


Mazikeen détestait cette image d'elle portée par l'emplumé. Pour la première fois depuis sa longue existence, elle se sentait giflée par la honte et regrettait déjà sa décision de passer par les airs, même en sachant que c'était le meilleur moyen de dissimuler son protégé aux autres démons et d'arriver le plus rapidement possible auprès de Moloch.


Par les méandres de l'enfer, comment les anges pouvaient aimer voler ? être si éloignés du sol ? C'était une découverte pour elle, et déjà elle pouvait affirmer qu'elle n'appréciait guère l'idée d'être élevée vers les cieux, une hérésie pour un être issu des profondeurs de l'enfer.


Mazikeen se consola néanmoins de sa situation en voyant que Lucifer ne semblait pas non plus à l'aise avec la puanteur de la suie grumeleuse et des toxines fuies par sa terre maudite.


Tous deux survolaient à présent le versant d'une montagne dont les nombreuses excroissances rocheuses saillaient des pentes sans fin, certaines assez massives pour mériter d'être elles-mêmes qualifiées de montagnes. Et pourtant ce titan géologique n'était que l'un des maillons d'une interminable dorsale, qui formait un rempart naturel et infini à la surface de ce monde, et faisait naître tour à tour gorges et vallées.


La pierraille calcinée s'étendait devant eux à perte de vue, et sûrement bien plus loin encore. L'étendue rocailleuse était zébrée d'interminables trainées de sang, en réalité de méandreuses rivières de magma. Elles se déversaient de crevasses déchirées, depuis les hauteurs du mont, voire, en de dangereuses occasions, du faîtage de fumée.


Les coulées bouillonnantes s'unissaient en mares ou cascadaient jusque dans des gorges si larges, si profondes, qu'elles auraient pu marquer les frontières même de la création. S'il semblait improbable que quoi que ce fût ait pu vivre dans cette géhenne, une ombre fuyait parfois, trahissant la présence d'entités.


Pendant des lieues et des lieues, chacune plus pénible que la précédente, Mazikeen supporta ce vol éreintant pour sa dignité en maudissant en silence Moloch. Ce salopard arrogant n'octroyait jamais le droit d'apparaître directement devant lui. Il préférait que son territoire demeurât aussi impénétrable que possible, hormis à ses frontières les plus extérieures, et même lorsqu'il attendait des visiteurs.


Mazikeen restait cependant convaincue qu'il n'y avait là rien de plus qu'un désir de maintenir ses sujets à leur place : celle de vulgaires serviteurs forcés d'endurer l'éprouvant itinéraire qui menait jusqu'à lui.


Pendant un long moment, ils volèrent en silence, chacun perdu dans ses propres pensées. Enfin peu après qu'une dune proche se scinda en deux pour laisser apparaitre un œil larmoyant injecté de sang qui les observa passer, La gardienne s'adressa à son porteur.


- Dis Lucifer…


- Hum ?


- Je peux te poser une question ?


- Bien sûr, lui répondit-il en s'efforçant de ne pas regarder dans la direction de l'abject globe oculaire, je t'en prie Maze.


Elle fronça sévèrement les sourcils.


- C'est toujours Mazikeen…


- Allons donc, sourit le déchu, je ne peux pas t'appeler Maze ?


- Non !


- Et pourquoi ça ?


- Parce que…


- En voilà une raison, rétorqua avec amusement l'ange.


- Tu feras avec.


- Moi, je préfère Maze...


- C'est Mazikeen et rien d'autre, siffla t'elle entre ses dents serrées comme un étau, est-ce bien clair ?


Manifestement conscient qu'il ne pouvait pousser plus loin son insolence, le grand brun fixa silencieusement la démone. Cette dernière le dévisagea en retour, attendant patiemment qu'il émerge de l'intense réflexion dans laquelle il semblait s'être plongé. Puis enfin, au bout de longues secondes, il réagit en dessinant un nouveau rictus sournois sur ses lèvres.


- Et Mazie ? relança l'ange dans une nouvelle tentative, c'est pas mal aussi.


- LUCIFER !


- Ça va, j'ai compris... Bon sang, ce que tu peux être teigneuse.


Marmonnant des imprécations d'une acidité telle qu'elles auraient pu se graver dans la roche, la gardienne le fusilla du regard.


- Ma question, maugréa-t-elle avec impatience, veux-tu toujours l'entendre, oui ou non ?


L'ange se racla la gorge, reprenant immédiatement son sérieux. Inutile de la sortir de ses gonds, cela pourrait très vite faire dégénérer les choses, surtout en plein vol.


- Va s'y, je t'écoute, Mazikeen.


Elle le darda de longues secondes dans un silence seulement brisé par l'écho presque imperceptible des quelques éruptions environnantes.


- Je me demandais… la Cité d'argent devait vraiment être un endroit terrible pour que tu en viennes à vouloir la saccager. J'imagine que tu la détestais ?


Lucifer s'étonna de sa question, ne soupçonnant visiblement pas du tout celle-ci. Malgré sa surprise évidente, l'ange joua la carte de la franchise, comme toujours.


- A un point que tu n'imagines même pas, répondit-il sans détours, mais son attaque n'était surtout qu'un prétexte pour faire sortir mon planqué de Père de son antre céleste.


- Pour l'affronter ?


Il acquiesça.


- Et évidement ça n'a pas marché...


- Même pas une lueur à l'horizon. Il a préféré opérer à distance avec quelques ripostes bien placées. Crois-moi, je les ai senties passer…


- Et la Cité d'argent dans tout ça ?


- Disons que j'ai laissé à ma famille pas mal de travaux de réhabilitation.


- Je vois, c'est toujours ça de pris...


- De toute façon, mon foyer n'avait rien d'extraordinaire, je dirais même qu'il n'était pas si éloigné de l'enfer.


- Ne dis pas n'importe quoi, s'insurgea Mazikeen, ta cité est par excellence le lieu de la pureté absolue.


- Au début peut-être, mais à présent tu peux me croire, les choses ont bien changées : Même chez les anges, tu peux trouver querelles, jalousies et rancœurs. Aujourd'hui, peu d'entre nous restent en permanence dans la pureté absolue. Il ne faut pas confondre Saint esprit et esprit sain...


- Donc, si je comprends bien, la déité peut aussi corrompre un ange...


- Cela t'étonne tant que ça ?.


Comme pour assimiler ces informations, la démone laissa planer un court flottement avant de poursuivre son enquête :


- Est-ce donc ainsi que tu as initié ta rébellion, en profitant du changement opéré chez tes frères ?


L'ange opina du chef.


- Aidé par un peu de magie, mais oui, Je l'avoue, j'ai réussi à influencer les plus faibles afin de les rallier ma cause.


A ce moment précis, Mazikeen ne sut comment interpréter l'ombre qui passa furtivement sur son visage. En tout cas, elle puait la mélancolie.


- Comment les choses se sont passées pour eux ? Tu sais, après…


- Père leur a pardonné sous prétexte qu'ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient. Je dois avouer que malgré l'amertume que je lui porte, je reste soulagé par sa décision de les épargner.


- Et pourquoi ça ? s'étonna la démone d'une grimace amère.


- Ils restaient mes frères… Certes, je me suis servi d'eux, mais à aucun moment j'ai voulu leur faire du mal.


- Ne me dis pas que tu as regretté tes actes ?


- Pas exactement, se défendit Lucifer, à plusieurs reprises j'ai regretté la manière, mais mes actes jamais.


- Qu'est ce qui te trouble tant alors ? s'enquit la gardienne.


L'ange se perdit un instant dans les nuages rougeâtres, cherchant le meilleur moyen de lui expliquer son ressenti.


- As-tu déjà appris, après avoir torturé une âme damnée, qu'elle ne méritait pas un tel destin ?


- Non, jamais. Je dois pouvoir m'en remettre aveuglement au jugement divin. Je le dois. C'est le moyen pour moi d'accomplir mon devoir.


Lucifer acquiesça.


- Tout comme j'ai toujours été convaincu que ma cause justifiait les exactions commises en son nom.


La gardienne posa alors sur l'emplumé un long regard insistant tout en secouant lentement la tête de gauche à droite.


- Quoi ? s'exclama l'ange avec agacement, un commentaire peut-être ?


- Un seul, répondit-elle d'une voix égale, Tu es pathétique !


Lucifer se raidit de stupeur.


- Excuse-moi ?


- Cesse donc un peu de te plaindre. Sois fier d'avoir fait tremblé les cieux ou du moins, d'avoir tenté de le faire. Arrête un peu de faire ta victime, ça en devient particulièrement irritant à la force !


- D'où te permets-tu de me parler de la sorte ?


L'ignorant prodigieusement, la démone se lâcha de plus belle :


- C'est vrai, quand je t'écoute Lucifer, j'ai l'impression que tu vas te mettre à pleurer sur mon épaule. Réveille-toi mon grand, tu es en enfer, il est trop tard pour te lamenter sur ton sort et regretter tes choix.


D'un seul coup, le déchu fut empli d'un élan de rage, et ramena significativement la démone près de son visage, de ses yeux flamboyants.


- Dans ce cas, je t'avertis, effleure une nouvelle fois les aspérités de mon histoire personnelle, et on verra qui de nous deux pleurera sur l'épaule de l'autre.


La démone déploya alors toutes ses dents dans un soupir orgasmique, plantant dans l'épiderme de son cou, ses tranchants ongles noirs.


- T'ai-je déjà dit que j'adorais la douleur, lui susurra t'elle langoureusement à l'oreille.


De tout évidence décontenancé par le souffle brulant de sa bouche, l'ange fit disparaitre d'un clignement de paupières le rougeoiement de sa colère.


- Tu es la seule personne que je connaisse qui soit aussi infâme, Maze…


- Presque autant que toi, lui rétorqua-t-elle d'un sourire sadique.


Soudain, une attaque brutale et assourdissante frappa l'ange, manquant de le faire effondrer sous son propre poids et de lui faire relâcher la démone. Cette dernière fut rattrapée in extremis par le poignet gauche et se balançait à présent dans les airs d'avant en arrière comme une vulgaire carcasse de viande.


- Je te tiens ! la rassura-t-il.


Des rayons ondoyants, semblables à ceux des mirages ou des rêves enfiévrés avaient jailli d'un monstre reptilien noir qui ne cessait de lui tourner autour en exécutant une chorégraphie complexe.


- Un Ombromantien ! s'exclama Mazikeen, fais attention !


Lucifer se demandait pourquoi elle l'avait nommé ainsi jusqu'à ce qu'il se rende compte que cette créature était aussi aveugle qu'une tombe. Sa langue fourchue captait les vibrations de l'air et du sol, rendant ses déplacements bien plus exacts et vif que ceux des anges. Sa capacité à esquiver n'avait d'égale que la maîtrise avec laquelle il projetait son attaque paralysante.


Après avoir vainement tenté de désarçonner sa proie, notamment en exécutant une vrille démente, la créature s'éloigna de l'ange pour attendre servilement la fin de son calvaire.


Lucifer dut lutter vivement contre ses ondes péristaltiques qui l'assaillirent avec force, au point de balbutier de plus en plus ses battements d'ailes. Cette saleté ne l'avait pas loupé, les effets de son attaque se faisaient déjà ressentir. Il dû concentrer sa volonté au maximum pour refuser cet état. Au bout de quelques instants, le mal s'atténua puis disparut. A nouveau, quelque chose d'autre s'infiltra en lui progressivement, avec une précision remarquable, s'arrêtant quand il fallait.


Une sorte d'altérité


L'ange inspira profondément.


Quelque chose d'autre de malsain rodait dans les environs, tout en demeurant hors de leur portée.


Ça attendait et observait avec une lenteur effroyable. Mazikeen le perçut également. Ça essayait d'abattre ses barrières intérieures en les engourdissant de sécrétions psychiques visqueuses afin de l'envahir, de submerger sa volonté, de le déstabiliser. Une force insidieuse et calculatrice, d'une avancée méthodique, se répandant avec minutie tout autour de sa périphérie.


Cette aura…


Elle ne pouvait pourtant pas se tromper.


Il n'y avait que lui pour user ainsi de cette magie, chose qu'elle exécrait d'ailleurs. La démone préférait de loin faire face à un adversaire physique en le cueillant de ses lames mortelles qu'affronter de sournois sortilèges.


D'une synchronisation parfaite, Lucifer et Mazikeen se fixèrent, leurs visages empreints d'une extrême gravité.


- Tu l'as aussi senti, n'est-ce pas ?


- Avec une puissance pareille comment l'ignorer, répondit Lucifer en la soulevant en l'air comme une poupée de chiffon afin qu'elle puisse à nouveau s'accrocher à son cou et se mettre en sécurité dans ses bras.


- Reste sur tes gardes, l'Ombromantien doit être son œuvre, c'est bien son genre de se dissimuler derrière des sorts de contrôle.


- De quoi parle-t-on au juste ?


Mazikeen marqua un court silence avant de se résoudre à lui répondre d'une voix sonnant comme un implacable glas.


- Du traqueur venu pour t'éliminer.


- Un chasseur d'anges ?


- Le pire.


Un frisson comme il n'en avait pas ressenti depuis des siècles courut alors le long de sa peau. Une ombre glaciale embruma son esprit, son âme jusqu'à ce que le souvenir même de ce qu'était la chaleur disparut de sa mémoire.


Lucifer comprit qu'il ne pouvait plus rester en plein ciel très longtemps. Une douleur lancinante lui cisailla les ailes, et elles faiblirent brusquement.


L'ange ne savait pas à quelle altitude exacte il volait, peut-être à mille huit cent mètres. Mais il était certain d'une chose : s'il chutait maintenant, ce sera particulièrement douloureux pour lui et sa passagère. Lucifer ramena alors ses ailes contre son corps, décrivit un virage à cent-quatre-vingt degrés et amorça sa descente.


- Mais par les abysses, s'exclama la démone, que fais-tu ?


- Je vais devoir me poser en urgence avant de me retrouver totalement paralysé.


- Non attends ! tu…


- Trop tard Maze, l'interrompit-il, je n'ai plus le choix.


Sourd aux élancements dans sa tête, le déchu grimaça tout en chutant en piqué vers le sol. Le vent sifflait à ses oreilles. L'air lui battait les cheveux et faisait claquer sa cape.


Il aperçut enfin un terrain propice, releva la tête en inclinant son corps vers là-haut, et déploya ses ailes pour ralentir sa descente. L'ange pouvait distinguer le visage crispé de Mazikeen qui s'attendait peut-être à le voir se poser avec grâce et majesté.


Pas à s'écraser comme une pierre !


Lucifer lâcha un Juron. Il rejeta vivement son poids en arrière dans une tentative désespérée pour freiner son élan et agitait frénétiquement les ailes dans un mouvement circulaire, d'avant en arrière, comme si de gigantesques mains applaudissaient.


- Maintenant ! hurla-t-il en amorçant la propulsion avec ses bras.


La démone se vit éjectée sans ménagement. Elle se réceptionna dans un long roulé-boulé avant de se stopper sur le dos pour assister, impuissante, à la chute brutale de son compagnon.


La force de l'impact propulsa Lucifer avec violence. C'était comme si le sol devenait un monstre qui le haïssait et s'acharnait sur lui. Il se précipita à toute vitesse contre les rochers avant d'être entrainé dans une pente, incapable de ralentir son inertie. Il s'arrêta qu'après une longue glissade dans un amas de suie aux remugles écœurants.


La cendre tombait à présent en intense rafales. Certaines semblaient chevaucher des vents rebelles. Où qu'elle atterrît, elle striait le paysage de lignes abstraites. Elle s'abattait si rageusement que Lucifer, qui ne s'était réceptionné là que depuis quelques secondes, se trouvait déjà à demi enseveli, le faisant presque passer pour une des aspérités topographiques de la région.


L'ange avait enroulé bras et ailes autour de lui comme s'il voulait empêcher son corps de souffrir davantage. Il resta un long moment ainsi à savourer son soulagement, pas trop conscient de la présence posée au-dessus de lui.


S'il ne présentait aucune blessure à l'exception de quelques lacérations exsangues, il était impossible, même pour un ange, de ressortir indemne d'une telle chute. Il commença à se relever péniblement, prenant appui sur ses mains. Il entendit alors dans son dos un coup de vent, scruta la poussière qui tourbillonnait autour de lui… mais, désorienté comme il l'était, Lucifer ne put que réagir une fraction de seconde trop tard.


Une douleur atroce lui transperça l'épaule et il grimaça en voyant la pointe d'une lame y forer un puits de chair. Seules sa fierté et sa volonté de fer l'empêchèrent d'hurler.


Cette blessure était étrange, anormale, intense… Infectée comme si elle avait baigné des semaines dans la fange. Le déchu sentait ses pouvoirs surnaturels tenter de refermer la plaie autant que la force extérieure qui luttait pour répandre la souillure


- Oh, Mais qu'avons-nous là ? Un petit oiseau tombé du ciel qui va perdre ses jolies ailes… Toi, tu feras un très beau cadeau pour mon maitre.


Une fois encore, Lucifer baissa les yeux vers la lame vissée dans son épaule avant de les remonter en direction de cette voix particulièrement aiguë. La silhouette et les sons qui percèrent le blizzard lui suffirent à l'intriguer.


L'humanoïde était émacié, presque squelettique jusqu'à la taille, mais le bas de son corps n'était autre qu'un nuage fuselé de vapeur à demi solidifiée. Ses bras et ses doigts étaient tendus et enflés, ses ailes dentelées et larges. Bien que sa face oblongue fût dépourvue de bouche, la créature s'exprimait sans mal. Des yeux émeraude grouillaient presque sur son visage gélatineux. S'il semblait y en avoir neuf, il arrivait que le décompte varie selon les caprices de leurs mouvements erratiques et du fait qu'à l'occasion, certains d'entre eux s'effaçaient pour réapparaitre soudain quelques secondes plus tard.


- C'est toi… le traqueur… haleta t'il.


Il n'obtint pour toute réponse qu'un petit rire moqueur.


Une fois libéré de l'acier surnaturel, Lucifer se laissa retomber mollement dans la cendre et le démon se ruait déjà vers lui, lame à la main, prêt à frapper à nouveau.


Mais l'ange, aussi blessé fût-il, n'en demeurait pas moins un adversaire déterminé.


Sa chute se mua habilement en une roulade avant qui le propulsa à quelques mètres, hors de portée de l'ennemi. Si l'acrobatie aggrava sa plaie, elle lui permit néanmoins de se remettre en position de combat.


Nul ne saurait jamais si, dans son état actuel, Lucifer aurait ou non trouvé la force de vaincre le traqueur, car au moment où l'ange déploya ses ailes de toute leur envergure, prêt à piquer sur son assaillant, il fut prévenu par un hurlement féroce en provenance des hauteurs de la pente. Il eut tout juste le temps de lever la tête pour voir fondre sur le démon, un météore noire.


La terre trembla et les pierres se fendirent. Le traqueur gisait au centre d'une fresque improvisée de fissures, surplombée par une silhouette aux cheveux noirs, qui jouait nonchalamment des poignards de ses doigts habiles.


Le traqueur se releva. De la fumée coulait de sa poitrine, ainsi que de son bras et aile gauches, et certains de ses yeux tuméfiés dégoulinaient d'humeurs répugnantes.


Mais la douleur se dissipait déjà. Il fallait plus, bien plus que les jouets d'une insignifiante démone pour l'abattre.


- Maze, siffla la créature, je me disais bien que j'avais senti ton aura.


- Salut Keïth, combien de fois vais-je devoir te répéter de m'appeler Mazikeen...


- C'est vrai, intervint Lucifer en se postant à côté d'elle, une main plaquée sur son épaule blessée, il n'y a que moi qui puisse l'appeler ainsi.


Le traqueur ricana.


Un rire sombre, très sombre.


Cette chienne était donc bien avec l'emplumé. Et lui qui pensait qu'elle le chassait…


Dans ce cas, il fera de la démone un divertissement infernal dont les légendes conteraient les souffrances jusqu'à la fin des temps.


Quant à l'ange…


Son sort ne sera pas plus enviable.


À suivre

Laisser un commentaire ?