Convalescence

Chapitre 9 : La pire des hantises

Chapitre final

11990 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 23/04/2023 18:51

Je me suis entraîné assez longtemps avec lockwood. Ça me faisait un bien fou de ne plus penser au dernier événement et, surtout, au futur plan. J’étais souvent furieuse contre mon corps, mais lockwood savait quand me pousser et quand m’arrêter. Avant d'aller manger, il me tendit deux cachets d'analgésique et je ne protestais pas. Mes muscles, bien qu'échauffés, raidissaient déjà après un entraînement si soudain et soutenu.  Ce soir-là, j’avoue que je m’endormis sur la table, entre mon assiette et le beurre. 


Je dormis toute la soirée et une bonne partie de la nuit, mon sommeil étonnement vierge de tout cauchemars et ne me réveilla qu’au lueur de l’aube, confuse d’être dans mon lit, mais sans souvenir de m’y être couché. Je pris les deux autres cachets sur la table en essayant de me réveiller. La douche chaude finit de me fouetter suffisamment pour que je reprenne vie. Mes muscles protestèrent infiniment et le simple fait de me rendre à la cuisine me mis au supplice, me prenant un temps épouvantablement long. 


Partire la bouilloire, sortir une tasse et du thé et faire griller du pain, voilà des activités à la hauteur de ma condition physique du moment. Dehore,il pleuvait des cordes, mais cela ne m’empêcha pas d’apprécier mon thé les yeux fermés, espérant que sa chaleur apaiserait la douleur lancinante du moindre de mes muscles.  


Le bruit de l’escalier m’apprit que quelqu’un d’autre était debout. Je fut à moitié surprise de découvrir George, les yeux encore fermés, bailler dans le cadre de porte. Aussitôt, je força mes jambes raides à se lever pour sortir deux tasses de thé et entreprit de faire chauffer de l’eau pour deux thé supplémentaires. George me sourit et alla sortir ce qu’il fallait pour une omelette. Cinq minutes de silence plus tard, nous nous attablâmes avec trois assiettes et trois thé bien chaud, juste au moment où, sur le coup de 10 :30, lockwood descendit, les cheveux en bataille et en chandail à capuche, pour dévorer le contenu de sa propre assiette.


Il nous fallut pas loin de deux heures pour vraiment reprendre vie. Deux heures durant lesquelles George finit par consentir à prendre une douche et à changer de vêtement. Je finis moi-même la vaisselle et laissa Lockwood aller se préparer pour démarrer la journée. Il fallut encore une heure avant que Holly et Kipps se décident à arriver, elle, les bras chargés de sac de course et lui avec une commande de bombe de sels, de feu grégeois et de fusée éclairante. 


Une fois que tout fut à sa place dans les placards de la cuisine et dans les étagères du sous-sol, je retrouva Lockwood dans la bibliothèque. Normalement, lorsque nous avions un travail d’envergure le soir, je me reposais, ne m’habillait pas avant 14 ou 15 heures et faisait une grande sieste avachi sur un fauteuil de la bibliothèque du salon ou de la bibliothèque. Pourtant, cette fois était différente. C’était mon grand retour sur le terrain, parlé avec le crâne me filait la migraine et mon bras de rapière me faisait défaut. J’étais trop nerveuse pour siester et mon sac de matériel était déjà fait et vérifié deux fois. Holly m’avait chassé du sous-sol avec irritation et George m’avait chassé de la cuisine après que j'ai failli me couper par manque d’attention en découpant les légumes pour le ragoût. 


Alors, j’étais monté dans la bibliothèque par dépit. 


-Tu vas rester planté devant la porte combien de temps, Luce?


Il lisait un magazine à potin et il ne semblait pas le moins du monde surprit de me voir rôder dans la maison. Son sourire détendu et arrogant m’irrita autant que ma propre incapacité à me détendre, alors je fus directe et, je l’avoue, un peu sèche. 


-Tu viens t’entrainer? 


–Non. 


Son sourire ne trembla même pas. Il dû se douter de mon humeur puisqu’il finit par ajouter, un peu plus doucement:


–Aller, viens t'asseoir. 


J’hésita, puis entra et me laissa tomber sur le fauteuil en boudant et en soupirant. 


–On ne s'entraînera pas à la rapière, tu as besoin de toute l’énergie possible pour le travail de ce soir. Prends un livre, dessine, ce que tu veux, mais tu dois arrêter de errer dans la maison comme un visiteur. 


–Facile, à dire…


J’allais répliquer quelque chose de manière aigrie, mais le téléphone sonna. La première sonnerie ne s'était pas calmée que j’étais déjà sur mes pieds pour franchir la porte. De bon pas, je sautais sur la distraction qu’était cet appel. Finalement, c’était seulement Barnes qui s’assurait que j’étais toujours à l'abri à Portland Row. Oh et, pour me rappelé, avec beaucoup moins de politesse, que j’était toujours attendu pour un bilan de Santé complet au cabinet du DERCOP.


Génial. J’avais le choix entre me morfondre entre les murs de Portland Row ou aller me faire examiner au cabinet. C’était presque tentant. Presque. Je lui répondis gentillement que j’irais sous peu en restant le plus vague possible et raccrocha avant qu’il ne me fasse la leçon. 


Le reste de la journée ce passa sous une série d'événements aussi gris et pathétique que la météo extérieur. Brumeuse, longue, froide et sans grand intérêt. J’étais déjà équipé et poster devant la porte lorsque les autres consentirent enfin à me rejoindre après avoir appeler un taxi de nuit. La route fut à la fois détendue- Merci, Lockwood- et fébrile. Je n’arrêtais pas de gigoter sur mon siège mal à l’aise, nerveuse et agitée. Les autres le tolérèrent un certain temps, jusqu’à ce que je découpe accidentellement une estafilade dans le pantalon de George avec ma rapière. Après une multitude de regard noir, je fini par m’appuyer contre la fenêtre jusqu’à notre déstination. 


Quelques coins de rue avant d'arriver à l’adresse qui nous intéressait, le taxi largua George, Holly et Kipps dans la nuit, où ils se fondirent parmi les ombres, leur sac de matériel en main, légèrement différent des deux qui restait dans le coffre du taxi. La pluie du matin avait laissé place au doux crachin froid et nous dûmes tirer les capuchons de nos imperméables sur nos têtes avant de descendre du taxi. Lockwood se chargea de mon sac avant que je puisse protester et nous détaillâmes la propriété devant nous. C’était un manoir typique. Les escaliers courbes soulignaient une entrée d’angle arrondis surmonté de trois étages et un petit clocher comme grenier. C’était grand. Très grand pour que seule deux personnes chassent une entité dans ce dédale de couloir, d’escalier et de pièce cloisonnée. Je savais, pour avoir visualisé les plans de George avant de partir, qu’on pouvait ajouter à cela une cave en béton et des jardins luxuriants. 


Je fut heureuse que ma capuche cache ma grimace d'anticipation à Lockwood et à un potentiel observateur qui nous regarderais d’une des nombreuses fenêtres. Lockwood me donna un léger coup dans les côtes pour attirer mon attention vers l’une des fenêtres qui attira immédiatement mon regard. Une ombre qui semblait regarder dehors. Juste un bruissement d’ombre parmi les ombres de la pièce. Mais j’étais trop au fait pour questionner Lockwood. J’avais compris le message.  Les nuages lourds de pluies permettait une certaine latitude sur les normales d’apparitions, mais n’empêche qu’il n’était que 18:00, même pas encore l’heure du couvre feu. Ce qui avait été déposé dans la maison à notre intention, n'était certainement pas une ombre. On pouvait s’attendre à quelque chose de puissant. Comme nous nous y attendions, certes, mais j’avais tout de même espéré quelque chose d’expéditif. 


Comme à l’habitude, Lockwood assura les politesses d’usage, comme si de rien n'était, comme si c’était un travail tout à fait normal. De mon côté, je restais en retrait, sous le porche, laissant mes sens parcourir les alentours de la demeure, m’assurant de garder un visage neutre tout du long, regrettant d’avoir laissé le crâne à la maison. J’avais voulu l'amener mais, si nous tombions dans un piège suite au travail, il serait trop dangereux de me faire prendre avec le crâne. Lorsque j’ouvrit les yeux, je sentis le regard malaisant du client sur moi et je lui servit mon air le plus impassible. J’attendit le moment où il tendit les clefs à Lockwood avec un certain soulagement et le regarda partir sans pouvoir prononcer un mot. Une main sur mon épaule me fit sursauter et je me retourna pour plonger dans le regard brillant de Lockwood. Bien entendu, une fois le plan décidé et enclenché, ce dernier était toujours plus vivant et énergique. C'était SON moment.


–Tu te sens d’Attaque,Luce? Soit honnête, avant que nous rentrions dans la maison. As-tu entendu quelque chose?


Je pris le temps de respirer l’air froid et humide avant de repousser mon capuchon dégoulinant sur mes cheveux. 


–Les miasmes ont déjà débuté, sa rampe sous ma peau comme des fourmis et j’ai un goût de pourriture dans la bouche. Un peu de peur grimpante, aussi. Et il n’est que 18:30. J’entend déjà des trucs, des murmures et des hurlements lointains, presque des murmures, mais il y en a plusieurs. 


Lockwood ouvrit la porte et sortit sa lampe torche et regarda l'entrée, sans pénétrer la maison.


–Je ne vois aucune lueur spectrale, mais il y a une brume au sol, sans doute un brouillard gris. 


–Même si c'est très faible encore, je serais porté à dire qu’il y a un esprit hurleur, peut-être. Super, ça va vite devenir désagréable, je le sens. 


Lockwood me fit son sourire super brillant réservé qu’à moi et George, ce sourire qui nous pousserait à sauter dans la tamise s’il le désirait. À non seulement le faire, mais à le faire avec un sourire en retour. 


Et c'est ce que je fis. Il avait déjà épaulé nos deux sac et tendu sa main vers moi pour me faire passer le pas de la porte d’un geste sûr et fluide, comme si nous traversions un champ de fleurs ensoleillé et pas le seuil d’une maison hautement hantée. Je lui rendit son sourire assuré et le suivit



Lorsque le pas de la porte fit franchit, ce fut comme si on actionnait l’interupteur d’une radio. Un rire hystérique me fit me retourner si violement que je lâcha la main de Lockwood. La peur rampante me prit au ventre et une soudaine nausée me tordit l’estomac. Un froid paranormal me fis frissonner, mais ça n’empêcha pas ma respiration de s’accélérer. Aussitôt que j’eu fait volte-face, je sentis une présence dans mon dos, une présence malsaine qui me ricanais à l'oreille, hystérique. Je me retint pourtant de bouger et ferma même les yeux, obligeant mes main à redescendre loin de mes oreille, ma main droite sur la garde de ma rapière. Un goût de pourriture attisa ma nausée et mes tremblement, mais je retint tout mouvement pour m’astreindre au calme, repoussant la panique dans une petite boite, essayant d'atténuer mes sens pour ne pas laisser le rire hystérique qui bourdonnait à mes oreille, me submerger et me paralyser. Dieu que je regrétais le crâne en cette instant… 


Je fit comme il m'avait dit, concentrant mes pensées sur du positif et fermant la porte de mon esprit, le bloquant comme une barricade inviolable. Le tout ne dura pas plus de quelque seconde, mais, lorsque je rouvrit les yeux pour croiser le regard de lockwood, je n'étais plus sur le point de sortir ma rapière pour frapper au hasard tout ce qui se trouvait à ma portée sans réfléchir aux conséquences. Le rire hystérique et la présence inquiétante étaient toujours là, mais je n’allais pas le laisser se nourrir de ma peur et prendre le contrôle. Je glissa une main à ma ceinture pour décrocher une bombe de sel que je laissa glisser au sol, assez loin pour qu’on ne soit pas blessé par les résidus de sels brûlant. Soupirant du silence soudain et de la peur rampante qui disparut soudainement, je m’appuya légèrement contre le mur de l'entrée. 


D’une voix tremblante mais stable, je répondis à la question muettes de Lockwood, qui avait sorti sa rapière.


--Une brume bavarde. Pas un brouillard gris. 


Lockwood jura et se hâta dans la cuisine qui se trouvait être la pièce la plus près de nous, la seule porte à notre gauche avant l’autre bout du couloir. 


–Et merde, ils ne plaisantent pas. Normalement, les brumes bavardes ne causent qu’un minimum d’ennuis, mais tu est sensible, trop sensible. On doit s’en débarrasser rapidement. 


Il sortit les chaînes et je claudiquai jusqu’à lui, me recentrant sur le moment présent. Je sortie du sac une petite bouilloire et notre nécessaire à thé. Me focalisant sur la préparation du thé, je repris mes esprits et fini de me ressaisir. Peu importe ce qui se passerait après la chasse aux fantômes, je devais prendre cela comme tout autre boulot. J’étais dans une maison où mes émotions seraient automatiquement retournées contre moi. Je repoussais ces quelques semaines d’horreur pour revenir au moment présent. J’étais agent depuis mes neuf ans et je voyais et entendais les visiteurs depuis aussi longtemps que je me souvenais et j’étais toujours plus ou moins saine d’esprit. Il fallait que ça perdure. 


Lorsque le thé fut chaud et infusé dans les deux tasses, que le cercle de fer fut installé et que je pris ma première gorgée de thé, mes mains cessèrent de trembler. Le thé était décidément la meilleure thérapie que je n’aurais jamais, la stabilité et la sécurité que je n’avais jamais eu dans ma jeunesse. 


–D’accord, qu’elle est le plan?


Lockwood m’observa au-dessus de sa propre tasse, prit un peu de thé et me fit son sourire à la Lockwood en voyant que j’avais surmonté le choc de la brume bavarde. 


–Commençons par la cuisine, sommairement. Les chances que le dossier y soit est minime, mais on n’est jamais trop prudent. Cherchons aussi la source de la brume bavarde, en même temps, n’importe qu’elle objet un peu étrange qui n'aurait pas sa place dans ce décor. Nous savons que les sources ont été ajouté à la maison il y a un ou deux jours, donc ils doivent être placé dans des endroits accessibles, leur buts n’est pas qu’on détruise la maison en cherchant les sources, mais bien de nous épuisé, sans doute dans le but de nous cueillirent à la fin de la petite chasse aux trésors pour qu’on oppose le moins de résistance possible.


Je secoua la tête, somme toute un peu ennuyé qu’il me rappelle que le véritable danger se trouverait à l’extérieur de la maison. Je ferma les yeux pour écouter, laissant mes sens parcourir doucement les lieux. 


-Comment tu sais que le dossier est dans la maison? Et pas, je sais pas, moi, avec le client?


Un léger gloussement me fit ouvrir les yeux, brisant ma concentration.


–Flos. 


Je sourie à cette explication d’une simplicité enfantine. Il n'avait pas besoin d’ajouter qu’on pouvait faire confiance à Flos, elle avait déjà fait ces preuves. Je termina d’un coup ma tasse de thé, incertaine de quand j’aurais le temps d’y revenir et sauta sur mes pieds avec plus de vigueur que dans les dernières semaines. Je contourna le comptoire, suivant mon instinct, et laissa ma main glisser le long du comptoir, fermant même les yeux à un moment, ressentant et écoutant. Derrière moi, je sentais Lockwood bouger, mais cela m’était égal, je savais qu’il faisait exactement ce qu’il avait dit, ce qu’il avait toujours fait, en fait. Me servir de défense et de bras armés. 


Mes jambes cédèrent soudainement sous moi, chassant mon sourire alors qu’une sensation de givre se formait sur les doigts en contacte avec la surface. la peur rampante refit son apparition et une sensation oppressante de comprima la poitrine alors que le rire hystérique m’empêchait d’entendre à nouveau tout autre chose. J’étais près de la source et la brume bavarde était particulièrement agitée. Bien que très faible et peu épeurante, le contact de la brume bavarde avait quand même les mêmes conséquences que tout autre touché fantôme.


Je sentis le dos de Lockwood se presser contre mon côté et je sût qu’il tenait la brume à distance avec sa lame. Je ramenais mon esprit à ma propre tâche et me penchai dans un placard fermé sous l'évier. Je dû bagarrer avec la porte et fini par lui mettre un coup du pied de biche attaché à ma ceinture avant de ramper dans le placard à la recherche de la source. Oubliant le côté dérangeant de ramper dans un placard, le bas de mon dos se tortillant contre la jambe de Lockwood, je sortit ma lampe torche et tâtonna jusqu’à trouver une vieille montre de poche recouverte d’une couche de mousse. victorieuse, je poussai un petit cri de joie et me redressa trop rapidement, me cognant la tête contre le tuyau de l'évier au-dessus de moi. Après un grognement de douleur je réussi à me tortiller vers l'arrière, au travers les toiles d'araignées et de la poussière qui se trouvait toujours perdu au fond d’un placard d’évier. 


Je réussi, non sans perdre ma dignité, à me tortiller suffisamment pour mettre la main sur un scellé en argent et y enroba l’objet en question, soupirant de soulagement face au silence qui m'accueillait. Lockwood gloussa doucement et me prit le scellé d’argent pour se rendre au centre de notre cercle de fer, où il transféra prudemment la source dans une boîte de verre argent. 


Une brève inspection de la cuisine avec nos sens et nos thermomètre nous appris que la cuisine semblait nettoyer de son côté paranormal. Satisfait, nous cherchâmes un peu le dossier en question, avant de retourner dans le couloir d'entrée. À notre droite, se trouvait la porte de la cuisine, puis un autre espace sombre, qui devait être la salle à manger, nous appris qu’il s’y passait quelque chose dans cette pièce. Comme le phénomène semblait cantonné à cette pièce, nous prîmes la peine d’inspecter le reste du rez-de-chaussé. Des points froids dans le salon nous ont appris que quelque chose s’y tramait, mais nous n’avions aucun indice, alors nous passâmes à la hantise initiale de la salle à dîner. 


Planter devant la porte, je ferma les yeux pour mieux entendre le murmure qui me parvenait. À côté de moi, Lockwood tâtonna sa poche et y retira ses lunettes noirs, qu’il chaussa d’un mouvement fluide et connaisseur, d’une seule main, l’autre étant sur la garde de sa rapière, qu’il sortie d’un mouvement douloureusement lent. Il était toujours d’un calme totale, son sourire avait à peine perdu un peu d’intensité. Je devinais aisément, par la force de l’habitude, qu’il voyait très bien ce qui n’était, à mes yeux, qu’un mur de ténèbre impénétrable.Et la lueur qu’il percevait devait être très forte pour qu’il prenne le temps de chausser ses lunettes.


–Qu’es que tu vois? 


–Une très forte lueur spectrale et un petit garçonnet de quelques années.  Un garçon brillant. Tu entends quelque chose?


Génial. Cela expliquait le faible pleur que je percevais. Un coup d'œil à ma montre m’apprit qu’il était à peine passé 20 heures. De mieux en mieux… Au moins, l’heure hâtive signifiait que l’apparition de ne serait pas aussi agressive qu’elle pourrait l’être autour de minuit. Mais cela s’expliquait aussi par la journée grise et brumeuse qui agitait les apparitions plus tôt que durant une belle journée d’été. 


–Des pleurs. Pauvre enfant…


–Lucy, ne recommence pas, avec ta pitier. Il n’y a pas de bon ou de mauvais fantôme, ils vont tous te tuer s’ils en ont l'occasion!


Je fis un pas en avant et un froid douloureux s'abattit sur mes épaules. Pour peu, mes jambes auraient lâché, mais je me rattrapais au cadre de porte pour me redresser. Les pleures devinrent plus fort, plus difficile à ignorer. Une douloureuse tristesse repoussa mes épaules vers le bas. Une faim dévorante de donna la nausé suffisamment fort pour que je me courbe vers l’avant, mais parvint à contrôler le haut le cœur qui me brûlait la gorge. 


Je siffla de douleur lorsque la main de Lockwood s'agrippa furieusement l’épaule pour me projeter vers l’arrière, là où je trébucha sur le sol inégale, tomba sur le dos et ma tête alla cogner contre le murs de l’escalier qui se trouvait en face. Les étoiles qui s’épanouirent dans ma vision me rappela que j’était toujours sous le choc d’une commotion cérébrale et ma vision ne se stabilisa pas avant de précieuse seconde, juste à temps pour voir Lockwood repoussé une lueur spectrale aveuglante. Lorsque je tournais la tête, je pouvais distinguer un visage de garçonnet de quatre ou cinq ans, délicieusement joufflus des rondeurs de l’enfance. 


–C’est quand tu veux, Lucy!


Lockwood… Et merde, maintenant, je pouvais voir qu’il avait été acculer contre un mur et qu’il commençais a peiner à maintenir le Garçons brillant à distance. Je jura à voix basse et m’obligea à sortir de ma torpeur malgré le mal de tête qui se pointait à l’arrière de mon crâne, essayant de me souvenir de ce que j’avais perçu avant de me cogner la tête… Les pleurs, la tristesse, la faim… La solitude… Il était mort de faim, enfermé dans un placard, enfermé par sa propre mère qui était morte après l’y avoir enfermé pour le protéger… Un placard… Mes yeux parcoururent la pièce sombre, seulement éclairée par l’éclat du spectre agressif. 


Lorsque je pénétra la pièce, j’entendit un sifflement et un mouvement à ma gauche.


–Et, oh! C’est moi ton adversaire, gamin! 


Le Garçon brillant avait tourné son visage fantomatique vers moi, les yeux couverts de l'arme, à la fois suppliant et terrifiant. Enfin, son visage était terrifiant jusqu’à ce que mes yeux se stabilisent sur la lueur qui représentait son corps… Pour que j’y perçoive un vêtement en lambeau sous un tas de sang. Je retint un hurlement et repoussa la paralysie spectrale qui m’engourdit les membres et m'abrutissais le cerveau à ce que j’avais sous les yeux. Avant de mourir de faim, le pauvre gamin c’était lacéré l’abdomène. Une pensée comme quoi il n’était pas mort de faim me fit tourner la tête et me fit monter les larmes aux yeux alors que je serrais mon propre abdomen, mes ongles se plantant douloureusement dans la peau tendre. 


L’éclat douloureux d’une bombe de sels ramena l’attention du garĉon brillant vers Lockwood. Je pris encore une seconde pour noter qu’il n'avait pas disparu après avoir été touché par l’éclat de la bombe de sels, l’apparition avait tout juste tremblé, avant de reprendre sa densité pour se tourner à nouveau vers Lockwood. 


–LUCY!


–Oui,oui…


Je grommela douloureusement avant de m’obliger à me détourner pour trouver la source. Pourtant, rien ne semblait déplacé dans la salle à dîner… Une grande table pour une vingtaine de convives, autant de chaises anciennes. Une immense baie vitrée pressée de ténèbres… Un lustre reluisant, un immense vaisselier et une armoire exempte de poussière, dans un bois foncé et rugueux, un vieux pianos assorti, quelques tableaux…


L’armoire! Je me précipita sous le bras de Lockwood qui tenait le fantôme en respect avec sa lame et roula sur mon épaule dans un relent douloureux,  pour éviter la lueur du Garçon brillant pour finalement me laisser tomber à genoux près de l’armoir, l'inspectant de mon mieux dans la noirceur. Je l’ouvris et passa ma main dans le fond. La différence aurait pu passer complètement innaperĉut, mais j’était rendu presque trop habituer à tâter de vieux meuble dans le noire pour ne pas percevoir la différence de profondeur. Toujours avec l’aide de mon ami le pied de biche, je donna quelques bons coups pour tenter de déloger le double fond. Un coup particulièrement fort se répercuta le long de mon bras et la douleur me fit grimacer. Jurant tout bas, je me redressa et sortit ma rapière pour aller me placer au côté de Lockwood, lui criant à moitié:


–J’ai besoin de ta force, l'armoire, il y as un double fond, je m’occupe du Garçon brillant. 


C’était, pour lui et moi, une douce routine agréablement bien établie au fil du temps. 


Pourtant, du coin de l'œil, je vit une lueur d’hésitation passer dans son visage. Il semblait peser le pour et le contre. Ce bref moment faillit lui coûter cher. Pendant qu’il perdait son temps à peser le pour et le contre de me laisser face au fantôme, ce dernier s'était dangereusement rapproché de son profil. Je serra les dents, soudain furieuse, donna un coup de rapière vers la lueur spectrale en poussant Lockwood directement au sternum pour être certaine de l'éloigner malgré la différence de taille et de poids. Sans le regarder batailler pour reprendre son souffle, je lui lança, tout en tenant le fantôme en respect avec des gestes amples:


–Si tu m’a laissé venir, c'est que tu as assez confiance en moi pour protéger tes arrières, imbécile arrogant! L’armoire, vite!


Je serrais les dents, espérant quand même qu’il se dépêcherait. Malgré mes paroles, mon épaule commençait à me faire souffrir et les muscles de mon bras de rapière,  à se raidir. Je ne pouvais me permettre de faire comme la veille et de pousser jusqu’à ce que ma main se tétanise, jusqu’à ne plus pouvoir tenir ma rapière. Ce serait sans doute le pire des scénarios. J’allais lancé une bombe de sels pour me donner un bref instant de répit, lorsque la forme brillante du Garçonnet perdit en intensité jusqu’à disparaître. Les pleures cessèrent et Lockwood sortit la tête de l’armoire avec un pendentif en forme de cœur, sans doute celui de la mère du garçon. 


Face à ce silence soudain, mon bras retomba et je me sentis tanguer avant qu’un bras solide me stabilise. 


–Ça va, luce? Tu crois que tu vas pouvoir continuer un peu?


Je pris le temps de souffler, de chasser mon vertige et d'étirer mon épaule avant de répondre.


–Oui, Lockwood, j’ai juste besoin de reprendre mon souffle un instant.


Il me guida vers une chaise et m’y laissa glisser. Je rangea ma rapière à ma ceinture et laissa Lockwood manipuler automatiquement mon épaule. Je ne rechigna pas, bien au contraire. Nous n’avions fait que deux pièces et il restait encore deux étages à nettoyer.  Je glissa un morceau de chocolat dans ma bouche pour me redonner un peu d’énergie et offrit un sourire à Lockwood. 


–Je me sens déjà mieux, on devrait continuer. Plus vite on fini et plus on a de chance d’éviter un affrontement avec des humains. 


–Oui, mais il n’est pas mieux de mourir aux mains de visiteurs en se précipitant, tu sais. 


Je levai un sourcil de jugement. Lockwood prudent, ça changeait un peu de son habituel empressement presque suicidaire. Mais il avait raison malgré tout. Je dégageai mon épaule et me leva en direction du salon. Laissant Lockwood finir de déterminer si le dossier était dans la pièce. 


Une fois le cadre de la porte passée, je sentis un brusque changement dans l’aire et mon thermomètre se mit à sonner. Sans me laisser le temps de jurer et d’aviser Lockwood, un hurlement me scia littéralement les jambes, m’envoyant valdinguer durement sur le sol, les mains sur les oreilles. 


J’étais complètement sonné, incapable de dire ou de faire quoi que se soit. Un liquide chaud se mit à couler entre mes doigts. Je sentis Lockwood essayer de me redresser, son regard croisant le mien. Il me connaissait assez pour lire l’agonie que je vivais et avait assez d’expérience pour déduire ce qui se produisait. Je vit ces lèvres bouger, mais ces mots se perdirent dans le méandre du hurlement qui me paralysait et me broyait la tête. Voyant que je ne lui répondais pas, il me tira sur mes pieds d’un bras vindicatif malgré mon manque de tonus et d’équilibre et me dirigea dans le corridor. Mon regard était trop flou pour suivre ce qui se déroulait dans le corridor, mais je cru voir une forme dans les escaliers, chassé d’une bombe de sels. Le hurlement cessa momentanément, mais j’était chaos, je n’entendais plus qu’un fort bourdonnement et ma vision était trouble. Je reconnu la cuisine à son dallage blanc et Lockwood me jeta sans délicatesse dans le cercle de fer au moment où l’esprit hurleur reprenais forme dans un hurlement qui m’obligea à me recrocviller sur moi-même. J'avais l’impression qu’on me broyait tous les membres et que ma tête allait éclater, ne pouvant que me balancer d’avant en arrière dans un mince réconfort. 


Heureusement, grâce à la présence du cercle, j’étais dans une sécurité relative, mais ça ne rendait pas le hurlement moins dommageable. Je crois que je perdit connaissance à un moment, ou Lockwood fut particulièrement rapide, dans les deux cas, je sentis sa mains fraîche sur mon front, puis je me rendit compte que le hurlement avait cessé. Avec le dos de ma main, j’essuya le sang qui coulait d’une de mes oreilles en grimaçant. Constatant que ma tête était posée sur les jambes à Lockwood, je me redressai brusquement, sentant le rouge me monter aux joues. 


–Je crois que c'est fini, Lucy, c'est trop dangereux pour continuer, tu n'es plus en état. 


Je fus d’abord soulagé d’entendre Lockwood, cela signifiait que mon tympan n’était pas perforé, mais mon soulagement fut modéré par ces paroles. Je repoussai ma franche de mon visage et pris un certain temps pour laisser mon coeur reprendre son rythme habituel. J’avais mal à la tête et je me sentais un peu distante. Pas grand chose, mais je savais que le coup que j’avais reĉus à la tête viendrait accroître les symptômes de ma commotion cérébrale. 


–Lockwood, ont doit trouver le dossier. Nous avons probablement chasser la plupart des hantise de la maison, on devrait avoir un peu de répit. Souviens toi que leurs but des pas de nous tuer…


–Mais bien de nous affaiblir et ça commence à fonctionner un peu trop bien, Luce. 


En quelque part, j’étais d’accord avec lui alors que je le regardais transférer un bibelot dans une nouvelle boîte en verre argent. Lui-même semblait étonnement fatigué après t’en de source scellé. Une était normale, deux passables, mais trois, c’était limite pour une équipe, alors à deux, continuer était pratiquement suicidaire. 


Il sembla réfléchir longuement en pesant les options. J’en profita pour sortir un sandwich que je machonna lentement..


--Comment va ton bras?


--Raide, mais je peux tenir encore un peu.


Il poussa un soupir et se leva. Interrogatrice, je le vis flasher deux fois les lumières de la cuisine et revenir pour s’expliquer.


--D’accord, nous allons continuer à chercher le dossier. Maintenant que nous avons éliminé trois hantise, il y a fort à parier que ça se calme un peu. 


Des coups à la porte me firent sursauter violemment. Lockwood posa sa main sur mon épaule et  sortit du cercle pour aller ouvrir. Je fut surprise de découvrir kipps et George sauter dans le cercle. George se laissa glisser à mes côtés en apercevant le sang qui coagulait le long de mon visage.


–Tu est pas sérieux, Lockwood? Tu nous fait venir pour qu’on la sorte d’ici, j’espère?


–Non, on continue à chercher. Lucy dit qu’elle peut continuer, mais elle n’approchera plus d’aucune hantise. La seule raison qu’elle se trouve encore ici, c’est que suis persuadé que nous avons sous-estimer le travail à faire ici. 


Kipps pointa les trois boîtes qui renfermaient les diverses sources. 


–vous en avez déjà eu trois, Lockwood, vous devriez sortir d’ici tous les deux. Tu sais que rester trop longtemps dans une maison hantée fini par jouer sur la perception des choses. Holly dit que les hommes attendent tout près, à l’extérieur, si vous sortez pour prendre une pause, ils vont vous tomber dessus… Le mieux serait de vous faire sortir par le même chemin que nous avons emprunté, t’en pis pour le dossier, si on meurt tous ici, il ne servira plus à rien. 


Je repoussa gentiment la main de George qui évaluait mes blessures et me remit sur pied, espérant être convaincante. 


–Notre décision est prise, Kipps. Nous allons assez bien pour poursuivre avec toi et George. 


–Dans ce cas, je crois que la recherche du dossier doit prendre le pas sur le nettoyage des visiteurs. Pendant qu’on vous attendait dehors, j’ai continué mes recherches et visualiser de nouveau plan de la maison. Je n’ai aucune manière de savoir avec exactitude combien il a sacrifié de source pour ce plan foireux, mais il est clair que le dossier se trouve loin de toute source, pour ne pas vous attirer vers ce qu’il cache. 


–Donc, clairement pas à cet étage…


–Non, et pas non plus au deuxième, à mon avis, le troisième étage est composé d’une sorte de petit clocher convertie en bibliothèque privée, accessible par une échelle et donc…


–L’endroit parfait pour cacher quelque chose. 


George me retourna mon sourire. Enfin, nous semblions approcher de quelque chose! 


Kipps prit la tête de nôtre petit groupe. Visiblement, il avait étudié les plans de la maison, puisqu’il nous conduisit au travers le petit escalier, laissant Lockwood utiliser sa vision pour s'assurer que la voie était libre. Je progressais lentement. Derrière, Lockwood et George me suivaient comme mon ombre, rapière et bombes de sel à la main. À sa ceinture, son thermomètre émettait un petit son discret lorsque la température changeait. De mon côté, je faisais sensiblement la même chose que d’habitude. Malgré le mal de tête qui avait commencé à me broyer l’arrière du crâne, j'utilisais mon ouïe pour suivre l’évolution de visiteur potentiel. C’était presque ridiculement silencieux et cela m’inquiétait presque autant que les murmures presque constant. 

Puis, une fois les escaliers du premier monté, je commençais à entendre des murmures de plus en plus fort. Je regardais ma montre par habitude. 


–Tu entends quelque chose, Lucy? 


Même si je gardais les yeux fermés, je reconnaissais la voix de George. Je levai la main et ils arrêtèrent de marcher, se murant dans un silence habituel pour me laisser le temps de gérer mon talent. Une vague de peur me fit sursauter et, comme à chaque fois, je dû obliger mon esprit à se souvenir que ce n’était pas mes sentiments à moi. 


–De la peur. Quelque chose est mort violemment et dans un terrible sentiment de peur et de déchirement. 


Je laissa ma main glisser contre le mur et le laissa me diriger dans le nouveau corridor qui s'étalait devant nous, flanqué de quatre portes fermées de part en part. Je m'arrêta devant l’une d’elle au moment où Lockwood referma sa main pour retenir mon bras.


–Non, Lucy. Souviens-toi, nous cherchons le dossier. 


–Oui, mais… 


Il soupira et passa élégamment sa main dans sa chevelure sombre, en bataille après les événements de la nuit, puis un petit sourire étonnement brillant étira ses lèvres. 


–D'accord, mais on fait vite. 


Je savais qu’il ne pourrait pas résister à l’envie de nettoyer la maison malgré tout. Après tout, il serait si satisfaisant d’encaisser le paiement de notre client, le lendemain matin. 


Malgré la stupidité de la décision, nous poussâmes la porte de nos deux mains réunis, n’écoutant pas du tout les maugréations de George dans notre dos. 


-Impossible, vous êtes vraiment impossible, vous deux! Je vous souhaite une mort horrible! Non, non, pas trop horrible non plus, je n'ai aucune envie d’avoir à affronter vos deux fantômes de tête de mules!  


Et oui, George avait raison. Ne jamais lui dire, par contre. Mais il avait raison quand même. Moi et Lockwood furent reĉut par une vague de froid et submergé des miasmes particulièrement désagréable. Automatiquement, ma main se glissa à ma ceinture et je glissai un bonbon à la menthe sous ma langue pour éviter de vomir. Une peur rampante monta le long de mes jambes et je lutta un bref instant contre la paralysie spectral avant de me souvenir que rien ne me retenais physiquement et que je pouvais simplement me baisser pour éviter les mains osseuse tendus vers ma gorge et pour éviter la bombe de sels qui me passa tout juste au dessus de la tête pour venir percuter le cadre de porte, faisant pleuvoir une pluie de débris brûlant sur ma tête et sur le fantôme qui disparut momentanément. 


Moi et Lockwood restèrent figé à se regarder avec des yeux arrondis de surprise, puis il éclata d’un petit rire.


–Oui, le dossier, nous allions chercher le dossier dans la bibliothèque!


J’essuyais les débris de sels refroidis qui me maculaient le visage et tendis le bras pour refermer la main sur la poignée de la porte. 


–Mais qu’elle merveilleux plan, Lockwood. Dommage que nous ne l'ayons pas mis plus tôt à exécuter. 


Ma main se referma sur la poignée de la porte et je la tira vers moi pour refermer le battant, avant de me figer, le regard soudain vide et fixe, alors qu’une vague de déchirement glaciale essaie de me couper en deux. La peur et le déchirement que j’avais ressentis plus tôt avait passé le stade d’échos lointains pour se muer en une douleur physique bien réelle. 


Peut-être que nous aurions réussi à nous éloigner du visiteur si je n’avais pas touché la poignée de porte, mais peut-être pas. Dans tous les cas, le visiteur apparut près du coin le plus éloigné de la pièce qui se trouvait à être un petit bureau de travail très douillet, meublé d’un bureau à tiroire, de deux canapé encadrant une petite table basse et d’une bibliothèque habillant tout un pan du mur de droite. 


–Oh beurk… Tu as de la chance si tu ne vois pas celle-là, Luce. 


–Oh, je t'en prie, éclaire ma lanterne, Lockwood… Tu sais, avant qu’elle nous attaque…


Lockwood referma sa main sur mon bras et me conduisit, à reculons, vers l’extérieur de la pièce, m’obligeant à relâcher la poignée.


–Je crois qu’elle à été découpée par un boucher. Ou ronger par un animal. Dans tous les cas, je crois qu’il serait plus rapide d'énumérer les parties du corps qui sont encore accrochées au corps… 


Je hocha lentement la tête sans quitter la hantise des yeux. En me concentrant comme il se devait, je pouvais vaguement percevoir la forme d’un visage où il manquait un œil, une partie des cheveux, un pied et la jambe opposée. Son visage était sans doute celle d’une femme, même si je n’aurais pu dire son âge.  La seule chose que je pouvais à peu près me concentrer dessus, c’était sa bouche qui remuait. La forme brillante de son corps flottait au-dessus du sol et elle se rapprochait de nous, lentement, mais inexorablement.


Mais nous savions tous que courir jusqu’à l’escalier ne nous sauverait pas, au contraire il y avait de forte chance que le mouvement brusque la rende plus agressible. Toujours en reculant lentement dans une tentative de fuite pathétique, je me concentrais sur mon ouïe, sans quitter des yeux la hantise. 


–Je… le… je… le…


– Que veux-tu? Je peux peut-être t’aider…


Ma voix n'avait été qu’un murmure, mais c’était suffisant pour que la forme accélère un peu sa progression. 


–Je…


…le…


…veux! 


Soudain, je sentis de la colère. Beaucoup de colère. Puis, j'ai compris et laissa échappé un minuscule petit rire presque hystérique et dénudé de joie.


–Lockwood…


-Tu sais ce qu’elle veut, Luce?


–Oui et non… Tu peu éclairé ma lanterne? Es-ce qu’elle te pointe, par hasard?


Je ne pouvais et ne voulais pas quitter des yeux la forme qui flottait vers nous alors que nous reculions, Kipps et George sur nos talons, mais je sentais le poid hésitant du regard de Lockwood, brûlant sur ma joue comme un vilain coup de soleil. 


–D’accord, alors, pourquoi elle me pointe, lucy?


– Tu vas trouver ça marrant, mais.. Elle déteste les hommes. Elle a tué son petit ami et son amant. 


J’hésita brièvement face à l’ironie de la situation. 


–Et sans doute la copine de son amant. Lorsqu’elle a découvert qu’il était marié. Mais elle s’en veut beaucoup. 


D'où la sensation de déchirement qui m’arrachait les tripes. Génial. Un fantôme psychopathe. Un fantôme psychopathe qui nous obligea à monter la première marche vers le grenier, ce qui signifiait qu’elle n’était pas rattachée au bureau et que si nous voulions chercher tranquillement le dossier, nous devions d’abord nous débarrasser de notre nouvelle amie… 


–Bon, dans ce cas, nous n’avons plus trop le choix, on fait comme d'habitude, Luce, tu te faufiles derrière et tu va chercher la source, Kipps, tu l’accompagne et tu la protège. George, nous, nous occupons du visiteur! 


–Pourquoi c'est lucy qui cherche la source! La dernière fois, c'est moi qui ai pris le visiteur! Elle est assez remise pour ça!


–Non, George, la dernière fois, c'est toi qui a chercher la source et tu la trouver dans un tiroir à bobette! 


Le fantôme décida que la discussion était terminée puisqu’elle choisit cet instant pour plonger vers moi, pour y trouver la lame de Kipps qui s'était glissé entre moi et la hantise. Dans un silence entendu, je contourna mes coéquipiers et me glissa dans le corridor aussi vite que possible pour revenir dans le bureau. Comme la hantise était apparue dans le coin droit, je me laissa tomber sur le sol devant la bibliothèque et commença à sortir et à toucher tout ce que je pouvais y trouver, espérant trouver la source rapidement. 


Même si je posais parfois la main sur un objet qui me glaçait les os, j’arrivais à la fin de la première rangée sans rencontrer quoi que ce soit de suffisamment puissant pour représenter une source.  Je me hissa sur les genoux pour démarrer la seconde ranger quand je sentis un courant d'air glacé sur ma nuque et ne pu retenir un hurlement.


–Mais faites attentions avec vos lames! 


–Tu pourrais avisé avant de te relever comme ça, Carlyle!


Je serrais les dents pour retenir une remarque acerbe et m'obligea à ramener mon attention sur ma tâche initiale en marmonnant de vilaines choses à voix basse. Je tiens à spécifier que si kipps reçu un livre particulièrement volumineux sur le pied, c'est un pur hasard. Je termina de vidé l'étagère de tous les livres et de tous les objets hétéroclites qui s’y trouvaient sans trouver quoi que ce soit. 


–Va tu finir par trouver la source, Lucy? C’est quand tu veux! 


–Je suis certaine qu’elle est réapparue dans ce coin-là! 


Je me tourna brièvement vers mes trois collègue de travail pour les regarder se débattre contre le fantôme qui était clairement un type 2 assez fort. Je l’entendais toujours marmonner, mais j’avais été trop absorbé par ma tâche pour suivre ces mots. Lockwood avait été blessé par un projectile, mais cela semblait superficiel, heureusement. George reculait en essayant de repousser le fantôme et Kipps se tenait devant moi pour me couvrir lorsque le spectre se tournait vers moi avec avidité et colère. Moi, je resta planté quelque précieuse seconde, cherchant une piste quelconque, sans rien trouver. Dans le coin où je me trouvais, il n’y avait littéralement rien d’autre que la bibliothèque, maintenant vide. Je revins aux murmures et, soudainement, mon regard fut attiré par une petite trappe. Au plafond. Je sauta pour évaluer la distance, mais je n’étais pas très grande, sans doute Lockwood, avec ces grandes jambes élancées, arriverais à sauter assez haut pour toucher la trappe, mais il semblait passablement occupé. 


Je n’avais pas beaucoup d'options, soit je pouvais essayé de pousser le bureau du centre de la pièce jusqu’au coin et monter dessus, mais je doutais d’avoir suffisamment de longueur de bras, soit je pouvais m’adonner à l’escalade de l’étagère. Dans mon hésitation, je vit George reculer et basculer dans le foyer, soulevant un gros nuage de cendre froide en jurant. Le fantôme tendit la main vers lui et fut à un cheveux de toucher sa joue lorsque Lockwood lui trancha le bras avec le fer de sa rapière dans un déluge de plasma brûlant tout ce qu’il touchait, enrageant définitivement l’apparition. Sitôt, j’agrippa la première tablette et entreprit de grimper de tablette en tablette les quelque cinq niveaux avec lenteur. Ce n’était, certes, pas comme escalader un immeuble, mais je détestais tout ce qui m’obligeait à retirer mes pieds du sol. 


Sans regarder en bas pour ne pas attiser les vertiges de ma tête déjà bien éprouvés, je m’étira et me contorsionna jusqu’à rejoindre la petite trappe d’aération qui, heureusement, n’était pas visée, mais seulement maintenue par un système de clip. J’eu beau me tortiller dans le vide, j’arrivais à peine à toucher la trappe du bout des doigts, mon épaule menaçant de lâcher et envoyant des décharges douloureuses dans tous le bras. Je retira finalement ma rapière de ma ceinture et l’utilisa comme rallonge pour essayer d’ouvrir la trappe, mais dû étiré mon bras parcourut de spasme musculaire douloureux, menacent de me précipiter dans le vide à chaque instant. 


Après avoir jurée plus que de raison, je coinça la pointe de ma rapière dans le système de fermeture et donna un ultime coup pour l’ouvrir. Cela eu pour effet trois choses distinctes. La première, c'est que la trappe s’ouvrit effectivement. Ensuite, un objet lourd alla s’écraser sur le sol. Et, pour finir, je suivis ce dit objet avant de parvenir à l’identifier. Ma chute fut miraculeusement amortie par le corps de Kipps qui se trouvait sous l’endroit que j’avais escaladé, s’assurant de repousser la hantise si elle faisait mine de venir dans notre direction. Nous nous retrouvèrent emmêler sur le tapis du bureau, nous tortillant dans tous les sens pour essayer de se dégager, de trouver la source tomber quelque part sous nous, garder un oeil sur le fantôme ET pour éviter de s'embrocher sur les deux rapières emmêler quelque part dans l’enchevêtrement de membre. Énervé comme nous l’étions, nous nous gênions mutuellement et nous nous repoussions dans un désordre pathétique. Finalement, un bocal contenant un paquet de petit mot plié apparut entre les jambes de Kipps, aussitôt, je sortit un scellé d'argent pour le lancer sur le bocal. Quelque instant plus tard, je contempla le silence en me laissant retomber sur le dos, les yeux fermés.


Je n’avais rien de cassé à cause de ma chute amortie par Kipps, mais ma tête mélançais douloureusement, me fillan la nausé. Tout mon bras, de l’épaule jusqu’au bout des doigts, me faisait souffrir, pris de contraction douloureuse et involontaire. Mes doigts avaient du mal à obéir à mes ordres. Je jurais intérieurement, un peu sonné. Je resta avachi au sol jusqu’à ce que Kipps en ai assez et entreprenne de se relever, bientôt aidé par Lockwood qui me passa ces bras autour du torse pour me soulever doucement en position assise. 


–Tu as été parfaite, Luce, prend une minute pour souffler. 


Sa voix grave se trouvait si près de mon oreille que j’ouvrit les yeux dans un frisson. Mon dos reposait contre son torse musclé et le rouge me monta aux joues. Ce n’était pas la première fois qu’il me tenais de la sorte, mais j’étais fatigué et il m'avait prise par surprise. Après un petit toussotement, j’entreprit de m’assoir par moi-même malgré mes vertiges.  Un George recouvert de cendre de la tête aux pieds débarqua dans mon champ de vision et je ne put soudain retenir un rire nerveux et libérateur qui sembla le vexé profondément puisqu’il recula en grommelant quelque chose de vraiment pas très gentil à dire. 


–C'était un désastre, tu veux dire!


–On a contenu la source, tu ne peux nier. 


–Mais à qu’elle prix?


Malgré mes paroles, j'essuyais une larme de rire qui roulait sur ma joue. Nous étions de retour. Lockwood and co. était de retour pour de bon, espérais-je. Il était bon de se sentir à nouveau complète et entourée, malgré les désastres. 


–C'est bon, on ferait mieux de se rendre dans cette bibliothèque, qu’on puisse trouver ce dossier. Aide-moi à me relever. 


Je laissa Lockwood me remettre sur pied et m’appuya un peu trop sur lui. En fait, j’étais complètement épuisé et je n’avais qu’une envie, laisser ma tête glisser dans le creux du cou de Lockwood pour respirer l'odeur rassurante de son manteau. Fermer les yeux et dormir longtemps… 


–Lucy! 


J’ouvrit subitement les yeux comme si on m'avait électrocuté. 


–Lucy, tu es épuisé, on ne peut pas te laisser continuer dans cet état. 


Je me redressai avec raideur pour empêcher mes yeux de se fermer à nouveau. 


–On doit monter, il serait trop long de m’aider à descendre et à sortir. Je peux continuer. T’en qu’on ne croise plus de hantise, je peux continuer. 


S’Il avait été convaincu que je ne m’écroulerais pas dans l’escalier, il m’aurait sans doute déjà dit de quitter la maison, mais nous savions tous les deux que j’étais plus en sécurité avec le groupe que toute seule. Il n’y eut plus de protestation, juste un mouvement de masse silencieux vers la bibliothèque du troisième étage. Lockwood ne me lâcha pas du trajet, ce dont je lui fut reconnaissante. 


La bibliothèque était en fait une vaste pièce aux murs couvert de livre du plancher au plafond, laissant entrevoir une vitre panoramique sur tout un pan du mur du fond avec un paysage à couper le souffle. Mais nous n’avions pas le temps de nous attardé au tourisme, nous devions retourné chaque recoin de cette endroit dans un court délais. Le seul bon côté que j’y vit, ce fut la vitesse, étonnante, avec laquelle nous avons trouvé le levier qui faisait pivoter un pan d’étagère. A croire qu' à force de crapahuter dans les passages secrets, nous devenions implacable sur le sujet. Il n’avait pas échappé au meilleur chercheur de Londre que les dimensions de la pièce différait de celle du plan consulter plus tôt. Grâce à cela, nous avons dirigé nos recherches dans un secteur bien précis de la pièce. 


Derrière la porte dérobée se trouvait une exposition de divers objets. Je me rapprochais seulement du seuil lorsque la puissance de ce que contenait cette pièce me fit chavirer. La puissance devait être contenus par du fer dans les murs puisque, sitôt ouverte, je vit noir, mes oreilles se bouchèrent et je sentis ma tête éclater dans une atroce douleur, m’obligeant à me recrocviller sur moi-même. Je sentis un liquide chaud couler de mon nez et de mes oreilles. Je ne dû qu’à la présence d’esprit de Lockwood qui me traina prestement aussi loin que possible de la porte ouverte, me prenant douloureusement par les épaules, mais j’étais déjà trop loin dans ma léthargie pour réagir. Ce n'était qu’une douleur parmi les autres douleurs et mon esprit cherchait à s’en extraire. Je ne savais même pas comment je fit pour rester consciente malgré mes tremblements, la douleur et le froid glacial qui me parcouraient tous les membres. 


Pendant que Lockwood me parlait sans attendre de réponse, seulement pour me garder occuper, sans doute, George sortit de la pièce avec quelque chose sous le bras et se précipita, kipps sur les talons. ces lèvres bougeaient, mais je ne pouvais comprendre ce qu’il disait. Lockwood n’essaya même pas de forcer mon corps à bouger, il glissa simplement ces bras dans mon dos et sous mes genoux pour m'éloigner le plus rapidement possible de la pièce maudite. Même si je ne pouvais détacher le regard de cet endroit rempli de choses trop puissante pour exister,  je ne voulais pas savoir de quoi il s’agissait, savoir ce qui m'avait plongé dans un telle état de détresse. 


Nous descendirent les escaliers avec une telle vitesse qu’ils me donnèrent le tournis et j 'accueillit avec bonheur le cercle de fer dans la cuisine. Pendant que tout le monde s’activait pour rapidement ramasser les diverses chaînes et le peu de matériel éparpillé dans la cuisine, je sortis mon thermos de thé, mais sans parvenir à prendre une gorgée. mes mains tremblaient et j’étais vraiment épuisé. Cette dernière vague de puissance m'avait laissé sur les rotules et j’avais juste envie de quitter cet endroit maudit pour me coucher et dormir au moins une semaine. Je réajusta le manteau que Lockwood m'avait drapé sur les épaules avec un frisson. Je ferma les yeux un brève instant avant de les ouvrir. Ma tête mélançais de plus en plus, j’avais froid, mais, surtout, je me trouvais maintenant seul dans la cuisine sans que je puisse me souvenir du moment exact où les autres avaient quitté l’endroit. Mon souffle créait de petits nuages dans l’aire. Malgré mon état, je savais d'expérience que quelque chose se passait. 


–Lucy… Lucy… Allez, Lucy, viens me rejoindre. 


Cette voix. Elle me rappelait quelque chose. Je regardai autour de moi pour m'assurer que Holly ne se trouvait pas tout près. Mais je savais que cette voix, pourtant féminine, ne lui appartenait pas. J’obligea mon corps à bouger, ne serait-ce que pour ne pas geler sur place. 


Un doux rire chuchoter me fit sursauter. Aussitôt, mon cœur se mit à battre plus vite. Non… C'était impossible… Et pourtant, mes jambes s'activaient d'elles même vers le fond du couloir. Je ne sais pas exactement quand, mais je descendis une longue bordée de marche qui menait à une partie encore inexplorée: le sous-sol. 


Je sentais à peine mes membres, ma tête était de plus en plus vide, je sentais des larmes se mêler au sang qui maculait mes joues. Quelque part au fond de moi, je sentais bien que c’était une pièce, que c’était la chose la plus perfide qui pouvait arriver après l’histoire d’Aikmère. Mais je devais savoir. Je devais au moins voir. Je voulais la voir vivante à nouveau. 


Et, pour le pire, cela finit par se produire. Lorsque je tourna un coin remplis de toile d'araignée, j’arriva dans la pièce située sous le salon, l’endroit où nous avions enregistré, un peu plus tôt, la froideur anormale, mais sans jamais que nous aillions vue la moindre apparition s’y produire. Pas le moindre murmure. Et bien, là, j’étais servi. Même si je savais au fond de moi ce que c’était, ce qu’il me ferait, j’entra dans la pièce de béton vide comme si mes pas était dirigé par quelqu’un d’autre que moi. 


Non, pas vide, pas exactement. Au centre de la pièce se tenait, aussi tangible et réelle que l’était Lockwood un peu plus tôt, Norris. MA Norris. Elle était morte. Je le savais, je l’avais tenu alors qu’elle succomber au toucher fantôme. Je l’avais tenu contre moi longtemps après que son cœur a cessé de battre. 


–Lucy, te voilà enfin. Viens me rejoindre, que nous discutions de Londres! Approche et raconte-moi tout! 


Cette fois, je pleurais franchement, mon corps douloureux de sanglot amer. Norris, ma Norris…Non, un familier. Un simple et stupide familier. Mais l’image était trop vraie, trop parfaite. À mes yeux, c’était ma norris et tout ce qui me rappelait que ce n’était qu’un familier perdait en substance. Je voulais tellement qu’elle soit vraiment là, qu’elle me tende les bras comme cette horrible hantise. 


Mon corps agissait de lui même, mon bras se tendait vers ma meilleure amie dans l’espoir de réussir à détruire la distance qui nous séparait toujours. Mes jambes étaient engourdies par le froid de l’endroit. 


–Allez, Lucy! Je sais que tu peux venir. Encore un pas!


Son rire joyeux réchauffa mon cœur et je me sentis soudainement tellement seule dans cette pièce de béton couverte de vieilles toiles d'araignées. La solitude que j’avais ressentis lorsque toute mon équipe était morte dans ce moulin. La solitude ressentie lorsque l'opinion publique m'avait tenu pour responsable du massacre. Je savais que c’était un familier, une hantise fourbe et traîtresse. Je le savais. Et pourtant. Pourtant je fit un pas de plus vers la hantise qui me détruisait petit à petit. Après tout, la solitude était la même, avec ou sans cette apparition. Un simple touché du fantôme et j’irais la rejoindre pour toujours. 


Je n’avais plus qu’à tendre les doigts pour toucher Norris qui restait immobile, son sourire si doux et tendre sur son visage. 


–Norris, je t’en prie…Ne fais pas ça…


Et malgré ma supplique, je tendis les doigts dans le froid glacial et me coupa douloureusement la paume sur la lame qui lui sortait soudainement de la poitrine. Le doux visage de Norris se dissipa dans une vague de brume pour me révéler un visage souriant et arrogant.


–Re Bonjours, Luce! Tu dois vraiment apprendre à ne plus suivre les familiers dans les endroits sombres et humide, tu sais. 


Lorsque je m'effondrai dans ces bras, frigorifié, et dans un état de choc assez avancé, il perdit un peu de son arrogance, me tapotant doucement le dos pour me réconforter et me soutenir, mes jambes ayant cédé sous moi.


–c’est terminé, Luce. On rentre à la maison. 


George et Kipps débarquèrent lourdement derrière nous, nos sac de matériel sur les épaules, l’air affolé. 


–Je suis désolé que tu sois dans cet état, Lucy, sois-en assuré, mais c'est le moment où on met les voiles. Dans le genre, immédiatement. 


George et son tact habituel. Mais mon cerveau était trop perturbé pour analyser ces paroles. Heureusement, ce n’était pas le cas de Lockwood qui me tira et me poussa à moitié pour me forcer à le suivre vers un autre côté de la cave, à l’opposé de l’escalier que j’avais dû emprunter pour venir rejoindre Norris- le familier. Au moment où Lockwood me poussait dans le froid nocturne par une trappe reliant le sous-sol à l’extérieur, je commençais à entendre parler et marcher à l’étage. George ne me laissa pas cogiter plus longtemps et me tira vers un champ aux hautes herbes qui s'étendait assez loin pour recouvrir notre fuite dans la nuit.



****************

Le thé était chaud et réconfortant entre mes mains glacé. J’étais de retour dans la petite cuisine de Portland Row. À la maison. En sécurité. C’était ce que m'avait répété les autres en boucle obsédante durant toute notre fuite de la maison jusqu’au point sécuritaire où Holly nous attendait, surveillant les aller et venu sur le chemin principale de la demeure. Puis, de ce point, nous avons courut à moitié jusqu’à un restaurant ouvert la nuit, à plus de vingt minutes de la demeure. Nous avions commandé des chocolats chauds et Holly était partie appeler un taxi de nuit qui  nous ramena à la maison une heure plus tard.  


Cette nuit-là, je resta éveillé malgré l’épuisement, assis sur ma chaise dans la cuisine. George et Lockwood étaient restés longtemps avec moi, mais j’étais d’une compagnie assez médiocre. En effet, je ne crois pas avoir prononcé une seule paroles depuis que Lockwood avait transpercé Norris de sa lame. Ma paume avait été nettoyée et bandée. George avait préparé du pain grillé, que je n’avais pas mangé, puis il était monté se coucher dans sa chambre au premier rayon de soleil. Lockwood avait essayé d’engager la conversation, mais avait finalement abandonné pour se retirer dans le salon, histoire de prendre un peu de repos, sans me laisser entièrement seule. Il avait gardé sa rapière sur lui, au cas où il y aurait des représailles pour notre travail du soir. 


La nuit fait place au jour sans que j'eût bouger. Du salon, j’entendais le ronflement étouffer de Lockwood. Mon thé était froid, tout comme le pain grillé qui se trouvait à côté. Je serais sans doute resté planté là encore longtemps, mais le sang qui séchait sur mon visage et dans mon cou me grattait horriblement, assez pour repousser le brouillard qui me maintenait dans un état de léthargie avancé. j’étais épuisé, j’avais le cœur de morceau. ma tête me faisait mal, mais je me sentais juste engourdie.  Je me leva de ma chaise pour me diriger vers l’escalier, mais ma hanche cogna durement la table, assez pour me ramener un peu à la vie. Et pour voir le dossier qui avait été abandonné, sans doute à mon intention. LE fameux dossier. Pourtant, mon coeur n’était pas à la lecture et je repoussai les larmes qui me piquait les yeux à la vision de Norris, debout devant moi, me tendant les bras avec chaleur. 


Plus jamais je ne la reverrais aussi chaude et vivante. C’était presque comme si elle mourrait une deuxième fois.


Je sortis de la pièce et monta les marches deux à deux, soudainement pressé de nettoyer les événements de la nuit sous une douche brûlante. J’ai essayé de dormir. J’ai vraiment essayer de dormir. Mais cela m’était impossible, pas avec l’image du familier flottant devant mes yeux. C’était un peu comme la première fois, lorsque le familier avait pris la forme de Lockwood, mais, à ce moment-là, je ne le croyais pas mort, je ne l'espérais pas. Là, je savais que ce serait la dernière image que je garderais de Norris. 


J’entendis la porte d'entrée s’ouvrir et se refermer. Sans regarder l’heure, je savais qu’il était aux alentours de 10:00 et que Holly venait d’arriver. Je ne savais pas si je voulais la rejoindre, mais je ne voulais pas rester seule. Pourtant, je ne fit pas mine de me relever, regardant mon plafond en espérant trouver un sommeil qui ne venait pas. La lueur du crâne me manquait, mais George l'avait remis dans sa chambre et il devait toujours dormir, à cette heure. J’entendis le téléphone sonner et des pas lourds qui ne pouvaient être que ceux de George démolir chaque marche jusqu’au combiner avant de hurler dans les escaliers, sans considération pour Lockwood qui ne devait plus dormir ou pour moi-même- après tout, George étant lui-même, il devait se dire que s’il ne pouvait dormir, personne ne le devait:


–ILS ONT ATTRAPÉ LES WINKMAN! 


Malgré moi, malgré la fatigue, malgré la tristesse de mon coeur, je souris. En bas, j’entendais des rires, des exclamations de joies et de la légèreté que j’avais envie de sentir couler sur ma peau. Des bonnes odeurs de beignet, œuf et de pain grillé montaient jusqu’à ma chambre, achevant de chasser la brume d'accablement qui me courbait les épaules. La vie d’agent était horrible. Et, pourtant, je carburais à l’adrénaline, mais, surtout, au sourire de mes chers collègues et amis. 


Il restait toujours le dossier au DERCOP, mais nous y viendrons un jour. Nous y venions toujours. Pour l’instant, j’avais seulement envie de courir en bas, de laisser Lockwood beurré mon pain grillé et George mettre des œufs dans mon assiette. De me gavé de beignet et d’entendre Holly râler à nouveau sur notre diète tout en ingurgitant modérément des graines et des jus de couleur douteuse. J’avais envie d’oublier les horreurs de la nuit et des dernières semaines pour me complaire dans la chaleur de ma famille de Portland Row. 


–Allez,viens te joindre à cette tablé immonde de joyeux lurons. Viens me raconter toutes les horreurs de la nuit qu’on rigole un peu sur le nombre de fois où vous avez passé près de mourir. Et si tu t'avises de laisser Cubbins me remettre dans son tiroir à sous-vêtement, je brise le bocale et je vous tue tous de mes propres mains!! 


Je repoussai ma peine et rigola un bon coup. Non, rien ne changerait jamais. 


–Tu n'as même pas de main, arrête tes absurdités! 


–Mes mains ectoplasmique, petite idiote! où je tirerais peut-être les ficelles de ton miséreux petit corps fragile pour que tu les tues avec TES mains de petite maline! 


Je roulais des yeux. Non, rien n'avait réellement changé en apparence. Sans répondre au crâne, je descendis prudemment les marches et laissa même Lockwood venir me soutenir d’un bras sur ma taille en cachant mon léger rougissement. Il avait les cheveux en bataille et les mêmes vêtements poussiéreux que la veille. Des poches sous les yeux et nous devions arborer le même teint pâle maladif. Mais son sourire à la Lockwood me fit me sentir mieux instantanément et je lui répondit avec mon sourire à la Carlyle en entrant dans la cuisine, regardant avec de la tendresse le Crâne poser sur la table, tourbillonnant horriblement dans son bocale en faisant crier Holly avec indignation. Mon pain grillé, beurré par Lockwood, mes œufs et mon thé fait comme je l’aime poser sur la table autour de laquelle il n’y avait que sourire et bonne humeur malgré la nappe à penser couverte de gribouillis haineux. À ma place, près de mon assiette, se trouvait la preuve de paiement de notre client. Je souris à Lockwood qui me renvoya mon sourire.    


Nous avions tous l’aire d’un groupe de visiteurs, couvert de blessure, de bleu et de toile d'araignée. la cuisine sentait la poussière, le fer et le sel. Seule Holly avait l'air toujours parfaite. Parfaitement coiffé. Parfaitement laver. Parfaitement habillé. 


Non, rien n’avait vraiment changé à Portland Row et c’était confortable comme cela.



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