Convalescence

Chapitre 1 : On doit parler.

7455 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/03/2023 11:54

La première règle lorsqu’un agent rentre dans une maison, c’est de ne pas hésiter. Ne pas rester planté sur le pas de la porte, à faire passer son poid d’une jambe à l’autre, l’obscurité froide et cauchemardesque en avant, le vent frais et la lumière salvatrice dans le dos. Ne pas hésiter. L’hésitation amène à la réflexion et qui ne choisirait pas la sécurité du soleil de fin de journée à la sombre obscurité murmurante? 


Et pour tout, malgré les papillons qui me vrillaient l’estomac. Malgré la peur qui me nouait la gorge. Malgré l'appréhension qui menaçait à tout instant de me faire tourner les talons, malgré tout cela, j’entrais d’un bon pas, comme si je rentrais chez moi après une longue journée de travail.À tout le moins, ce serait le cas si je n’entendais pas les esprits sinistres confessé leur mort et litané tout un tas de parole macabre. 


Dommage que je sois si sensible à mon pouvoir. Lorsque je mets ma petite vie de jeune fille de 13 ans en perspective, je suis à la fois inquiète et excitée par la puissance de mon propre don. Il y avait très peu de temps, j’apprenais que je pouvais avoir une conversation avec un type 3 et, depuis, comme si on avait ouvert la valve d’un robinet, je ne cessais de repousser les limites de mon pouvoir. Mon oui avait toujours été exceptionnel, mais, maintenant, j’entendais les murmures des type 1, je pouvais vaguement entendre et transmettre quelques mots et quelque intention aux type 2. Je ressentais leurs émotions et leurs intentions. je conversais avec les type 3. Mon toucher avait aussi toujours été un peu au-dessus de la moyenne, mais, maintenant, je pouvais revivre certains éléments qui entouraient la mort dans un endroit ou sur un objet. c’était très utile pour trouver une source et pour élucider les circonstances de la mort… Sans vouloir me vanter, je dirais même que cela avait permis de boucler de nombreuses affaires en un temps record. Après l’affaire Annie Ward, nous avions eu plusieurs affaires assez intéressantes. Malheureusement, pas autant que nous aurions dû, compte tenu que l’affaire avait été partiellement étouffée par le dercom, la pseudo police de tout ce qui était lié aux affaires de fantômes. 


Enfin, tout cela, c’était la partie positive. Les missions entre collègues et amis, se sentir utile, avoir une place au sein de quelque chose de plus grand que mon petit monde. avoir une raison d’être  et de me lever le matin. Cette raison se nommait principalement Lockwood et George. L’envers de la médaille, c’était la proximité que je développait avec les morts. Un jour, le crâne m’avait dit que je portais la marque de la mort. Que je brillait comme un sapin dans le noir et que cela attirait inévitablement les esprits en tout genre. Je pouvais ressentir leur émotions, les comprendre, en quelque sorte. Parfois, lorsque l’esprit était un peu plus puissant, j’avais presque l’impression de devenir elle. 


Comme dans le cas d’Annie Ward. Parfois, c'est utile. D’autre fois, cela me donne simplement l’impression d’être plus folle que la normale. De perdre la raison. J’avoue que j’ai peur, lorsque nous combattons quelque chose de puissant. Peur qu’un jour ,j’allais inévitablement perdre la bataille et laissé l’esprit prendre les commandes, peut-être sans même m’en rendre compte, qui sait… L’esprit d’Annie Ward me suggérait, en quelque sorte, certaines choses et, moi, je le faisais sans savoir pourquoi, sans savoir si ces gestes étaient de moi ou d’une influence extérieure. Depuis que j’avais réalisé cela, et que j’avais pesé de nombreuse autre esprit très puissant, je me demandais quand je perdrait la bataille et que je serais entièrement possédé. Quand. Pas si.



Avais-je abordé le sujet avec les autres? Pas vraiment. Je les sentais toujours un peu inquiets lorsque nous nous rendions sur les lieux hantés par un esprit de type 2 puissant et, encore plus, lorsqu’ils s’agissaient de l’esprit d’une jeune fille assassinée. Je sais que l’un et l’autre sont prêts à mettre leur vie en danger pour moi, remettre leur vie entre mes mains aussi et je le leur rend bien. Mais les cas difficiles émotionnellement semblent se multiplier ces derniers temps et, lorsque je passais trop de temps dans une maison hantée par un esprit puissant, j’avais un impression de vertige, comme si je devenais spectatrice. Les sons pouvaient devenir trop prenant, les images du touché, trop présentes sous mes yeux et je devais souvent me rappeler que j'étais vivante et pas l’un de ces fantômes. Je crois que George et Lockwood savent que je perd parfois pieds, je ressort parfois de l’endroit hanté en étant si lessivé que je ne prenais, dans ces moments, même plus le traditionnel goûter d’après mission avec eux, j’allais me renfermé dans ma chambre, à écouter le silence et le crâne me parlé. Seule avec mes cauchemars. 


Car non, ce n’était pas parce que je me couchais tôt que j'allais prendre le repos dont j’avais besoin. Au contraire, dans ces cas-là, je tournais et me retournais, cauchemardais jusqu’à me lever, plus fatigué qu’au coucher. 


Lockwood et Gorge m'avaient déjà abordé pour me parler de mes coups de fatigue, mais j’évitais le sujet. Comment dire à ses deux meilleurs amis qu’il lui arrivait de se sentir morte? qu’elle en avait assez de sentir les fantômes mourirent encore et encore, sans jamais pouvoir y faire quoi que ce soit? Elle ressentait leur douleur comme si c’était la sienne et elle avait du mal à remettre ces émotions dans sa petite boîte spéciale qui lui assurait de survivre sans alimenter de ces émotions extrêmes les hantises dispersées aux alentours. 


Ils avaient rapidement compris que j’avais un coup de mou à cause de mes pouvoirs et du travail que je faisais, mais ils ne semblaient pas savoir comment l'aborder avec moi… Et de mon côté, je primait sur le silence sans savoir comment traduire en mot mon trouble sans les inquiéter. 


Je n’avais donc plus qu’à espérer ne pas perdre le contrôle.


C’était avec cette sombre pensée-et le visage qui venait avec- que je préparais mon sac de matériel. Sans surprise, j’étais fatigué. J’avais passé la nuit à discuter avec le crâne, aussi bien dire que j'étais d’une humeur sombre. je suis descendu directement à la cave pour remplir mes réserves de limaille et de sel, puis j'ai suivi les pas au-dessus de ma tête qui me disait clairement que le dîner était servi. Mais je n’avais pas faim. Bon, ce n’était pas exactement le manque d'appétit qui me gardait éloigné plus que le regard interrogateur de Lockwood et de George qui jugeait les cernes sous mes yeux et mon regard fatigué. Plusieurs fois, Lockwood m’avait proposé de prendre quelque nuit de congé… Même une seule, mais j'avais toujours refusé. qu’elle intérêt que de rester avachi sur le canapé avec un mauvais livre à attendre qu’ils reviennent. 


Vaguement, j’entendit mon nom résonner dans l’escalier, interrogateur. J’ai hésité un bref instant, me suis redressé sur mes pieds, puis j’ai fait quelque chose que je n’avais encore jamais fait: la sourde d’oreille. Soudainement, je me sentais vaguement frustré sans aucune raison, j’avais seulement besoin d’une cible et je savais pertinemment que si je remontait les escaliers dans cette état d’esprit, la guerre allait éclaté après cinq minutes et j’allais passé la semaine entière à lire des gentils mots sur la nappe à idée. 


Ne pensant pas que les gars viendrait me chercher dans la salle du sous-sol destiné à l'entraînement à la rapière, j’ai retraité à cet endroit avant de décrocher une rapière du râtelier. J’étais rendu habituer au poids réduit de ma nouvelle rapière italienne, aussi je dû prendre quelque position de base pour bien me rappeler mon point d’équilibre. Après quelque mouvement de bras, je me rendit compte à quelle point j’avais négligé le travail de la rapière, ces derniers temps. Lorsque j’avais débuté mon travail avec Lockwood, ce dernier avait pris sur lui de me mettre à niveau, ce que j’avais d'abord pris comme un défi personnel, m’y appliquant avec la même rigueur qui m'avait valu mes niveau 1 à 3 dans un délai exceptionnel. Puis, la routine avait pris le dessus et j’avais fini par diminuer le temps passé à m'entraîner, surtout puisque nous avions plusieurs cas intéressants depuis l’histoire du manoir de fairfax ainsi que ce que nous a rapporté comme client le cas bickerstaff. 


Mais je dois bien avouer que me reposer sur quelque chose de solide et de concret m’apporta plus de bien que je ne l’avais cru. Dans ma main, le poids de ma rapière me rappelait que j’étais en sécurité et son froid contre ma paume me rappelait que j’étais en vie. c’était plus que ce que j’avais pu dire depuis un certain temps. Si, au début, j’avais simplement voulu m'éloigner d'une conversation gênante, je me suis surprise à me prendre au jeu pour le plaisir de manier mon arme de prédilection. Après avoir révisé mes pas de base, j’ai tenté quelque mouvement bien plus complexe que j’avais vu lockwood utilisé de nombreuses fois. Une mauvaise feinte amena le mannequin de paille à me rebondir en plein visage et je perdit pied avec frustration. Avant de me relever j’entendis un vague petit rire étouffé et camouflé en quinte de toux. 


j’hésitais un instant entre essayer de me confondre avec la poussière ou sauté sur mes pieds pour me donner une contenance. Si je n’avais pas sorti toute ma colère dans mon entrainement, j’aurais vraiment été fâché de le voir avachi contre le montant sans porte, un franc sourire aux lèvres, ces bras croisés contre sa poitrine sur une chemise blanche impeccablement repassée. Avant que je me décide à lui crier dessus, il s’approcha d’un pas déterminé avant de me tendre la main. D’un geste souple et fluide, il me hissa sur mes pieds sans sembler remarquer la vague rougeur qui me monta aux joues. Vaguement gêné de ma piètre finale, et n’ayant pas vraiment envie de discuté, je lui tourne le dos pour aller ranger la rapière dans le ratelier. Une grande main au doigt fin me força à me retourner et nous nous fîmes face en silence durant un bref instant avant que Lockwood me lance un de ces fameux sourires qui m’empêchait de me mettre en colère contre lui.


–Allons, Luce, si tu veux t’entrainer, je peux te donner un coup de main avec le dernier enchaînement, le reste était assez bien, tu dois seulement modifier légèrement ta position de départ et le reste devrait suivre de lui-même. 


J'hésitais, levant un regard méfiant vers lui, essayant de déterminer s’il se moquait de moi. Mais il ne s'était pas départie de son sourire encourageant et un peu indolent. Son sourire le plus Lockwood qui vous incitait à laisser vos troubles derrière vous et à vous lancer à corps perdu dans une bataille suicidaire. Je ne lui répondit pas, mais me mit tout de même en position de départ, ce qui l’incita à se rapprocher pour poser une main agile sur ma hanche pour en modifier la position, aligner mes hanches avec ma colonne, avant de tendre le bras pour tordre mon poignet dans une inclinaison différente. La position et la proximité me firent vaguement monter le rouge aux joues, mais très brièvement. J’étais habitué à ces méthodes d’enseignement. Peu tactile dans la vie de tous les jours, il avait l’habitude d'enseigner l’escrime en utilisant tout son corps. 


Et je ne pouvais que valoriser son type d’enseignement qui semblait donné de bon résultat. J'étais toujours largué lorsqu’il s’agissait de terminaison d’escrime, mais je me débrouille de mieux en mieux depuis que Lockwood a décidé de prendre mon entrainement au sérieux. J’en étais heureuse, puisque ma rapière est ma première arme contre les fantômes et, mieux je la maniait, moins ma vie avait de chance de s’arrêter net avant mes 20 ans. Une légère poussée vers l’avant me rappela ma position et mon entrainement prit le dessus pour effacer mes pensées parasites pour me focaliser sur le présent. 


Comme si j’étais aussi légère qu’une plume et plus rapide que le vent, plus précise, je réussit à toucher ma cible et je ne pu retenir un grand sourire de triomphe en me retournant pour voir Lockwood me renvoyer un sourire incroyablement éclatant qui signifiait que j’avais effectivement bien réussi ce nouvel enchaînement. Sans sembler se rendre compte de mes joues à nouveau toute rouge, Lockwood tourna les talons et se dirigea vers la porte, prenant au passage mon sac de matériel pour l’épaulé sans effort, avant de lâcher par dessus son épaule:


–beau travail, luce, on devrait s'entraîner ensemble bientôt. 


Pour peu, j’aurais fondu de joie. C'était l’un des plus beaux compliments que Lockwood pouvais faire. M’estimé suffisamment à la hauteur pour me proposé un duel. j'acquiesçais et allait répondre, mais sa voix m’interrompit, provenant de l’extérieur de la pièce, peut-être même déjà des escaliers:


–À oui, Lucy, j’oubliais. On doit parler. 


Et voilà, le charme venait d’être rompu et mon humeur orageuse repris le dessus alors que j'emboitais le pas à Lockwood en traînant des pieds comme une condamné se rendant à l'échafaud.  En passant devant la porte vitrée qui menait aux petits jardins derrière la résidence de porland row, je pris une pause, soudainement bien tenté de me faufiler à l’extérieur pour éviter la joyeuse et incroyable discussion que Lockwood m'avait promis…  


–LUCY! le repas va refroidir! 


Je grommelait quelque mot qui m'aurait bien valu une franche correction de ma très chère mère, puis repris ma pénible ascensions en direction du premier étage où je pouvais entendre le léger remue ménage de mes collègues de travail qui s’affairait en cuisine. 


Dès que je mis le pied sur la dernière marche pour déboucher dans la cuisine, je sut que je ne pouvais pas échapper à la totale et, du coup, la porte du sous-sol me sembla encore plus invitante qu’avant. 


George portait son tablier et avait rempli trois bonnes assiettes de cari qui embaumait la cuisine de son odeur alléchante. Mon plat favori. j'hésitais encore à reprendre les escaliers en sens inverse, mais mon estomac vide me convainquit que je pourrais peut-être supporter une conversation pénible si c’était pour manger le cari de George. 


–Reste pas planté dans le cadre de porte comme si tu voulais te sauver en courant, Luce, il y a assez de curi pour que tu ne crains pas de qu’on te mange.


Je ne sais pas ce qui me faisait le plus peur à cet instant, la conversation qui s'apprêtait à débuter, où le ton doucereux employé par George pour m'inviter à m'asseoir comme si j'étais un animal fragile qui avait besoin d’être rassuré. 


–Ça va être si pénible que ça, alors? 


Mais je me dirigeais déjà vers ma chaise, supportant avec dignité le regard faussement interrogateur de Lockwood qui avait déjà pris place, un journal à la main pour se donner un faux air décontracté, qui me suivait du regard. 


–Quoi donc, Luce? 


Je maugréait à nouveau et me renversais dans ma chaise en croisant les bras sur ma poitrine pour montrer à la fois mon mécontentement et ma résignation. George alla s'asseoir à sa place.


–Mon repas favori, insisté sur ma présence à la table, la mièvrerie de George, ton regard qui ne me lâche pas, comme si j’allais m'enfuir à toute jambe. le fameux -il faut qu’on parle-. il n’y a pas à chercher longtemps, je vais me faire passer un savon.


j’observais attentivement la réaction de Lockwood, réaction qui ne se fit pas attendre. Il s'était figé sur place en ne me lâchant pas du regard. Puis, lentement, il referma le journal et se pencha vers moi, son regard pénétrant qui ne me lâchait pas. Pourtant, ce fut George qui parla le premier, apaisant, comme toujours dans les situations tendues entre moi et Lockwood.


–Nous n’allons pas te passer un savon,luce, n’est-ce pas, Lockwood. 


ce dernier poussa un soupir et se bascula dans sa chaise, effet miroir de ma propre position. Je voyais dans ces yeux qu’il cherchait ses mots. Heureusement pour eux, mon entrainement à l’escrime avait brûlé un peu de ma colère et j’étais soudainement lasse de jouer à l’autruche. Allais-je bien? Pas vraiment. avais-je envie de parler? pas du tout. Mais on y était, alors pourquoi j’avais une soudaine boule dans l’estomac? Pendant que Lockwood me détaillait de son regard perçant, je fini par abandonner ma position fermé et tirais mon assiette à moi. J’avais faim et le cari sentait vraiment bon, alors aussi bien lui faire honneur. 


Comme si Lockwood essayait de calquer son humeur sur la mienne, il suivit mon exemple et abandonna sa propre position fermé et vaguement agressive. George, de son côté, relâcha son souffle, comme s’il venait de désamorcer une bombe. Lockwood prit une grande inspiration à son tour et tira lui aussi son assiette pour pouvoir prendre quelques bouchées. Le silence perdura sur quelque minute, avant qu’il ne revienne à la charge:


–Luce, tu peux nous parler, tu sais. On est pas empoté au point de ne pas se rendre compte que tu semble…


Il tourna son regard vers George et ce dernier poursuivit, comme si, tous les deux, récitait un texte mille fois répété, ce qui me fit un peu de peine, quand même. je n’avais, certes, aucune envie de parlé de mes problèmes de pouvoir, mais mes deux amis s'inquiétaient sincèrement pour moi et ils devaient avoir planifier cette réunion avec soin et depuis un certain temps. 


–Évaporée, lucy. Tu semble souffrir de la résonance de ton talent. Je me trompe?


À les voir ainsi accoudé sur la nappe à suggestion, à marcher sur des œufs dans l’intention de discuter sentiment avec moi, j’eu deux réactions qui se bousculèrent en moi, presque aussi fortes l’une que l’autre. Il y eut d'abord l’envie de fuir, prise d’une légère nausée: parler sentiment n’était définitivement pas le point fort de George et Lockwood… Encore moins le mien. Et l’envie soudaine de me lever pour les prendre dans mes bras pour les remercier de se soucier de moi, pour avoir pris la peine de faire mon repas favoris et de chercher à me comprendre. 


Bien entendu, je ne fit ni l’un ni l’autre. Je pris plutôt une autre bouchée de carie en les observant à tour de rôle pour les jauger et me laisser le temps de mettre de l’ordre dans mes pensées. j'hésitais à leur dire que j’allais bien, mais, au finale, qui m’aurais cru? je ne dormais plus, je sortais de chacune des missions complètement lessivé, je cauchemardais et je passais mon temps libre à discuter avec un crâne flippant. Soudain, je n’eu plus faim, comme si la nourriture avait un goût aigre dans ma bouche et je repoussais mon assiette d’un geste un peu trop vif. 


– Mes pouvoirs grandissent et j’ai du mal à les contrôler. Mon touché et mon oui son plus fort que jamais et je sens s’étioler le voile entre les morts et les vivants lorsque j’utilise l’un et l’autre.  Combattre la sensation de mort me prend beaucoup d’énergie et rabaissé le voile de mes sensations une fois la vanne ouverte devient de plus en plus difficile. Voilà.


sur quoi, je n’osait pas les regardés. j’avais parlé rapidement, sans réfléchir aux mots employés et mes paroles semblaient avoir explosé dans le silence de la cuisine. 


Soudainement, pour écraser la gêne qui me glaçait soudainement d'effroi, j’y allait avec une franche colère froide. Va pour la fuite! 


Avant que Lockwood et George digère mes paroles, je pris ma serviette, m'essuyait les mains et la posa un peu trop brutalement sur la table avant de me lever aussi sec, faisant crisser les pattes de ma chaise contre le linoléum de la cuisine et pris la direction de la porte qui menait à l’escalier des chambres et au couloir menant à la sortie. je ne savais pas encore si j’allais prendre la fuite ou si j’allais aller me cacher dans ma chambre. Finalement, je n’eu pas besoin de prendre une décision puisqu’une main fraîche à la poigne solide me retint par le poignet à la dernière minute. Un regard vers l’arrière m'a appris que George et Lockwood échangeaient l’un de leur célèbre regard, comme s’il communiquait en silence, se questionnant sur la marche à suivre, j’imagine. 


–Luce, on as pas terminé. Rassis toi, s’il de plait. 


Sa voix était calme et horriblement mesurée, faisant paraître ridicule l’exclamation de ma propre fureur. Avec son pied, il tira ma chaise plus près de lui en même temps qu’il tirait gentiment mon poignet pour que je suive le mouvement jusqu’à la chaise. Étonné par le geste étonnement doux, je me laissais amadouer jusqu’à me rassoir, mal à l’aise. Bien qu’il m'eût lâché dès que mes fesses ont été posées sur la chaise, ma nouvelle proximité avec Lockwood ne laissait rien au hasard, sa posture criait presque - essaie de te sauver avant la fin de la conversation, pour voir. 


Ignorant le regard que je lui lançait, Lockwood s’étira pour tirer à nouveau mon assiette devant ma nouvelle place et me tendit une cuillère qu’il tira d’un pot au centre de la table. 


Mon regard croula vers la fourchette avec laquelle j’avais débuté mon repas, maintenant disposé à l’autre bout de la table. Comme si j'avais déjà agressé quelqu’un avec une fourchette lors de nos disputes. Je tiendrais seulement à spécifier ici que j’avais planté ma fourchette DANS la table et pas dans la main de quelqu’un. Même si j'étais vraiment énervé après George. Dans tous les cas, je fis dédaigneusement comme si je n’avais rien remarqué et pris une bouchée de mon cari avec ma cuillère sans passer de commentaire.


Un nouveau silence alourdis la cuisine avant que Lockwood se tourne vers moi pour me faire face:


–Luce, tu dis que tu as l’impression que ton don à encore augmenté. Qu'entends- tu par là? Nous ne sommes pas sans savoir que tu parles aux types 3, que tu peux avoir des bribes d’information provenant des types 2 et des murmures à peine audible des type 1. Ton touché t’apporte des sentiments, des impressions reliés à la mort de la personne… Sa a toujours été le cas de ton don, alors, qu’es qui à changé, tout d’un coup?


Bien qu’en apparence détendu, je le sentais raide et tendu, comme s’il s’apprêtait à me courir après si je prenais la fuite. c’était subtile, mais perceptible dans la tension de sa mâchoire, la position de ces mains poser près de moi sur la table. Soudain, je me sentis fatigué. Oh, je l’étais, bien entendu, mais c’était comme si on venait de lâcher un énorme poid sur mes épaules qui s’afallèrent perceptiblement. Lasse, je me passa la main dans le visage pour repousser une mèche de cheveux qui me chatouillait la joue. Comment traduire en mot simple ces sentiments si complexes d’expérience de mort imminente qui me rongeaient à chaque nouveau touché?  Ces âmes perdues qui me hurlaient dans les oreilles jusqu’à m'assourdir. La sensation de douleur qui venait inévitablement lorsque je vivais la mort de chacun des esprits… 


–Vous vous souvenez lorsque j’ai touché la source d’anny ward? Lorsque j’ai ressenti le moment de sa mort? Que j’étais tellement enfoui dans ces souvenirs et dans ces sentiments que j’avais l’impression de devenir elle? De suffoqué lorsqu’il à enroulé sa main autour de son cou en appuyant très fort jusqu’à écraser la trachée? 


Cette fois, je les étudiais du regard, et les vit hocher de la tête en silence, comme si dire un mot allait briser le flux de mes paroles. 


–Et bien, j’ai maintenant l’impression de me faire tuer chaque fois que je touche quelque chose relié à leur mort. Une fois que j’ai senti la vie quitté mon corps- leur corps- je reprend contact avec la réalité, mais mon corps ne semble pas comprendre pourquoi je suis encore en vie et encore moins quoi faire pour continuer de l’être. je me sens engourdie, en quelque sorte, pas morte, mais pas totalement vivante non plus. je dois faire un véritable travail mental pour reprendre le contrôle de mon corps. Ce qui devient évidemment dangereux lorsqu’un visiteur pas très content m’attaque et que je dois me défendre. Ce qui m’amène au point suivant. les sons. mon oui.j’entend les morts se plaindre sans arrêt, leur supplique, leur aveu, leur malheurs. Ils partagent tout cela avec moi jusqu’à ce que je n’entendent plus rien d’autre. Un seul fantôme est assez gérable, du moment où il n’est pas trop puissant, mais plusieurs me filent la migraine, sans compter que je semble ressentir leur influence à plus grande échelle. Parfois je fais des choses sans pouvoir expliquer comment ni pourquoi. Me rendre à une source, par exemple. Je ne peux pas toujours dire pourquoi je sais où elle se trouve ni sous quelle forme… Et pourtant, je la tiens soudainement entre mes mains. 


Je levais la main pour faire taire l'interrogation de Lockwood.


–Non, ce n’est pas de la possession en tant que telle, et non ils ne m’ordonne pas directement quelque chose, c'est plus…Profond que cela, plus intime. une sorte de…


–Connexion psychique?


Je me tournais vers George avec un air surpris, analysant ces paroles, réfléchissant au sens des mots utilisés par ce dernier, puis fini par acquiescer. 


–Oui, comme une connexion psychique. 


je frissonna en disant ces paroles à voix haute. Ce n'était pas loin de la possession, ma vraie grande peur en la matière. je me souvenais de la voix du crâne disant que s’il sortait de sa prison en verre-argent, il me manipulerait comme une marionnette. 


C’est ce qui arrive lorsqu’on a pas la décence de se protéger, pauvre idiote! hahaha


Ah, génial. Ne manquait plus que lui pour me couper l'appétit. Normalement, j’arrivais assez bien à ignoré la voix ignare et mesquine du crâne dans son bocale, mais j’était épuisé et à bout de nerf, j’avais juste envie de lui mettre un coup pied dans le bocal pour qu’il aille rouler le plus loin possible. Peut-être en déboulant l’escalier en colimaçon. Pourtant, je ravalais ma frustration en augmentation. Comme d'habitude, son ton était insolent et désagréable, méchant. Mais je parlais avec lui assez souvent pour savoir que le contenu pouvait parfois avoir un fond de vérité déformé. 


–Alors quoi? J’ai juste à porter un de ces protège esprits qui se trouve au mur pour ne plus les entendre? ne plus les voir?


Mon ton était agressif, mais j'arrivais au bout de ma patience et je sentais poindre derrière mes yeux une puissante migraine. George et Lockwood c’était soudain tue pour m'observer. Ils avaient fini par se faire à l’idée que je parlais avec le crâne sans que eux puissent l’entendre. Et on se demandait pourquoi j’étais épuisé… 


Un nouveau rire se fit entendre alors que je grinçais des dents.


–Ne plus nous voir? Ne plus nous entendre? tu rigole, j'espère! Oh, que tu peu être aveugle, ma chère petite lucy, c'est risible! Tu ne comprends vraiment pas? attends, attends! Même tes deux crétins d’amis on l’aire de séché, pas étonnant avec leur tête de merlant frit! HAHAHAHA


Soudain, j’étais debout, sur mes deux pieds, mes mains ayant frappé très fort la table, suffisamment pour que nos assiettes fassent un bruit de tintement. L’affreux rire du crâne cessa alors que George et Lockwood c’étaient figés et me regardaient avec hésitation. Après s’être assuré que ma colère n’était pas dirigée vers eux, ils ont semblé se détendre un peu. 


D’accord, d’accord, assez rigolé, ma fois, ce que tu peux avoir l’aire patraque lorsque tu es aussi en colère! Comme tu semble avoir déjà dépassé le stade de la folie, je vais être gentil et te donner un indice. Le fer éloigne les fantômes. Voila! ne me remercie pas toute suite, ma chère Lucy!


Quand je fit un pas vers le bocal pour l’expédier aussi loin que mon bras pourrais le lancé, je sentis une main se posé sur mon épaule et ce fut sans surprise que je vis Lockwood debout derrière moi.


–Qu’es qu’il dit,luce?


Je poussais un profond soupir contrarié, me raccrochant au contacte de Lockwood pour garder pied. 


–Rien… Enfin, n’importe quoi. il dit que je suis idiote de ne pas me protéger, puis il me rappelle l'évidence, comme quoi le fer éloigne les fantômes.


Lockwood fronça les sourcils, visiblement, pour lui aussi, c’était un charabia sans nom. j’allais remettre à sa place le crâne dans le bocale lorsque George sauta sur ses pieds dans un rafus d’assiette et de chaise raclant le parquet. Son visage était illuminé il disparut dans vers la cave en nous lançant un vague


–Je reviens!


Moi et Lockwood nous somme regardé, interrogateur. Qui savait ce que George pouvait sortir comme ineptie dans ces moments-là et encore moins combien de temps il serait parti. Seul le rire insolent du crâne venait briser le silence de la cuisine. Silence qui alourdit en un instant de malaise alors que Lockwood retirait sa mains de mon épaule et que je me laissais lourdement tomber sur ma chaise. Lockwood fit de même sur la sienne et me regarda alors que je me frottait les yeux.


–Tu devrais te reposer, lucy, tu as vraiment une sale tête, tu sais. 


Grognonne, je me redressais pour lui faire les gros yeux:


–Merci, vraiment, tu sais parler aux filles, toi. 


Derrière moi, le crâne redoubla l'hilarité.


Je me retint d’être grossière envers le crâne et Lockwood soupira:


–Tu sais ce que je veux dire, luce, ne fait pas ce truc bizarre avec tes yeux. 


Je maintint un silence grognon.


–Pourquoi tu ne voulais pas aborder le sujet de ce qui te troublait, Lucy? On est une équipe, tu le sais bien… Ce qui t’affecte nous affecte tous. 


Je fermais les yeux, sentant poindre un mal de tête carabiné. Discuté sentiment n’était pas vraiment mon point fort, disons-le. j’hésita, mais finit par lui répondre:


–Tu sais, Lockwood, il n’est pas évident de se sentir engloutis par une marée d'émotions qui ne nous appartient pas. Je ne savais simplement pas comment aborder le sujet et je ne voulais pas vous inquiéter, toi et Gorge. Je croyais pouvoir gérer. 


Je n’osa pas ouvrir les yeux et croiser le regard de Lockwood. En fait, je sentais ma tête penchée légèrement vers la gauche, entouré d’un léger brouillard de sommeil. J’allais sans doute m’assoupir d’un instant à l’autre, maintenant… Puis un grand fracas tout près me fit redresser brusquement et sauté sur mes pieds, ma main cherchant la garde de ma rapière à mon côté avant que mon esprit rejoigne mon corps et se souvienne que je ne portais pas de rapière en me déplaçant sous mon propre toit. En fait, je me surprit de me rendre compte que tout ce raffut venait de George qui remontait les escaliers avec l’une des lanternes que nous amenions lors de nos missions. Face à mon regard interrogateur, ce dernier eut un sourire éclatant. Avant que j’aille pu le questionner, il posa la lanterne sur la table et me fit taire d’une main levée. 


–Laisse-moi expliquer ma théorie avant de parler. 


Il alluma la lanterne de manière presque imperceptible dans la lumière du jour.


–Je crois avoir compris les paroles du crâne. Enfin, à peu près. 


Il montra d’un geste la lanterne. 


–Imagine un peu que la lanterne soit toi, Lucy. Enfin, disons, ton esprit. Comme nous tous, les enfants qui avons le talent, il est toujours passablement présent. Ce n’est pas parce que nous sommes en plein jours que nos dons disparaissent, aussi, pouvons-nous capter de manière très faible certaine manifestation. Puis, lorsque la nuit tombe…


George alla fermer les rideaux de la cuisine d’un geste brusque et la lanterne sembla s'illuminer dans la pénombre.


–Nos talents semblent prendre vie. Le problème résulte surtout de la sensibilité de chacun à percevoir ou non certains phénomènes…


Épuisé, je baillai derrière ma main. Pour l’instant, il n’expliquait rien de bien nouveau. Même si j’avais essayé d’être discrète, George me lança un regard propre à lui qui m’obligea à me redresser sur ma chaise alors qu’il tournait la manivelle du fanal au maximum, m’obligea à cligné des paupières quelquefois avant que mes yeux s'habitue à la nouvelle clarté. 


–Comme Lockwood te l'a déjà spécifié, Lucy, tu es presque… Trop sensible. Lorsque tu t’abandonne à ton don, à l'ouïe ou au touché, tu est comme le fanal, ton esprit est totalement ouvert et perméable à toutes les influences. Lorsque tu est alerte et en bonne forme, tu arrives à sentir et à repousser lorsqu’un visiteur essaie de prendre ton esprit, mais cette hyper vigilance t'épuise à petite dose, si bien que, rapidement, il doit te devenir difficile de faire le trie entre tes émotions et ceux des visiteurs. Même chose avec les horreurs que te dévoile le toucher. Je me trompe. 


Cette fois j'hésitais avant de répondre. Je n'aimais pas vraiment dire à George qu’il avait raison, mais c’était le cas, alors je fini par hocher la tête sans croiser le regard de mes deux amis. 


–Je crois que ce que le crâne essaie de dire, c'est que nous avons trouvé le moyen de nous protéger physiquement contre les visiteurs, en utilisant le fer, des cercles de chaîne, l’argent et le sel. Et bien, il doit exister une manière de créer une barrière mentale, tu dois pouvoir réussir à contrôler tes dons. Tout comme on nous enseigne à les utiliser d’une certaine manière dans les endroits hantés. Le problème n’existe que depuis 50 ans, environs, et il n’y a qu’une seule autre personne, à ma connaissance, qui montrait une sensibilité semblable à la tienne. On nous enseigne donc à aiguiser notre don, pas à le réfréné. Et si tu pouvais… Je ne sais pas, moi, disons, contrôler l’intensité des manifestations auditives, te couper un peu des émotions du visiteur pour qu’il ne t’écrase pas. 


Je croisais les bras sur ma poitrine en me laissant retomber contre le dossier de ma chaise en fixant, cette fois, le visage de George qui attendait ma réaction. 


-Admettons que ce soit faisable… Oh, je ne dis pas que ce ne serait pas merveilleux de retrouver un brain de santé mental, mais la question réside dans le comment…


–Tu as déjà dit que le fer venait créer des sortes d’interférence, non?  


Je me tournais vers lockwood avec un air railleur:


–Tu proposes que je me promène avec un collier de chaîne en permanence pendant que je combat les visiteurs?


Le regard qu’il me rendit me fit grimacer. ce n’était pas très gentil, j’en étais consciente… Ils ne cherchaient qu’à m’aider, après tout. Mais j’étais fatigué… Tellement que j’aurais sans doute pu me laisser glisser sur le plancher de la cuisine pour siesté. Repoussant une mèche de cheveux qui me tombait devant les yeux, je soupirais et répondit:


–Oui et non. Oui, des interférences, mais pas sur l’intensité, juste sur la compréhension que je peux tirer des paroles des visiteurs. 


Je me tournais ensuite vers le crâne étonnement silencieux. 


–Et toi, tu ne ris plus? George, je crois que tu viens de boucher ce bon vieux crâne. 


Je laissais échapper un petit ricanement alors que le regard de George brillait de contentement. J’étais à ce point certaine que le crâne resterait silencieux un long moment que sa voix me fit sursauter sur ma chaise:


–Ouais, et bien, c'est mon incroyable indice qui lui a permis de déduire l’évidence. Alors ça reste moi le meilleur. 


Après une série d'expression grossière, je fini par me rapprocher, soudain plus soucieuse que j’aurais voulu en démontrer.


–Alors, c'est vrai? Ces vrai que je pourrais apprendre à mieux contrôler l'influence que les visiteurs ont sur moi? 


D’un côté, j’étais vraiment emballé, heureuse d’apprendre que je n’étais pas seulement destiné à devenir folle sous les assaut répété de personne morte depuis belle lurette… Et de l’autre, j’étais un peu grognonne de ne pas avoir appris avant… Pour peu que j’y arrive un jour… Une main se pausa sur mon épaule, sans doute alertée par la détresse qui avait percé dans ma voix alors que je parlais au crâne. Je n’avais pas à me retourner pour savoir que c’était Lockwood qui m'avait gentiment pincé le bras pour me réconforter. j’aurais pu en prendre ombrage, mais j’étais trop occupé à écouter la réponse crâne. 


Oui et non. Marissa y arrivait bien, elle, mais elle était une pointure de haut niveau. oh, allez, fais pas cette tête, on dirait que tu vas te mettre à pleurer. t’en fais pas, je vais essayer de te guider. Si tu deviens encore plus folle, j’aurais plus personne sur qui joué de mon influence en sortant de ce bocal! Mais je t'avertis, je ne sais pas exactement comment en si prenais. je ne peu que fait des suppositions, c’était une femme qui avais un mental à tout epreuve, tu dois seulement apprendre à érigé des barrières mentals. Maintenant, j’attend des remerciements les plus sincères, allez! Et si tu pouvais tuer l’un de ces gros imbéciles en offrande à ma grande perspicacité, ne te gène surtout pas! 


Sans le vouloir je roulais des yeux et me redressa avant de marmonner un vague ;merci; avant de me laisser à nouveau tomber sur ma chaise, suivit comme mon ombre par Lockwood qui pausa une femme sur la table en une pause non chalente. 


–Donc, si je comprends bien, Lucy, tu n'as plus qu’à apprendre à refermé ton esprit pour gérer les influences des visiteurs? 


De ma chaise je m’étirait. 


–Ouais, ça semble si simple dit comme ça. 


À ma grande surprise, Lockwood me sourit. Pas se sourire éclatant qu’il réservait aux journalistes ou aux adultes en général et qui le faisait paraître plus vieux de quelque années. Non, ce sourire qui réchauffait de l’intérieur et qui lui faisait toujours monter un peu le rouge aux joues, ce sourire confiant qu’il réservait à elle et à George qui, d’une certaine manière, était bien plus éclatant  et sincère que tous les autres. 


–J’ai confiance, Luce. On va trouver comment faire, on va le faire en équipe, comme toujours. 


Je détournais le regard, partager entre mon éternel pessimiste que je réservait à mon talents et la confiance de Lockwood qu’il était difficile de ne pas partager avec lui. Croyant que la réunion était terminé, je me levais sous l'hilarité de mon très cher ami le crâne et, au moment où j'allais quitter la pièce qui tanguait sous mes yeux fatigué, une main fraîche me retint d’une main sur l’épaule, me forçant doucement à pivoter pour plonger son regard dans le mien:


–Et, Lucy, je suis sérieux, tu as une mine affreuse, va dans le canapé, je t’apporte un thé. 


Je roulais des yeux, mais ne relevais pas, ravalant mon envie de lui dire à nouveau ce que je pensais d’être encadré comme une poupée fragile. Mais voilà, la vérité, j’étais épuisé et un breuvage chaud loin du crâne me ferait le plus grand bien. Comme s’il percevait mes pensées, George passa près du crâne et tourna le fermoir pour le réduire aux silences. Aussitôt je poussais un soupir de soulagement et me détendis imperceptiblement dans la poignée douce de Lockwood qui me relâcha après m’avoir stabilisé. 


Et, même si j’en étais pas très fière, je rassemblai le peu de dignité fragile qui me restait pour partir, sans aide, vers le salon, même si c’était d’un pas vaguement chaloupé. Je me laissais ensuite tomber dans le divan avec un soupir d’aisance en écoutant le silence. 


Sagement, j’attendis mon breuvage réconfortant, mais il semblait tardé à venir et, en étirant l’oreille, j’entendit George converser. Même si j’étais trop loin pour entendre ces paroles, je savais d’expérience qu’il n’était pas facile de faire abréger George lorsqu’il commençait à parler de théorie. Je souriais en me rappelant le regard toujours si brillant de nôtre chercheur et je fermais les yeux. Quelques secondes seulement et je me sentais absorbé par la douceur du fauteuil familier. Puis je perdis le combat contre mon sommeil pour sombrer profondément dans un monde de silence.



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