Life is Strange : Le Gardien du Temps

Chapitre 16 : "Elle est parfaite, elle n'a aucune conscience... "

2266 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/05/2017 16:09

« « … Être dans les marines, c’est comme des vacances à la ferme. Chaque repas est un banquet, chaque mission est une partie de plaisir, à chaque fin de mois on est millionnaire ... »


Nous en étions au deuxième film de la soirée. Une soirée qui se passait très bien. Nous n’avions finalement eu que très peu d’avance ; après avoir passé commande devant le premier fast-food aperçu, nous avions dû chercher une place de parking pendant plusieurs minutes, les places étaient presque toutes prises.

Warren était enjoué comme jamais ; le regard scotché à l’écran, il récitait chaque réplique des personnages avec la parfaite intonation, à la virgule près. Si sa fascination pour le premier film m’avait surprise, son imitation du Sergent Apone, présent dans le deuxième, m’avait donné un énorme fou rire que j’avais eu du mal à camoufler.

Note à moi-même : « Tenter de dissimuler son rire en sirotant une boisson n’a pour seul effet que de s’étouffer et recracher son soda ». Warren avait eu la délicatesse de faire semblant de ne rien voir.

« Désolé Max, je me laisse parfois emporter » chuchota-t-il.

« Pas de soucis. C’est un réel plaisir de faire la connaissance de ton côté sombre, Graham »

« Rigole, rigole, MadMax. Ma vengeance viendra tôt ou tard… »


« « Eh Vasquez, ça t'es jamais arrivé qu'on te prenne pour un mec ? 

- Non et toi ? » »


Malgré les doutes que j’avais pu avoir au sujet de cette soirée, j’étais finalement très contente d’être ici avec Warren. Je sentais tout mon corps se relaxer au fur et à mesure que la soirée se déroulait, je passais un bon moment au côté de mon ami. J’étais toujours un peu anxieuse sur ce que j’attendais de cette soirée mais sinon tout se déroulait bien.


« « Et qu’est ce qu’on fait si une bestiole nous fonce dessus, on lui crache à la gueule ? » »


Les lumières de la salle se rallumèrent alors que deuxième film se terminait. Je prétextai une envie pressante et rejoignis les toilettes. En réalité j’avais senti mon portable vibrer dans la poche de ma veste et je n’avais que peu de doutes sur son expéditeur et son contenu.


Alors comment ça se passe ?! Dis nous tout !


Le message était accompagné d’une photo de Kate et Juliet souriant à pleines dents, une boisson à la main. Kate rayonnait.

Cela me faisait plaisir de voir que Kate passait la soirée en compagnie de Juliet, ces dernières semblaient s’être rapprochés ces dernier temps et j’avais le sentiment d’y être pour quelque chose. Dieu sait que Kate avait besoin d’une amie à Blackwell.


Je répondis sobrement : « Tout se passe bien :) »


Je n’eu même pas le temps de ranger mon téléphone qu’il vibra de nouveau :


Dis nous en plus ! On l’a bien mérité. Allez on sera sage après !


La photo jointe me fit rire. On pouvait voir les deux complices les mains jointes, l’air suppliant, comme des enfants réclamant des bonbons.


« Je vous raconterai tout. Si vous êtes sages… ;) »


Je rejoignis ma place à travers la foule, ce qui fut une véritable épreuve de bousculade. Tout ce sport m’avait donné chaud, je décidai de retirer ma veste. Puisque la pause était toujours en cours, Warren et moi en profitâmes pour discuter de nos impressions sur les films.

« Je trouve que le deuxième est meilleur que le premier. Il est plus dynamique »

« Je ne sais pas Max. Le premier est quand même un monument à la gloire de la science-fiction. Et puis on ne voit presque plus Jones »

« Jones ? Le chat ? Je pensais que c’était plutôt Sigourney Weaver que tu matais. Je ne savais pas que tu avais des goûts si… particulier.

« Ah ah ! Trop drôle, hilarant même. Et puis je ne « mate » pas comme tu dis. J’admire simplement les courbes que Mère Nature lui a généreusement donnée »

« C’est joliment tourné mais je ne te crois pas. Je suis sûre que c’était le chat que tu matais ! »


Mon ami soupira et marmonna quelque choses comme : « Les filles… Non mais je vous jure »

« Alors ? Ca fait longtemps ? »

« Longtemps que quoi ? »

D’humeur taquine je répondis :

« Que tu aimes les chats bien sûr »

« Plus que ton humour en tout cas, répliqua-t-il. Je peux t’assurer que ce sont bien les filles qui m’intéressent »

Il n’ajouta rien de plus mais me jeta un regard appuyé. Alors que j’allais répliquer, à moitié gênée par son sous-entendu, les lumières s’éteignirent, signe que le film suivant commençait, nous dûmes interrompre notre joute verbale.


« Au fait, je ne sais pas si je te l’ai déjà dit mais … je trouve que tu es très jolie ce soir Max »

Ces quelques mots qui tombaient de nulle part m’assommèrent. Je levais mes yeux vers Warren mais ce dernier avait le visage obstinément tourné vers le film. Je ne pouvais pas en être sûr à cause de la pénombre mais j’aurais juré que Warren rougissait.

« Ah ? Cool »

Mais qu’est-ce qui m’avait pris de dire une chose pareille ? Et surtout pourquoi avait-il fallu que Warren sorte ça aussi soudainement ? Alors que je me dépêtrais pour essayer de dissiper le blanc qui s’installait entre nous, je décidais plutôt de « tricher ». Je remontai dans le temps :

« Au fait, je ne sais pas si je te l’ai déjà dit mais … je trouve que tu es très jolie ce soir Max »

« Tu n’es pas mal non plus mon p’tit Warren »

Non, non, non ! C’est encore pire. Et pourquoi faut-il que je sonne comme une vieille perverse ?


Warren était-il entrain de me draguer ? Peut-être que non. Peut-être que j’en avais envie. Ou peut-être pas… Prise au dépourvue par des sentiments contradictoire, j’optais pour une troisième tentative et tentais de réagir comme une personne normale :

« Merci, c’est très…gentil Warren »

Échec total. Était-il possible de faire plus minable ? Jamais trois sans quatre :

« Au fait, je ne sais pas si je te l’ai déjà dit mais … je trouve que tu es très jolie ce soir Max »

« Tu trouves ? »

« Oui vraiment. Pas que tu ne sois pas jolie d’habitude je veux dire. C’est juste que ça me surprend de ta part. En bien évidemment ! »


Je ne savais qui de nous deux était le plus maladroit. J’aurais presque pu en rire. Presque.

Je lui expliquai alors que j’avais reçu « un coup de main » de la part de plusieurs des mes « camarades » de dortoir. Au fur et à mesure que je lui racontais l’histoire, l’hilarité de Warren augmenta ce qui aida à dissiper notre malaise.

« Et bien je n’aurais pas cru ça de la part de Kate »

« Moi non plus tu peux me croire ! Tu aurais vu comment Taylor jubilait… Je n’étais qu’une poupée entre ses mains. »

« Je veux bien te croire. Donc si je résume, dois-je comprendre que tu t’es habillé spécialement pour l’occasion ? De force mais bon... »


Je n’aurais su dire si Warren essayait de me taquiner ou… autre chose. Dans tout les cas mon cœur s’agitait de plus en plus dans ma poitrine. Et je devais avouer malgré moi que la sensation n’était pas désagréable. Allais-je me prêter au jeu ? Je me contentai de lui tirer la langue et il me sourit en retour.

À la fin du troisième film, Warren se proposa d’aller nous remplir nos paquets de pop-corn en vu du dernier film. Je décidai de l’accompagner et lui emboîtait le pas.

« Tu peux rester ici si tu veux, il y a beaucoup de monde »

« Un peu de marche me fera du bien. Et puis je ne voudrais pas te laisser l’occasion d’aller pleurer en secret dans les toilettes »

« Je ne te ferais pas cette fleur Caulfield ! »


Il semblerait que tout le monde avait eu la même idée que nous, nous étions obligés de nager dans la foule. Alors que j’étais sur le point d’être submergé dans la cohue et perdre Warren de vue, ce dernier me pris la main. La sienne était douce et tiède. Nous finîmes le reste du trajet ensemble jusqu’au vendeur de confiseries, main dans la main. D’habitude je n’étais pas très fan des contacts physique, avec un garçon qui plus est. Surtout que je ne voulais pas donner de fausses idées à Warren. Mais cette fois ci, c’était différent. C’était… agréable.


Pendant que Warren s’occupait du pop-corn je décidai de faire un petit tour aux toilettes. Ce fut avec regrets que je lâchais sa main.

Lorsque je sortie je ne vis pas mon compagnon. Après plusieurs minutes, je finis par le trouver pratiquement à l’opposé de notre destination. J’eu beau l’interpeller plusieurs fois, il ne réagit pas. Je m’approchai de lui et mis la main sur son épaule :

« Max ! Tu m’as fait une de ces peurs ! »

Warren semblait complètement déboussolé.

« Froussard. Tu ne m’as pas entendu t’appeler ? Qu’est-ce que tu fais la ? Je croyais qu’on devait se rejoindre devant les toilettes »

« Tu vas rire, mais je crois bien que je me suis perdu… »


Je lui fis une pichenette sur le front et le traitais de tête en l’air. Warren rit. C’est l’une des choses que je préférais chez lui, sa capacité rire de lui-même, il était plus mature que la plupart des garçons de Blackwell qui étaient imbus d’eux-mêmes. Je ne pouvais m’empêcher de trouver cela attendrissant.

Nous eûmes à peine le temps d’arriver à nos places que le film commença.


« « Ma maman m'a toujours dit que les monstres n'existent pas... les vrais monstres... mais y en a... » »


« Ca va Max, pas trop fatiguée ? »

Je regardai mon portable ; il était un peu plus de deux heures du matin. La séance avait commencé tôt mais les films étaient en version longue.

« J’avoue que ça fait longtemps que je n’ai pas fait de soirée aussi longue mais ça va. Ça fait du bien de sortir un peu »

Étonnamment, malgré toutes les insomnies que j’avais eu ces derniers temps je me sentais plutôt en forme. « Max l’oiseau de nuit ! »


« « - Hey, Ripley. À ce qu’on raconte, tu as déjà eu affaire avec ces bestioles ?

- C’est vrai…

- Ouah, putain... Et alors ? T’as fait quoi ?

- Je suis morte. » »


Je dus m’endormir à un moment car je sentis quelqu’un me secouer doucement et m’appeler.  « Oiseau de nuit tu parles ... »

Je tentais de répondre « Oui ? » mais je dus plutôt sortir quelque chose comme « Gnnni ? »

« Désolé Warren. J’ai dormi longtemps ? »

« Ne t’inquiète pas. Tu t’es endormie 5 minutes avant la fin. On rentre ? »



Arrivée à la voiture je réprimais un énorme bâillement, je tenais à peine debout, frissonnante. Je tentais de me réchauffer avec le café que Warren avait acheté avant de partir. Nous entrâmes dans la voiture dès qu’il eu fini le sien.

Alors que je reposais la tête sur la vitre, je remarquais que nous n’avions toujours pas démarré. Mon « chauffeur » avait les yeux dans le vague.

« Warren, tout va bien ? »

Ce dernier secoua la tête, l’air confus.

« Désolé, je crois que je commence un peu à fatiguer. Ne t’inquiète pas il n’y a personne sur la route à cette heure-ci. On devrait vite être rentrés »


Pendant que Warren conduisais, je décidais de remettre mon sommeil à plus tard et de lui tenir compagnie, il n’aurait pas été très sympa de ma part de m’endormir pendant qu’il conduisait fatigué lui aussi. Nous parlâmes des films, de la future soirée à Blackwell, de tout et de rien. Warren passait son temps à essayer de me faire rire et la plupart du temps il réussissait.

Nous étions à mi-chemin de notre arrivée, je m’apprêtais à lui dire à quel point j’avais été contente qu’il m’invite et que nous devrions manger ensemble le lendemain (ou plutôt dans les heures à venir) lorsque nous aperçûmes les lumières de plusieurs sirènes de police. Alors que nous ralentissions, un policier nous ordonna de nous mettre de côté.

Mon cœur se mit à battre de toute vitesse, cette scène me ramenait dans le passé, le jour de la mort de Chloe. Nous étions encore loin de Blackwell mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il était arrivé quelque chose à l’un de mes camarades. Qui avait été frappé par le destin cette fois ? Juliet ? Alyssa ? De nouveau Kate ? Y étais-je pour quelque chose?


« Par pitié faites qu’ils n’aient rien… »



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