Life is Strange : Le Gardien du Temps
« …et donc vu que Doom n’est pas disponible, nous n’avons toujours personne pour faire le DJ » ajouta Dana.
« On peut toujours engager quelqu’un d’autre », intervient Alyssa.
« Oui bien sûr mais ce ne serait-ce pas mieux que cela soit quelqu’un de l’école, vu que Doom est indisponible ? » demanda Kate.
« Je pense que oui. Et puis cette fête est censée rassembler des fonds, donc autant économiser autant que possible. Qu’en penses tu Max ? Max ? Allo Houston on a un problème ! »
Je sursautai. Perdue dans mes pensées, je n’avais pas suivi la conversation.
« Hein ? Heu…oui oui on peut faire ça » répondis-je du tac au tac.
Dana soupira :
« Tu n’as rien écouté de ce qu’on a dit hein ? »
« Désolée » dis-je.
Alyssa, Kate, Dana, Juliet et moi étions assises sur la pelouse de Blackwell en train de préparer la fête. Malgré l’automne le temps était agréable, il n’y avait qu’une légère brise. Nous discutions depuis près de trois heures des préparatifs pour la soirée et cela avançaient plutôt bien. Cependant la date fatidique était dans cinq jours et ils nous manquaient toujours certains éléments. Comme le DJ.
« Autant faire une pause. On a bien avancé après tout. Au fait Kate, ta famille doit venir demain non ? » demanda Dana
« Oh oui ! Mes sœurs ne pourront pas venir, elles ont cours naturellement, mais mon père et ma mère seront là. Ils doivent m’emmener manger en dehors d’Arcadia.
« Comment vont tes sœurs Kate ? » demandais-je plus pour lui faire plaisir que par réelle curiosité. Je savais que Kate était très proche de ses sœurs et que parler d’elles lui ferait plaisir.
« Et bien la petite dernière va très bien, elle se débrouille à l’école même si elle a quelques difficultés dans certaines matières. Mes parents s’inquiètent plus pour Lynn, elle commence à s’intéresser aux garçons… »
« En parlant de garçons… » fit Juliet en dirigeant son regard vers moi.
Et merde…Je ne sais pas pourquoi mais je n’aimais pas du tout le regard qu’elle me lançait.
« J’ai entendu dire que Warren et Max allaient au cinéma demain soir, minauda Juliet parfaitement au courant que ce genre de discussion me mettaient mal à l’aise. Rien que tous les deux et en dehors d’Arcadia en plus… »
Je me contentai de fusiller Dana du regard. L’intéressée fit mine de ne pas comprendre.
« C’est vrai Max ? » fit Kate avec un petit sourire.
« On y va juste entre amis et ce n’est même pas sûr que j’y aille », dis-je levant mes mains, sur la défensive.
Dana s’esclaffa :
« Toi peut-être, et je dis bien peut-être, mais Warren… »
« C’est du sérieux » ajouta Alyssa.
« Bref. Revenons-en aux préparatifs. Pour le DJ… » tentais-je, espérant changer de sujet.
« Oh non Caulfield, tu ne t’en tireras pas comme ça ! Allez quoi, on est entre filles, tu peux tout nous dire. En plus en ce moment tu es tout le temps dans la lune, serait-ce à cause de Warren ? Ça te ferait du bien d’en parler ! » assena Dana.
J’étais piégée. Certes Warren occupait une partie de mes pensées en ce moment mais il n’était pas le seul. Chloe et l’Ombre aussi. Si je parlais de Chloe cela jetterait un froid sur la conversation, mes amis me regarderaient avec une note de pitié et de tristesse. Quand à l’Ombre…mes amis ne tarderaient pas à me faire interner si je me mettais à parler d’une espèce de gardien qui contrôlait le temps et qui m’apparaissait en rêve. Je dis donc la seule chose possible :
« Très bien, je me rends. Que voulez-vous savoir ? »
« Est-ce que tu l’aimes ? » demanda innocemment Kate.
« Quoi ? Non ! Pas du tout. Je veux dire c’est juste un ami ».
Afin de dissiper mon malaise, je mis mes mains dans la pelouse et je me mis à jouer avec l’herbe.
« Tu es sûre que ce n’est que un ami ? » demanda Dana en mimant des guillemets sur le mot ami.
« D’accord, peut-être plus qu’un ami. Mais…je ne sais pas quoi ». Irritée de ne pas savoir quoi répondre ou même penser, je commençai à arracher des morceaux de la pelouse.
Les filles se regardèrent de concert. Je savais qu’elles ne pensaient pas à mal mais la situation me mettait très mal à l’aise, je n’avais pas l’habitude de parler de ce genre de choses. Même avec Chloe.
« Tu dois y aller Max » me dit Juliet.
« Ne devrait-elle pas mettre les choses au clair avec Warren d’abord ? » demanda Alyssa.
« Pour ça il faudrait déjà que ca soit clair pour elle… » répliqua Dana.
« Elle doit y aller et se faire une idée, trancha Juliet. Ce n’est pas en restant dans son coin qu’elle pourra définir ses sentiments pour lui »
J’avais envie de hurler de frustration : « Bonjour, je suis juste devant vous ! »
Mais apparemment mon opinion ne semblait pas compter, puisque les filles continuaient d’en parler, chacune suggérant ce que je devais faire, ou ne pas faire, sans me demander mon avis. J’attendais avec la patience d’un moine que l’une d’elles finissent (enfin) par remarquer ma présence. Dieu, soit loué, ma patience fut récompensée :
« ….Max verra bien sur le moment et elle n’aura qu’à aviser. N’est-ce pas Max ? » dit Kate, mettant ainsi fin à ma torture.
« Exactement. Mais vous vous faites des films, il ne se passera rien entre Warren et moi. C’est juste un bon ami »
Pour toute réponse j’eu le droit au petit rire étouffé de Dana, au sourire entendu de Kate et je vis Juliet rouler des yeux. Au moins elles n’insistèrent pas.
« Bon reprenons. Pour notre DJ, je crois que Hayden pourra nous trouver quelqu’un à un prix raisonnable, dit Juliet. Mais en ce qui concerne les urnes…Max tu as vu avec le proviseur ? »
« Oui il a dit que…. » commençais-je mais je m’interrompis lorsque je me retrouvais plongée dans le noir. Je ne sentais plus l’herbe sous mes mains et mes amis avaient disparues.
J’étais dans le monde de l’Ombre et cette fois-ci je n’avais pas sentie la transition entre la réalité et le monde onirique.
« Bonjour, Enfant »
L’Ombre était là, comme à chaque fois.
« Si vous pouviez éviter de m’appeler comme ça, cela m’arrangerait, merci », répondis-je énervée d’avoir été arrachée à la réalité sans mon consentement.
« Préfères-tu « Maxine » dans ce cas ? » demanda l’Ombre, la tête légèrement inclinée sur le côté, comme si la question était importante pour elle.
« Max. C’est Max ».
Je tentais de mettre mon irritation de côté en me rappelant que j’avais à faire à une sorte d’esprit âgé de plusieurs siècles. « Ce n’est pas le bon moment pour te montrer désagréable Max ! ». Je respirai un bon coup et tentai de me calmer :
« Et comment vous appelez-vous au faite ? Vous ne me l’avais déjà dit »
« Je n’ai pas de nom, je n’en ai pas besoin »
« Toute de même ce n’est pas très pratique »
Je ne reçu aucune réponse. Une minute passa dans le silence.
« Si tu tiens tant que ça à me donner un nom…Tu peux m’appeler Pharos »
Dans le style de prénom qui sort de l’ordinaire j’avais déjà eu Ohanzee, Kishi et maintenant Pharos. Super.
« Au fait pourquoi suis-je ici ? Je n’ai pas utilisée mon pouvoir »
« Je sais, ne t’inquiètes pas. Si je t’ai fait venir ici c’est parce que j’ai une demande à te faire » me dit Pharos en s’asseyant sur l’unique chaise de la salle.
Une demande ? Que Pharos pouvait-il bien vouloir me demander ?
« En fait c’est plutôt une promesse. Tu dois me promettre quelque chose Max »
« Quoi donc ? » demandais-je intriguée.
Je me retrouvais momentanément aveuglée par l’un des rayons lumineux bleu qui baignaient la salle. Éblouie, j’entendis Pharos me répondre :
« Tu dois me promettre de ne plus jamais utiliser ton pouvoir »