Moyen-Âge et temps moderne, ou Le Choc des civilisations

Chapitre 2 : Héritage compliqué

2522 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/10/2023 16:52

Moyen-Âge et temps moderne, ou Le Choc des civilisations


2.Héritage compliqué




Le surlendemain, Mélinda attendait Béatrice dans le salon et souriait en voyant les rayons du soleil pénétrés doucement dans la pièce, le ciel était dégagé. Godefroy était déjà depuis quelques minutes dans cette même pièce, impatient que sa lointaine descendante arriva. Dès qu'elle arriva, Godefroy ordonna à Mélinda :

— Dépêchez-vous, Gentelise, de récupérer ma bague dans la vitrine. La sorcière ourdit avec un suppôt de Satan la manière de vous la voler... Ils ont déjà trouvé un bijoutier complice ! Il faut y aller maintenant au château... Aucun délai possible.

La chuchoteuse d'esprits hocha la tête et rapporta à la descendante les paroles de son illustre ancêtre.

Les femmes partirent en voiture vers le château des Montmirail. Sur les sièges arrières, le comte s'installa confortablement appuyé sur les bancs. La conduite jusqu'au château se faisait dans le silence complet. Mélinda constata que plus elles s'approchèrent du château, plus le ciel s'assombrit. Des noirs nuages planèrent autour de la demeure, des fines gouttes de pluie commencèrent à tomber, puis un déluge. Godefroy de Montmirail, qui partit dans son château, revint rapidement et hurla à Mélinda, paniqué, alors que les deux femmes arrivaient devant le château, ce même château que la chuchoteuse d'esprits reconnu de son rêve :

— Noble Dame, dépêchez-vous ! ... Les suppôts de Satan, le satanique et la sorcière, sont dans mon château et se rapprochent de ma bague !

— Monsieur le Comte, lui répliqua la chuchoteuse d'esprits énervée du ton de l'esprit du Moyen-Âge et néanmoins angoissée à l'idée que Gabriel Lawrence, son ennemi, soit en possession de la bague du Hardi, faites quelque chose ! Bloquez la porte pour qu'ils ne puissent entrer... Essayez de posséder l'un d'eux... Je ne sais pas trop, mais essayez de les ralentir le temps que nous arrivons.

— Êtes-vous certaine que je puisse les posséder ? demanda incrédule Godefroy, moue dubitative. Je ne suis point un démon pour le faire ! s'offusqua le Comte.

Mélinda soupira et lui répliqua calmement, malgré sa colère qui bouillit en elle :

— Je le sais bien que vous n'êtes pas un démon, mais un esprit errant, une âme errante... Je vous le dis, pour en avoir vu, qu'un esprit peut posséder un homme vivant pour une période déterminée... Alors rendez-nous service si vous voulez que nous trouvons rapidement la bague.

Godefroy opina du chef et murmura une vague prière en français et en latin avant de s'en aller.

Mélinda somma à la descendante, avant qu'elle ne lui posa plus de questions sur sa discussion :

— Vite ! Récupérons la bague avant qu'il soit trop tard.

Les femmes, les cheveux ruisselants de la pluie, accouraient dans le château, faisant fi des salutations du réceptionniste et de Jacques-Henri Jacquart et de leur agitation. Elles montèrent à l'étage où se trouvait l'exposition des objets ayant appartenu au Hardi, parmi lesquels la bague. Voulant débarrer la porte, Mélinda remarqua, au fond du couloir, la silhouette d'un homme âgé de trente-cinq ans, grand comme Béatrice, aux cheveux bruns, vêtu d'un complet brun foncé et d'une chemise blanche, nul autre que Gabriel Lawrence pensa-t-elle, incertaine, la pâtissière et l'esprit du Moyen-Âge. Ce dernier essayait d'influencer la sorcière pour l'entraîner dans une autre salle, répugné à l'idée de posséder l'un d'eux. Et c'était ainsi que Mélinda et Béatrice se rencontrèrent nez-à-nez avec les deux autres, devant la porte. À ce moment, un coup de tonnerre se fait entendre, effrayant les vivants qui sursautèrent de peur. Godefroy soupira et murmura une courte prière avant de s'exclamer :

— Montjoie ! Saint Denis ! ... Dieu le veut ! Que trépasse si je fayblis.

Et le Comte attaqua la sorcière et le chuchoteur d'esprits. Étonné, ce dernier lui demanda :

— Qui êtes-vous ?

Vade retro Satana ! Hors de ma demeure, le manant ! s'énerva, très en colère, l'esprit errant. Vous faites intrusion chez moi, illégalement, et vous demandez au maître qui il est ! Gueux arrogant ! ... Satanique... Montjoie ! Saint Denis ! Que trépasse si je fayblis ! Que la victoire repose entre les mains de Dieu ! Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Amen.

Le Hardi chargea et attaqua Gabriel Lawrence qui n'évita pas le coup. Il ressentit une sourde douleur, mais il se retint de grimacer, et affirma sur un ton mielleux, ignorant Godefroy de Montmirail, pour camoufler sa douleur :

— Alors Mélinda... Dites-moi un petit bonjour... Il y a longtemps que nous nous sommes pas vus...

La chuchoteuse d'esprits, irritée par l'attitude de son ennemi, l'interrompit sèchement :

— Gabriel Lawrence, cessez de raconter des inepties ! Vous le savez que nous ne sommes pas du même côté... Nous sommes ennemis... alors cessez de jouer la comédie ! Dégagez de ma vue !

Gabriel Lawrence s'avança à quelques pas de Mélinda et lui murmura froidement :

— Très bien, Mélinda... Mais rira bien qui rira le dernier, ma chère !

Mélinda pensa que son ennemi était trop arrogant, mais demeura stoïque.

Béatrice, dépassée par ce qui se passe, lança un regard interrogateur à Mélinda et demanda à Gabriel Lawrence :

— Monsieur, vous semblez connaître Mélinda Gordon. Est-ce exact ?...

L'interpellé opina du chef.

— ... D'accord... Nous vous laissons... Nous n'avons qu'une petite visite à faire. Au revoir...

— Ma descendante est fort insouciante..., commenta Godefroy, soudainement très tourmenté. Faites attention à la sorcière...

L'esprit commença à s'agiter, gesticulant vers la pâtissière.

— ... Elle tient un terrible sort dans sa main.

Au moment où Mélinda tourna la tête vers la pâtissière, cette dernière jeta un sort sur la descendante alors qu'elle était distraite par le discours de Gabriel Lawrence. La chuchoteuse d'esprits observa d'un œil inquiet le comportement de la descendante du Comte... Béatrice hallucina et marcha à reculons comme pour se protéger des entités inexistantes... Godefroy devint blême en voyant l'attitude de sa descendante et murmura :

— Par Dieu Très Miséricordieux ! Ma descendante est-elle victime de même sorcellerie que moi ? Par son comportement, c'est évident ! Que Nostre Seigneur Jésus-Christ et Dieu l'aident.

Soudainement, au moment où Mélinda voulait avoir plus de détail sur cet évènement de la vie du Comte et suivre Béatrice pour veiller à sa sécurité, deux hommes et des gendarmes entrèrent dans le couloir. Le premier était Jacques-Henri Jacquart, un homme de quarante-quatre ans plutôt petit et obèse vêtu d'un complet bleu et d'une chemise blanche, aux cheveux noirs avec quelques cheveux gris et des yeux noirs qui lançaient des éclairs de mépris autour de lui. Un personnage hautain qui irrita les nerfs de Mélinda en le voyant. Le second était François Eusèbe, un homme de quarante ans, vêtu d'un complet noir et d'une chemise blanche, aux cheveux bruns foncés et aux yeux bruns pétillants avec des petites lunettes dorées au bout du nez, un personnage bien singulier et étrange. Il tient un vieux grimoire à la main droite et un flacon à la main gauche, intriguant Mélinda. Le propriétaire du château somma aux quatre individus devant la porte :

— Vous êtes tous arrêtés pour perturbation de l'ordre.

Godefroy murmura en montrant de la tête le quandragénaire :

— Cet homme est le fils de Ferdinand Eusèbe, un médium-guérisseur et para-psychologue, lointain descendant du mage enchanteur de mon époque, Eusæbius. Je suis assez intrigué de connoître la raison de sa venue.

Le fils de Ferdinand Eusèbe, François Eusèbe, ouvrit le vieux grimoire et lut une formule tout en jetant un liquide visqueux et fumant autour de Mélinda, Béatrice, Godefroy, Gabriel et la pâtissière :

Per Horus et per Ra et per Sol Invictus duceres les quatre vivants dans le cercle et l'âme perdue au lever de l'Aurore aux doigts de rose pour ne point répéter l'erreur... Pour que Béatrice de Montmirail ne soit plus victime du sort de la sorcière... Que Dieu les aide et leur apporte assistance.

Il parla ainsi et Mélinda, Béatrice, Gabriel, la pâtissière et Godefroy étaient retournés dans le passé. Le propriétaire du château des Montmirail lança un regard interrogateur à François Eusèbe. Ce dernier lui affirma posément :

— Je n'ai fait que renvoyer ces individus dans le passé, pour que, maintenant, vous récupérez la bague du Hardi. N'est-ce pas cette bague que vous vouliez avoir ?

Jacques-Henri Jacquart informa les gendarmes qu'il n'y avait plus de danger. Leur chef, offusqué, somma le propriétaire de venir à une petite interrogation. Il passa un bien mauvais quart d'heure au commissariat. Le fils de Ferdinand Eusèbe rentra dans la salle récupérer la bague. Mais, au moment où il l'avait pris, elle brûla dans le creux de son paume, le forçant à la lâcher. Il s'éloigna d'elle avec frayeur, apeuré, et murmura :

— J'aurai dû écouter mon père et ne jamais convoiter cette bague... Pauvre de moi ! ... déplora le lointain descendant d'Eusæbius. Mais je peux toujours réparer la situation, maintenant qu'ils sont dans le passé...

Le professeur, remettant la bague derrière la vitrine, laissa la porte déverrouillée et revint chez lui, espérant que la descendante du Comte récupéra bientôt la bague qui lui appartenait. Le temps redevient dégagé et ensoleillé.



À la demeure de Béatrice de Montmirail, au matin, contente de la beauté matinale, Mélinda l'attendait dans le salon avec Godefroy. Ce dernier les pressait de récupérer la bague au plus vite. La chuchoteuse d'esprits demanda à Jim de les accompagner pour jouer les touristes et ne pas éveiller les soupçons au château. Ainsi, Jim, Mélinda et Béatrice se rendaient rapidement au château, laissant Aiden sous la surveillance des enfants de Béatrice, Florian et Ondine. Mélinda avait une impression de déjà-vu lorsque Godefroy s'installa sur le siège arrière de la voiture, alors que Béatrice conduisait et que le temps s'assombrissait lorsqu'ils s'approchaient de leur destination. Une fois arrivée devant le château, Jim arriva le premier à la réception, question de parler avec le réceptionniste, un jeune homme de vingt-cinq ans élégamment vêtu, pour le distraire de la présence de sa femme et de Béatrice qui courraient pour arriver à l'étage où était l'exposition. Au bout du couloir, Mélinda discerna Gabriel Lawrence, la pâtissière et l'âme de Gabriel Lawrence désorientée de la possession de son corps. La chuchoteuse d'esprits comprit que Godefroy avait décidé de posséder le satanique et ne pouvait réprimer un sourire malin, avant d'ouvrir la porte, étonnée que la porte ne soit pas barrée. Elle s'y engouffra en faisant signe à Béatrice de rentrer en silence pour ne pas être repérer par leur ennemi. La descendante obtempéra.

Une fois la porte fermée, Mélinda repéra rapidement la bague parmi la multitude d'objets en exposition : des objets très différents et luxueux, de la chevalière à une coupe en or, en passant par une pièce de chemise en soie brodée d'or et un manteau aux armes de la famille. Elle chuchota :

— Béatrice de Montmirail, la bague est à vous. Prenez-la.

Le tonnerre gronda à l'extérieur, le ciel assombri se zébra d'éclairs, faisant sursauter les deux femmes et leur donnant une source de lumière dans la sombre salle. L'interpelée s'approcha doucement de la vitrine proche de la fenêtre et prit la bague. Cette dernière brillait d'une douce lumière, donnant à la salle un aspect irréel. La descendante du Comte la glissa dans sa poche de jupe. Lorsqu'elles sortaient de la salle, elles tombèrent nez-à-nez avec Gabriel Lawrence et la pâtissière. Elles les ignorèrent et continuèrent leur chemin, trouvant comique la mine étonnée de leur ennemi. Godefroy de Montmirail affirma :

— Dépêchez-vous de sortir de ma demeure avant que Jacques-Henri Jacquart ne soit informé par Gabriel Lawrence de la disparition de ma bague. Dieu soit loué, la sorcière n'a pas jeté ses sorts sur ma descendante tellement elle était étonnée de vous voir.

Mélinda hocha de la tête pour faire comprendre au Comte qu'elle avait compris sa demande. Béatrice et Mélinda rejoignirent Jim à la réception. L'épouse de Jim constata que le soleil à nouveau brille dans le ciel, comme si l'orage n'avait jamais été. Le trio revienne chez les Goulard, sous le regard amusé et ravi de Godefroy. Ce dernier était content que sa descendante ait son héritage d'une manière inattendue, à l'aide d'un bref retour dans le couloir du temps... sans se tromper.


Un peu plus tard, l'esprit du Moyen-Âge se pointa devant Gabriel Lawrence et la pâtissière qui cherchèrent encore dans la salle du château la bague. Une idée vient à son esprit. Il posséda Édouard Bernay qui était dans un couloir voisin et dirigea son corps vers la salle d'exposition, surprenant les deux voleurs en flagrant délit. Le comte cessa sa possession lorsqu'il ouvrit la porte de la salle. Godefroy pria Dieu de bien lui pardonner de ses péchés et de l'aider dans l'épreuve difficile. Le banquier appela les gendarmes qui arrivèrent immédiatement. Ils arrêtèrent Gabriel Lawrence et la pâtissière, accusés de tentative de vol. Il informa la police de la disparition de la bague. Les gendarmes interrogèrent Jacques-Henri Jacquart, mais, au moment où il voulut répondre, Godefroy le posséda et lui fit dire les mots suivants :

— J'ai décidé de donner l'original à Béatrice de Montmirail, l'une des descendantes du comte. Et j'ai commandé une copie pour qu'elle soit exposée dans cette vitrine. Merci d'être intervenu pour arrêter ces voleurs.

Le chef des gendarmes opina du chef et, avec son équipe, s'occupa des cas de Gabriel Lawrence et de la pâtissière. Godefroy de Montmirail était fier de son coup, parce que les deux ennemis communs ne pouvaient plus nuire si rapidement sa descendante, ni Mélinda Gordon, ni lui. Maintenant, il ne restait que le dernier mystère à résoudre, le cas de Jacquouille la Fripouille et de son descendant Jacques-Henri Jacquart.



À suivre.

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