Moyen-Âge et temps moderne, ou Le Choc des civilisations
Chapitre 1 : Terra Incognita, ou Comment trouver un fil d'Ariane inespéré
3318 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 12/10/2023 03:25
Moyen-Âge et temps moderne, ou Le Choc des civilisations
1.Terra Incognita, ou Comment trouver un fil d'Ariane inespéré
Précision concernant Les Visiteurs, nous ne considérons que le premier film de la trilogie (et donc après le premier voyage dans le temps). Pour Ghost Whisperer, nous nous situons au premier épisode de la cinquième saison, soit à la naissance d'Aiden. Aussi, nous considérons que Jim Clancy est toujours vivant et que le couple, Jim et Mélinda, connaît parfaitement le français.
En 2009, dans une petite rue du 17e arrondissement de Paris, par une journée pluvieuse, Godefroy de Malfète, comte de Montmirail, né en 1079 et mort en 1149, n'était nullement affecté physiquement par la météorologie, mais il l'était néanmoins en son âme. Désespéré d'errer depuis huit cent soixante ans sans trouver de réponse à ses tracas, le vieil esprit errant se demanda s'il fit un bon choix en demeurant autant d'années parmi les vivants, et s'il n'irait pas en Enfer, malgré ses actions valeureuses... Errant plusieurs siècles près de sa demeure à Montmirail, il voyageait dans les environs et, avec les siècles, dans toute la France, puisque tout le monde l'ignorait, personne ne l'écoutait, et qu'il recherchait, désespérément de l'aide, se sentant indigne de quitter le monde des vivants sans obtenir d'importantes réponses, craignant la damnation éternelle de son âme. Il soupira, exaspéré de sa situation, et murmura pour lui-même :
— En plus de huit siècles de Nostre Seigneur, je ne suis point parvenu à avoir la paix en mon âme. Pauvre moi ! se lamenta-t-il. Nostre devise n'étoit point Que trépasse si je fayblis. Je dois me montrer digne de ma famille... affirma-t-il en redressant fièrement sa tête casquée. Digne de mes ancêtres et dignes de mes descendants ! Je ne puis abandonner maintenant... Plus je reste, plus je puis dire que tout est laid ! Incroyablement laid ! L'air est suffocant, ça puir ! Comment mes arrière-arrière-petit-filleuls peuvent vivre dans ce monde ? ... Que puis-je faire ? ... Que Dieu ait pitié de l'âme pécheresse que je suis... Pater Noster, qui es in cælis, sanctificétur nomen tuum. Advéniat regnum tuum. Fiat volúntas tua, sicut in cælo, et in terra.
Le Comte s'agenouilla, les mains jointes en geste de fervente prière, larme au coin des yeux, très inquiet pour le salut de son âme.
— Panem nostrum cotidiánum da nobis hódie, et dimítte nobis débita nostra sicut et nos dimíttimus debitóribus nostris. Et ne nos indúcas in tentatiónem, sed líbera nos a malo. Amen.
Il se signa avant de se relever, faiblement apaisé. Il ne s'attendait pas à ce que quelqu'un l'ait vu, ni l'ait entendu ses mots, ni sa prière, lui qui avait l'habitude que personne ne lui prêtât attention depuis tous ces siècles. Et cet individu n'était nul autre que Mélinda Gordon qui passa près de lui, n'entendant guère ses lamentations, ni sa prière.
Cette Mélinda qui sortait tout juste de l'hôpital avec un petit bébé entre ses bras était contente que son petit Aiden soit bien vivant et en bonne santé, malgré l'accouchement difficile. Son mari, Jim, à ses côtés, l'aida à accueillir leur fils dans leur maison. Lui aussi était euphorique en voyant son fils vivant, soulagé et heureux de le voir paisiblement blotti contre sa femme.
Un peu plus tard, la famille fit une marche, et Jim, en notant le regard interrogateur de sa femme et sa tête brièvement tournée vers le vide, saisit qu'elle venait de voir un esprit errant. Il lui demanda :
— Encore un esprit ?
— Oui, sauf que celui-là est bien particulier.
Elle réajusta la couverture autour d'Aiden pour qu'il n'ait pas froid, l'enlaçant contre son corps pour le réchauffer.
— En quel sens ? l'interrogea-t-il, curieux et quelque peu inquiet pour la santé de sa femme.
— Particulier, parce qu'il semble sortir du Moyen-Âge avec sa cotte de mailles, son casque, son blason sur son bouclier et ses vêtements. Je n'ai guère compris ce qu'il a dit lorsque nous sommes passés, parce que la foule était nombreuse et bruyante, mais j'essaierai de voir ce qu'il veut pour le faire partir dans la Lumière. À le voir ainsi accoutré, j'ai pensé qu'il est un comédien dans un film du Moyen-Âge...
— L'esprit errant dont tu me parles pourrait être un comédien pour un évènement médiéval, ce n'est guère étrange dans notre coin, n'est-ce pas ?
— Tu as probablement raison, mais il faut que je m'informe sur lui, chéri.
— Es-tu certaine de vouloir t'intéresser maintenant à un esprit errant, alors que tu n'es pas encore complètement rétablie de ton accouchement ? l'interrogea-t-il inquiet. Ne penses-tu te reposer un peu ? C'était difficile toutes ces complications, pense un peu à toi, ma chérie... Pense à ta santé... Les esprits peuvent attendre un peu, ne ruine pas ta santé pour eux, mon amour.
— Oui, je le sais, Jim. Je suis certes très fatiguée, mais je veux au moins connaître son identité... Tu ne peux imaginer comment mon cœur se déchire de voir cette pauvre âme errante... Peux-tu veiller sur notre fils quelques minutes, le temps que je m'informe ?
Elle lui passa doucement Aiden qu'il s'empressa de réchauffer contre son torse et dans ses bras et réajusta son parapluie, se cachant près d'un auvent d'une boulangerie.
— Parfois, grommela-t-il, j'ai l'impression que tu oublies que je suis ton mari et que tu as d'autres obligations dans la vie et un corps aux capacités limitées, tellement ces défunts te préoccupent l'esprit.
La petite femme aux cheveux bruns et aux yeux bruns pétillants s'approcha, avec son parapluie bleu à la main et sa veste imperméable verte, du vieil esprit errant et tâcha de connaître ses motifs. La chuchoteuse d'esprits détailla le Comte : un grand septuagénaire avec un casque de fer sur la tête, une cotte de mailles par-dessus sa chemise en soie blanche richement décorée, des collants beiges et un manteau brun. Sur le manteau, un blason était représenté, à savoir un champ partitionné en chevron métal, le champ supérieur était azur aux deux aigles en gueule affrontés et le champ inférieur était sinople meublé d'un tourteau gueule. À la taille, il avait une épée dans son fourreau. Ce dernier était décoré d'arabesques. L'homme portait une alliance d'or à sa main gauche, une chevalière à sa droite et d'autres bagues aux autres doigts, à l'exception des pouces et des auriculaires. Autour du cou, un collier d'or serti de pierres précieuses. Un homme noble qui n'avait pas connu une fin tragique, pensa Mélinda, intriguée et impressionnée par la présence de cet esprit assez singulier sous la pluie.
Godefroy, en voyant cette dernière s'approcher de lui et s'arrêter en face de lui, ne put cacher son étonnement et s'écria :
— Par Dieu et Nostre Seigneur Jésus-Christ ! Vous paraistrez me voir ou vous feignez bien ! Je parlois seul pendant des siècles et maintenant quelqu'un me voit ! Un signe de Dieu ! Alléluia ! Vous n'avez point l'air d'une sorcière, mais d'une honnête femme. J'ai suffisamment vu de leur espèce pour savoir que vous n'en êtes point une. Gentelise*, me voyez-vous ? M'entendez-vous ?
L'interpellée hocha la tête pour signifier qu'elle avait compris. Il continua :
— Ma Dame, que Dieu vous protège. Je ne suis qu'un humble chevalier, pieux homme et heureusement marié avec ma douce promise Frénégonde de Pouille. Je suis Godefroy Amaury De Malfète, dit le Hardi, comte de Montmirail, d'Apromont et de Papimcourt, fils d'Aldebert de Malfète et de Thibaude de Montfaucon, brave serviteur de notre roy Louis VI, dit le Gros, premier de ma famille à porter le titre de comte. Je suis né en 1079 et j'ai vécu soixante-et-dix ans. Ma mort est naturelle, mon temps étoit venu d'abandonner ce corps trop usé.
L'esprit, reprenant son souffle, continua son monologue.
— J'ai une descendance nombreuse et j'ai vu, depuis que j'erre encor sur la Terre du Seigneur, mes plus lointains descendants fuir une sombre Révolution. J'ai même vu mon filleul Gonzague de Montmirail passer à la guillotine...
Godefroy commença à s'emporter, une sourde colère l'envahissait.
— ... Et j'ai vu le retournement de situation où des gueux sont devenus propriétaires de ma demeure ! Et mon escuyer, Jacquouille la Fripouille, n'est point parvenu à revenir à nostre époque... par ma faute... Je l'ai compris à ma mort...
L'esprit se tut, comme troublé par ses propres mots, baissa la tête, comme s'il réfléchissait à ce qu'il allait dire. Mélinda l'observa, ne sachant trop comment agir avec un si vieil esprit errant. Elle attendit patiemment que le comte reprenne la parole, mais comme il se tut, elle lui demanda gentiment, étant impressionnée par l'esprit et très incertaine de sa réaction :
— Monsieur le Comte, que puis-je faire pour vous aider ? Pourquoi errez-vous depuis autant de siècles ? Venez-vous vraiment du Moyen-Âge ou serez-vous un comédien ?
Godefroy se racla la gorge, pour se laisser le temps de se ressaisir, et continua :
— Noble dame...
Il s'approcha d'elle pour lui faire un baise-main galant sous le regard étonné de la jeune mère qui recula d'un pas, guère habituée à une telle démonstration de politesse et de courtoisie.
— ... Je ne voulais point vous faire peur... s'excusa le comte. Mais je ne suis point malade ni foldinguo ! Je viens simplement de très très loin ! Je viens d'une autre époque, ma dame. Vostre question étoit fort étrange, je n'ai guère compris ce qu'est un comédien, mais je n'en suis pas un. Je suis un noble comte... Je ne suis pas un gueux ou un fou du roy... Voulez-vous avertir mon arrière-arrière-arrière-arrière-petite-filleule, Béatrice de Montmirail, qu'elle se méfie de Jacques-Henri Jacquart et d'une sorcière ? Que ces deux brûlent en Enfer pour l'éternité ! Lorsque je voulais lui dire, elle m'ignore et ne m'a point écouté... Je crains pour ma noble descendante...
— Oui, Monsieur le comte... répliqua, confuse, la chuchoteuse d'esprits. Mais pouvez-vous m'éclairer sur cette méfiance ? Qui est ce Jacques-Henri Jacquart ? Qui est cette sorcière ?
— Le premier est un vil gueux, fieffé menteur, qui est devenu le propriétaire de mon château, de ma demeure ! s'énerva Godefroy, serrant ses mains en poing. ... La seconde est la pâtissière du coin où va Béatrice.
Le comte s'agita et murmura une prière avant de continuer ses explications.
— ... Aussi, il faut que ma descendante ait avec elle ma bague, ma chevalière...
Il lui montra sa bague au majeur droit.
— ... Elle est son héritage. Personne ne peut la lui contester. Mais cette bague est exposée au château dans une vitrine... Ce que vous appeloit un musée... J'y aie été lorsque j'étois envoyé dans le temps... Et la bague m'est revenue tout naturellement... Elle est mienne.
— Avez-vous d'autres raisons pour rester autant d'années sur Terre ?
— Oui...
L'esprit baissa ses yeux sur ses pieds de honte et affirma dans un souffle :
— Je me sens coupable que mon escuyer n'ait point sa propre descendance par ma faute, parce qu'il n'est point revenu à nostre époque... Mais je ne comprends guère comment Jacques-Henri Jacquart qui étoit revenu avec moi dans les couloirs du temps soit en même temps bien vivant en chair et en os aujourd'hui en l'an deux mille neuf de Nostre Seigneur.
— Très bien. Je vous aiderai. Commençons par votre descendante, Béatrice de Montmirail, dites-vous ?
L'esprit errant opina du chef pour toute réponse.
— Puis nous réglerons le cas de votre écuyer et de sa descendance. Correct pour vous ? Et après ces deux cas vous partez dans la Lumière.
Le Hardi approuva à nouveau d'un geste de la tête, à son attention, content que son âme ne serait plus appesantie par ces soucis.
Mélinda revint auprès de son mari et lui expliqua le cas de l'esprit du Moyen-Âge. Jim Clancy suggéra à son épouse qu'ensemble, ils allèrent jusqu'à la maison de Béatrice de Montmirail, au Parnans-sous-Montmirail.
Trois heures plus tard, une fois arrivée devant la maison de la descendante de Godefroy de Montmirail, guidée par ce dernier, la jeune mère remarqua la beauté architecturale de l'immense maison. Cette dernière trône en reine au milieu du terrain, entourée d'une grille de fer haute de deux mètres pour protéger des regards indiscrets la famille. Elle appuya sur la sonnette à la droite de la grille, proche d'une plaque et attendit que quelqu'un leur ouvrit. Et Jean-Pierre Goulard, le mari de Béatrice de Montmirail, encore vêtu de son uniforme bleue de dentiste, un grand homme d'un mètre quatre-vingt, âgé de quarante-cinq ans, aux yeux marrons et aux cheveux bruns foncés parsemés de quelques cheveux gris, accueilla la famille à l'intérieur, pensant avoir affaire à des patients. Intrigué de la visite inattendue, il les invita dans le salon. En passant dans la cour, Mélinda remarqua le cabinet du dentiste adjacent la demeure principale. Le salon était bien meublé, avec une élégante table de bois au milieu dans le style de l'Ancien Empire, des chaises confortables avec un épais cousin beige et un élégant meuble vitré où diverses décorations étaient exposées, charmant le regard des visiteurs. Quelques minutes plus tard, une femme âgée de quarante ans, grande d'un mètre soixante-onze, aux cheveux bruns libres arrivant aux épaules, aux traits délicats, aux yeux brun noisette bienveillants, vêtue d'une chemise à motif floral qui laissait entrevoir son unique collier d'or autour du cou, un simple pantalon bleue marine et des souliers élégants complétait sa tenue. Des boucles d'oreilles d'or, une montre chic à la main gauche et une alliance agrémenta sa délicatesse naturelle. Cette femme, Béatrice, affable, s'empressa de bien installer ses hôtes dans le salon et de leur fournir un verre d'eau ou de limonade. S'assoyant en face de la famille de Mélinda, Béatrice s'informa poliment de leur venue soudaine et de leur identité.
Une fois que Jean-Pierre et Béatrice entendaient la raison de la visite de Mélinda, le mari hésita à la croire; Béatrice la crut sincère. Pour la descendante de Godefroy, si son lointain ancêtre du Moyen-Âge pouvait faire irruption en 1993, alors il était tout aussi possible qu'en 2009 Mélinda soit honnête et lui communiqua réellement sa volonté.
Un peu plus tard, Béatrice et Mélinda partirent à la pâtisserie du coin. Devant le commerce, la chuchoteuse d'esprits repéra Godefroy de Montmirail qui sourit aux deux femmes et les suivait en avant, comme pour les protéger. Béatrice salua la femme et commanda quelques pâtes à choux, chocolatines et palmiers.
Godefroy commenta à la chuchoteuse d'esprits en voyant la pâtissière, une petite femme corpulente aux yeux vert minuit, aux cheveux brun clair, à la tête ovale, une lueur maligne dans le regard, un sourire forcé aux lèvres, un peu plus âgée de Béatrice :
— La sorcière que je vous aie mentionné, ma dame... C'étoit elle... Montjoie ! Saint Denis !... Que trépasse si je fayblis.
Et il sortit son épée, charga et transperça la sorcière. Cette dernière n'était pas morte, mais ressentit une sourde douleur, un engourdissement, à l'endroit où l'épée passa. Elle demeura imperturbable malgré la douleur pour ne pas alarmer ses clients. Une fois l'achat fait, sur le chemin du retour, Mélinda rapporta à Béatrice la remarque de son ancêtre. La descendante fut étonnée, mais prit au sérieux l'avertissement de Godefroy, réjouissant ce dernier.
Le soir, Mélinda, dans une chambre d'invités, au côté de son mari, faisait un cauchemar. Elle se trouvait dans le château du comte et voyait la bague du Hardi dans sa vitrine d'exposition. De cette dernière se dégageait une douce lumière. Un homme entra dans la salle à pas de loup, très soucieux de passer inaperçu. Mélinda se retourna et reconnut Gabriel Lawrence en discussion avec un homme appelé professeur Eusèbe et la pâtissière sur la manière de ravir la bague et de laisser un double pour leurrer la descendante de Godefroy.
Mélinda se réveilla en sueur et rapporta à son mari, qui ouvrit ses yeux, encore dans les bras de Morphée, son rêve. Jim, alarmé par les propos de sa femme, saisit immédiatement le sérieux de la situation et l'urgence de récupérer la bague pour la donner à Béatrice. Il lui conseilla d'essayer de convaincre au matin la descendante de ce comte, parce qu'il était évident que plusieurs individus convoitaient cette bague. Sur cette parole rassurante, le couple se rendormit.
Le lendemain matin, après le petit-déjeuner, Mélinda affirma sur un ton très grave à la descendante de l'esprit du Moyen-Âge :
— Madame Béatrice Goulard de Montmirail, je dois vous informer d'un objet que vous devez récupérer, à savoir la bague de votre illustre ancêtre, la bague du Hardi. Il faut le faire au plus vite. Elle est très convoitée par vos ennemis et mes ennemis. L'affaire est sérieuse, très sérieuse.
— Sur quoi vous basez-vous pour me presser ainsi ?
— Gentelise, intervint Godefroy, dites à ma descendante que c'est moi qui vous aie informé. Elle vous croirait... Mais ne luy dites jamais que vous le saviez de vos rêves, elle pourrait ne point considérer la gravité de vos propos, ni saisir l'urgence de la situation.
La chuchoteuse d'esprits opina du chef, sourit au comte et répondit :
— Je me base sur ce que votre illustre ancêtre, Godefroy de Montmirail, m'a dit.
— Très bien. L'affaire doit être sérieuse alors. Nous nous en occuperons, mais uniquement vous, Madame Mélinda Clancy, et moi. Et vous m'avertirez de ce que pourrait me dire mon ancêtre. Tout le monde est d'accord, autant vous, Madame Clancy, que votre mari, que toi, mon amour ?
Tous opinèrent du chef. Sauf Jean-Pierre Goulard qui répliqua :
— Mais Béa, ne me dit pas que tu vas chercher cette bague qui est onéreuse parce qu'une femme qui se prétend voyante te le demande ? Es-tu tombée sur la tête ? s'impatienta-t-il, commençant à perdre son sang-froid. Ignores-tu combien je devrai travailler pour la payer ?
Béatrice soupira et s'emporta un peu sur son mari :
— Chéri, si mon ancêtre m'informe par l'intermédiaire de cette femme de sa volonté, ce ne peut être vain.
Le mari de la descendante soupira, sachant bien qu'il ne sert à rien de discuter avec sa femme lorsqu'elle est fermement convaincue, et murmura en grommelant :
— Très bien Béa... Je me rends à ton avis.
Mélinda et Godefroy se regardèrent d'un air entendu, contents qu'ils mettront rapidement la bague entre de bonnes mains, ignorants que tout ne sera pas si simple.
À suivre.
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*Gentelise, en tant que substantif féminin, signifie noble femme en ancien français selon le Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXᵉ au XVᵉ siècle de Frédéric Godefroy.