Transcendance

Chapitre 65 : LUKE

4084 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a environ 2 mois

Le voyage dans le temps existait-il? Parce que Luke avait l’impression de se retrouver des mois en arrière, durant la période où il avait enroulé la mer. Il passait ses jours avachi sur son lit, à somnoler, à contempler le plafond et à pleurer. La seule différence, c’était le calme, si étrange. Il attendait le son d’un missile ou d’une explosion qui ne viendrait jamais… La guerre était bel et bien finie.

    Dehors, alors que les perce-neiges régnaient depuis plusieurs jours sur les pelouses, une armée de journalistes que ni maman, ni Abi, ni les voisins n’avaient réussi à déloger, campait dans le parc d’à côté. Luke n’aurait peut-être pas dû réparer le quartier, recréant les maisons à partir des gravats qui jonchaient le sol, mais ça lui avait paru être la moindre des choses - sauf qu’il n’avait pas pris en compte l’Oubli.

Parallèlement, il y avait encore tant de choses à faire: guérir les blessés, réparer les milliers de bâtiments détruits par les État-Confédérés, aider à remettre en route les usines endommagées, s’assurer que tous ceux qui avaient perdu leur maison aient de quoi manger, boire et dormir. Autant d’actions dont Luke se sentait incapable.

Étouffé par la culpabilité, il se tordit les mains, promenant les yeux sur les posters tapissant sa chambre. Était-ce réellement lui qui les avait punaisés là? Il avait l’impression d’avoir vieilli de dix ans, depuis. Puis son regard tomba sur l’assiette, intacte, posée sur sa table de nuit, avant de dévier sur sa montre : 10 heures du matin. Il soupira, sans se résoudre à se lever, songeant qu’Abi devait toujours remuer ciel et terre pour retrouver Daisy. Si elle savait… Il n’avait pas réussi à lui raconter ce qu’il savait, pas plus qu’à maman. Sa seule consolation, c’était que le Don lui permettait de retrouver sur demande le monde cotonneux du sommeil. Cauchemars ou pas, il s’y propulsa une nouvelle fois. Tout valait mieux que la réalité.

Il se réveilla brusquement, s’apercevant qu’il avait involontairement perdu le contrôle de ses sens doués. Il voulut les régler, mais quelque chose l’arrêta: une voix familière en provenance du rez-de-chaussée.

- Voyez-vous, il existe dans ce pays une notion nommée l’hospitalité, Madame Hadley. Alors, la moindre des choses, lorsque vous voyez une personne avec un bouquet de fleurs et des chocolats, serait de la laisser entrer. J’ajouterais qu’il existe par ailleurs une deuxième notion, tout aussi intéressante, nommée le savoir-vivre…

Luke jaillit de son lit comme un ressort. Il dégringola les marches quatre à quatre. Utiliser son Don pour voler aurait été bien plus pratique, mais en présence de sa famille, il préférait éviter. Leur vie était déjà assez bizarre comme ça.

Silyen se tenait bel et bien sur le pas de la porte, disparaissant quasiment derrière un énorme bouquet de fleurs et un sac en papier estampillé Villars. Il avait même fait un effort vestimentaire: à la place de son habituelle tenue d’équitation dépenaillée, il portait un complet gris assorti d’un gilet, impeccablement repassé, et avait tenté de coiffer ses cheveux, qui semblaient légèrement moins rebelles que d’habitude. C’était si incongru que Luke hésita entre éclater de rire, s’évanouir ou mourir de honte. L’Egal l’aperçut et lui lança un clin d’œil complice, comme s’il s’amusait énormément de la situation. Luke devint rouge tomate.

- Jeune homme, disait sa mère, je ne suis plus votre esclave - d’ailleurs, aucun de nous ne l’est plus – et mon fils est malade. Il ne reçoit pas de visite.

Luke n’avait connu cette autorité dans la voix de sa mère qu’à quelques rares reprises.

Lorsqu’il avait volé le journal intime d’Abi et avait refusé de le rendre, par exemple.

-     Maman, c’est bon. Il peut entrer, intervint-il.

Jacqueline Hadley sursauta violemment. Apparemment, elle ne l’avait pas entendu arriver, mais c’était sans compter Sil.

-     Madame Hadley, vous vous cantonnez à me classer dans le clan Jardine. Mais Luke vous a-t-il au moins dit qui j’étais? Par rapport à lui?

Aïe. La chape de désespoir qui pesait sur Luke depuis qu’il avait appris, pour Daisy, s’envola d’un coup, chassé par l’adrénaline. Mais sa mère répliquait déjà:

-     Oh que oui, il me l’a dit! Et je n’approuve absolument pas! Après tout ce que votre... votre… (Elle luttait manifestement pour ne pas utiliser de terme grossier) famille nous a fait! Savoir que mon fils….

Elle s’interrompit, cligna plusieurs fois des yeux. Puis un sourire apparut lentement sur son visage.

-     Enfin, si vous voulez vous donner la peine d’entrer…

Qu’est-ce qui se passait? Luke baissa les yeux sur ses mains et s’aperçut qu’elles ruisselaient de Don… il avait involontairement utilisé son pouvoir pour calmer sa mère. Sil fit un nouveau clin d’œil, comme s’il était fier de lui, puis entra d’un pas conquérant. Luke dissipa aussitôt l’effet de son Don. Sa mère eut à nouveau l’air confuse, comme si elle se demandait ce qui venait de se produire.

-     Tout va bien maman. Ça me fera du bien de le voir, je t’assure, lança-t-il en saisissant Sil par le bras pour le propulser dans l’escalier.

-     Oh, et je resterai volontiers pour le dîner, fit l’Egal d’un ton réjoui.

-     … Enfin, si ça ne t’embête pas, rajouta Luke, prit au piège.

Sa mère devait encore nager en pleine confusion, parce qu’elle hocha la tête d’un air incertain, s’empara comme d’un automate des fleurs et des chocolats, puis les regarda monter l’escalier.

Une fois dans sa chambre, Luke mit les mains sur les hanches, furieux:

-     Je peux savoir à quoi tu joues?

-     Je voulais te sortir de ta phase d’auto-apitoiement, et on dirait que c’est plutôt réussi.

Luke leva les yeux au ciel, se retenant de secouer Sil comme un prunier. Puis il se souvint qu’il avait perdu Daisy. Comment avait-il pu l’oublier ne serait-ce qu’une seconde? Ses yeux s’embuèrent et il se détourna.

-     Laisse-moi tranquille, grommela-t-il.

-     Quel dommage, dire que ta mère m’a si gentiment invité à entrer…

-     Sil! Tu aurais au moins pu me prévenir! Je t’ai dit que ma mère pouvait te chasser à coups de fourche !

L’Egal fit mine de chercher quelque chose, touchant négligemment les figurines d’Assassin’s Creed que Luke avait posées partout où c’était possible, promenant un regard intéressé sur les posters, puis sur une carte postale des Cyclades.

-     Une fourche? Où ça? Je ne vois rien.

-     Bon sang, Sil.

Luke voulait pleurer Daisy en paix. Il ne voyait pas comment le faire comprendre à l’Egal. Il décida donc de s’enfouir à nouveau sous les couvertures en créant un bouclier autour de lui. Mais il aurait dû l’insonoriser parce que la voix aristocratique de Sil s’infiltra dans ses oreilles. Il grommela, puis, pour la deuxième fois de la journée, se redressa comme un ressort.

-     Qu’est-ce que tu as dit? balbutia-t-il.

-     Daisy. Je peux t’amener à elle si tu le souhaites.

  Luke prit son temps pour digérer ses paroles. Il n’osait pas y croire. Selon ce qu’avait raconté l’Egal, sa sœur avait franchi le portail donnant sur le monde du Don. Y avait-il un petit espoir qu’il ne s’agisse pas d’un voyage sans retour?

Il agrippa Sil par les pans de son gilet.

-     Allons-y! Tout de suite!

Puis un doute lui traversa l’esprit:

-      Est-ce que ça veut dire qu’on doit aussi aller dans le monde du Don?

Le regard de Silyen perdit son éclat amusé.

-     Non. Mais tu pourras lui parler. Tu verras… fit-il doucement en créant un portail.

Ils atterrirent dans la caverne engloutie, là où Daisy avait passé ses derniers instants, Luke le savait désormais. Il repensa au moment où elle lui avait parlé d’une menace imminente, à Far Carr, et le regret de ne pas l’avoir écoutée lui tordit le cœur. Il aurait dû la prendre au sérieux, au lieu de penser à ses propres inquiétudes et de laisser Nikkin lui faire tourner la tête. Oh Nikkin. Il ne l’avait pas revu depuis qu’il vivait cloîtré dans sa chambre. Sa mère l’avait informé qu’un garçon vêtu de noir avait demandé de ses nouvelles, un jour, et Luke ne savait pas s’il était soulagé ou déçu qu’elle ne l’ait pas laissé entrer. Il devrait s’expliquer avec lui aussi.

En attendant, il fit ce que Sil lui demandait: il posa la main à côté du portail, tressaillit en remarquant à quel point la pierre était chaude, et attendit un long moment. Puis enfin, une douce présence l’enveloppa.

Luke n’avait jamais pensé à la meilleure manière de définir sa petite sœur. Peut-être en évoquant sa gaieté? Son optimisme? Sa patience? Son dévouement? Il eut l’impression de ressentir tout cela à la fois, mais une fausse note cassait ces accords. La culpabilité de les avoir abandonnés, lui, Abi et maman, la certitude d’être partie trop tôt. Le cœur de Luke se brisa.

-     Daisy, chuchota-t-il.

La voix de sa petite soeur résonna comme un carillon dans sa tête, aussi claire que dans ses souvenirs.

« Luke! »

Un énorme, incroyable soulagement desserra les nœuds invisibles qui ligotaient son corps. Il voulut aussitôt savoir comment la tirer de là, parce que si elle était entrée dans le monde du Don et qu’elle était encore vivante, il devait y avoir un moyen. Mais les rayons chauds qui l’entouraient furent remplacés par une onde de résignation.

« C’est impossible. J’ai déjà essayé. Tous ceux qui sont là, avec moi, ont tenté plein de trucs depuis des millénaires. Mais tu sais, ce n’est pas si terrible. J’ai… »

Tous ceux qui sont là avec moi? Luke classa cette information dans un coin de sa tête en se promettant d’y revenir, puis répéta:

« J’ai? »

Les rayons se réchauffèrent à nouveau, comme le soleil sortant d’un nuage.

« C’est comme si j’avais trouvé ma place. J’ai cherché cet endroit toute ma vie, sans m’en rendre compte. »

Bêtises, songea Luke, qui aurait voulu se boucher les oreilles. Daisy ne pouvait pas penser une chose pareille, elle…

« Ce ne sont pas des bêtises! »

Quoi? Daisy pouvait donc lire dans ses pensées? Luke se renfrogna, avant de soupirer et de rassembler son courage. Il devait lui poser la question.

« Pourquoi tu as fait ça? Tu ne savais pas ce qui se passerait?» demanda-t-il avec l’impression d’être au bord d’un précipice.

Une vaguelette rida la surface lisse qui l’enveloppait, comme si le petit front de Daisy s’était plissé.

« Je savais. »

Luke eut l’impression de basculer dans le gouffre. Non, non, non! Si elle savait, alors pourquoi…? Pourquoi…?

  « Je n’avais pas le choix. Tu aurais fait la même chose, à ma place. J’ai compris que la brèche était un portail à l’instant où je me suis connectée à Silyen, et je savais que si ces choses… ces monstres de l’autre monde le passaient, tout serait fini… Tu n’étais pas assez fort pour les repousser. »

Un silence puis Daisy répéta:

   « Je n’avais pas le choix.»

Des larmes roulèrent sur les joues de Luke, alors qu’il croyait en avoir déjà versé pour les dix prochaines années. Elles se mêlèrent silencieusement à l’eau salée. Depuis quand Daisy parlait-elle avec une telle maturité? Il savait qu’elle voulait qu’il lui pardonne, mais que ce n’était pas à lui de le faire, au contraire.

« Alors on va se pardonner mutuellement ».

Il se prit le visage dans ses mains, avec l’horrible sensation de revivre la scène du monde noir, quand il avait pu parler à son père, juste avant que celui-ci continue sur le chemin de la mort. Une peine immense enflait dans sa poitrine, si grande qu’il n'avait pas la place de la contenir. Il poussa un cri de détresse.

Il ne pouvait pas accepter l’inacceptable.

Alors il resta silencieux, les épaules secouées de sanglots, s’enveloppant dans la présence de Daisy comme s’il pouvait se noyer dedans. Les minutes, puis les heures défilèrent, tandis que Sil, dans un coin de la grotte, s’adonnait à son nouveau passe-temps favori: trouver les limites de son nouveau Don. C’est lorsqu’il fit disparaître l’eau par erreur, faisant brutalement tomber Luke par terre, que le moment se rompit.

   Sans forces, le jeune homme se laissa soulever et ramener à Manchester, où il passa le reste de l’après-midi à sangloter dans les bras de Sil avec la terrible impression que le chagrin ne partirait jamais. C’était comme si le plafond s’était écrasé sur ses épaules et le poussait contre le matelas. Si l’Egal en fut exaspéré, il ne le montra pas et lui caressa longuement les cheveux, sans un mot. Contrairement à ce qui s’était passé pour son père, Stephen Hadley, Luke ne lui en voulait pas: sans son Don, il n’avait pas pu empêcher Daisy d’agir. Tout était sa faute à lui.

Sa mère frappa à la porte au moins trois fois, mais le jeune homme ne répondit rien, se contentant de cacher davantage son visage contre le cou de Sil.

-     Tu n’as pas autre chose à faire, plutôt que d’assister à ma super séance d’auto-apitoiement ? finit-il par demander d’une voix tremblante.

Au lieu de lui sortir une de ses éternelles répliques ironiques, Sil répondit d’un ton curieusement doux.

-     Je reste avec toi, Hadley. Tu as l’air d’en avoir besoin.

Luke ricana amèrement, mais cela régla la question. Il finit par s’assoupir.

Ce furent des crampes dans son ventre criant famine qui le réveillèrent. Le nez dans les boucles de Sil, il inspira son odeur, qui lui évoquait le sable chaud et une bibliothèque ensoleillée, par un bel après-midi d’automne. Puis il se redressa, en se disant vaguement qu’il devait être l’heure de dîner.

-     J’ai pris la liberté d’insonoriser ta chambre, l’informa l’Egal.

Luke se réveilla tout à fait, constant que le chagrin avait légèrement battu en retraite, devenant tout juste supportable.

-     Hein? Quoi? Pourquoi?

-      Ta mère n’arrêtait pas de frapper. Elle a essayé d’entrer, il y a environ deux heures. Quand elle s’est aperçue que la porte était fermée à clé, elle s’est mise à t’appeler avec une certaine insistance.

-      Quoi? répéta Luke. Tu aurais dû me réveiller.

-      Tu verrais ta tête, répliqua Sil d’un air offensé. Tu as besoin d’au moins une semaine entière de sommeil si tu veux cesser de ressembler à un zombie, Hadley. Et tu devrais apprendre le respect à ta mère, j’aurais pu faire bien pire.

-     C’est justement ce qui m’inquiète, murmura Luke, qui tendit soudain l’oreille.

Des sortes de vibrations provenaient de la porte. Tout compte fait, c’était peut-être cela qui l’avait réveillé et pas son ventre. Une seconde plus tard, il collait son oreille contre le battant. Bizarre, il avait l’impression que la porte bougeait, presque comme si… Il tourna la clé. Ouvrit. Et fut percuté par quelque chose de massif. Enfin, ce furent plutôt ses défenses douées qui furent percutées. La chose partit en vol plané et s’écrasa contre la porte de la salle de bains. Un chapelet de jurons s’éleva.

Oh oh.

Luke vit d’abord des cheveux coupés ras, puis des bras couverts de tatouages et enfin un visage massif. C’était le voisin, celui qui vivait pour le fitness, réalisa-t-il, étonné de se souvenir de ce détail. Il avait dû tenter d’enfoncer la porte à la demande de sa mère. Et cet abruti de Sil, adossé au mur d’en face, regardait la scène avec un sourire vaguement amusé. Luke crut qu’il allait se liquéfier sur place. Il fit signe à l’Egal de retourner dans la chambre, mais évidemment, celui-ci ne bougea pas d’un pouce, et son sourire devint carrément narquois.

-     Vous allez bien? Je suis désolé, balbutia Luke en accourant vers le voisin.

L’homme, blanc comme un linge, n’avait pas l’air de comprendre ce qui lui était arrivé. Il se releva maladroitement avant de s’enfuir au rez-de-chaussée, où Luke entendit sa mère se répandre en excuses. Le voisin bafouilla quelques phrases, assura qu’il n’avait pas besoin qu’on le conduise à l’hôpital, refusa le thé puis l’alcool fort qu’elle lui proposa.

Enfin, la porte claqua.

Et Luke se retrouva en face de sa mère. Il regarda ses pieds, honteux, constatant qu’au moins, Sil avait battu en retraite dans la chambre. Il laissa passer l’orage d’un air contrit, exactement comme quand il était petit, promit qu’il répondrait, la prochaine fois qu’elle frapperait.

Puis ils passèrent à table. En regardant l’horloge murale, qui émettait un tic-tac aussi imperturbable que réconfortant, Luke se rendit compte qu’il était 22 heures passées et comprit que sa mère s’était fait un sang d’encre. En attendant, il avait un autre problème à gérer : Silyen, qui se laissa tomber sur une chaise avec un sourire réjoui.

Le repas se déroula moins mal que prévu, même si la présence de l’Egal semblait aussi incongrue qu’une tasse de porcelaine chinoise au milieu d’un service à thé Ikea. Celui-ci joua les parfaits convives, racontant des anecdotes savoureuses sur ses expériences avec le Don, s’intéressant à la vie à Manchester post-guerre et s’amusant sous cape des hypothèses d’Abi sur le revirement ayant mis fin au conflit. Il resta aussi silencieux que Luke lorsqu’il fut question de Daisy et ne s’offusqua pas du silence froid de Jacqueline Hadley, qui ne lui proposa pas de deuxième service. Après cela, Abi et Luke alimentèrent courageusement la conversation jusqu’à ce qu’elle finisse par s’éteindre.

L’espace d’un terrible instant, Luke se demanda si Silyen allait demander à sa mère de rester pour la nuit, mais l’Egal n’en fit rien. Il se contenta de la saluer poliment, de la complimenter pour sa cuisine et de hocher la tête en direction d’Abi. Puis il partit.

Luke resta figé devant la porte de la sortie. Un souvenir lui revenait en mémoire : dans le monde noir - oh, il lui semblait que c’était une autre vie - il s’était imaginé une scène similaire, sauf que ses deux sœurs étaient présentes au repas et que l’humeur était bien plus joyeuse.

-     Luke! Tu m’écoutes?

Ses rêveries éclatèrent comme des bulles de savon. Il se tourna vers sa mère.

-     Je te disais que tu pouvais au moins me prévenir, si tu comptes de nouveau inviter ce… Jardine. Et tu pourrais aussi me demander mon avis. J’aimerais aussi que tu maîtrises tes… tes réflexes. Nous aurons beaucoup de chance si ce pauvre voisin nous adresse encore la parole.

-     Oh.

Luke brûlait d’avouer que Sil s’était invité tout seul, mais ce ne serait pas très fair-play de sa part. Il était en train d’imaginer une excuse lorsqu’il sentit quelque chose lui effleurer le dos. Surpris, il se retourna. Mais il n’y avait rien.

-     Ça va? demanda Abi, la mine lasse.

-     Oui oui.

La sensation se reproduisit soudain. Cette fois, Luke passa la main sur son dos, sans plus de succès. Il sursauta lorsqu’il sentit quelque chose de doux glisser le long de son T-shirt. Puis il comprit : c’était Silyen, invisible. Comme pour le confirmer, des lèvres lui effleurèrent la nuque. Alors il balança un poing en arrière, faisant mine de s’étirer, sauf que l’Egal s’était évidemment mis hors de portée.

-     Je trouve incroyable que tu ne t’inquiètes pas plus pour Daisy et que Silyen n’ait même proposé de nous aider, siffla Abi, en fronçant les sourcils devant ses gesticulations.

Luke botta en touche.

-     Écoute, je suis fatigué et jeeeee…

Il fit un saut de côté en piquant un fard. Les mains de Sil venaient de se poser sur ses fesses, de manière très explicite.

Il planta sa mère et sa sœur médusées, monta les escaliers quatre à quatre. Sans surprise, l’Egal se matérialisa devant lui dès qu’il eut franchi le seuil de sa chambre. Il riait silencieusement, l’air ravi de sa plaisanterie.

-     Haha. Tu te crois drôle? gronda Luke.

-     Irrésistible. Bon, j’ai des choses à faire. Seul. Bonne nuit.

Il déposa un baiser sur les lèvres de Luke, créa un portail, et le planta là.


Note de l'autrice Ah la la, ce chapitre a été un vrai bonheur à relire (et à peaufiner) avant de vous le poster. J'ai tellement adoré l'écrire! Les taquineries Luke/Sil m'avaient manqué, tout comme les répliques de Sil, avec son petit blabla sur l'hospitalité, par exemple. ;) J'ai aussi aimé glissé un peu de douceur bien méritée pour Luke & Sil, après tous ces chapitres de galère (EN-FIN, me direz-vous! ^^) Quant à la fin... Comme d'habitude, c'est cadeauuuu! XD

PS: est-ce que vous avez la ref, pour les fleurs et les chocolats? Luke et Sil en avaient déjà parlé dans un autre chapitre. ;)

Pour vous remercier de votre fidélité (je n'arrive toujours pas à croire au nombre de lectures, un immense MERCI!!!) je vous poste un petite illustration ici https://forum.fanfictions.fr/t/les-puissants-les-puissants-tome-5-transcendance/5434/114

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