Transcendance

Chapitre 35 : SILYEN

3607 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/07/2024 20:22

Luke avait un comportement étrange. Les doigts crispés sur la poignée de la porte, il lançait des petits coups d’œil en arrière, puis fixait Sil, comme s’il hésitait à retourner d’où il venait.

-     Dois-je te souhaiter la bienvenue? risqua l'Egal.

-     Je n’ai pas beaucoup de temps. Je ne devrais même pas être là, lâcha le jeune homme, les dents serrées.

-     Tu as l’air heureux de me revoir…

Luke grogna, puis dans un effort apparemment extrême, referma la porte et la fit disparaître. Il resta immobile dans la pénombre.

-     Je sais que tu m’en veux, lança-t-il. Mais je ne suis pas un bon petit soldat à qui tu peux ordonner de faire tes quatre volontés, Silyen !

-     Je ne vois pas le problème. Sans toi, je serais mort, et tu n’aurais pas voulu ça. J’admets que j’aurais pu te remercier.

Sil reconnaissait que sa phrase était un peu exagérée, mais il savait à quels arguments Luke était sensible. Celui-ci se prit la tête entre les mains:

-     Arrête d’essayer de m’embrouiller. Ce que j’essaie de te dire, c’est que tu ne peux pas m’abandonner pendant deux mois entier, m’appeler, m’obliger à attaquer un tas d’inconnu et me jeter comme une vieille chaussette.

-     Hmm, une vieille chaussette? Intéressante image. Est-ce vraiment ainsi que tu te vois?

-     Arrête de me prendre pour un imbécile, Sil.

-     Un imbécile? Encore mieux. Si je peux te donner un conseil, tu devrais avoir une plus haute estime de toi-même.

Tous les meubles de la chambre de l’Egal explosèrent. Aïe. Il était peut-être allé un peu trop loin.

Luke regardait ses mains imprégnées de Don comme s’il s’agissait de serpents venimeux. Quel dommage… Sil avait longtemps rêvé de ce genre de scène: Luke doté de son propre pouvoir, abandonnant enfin sa faiblesse de roturier. Désormais, il ne savait pas combien de temps il pourrait supporter de voir son propre Don se balader sous son nez. Il était temps d’en finir:

-     Vas-y, dis ce que tu es venu me dire et évite de me frapper juste parce que tu en es maintenant capable. A moins que tu ne veuilles essayer de me rendre mon Don?

-       Tu sais bien que je ferais n’importe quoi pour ça.

-     À condition que je te promette de me battre pour la Grande-Bretagne, je suppose.

Ce n’était qu’une simple boutade, mais Luke se décomposa. Il tira une tête de trois pieds de long, à croire qu’il venait d’apprendre la mort de sa grand-mère… S’il avait encore une grand-mère. Il se mit à faire les cent pas, essuyant ses paumes dégoulinantes de sueur sur son jean.

-     Je n’y arrive pas Sil, dit-il d’une voix blanche. Les Confédérés ont réussi à débarquer. Ils tirent sur des civils qui essaient de fuir! Ils ont détruit des hôpitaux, des immeubles entiers! J’essaie de faire mon possible. J’ai réussi à protéger certaines villes, à repousser des attaques. Mais ce n’est pas suffisant.

Il écarquilla les yeux, comme s’il voyait les scènes qu’il décrivait. Puis il se dirigea droit vers Sil et l’agrippa par la chemise.

-     Il faut que tu m’aides! Toi, tu saurais quoi faire!

L’Egal se dégagea d’un geste sec. Luke avait la fâcheuse tendance à ignorer les évidences, il préférait manifestement qu’on les lui rappelle:

-     Réfléchis. Tu ne devais rien à la Grande-Bretagne. Et pourtant, tu t’es engagé dans cette guerre. La moindre des choses serait d’assumer les conséquences de tes actes, pas de compter sur moi pour le faire. Je te l’ai déjà dit et je te le répète, ce n’est pas mon combat.

-     Mais…

-     Tu préfères peut-être: je te l’avais bien dit?

Luke recula comme s’il avait reçu une gifle.

-     Ok, tu te fiches de la Grande-Bretagne. Mais tu te fiches aussi de me voir mourir? Parce que c’est ce qui risque d’arriver si j’y retourne! Les États-Confédérés finiront par avoir ma peau! Je suis leur cible numéro un! Tu ne sais pas jusqu’où ils seraient capables d’aller !

-     Ne sois pas aussi catégorique. J’ajouterais que j’ai horreur qu’on me fasse dire des choses que je n’ai jamais dites.

Luke s’éloigna à grands pas. Apparemment, il avait atteint la limite de ce qu’il pouvait encaisser. Il s’arrêta, leva brusquement les bras et commença à faire apparaître une nouvelle porte. Elle était assez élégante, en bois clair, munie d’une poignée en fer forgé, évoquant son côté lumineux et bienveillant. En attendant, le jeune homme était plutôt furieux:

-     J’étais sûr que je perdrais mon temps. Je ne sais même pas pourquoi j’ai cru que tu m’aiderais, marmonnait-il.

Sil se sentit curieusement triste. Pourtant, les choses ne pouvaient pas se terminer autrement. Il se savait incapable de pardonner à Luke tant qu’il n’aurait pas récupéré son Don, et sa simple présence le déconcentrait beaucoup trop. Il préférait avancer seul, comme il l’avait toujours fait ; c’était l'unique moyen d’arriver jusqu’au bout de la prophétie.

Mais alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la porte, Luke se retourna une dernière fois.

-     J’ai essayé de détruire je ne sais pas combien de fois la fichue barrière douée de ce monde. Je me suis inquiété à chaque minute, à chaque seconde pour toi.

Et il se tut, la main suspendue dans les airs. Il s’attendait peut-être à ce que Sil lui sorte une réponse mélodramatique telle que: « Moi aussi », mais l’Egal n’allait pas lui accorder ce plaisir, et il n’allait pas non plus lui expliquer pourquoi l’accès entre leurs deux mondes avait été bloqué.

Restait que la façon dont Luke cherchait à lui dire à quel point il tenait encore à lui était touchante, pour qui appréciait ce genre de spectacle dégoulinant de romantisme. Le jeune homme retenta sa chance:

-     Sil, j’ai besoin de toi.

-     Stratégiquement parlant? Moralement? Physiquement, peut-être? A moins que tu ne veuilles faire un nouveau voyage aux Cyclades?

Le torse de Luke se soulevait et s’abaissait exagérément. Rouge vif, le jeune homme s’efforçait de se maîtriser, mais ça ne semblait pas être facile. Il perdit le combat à la minute même où des larmes se mirent à couler sur ses joues.

-     Alors tout ce que tu m’as dit en Grèce n’était qu’un mensonge?

Une brise chaude et une odeur saline envahirent aussitôt les souvenirs de Sil. Il se revit dans une boîte de nuit et au bord de la mer avec Luke. Il s’entendit lui chuchoter à quel point ces moments avaient été agréables. Et aussi à quel point il tenait à lui. S’il s’était volontairement rendu vulnérable lors de cet épisode, il en allait de même pour Luke.

L’Egal aurait pu réduire le jeune homme en miettes d’un mot. Mais le cœur lui manqua. À la place, il plongea la main dans le col de sa chemise. En sortit son pendentif: le minuscule bateau en coquillage et bois flotté que Luke lui avait offert là-bas.

-     Ceci devrait te donner la réponse.

Soudain, Sil étouffa. Il réalisa que Luke avait foncé sur lui à une vitesse impossible et l’enserrait dans une étreinte d’ours. A moitié asphyxié, l’Egal se dégagea violemment.

-     Hé! Ça ne veut pas dire que tu as le droit de me toucher, Hadley!

Mais une dangereuse lueur brillait dans les yeux de Luke. Un éclat que Sil n’y avait encore jamais vu. Le jeune homme avança, le bout des doigts crépitant de Don, forçant l’Egal à reculer jusqu’au mur où la cascade coulait.

Sans un mot, il lui saisit les poignets et les plaqua des deux côtés de sa tête, contre la roche.

-     Lâche-moi! protesta l’Egal, à moitié trempé, sentant que l’eau tiède commençait à couler le long de son dos.

Mais Luke se haussa sur la pointe des pieds pour que son visage soit à la hauteur de celui de Sil.

-     J’en ai marre qu’on me donne des ordres. Au cas où tu l’aurais oublié, je ne suis plus ton esclave, OK?

Oh. L’effet de la guerre, sans doute. Luke avait-il fini par perdre ses tendances désespérément chevaleresques?

-        C’est bien, tu apprends, commenta l’Egal en cessant de se débattre.

   L’ombre d’un sourire étira les coins de la bouche de Luke. Puis le jeune homme se pencha et Sil se rendit compte qu’il l’embrassait. C’était…. inattendu. C’était totalement importun.

Mais c’était possiblement la meilleure chose au monde.

Il libéra vivement ses poignets. Puis il pivota et plaqua le jeune homme contre la paroi, où sa chemise commença à son tour à s’imbiber d’eau. Quelque chose enflait en lui, une sensation brûlante, impétueuse, incontrôlable. Son impatience était manifestement partagée par Luke, qui le tenait si serré contre lui qu’il lui faisait presque mal. Ça n’avait rien à voir avec le moment où Awen l’avait embrassé. La peur n’était plus là, chassée par l’art des Féins - il ne restait plus que ce pétillement brûlant.

Puis soudain, Luke s’arracha à lui, haletant.

-     Excuse-moi, articula-t-il en soufflant comme une locomotive.

Quoi? Était-il sérieux?

Sil le scruta avec attention.

Le jeune homme affichait une expression coupable des plus étranges, mais l’effet était torpillé par son T-shirt blanc, que l’eau avait rendu transparent. Oubliant ses résolutions, l’Egal décida qu’il ne comptait pas le laisser s’arrêter en si bon chemin. Il le saisit par les hanches et le plaqua derechef contre lui.

Mais une affreuse sensation paralysa tous ses membres. Le Don s’infiltrait en lui, l’obligeant à rester immobile. Comment Luke osait-il? Ce dernier dut s’apercevoir qu’il était allé trop loin, car il le relâcha aussitôt.

-     La dernière fois que j’ai… qu’on a… aux Cyclades…

Ah. Le mystère s’éclaircissait. Silyen se souvenait très bien du moment où le jeune homme avait bondi sur lui, dans le salon. Tout avait commencé très agréablement, jusqu’à ce que les intolérables souvenirs du cachot de Bouda ne jouent les trouble-fêtes.

Pour la première fois, il laissa un sourire sincère s’épanouir sur son visage.

-     Je pensais que tu me connaissais mieux. Tu croyais sérieusement que je n’allais pas trouver la solution à ce petit problème?

Il mordilla la lèvre de Luke. Mais le jeune homme se déroba à nouveau:

-     Je dois y retourner, souffla-t-il, semblant s’arracher les mots de la bouche.

-     Pas avant d’avoir pris un bain. Tu sens encore plus mauvais que Chien, qui était pourtant assez brillant en la matière, répondit Sil, en le tirant par la main.

Avec sa force d’Egal, Luke aurait pu facilement se dégager. Cependant, malgré un regard déchiré, il se laissa conduire jusqu’au bassin dans la pièce du fond. Sil le projeta dans l’eau chaude, puis alluma d’un claquement de doigts les globes lumineux de ses appartements. Trempés, les cheveux de Luke renvoyèrent des reflets métalliques, tandis qu’une lueur bleue apparaissait sur sa peau, si fugitivement qu’on aurait dit une illusion.

Clignant des yeux, l’Egal jeta un savon, qui rebondit sur l’épaule de Luke.

-     Mais s’il y a une alerte…, protesta le jeune homme.

-     Tes liens avec ta famille t’avertiront.

-     Comment est-ce que tu sais que j’ai créé ça?

-     Je commence à bien te connaître, Hadley. Sans compter que tu es aussi lisible qu’un livre ouvert.

Le moment qui suivi fut agréable. Très agréable. Un peu comme lorsqu’ils avaient nagé dans la piscine souterraine de Far Carr. Sil se dévêtit puis rejoignit Luke dans l’eau chaude, appréciant de sentir ses muscles se détendre. Le froid qui lui avait percé la peau, dans la cité des Féins, n’était plus qu’un souvenir.

Adossé contre le rebord, le savon dans la main, il regarda avec amusement Luke enlever tant bien que mal ses vêtements trempés. Lorsque le jeune homme eut entassé pantalon, T- shirt, chaussures et chaussettes au bord du bassin, gardant évidemment son boxer sur lui, il entreprit de se savonner avec énergie. Était-ce un effet de l’imagination de Sil, ou les plis amers qu’il avait au coin de la bouche s’étaient-ils estompés? Quoiqu’il ait dit tout à l’heure, il savait que le jeune homme avait dû traverser des épreuves; le voir en un seul morceau et sain d’esprit était un réel soulagement… d’autant plus qu’il rougissait toujours aussi facilement !

S’emparant d’un avant-bras luisant d’humidité, Sil y fit délicatement glisser le savon. Une mousse nacrée recouvrit des cicatrices que l’Egal ne se souvenait pas avoir vues. Il les suivit du bout des doigts, sans poser la question qui lui brûlait les lèvres – à savoir, pourquoi ne pas avoir laissé le Don les faire disparaître? Luke avait besoin de souffler, pas de raviver d’anciennes blessures. L’Egal entreprit de savonner l’autre bras, le haut du torse, le cou. Puis le visage. Le front, le nez droit, les pommettes, les lèvres gercées. Il remonta un peu son doigt sur la lèvre inférieure, le passa sur l’intérieur, ourlé et humide, où il traça un petit cercle, frottant au passage la barrière d’émail. L’eau sembla devenir bouillante et Luke, qui avait fermé les yeux, inspira brusquement.

Puis la rancœur revint.

-     Comment vont ma mère et Gavar? interrogea l’Egal d’un ton plus brusque qu’il ne l’aurait voulu.

-     Ah tiens, tu te soucies d’eux? fit Luke, en reculant brusquement.

Décidément, ce Luke-ci n’avait plus grand-chose à voir avec le précédent, qui n’aurait plus été en état de réfléchir à ce stade. Mais Sil ne releva pas, il attendit la réponse.

-     J’ai mis des protections autour de ta mère, lâcha Luke, du savon plein les yeux. Elle va bien. Gavar défend les côtes contre la flotte confédérée avec une partie de l’armée.

Voilà qui était étonnant, Silyen n’aurait pas pensé que son frère ait le cran ou la motivation de participer à une quelconque opération militaire. Il avait supposé qu’il se contenterait d’entraîner ceux à qui il avait transmis une partie de son Don, mais là n’était pas le problème.

-     Ce n’est pas suffisant, asséna-t-il. Ma mère n’a plus le Don, tu dois la mettre en sécurité à l’étranger. Demande à Gavar, il sait quelle partie de la famille nous est encore fidèle. Et dis-lui de s’enlever ses idées héroïques de la tête et de se mettre à l’abri lui aussi.

Il songea à faire cela lui-même, maintenant que la Grande-Bretagne lui était à nouveau accessible, mais y renonça. La dernière chose qu’il souhaitait, c’était que mère et Gavar fassent une crise cardiaque en apprenant qu’il était toujours en vie.

Constatant que la bouffée de rancœur avait disparu, il revint vers Luke et prit de l’eau en coupe pour enlever l’écume sur son visage. Puis il l’attira contre lui et posa ses lèvres sur les siennes. Il aurait eu encore mille questions à lui poser, mais pour une fois, son corps l’emportait sur sa raison. Le baiser se prolongea, remplir de douceur et de promesses.

Il laissa ensuite un Luke brûlant le savonner à son tour. Croiser son regard doré restait difficile, mais il se força à ravaler sa colère, se concentrant sur le contact des doigts calleux contre sa peau, respirant son odeur d’herbe gorgée de soleil.

-     Et toi, est-ce que tu as trouvé un moyen de récupérer ton Don?

-     J’y travaille.

Sil se hissa hors de l’eau et s’enveloppa dans un linge, puis il en lança un autre à Luke, qui l’attrapa au vol. Il ne perdit pas une miette du moment où le jeune homme sortit de l’eau. Toujours cramoisi, ce dernier s’essuya puis commença à s’habiller lentement, les yeux baissés.

-     Alors ça y est, tu t’en vas? questionna Sil, qui était allé se lover sur son lit comme un chat.

Sans sa vue de Doué, à une telle distance, il n’arrivait pas à observer l’expression de Luke en détail, mais il voyait son torse se soulever à toute allure. Puis le jeune homme fit quelque chose d’inattendu: il se rendit invisible. La porte s’ouvrit. Se referma.

Bon, il l’avait peut-être un peu mérité, songea Sil, et c’était mieux comme ça. Finies les émotions parasites, les distractions. Il roula sur le côté, s’entortillant dans son propre linge et se remit à penser à la prophétie. Mais le souvenir des lèvres de Luke, de son corps contre le sien l’empêchèrent de se concentrer, d’autant plus qu’il commençait à haleter. Il se racla la gorge, se redressa et analysa le reste de ses sensations. Pulsation cardiaque extrêmement rapide, afflux sanguin dans le visage, chaleur dans le bas-ventre, sudation, voire tremblements. Qu’avait dit Awen, déjà? « Tu présentes tous les signes ».

 


Note de l'autrice Youpi, heureusement que la panne sur le site est un souvenir, parce que j'avais TELLEMENT HÂTE de publier ce chapitre-ci, qui est peut-être mon préféré, ou du moins, l'un de ceux dont je suis le plus fière. N'oublions pas que l'objectif est toujours de coller le plus possible au style de Vic James et des Puissants, avec mes humble capacités. J'ai tellement ri quand j'ai imaginé les phrases (entre autres):


Restait que la façon dont Luke cherchait à lui dire à quel point il tenait encore à lui était touchante, pour qui appréciait ce genre de spectacle dégoulinant de romantisme. Le jeune homme retenta sa chance:

-     Sil, j’ai besoin de toi.

-     Stratégiquement parlant? Moralement? Physiquement, peut-être? A moins que tu ne veuilles faire un nouveau voyage aux Cyclades?


Bref... j'aime, que dis-je? J'adoOore les répliques de Sil! Et je trouve Luke bien brave et patient (on se ressemble sur ce point là, lui et moi, mais j'avoue que j'aurais quand même craqué et aurais franchi le seuil de cette satanée porte, parce que bon, il y a des limites, quoi!^^)

PS: Pfou, cette publication était chronométrée: j'ai profité d'une fenêtre en la fin du job et le début du cinéma Open Air.

PPS: Merci de me lire! Vous êtes des gens géniaux! ça m'encourage toujours énormément, et... vivement le chapitre suivant. :D


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