Entre les mondes

Chapitre 44 : ABI

564 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/01/2022 21:12

Quand Jenner l’avait retrouvée à Highwithel, il y avait une éternité de ça, Abi se souvenait que sa mâchoire avait failli se décrocher. Puis elle avait été envahie par une vague de chaleur. Là, c’était un peu la même sensation.

  Le jeune homme avait des cheveux noirs – alors qu’ils auraient dû être blond sable, selon les dernières photos qu’Abi avait vues dans les journaux. Ses yeux bleu étaient si magnétiques que la jeune fille eut de la peine à s’empêcher de les fixer. Il dégageait la même vulnérabilité et la même douceur que Jenner, avant qu’il ne bascule du côté des Jardine. Là s’arrêtait la comparaison: il n’avait ni le teint ivoire, ni les cheveux roux, ni la frustration qui avait habité son ancien petit-ami. Les yeux d’Abi se posèrent sur son T-shirt blanc et son jean, qui semblaient avoir traversé un ouragan.

  Elle s’aperçut alors qu’elle était restée bouche bée. Elle rougit et força ses lèvres à dessiner un sourire.

  - Chris Graillingstream. Si je m’attendais à ça…

  - Est-ce qu’on peut entrer? demanda Enya, qui se tenait juste derrière.

  Abi ouvrit davantage la porte et s’effaça pour laisser ses visiteurs passer. Elle avait juste reçu un bref appel d’Enya lui demandant de la rejoindre immédiatement à son appartement.

    Cent milles idées s’entrechoquaient dans sa tête. Elle essayait de comprendre pourquoi le fils cadet des Graillingstream se trouvait là, chez elle, avec une fille qui était censée avoir pris l’avion jusqu’en Chine pour retrouver Luke. Seigneur, Luke… Comment avait-elle pu oublier son inquiétude pour son frère ne serait-ce qu’une seconde? Abi se força néanmoins à revenir au moment présent. Elle sonda son visiteur du regard en l’invitant à s’assoir. Il semblait aux abois: ses poings étaient si serrés que les phalanges étaient blanches. Soit il était poursuivi, soit il était recherché.

  - Tu peux être tranquille, nous n’avons pas été suivis, fit Enya en se laissant tomber sur le même canapé, comme si elle avait lu dans ses pensées.

  Un peu plus tard, une tasse de thé fumante dans la main, Chris Graillingstream racontait son histoire. Il avait fui les Etats-Confédérés avec trois amis parce qu’il ne supportait plus d’être la cause potentielle d’une guerre. Il avait essayé de dire à son père que les Britanniques n’étaient pour rien dans la disparition du Don, que la cause semblait être accidentelle. Mais le président n’avait rien voulu entendre.

– Et vos amis? s’inquiéta Abi.

– Ils ont été blessés pendant le voyage. Un de nos alliés nous a trahis. L’un d’eux a été gravement blessé, j’ai préféré leur dire de me laisser continuer seul. (Il la fixa alors droit dans les yeux) S’il-vous-plaît, il faut que je voie quelqu’un du gouvernement de transition. J’ai une idée pour désamorcer la tension entre nos deux pays.

  Le jeune homme ne semblait pas vouloir en dire plus.

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