Entre les mondes

Chapitre 42 : SILYEN

3574 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/01/2022 16:41

Bonjour à toutes et à tous! =) Déjà, je voulais vous remercier de prendre le temps de lire mon humble fic, d'autant plus que Les Puissants est un fandom peu connu. J'espère que l'histoire vous plaît.

Il semble que comme le chapitre précédent a un rating MA, aucune notification n’a été envoyée. C’est aussi le cas du chapitre 39. Du coup, n’hésitez pas à parcourir ces deux chapitres avant de vous attaquer à celui-là ;)



Et comme le chapitre 41 est un peu hard, je propose à celles et ceux qui veulent le sauter un résumé ci-contre:










Capturé par Bouda et ses alliés, Luke est interrogé par Astrid Alfdan. Il répète que Silyen est mort, en sachant que la Réserve lui interdirait de toute façon de dire la vérité. Il finit la séance plus mort que vif et lorsqu’il est dans sa cellule, il s’aperçoit que son lien a été entravé.






Chapitre 42


SILYEN


– Quelqu’un veut bien m’expliquer? fit Silyen en tapant du pied.

  Avec Will, Sélénia et les deux Féins et beaucoup d’insistance, ils venaient tous ensemble de franchir la porte qu’il avait créé. Devant lui, une falaise donnait sur des centaines et des centaines de mètres de vide. Un paysage aride et plat se découpait en contrebas. Il ne manquait que la montagne. Les fameux Mont Cithrils, alors qu’ils étaient censés se trouver là.

    Sélénia sembla réfléchir frénétiquement.

  Soudain, un vent surgit de nulle part. Il s’élança à leur rencontre, si puissant qu’il faillit les faire basculer dans le vide. Faillit seulement, car Silyen avait déjà levé les mains. Il repoussa sans peine les bourrasques avec son Don. C’est alors qu’il hoqueta. Il leva les yeux avec un air extatique, basculant dans l’univers clair-obscur du Don.

  ll tendit les bras devant lui, plongeant la main dans les fils qui composaient une formidable muraille de Don. Il en prit en poignée, commença à les démêler jusqu’à créer une ouverture suffisante pour s’y faufiler. Il glissa une jambe à travers et s’aperçut que son corps commençait à rayonner, vibrant au rythme du pouvoir qui pulsait dans ses veines, comme un deuxième coeur.

  Derrière lui, les pieds dans le sable, Will et Sélénia le regardaient d’un air choqué. Les Féins étaient tombés à genoux, marmonnant dans une langue incompréhensible. Ils devaient avoir l’impression que sa jambe avait disparu. L’Egal inspira, passa son deuxième pied à travers l’ouverture. Ses bottes heurtèrent des petits cailloux, tandis qu’une légère brise lui envoyait des mèches devant les yeux. Il respira l’air frais avec délice, ravi de quitter la chaleur étouffante du désert.

   Puis il se rendit compte de ce qu’il avait devant les yeux.

   Cela ressemblait à de gigantesques rochers suspendus dans les airs, d’où de vertigineuses cascades tombaient directement dans le vide. Il y en avait tant qu’ils semblaient occuper tout le ciel. Des ponts allant de la petite passerelle en bois au gigantesque pont en pierre les reliaient entre eux. Silyen utilisa sa vision douée et aperçut des gens, partout, sortant des maisons bâties sur certaines des plate-forme, traversant les passerelles…

    Une gigantesque forme dorée attira son attention. Il cligna des yeux et reconnut une gigantesque cloche en or, haute comme trois homme, flottant dans les airs. Elle semblait enveloppée de Don mais ne bougeait pas. C’était… inattendu. Intriguant.

  Puis un mouvement lui fit faire volte-face.

  Sélénia Kementari se tenait derrière lui, la tête dans l’ouverture. Elle voulut reculer mais il la tira en avant. Elle poussa un cri d’effroi lorsqu’elle s’aperçut qu’ils se tenaient sur un minuscule bout de falaise. Puis elle leva les yeux, incrédule, luttant visiblement pour ne pas s’évanouir.

  Soudain, des points noirs se détachèrent d’une des plates-formes et semblèrent tomber dans leur direction. Ou plutôt voler, corrigea Silyen en regardant plus attentivement les silhouettes.

– Ah, le service de sécurité, commenta-t-il.

  Trois hommes et une femme portant des cuirasses argentées, une lance au poing, les entourèrent. Sur leur casque, Sil discerna deux mains entourant une étoile.           

  Sélénia tomba aussitôt à genoux.

  Tout se déroula ensuite très vite.

 Les inconnus enveloppèrent Sélénia dans une bulle de Don opaque qui s’éleva dans les airs. Elle se mit à crier et à tambouriner, sans succès. Lorsqu’ils voulurent faire de même avec lui, Silyen créa un bouclier doué, ce qui déclencha les exclamations incrédules des gardes.

– Venez avec nous. Nous ne vous ferons aucun mal, lui dit l’un des hommes.

   Silyen s’aperçut avec stupéfaction qu’il le comprenait. Il n’aurait jamais pensé que ses nouveaux pouvoirs iraient jusque-là. Mais il préférait ne se fier qu’à lui-même.

  Il inspira profondément et appela doucement son Don à lui. La manoeuvre qu’il avait en tête était délicate. Elle réclamait une bonne dose de concentration et une grande précision. Il laissa son pouvoir rayonner hors de lui, invisible, le sentit croître jusqu’à atteindre les gardes, qui se figèrent, puis les premières îles. Mais ce n’était pas suffisant. L’Egal envoya sa conscience douée plus loin dans l’air, où elle se diffusa comme une brise impalpable.

   La première fois qu’il avait fait appel à cette nouvelle facette du Don, chez le Roi Merveilleux, elle s’était révélée d’une telle docilité qu’il n’avait pas vraiment eu d’effort à fournir. Mais le cheval bien dressé se muait en bête sauvage et furieuse, étant donné que son idée était cette fois bien plus ambitieuse. La cité suspendue - car c’était bien une cité - commença à l’attirer comme s’il n’était qu’un fétu de paille emporté par les bourrasque. Il résista. Canalisa son Don, qui rampa de rocher en rocher, toujours plus haut.

    Silyen sentait toujours les cailloux sous ses pieds, mais il n’avait plus l’impression d’être dans son corps. La mélodie du Don devint assourdissante, vindicative. Il inspira puis s’abandonna au rythme qui pulsait dans ses veines, affamé, inexorable, irrésistible. Il flottait dans l’air et l’air flottait en lui. Il était chacun des brins d’herbe de la cité, chacun des habitants, chacune des bâtisses, chacun des ponts. Et tellement plus encore. Il ressentit jusqu’au plus petit mouvement d’insecte.

    Alors, il expira. Se força à sentir les cailloux sous ses bottes. Puis il envoya une deuxième vague de Don chargée cette fois de sa volonté. Il vit des minuscule fragments de pure lumière jaillir de lui, envahir toute la cité. C’était magnifique. Et d’une telle violence. Silyen devait maintenir un degré de concentration si élevé que tout son corps tremblait. Cela allait bien plus loin que tout ce qu’il avait expérimenté jusque-là, même lors de ses explorations du Don à Far Carr. A nouveau, il eut l’impression de flotter hors de son corps. Il s’abandonna à nouveau, vola avec le Don. Tout était devenu si grand. Si petit. Il faillit se perdre dans le maelström de pouvoir mais à la dernière seconde, se força à se souvenir de ce qu’il faisait. Oui. C’était ça. Arrêter le temps.

   Il ouvrit les yeux. Il ne se souvenait plus de les avoir fermés. Et de l’adrénaline déferla en lui, en même temps qu’une immense fatigue. Ses jambes faillirent se dérober, mais ce n’était pas le moment. Il n’avait pas encore fini. Il regarda Sélénia, les gardes. Tous semblaient avoir été transformés en statue. L’immense cité flottante était désormais suspendue dans le temps. Plus rien ne bougeait. Même le vent semblait retenir son souffle. Sil faillit se laisser emporter par l’émerveillement qui gonflait son coeur, puis se força à se reconcentrer. Ses jambes tremblèrent encore plus fort, et, dans un dernier effort, il appela une nouvelle vague de Don à lui et l’envoya par-dessus les deux précédentes.

   Au bout d’un temps indéfini, alors qu’il luttait pour maintenir la suspension temporelle, il eut enfin la réponse qu’il attendait. Aucune menace manifeste. La cloche restait néanmoins étrange, et il y avait autre chose… une anomalie sur l’île la plus haute. Le coeur de Sil rata un battement. Là-haut, se trouvait… se trouvait… il n’osait y croire. Il sentait une quantité de Don si gigantesque qu’il voulut immédiatement s’y rendre. Mais il n’en avait plus la force. Son pouvoir commençait à s’étioler dans les airs. Une des cascades, avec un craquement sonore, sortit de son hibernation et recommença à couler dans le vide. Sil se résigna à rappeler son Don à lui.

     Les gardes s’ébrouèrent, clignèrent des yeux, puis le regardèrent, comme s’ils ne s’était rien passé. Ils attendaient manifestement la réponse à la question qu’il leur avait posée.

– Je vous suis.

   L’Egal dissipa le bouclier qu’il avait remis en place. L’un des gardes sortit un morceau de tissu de sa poche et demanda à Sil de le mettre sur ses yeux.

– J’adore votre sens de l’humour, mais je tiens à contempler votre merveilleuse cité. Je répète que je vous suis.

    Les gardes se mirent aussitôt en position d’attaque. Sil répliqua en laissant le Don cracher et crépiter autour de ses mains, menaçant.

– C’est bon, fit le premier garde, avec une étrange intonation dans la voix. Allons-y.

  Sil s’en pensait encore incapable, mais il réussit à ramener assez de Don pour décoller. Les gardes poussèrent de nouvelles exclamations de surprise. Ils refusèrent néanmoins de répondre à toutes ses questions, et il en fut réduit à les suivre jusqu’aux îles suspendues. Sa conscience avait déjà tout exploré, mais voir cette cité en direct constituait un spectacle étourdissant. Il y avait de magnifiques bâtiments de marbre blancs et quelques constructions en bois ressemblant à des étables ou des bergeries. Plus les rochers se trouvaient hauts dans le ciel, plus les demeures étaient grandes et resplendissantes. D’autres îles abritaient des champs, de gigantesques forêts, des prés où Silyen jura voir des vaches. Il aperçut aussi des gens, qui levaient des yeux incrédules eux. Puis la bulle de Sélénia flotta au-dessus d’une île suspendue entièrement occupée par un lac - un lac!-, où elle plongea sans transition.

   - Elle ne risque rien, lança un des gardes, desserrant les lèvres pour la première fois depuis leur décollage.

   Il y eut un silence.

    Silyen le laissa s’étirer jusqu’à le malaise devienne palpable:

– Vous voulez que j’aille là-dedans en attendant que vos autorités aient décidé de la conduite à tenir, n’est-ce pas? C’est une sorte de prison?

– Disons plutôt un lieu où vous pouvez attendre sans danger, rectifia le garde.

   Silyen laissa échapper un petit rire. Il aurait sans peine pu se débarrasser de ses soldats, mais il préférait employer la force en dernier recours. Il était bien plus amusant de voir où ce petit jeu le mènerait.

– Vous n’avez pas besoin d’en arriver à de telles extrémités avec moi, assura-t-il en levant négligemment les mains. Je vous attendrai tranquillement ici.

– Je me dois d’insister, protesta le garde.

    Le Don afflua à nouveau au bout des doigts de Silyen. Le soldat se tut aussitôt. Il donna quelques ordres, puis repartit dans les airs, après un dernier regard méfiant.



Silyen profita de la pause pour s’assoir au bord du lac et récupérer des forces. Il n’arrivait plus à masquer son épuisement, alors il pencha la tête en avant, faisant mine d’inspecter le sol. Il arracha un brin d’herbe, l’observa sous toutes ses coutures avant de mordre dedans. Rien de particulier. Ce brin d’herbe ressemblait à n’importe quel brin d’herbe. Puis il observa, curieux, les deux gardes qui ne le lâchaient pas du regard.

– Pourrais-je voir vos pierres? leur demanda-t-il dans leur langue.

    Pas de réponse. Ce qui contraria Sil. En vérité, il mourrait d’envie d’arracher les gemmes incrustée dans leur uniforme pour les analyser. Les pierres semblaient rayonner de l’intérieur, d’une clarté verte et laiteuse. Au soleil, elles devenaient aussi bleues que des scarabées. Silyen devinait qu’il s’agissait de labradorites, des minéraux assez répandus qui devaient leur nom, dans son monde, à la région où elles avaient été découvertes: le Labrador, au Canada. Le miroitement coloré était dû à un phénomène appelé l’adularescence, lié à l’interférence aux interfaces des couches internes. Mais ce qui intriguait Sil, c’était que ces pierres semblaient émettre du Don, contrairement des gardes qui les portaient.

   Il arracha d’autres brins d’herbe, observa le lac. Mais aucun Don ne flottait à sa surface. Il s’attaqua alors aux cailloux, qu’il jeta dans l’eau dans le seul but d’énerver les gardes. Ceux-ci étaient très amusants. Ils s’efforçaient de le regarder avec hostilité mais n'arrivaient pas à masquer leur peur ainsi qu’un autre sentiment, que Sil n’arrivait pas tout à fait identifier.

    Enfin, leur chef revint sur l’île, accompagné d’une trentaine d’autres soldats. Ceux qui étaient restés avec Sil les regardèrent se poser avec un soulagement manifeste.

– Le Cerclier des Gardiens est prêt à vous accueillir, proclama l’homme.

    Il retendit le bandeau à Sil. L’Egal jaugea la brochette des gardes et jugea qu’un compromis était envisageable. Leur nombre ne l’impressionnait pas plus qu’auparavant, mais il serait toujours temps d’explorer la cité une fois les formalités achevées. Après tout, l’invisibilité était l’une de ses nouvelles facultés.

    Quant il put ôter le morceau de tissu, Sil vit un plafond doré au-dessus de lui. L’air était aussi frais et transparent qu’une première neige d’hiver. Il se trouvait dans une vaste pièce de marbre blanc, sans murs, où l’espace entre de monumentales colonnes s’ouvrait directement sur le ciel. Les lieux bruissaient de chuchotements. Une dizaine de personnes, aux cheveux parfois aussi rouges que ceux de Sélénia, l’encerclaient. Tous portaient les mêmes bottes de cuir souple et la même tenue blanche: une tunique aux deux pans maintenus sur le torse par une ceinture richement brodée, assortis à des protège poignets brodés de fils métalliques. Certains arboraient une cape attachée par une broche ronde magnifiquement ouvragée. Elle représentait deux mains entourant une étoile. Sil vit autant d’hommes que de femmes, mais n’aperçut aucun enfant ou adolescent.

   Puis un mouvement attira son attention. Sélénia avançait vers lui, une lance pointée entre les omoplates. Dans ses yeux, l’incompréhension, la peur et la stupéfaction se livraient un combat acharné. A la vue de l’emblème ornant les capes, elle tomba à genoux.

    Un des hommes se détacha du cercle. Certainement le fameux « Cerclier », songea Sil, estimant que ce terme désignait une sorte de chef. L’inconnu avait la barbe et les cheveux blancs, la peau sillonnée d’innombrables rides. Mais ses yeux bleus étaient aussi perçants que ceux d’un aigle. Ses mains pâles et fines semblaient aussi agiles que des araignées, et un nombre impressionnant de fils métalliques étaient brodés sur toute sa tunique. Puis l’Egal s’absorba dans la contemplation du plafond, décoré de motifs compliqués.

– Relève-toi. Qui es-tu? demanda le vieil homme en s’adressant à Sélénia.

  Celle-ci prit une grande inspiration en se redressant et leva le menton:

– Je suis Sélénia Kementari, 120e du nom, reine légitime de Naïtika.

 L’homme s’avança et posa sa main sur sa joue, tandis qu’elle restait impassible. Puis il saisit une mèche de ses cheveux rouges, la fit rouler entre ses doigts.

– Que viens-tu faire ici?

– Mon… mon pouvoir s’est épuisé. Ma mère m’avait dit de venir ici lorsque cela arriverait.

  Intéressant songea Sil en cessant momentanément de contempler le plafond. Il avait donc vu juste dans la cellule de la cité du désert: la princesse avait effectivement perdu son pouvoir. Selon toute vraisemblance, il allait enfin apprendre comment c’était possible.

    L’homme se tut. Son regard se posa sur les protèges poignets de Sélénia. Il les défit doucement puis les laissa tomber à terre. Il ferma ensuite les yeux et la pierre transparente qu’il portait autour du cou, taillée en forme de goutte, s’illumina. Elle émit un fin rayon doré, qui enveloppa Sélénia. Voilà donc à quoi servaient les pierres, songea Silyen. Elles contenaient effectivement le Don, mais celui-ci n’était apparemment pas inépuisable. Sélénia eut l’obligeance de confirmer cette théorie. Elle poussa soudain une exclamation de douleur lorsque le faisceau se concentra sur son avant bras droit. Une entaille rouge vif apparut. Elle tenta de ramener son bras en arrière mais l’entaille s’approfondit et une gemme allongée jaillit de la blessure. La pierre, tachée de sang, se mit à léviter au-milieu de la salle. Une pierre cachée. Comme c’était astucieux.

– Elle dit vrai, dit le vieil homme d’une voix forte, en refermant le poing sur la pierre. Sois la bienvenue parmi nous, Sélénia Kementari, 120e du nom, princesse de Naïtika et vaisseau du heikan. Il y a longtemps que nous n’avons plus vu une des tiennes. Je suis Nevë, Cerclier de la classe de Gardiens. Je vais restaurer ta gemme, et un Soigneur guérira ta plaie.

  La jeune fille hocha la tête, les jambes flageolantes, la main plaquée sur son avant-bras.

  Puis le vieil homme se tourna vers Silyen.

– Et toi, qui es-tu?

  Le jeune homme eut un vague sourire:

– Un simple compagnon de sa Majesté, venu trouver des questions à ses réponses.

  C’est alors qu’un bruissement commença à enfler parmi les spectateurs. Certains se mirent à pointer le jeune homme du doigt. Nevë fit taire la rumeur d’un geste de la main et se planta devant Silyen, qui resta de marbre.

– Tes yeux sont dorés, constata-t-il. Tu maîtrises l’heikan sinon tu n’aurais jamais pu passer.

– Vous voulez dire le Don? Oui, effectivement. Vous avez d’ailleurs une superbe frontière. C’est du bel ouvrage.

– Mais où est ta pierre? questionna le vieil homme.

  Silyen haussa les sourcils, attendant un explication.

– Ta pierre de pouvoir, celle qui contient l’heikan.

– Je n’en ai pas, répondit tranquillement l’Egal.

  La salle éclata en cris et en exclamations. Même Sélénia sembla accuser le coup. Les mots « prophétie » et « enaël » revenaient souvent. Nevë leva une deuxième fois la main. La salle se tut.

  - Laissez-nous seuls! ordonna-t-il.

  Les gens obéirent en discutant d’un air excité entre eux. Les gardes qui avaient escorté Sélénia lui firent signe de les suivre mais la jeune fille fit un pas vers le Cerclier

– Je vous en prie! Mes amis sont restés de l’autre côté de la frontière. Pouvez-vous les amener?

  Le vieil homme hocha la tête et murmura quelque chose au garde qui se tenait à côté du trône.

 Puis les soldats entraînèrent Sélénia qui, après un dernier regard à Silyen, n’eut d’autre choix que de les suivre.

Laisser un commentaire ?