La Renaissance du Phénix

Chapitre 3

2846 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/05/2022 15:29

-Bon alors, c’est qui cette « Oiseau de Feu » ?

Illyana Rasputin et Roberto Da Costa étaient tous les deux assis dans la chambre de la jeune blonde et discutaient de ce qu'il s'était passé tout à l'heure. En temps normal, les deux mutants se seraient réunis dans celle de Roberto, mais vu que le professeur McCoy avait apostrophé Illyana pour avoir désobéi à ses ordres, le jeune couple avait décidé de ne pas aggraver la situation. Par conséquent, Illyana était restée dans sa chambre, la porte ouverte.

-T’as entendu le professeur, répondit cette dernière en haussant les épaules. Il l’a appelée « Jean ». C’est tout ce que j’sais. Visiblement, tous les X-Men la connaissent.

-Ouais, mais ils n’avaient pas l’air de sauter de joie en la voyant. Et, en même temps, ils ne l’ont ni attaquée ni arrêtée. Tu crois qu’elle fait partie des méchants ? Que c’est une rebelle ?

-On l’est tous, Berto. T’as pas entendu ? lança la blonde.

-J’en sais rien, on aurait presque dit qu’elle avait peur. C’est bizarre, car quelqu’un qui peut voler et se transformer en oiseau de feu comme ça… waouh ! J’me demande bien ce que tu pourrais redouter avec des pouvoirs pareils. Tu crois qu’elle peut faire autre chose ?

-En tout cas, elle reste ici cette nuit. On pourra peut-être lui demander.

-Tout ce bordel au manoir, c’était complètement tordu. T’as vu Xavier ? Je l’avais jamais comme ça. Pareil pour les autres X-Men. Même le docteur MacTaggert avait l’air de se faire dessus.

-Ouais, c’était bizarre, acquiesça Illyana.

-À ton avis, qu’est-ce qu’il s’est passé pour qu’ils réagissent comme ça ?

-Pas la mondre idée. C’est clair qu’il y a eu une embrouille. Mais on le saura peut-être jamais.

Roberto poussa un soupir. Illyana avait certainement raison. Le jeune homme changea de sujet :

-Bon alors, le professeur t’a dit quoi ?

-Oh, comme d’habitude. Sauf qu’il était vraiment dans tous ses états cette fois. En fait, pendant une minute, j’ai cru qu’il allait m’expulser de l’école.

-Il ferait jamais ça.

-Tu crois ? J’en sais trop rien. J’ai vraiment pas envie d'me faire exclure. Mais je commence à me dire que j’ai plus droit à l’erreur. Si seulement j’avais su quoi dire ou faire pour ne pas qu’il ne me déteste pas…

-Il te déteste pas, Illy. C’est juste que tu déconnes pas mal et t’en fais souvent qu’à ta tête. C’est notre directeur, faut qu’il fasse régner l’ordre dans le bâtiment. C’est son job.

Illyana fit la grimace :

-Ouais, mais ça fait chier.

-Alors, tu n’as que te faire chier quelque temps. Tu vas pas en mourir ? lui suggéra Roberto qui passa délicatement sa paume sur les cicatrices parcourant l’abdomen de la jeune blonde. Réfléchis un peu à ça. Tu veux être en bon terme avec lui. Alors arrête de transgresser les règles juste par plaisir de pouvoir le faire. Il faut que tu te réserves à des occasions où ça sera vraiment nécessaire.

-Ouais, mais c’est justement ça, Berto… Aujourd’hui, c’était peut-être une fausse alerte mais, pendant un instant, j’ai vraiment cru que le professeur et le docteur MacTaggert étaient en danger.

-T’as qu’à aller lui expliquer.

-J’ai essayé. Mais il m’a dit que c’était à lui de juger.

Sam pénétra dans l’embrasure de la porte :

-Hé, les gars. C’est bon, on est libres.

-Eh ben, c’était pas long, constata Illyana, sincèrement surprise.

-Le professeur veut qu’on descende, deux minutes. Il veut nous présenter la nouvelle.

-Ça veut dire qu’elle reste ? demanda Roberto en se redressant.

Sam haussa les épaules.

-Apparemment. On se retrouve en bas, on va bientôt savoir ce qu’il se passe.

Quelques minutes plus tard, tous les élèves s’étaient réunis dans le salon. Hank escorta Jean dans la pièce.

-Vous tous, je vous présente Jean, annonça le mutant à la fourrure bleue. Elle va rester parmi nous quelques jours. Je vous prierai de l’accueillir comme il se doit, de lui faire visiter les lieux et de vous tenir à sa disposition si elle a besoin de quoi que ce soit. Jean, je te présente Rahne, Dani, Amara, Sam, Roberto et Illy.

La jeune femme les salua d’un timide signe de la main :

-Salut, tout le monde. Je suis contente de vous rencontrer.

Un murmure de salutation amical s’éleva dans la pièce.

-Tu es nouvelle ici, Jean ? Tu vas intégrer le domaine ? la questionna Dani, tout excitée.

-Oh… euh…, bredouilla la concernée.

-Jean est notre invitée, ce n’est pas une nouvelle élève, clarifia Hank. D'ailleurs, je vous demanderai, pour l’instant du moins, de ne pas la bombarder de questions personnelles classiques. Respectez sa vie privée tout comme vous voudriez que la vôtre le soit.

-On peut quand même savoir pour tes pouvoirs ? demanda Roberto. Ce que t’as fait avec l’oiseau, tout à l’heure, c’était vraiment génial !

Jean afficha un sourire presque timide.

-Ouais. C’est ma façon de débarquer, répondit-elle. Je suis aussi psychokinétique. Je peux déplacer des objets par la pensée. Si vous voulez bien me dire où vous rangez les assiettes et les couverts, je peux vous faire une démonstration en mettant la table pour ce soir. Enfin… si vous êtes d’accord… professeur.

-Aucun problème, lui dit ce dernier. Mais ne les laisse pas te mettre la pression pour te faire faire des choses contre ton gré. Dani, est-ce que cela t’ennuierait de conduire Jean à la chambre des invités ?

-Maintenant ?

-Oui, maintenant.

-Bien sûr, professeur. Suis-moi, Jean.

La jeune élève conduisit la mutante à l’étage et, arrivées au couloir, ouvrit la première porte sur la droite.

-Et voilà, dit-elle en s’écartant pour laisser entrer la rousse. Et derrière cette petite porte, tu as ta salle de bain rien qu’à toi. Normalement tu devrais avoir tout ce qu'il faut : savon, shampooing, rasoirs, brosses à dents et d’autres trucs. Si tu as besoin d’autre chose, n’hésite pas à demander.

Jean lui sourit :

-Je suis sûre que ça fera l’affaire, Dani. Je te remercie.

-Écoute… le professeur nous a dit de ne pas te poser de questions. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que tu avais pleuré, et… ce qu’il t’arrive ne me regarde pas. Je voulais seulement savoir si on pouvait faire quelque chose pour toi, n’importe quoi qui puisse te soulager un peu.

-Oh ! Non, il n’y a rien que vous puissiez faire. Mais je te remercie de t’inquiéter.

-S'il te faut un truc, vraiment n’importe quoi, va voir l’un de nous. On sera ravis de t’aider.

-C’est vraiment très gentil.

-Ok. On va sûrement pas tarder à manger et tu es la bienvenue si tu veux papoter avec nous dans la cuisine. Par contre, si tu préfères être seule, il n'y a pas de souci. L’un de nous pourra venir te chercher quand le dîner sera prêt.

-En fait, je crois que je vais me reposer cinq minutes, lui répondit Jean. J’ai fait un très long voyage.

-Très bien. Je te laisse tranquille alors. On a une règle : si tu fermes ta porte, personne ne viendra te déranger. Si tu la laisses ouverte, ça veut dire qu’on peut venir te voir à tout moment.

-C’est bon à savoir. Merci.

-À tout à l’heure, fit Dani avant de sortir de la chambre et fermer la porte derrière elle.

La jeune brune murmura ensuite à elle-même :

-Elle aurait bien besoin d’un loup de thérapie. Ça, c’est sûr.

* * * 

Le repas s’avéra plutôt morose. L’absence de Sean et Moira était flagrant et, après la remontrance de groupe de plutôt, les élèves furent plongés dans un état de mutisme qui ne leur ressemblait pas. Jean descendit dîner et fit un peu la conversation, mais il était clair que le cœur n’y était pas.

Peu après le dîner, Hank la prit à part.

-J’ai pensé que ce serait une bonne idée d’essayer d’appeler Scott, lui confia-t-il lentement. Je voulais savoir si tu voulais lui parler, à moins que tu préfères que je m’en charge pour voir sa réaction.

-Je voudrais lui parler, acquiesça Jean.

-Je m’en doutais. On peut emprunter l’ordinateur du docteur MacTaggert dans son bureau et faire un appel vidéo.

Ils pénétrèrent dans le bureau en question et Hank ferma la porte derrière eux. Avant que ce dernier n’ait le temps de prendre place sur le siège, Jean lui attrapa la main :

-Hank… pourquoi tu fais tout ça ?

-C’est à dire ?

-M’aider.

Le mutant bleu baissa les yeux pendant de longues secondes.

-C'est à dire ? Tu peux développer ?

-Pour l’amour de Dieu, Hank… Arrête !

-Que j’arrête quoi ?

-Ça… cette comédie ridicule ! Arrête de faire ton poli et ton courtois avec moi alors que tu meurs d’envie de me hurler dessus ! Je l’entends dans ta tête, Hank !

-Jean, s’il te plaît, gémit Hank. Arrête…

-J’ai tué l’amour de ta vie !

L'ancien X-Men s’écroula sur la chaise la plus proche comme si on l’avait frappé puis se prit la tête dans les mains. Il ne prononça pas un seul mot durant de longues secondes.

-Je t’ai dit que je n’étais pas prêt à en parler, prononça-t-il, la voix enrouée.

Jean était au bord des larmes.

-Je veux seulement savoir pourquoi, de tout le monde, c’est toi qui acceptes de m’héberger alors que même Charles ne veut plus de moi. Comment tu fais pour supporter de me regarder ?

Hank soupira lourdement et se redressa sur sa chaise. Son visage était humide à cause des larmes qui y coulaient.

-Je vais te le dire car c’est plutôt simple : c’est ce que Raven aurait voulu.

-Elle aurait voulu que tu protèges son assassin ?

-Tu ne l’as pas assassinée, rétorqua Hank avec angoisse. C’était un accident ! J’étais présent aussi, tu te souviens ? J’ai vu ce qu’il s’est passé. J’ai vu l’horreur dans tes yeux ! Tu n’as rien voulu de tout ça, en aucune manière. Tu aimais Raven comme ta propre sœur. Je le sais. Je sais à quel point elle comptait pour toi. Tu n’as pas choisi ce qu’il t’est arrivé à bord de la navette ! Rien de tout cela n’était ta faute, Jean.

-Je n’arrivais plus à contrôler mes pouvoirs. Alors, bien sûr que je suis responsable !

-Se faire infecter par un organisme extraterrestre est une circonstance atténuante, pointa-t-il avant de sortir un mouchoir pour essuyer précautionneusement ses lunettes. Je présume que cette chose, quelle qu’elle soit, est encore en toi.

-Non, répondit Jean d’une voix à peine audible.

-Non ? fit Hank en levant les yeux, surpris.

-Cette entité, cette chose… elle était mourante. J’ai absorbé une énorme partie de son énergie mais lorsqu’elle a commencé à dépérir, j’ai réalisé que… je devais rentrer.

-C’est donc pour cette raison que tu es revenue sur Terre, en déduisit Hank. Tu ne peux plus voyager à travers l’espace. Pas sans ton symbiote.

-Oui.

-Autrement, tu serais toujours en vadrouille.

-Probablement, admit Jean.

-Alors, maintenant… ce truc est mort et tu es redevenue Jean Grey, c’est ça ?

-Mes pouvoirs de base sont toujours… décuplés, je pense que c’est le bon mot ; un effet persistant de ce parasite qui s’est immiscé dans mon corps. Je suis plus puissante que je ne l’aurais jamais été en temps normal. Mais je n’ai plus vraiment les pouvoirs que j’avais autrefois. Pendant un moment, à l’époque, j’étais comme Proteus : j’étais capable de déformer la réalité. Aujourd’hui, je suis juste une personne avec de très grands pouvoirs de télékinésie et de télépathie. Et, comme tout autre être humain normal, je ne peux plus voyager dans l’espace à moins d’être à bord d’un vaisseau ou d’un truc dans le genre.

-Tu es donc redevenue une simple mutante superpuissante, c’est ça ?

-J’aimerais redevenir humaine, Hank. Tu n’as pas idée d’à quel point... Je ne pourrai jamais redevenir normale, mais… au moins, je peux toujours vivre le restant de mes jours en tant que femme. Je n’aurais jamais pu espérer que ça m’arrive. Pas après l’accident avec la navette.

Le professeur poussa un profond soupir. Il avait manifestement du mal à trouver ses mots.

-Il m’est impossible de réaliser le cauchemar que tu as dû vivre après ce qu’il s’est passé, prononça-t-il doucement. Je sais très bien que Jean Grey ne ferait jamais intentionnellement du mal à n’importe qui d’autre. Mais tu as raison : je n’ai toujours pas réussi à trouver le moyen de te pardonner. Ça n’a rien à voir avec de la haine ou le fait de te voir comme un monstre. C’est parce que je revis toujours la douleur de ce qui s’est passé, de la voir mourir. Je n’arrive pas à m’en remettre... Je le veux pourtant, plus que tout au monde. Mais je ne peux pas. C’est au-dessus de mes forces.

-Hank, si tu savais comme je suis désolée pour ce qu’il s’est passé, sanglota Jean. Je sais que ça ne changera rien... Mais je ne sais pas quoi faire d’autre.

Hank se pencha au-dessus du bureau, trouva une boîte à mouchoirs et lui tendit.

-Moi, je sais ce qu’on va faire, déclara-t-il solennellement. On va appeler Scott pour savoir s’il veut te voir. Je te parie que oui.

Sa voix devenue pratiquement rauque était comparable à un grincement.

-On va prendre les événements de la journée comme elles se présentent, se remettre de nos émotions et d’ici peu, j’espère, on pourra se parler à cœur ouvert et la douleur et la culpabilité seront dissipées. Je ne te promets rien. Mais je pense que ça vaut le coup d’essayer. Je suis certain que ça sera mieux que de ne rien faire.

-Je suis quand même responsable de la mort de plusieurs policiers et militaires. Je ne crois pas qu’on va passer l’éponge là-dessus...

-J’y ai pensé aussi. Peut-être que la solution réside en cet endroit.

Jean lui lança un mouvement de tête déconcerté, ne saisissant pas où il voulait en venir.

-Tu pourrais rester ici, avec Scott, au domaine annexe.

-On n’a plus tellement l’âge d’être des élèves, lui répondit dubitativement Jean.

-Pas en tant qu’élèves. En tant que professeurs.

-En tant que…

La bouche de Jean s’ouvrit de surprise. La mutante en oublia momentanément ses larmes.

-Personne en dehors de l’Institut n’est au courant de ton retour sur Terre. Je suis convaincu qu’avec un peu de persuasion, ce secret sera bien gardé dans la famille.

-Hank...

-La seule autre alternative qui s’offre à nous consisterait à passer plusieurs dizaines d’années devant des tribunaux à essayer de convaincre le monde entier qu’une mutante hyper-puissante a subi un choc psychotique à la suite d'une attaque par un organisme extra-terrestre. Comme le dit Dani, il y a certains Ours Démoniaques qu’il vaut mieux laisser hiberner.

-Hank, je ne sais vraiment pas quoi dire.

-Je te demande d’y réfléchir, fit Hank qui expira profondément afin de se remettre de ses récentes émotions. Cette décision t’appartient. Celle d’engager de nouveaux enseignants, la mienne. Mais pour travailler avec ces jeunes, je songerais plus que sérieusement à engager deux anciens X-Men.

Puis il se tourna vers l’ordinateur.

-Bon, et maintenant, que dirais-tu de contacter ton ancien partenaire pour voir ce qu’il a dire de tout ça ?

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