Spectres
Hank McCoy et Illyana Rasputin arrivèrent au campus principal de l’Institut Xavier dans les coups de 9 heures. En descendant de la camionnette, Hank leva les yeux vers le manoir et secoua tristement la tête.
-Charles, Charles, Charles, murmura-t-il. Je me demande dans quoi vous vous êtes embarqué, cette fois-ci.
-Vous voulez que je commence à décharger, professeur ? lui demanda Illyana en arrivant à sa hauteur.
-Je vais m’occuper de porter les sacs à l’intérieur, suggéra le mutant. Ils sont assez lourds. Mais je veux bien que tu m’aides à installer le matériel.
Durant les minutes qui suivirent, Hank entreprit plusieurs allers-retours entre la plate-forme du camion et le hall du manoir. Les bagages qu’il apporta ressemblaient à d'énormes sacs de golf. Le dernier était une énorme valise étanche qu’il ouvrit avant de poser sur un tabouret pliable.
À l’intérieur se trouvaient un écran et un clavier, bien qu’il ne s’agît en aucun cas d’un ordinateur.
Hank McCoy s’agenouilla à côté d’un sac, l’ouvrit et se mit à en sortir un ensemble de longs tuyaux argentés munis à leur base de pieds repliés et d’une curieuse fixation en forme de bouton sur l’autre extrémité. Il le tendit à Illyana :
-Tiens. C’est un trépied, les jambes sont à la base. Pour les faire sortir, il te suffit d’appuyer là-dessus, expliqua-t-il en désignant le bouton. Il faut qu’on répartisse ces appareils dans toutes les pièces du rez-de-chaussée plus ou moins au hasard, à environ plus de deux mètres les uns des autres.
Illyana appuya sur le bouton en question, et les pieds repliés s’étendirent dans un déclic bruyant.
-Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle, curieuse.
-Oh, ce sont des sondes de détection. Elles vont enregistrer des données et les transférer à mon poste de contrôle, répondit-il en désignant les appareils volumineux posés devant lui. J’ai aussi l’appareil dont tu m’as vu me servir hier. Mais ce n’est pas aussi puissant et précis que notre installation.
-Ok, et qu’est-ce que vous allez contrôler ? Pourquoi vous avez besoin de moi ?
-Lorsque tu te téléportes, tes « disques » … C’est bien le terme correct ? demanda-t-il, et Illyana acquiesça. Tes « disques » provoquent une brève perturbation atmosphérique. Mais pas seulement. Ils créent également une perturbation de l’ordre gravimétrique. Quand le docteur Richards et le docteur Strange ont mené leurs tests, ils n'ont détecté aucune anomalie. Cependant, ils ont effectué leurs recherches dans un environnement stable, un espace qui n’avaient connu aucune perturbation depuis plusieurs jours. Il est possible que ce qui a causé la disparition des X-Men ait laissé des traces qui soient encore présentes, mais impossibles à détecter sans une autre perturbation. Nous allons donc en recréer d'autres afin de les réactiver.
-Je n’ai toujours pas compris.
Hank afficha alors un sourire conspirateur :
-Illyana… tous les deux, on va remuer un peu la merde.
Surprise par ce qu'elle venait d'entendre, la mutante l’observa un moment d'un air ébahi. Puis, un large sourire se dessina lentement sur son visage.
-Je crois que je vais aimer travailler avec vous, professeur.
Ils déchargèrent et répartirent les sondes au rez-de-chaussée au bout de plusieurs minutes. Lorsqu’Illyana revint au hall d’entrée, Hank se trouvait devant l’ordinateur à taper sur le clavier, tellement concentré qu’il en avait les sourcils froncés.
-Tout est prêt, professeur.
-Je te remercie, Illyana. Je suis à toi dans quelques secondes. Aujourd’hui, je vais te demander de te téléporter de pièce en pièce dans l’ordre que tu voudras. Une fois que je te ferai signe, je veux que tu changes la vitesse et la fréquence de tes téléportations. J’imagine que ça ne te posera aucune difficulté.
-Non, aucune.
-Dis-moi, tu peux réellement aller n’importe où avec ce pouvoir ?
La question sembla rendre la jeune blonde perplexe.
-Oui. Enfin, jusqu’ici, ça a marché.
-L’endroit le plus éloigné où tu t’es rendue, c’était où ?
-Hawaï, avoua la jeune élève en affichant un sourire penaud. J’aime bien les plages, là-bas... et les surfeurs.
Le professeur fit de son mieux pour réprimer un sourire.
-Donc, en un clin d’œil, tu serais littéralement capable de te rendre à n’importe quel endroit du globe et d’y rester autant de temps que tu le souhaites.
-Ouais.
-Pourtant, tu choisis de rester ici.
Illyana haussa les épaules.
-Où est-ce que j’irais ?
Le mutant à fourrure posa son matériel quelques secondes, avant d’observer la jeune élève d’un air songeur.
-J’aimerais savoir pourquoi tu restes ici, Illyana ? Tu l’as dit toi-même : tu pourrais être en train de bronzer sur une plage hawaïenne, à siroter des cocktails et à reluquer des surfeurs. Qu’est-ce qui te retient ici ? Je suis simplement curieux.
Illyana réfléchit à la question durant de longues secondes.
-Professeur… presque tous vos élèves ont déjà tué quelqu’un, commença-t-elle sur un ton hésitant. Il y en a qui ont même tué plusieurs personnes. Mais ce n’était jamais intentionnel. À chaque fois, c’était un accident. Pas pour moi. Moi, j’ai tué des gens, de sang-froid. Et… j’y ai pris plaisir. La plupart du temps, j’ai aucun remord quand j’y repense.
Elle jeta un coup d’œil furtif à son professeur. Celui-ci ne parut ni choqué, ni consterné. Pas même outré. L'ancien X-Men était tout simplement en train de l’écouter, sans émettre aucun jugement.
-Alors, quand je dis que je suis une meurtrière ou un monstre, ce n’est pas pour me rendre intéressante... ni pour exagérer... Je suis vraiment un monstre. Mais… depuis que je suis là, à l’Institut… mes… mes amis…
Elle s’interrompit, momentanément submergée par le sens de ce mot.
J’ai… des amis ici, finit-elle par dire, presque surprise face à cette réalisation. Lorsqu’ils me regardent, ils ne voient pas de monstre, ni de tueuse. Ils me voient, moi. Ils voient Illyana. Je veux dire… c’est vrai qu’ils voient une fille avec des problèmes…
Elle ravala un hoquet, ignorant s’il venait d’un rire ou d’un sanglot.
Mais ils n’ont pas peur de moi, poursuivit-elle, et ils ne me détestent pas, même lorsque je me comporte plus comme une démone que comme une personne. Ils m’acceptent. Je ne connais aucun autre endroit où aller où je pourrais trouver ça : ce sentiment que j’appartiens à un endroit. C’est ce que je veux. Je ne le mérite pas du tout, mais je le veux. Je veux m’y accrocher autant que ce sera possible. Je crois que je reste ici parce que mes amis me font me sentir… humaine.
-C’est une excellente raison, acquiesça solennellement Hank. Très bien, Illyana, je crois qu’on peut commencer. Vois ça comme un jeu de marelle. Je veux que tu commences par te téléporter de pièce en pièce. Peu importe l’ordre. Tu peux même revenir plusieurs fois au même endroit. Pour commencer, j’aimerais que tu maintiennes un intervalle régulier d’environ vingt secondes entre tes téléportations, ça te convient ?
Illyana le fixa d’un drôle d'air un long moment. Visiblement, son professeur n’allait pas faire de commentaire sur la confession de la jeune Russe concernant ses multiples meurtres, pour le moment du moins. Elle décida de ne pas poser de questions ; il s’agissait d’un Ours Démon qu’elle préférait laisser en hibernation.
-Bien sûr, répondit-elle. Vous voulez que je fasse ça combien de temps ?
-Je te préviendrai lorsque j’aurai besoin que tu arrêtes.
-Ok.
-Et vas-y… maintenant, fit Hank qui pressa une touche du clavier pour lancer l’enregistrement des données brutes transmises depuis les sondes qu’ils avaient installées.
Illyana se téléporta au hasard d’une pièce à l’autre, comme il lui avait demandé. Elle alla tout d’abord dans la cuisine. Elle se rendit ensuite à la bibliothèque, puis dans les escaliers, le salon, la buanderie, puis de nouveau le salon et la bibliothèque.
-Illyana, l’appela le mutant. Reviens dans le hall, s’il te plaît.
Quelques secondes plus tard, la jeune élève réapparut dans un de ses disques. Les sourcils froncés, Hank observait les données affichées sur son écran, visiblement déconcerté.
-Illyana, lorsque tu te téléportes, est-ce que tes arrivées coïncident avec l’heure locale ? la questionna-t-il.
-J’suis pas sûre de comprendre, professeur.
-Tu ne voyages pas dans le temps ? Par exemple, tu ne te retrouves pas tout d’un coup dix minutes dans le futur ou cinq ans dans le passé ?
La jeune blonde sembla très étonnée par cette question.
-Je n’ai jamais vraiment fait attention, avoua-t-elle. Mais jusque-là, à chaque fois, c’était l’heure locale, et je suis toujours dans le présent.
-Mmm, fit Hank en se grattant le menton, pensif. Fais-moi une faveur : recommence. Mais cette fois, téléporte-toi aux pièces des étages.
-Je pourrais visiter la chambre de mon frère, suggéra Illyana. Ou celle de Katya.
-Ce serait une bonne idée, acquiesça Hank. Laisse-moi simplement réinitialiser l’enregistrement... Ok. Comme tout à l’heure, commence par le rez-de-chaussée. Au bout de cinq ou six fois, commence à alterner entre le rez-de-chaussée et les étages.
-Ça marche.
Illyana reprit ses téléportations, se rendant au hasard dans les pièces du rez-de-chaussée, et, au bout de six fois, apparut dans la chambre de son frère.
Durant un long moment, Illyana se tint immobile dans la pièce à observer les objets qui lui étaient familiers tout autour d'elle. Les rideaux de la fenêtre étant tirés, seul un faible rayon de lumière traversait la pièce. Malgré l’obscurité, la jeune blonde reconnut presque tout ce qui l’entourait. Elle ressentit un énorme pincement au cœur. Son frère lui manquait terriblement. Son absence avait laissé un vide terrible et douloureux au fond d'elle. Et le pire, c'est qu'elle n'avait aucune idée de ce qu’il lui était arrivé. Peut-être même qu'elle ne le saurait jamais.
-Mon petit flocon…
-AAAHH ! hurla Illyana qui fit volte-face en sursautant. C’était la voix de son frère, elle en était certaine. Il n'y avait pourtant qu'elle dans cette pièce. Tout était silencieux et plongé dans le noir.
-Piotr ? fit-elle. Piotr, c’est toi ? Tu es là ?
La chambre demeura calme et sombre. Le cœur battant à tout rompre, Illyana se téléporta en haut des escaliers. Puis elle reprit ses esprits et retourna dans la chambre de son frère.
-Piotr ? appela-t-elle de nouveau. C’est moi : Illyana. Tu m’entends ? Tu es là ?
Aucune réponse.
-Piotr, si tu es là, réponds-moi !
Silence.
La jeune blonde lutta pour retenir ses larmes. Elle avait entendu la voix de son frère, pas le moindre doute. Elle était relativement certaine de ne pas l’avoir imaginée. Mais quoiqu’elle eût entendu, ça avait manifestement disparu.
- Illyana ?
De façon très indistincte, Illyana entendit Hank McCoy l’appeler. Poussant un lourd soupir, elle créa un autre disque et retourna au hall d’entrée.
-Tu parlais à quelqu’un ? lui demanda le mutant bleu lorsqu’elle réapparut. Il me semble avoir entendue ta voix.
-Je croyais avoir entendu mon frère, l'informa Illyana. Mais il n’y avait personne.
Sa réponse eut l’air de grandement intriguer le scientifique.
-Eh bien, murmura-t-il. Voilà qui est très intéressant.
-Vous pouvez me dire ce qu’il se passe, professeur ? l'implora la jeune blonde.
-Je ne suis pas sûr de moi. Mais je récolte des données très intéressantes. Est-ce que ça te dérangerait de reprendre depuis le début, s’il te plaît ?
-Pas de problème.
Dès que Hank eut reprogrammé son matériel, Illyana reprit son jeu de « marelle » mais se rendit dans la chambre de son frère après sa troisième téléportation. Pleine d’espoir, elle l’appela mais, une fois encore, aucune réponse ne lui vint. En poussant un soupir, la mutante reprit la séquence, alternant les pièces du rez-de-chaussée avec celles des étages.
Au bout d’un moment, elle se rendit dans la chambre de Kitty Pryde. Illyana et elle étaient amies depuis que la jeune Russe avait six ans. À l’époque, évidemment, Kitty lui lisait ses histoires du soir. Lorsqu’Illyana avait treize ans et qu’elles s’étaient retrouvées, les deux filles étaient devenues colocataires ainsi que des amies intimes. Enfin, jusqu’à ce que Charles Xavier se mette arbitrairement en tête qu’Illyana représentait un danger pour elle-même et pour les autres étudiants. À tel point que la jeune blonde s’était soudainement retrouvée expédiée au domaine annexe : un nouveau complexe destiné aux mutants instables et dangereux. Elle n’avait pas beaucoup ressassé ce qu’il s’était passé mais, au fond de son cœur, Illyana n’avait pas pardonné à Xavier cette trahison. En tout cas, voilà comment la jeune blonde l’avait prise; ce qui n'avait pas changé depuis.
Rester dans la chambre de Kitty lui raviva ces vieux souvenirs et aussi de vilaines sensations. Constatant soudain qu’elle commençait à trembler de colère, Illyana se rendit dans la petite salle de bains privée pour s’asperger de l’eau sur le visage, et vit Kitty Pryde la fixer dans le miroir.
-Katya ? fit Illyana, n’en croyant pas ses yeux. Katya !
Kitty eut l’air aussi stupéfaite qu’elle mais, au bout de quelques secondes, se mit à hurler d’un air désespéré vers la jeune blonde. Malheureusement, aucun son ne sortit du miroir.
-Katya, je n’entends rien ! fit Illyana avec un air implorant en désignant son oreille pour lui mimer le message.
Quelques secondes s’écoulèrent et Kitty sembla comprendre que son amie ne pouvait pas l’entendre. Elle se mit alors à faire des gestes avec ses mains. Mais, aussi soudainement qu’elle était apparue, elle disparut. Illyana se retrouva alors à contempler son propre reflet.
-Professeur ? cria la jeune mutante à plein poumons. PROFESSEUR ?!
Hank McCoy dévala les escaliers aussi rapidement qu’il put et, peu de temps après, rejoignit Illyana dans la chambre de Kitty. La mutante désigna la salle de bain du doigt.
-Elle était là, balbutia-t-elle, peinant à trouver les mots. J’ai vu Katya ! Là, dans le miroir !
L'ancien X-Men passa devant elle pour se précipiter dans la petite salle de bain. Il sortit le petit appareil attaché à sa ceinture et le pointa vers le miroir.
-Elle était là, professeur, je vous le jure ! Je n’ai pas rêvé, bafouilla Illyana pas effrayée, mais nerveuse.
-Je te crois, lui répondit Hank en consultant les informations sur l’appareil avant de hocher la tête d’un air satisfait.
-Professeur, qu’est-ce qu’il se passe, ici ? lui demanda Illyana d’un air implorant.
Hank raccrocha l’appareil à sa ceinture.
-Viens avec moi, Illyana. Il faut qu’on installe d’autres sondes aux étages. Je crois savoir ce qu’il se passe. Nous allons faire d’autres tests qui devraient confirmer mon hypothèse.
Ils se précipitèrent hors de la chambre.
* * *
Dani était pelotonnée sur le long canapé du salon, sur le côté le plus proche de la cheminée. D’une main, elle tenait le livre qu’elle devait lire pour les cours, mais ne faisait que feuilleter les pages avec les yeux dans le vague. Son esprit était ailleurs. C'est alors que Rahne pénétra dans la pièce, habillée et sous sa forme humaine. En temps normal, la jeune Écossaise se promenait pourtant dans le domaine à cette heure-ci, changée en louve. Avec un sourire morose, elle s’assit sur le canapé à côté de sa compagne en repliant ses jambes sous son corps.
-Salut, lui dit Dani en posant son livre sur la table basse.
-Salut, toi.
-Quelque chose ne va pas ? Je te croyais sous ta forme louve.
-Je sais. Mais en louve, je ne peux pas parler, lui répondit Rahne. J’espérais… je me disais… que tu aurais envie entendre des excuses.
Dani se redressa.
-Des excuses ? Pour quoi ?
Rahne se tortilla d'un air embarrassé :
-J’y suis allée un peu fort hier soir.
-Oh, Rahne, non... Tu n’as pas à t’en vouloir.
-En fait… je me suis calmée et j'me suis mise à réfléchir à ce que tu as dit, puis je me suis rendu compte que tu avais raison : il faut que tu le fasses.
-Rahne...
-Ça me fiche toujours la trouille, admit la rouquine. Mais je comprends pourquoi tu ressens le besoin de le faire, donc… je retire ce que je t’ai dit.
Dani l'attira près d’elle pour l’embrasser sur la joue.
-Merci, lui murmura-t-elle avant de sourire. En même temps, je comprends qu’il y ait de quoi flipper : on parle quand même d'un Ours Démon.
-Peut-être. Mais ce n’était pas très juste de te crier dessus. Je suis désolée, Dani.
-Je suis désolée, moi aussi. J’aurais vraiment dû réfléchir à une façon de t’annoncer ce que j’avais en tête au lieu de te balancer cette info comme je l’ai fait. C’était assez brutal...
-Non, non, je suis contente que tu n’aies pas cherché à me le cacher. C’était un peu dur à entendre... mais je ne veux pas que tu ressentes un jour le besoin de me mentir sur quoi que ce soit ou bien que tu t’imagines que je puisse te punir pour avoir été honnête.
-Absolument pas. Mais, merci. Ça compte beaucoup pour moi que tu soutiennes ma décision, même si tu n’es pas d’accord.
-Oh, c’est pas que je ne suis pas d’accord avec ton plan, dit Rahne. C’est juste que ça ne me plait pas.
Dani afficha un sourire attristé :
-Le truc, c'est que je suis à court d’idées... Tu crois que ça me plaît de devoir en arriver là, hein ? Honnêtement, Rahne, j’aimerais trouver une autre solution. Une solution beaucoup plus sûre, n’importe quoi. Mais il n’y a rien qui me vient à l’esprit. Pour ce que ça vaut, le docteur MacTaggert et le professeur McCoy seront là pour tout superviser. Il faut que j’obtienne leur consentement pour cet exercice. Puis, après tout, peut-être qu’ils pourront faire le nécessaire pour que ça soit moins dangereux.
-Ça me rassure un peu, avoua Rahne. Tu ne leur en as pas encore parlé ?
Dani secoua la tête :
-Quand j’aurai mon entretien avec le professeur, je lui en parlerai. Ensuite, j’irai voir le docteur MacTaggert.
-Elle a dit quoi, Illy, lorsque tu lui as demandé ? J’imagine qu’elle a dit oui.
Dani haussa les épaules :
-Tu la connais. Elle m’a répondu qu’elle serait ravie de me botter le cul.
-C’est toi qui lui botteras le cul, répliqua Rahne avec dédain.
-Je sais pas... Elle est plus forte que moi. C’est une meilleure combattante, en tout cas. Mais c’est pas plus mal. Je pourrai me lâcher et j’aurai pas à m’inquiéter de lui faire trop de mal.
-Ce qui me fait peur, c’est que tu sois blessée à cause d’elle, même accidentellement. Par contre, je serais pas contre de te voir lui faire mordre la poussière, confia-t-elle timidement.
-Le but, c’est pas de gagner, la rappela Dani. Mais de m’assurer que mon pouvoir se manifeste uniquement quand je le commande de façon consciente. Une fois que j’aurai le contrôle, le taux de risque chutera. Tout ce que je veux, c’est qu’on ne soit plus obligé de m’injecter tous les jours des médocs dans le bras avec une seringue. C’est ça, le principal.
-Je te comprends, lui dit Rahne.
-Hé, dit doucement Dani en prenant la main de la rouquine pour la presser. Je suis contente que tu t’inquiètes suffisamment pour m’engueuler quand tu trouves que quelque chose ne va pas. Surtout, ne t’arrête pas de faire ça, s’il te plaît. J’aurai toujours besoin que tu me rappelles à l’ordre. Ok ?
-Ok.
Elle enlaça à nouveau Rahne, plus étroitement que tout à l’heure, et afficha un sourire sensuel.
-Tu crois que les autres vont remarquer si on disparaît pendant, disons, trois quarts d’heure ?
-C’est pas impossible, avoua la jeune rousse. Mais tant qu’on est à l’heure pour les cours et le repas, je pense que ça dérangera personne.
-Alors, disparaissons.
En réponse, Rahne posa un baiser voilé sur les joues de la brune.
-L’invisibilité... ça serait pas mal si on avait ce pouvoir.
Main dans la main, les amoureuses marchèrent en direction de l’escalier.