Orphelins et Enfants Trouvés
Déblayer toutes les congères des allées, des entrées, du chemin d'écurie, et faire tomber une grosse quantité de la neige du toit du bâtiment prirent une bonne partie de la journée ; tout le monde mit la main à la pâte. Le soir même, comme promis, Roberto fit des tortas, et après avoir profité d’un bon repas, tout le monde se rassembla en pyjama ou en survêtement dans le salon pour jouer à des jeux de société. Le docteur MacTaggert, ne se joignant pas à la partie, prit tout de même place sur une chaise voisine et se contenta de lire un livre tout en jetant des coups d'œil à ses élèves qui riaient et jouaient joyeusement ensemble. Cela faisait chaud au cœur d’entendre et de prendre part à des éclats de rire ; leur résonnement au sein du bâtiment était devenu trop rare depuis quelques temps. À bout d’un moment, le docteur MacTaggert proposa de faire du pop-corn et, alors qu’elle se dirigeait d’un pas nonchalant vers la cuisine, Illyana se leva et la suivit.
Dani fronça les sourcils sans comprendre.
-Illy ?
-Je reviens tout de suite, promit la jeune blonde.
Elle entra dans la cuisine. Le docteur MacTaggert, qui se trouvait devant le garde-manger, se retourna et lui sourit :
-Hé, Illy. Qu’est-ce tu… ?
La chercheuse n’eut pas le temps de finir sa phrase car la jeune mutante se précipita dans ses bras pour l'enlacer en étouffant un sanglot.
-Hé, hé, hé, murmura le docteur MacTaggert, inquiète. Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que ça va ?
Illyana la tînt encore quelques instants, prenant de longues inspirations pour se calmer. Enfin, elle recula, quelques larmes dégoulinant le long de son visage.
-Pardon, formula Illyana, à bout de souffle. Je vais bien, c'est juré. Je voulais simplement… vous remercier.
-Me remercier ? Pourquoi donc ?
-Pour vous être occupée de moi quand j’étais malade, surtout. Et aussi… pour tous les petits trucs que vous faites tous les jours pour qu’on soit en sécurité et pour pas qu’on vive dans la peur… Je voulais juste que vous sachiez que… ça nous touche, et... ça nous aide. Et qu’on vous adore.
-Eh bien, c’est bon à savoir, Illy, répondit le docteur MacTaggert, néanmoins toujours très soucieuse. Est-ce que tu es sûre de tout me dire ?
-Oui, certaine, jura Illyana.
Le docteur sortit la machine à faire du popcorn tout en essayant d’adopter un air détaché, espérant ainsi que la jeune élève lui confesse autre chose.
-Je suis ravie de constater que tu fais des efforts pour t’intégrer avec tes camarades, dit-elle. Je suis fière de toi.
Illyana sourit avant de hausser les épaules.
-Dani m’a simplement rappelée qu’avoir des amis, ça nous permet de nous sentir beaucoup plus forts. Et elle a raison.
-Je suis vraiment contente de voir que Dani et toi avez l’air d’avoir réglé vos différents.
-J’étais jalouse d’elle, au début, avoua Illyana. Mais… elle mérite vraiment d’être notre alpha : elle prend de bonnes décisions et elle se soucie de chaque loup de la meute.
Alors que le docteur MacTaggert la fixa d’un air approbateur, Sam Guthrie entra dans la cuisine.
-Pardon, docteur ? Excusez-moi de vous interrompre. Mais il y a un appel vidéo pour vous. Ça vient du…
Il s’interrompit pour se souvenir du nom.
-Du Centre de Recherche Génétique de l’Université de Yale, récita-t-il. Ça a l'air important.
-Merci, Sam, j’arrive dans une minute.
Sam quitta la pièce et le docteur MacTaggert se tourna vers Illyana.
-Je peux te laisser t’occuper du popcorn ?
-Bien sûr, répondit la jeune fille en s’essuyant discrètement le visage.
-Tout à l'heure, si tu veux bien, nous aurons une discussion, toutes les deux.
Les larmes débordaient de nouveau des yeux d’Illyana. Cependant, la mutante affichait un sourire joyeux.
-Avec plaisir, dit-elle.
Le docteur revint à son bureau, ferma la porte et prit place sur la chaise. L’icône sur l’écran de son ordinateur indiquait qu’un appel vidéo était en attente. Elle cliqua sur le bouton pour ouvrir la conversation et se retrouva devant un visage qu’elle connaissait très bien.
-Hank ? balbutia-t-elle, surprise.
-Bonjour, Moira, la salua Henry McCoy en lui adressant un grand sourire depuis l’écran. Ça fait si longtemps.
-Hank, je suis heureuse de vous voir, s’exclama le docteur.
-Warren Worthington m’a donné votre numéro privé. J’espère que le fait d’avoir pris cette liberté ne vous ennuie pas.
-Non, non, absolument pas.
En vérité, la jeune femme avait la gorge nouée. Elle n'osa pas nourrir d’espoir quant à la raison qui pouvait justifier l'appel de Hank. Ce que ce dernier prononça ensuite résolu toutes ses attentes :
-Je crois comprendre qu’il y a un poste à pourvoir d’urgence à l’Institut Xavier. Et, à moins que n’ayez déjà trouvé le candidat idéal… eh bien… je souhaiterais postuler.
Moira porta ses mains à sa bouche en pleurant de joie. Comprenant que son offre était la bienvenue, les lèvres de Hank s’élargirent lentement en un grand et large sourire.