L'Obscurial

NORBERT

Je fus réveillé à ce qui me sembla être l'aurore. J'entendais au loin que les bêtes étaient toutes éveillées. Quelque chose devait être en train de fouiller dans un placard contenant des objets métalliques sans vraiment faire attention au bruit qu'il faisait. Je me tournais sur le côté dans l'espoir de pouvoir lui dire d'aller voir ce qui se passait mais le reste du lit était vide et froid. Cette absence fit passer un courant de peur dans tout mon corps avant que je ne me rende compte que c'était donc elle qui cherchait avec si peur de délicatesse. Cela ne lui ressemblait pas. Je repoussais le drap qui me recouvrait. La peur, même éphémère, que j'avais ressenti m'aurait de toute façon empêché de me rendormir.

Je marchais à pas lourds jusqu'à l'endroit d'où était provenu le son et faillis entrer en collision avec Audrey alors que celle-ci sortait de mon bureau.

- Oh salut Norbert ! Tu ferais bien de t'habiller rapidement.

Et sans rien dire de plus elle s'éloigna en direction des Occamys. Je la trouvais bien agitée de si bon matin mais je décidais que la meilleure façon d'en savoir plus était tout d'abord de lui obéir. Je fis donc demi-tour avec la souplesse d'un Eruptif et retournais dans la chambre. Il fallut quelques minutes à mes mains engourdies et mes yeux collés pour enfiler convenablement un pantalon et une chemise. Le Croup me surveillait, appuyé contre le chambranle de la porte et lorsque je fus prêt il partit en direction de mon bureau. Je le suivis alors et vis sans surprise qu'il me menait à Audrey qui m'attendait déjà en bas de l'échelle menant à une trappe. Dès qu'elle me vit elle agrippa les barreaux et sortit dans l'appartement. Une délicieuse odeur descendit jusqu'à moi et je m'empressais de la suivre.

Nous avions dormi dans un coin de la cuisine. Queenie nous adressait un sourire de bienvenue. Elle venait de déposer une énorme pile de petites crêpes épaisses sur la table et nous invita à imiter Jacob qui, déjà attablé, commençait à se servir.

- Alors bien dormi ? Demanda celui-ci entre deux bouchées.

J’acquiesçais mais je vis Audrey se renfrogner un peu. J'allais lui poser la question mais Tina entra dans la cuisine et j'oubliais totalement Audrey. Je n'osais pas la regarder mais lançais tout de même un vague « Salut » auquel elle répondit en prenant le même soin que moi à ne pas croiser mon regard. Hier soir l'émotion et la fête nous avait fait agir de manière un peu plus familière que ce dont nous avions l'habitude. Du coin de l’œil je vis qu'Audrey avait rapidement enfourné plusieurs crêpes dans sa bouche dont les joues ressemblaient maintenant à celle d'un hamster. Malgré sa bouche pleine elle essaya de parler :

- Nobreoudevialtousuit.

- Quoi ?

Elle mâcha rapidement le contenu de sa bouche et déglutit avec difficulté avant de reprendre plus lentement.

- Norbert, nous devons y aller tout de suite.

- Aller où ? Demanda prestement Tina avant que je n’aie eu le temps de poser moi-même la question. Audrey l'ignora complètement et reprit toujours en me regardant.

- Je pense savoir où il est.

- Où est quoi ?

Mais cette fois- ci je n'avais aucune envie de poser la même question. Je savais trop bien de quoi elle voulait parler.

Alors qu'Audrey tournait la tête vers Tina pour lui répondre je lui jetais un regard noir. C'était suffisamment dangereux comme ça pour qu'elle vienne en plus. Mais Audrey m'ignora superbement.

- Nous sommes à la rechercher de l'Obscurial que vous connaissez sous le nom de Croyance. Et je pense savoir où il se trouve en ce moment même.

- Je viens.

- Non !

Les mots avaient franchi mes lèvres avant même que je puisse les retenir. Elles se tournèrent toutes les eux vers moi avec un regard sévère qui me fit malgré moi m'enfoncer un peu plus dans ma chaise. Puis presque en même temps elles dirent :

- Tu crois qu'elle va te laisser après ce qui s'est passé hier !

- Tu crois que je vais te laisser après ce qui s'est passée hier !

Surprises d'abord, elles échangèrent un regard entendu, se levèrent d'un seul mouvement et se dirigèrent vers la porte. Je soupirais puis les suivit en demandant à Queenie de faire attention à ma valise pendant que je serrais parti et claquais la porte.