L'homme à la valise

Chapitre 4 : Le demiguise s'appelle Dougal.

2398 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/03/2021 10:52

New York était beau.


New York était pimpant.


New York était neuf.


Annabeth s'en aperçut en déambulant dans la ville, talonnant son suspect. Ce dernier tenait un petit papier lui indiquant un itinéraire, qu'il dissimulait habilement afin que son chaperon ne puisse pas l'analyser. La jeune Auror était frustrée de ne pas pouvoir lire le chemin à prendre en question, mais décida de suivre le magizoologiste en silence. Après tout, elle ne pouvait pas passer son séjour à poser des questions.


Des cris retentissaient non loin, venant d'une foule de badauds devant la banque. La jeune Auror tourna la tête, intriguée et aperçut une femme charismatique et bien habillée se prononcer devant son public, aux côtés d'un drapeau étrange.


- ...lumières électriques. Tout cela nous éblouit et nous ensorcelle !


Newton Scamander, visiblement intrigué, s'approcha de quelques pas. Annabeth s'en aperçut et l'attrapa vivement par la manche afin qu'il ne puisse s'éloigner.


- Ne vous approchez pas ! lui ordonna-t-elle d'un ton catégorique.


- Navré, je croyais pourtant être encore libre de mes mouvements, répliqua l'autre.


- En effet, cependant je ne pense pas que ce serait une bonne idée de se mêler aux moldus pour écouter cette...femme. Vous dites avoir des choses à faire à New York, n'est-ce pas ?


- Oui...


- Alors dépêchez-vous.


Annabeth se rendit compte qu'elle avait peut-être été trop sèche avec son suspect. Il était libre d'aller où bon lui semble après tout. Elle lâcha sa manche et croisa les bras pour se donner contenance.


Newt Scamander hocha la tête.


- Vous avez raison, céda-t-il. J'ai des choses à faire à New-York, autres que d'écouter cette mascarade.


Il serra la poignée de sa valise et avança de quelques pas. A nabeth resta un instant immobile, surprise par la résolution de son suspect, ce dernier s'arrêtant alors.


- Vous ne venez pas ? s'étonna-t-il.


- Excusez-moi.


La jeune Auror se reprit et trottina jusqu'à son niveau. Elle releva la tête.


- Ravie que vous ayez compris que cette surveillance de ma part était obligatoire, articula-t-elle.


- Je ne le comprends pas, répliqua Newt. Mais visiblement, vous ne le laisserez jamais en paix. Notez tout de même que j'en toucherai un mot au ministère à mon retour.


- Faites donc. De toutes façons, ce ne sera plus mon probl... Attention !


Elle attrapa de nouveau la manche de son interlocuteur pour le tirer en arrière, tandis que quatre jeunes New-yorkais passaient en courant. Newt fut bousculé sans ménage par l'un d'eux et trébucha, lâchant sa précieuse valise au sol, cette dernière s'ouvrant sous le choc.


- Est-ce que ça va ? demanda Annabeth en l'aidant à se relever.


Le magizoologiste eppusseta son manteau avant d'apercevoir sa valise ouverte sur le trottoir. Il se précipita pour la refermer, une lueur d'inquiétude dans le regard.


- Qu'y a-t-il ? l'interrogea l'Auror.


Newt releva la tête.


- Oh, rien, tout va pour le mieux, répondit-il innocemment. Allons-y. Et merci de m'avoir rattrapé avant que je ne tré...


Il se figea soudainement, fixant quelque chose au loin. Annabeth se retourna : la foule de badauds n'avait pas bougée et la femme au-dessus d'elle ne discontinuait pas.


- Nous devons nous battre ensemble, pour nos enfants, pour l'avenir ! clamait-elle avec conviction.


Newt quant à lui fronçait les sourcils.


- Oh non...


L'Auror secoua la tête.


- Quoi ? questionna-t-elle. Qu'est-ce qu'il se passe ?


Une étincelle de panique s'alluma dans le regard du magizoologiste, que la jeune femme ne comprit pas. Or, elle détestait être confrontée à quelque chose qu'elle ne comprenait pas.


- Répondez-moi, voyons!


Le sorcier se releva tout à coup avant de se mettre à courir en direction de la banque, suivi d'Annabeth. Celle-ci le rattrapa, furieuse qu'il tente de s'échapper ainsi et l'arrêta d'un geste. Newt se stoppa tout près des marches, regardant vivement aux alentours.


- Qu'est-ce que vous faites ? demanda l'Auror avec agacement. Il s'est passé quelque chose ?


Le magizoologiste ne répondit pas tout de suite. La jeune femme l'interpella de nouveau.


- Mr. Scamander, je vous ai posé une question.


Le sorcier croisa son regard et sortit discrètement sa baguette - un bel instrument de bois clair, légèrement griffé par l'usage. Il attrapa ensuite le poignet ganté d'Annabeth qui se dégagea aussitôt.


- Je crois...dit-il en observant la banque.


Son interlocutrice haussa un sourcil et Newt déglutit.


- Je crois que Dougal s'est échappé.


Annabeth crut qu'il allait développer mais le magizoologiste se dirigez vers le bâtiment. Elle soupira.


- Qui est Dougal ? interrogea-t-elle.


- Oh, mon demiguise. Il ne supporte pas les voyages en bateau, j'ai dû m'occuper de lui durant tout le trajet. Je crois qu'il avait envie de se dégourdir les pattes.


Annabeth manqua de s'étrangler.


- Votre demiguise ? Vous avez emmené un demiguise à New York ?


Newt ne répondit pas. L'Auror décida dans un soupir de ne pas insister et secoua la tête.


- Les demiguises peuvent devenir invisibles, c'est bien ça ?


- Euh...oui.


- Et comment les attrapez-vous lorsqu'ils s'échappent ?


Le magizoologiste esquissa un sourire navré.


- En général j'essaie d'éviter...ce genre de situation.


Annabeth leva les yeux au ciel et s'arrêta devant les portes de la banque.


- Bien, inutile de vous questionner sur la présence - et l'absence - de votre demiguise. Allons vite le chercher avant qu'il ne fasse n'importe quoi.


Son interlocuteur acquiesça gauchement.


-Oui, c'est une bonne idée. Dougal aime beaucoup les autres animaux ou créatures. Je vais essayer de le trouver du côté Est.


- Très bien, je me charge du côté Ouest. A très vite, Mr Scamander.


- Oh, et essayez d'être le plus imprévisible possible, conseilla-t-il avant qu'elle ne s'engage dans la banque. La vue des demiguises sont basées sur la probabilité. Ce qui veut dire qu'ils...


- Je sais, ne vous inquiétez pas, l'interrompit Annabeth avant de sourire. J'ai étudié à Poudlard, moi aussi, ne l'oubliez pas.


Newt la salua d'un hochement de tête avant de s'engouffrer côté Est. L'Auror sortit sa baguette de l'intérieur de son manteau et commença à observer les alentours.


Rien de spécial. Ce qui était plutôt bon signe : tant que sa présence ne sautait pas aux yeux, l'animal se tenait tranquille. Annabeth se posta dans un coin et agita discrètement sa baguette en murmurant une formule de localisation.


Ce n'est qu'après qu'elle se rendit compte que son suspect pouvait profiter de cette traque pour lui fausser compagnie.


Newt Scamander observait attentivement les moindres recoins de la banque, baguette à la main, se maudissant d'avoir laissé fuir son demiguise. Dougal n'était pas aisé à repérer, compte-tenu de ses capacités d'invisibilité, quant à l'attraper... Le magizoologiste soupira. Il chuchota un sortilège et commença à chercher derrière les bancs de la salle d'attente. Il aperçut soudain l'ombre du singe aux longs poils argentés derrière l'un d'entre eux et s'y précipita pour suivre sa trace. Cette dernière disparut dessous et Newt s'accroupit afin de voir le trajet à suivre.


- Qu'est-ce que vous trafiquez ?


Le sorcier releva la tête en sursautant et manqua de se cogner le haut du crâne sur le bois. Un petit homme brun et corpulent l'observait, incrédule.


- Excusez-moi, répondit-il en se redressant. Je...une pièce était tombée à terre et...


Le petit homme fronça les sourcils.


- Et...vous l'avez retrouvée ?


- De quoi ? La...Oh, euh, non, ce n'est pas grave. Bonne journée monsieur.


Le magizoologiste prit un air qui lui sembla normal et s'éloigna de plusieurs pas mais trébucha sur une masse molle avant de tituber et de se rattraper sur le dossier du banc. L'autre le fixa un instant puis haussa les épaules.


- Monsieur Kowalski, c'est à vous, appela-t-on.


Newt vit son interlocuteur se lever pour rejoindre un bureau avant de baisser les yeux.


"Non !"


Son niffleur, sur lequel il avait trébuché plus tôt grimpait discrètement sur le pantalon du petit homme avant de se loger dans la poche de son manteau. Le sorcier écarquilla les yeux et sortit sa baguette, ouvrit la bouche, se ravisa.


- Monsieur Kowalski! l'apostropha-t-il.


Trop tard : l'autre était trop loin pour l'entendre. Newt eut le temps de l'apercevoir entrer dans le bureau tout en fermant la poche où était enfermé le niffleur à l'aide d'une fermeture éclair.


- Par la barbe de Merlin...


Le magizoologiste se précipita en direction de la porte mais un bruit d'explosion l'arrêta.


Un instant plus tard, la banque était en feu.


**


Annabeth essayait d'effectuer ses recherches de manière discrète. Il y avait du monde à la banque et ce n'était pas le moment de se faire remarquer par des moldus. Tout en lançant quelques sortilèges pour trouver le demiguise de Mr Scamander, elle établissait mentalement un plan du déroulement de sa mission. "D'abord, on trouve ce Dougal", songeait-elle. "Ensuite, j'interroge mon suspect sur les raisons de son voyage.. La jeune femme était déterminée. "Je ne laisserais pour rien au monde ce Newton Scamander me fausser compagnie si je risque en amont de perdre mon travail". Annabeth était attachée à son travail. Se faire renvoyer serait la pire des punitions. "Je montrerai à mon équipe que je ne suis pas aussi idiote que j'en ai l'air", soupira-t-elle.


Elle laissa échapper quelques sortilèges afin de repérer la créature, tout en se faufilait discrètement à travers la banque.


- Salutations, puis-je vous aider ? demanda une jeune femme brune en s'approchant.


La jeune Auror dissimula sa baguette à l'intérieur de son manteau avant de croiser les bras.


- Euh, non, répliqua-t-elle. Merci.


Annabeth n'était pas douée pour mentir, même un peu. Elle espéra avoir pris un ton normal tout en se demandant quelle serait la réaction la plus appropriée face à ce genre de questions, néanmoins la femme se contenta de sa réponse et partit. La sorcière poussa un soupir à la fois impatient et soulagé, puis entreprit de continuer ses recherches.


La banque était grande et Annabeth détestait chercher quelque chose de perdu. Elle faisait toujours en sorte d'ordonner ses affaires afin d'éviter ce genre de situation, mais perdre du temps pour trouver les biens de quelqu'un d'autre l'agaçait profondément. "Par la barbe de Merlin, pourquoi ce Newt Scamander trimballe-t-il ce demiguise dans sa valise ?" Elle se rendit compte que la question était tout à fait censée et se promit de la lui poser dès qu'elle le reverrait. La jeune Auror lança un sort de localisation le long d'un couloir lorsqu'un mouvement dans la poche de son manteau attira son attention.


Annabeth s'arrêta.


Elle ne se serait pas inquiétée si le mouvement ne venait pas de persister. C'était comme quelque chose qui bougeait, on aurait dit qu'un être vivant s'agitait dans la poche. La jeune femme déposa sa valise à ses pieds et plongea une main à l'intérieur de son manteau pour la vérifier. Cette dernière avait été ensorcelée afin d'y accueillir le plus d'objets possible, aussi fut-elle gênée par le désordre. Elle sentait pourtant quelque chose frapper à l'intérieur, se secouer, comme une pulsation. Annabeth pesta intérieurement. "J'espère que ce n'est pas encore une des créatures de Mr Scamander", songea-t-elle.


Elle se mit à vider entièrement le contenu de la poche : un calepin accompagné de sa plume, une boussole, une paire de gants, un petit miroir transportable...


Annabeth saisit son badge de certification d'Auror. La petite carte était toujours rangé dans l'étui de cuir. En revanche, la fermeture du porte-monnaie était restée ouverte. Annabeth ne laissait jamais ses portes-monnaie ouverts car elle tenait à l'argent et les pièces pouvaient facilement se perdre. Tout en se demandant comment elle avait pu faire exception à la règle, elle tendit la main pour le refermer lorsque l'étui lui échappa des mains et tomba au sol.


"Par la barbe de Merlin", soupira l'auror en se baissant pour le saisir. Ses doigts ne rencontrèrent pourtant que le vide : le badge s'était enfui quelques mètres plus loin, comme s'il ne voulait pas être rattrapé.


Annabeth observa un instant l'objet, avec surprise, comme s'il était une manifestation du diable. "Qu'est-ce qu'il se passe encore ?" se demanda-t-elle. Elle jeta ensuite un coup d'œil aux environs : heureusement, personne ne s'était rendu compte de rien, chacun trop occupé pour y prêter attention. La jeune femme attrapa alors sa baguette - rangée dans une autre poche de son manteau - et murmura un Accio à peine audible afin de rattraper le badge fuyeur.


Il ne se passa rien.


Annabeth commença à paniquer. Ce n'était pas normal, et ce qui n'était pas normal était instantanément à craindre. Elle entreprit alors de s'approcher doucement de l'étui de cuir resté sagement immobile et se pencha pour analyser celui-ci de plus près, baguette à portée de main. Le badge semblait pourtant plus ordinaire que les autres jours. L'Auror tendit la main pour tenter de nouveau de le prendre lorsqu'elle remarqua quelque chose.


Le cuir. Il était trop neuf, trop lisse. Or, cela faisait plus de cinq ans que la jeune femme travaillait pour le ministère.


Ce n'était donc pas le bon badge de certification.


A peine Annabeth eut le temps de s'en rendre compte que l'étui lui sauta à la figure. Elle recula précipitamment avant de pousser un cri de stupeur.


A la place de l'objet se tenait un sorcier. Il portait un long manteau ainsi que des gants et des bottes de cuir bruns, et semblait ne pas avoir vu la lumière depuis plusieurs jours.


Le sorcier leva la tête et croisa le regard de l'Auror qui saisit sa baguette. Il fut plus rapide. Attrapant la sienne d'un geste vif, il murmura une formule.


Un instant plus tard, la banque était en feu.

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