The Legends
CHAPITRE 49 : LA FIN D'UNE BELLE HISTOIRE ? PARTIE 1
Ils étaient restés sur le pont pour le départ du bateau, puis prirent la direction de leur cabine tranquillement.
E : je suis contente d'être ici...avec toi
J : et moi donc !
Il leur restait encore beaucoup d'affaires à ranger, Elsa avait fait le tri puis une fois le travail fini, les Stewards n'allaient pas tarder à annoncer le dîner.
E : on devrait se préparer.
Elsa avait mis une robe bleu foncé et Jack un costume, il détestait en porté mais il le faisait pour Elsa. Ils allèrent dîner. Jack s'ennuyait à mourir mais il faisait tout pour ne pas le montrer aux autres de la table. Une fois le dîner fini il emmena Elsa.
E : où allons-nous ?
J : tu verras….
Il l'emmena sur le pont de la troisième classe, où il dansait et buvait, des fêtes que préférait Jack
E : mais qu'est-ce tu fais ?
Il ôta sa veste et attrapa Elsa et l'entraîna sur la piste
E : Jack je ne sais pas danser ça
J : moi non plus ! Laisse-toi porter par la musique... Ne réfléchis pas ! Jack récupère les verres qu’ils avaient laissés sur la table et tend le sien à Elsa. Elle en vide la moitié d’un trait, sous le regard médusé du jeune homme qu’elle a enregistré sans s’interrompre pour autant :
E : Quoi ? Tu croyais que je ne savais pas boire ? Haha !
Un homme bouscule Elsa en passant et elle renverse l’autre moitié de son verre de bière sur elle. Elle crie et Jack empoigne l’homme en lui intimant :
J : Fiche le camp, toi !
Puis il s’occupe affectueusement d'Elsa dont la robe est trempée :
J : Ça va ?
Elle hoche la tête, tandis que près d’eux des cris résonnent : Tommy (un ami que Jack s'est fait sur le bateau) a gagné la partie ! Elsa s’approche de lui en s’exclamant :
E : Alors ! Alors, on veut jouer les gros bras ?
Elle prend la cigarette coincée entre les lèvres de Tommy et tire un grand coup.
E : Voyons si vous pouvez faire ça ! Tenez-moi ça, s’il vous plaît Jack, tenez-le en l’air !
Elle remonte la traîne de sa robe du soir et la donne à Jack, puis se dresse sur la pointe des pieds comme une ballerine. Son visage se crispe sous l’effort et après quelques secondes elle s’effondre dans les bras de Jack, essoufflée mais heureuse. Une femme s’exclame :
- Jésus, Marie, Joseph !
Jack est inquiet :
J : Ça va ?
E : Je n’avais pas fait ça depuis des années !
Ils rient, Elsa, insouciante, dans les bras de Jack, et aucun d’eux ne remarque le majordome de Hans, Lovejoy, qui les observe avec une mine de vinaigre depuis l’escalier.
Un musicien annonce :
- Bon, et maintenant la farandole ! En avant, allez !
Les premières notes de "Drowsy Maggy" résonnent et
Fabrizio prend la main d’Helga :
- Ah, oui ! Héhé !
Elsa fait de même avec Jack et l’entraîne dans une farandole qui achèvera de transformer leur vie à tous les deux...
Ils tournaient et tournaient après avoir danser plusieurs fois, ils allèrent sur le pont. Et Elsa se retourna brusquement.
E : huh !
J : qui y a-t-il ?
E : rien j'ai cru voir quelqu'un, mais j'ai dû me tromper....
Les étoiles brillent par milliers et la voie lactée se reconnaît aisément tellement le ciel est dégagé. Elsa porte la veste du beau costume de Jack autour de ses épaules et ils se promènent sur le pont des embarcations éclairé mais désert, le long des canots de sauvetage, chantant une chanson populaire qu'ils ont entendue jouer par "l'orchestre" de troisième classe lors de la soirée : "Come Josephine in my flying machine..." (Viens Joséphine dans ma machine qui vole...) :
J & E : Come Joséphine in my flying machine,
and it's up she goes! Up she goes!
In the air she goes. Where ?
There she goes...
(Viens Joséphine dans ma machine qui vole,
S’envole, dans l'air s'élève ! Où ?
Elle s'envole...)
Ils ont atteint l'entrée des premières classes mais n'entrent pas, ne voulant ni l'un ni l'autre que la soirée s'achève. La musique de l'orchestre de Wallace Hartley s'élève jusqu'à eux depuis le salon du pont A. Elsa s'accoude à un des bossoirs et regarde le ciel :
E : N'est-ce pas magnifique ? Si géant et infini...
Elle se penche au-dessus du bastingage et regarde l'océan
J : c'est le voyage de rêve...il faudra que tu me fasses penser à remercier Anna.
E : je le ferais, promis
Ils rentrèrent dans leur cabine, et ils entamèrent leur nuit de noce…qui fut agitée.
Le lendemain ils étaient inscrit à la visite guidée du bateau par monsieur Andrews, l'ingénieur. Ils arrivèrent sur le pont ou le groupe étais déjà presque complets.
E : * tout bas A Jack * Jack regarde....
J : quoi ? Non pas lui...
E : restons naturel, si on ne lui parle pas tout ira bien...
J : et s'il nous parle ?
E : on lui répond de manière pacifique.
J : c'est Hans tout de même, faut pas abuser
E : Jack, si te plaît
J : bon...
Dimanche 14 avril 1912, après la messe, dans le gymnase sur le pont des embarcations. C'est une pièce décorée dans le style Edwardien qui fait sensation car c'est une nouveauté. Il y a des machines mystérieuses qui sont destinées plutôt à distraire les riches passagers qu'à muscler leurs corps : un vélo fixé au sol où des aiguilles rouges et bleues affichent l'effort de l'utilisateur, une dame y pédale justement dans sa longue robe encombrante, un cheval et un chameau électrique, un canot pour ramer au sec...
Hans déclare en voyant ce dernier :
H : ça me rappelle mes études à Harvard.
T.W. McCauley, l'instructeur vêtu d'une combinaison de flanelle blanche, désire montrer un des appareils étranges au petit groupe à qui Thomas Andrews fait visiter le paquebot :
- Le cheval électrique est très populaire. Nous avons aussi un chameau électrique...
Elsa pose une main curieuse sur la scelle ondulante et l'instructeur propose à Une dame :
- Envie d'essayer la monture, madame ?
Mais La dame refusa.
- Ne soyez pas absurde... je ne peux pas faire preuve d'une habileté que je n'ai jamais eue...
Thomas Andrews annonce :
- Le prochain arrêt de notre tournée sera la passerelle de commande !
Thomas Andrews est arrivé au poste de navigation avec le petit groupe qu'il guide. Elsa pose une question à l’ingénieur :
E : Mais pourquoi avez-vous deux gouvernails ?
TA : Nous n’utilisons celui-ci que près des côtes !
Harold Bride, le deuxième opérateur de T.S.F. (Télégraphie sans fil) âgé de 21 ans, s’est approché du capitaine qui écoute les explications d’Andrews :
- Veuillez m’excuser, commandant. Un nouveau signalement d’icebergs ! Celui-ci nous vient du Norda !
Le capitaine prend le marconi gramme et congédie le jeune marin en lui adressant un sourire presque paternel :
- Merci, Sparks.
Puis, voyant le visage anxieux de Jack il ajoute :
- Oh, rien d’inquiétant. C’est tout à fait normal à cette période de l’année ! En fait, nous prenons de la vitesse ! J’ai donné l’ordre d’allumer les dernières chaudières !
Rassurée par les mots de cet homme qui a 40 ans d’expérience des océans, dont 26 en tant que capitaine, Jack se recompose un visage souriant. Au même moment que le petit groupe quitte la passerelle, le 2ème officier Charles Herbert Lightoller sort du poste de cartographie et questionne le premier officier Murdoch :
- Est-ce que quelqu'un a fini par trouver ces jumelles de surveillance pour les vigies ?
- Non, pas depuis Southampton...
Le long des embarcations de secours, la visite guidée par monsieur Andrews en personne, Elsa au bras de Jack, la visite se poursuit. Hans quant A lui écoute les conversations entre Elsa et Jack et ils écoutent Elsa demander au chef-constructeur du palais flottant sur lequel ils se promènent :
E : Monsieur Andrews, pardonnez-moi, j’ai fait le calcul dans ma tête et avec le nombre canots de sauvetage multiplié par la capacité que vous avez mentionnée, pardonnez-moi, mais il semble qu’il n’y ait pas assez de canots pour tout le monde !
Andrews lui sourit et explique calmement :
- Il en manque la moitié ! Elsa, rien ne vous échappe, dites-moi ! En fait, j’ai fait installer ce nouveau type de bossoirs qui aurait pu contenir une rangée de bateaux de plus à l’intérieur de celle-ci. Mais on a pensé en haut-lieu, malheureusement, que le pont aurait eu l’air trop encombré. Alors on ne m’a pas écouté...
Hans intervient en frappant un des canots avec sa canne à pommeau doré :
H : Mais cela aurait été une perte d’espace puisque ce navire est insubmersible !
Puis avant le déjeuner, ils rentrèrent dans leur cabine et eurent une dispute. Puis Jack sortis laissant Elsa dans la cabine.
Perdu dans ses pensées et malheureux de la tournure des événements et de ne pas avoir les moyens d’offrir une vie décente à Elsa, Jack s’est réfugié sur la proue du navire, à l’endroit même où il se prenait pour le "maître du monde" quelques jours plus tôt. Il ne parvient pas à penser à autre chose, malgré le panorama magnifique qui s’étend devant lui : les derniers rayons du soleil couchant éclairent le ciel d’une douce lumière violette, allant du lilas au rose le plus clair, entrecoupé de jaune, bref, un enchantement en d’autres conditions. L'étrave du Titanic continue de couper l’océan comme une lame, la proue éclairée par le soleil du côté bâbord et plongée dans l’ombre de l’autre côté. Il n’entend pas Elsa approcher.
E : Jack ?
Surpris, il sursaute et la regarde, profondément ému par le courage de la jeune femme et lui tend la main en posant un doigt sur ses lèvres qui s’étirent en un sourire qui éclaircit son visage :
J : Chut. Donne-moi ta main... et ferme les yeux... allez ! Monte là-dessus... accroche-toi au garde-fou... N’ouvre pas les yeux, ne regarde pas !
E : Je ne regarde pas !
J : Monte sur la balustrade. Redresse-toi... tient bon. Garde les yeux fermés... Tu as confiance en moi ?
E : J’ai confiance en toi...
Jack a installé sa femme sur le bastingage et la tient par la taille pendant qu’il lui écarte les bras comme des ailes avant de lui souffler :
J : Très bien. Ouvre les yeux !
Elle s’exécute et s’exclame sous l’émotion :
E : Je vole ! Jack !
Devant eux, rien d'autre que l'océan, à l'infini... Jack comprend ce qu’elle ressent et lui entoure les mains délicates de ses mains habituées le travail dur, et ils restent là, comme pour l’éternité, en un double crucifix sur la proue de ce bateau de rêves qui les emmène devant le ciel qui scintille toujours de tous les tons de bleu et de violet. Le châle beige brodé d'Elsa flotte dans le vent et Jack est pris d’une impulsion et se met à chanter cette chanson très populaire une année plutôt qu'ils avaient déjà chanté ensemble :
J : "Viens Joséphine, dans ma machine qui vole, s’envole, comme une folle..."
Elsa rit et ils tombent sous le charme du moment, et cette fois elle ne refuse pas ses lèvres qui se posent sur les siennes lorsqu’elle lève la tête vers lui. Un premier baiser timide est suivi d’un autre plus passionné, puis d’un autre plus fougueux encore, tandis que leurs doigts entrelacés ne font plus qu’une seule main...
20 mètres au-dessus d'eux, dans le nid de pie, leur fougue n'a pas échappé aux vigies. Frederick Fleet souhaite :
- Si seulement nous avions ces foutues jumelles...
Mais Jack et Elsa ne savent rien de cela, seul leur amour compte.
Elsa et Jack pénètrent dans la suite des Hockley en riant, et elle persuade le jeune homme :
E : Cela conviendra parfaitement, crois-moi...
Tandis que Jack, pourtant déjà confronté au luxe des premières classes le soir précédent, retient sa respiration, Elsa déclare en l’invitant à approcher :
E : tu me dessines ?
Abasourdi par l’opulence de la pièce avec ses murs lambrissés de chêne et son élégante cheminée de marbre ornée d’une plaque en cuivre à fine dorure, Jack demande :
J : Quoi ?
E : dessine-moi comme tu as fait sur ton vieux carnet à la maison
L’air désinvolte, il répond, caressant le bord de la cheminée comme s’il espérait trouver l’ultime poussière qui pourrait gâcher cette splendeur parfaite :
J : mais bien-sûr madame
Ils rient de bon cœur face à sa phrase.
Elsa pénètre dans la garde-robe et explique à Jack qui la suit pour la regarder ouvrir le coffre-fort et en retirer un étui à bijoux :
E : je connais madame Hockley depuis des années, c'était une des amies de mes parents, ce bijou est un bijou précieux offert par mes parents à leurs amis car ils avaient accompli je sais plus trop quoi...
Avec une vague inquiétude, Jack demande :
J : On doit s’attendre à le voir arriver d’un moment à l’autre ?
Leurs regards se croisent dans le miroir de la garde-robe de La vieille dame. Elsa se veut rassurante :
E : Pas tant que les cigares et le brandy ne sont pas terminés !
Elle a retiré le "Cœur de l’océan" de son lit en velours bleu et le donne à Jack qui, encore une fois, en a le souffle coupé :
J : C’est joli... qu’est-ce que c’est ? Un saphir ?
Il tourne le bijou entre ses mains et l’examine, tandis qu’elle explique :
E : Un diamant ! Un diamant très rare !
Jack siffle entre ses dents. Elsa lui jette un regard en biais et demande :
E : Jack, je veux que tu me dessine ! Avec ce bijou !
Le regard rivé sur le collier, il répond négligemment :
J : D’accord.
Voyant qu’il n’a manifestement pas compris ce qu’elle attend de lui, elle insiste en rougissant :
E : Avec uniquement ce bijou...
Laissant un Jack abasourdi d’étonnement dans le salon, Elsa se retire dans la chambre à coucher pour se changer. Elle retire le peigne au papillon de ses boucles et brosse ses cheveux, se dévêtit et enfile son kimono noir et or.
Jack a entrepris d’arranger le salon selon ses besoins, il a poussé les meubles de sorte que le sofa de style Empire domine la pièce. Il déroule son matériel de dessin et entrepose les crayons avec une précision qui ferait honneur à tout chirurgien. Taillant un de ses crayons "Conte" avec son couteau, il attend la suite des événements avec impatience.
Quelques instants plus tard, Elsa apparaît dans son déshabillé en soie qui dévoile plus qu’il ne cache, et une boule se forme dans la gorge du jeune homme en la voyant ainsi, chose qui semblait impossible quelques heures auparavant.
Elle s’approche de lui :
E : La dernière chose dont j’ai besoin c’est encore un portrait de moi ressemblant à une poupée en porcelaine...
Elle rejoint le divan, écarte les pans de son kimono et le laisse glisser de ses épaules, attendant que Jack lui dise comment prendre la pose. Mais celui-ci est ébahi par la vue de ce corps, par la spontanéité du geste qu’il balbutie :
J : Allonge toi sur le lit... je veux dire le sofa...
Rougissant de plus en plus, il désigne le meuble avec son crayon. Et Elsa, sereine mais toute aussi nerveuse que lui, s’allonge et essaye de trouver une pose confortable.
J : Très bien... allonge toi, Oui !
E : Dit-moi quand la pose est bonne.
J : Reste comme ça ! Remet ton bras comme tu l'avais mis, bien. Met l’autre bras plus haut, la main droite près du visage... là... voilà. Maintenant tourne la tête, le regard vers moi, garde-le bien vers moi ! Et essaye de rester immobile...
Le crayon trace les premiers contours et peu à peu l’atmosphère se détend, Elsa étant moins gênée par sa nudité et Jack trop absorbé par son dessin.
Elle l’observe et s’amuse au bout d’un moment :
E : Tu es si sérieux.
Il sourit, ne quittant son travail qu’une seconde des yeux. Elle insiste :
E : Il me semble que tu rougis, monsieur le grand artiste !
Elle reprend son sérieux et se recompose un visage. Respirant profondément, elle savoure chacun de ces instants passés en compagnie de Jack. Il met tout son amour dans ce croquis et ce qui en résulte est le meilleur travail qu'il ait jamais réalisé...elle regarde le dessin et Elsa supplie :
E : Date-le, Jack... je veux me rappeler cette nuit pour toujours...
Jack s'exécute et tend son œuvre à Elsa, encore calé sur son porte-documents.
Elle admire le travail et dit simplement :
E : Merci...
Elle embrasse Jack et s’approche du bureau pour écrire une lettre à Madame Hockley sur le papier à lettres fourni par la White Star Line, une étoile blanche sur fond rouge dans le coin gauche, suivie de Jack qui veut savoir :
J : Qu’est-ce que tu fais ?
Tandis qu’elle s’arme de la plume et la trempe dans l’encrier, elle tend l’étui avec le "Cœur de l’océan" à Jack et lui demande :
E : tu veux bien le remettre au coffre pour moi ?
J : Hmm.
Il sent qu’elle tente de l’éloigner et s’en va déposer le bijou à côté des liasses de billets que les Hockley avait soigneusement empilées dans le coffre-fort dont la couleur verte choque nettement sur le décor élégant du tapis fleuri dans les tons de mauve, identique à celui de la chambre à coucher d'Elsa.
Effleurant les billets du bout des doigts, Jack siffle doucement entre ses dents.
Dans le salon-fumoir des premières classes, à l’arrière du navire au niveau A, Lovejoy vient faire son rapport à son patron qui le voit arriver avec impatience et quitte ses convives pour un moment :
H : Messieurs, voulez-vous m’excuser ?
Le colonel Gracie répond :
- Mais je vous en prie.
Hans s’éloigne de quelques pas mais il est parfaitement conscient que tout un chacun sait ce qu’il se passe entre lui et Elsa... ou plutôt entre Elsa et Jack !
Furieux, il écoute son majordome dire :
L ; Aucun des stewards ne l’a vue !
H : Mais c’est absurde ! Nous sommes sur un paquebot ! Il n’y a... Il n'y a pas des millions d’endroits où elle peut être ! Lovejoy ! Trouvez-la !
Résigné de servir de catalyseur pour les agressions de son maître, il hoche la tête, ne sachant pourtant pas par où commencer la recherche des jeunes gens car sur un paquebot comme celui-ci, justement, il y a des millions d’endroits où ils pourraient être... !
Sur la passerelle de commandement, le deuxième officier Charles Lightoller est de garde. Le capitaine Smith est présent lui aussi après avoir suivi une invitation privée des Widener, une riche famille de Philadelphie, pour un dîner dans le restaurant de monsieur Gatti qui possède encore deux endroits réputés parmi les gourmets à Londres : Gatti's Adelphi et Gatti's Strand. Sur le Titanic, il tient un restaurant à-la-carte dans lequel les passagers de la première classe qui ne désirent pas dîner dans la salle à manger du pont D peuvent se réfugier pour une soirée aux chandelles en tête à tête ou pour donner une réception comme les Widener. Le restaurant est flanqué de part et d'autre par un café parisien qui imite les petits bistrots de la capitale française pour le décor. Le pont-promenade B qui s'étend le long des cafés leur sert de route en quelque sorte...
Mais sur la passerelle, rien ne rappelle le décor luxueux et réconfortant de ces endroits. Le thermomètre a baissé rapidement et le charpentier a été envoyé plusieurs fois déjà pour vérifier si les stocks d'eau potable ne gèlent pas dans les réservoirs sous la ligne de flottaison. Une tasse de thé noir garni d'une rondelle de citron à la main, le capitaine déclare :
- C'est clair....
Lightoller approuve :
- Oui. Je ne crois pas avoir jamais vu un calme aussi plat en 24 années de service dans la marine.
Tout en remuant le citron dans son thé, Smith acquiesce :
- Un véritable lac, pas un souffle de vent...
- Cela va rendre les icebergs plus difficiles à voir, s'il n'y a pas de vagues à la base.
- Hmmm...
Réfléchissant à cette remarque de son deuxième officier qui possède comme les 6 autres officiers la licence de capitaine, Smith déclare :
- Je vais dormir un peu. Maintenez la vitesse et le cap, monsieur Lightoller.
- Bien, commandant.
Jack contemple l’océan nocturne, penché par la fenêtre ouverte de la promenade privée par où un froid glacial s’engouffre dans le salon de la suite. Il frotte ses mains et entre dans le salon en attendant Elsa qui s’habille. Elle le rejoint, vêtue d’une robe qui semble flotter autour d’elle, légère et presque transparente, blanche avec une longue ceinture rose, mauve et verte nouée dans le dos. Ses cheveux laisser au vent plutôt quand chignon...
Jack désigne le pont-promenade avec la fenêtre coulissante toujours grande ouverte :
J : Ca se rafraîchit !
E : Hmm.
J : tu es ravissante...
Au même moment on frappe à la porte du salon et en même temps un bruit de clef que l'on introduit dans la serrure :
- Mademoiselle Elsa ?
C’est Lovejoy ! Elsa attrape Jack par le bras et l’entraîne à travers la chambre de Hans (malheureusement les Hockley était les parents adoptifs de Hans) puis le couloir et enfin sa chambre qu’ils traversent au pas de course pour sortir de la suite, mais Jack s’inquiète :
J : Mes dessins !
Lovejoy se lance à leur poursuite et les repère dans le couloir au même instant qu'Elsa se retourne pour voir où il est et s’écrie en riant :
E : Viens, Jack !
Ils courent main dans la main jusqu’aux ascenseurs où, scandalisés par la course et les cris, plusieurs passagers les remarquent. Ils voient que quelques personnes s’apprêtaient à emprunter la cage d’un des trois ascenseurs et Elsa crie au groom :
E : Non ! Attendez, attendez, attendez !
Ils repoussent les autres passagers et font irruption dans l’engin. Jack presse le jeune groom étonné :
J : Attendez, attendez ! Attendez ! Allez, vite !
Elsa l’accompagne de ses cris :
E : Allez, allez vite ! Descendez ! Dépêchez-vous !
L’appareil s’abaisse doucement pendant qu'Elsa ferme les grilles de protection et fait un doigt d’honneur à Lovejoy qui enrage de plus en plus. Puis elle lui fait signe de la main en riant :
E : Au revoir...
Il se lance dans l’escalier et arrive au pont D où l'escalier s'arrête, juste à temps pour voir la cage vide remonter. Furieux, il tape dans la porte et continue sa course dans l’escalier pour trouver un moyen de descendre à son tour au pont E par un escalier de service, sans se soucier de bousculer les gens.
Jack et Elsa sont descendus au niveau E, le dernier accessible par l’ascenseur depuis les premières classes, où ils bousculent un steward et Jack s'excuse en riant :
J : Oh, pardon...
Puis ils descendent par un escalier de service jusqu'au pont F où ils se cachent dans un couloir après avoir fait tomber une théière et des tasses de la dînette d’un employé étonné de cette course folle.
Derrière une double- porte à battant munie d’un hublot, ils reprennent leur souffle et Jack constate :
J : Plutôt dur à cuire pour un valet, ce gars là ! Il ressemble plus à un flic !
Il aperçoit Lovejoy qui descend l'escalier et regarde autour de lui.
En digne ancien détective privé, il les repère aussitôt et approche à grands pas, et Jack jure :
J : oh, merde !
Il empoigne Elsa et ils s'enfuient en riant.
J : Vite...allez !
E : Jack !
Jack l’entraîne déjà dans une autre coursive, tout droit dans un cul de sac :
J : Non, par ici...
E : Oh !
Des trois portes qui les entourent, deux sont verrouillées, indiquent "Crew only" (réservé à l'équipage) et de la troisième s’échappe un bruit infernal. Mais c’est la seule possibilité et déjà ils sont enfermés dans une minuscule pièce d’accès à la chaufferie numéro 5 puisque Jack a mis le loquet sur la porte et que Lovejoy les attend de l'autre côté ! Elsa se bouche les oreilles en riant et crie pour surmonter le vacarme des machines :
E : Et maintenant ?
J : Quoi ?
Jack jette un regard sur l’escalier qui semble mener tout droit en enfer, d’où leur parviennent les cris d’encouragement d’un chef-chauffeur :
- Allez, les gars, encore, continuez les gars !
Jack descend en premier et aide Elsa à sauter les dernières marches avec sa longue robe. Un chauffeur, le visage et le corps noircis de suie, les voit débarquer et crie :
- Attendez ! Qu’est-ce que vous faites ici tous les deux ? Vous ne devez pas être ici, c’est bien trop dangereux ! Hé !
Mais Jack et Elsa sont déjà partis en courant et Jack regarde autour de lui et crie aux hommes en petite chemise, qui transpirent abondamment et s’étonnent de voir des passagers des classes supérieures s’aventurer par ici :
J : Continuez ! Ne faites pas attention à nous, vous faites du beau boulot ! Ne vous arrêtez pas pour nous !
Après avoir parcouru les chaufferies 5 et 6 avec leur chaleur et leur vacarme étourdissants, séparées par une porte étanche électrique ouverte pour faciliter le passage et une soute à charbon servant à entretenir les foyers de la chaufferie 6, ils arrivent dans la cale à bagages numéro trois. Elsa frissonne dans sa robe en voile, pendant que Jack inspecte les lieux et découvre la Renault neuve de William E. Carter :
J :Wow ! Regardez ce qu’on a là !
Elle se tient près de la portière et attend qu’il l’ouvre pour elle.
E : Hm, hm, hm.
Il s'exécute et lui propose sa main pour l’aider à grimper dans l’habitacle :
J : Hm.
E : Merci...
Jack ferme la porte et prend place sur le siège du conducteur pour klaxonner tandis que la jeune fille inspecte l’intérieur du véhicule avec ses murs recouverts de velours bleu nuit avec un vase en cristal muni d'une rose de chaque côté et baisse la vitre séparant le chauffeur de son maître.
J : Où va-t-on, mademoiselle ?
Elle se penche sur son épaule et répond en chuchotant :
E : Dans les étoiles !
Elle soulève Jack par les aisselles et tire de toutes ses forces pour l’entraîner dans l’arrière du véhicule, près d’elle, et il se laisse faire en riant.
Mais de suite ils reprennent leur sérieux, car tous deux savent que ce qui va se passer était inévitable. Jack la prend dans ses bras la regarde longuement :
J : Tu as peur ?
Embrassant les doigts du jeune homme, elle murmure :
E : Non. Pose tes mains sur moi, Jack...
Dans le nid de pie, A 20 mètres au-dessus de la plage avant, les vigies Frederick Fleet et Reginald Lee sont de garde. Si le vent est froid sur les ponts, qu’est-ce que ça devait être là-haut, avec la vitesse en plus ! Les deux hommes n’ont ni lunettes ni jumelles pour se protéger les yeux, et pourtant ils sont les "yeux" du paquebot ! Ils travaillent en tranches de 4 heures avec leurs 6 collègues...
Lee constate :
- Ca se rafraîchit !
- Tu sais que moi je sens la glace... quand on s’en approche !
- Des foutaises !
- Ben si, moi je la sens...
Lee se moque de son collègue.
Ils ont reçu l’ordre d’observer l’horizon pour voir d’éventuels d’icebergs le plus tôt possible, et leur service nocturne de quatre heures est très pénible dans ces conditions météorologiques. La place dans le nid de pie est limitée et les hommes n’ont qu’un téléphone pour meuble, même pas une possibilité pour s’asseoir.
Sur la passerelle de commande, le premier officier Murdoch remplace le 2ème officier Lightoller à 22 heures tapantes. Murdoch demande en ajustant ses gants de cuir :
- Vous avez fini par trouver ces jumelles de surveillance ?
- Non, pas depuis Southampton. Bon, je vais faire ma ronde. Salut.
Murdoch approuve d’un hochement de tête.
Juste avant le départ du navire de Belfast, la hiérarchie des officiers avait été chamboulée. La compagnie avait décidé de retirer l’officier Wilde de l’Olympic, sister-ship du Titanic et l’aîné de 18 mois. Murdoch qui devait être officier en chef et Lightoller en premier furent dégradés respectivement en premier et deuxième officier ce qui ne se passa pas sans problèmes entre les hommes. Apparemment l'ingénieur Thomas Andrews aurait été consulté par les officiers qui se sont confiés à lui et il aurait apaisé leurs craintes vis à vis de Wilde.
Dans la soute à bagages, Jack et Elsa font l’amour dans la voiture qui ne leur appartient que pour quelques heures. Elsa frôle la vitre arrière de sa main, laissant une empreinte de buée sur le carreau.
Elle couve Jack d’un regard empreint de tendresse :
E : Tu trembles...
J : T’inquiètes pas, je vais très bien...
Il pose sa tête sur sa poitrine :
J : J'entends ton cœur battre...
Elle dépose un baiser sur son front, souhaitant pouvoir rester là avec lui pour l'éternité.
Le chauffeur de la chaufferie 6 désigne à deux stewards tout de blanc vêtus la direction dans laquelle Jack et Elsa se sont enfuis :
- Ils sont partis par-là !
- Très bien !
Ils s’engouffrent tous deux par la porte métallique, fuyant la chaleur des foyers de la salle des machines pour se retrouver dans le froid glacial de la cale à bagages numéro trois, bien décidés de remonter vite dans les classes supérieures dans la chaleur et l’ambiance feutrée, avec les jeunes gens échappés au contrôle de la société ce qui promet un pourboire plutôt large...
Hans et Lovejoy inspectent la suite après le passage de Jack. Hans ouvre le coffre-fort, son fidèle valet s’enquiert :
L : Il ne manque rien ?
Dans le coffre, Hans trouve le dessin de Jack dans son porte-documents usé.
Hans est tenté de déchirer le ravissant travail, puis se ravise et annonce :
H : J’ai une meilleure idée !
Satisfait, il chiffonne le dessin.
Les stewards lancés à la recherche d'Elsa et de Jack ont repéré les traces d'une main sur la vitre embuée de la Renault. Un des hommes porte une lampe-torche et claque des doigts pour désigner au deuxième sa découverte. Celui-ci ouvre la porte violemment en triomphant :
- Je vous tiens !
Mais le véhicule est désert...
Sur le pont inférieur C, le "well-deck" avant, à hauteur des deux cales, une porte s'ouvre avec un bruit sec, et Jack et Elsa émergent depuis les profondeurs du paquebot. Le premier officier Murdoch les observe depuis la passerelle de commandement et sourit.
Jack fait tourbillonner la jeune fille et ils rient :
J : Tu as vu la tête qu’ils faisaient ? Tu as vu leur tête ?
Elsa reprend son sérieux et pose un doigt sur les lèvres de Jack pour l’empêcher de continuer à parler :
E : Je ne veux plus jamais rentrée
Emu et heureux, il contredit :
J : C’est de la folie !
E : Oui, je sais. C’est vraiment insensé ! C’est pour ça que j’y crois...
Ils s’embrassent à nouveau sous le regard bienveillant du 1er officier Murdoch. Au-dessus de celui-ci, les vigies ont également porté leur attention sur les amoureux.
Fleet ricane :
- Oh, oui ! Là ! Regarde ça, Lee ! Tu vois ce que je vois, hein ?
- Ils doivent avoir plus chaud que nous !
- Et bien, si c’est ce qu’il faut faire pour avoir plus chaud, ne compte pas sur moi pour le faire avec toi !
Tous deux rient de bon cœur, les occasions sont bien assez rares pendant le service, mais quelques secondes plus tard, leurs visages se figent en un masque d’horreur. Pendant ce moment d’inattention, le Titanic s’est approché dangereusement d’un iceberg. Il les attend, juste devant la proue à quelque 400 mètres seulement, noir et immense. Fleet réagit en premier :
- Putain de merde !
Il agite la cloche de toutes ses forces, trois coups énergiques et s’empare du téléphone qui relie le nid de pie par une ligne interne directement au poste de navigation sur la passerelle.
Alerté par la cloche, dont le signal - trois coups - lui indique un danger droit devant, Murdoch, qui frottait ses mains pour se chauffer, fait volte-face sur l’aileron de manœuvres droit du navire. Avec horreur, il voit une masse sombre à l’horizon qui grandit de seconde en seconde !
Fleet s’énerve :
- Mais répondez, bande de salauds !
Dans le poste de navigation, le téléphone retentit, une fois, deux fois, mais le temps semble incroyablement long à Fleet. Le 6ème officier, Moody, qui revient avec une tasse de thé de la messe des officiers, décroche, pas le moins du monde pressé.
Fleet hurle :
- Il y a quelqu’un qui m’entend ?
- Oui, qu’est-ce que vous voyez ?
- Un iceberg, droit devant !
- Merci !
Il court prévenir le premier officier à l’extérieur du poste :
- Iceberg droit devant !
Mais Murdoch sait déjà ce qu’il a vu. Il crie en même temps que Moody, qu’il rejoint dans l'encadrement de la porte lorsqu'il s'apprête à sortir :
- A tribord toutes !
Le maître de timonerie, Robert Hitchens, qui pilote le Titanic, tourne le gouvernail le plus vite qu’il peut. Murdoch se précipite sur un télé moteur pour transmettre ses ordres dans la salle des machines, faisant renverser le thé à Moody en le bousculant, puis fonce sur le télé moteur suivant :
- Machines arrière, machines arrière toutes !
Dans la salle des machines, l’ordre arrive et l’ingénieur en chef William Bell, qui finissait de chauffer un peu de soupe sur un collecteur de vapeur, fait tomber sa casserole et hurle :
- Machines en arrière toutes !
Dans la chaufferie 6, le chef-chauffeur Frederick Barrett s'entretient avec l'ingénieur en second James Hesketh sur le fonctionnement des machines lorsque le signal "Stop" s'allume accompagner d'une alerte de lampes rouges qui clignotent. Barrett hurle :
- Fermez les foyers ! Fermez tout !
A SUIVRE....