Douleur glacée
Chapitre II : Doute et confiance
La chambre était dans un état affreux, le parquet était glacé, et les meubles recouverts de neige. Même les épais rayons de soleil qui traversaient les rideaux ne suffisaient pas à faire fondre toute cette glace ; cette décoration irréaliste contrastait d'ailleurs avec l'été qui pesait à l'extérieur. Elsa ne put s'empêcher de sursauter à la vue de ce qu'elle appelait sa chambre ; jamais, Ô grand jamais elle n'avait cette pièce dans un tel état. Des stalactites de glace s'était formées au plafond, tandis que la température de la pièce ne devait pas dépasser 0 degré. La princesse porta alors une main à sa poitrine, complètement effrayée par l'étendue des pouvoirs du garçon qui se tenait en face d'elle. Elsa se rendit soudainement compte qu'il disait vrai ; il possédait précisément les mêmes pouvoirs qu'elle, à un détail près : il les contrôlait parfaitement. La jeune femme regarda ses mains, fronçant les sourcils. Ses pouvoirs ne cessaient de croître. Ne pourrait-elle donc jamais les contrôler ?
Elle rehaussa son regard vers celui du jeune homme qui ne l'avait pas quittée des yeux, et qui avait la gentillesse de lui offrir un sourire des plus rassurants. La princesse se redressa afin de retrouver une posture fière, puis décida de tourner le dos à son interlocuteur, se dirigeant vers le tableau de son cher père. Sa longue cape traînait sur le sol glacé, tandis que celui-ci craquait sous ses pieds. Elle se lança dans la contemplation de la magnifique peinture du défunt roi pendant quelques secondes, puis elle ferma les yeux
- Je ne sais pas qui vous êtes, déclara-t-elle, mais vous devez partir.
Elsa put entendre le jeune homme pousser un soupir. Elle se tourna dans sa direction, et le vit assis sur la banquette rose face à l'immense fenêtre, qu'il était en train de geler du bout de son bâton. Sans même se retourner, il déclara :
- Je peux vous aider.
Elsa fronça les sourcils. Ce garçon était, décidément, très intriguant. À commencer par le fait qu'il n'avait pas un physique des plus ordinaires. Des cheveux d'une blancheur pareille n'étaient pas courants pour un jeune homme de son âge, mais peu importe.
- Je n'ai besoin d'aucune aide, affirma la princesse.
Elsa put entendre un ricanement. A peine la princesse eut-elle terminé sa phrase que le jeune homme aux cheveux blancs se leva, glissant sur le parquet gelé pour finalement atterrir à l'autre extrémité de la pièce. Il tapota son bâton contre le mur afin de le geler, puis orienta son regard vers Elsa ; un sourire accroché aux lèvres.
- Pas besoin d'aide ? rétorqua-t-il, Regardez un peu l'état de votre chambre !
Elsa poussa un soupir. Elle savait que ce garçon dont elle ignorait encore le nom n'avait pas tort, mais elle ne pouvait pas se permettre d'accepter la moindre aide, aussi utile soit-elle. Elle ne voulait plus être en contact avec le moindre être humain, pas après ce qu'elle avait fait à Anna. Elle ne pouvait pas non plus se permettre de se faire voir avec un homme de son âge, cela attirerait les soupçons. Après tout, elle était reine ; ou du moins, dans peu de temps. Voilà que la jeune femme se perdit dans ses pensées.
- Je m'appelle Jack Frost, déclara le jeune homme. Je peux vous apprendre à maîtriser vos pouvoirs.
Elsa, sortie de ses pensées, leva son regard bleu vers celui de Jack. Son cœur battait si fort, qu'elle avait le sentiment qu'il allait exploser dans sa poitrine. Toute sa vie, elle avait été seule. Son enfance n'avait été faite que d'angoisse et de culpabilité. Personne ne lui avait jamais tendu la main, personne n'avait jamais pu lui offrir la moindre aide. Pourquoi ce garçon, si soudainement sorti d'on-ne-sait-où, viendrait-il proposer son aide à la princesse Elsa, future reine d'Arendelle ? Non ! Cela ne pouvait pas être aussi simple ! La princesse porta une main à son visage, visiblement déstabilisée.
- Pourquoi une personne telle que vous viendrait-elle me proposer son aide ? interrogea Elsa, Que souhaitez-vous donc en échange ?
Jack ne put retenir un rire. Cette princesse ne comprenait donc pas. Le jeune homme regarda ailleurs. Des années peut-être, qu'il attendait ce moment. Que quelqu'un lui adresse la parole, enfin. Il ne pouvait pas simplement se contenter de partir.
- Le fait que vous puissiez me voir me suffit amplement, votre majesté.
- Le fait que... je puisse vous voir ? demanda alors Elsa, l'air dubitatif.
Jack se contenta d’acquiescer. Le jeune homme se dirigea rapidement jusqu'à la porte puis attrapa la poignée.
- Princesse Elsa, déclara-t-il, il me semble que votre déjeuner vous attend.
Brusquement, le jeune homme ouvrit la porte. Elsa sursauta.
- Que faites-vous ? hurla-t-elle, Refermez donc cette porte ! Imaginez seulement que quelqu'un vous v...
La princesse n'eut même pas le temps de terminer sa phrase que Jack sortit de la chambre en courant, laissant derrière lui une traîné de glace. Elsa porta une main à sa bouche. C'était terrible. Et si quelqu'un... le voyait ?