Douleur glacée
Chapitre I : Solitude Brisée.
- Cache tes pouvoirs... n'en parle pas.
Elsa, future reine d'Arendelle, observait l'été fade qui habitait son royaume à travers l'immense fenêtre de sa chambre. Le soleil brillait sur Arendelle, et le peuple semblait heureux. On pouvait voir les enfants qui jouaient au ballon à l'extérieur, les parents qui discutaient ensemble et les jeunes qui flirtaient. Les oiseaux étaient de sortie, et le marché reprenait du service. Décidément, la beauté de l'été qui berçait le royaume contrastait largement avec une pièce, et une seule du château ; la chambre d'Elsa. La neige y tombait sans cesse, et les meubles étaient glacés ; presque autant que le cœur de la responsable de toute cette mascarade.
La princesse tira ses rideaux avec violence. Elle ne souhaitait plus voir cet immonde spectacle qui se dressait devant elle. Elle voulait être seule, à jamais. Bien sûr, la jeune femme aurait aimé hurler son désespoir à la face du monde ! Elle aurait voulu pleurer, crier ! Mais elle ne pouvait pas. Pour elle, pour son peuple, pour sa sœur. Elle devait rester forte. La jeune femme poussa un soupir désagréable, puis se laissa glisser le long de sa porte, la gelant entièrement.
- Elsa...
Cette dernière sursauta à l'entente de son prénom. Mais il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre de qui il s'agissait.
- Que veux-tu, Anna ?
La jeune femme n'attendait bien sûr là pas de réponse particulière. Cela faisait maintenant des années que sa sœur venait la supplier de sortir de sa chambre, de lui offrir un peu d'attention. Et cela ne manquait pas de d'avantage briser le cœur de la future reine, chaque jour. Une seule et unique personne était capable de réduire en miettes son cœur de glace : Anna.
- Je... j'ai préparé à déjeuner. Je t'ai ramené une assiette, répondit la jeune princesse.
- C'est très gentil. Pose-la donc devant ma porte, je la prendrai quand j'aurai de l'appétit.
Plus un mot. Seul le bruit de l'assiette posée sur le parquet, et les pas de la jeune femme qui s'éloignaient. Elsa soupira et passa une main dans ses cheveux blonds parfaitement attachés. Elle n'avait pas faim. Elle se leva et saisit les gants qui se trouvaient sur le bord de sa table de chevet. En face d'elle se dressait le tableau de son défunt père. Elle l'admira pendant quelques secondes, puis ferma les yeux, se perdant dans ses pensées.
- Il te manque, n'est-ce pas ?
Elsa retint un hurlement, puis se tourna immédiatement en direction de la voix. Elle écarquilla les yeux. Elle crut rêver. En face d'elle se tenait un jeune homme qui ne semblait pas plus vieux qu'elle, aux cheveux blancs et aux yeux bleus, tenant fermement un bâton.
- N-non ! Comment êtes-vous entré ici ? Vous devez sortir ! V-vous devez... ah !
Le garçon s'agita étrangement et regarda autour de lui, comme s'il pensait que les paroles de la princesse ne lui étaient pas adressées. Il finit alors par s'approcher d'elle, l'air dubitatif.
- Une seconde... tu peux me voir ?
Elsa eut un mouvement de recul, à tel point qu'elle se cogna contre le meuble qui se trouvait derrière elle, ne manquant pas de le geler. Elle avait peur. Ce garçon avait donc tout vu ? Tous ses pouvoirs ? Qu'allait-elle faire ? Comment allait-elle justifier cela ? La peur l'envahit, si bien qu'une tempête de neige commença à se former autour d'elle. On pouvait lire sur son visage l'angoisse qu'elle ressentait.
- Ne restez pas là ! hurla-t-elle. Sortez !
Une larme coula sur sa joue, glaçant instantanément. Ses mains tremblaient. Elle essayait de canaliser ses pouvoirs, elle essayait vraiment ! Mais elle le savait, s'il restait là, elle finirait par le blesser. Comme elle l'avait fait à Anna. Le jeune homme s'éloigna d'elle, ne la quittant cependant pas des yeux.
- N'ayez pas peur ! S'il vous plaît ! Regardez.
Il posa doucement le bout de son bâton sur le parquet, qui gela directement. Il offrit un sourire à son interlocutrice, avant de reprendre la parole.
- Vous voyez ! Nous avons les mêmes pouvoirs.
Elsa, visiblement choquée, porta une main tremblante à sa bouche. Ses yeux bleus grand ouverts fixaient avec terreur l'étrange personnage qui se dressait devant elle. Les flocons qui tourbillonnaient autour d'elle stoppèrent, puis elle leva son regard inquiet vers le garçon.