Freljord : La Dernière Bataille

Le vent souffle fort en ce troisième jour d'hiver. Son froid féroce brûle les joues pourpres de l'archère capuchonnée. Depuis son rocher qui surplombe les arbres, Ashe attend un signe. Elle scrute l'horizon blanc, mais voilà des heures qu'elle ne voit que la cime des arbres enneigés, le ciel flou et les montagnes. Il n'est toujours pas revenu.

Un des chasseurs du groupe qui l'attend aux pieds des arbres surgit du froid et peine à rejoindre l'archère aux cheveux de neige, tant le vent est rudement puissant sur le rocher.

-Ma reine, le froid est insoutenable. Cela fait bien trop longtemps que nous vous attendons, grelottant comme si chaque claquement allait briser nos dents. La chasse a été étonnamment fructueuse pour un jour d'hiver. Je vous implore de rentrer à Rakelstake ou bien nous gèlerons tous sur place, vous y compris.

Ashe baisse enfin le regard. Dans sa quête à le retrouver, elle avait oublié ses hommes qui l'attendaient et le froid qui les menaçait tous.

-Tu as raison Fralord, rentrons avant que le froid ne nous dévore.

Jetant un dernier regard à l'horizon elle renonce finalement et redescend vers la forêt.

Les visages des hommes s'illuminent lorsqu'ils voient leur reine arriver. Ils se lèvent tous d'un bond et attrapent chacun leurs armes et leurs gibiers, tous pressés de quitter ce froid abominable. Ashe se tient devant eux, lumineuse malgré les conditions ; sa beauté et sa force font d'elle une souveraine respectée.

-Pardon de vous avoir fait attendre. Rentrons maintenant, le feu de nos foyers et le repas chaud attendent de récompenser nos efforts de la journée.

Malgré le soulagement du retour, Ashe distingue dans les yeux de ses hommes une peur qui grandit chaque jour. Cette peur est la conséquence du froid qui depuis quelques années, devient mystérieusement de plus en plus rude. Il traduit une guerre qui se prépare. Ashe sait que la Nature parle et que la guerre finira par éclater. Ses efforts à pacifier les peuples de Freljord s'avèrent depuis quelques années de moins en moins efficaces tandis que la Griffe Hivernale avance et grandit. Sejuani aura bientôt une armée assez puissante pour provoquer des dégâts irréparables, meurtriers et chaotiques. La force de La Griffe Hivernale est connue dans tout Freljord pour être une des plus puissantes et des plus sauvages. Son armée est terrifiante ; Ashe sait qu'elle terrifie ses hommes. Son peuple, les Avarosans est le plus grand de toute la région glaciale et possède une armée très dissuasive, surtout depuis que les Barbares de Tryndamere l'ont rejoint. Mais si l'hiver est trop rude, la Griffe Hivernale de Sejuani pourra profiter de cet avantage pour attaquer car seul ce peuple sait réellement résister au froid, eux seuls savent réellement le dompter.

Un cri animal surgit soudain du ciel. Ashe bondit, arrêtant la marche hâtive des chasseurs.

-Rentrez à Rakelstake, dit-elle sérieusement. Je pars seule.

Se détournant du groupe, Ashe court à vive allure en direction du cri. Elle escalade un arbre avec une grande agilité et, une fois arrivée à la cime, elle l'aperçoit enfin. Son faucon blanc fait des ronds dans le ciel et pousse des cris de détresse, comme s'il mourrait à l'intérieur. Ashe siffle et une fois que l'animal l'a repérée, celui-ci se met à voler avec vitesse vers les montagnes à l'Est. Ashe repère sa direction, descend de l'arbre et se remet à courir.

La neige commence à tomber et son souffle à se faire court. Ashe arrive aux pieds de la montagne qui sépare son peuple de celui des Gardiens du Givre. Elle aperçoit son faucon faire des ronds vers le sommet de la montagne. Elle n'a pas le choix, il faut l'escalader. Ashe resserre son arc de Givre et son carquois sur son dos et entreprend de gravir la montagne. La roche est glaciale, glissante. Ses doigts, protégés par ses gants d'archère, peinent à s'agripper à la paroi. La montée est difficile car le vent et la neige redoublent de force et de fureur plus Ashe se rapproche du sommet. Les cris de son faucon l'aident à ne pas tomber dans le piège vicieux du froid soporifique. Ses muscles tremblent et ses prises sont de moins en moins sûres. D'une dernière force sa main agrippe le rocher plat : elle est arrivée au sommet.

Le crieur pique comme un grêlon tombé du ciel jusqu'à un balcon rocheux du pan de la montagne. Grâce à ses yeux perçants, Ashe distingue à travers les flocons et le vent une silhouette noire quasi-ensevelie par la neige. Laissant sa peur au sommet, elle glisse sur le pan enneigé de la montagne et arrive à toute allure là où l'attend son faucon. L'homme paraît mort, allongé sur le ventre, dévoré par le froid. En s'approchant de lui, Ashe remarque que sa chevelure est fourrure d'ours et que ses muscles sont si épais et développés qu'ils ne sont certainement pas humains. De toutes ses forces, elle retourne l'inconnu, bien plus lourd que tous les êtres déjà rencontrés auparavant. En voyant son visage, elle le reconnaît tout de suite grâce aux légendes qu'on lui a racontées depuis son enfance. La vitesse et la férocité du tigre, la résistance de la tortue, la force de l'ours et la flamme éternelle du phénix. Udyr, le Gardien des Esprits semble défait par un froid ténébreux, par une glace sombre qui le consume corps et esprits.