Elfe des Ténèbres

      Lylwing atterrit au sol, furieuse. Elle regrette de s’être laissée aller… si le Roi-sorcier avait été là, il l’aurait remise à sa place… elle se retient de hurler des injures en langue noire. Elle a fait assez de bêtises, elle en est consciente. Elle frappe rageusement dans un rocher et retiens un cri de douleur, ce qui fait rire le nain:

- Tu te crois capable de briser des pierres? Tu ne possèdes pas la force des nains, ni notre don de fils des roches!

La jeune elfe lui lance un regard assassin. Le nain se tait immédiatement. Les deux hommes murmurent quelque chose à voix basse. Lylwing ferme les yeux en s’approchant du lac. Quelques secondes à peine après, elle décide d’aller voir le mage. “Plus vite on entrera, plus vite je pourrai prendre l’Anneau et m’enfuir”, pense-t-elle. Elle s’assoit près de Gandalf, qui est toujours occupé à chercher le mot.

- Vous avez besoin d’aide? lui demande-t-elle. 

- Ça va aller, répond le magicien.

L’un des hobbits s’approche. Pippin, se dit Lylwing. 

- Comment dit-on ami en elfique? demande-t-il sur un ton curieux.

- Mellon, répond Gandalf toujours concentré.

                Un grondement sourd retentit. Gandalf ouvre les yeux. Toute la communauté s’approche des portes qui s’ouvrent toutes seules. Le magicien regarde le hobbit, éberlué de ne pas avoir pensé plus tôt à cette possibilité. Lylwing songe qu'elle n'aurait jamais donné un mot de passe aussi simple, mais que face à un esprit aussi brillant que celui du mage, la simplicité dépasse les meilleurs stratagèmes... 

- On peut y aller, fait Gimli.

               La communauté entre. Au bout de quelques pas, Gimli hurle à pleins poumons devant l’obscurité inattendue du lieu:

- Heho!!!!! Il y a quelqu’un?

Silence. Lylwing marche au ralenti, sur ses gardes. Elle donne un léger coup dans quelque chose qui roule sur quelques mètres. Elle regarde de plus près. Quand Gandalf illumine les lieux, la panique saisit la communauté. 

- Ce n’est pas une mine… fait Legolas. C’est un tombeau!

La lumière du mage révèle en effet des cadavres étalés au sol, dans toutes les directions. Il y en a tellement que le sol semble en être recouvert. Des crânes, des os… et des armes qui passent au travers de certains squelettes… de nains.

- de...demi tour, bafouille Pippin, tétanisé.

Soudain, Frodon hurle. Tout le monde se retourne à temps pour le voir traîné au sol vers le lac par un tentacule géant. Legolas dégaine son arc et une de ses flèches se fige dans la chair molle, ce qui libère le hobbit. D’autres tentacules sortent de l’eau et tentent de s’en prendre au groupe. Les épées sont sorties, les flèches fusent, et Lylwing hésite entre ses dagues et son épée maudite. Diablo se cabre et s’enfuit sur le sentier qui longe le lac. Heureusement, les tentacules ne semblent pas préoccupés par le cheval. Ils en veulent plutôt à la communauté.

- À l’intérieur! crie Gandalf.

Tous se précipitent dans les mines. Les tentacules frappent contre les piliers des portes, qui cèdent et s’effondrent dans un craquement sinistre. Lylwing sent son coeur battre à toute vitesse. Gandalf crée de la lumière avec son bâton et demande:

- Tout le monde est là?

Personne ne manque. Lylwing sent la présence de l’Anneau. “Ouf”, pense-t-elle. Une main se pose sur son bras. Elle lâche un hurlement strident.

- Calme toi! lui dit Legolas. Ce n’est que moi!

La jeune fille observe le visage inquiet de l’elfe. Il s’agenouille près d’elle, sa main toujours sur son bras. La jeune fille ne le quitte pas des yeux. La main de l’archer se pose sur la joue de la jeune elfe, dont le coeur accélère encore. Il lui dit:

- J’ai eu peur que tu te trouves sous ces rochers…

- Je… je vais bien, ne vous inquiétez pas pour moi.

- Dites, on peut avancer? lance la voix du nain.

              L’elfe se redresse et murmure: 

- Pardonne moi. Je ne voulais pas te faire peur. J'ai l'impression de ne savoir faire que ça, avec toi, ajoute-t-il encore plus bas

Ses yeux sont rivés au sol. Il finit par aller rejoindre les autres. La jeune fille le suit, encore troublée par sa main sur sa joue. Alors elle compte tant que ça pour lui… elle l’observe. Il parle à voix basse avec Aragorn, mais lui jette des coups d’oeil furtifs de temps en temps. À chaque fois, elle baisse la tête.

              Ils finissent par arriver dans une salle immense. Le nain s’extasie devant le travail de ses ancêtres. La jeune elfe pense :”pffffff… ce ne sont que des briques assemblées entre elles…” Qaund ils arrivent dans une autres salle, ils s’arrêtent pour dormir. Frodon parle pendant un bon moment avec Gandalf. Lylwing pense à Diablo, allongée sur une dalle de pierre glacée. Un mouvement sur sa droite lui fait tourner la tête. C’est Legolas.

- Je ne te réveille pas? lui demande ce dernier.

- Je ne dormais pas, répond la jeune elfe, le coeur battant. Et cette fois, vous ne m'avez pas fait peur, rajoute-t-elle avec un demi sourire invisible dans l'obscurité.

- Tant mieux, répond l’elfe en souriant.

Elle contemple son visage, voilé par l’obscurité épaisse. Digne de la fumée du volcan. Soudain, elle voit la silhouette du Roi-sorcier à la place du visage de Legolas. Il lui dit “pense à ta mission!” puis plus rien. 

- Tu es sûre que ça va? lui demande l’elfe devant son expression mi-surprise, mi-apeurée.

- Heu… oui, oui, ça va… répond la jeune fille. Je suis juste fatiguée, et je revois encore ces… trucs… à l’entrée de la mine…

- Je comprends. Repose toi, alors. Tu en aurais besoin.

Il semble hésiter, puis s’éloigne. Lylwing le suit des yeux quelques secondes. Il a l’air triste… elle se redresse légèrement. Au bout de quelques minutes, elle le rejoint. Il semble surpris, mais avant qu’il ne dise quoi que ce soit, Lylwing murmure:

- Je n'arrive pas à dormir.

Elle n’ose pas le regarder. Elle se sent bizarre… elle veut rester près de lui, lui parler, mais tout en elle dit : “non! N’oublie pas tes origines…”

“Lâche moi”,dit-elle à la voix.

Elle sent les doigts de l’elfe sous son menton. Elle lève la tête vers lui.

- Je n’aime pas ton regard… murmure-t-il. On dirait que ça ne va pas. Tu es soucieuse. 

- Je pense à Diablo. J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose… il peut nous retrouver sans souci, mais je n’ai pas envie qu’il soit blessé, voire pire…

- Tu tiens beaucoup à ce cheval, constate Legolas.

Lylwing hoche doucement la tête. L’elfe passe un bras autour de ses épaules et l’attire contre lui. Lylwing le laisse faire. Elle ne sait pas vraiment quoi dire, de toute façon. Elle sait juste qu’elle apprécie la façon dont il la protège, même si elle sait qu'elle ne doit pas se rapprocher de lui... elle finit par plonger dans un sommeil léger et agité.

   De retour devant l'œil. Elle est seule. Elle baisse la tête instinctivement. Une voix résonne dans son esprit, décharnée, effrayante, pire que dans ses souvenirs. 

- Que t'avais je dit au sujet des elfes? demande la voix, d'un ton légèrement menacant. 

- je...

- ne t'avais je pas interdit de leur parler? reprend la voix, d'un ton qui laisse transpercer une certaine colère.

- il... je... bredouille Lylwing. 

Elle hurle avant de finir sa phrase. Une marque rougeoyante apparait sur son bras droit. 

- tu me déçois, fait la voix. Tu oses me défier en parlant à cet elfe, et comme si ça ne suffisait pas, il faut en plus que tu t'attaches à lui! 

- c'est vous qui m'avez dit de gagner leur confiance... tente la jeune fille, les larmes aux yeux. Et... c'est lui qui semble le plus facile à convaincre... les autres me regardent de travers, ils sont prêts à me tuer... 

- Mormegil... reprend la voix un ton plus bas. Tu es ma meilleure guerrière ... et de loin la plus puissante. Tu es capable de comprendre que je souhaite te revoir le plus vite ici, avec mon anneau... je me trompe?

- n...non, maître, répond la jeune elfe d'une voix tremblante.

- bien... alors tu comprendras également la nécessité pour toi de revenir ici dans les plus brefs délais et victorieuse... je ne voudrais pas qu'il t'arrive malheur à cause de cet elfe...

Des images défilent dans sa tête. Legolas, arc bandé, pointe une flèche sur elle. Son visage est dur, fermé , et ses yeux trahissent une colère sourde ainsi qu'une haine profonde.

- que crois tu qu'il fera? susurre la voix dans sa tête. S'il apprend la vérité, il ne te donnera pas l'Anneau. Il te tuera.

Pour faire écho aux mots, l'image de Legolas lâche la flèche, qui fonce droit sur Lylwing. Puis l'oeil réapparaît . la jeune fille tremble et pleure.

- tu comprends ce que je cherche à t'éviter? questionne la voix.

- oui, maître... répond Lylwing dans un souffle. 

- alors maintenant, tu sais ce que tu as à faire. 

- oui, maître.

- alors fais le. Et ne me déçois plus.

La menace dans la voix est à peine voilée . puis, aussi soudainement qu'elle s'est retrouvée en Mordor, Lylwing se retrouve propulsée à travers la Terre du Milieu...