Poison royal.

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Trois jours. Cela faisait trois jours entiers qu’elle était enfermée dans ses appartements. Elle n’avait pas revu Legolas, si ce n’était que la fois où elle l’avait gentiment renvoyé d’où il venait. Aragorn n’était pas venu la voir. Deux fioles de poison. C’est tout ce qui lui restait. Elle s’en voulait encore pour avoir gâché l’occasion qui s’était présentée à elle, ne pouvant pas croire qu’à cette heure le Roi airait pu être mort. 

Sasha enfilait ses habits habituels. Ce soir elle allait enfin sortir. Non pas dans un but précis mais simplement pour prendre l’air. Car même si elle était habituée de vivre loin de l’air pur et frais elle commençait à étouffé dans sa chambre. Elle sortit dehors et inspira une bonne bouffée d’air, ce qui lui fit le plus grand bien.

Où allait-elle allée ? Elle ne le savait pas réellement. Elle erra sans but dans l’énorme cité avant de décider d’aller faire un tour aux écuries. Elle n’y était pas allée depuis son arrivée, et sa monture noire devait s’ennuyer. Couché au fond de sa stalle, le cheval se leva rapidement en la voyant. Bien qu’il ait servi les plus grands Nazgûls, il réussissait à éprouver une quelconque affection pour elle. Il vint de suite poser son nez contre le visage de la rôdeuse, la suppliant de le caresser. Elle rit doucement face à son comportement puis elle lui caressa l’encolure.

« Ça te dit de visiter la cité ? » demanda-t-elle à son destrier.

Évidement il ne répondit pas. Sasha prit tout de même cela pour un oui et elle se dépêcha de trouver quelque chose pour le mener. Elle lui passa un lasso au tour du cou puis elle ouvrit la stalle. Le cheval était calme mais il piochait légèrement sur le sol avec son sabot, démontrant son impatience. Sans plus tarder elle le mena hors de l’écurie.

Trop petite pour monter dessus sans appui, elle grimpa sur un petit muret. Elle atterrit sans trop de difficultés sur le dos de sa monture. Sans selle ni bride, elle la laissa la guider à travers Minas Tirith. Le cheval avançait lentement. Le claquement de ses sabots contre le sol de pierre laissait un discret bruit sourd résonner derrière lui. Il la menait à des endroits qu’elle n’avait pas encore visités. Le ciel était dégagé, révélant des milliers d’étoiles qui embrassaient la nuit. La noirceur les laissait explorer la cité dans l’ombre.

Elle avait pour seul stabilité ses mains autour du lasso qui entourait le cou de son destrier. Ce dernier ralentit le pas lorsqu’ils débouchèrent dans ce qui semblait être un minuscule parc. La vue sur l’horizon que donnait cet endroit était magnifique. Il y avait au centre, quelques bancs en pierre autour d’une grande fontaine. La monture cessa d’avancer pendant que Sasha examinait ce qu’il y avait devant elle.

Elle plissa les yeux pour mieux voir, il lui semblait d’avoir vu quelque chose plus loin. Son sang se glaça lorsqu’elle reconnut Aragorn appuyé sur le muret face au vide. Espérant que sa monture noire ait passé inaperçu dans la pénombre, elle tira le lasso vers la droite pour faire demi-tour. Il obéit rapidement mais le bruit des sabots contre le sol les trahirent.

« Pensez-vous que je ne vous entends pas ? » résonna la voix du roi.

Elle hésita entre rester ici ou parti au galop. Doucement, Aragorn pivota sur lui-même pour se retrouver face à elle. Il était trop loin pour qu’elle puisse décrypter l’expression sur son visage. Elle resta calme malgré tout puis elle mena son cheval à lui.

« Je ne voulais pas vous déranger. » répondit-elle.

Arrivée à sa hauteur, il posa sa main sur le nez de sa monture en l’inspectant. Sasha en profita pour mettre pied à terre. Elle prit entre ses doigts le lasso qui retenait son cheval.

« À qui appartenait ce cheval ? » questionna-t-il, douteux.

Ils restèrent silencieux un moment puis le roi tourna rapidement les yeux vers elle en quête d’une réponse. Elle se sentait prise au piège devant sa question. Elle tenta de rester sereine pour ne pas démontrer sa culpabilité.

« C’est le mien. » insiste-t-elle.

Il resta neutre. « Il a vu des atrocités. Autant qu’il a passé d’hivers. »

« C’est possible. » céda-t-elle. Ses yeux croisèrent les siens.

« Comment l’avez-vous eu ? » renchérit-il toujours suspicieux.

Elle haussa les épaules. « Il errait dans les montagnes. »

Aragorn ne répondit pas. Il savait très bien qu’elle lui mentait mais il ne s’attarda pas sur le sujet. Il lâcha la monture pour retourner au muret derrière lui. Ce cheval n’était pas innocent. La dernière fois qu’il avait vu une telle bête, c’était un Nazgûl qui la montait. C’était impossible, les partisans de Sauron étaient tombés avec lui il y a plusieurs années. L’idée que certains d’entre eux aient survécut lui traversa l’esprit, et il eut un frisson.  Il lâcha un grand soupir, décidant d’obtenir quelques réponses ce soir.

« Sasha, pourquoi êtes-vous en Gondor ? » demanda-t-il directement.

Elle ne s’attendait pas à une telle question. « Vous le savez. Galadriel vous l’as dit. »

« Me croyez-vous naïf au point de ne pas différencier une réelle lettre elfique d’une reproduction ? » Il garda un ton calme.

Sasha eut un rictus. « Depuis quand le savez-vous ? » dit-elle en sachant qu’elle ne pouvait le contredire.

« À l’ instant où je l’ai reçu. » lui apprends-t-il.

Elle ne répondit pas de suite. « Vous m’avez tout de même accueillit. »

Il tourna la tête vers elle. « Seulement pour découvrir ce qu’une Dúnadan malhonnête venait réellement faire à Minas Tirith. »

Ses paroles vinrent compresser le cœur dans la poitrine de la rôdeuse. Elle baissa les yeux pour ne plus soutenir son regard. Elle ne savait pas quoi répondre. Tout ce qu’elle espérait c’était qu’il ignorait toujours la réponse à son questionnement. Ni un ni l’autre ne parla pendant encore plusieurs secondes, laissant la forte respiration du cheval comme seul bruit.

« Qui vous envoi ? » demanda-t-il en voyant qu’elle ne répondrait pas.

Elle releva les yeux. « Personne. » dit-elle simplement.

Il ne la croyait pas mais il passa. « Comment avez-vous eu du poison ? »

« Je ne vois pas de quoi vous parlez. » lâche-t-elle brusquement.

Aragorn eut un rire. « Cesser de me mentir, Sasha. »

« Cesser de me questionner et vous n’aurez pas de mensonges. » Son ton était sévère.

Il encra ses yeux dans les siens. « Vous êtes irrésistible lorsque vous êtes en colère contre vous-même. »

Elle recula d’un pas, sceptique. « N’allez-vous pas me chasser ? Ou m’exécuter ? »

Il avança pour effacer la distance entre eux. « Non. » souffle-t-il.

Sasha avala difficilement sa salive. « Pourquoi ? Je suis une menace pour vous. »

« Vous ne me tuerez pas. » Son ton était remplit de certitude.

Le Roi avança d’un pas. Ils se retrouvèrent face à face, très près l’un de l’autre. Étant prise entre Aragorn et son cheval, elle ne pouvait pas s’enfuir. Désarmée, elle n’avait même pas jugé utile de prendre une dague avec elle. Il savait tout, c’était trop tard pour agir. Il avait l’air tellement certain qu’elle ne lui fera pas de mal qu’elle était presque persuadée qu’il disait vrai.

« Pourquoi en êtes-vous si convaincu ? » demanda-t-elle en sentant la chaleur grimper en elle.

Il sentit la respiration de Sasha accélérer. « Vous avez essayé une fois et vous en avez été incapable. » répondit-il franchement.

Les faits vinrent percuter l’orgueil de la rôdeuse. Elle resta sans mots sous l’emprise du Roi. Elle ne détacha pas son regard du sien, luttant pour le supporter encore un peu. Même s’il était conscient de ses plans il ne semblait pas la craindre, et étrangement cela ne semblait pas la déranger elle non plus. Ils restèrent immobiles, sentant chacun le souffle chaud de l’autre sur leur visage. Contre toute attente c’est elle qui fit le premier pas. Plus fort que sa raison, elle lâcha le lasso et plaqua ses lèvres sur celles du Roi.

Prit par surprise, il la repoussa aussitôt. Elle vint prendre appui sur son cheval pour ne pas tomber. Ils se dévisagèrent un moment sans rien dire puis en prenant conscience de son geste, Aragorn prit le bras de la rôdeuse. Il la tira rapidement vers lui avant de prendre son visage entre ses mains. Il lui demanda pardon en entamant un nouveau baiser.

Sasha oublia rapidement ce qu’il venait de faire. Elle agrippa la nuque du Roi pendant que leurs langues dansaient ensembles. Ça ne prit que quelques secondes avant qu’elle  sente l’intimité du roi durcir contre son ventre, ce qui fit bouillonner son sang. Il la serra contre lui sans mettre fin au baiser sauvage qu’ils s’échangeaient. Sasha retrouva ses pulsions aussi vite que le désir montait en elle. Il lui mordit la lèvre doucement pour mettre fin au baiser. Il colla son front contre le sien pour souffler un peu puis ils s’embrassèrent une nouvelle fois.

Aragorn fit glisser ses mains jusqu’aux fesses de Sasha. Il les descendit encore un peu puis il mit de la pression sur ses cuisses en quête d’une permission. Elle s’abandonna de suite, le laissant la soulever sans difficultés. Elle enroula ses jambes autour de lui et mit son autre bras autour de son cou pour prendre meilleur appui. Aragorn se retourna rapidement puis il la déposa sur le petit muret.

Il recula sa tête un petit instant pour reprendre son souffle puis il retrouva rapidement les lèvres chaudes de Sasha. Ses mains frôlèrent le devant de ses cuisses jusqu’à ses hanches puis il glissa ses doigts sous la tunique de la Dúnadan. Le contact de ses mains sur sa peau les fit frissonner tous les deux. Faisant preuve de contenance, il resta à cette hauteur pour caresser sa taille.

Sasha haletait alors qu’il faisait descendre ses lèvres jusqu’à son cou. Il l’embrassât habilement en mordillant légèrement sa peau. Le désir de la rôdeuse augmentait en flèche, elle le voulait ce soir. Elle lâcha sa nuque d’une main pour le toucher davantage, laissant sa main descendre le long de son torse. Confrontant l’interdit elle glissa jusqu’à son intimité. Elle caressa son sexe par-dessus son pantalon et elle le senti gémir.

Le Roi remonta aux lèvres de Sasha. Elle n’avait pas cessé son geste qui le faisait frémir de plaisir. Ses mains montèrent doucement jusqu’à sa poitrine mais avant qu’il n’arrive à ses seins il s’arrêta subitement. Il mit également fin à leur baiser, laissant Sasha bruler de désir. Alors qu’elle étirait son cou pour retrouver les lèvres du Roi, ce dernier tourna la tête. Il retira ses mains du corps de Sasha, luttant contre ses envies de la faire sienne.

« On ne peut pas. » souffla-t-il.

Il tourna les talons sans dire un mot de plus. Il s’éloigna dans la pénombre, laissant Sasha seule. Toujours assise sur le muret, sa tunique un peu remontée à cause de leurs ébats, elle fixait la silhouette du roi qui s’en allait. La bouche grande ouverte, et démontrant un air grave, elle ne le quitta pas des yeux avant qu’il disparaisse dans l’ombre.

Aragorn rejoignit ses appartements d’un pas peu naturel. Il grimaça en sentant son pantalon un peu trop serré sur lui à cause de son excitation. En arrivant à sa chambre il se laissa tomber paresseusement sur son lit. Du bout des doigts il vint effleurer ses lèvres, se souvenant des baisers qu’il avait échangés avec la Dúnadan. La confusion envahissait son esprit pendant un instant. Il aurait souhaité aller plus loin mais il ne pouvait pas. Il ne devait pas. Sasha n’était pas une âme innocente, il ne pouvait se permettre de batifoler avec l’ennemi. Bien qu’elle ne fût rien à côté de ce qu’il avait pu voir dans sa vie, elle restait mauvaise pour lui.

Il secoua la tête pour se ressaisir, il devait chasser son envie. Dès qu’il l’avait vu la première fois c’était comme s’il avait reçu une flèche en plein cœur. Elle était si belle, une beauté qui égalait certainement celle des elfes. Son air un peu rebelle l’envoutait alors que son ignorance des bonnes manières l’amusait. Hormis le fait qu’elle pouvait être dangereuse, elle était parfaite. Pour lui.

Bousculé entre la décision de la renvoyer d’où elle venait et celle de la garder aveuglément pour lui, il ne savait que faire. Sa monture appartenait clairement à un Nazgûl, ou du moins elle avait appartenue à l’une de ces choses. Dans le premier cas, il ne pouvait se permettre de prendre un tel risque. Laisser un assassin, sous les ordres des forces du mal, en liberté dans les murs de son royaume était impensable.  

Bien qu’il l’ait laissé faire depuis quelques jours, cela devait cesser. Il savait qu’elle le traquait lui, il ne craignait donc pas pour son peuple. Mais cela était tout de même un risque à prendre et ce n’était pas digne d’un Roi de la garder ici. La tuer n’était pas une option pour lui. Jamais il ne pourrait faire une telle chose, à moins qu’il y soit forcé. Il passa le reste de la nuit à réfléchir à tout cela, sans fermer l’œil une seule fois.

Sasha quant à elle était restée assise sur le muret pendant de longues minutes. Le regard vide, elle laissa le désir qu’elle ressentait pour lui se dissiper au fond d’elle. Elle conduit rapidement sa monture aux écuries, le laissant seul dans sa stalle. Elle quitta les lieux sans rien dire.

Elle hésita à retourner chez elle, ayant la profonde pensée de demander conseil. Elle passa sa main sur son visage pour bousculer cette option. Ce n’était pas son genre de faire de telles choses et ce n’était pas ce soir que ça allait changer. Elle observa longuement la porte des appartements de Legolas, et elle prit au final le chemin de sa chambre. En rentrant elle s’étala sur son lit elle aussi. Oubliant sa tâche pendant encore quelques instants elle se remémora ses ébats avec le Roi.

Ce qu’elle avait fait était un grand manque de jugement. Plus elle le voyait plus elle le désirait. Encore plus après cette nuit. Trop faible pour le tuer, c’est en l’embrassant qu’il la détruisait. Son cœur se serrait dans sa poitrine, elle eut une forte envie de pleurer mais elle se retint. C’était la première fois qu’elle échouait, la première fois que son ambition diminuait face à quelqu’un.

Empoisonneuse. Meurtrière la plus fidèle d’un puissant Nazgûl. Cœur de pierre, inatteignable. En voulant verser du poison dans la coupe du Roi, c’est ce dernier qui l’empoisonna. Une attirance tellement forte qu’elle risquait la mort pour faillir à sa tâche, une mort atroce, des plus douloureuses. Pas assez bonne pour marcher aux côtés d’Aragorn ni pour servir Khamûl. Était-ce donc cela le poison royal ?

Des souvenirs lui revinrent, elle se rappela l’enfant qu’elle était, le village où elle avait grandi. Une lueur de désespoir traversa ses yeux, le peu de force qui était encore en elle avait disparu. Elle se redressa lentement et prit l’une des deux fioles de poison qu’il lui restait. Elle observa longuement la substance à travers la bouteille, et quelqu’un entre dans ses appartements laissant un vacarme sur son passage.

Hébétée, elle laissa la fiole sur son lit. Son air changea lorsqu’elle passa la porte de sa chambre et vit le Nazgûl devant elle. Elle tremblait de peur. Il inspecta l’appartement dans lequel il venait d’entrer puis sans perdre plus de temps il s’adressa à la rôdeuse.

« Tu t’écartes du chemin, Sasha. » la prévient-t-il.

Son ton était glacial. Peu importe comment il l’avait su, il savait qu’elle culpabilisait face à la mort prochaine du Roi. Elle vint à se demander s’il l’observait depuis le tout début. Dépourvu de don de voyance, il ne lui restait pas cent façons de savoir cela. Elle ne répondit pas et cela frustra le Nazgûl davantage.

« Tu as trois jours. » lâche-t-il sévèrement.

« Trois jours ? » questionna la rôdeuse, incertaine de comprendre.

« Il doit être mort d’ici trois jours, sinon…» Il laissa sa phrase en suspens.

Elle sentait son cœur débattre. « Bien. » dit-elle simplement.

Khamûl sortit des appartements sans rien ajouter. Ce qu’il avait dit était bien suffisant pour presser la Dúnadan. Il disparut dans l’ombre de la cité, aussi facilement qu’il y était entré. Sasha attendit son départ pour laisser ses larmes coulées.

Cela faisait quatre jours qu’elle vivait ici. Ces quelques jours avaient suffi pour l’abattre. Avec toutes les choses horribles qu’elle avait faites et tous les créatures et les gens qu’elle avait tués sans hésitation, il suffisait du regard d’un roi pour lui faire perdre ses moyens.

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Première jour de l’ultimatum que lui avait laissé son souverain. Trois jours. C’était vite passé. Elle avait passé la totalité de la journée dans sa chambre à chercher un moyen de fuir cette réalité. Elle savait que le Nazgûl ne prendrait pas le risque de tuer le roi lui-même, et cela était un point avec lequel elle pouvait jouer.

Elle n’avait pas revu Aragorn mais Legolas était venu la voir. Encore une fois, elle l’avait laissé entrer sans rien dire. Elle ne lui dévoila rien bien qu’il semblait confus face à sa solitude. Le silence avait été plus présent que les paroles et dans leur échange de regards plutôt gênants, il avait fini par lui dire qu’Aragorn souhaitait dîner avec elle ce soir. N’ayant pas su comment réagir, elle avait eu un rictus comme seule réponse. L’elfe était resté soucieux devant son air mais il n’avait pas posé de questions.

Une fois Legolas partit, elle resta pensive un moment. Pourquoi voulait-il la voir et pourquoi fallait-il qu’il le fasse devant un dîner ? Elle se demanda pendant un moment s’il était suicidaire. Après tout, lui présenter sa coupe de vin était seulement une nouvelle occasion pour elle d’y verser du poison.

Elle lâcha un long soupir avant de se lever. Sasha avait enfilé ses vêtements de tous les jours. De toute manière elle n’en avait pas d’autres et la robe que Legolas lui avait offerte était sans espoir. Elle dévala les allées puis en arrivant dans la salle de réception elle constata que la rencontre devait avoir lieu dans ses appartements, puisque la salle était complètement vide.

Elle se rendit rapidement dans le couloir menant à la chambre royale. Son pas ralentit alors qu’elle s’approchait de la porte. Ses derniers souvenirs avec lui vinrent lui pincer le cœur. Contrairement à ce qu’elle aurait cru, aucun désir ne la traversa. Hormis celui de rebrousser chemin pour ne pas avoir à lui faire face.

Alors qu’elle hésitait à continuer, la porte s’ouvrit doucement. Sur le seuil de la porte se tenait le Roi, portant comme toujours l’honorable tunique argentée qui représentait son royaume. Il haussa les sourcils en voyant sa tenue, ce qui la gêna légèrement. Son air neutre revint alors qu’il leva les yeux vers elle.

« Je vous attendait plus tôt. » dit-il simplement.

Elle haussa les épaules innocemment. Elle s’avança d’un pas, laissant paraître son incertitude. Un mince sourire s’afficha au coin des lèvres du Roi. Sans rien dire, il l’invita à entrer d’un brève geste.

Sasha regardait son assiette avec dégout pendant qu’Aragorn mangeait lentement. C’était silencieux. Il étudia la jeune femme longuement puis son cœur se fendit quand il croisa ses yeux. Il trouvait qu’elle était différente, plus silencieuse que d’habitude. Un air maussade envahissait son visage et il n’eut pas besoin de lui demander pour savoir qu’elle n’avait pas faim. Son regard était vide, prônant l’incertitude et l’abandon.

Il surveillait sa coupe, tout de même un peu méfiant. Il continua de l’observer sans cesser de manger le copieux repas qu’il avait entamé. Elle semblait triste et apeurée, ce qui malgré lui, le peina. Après maintes réflexions il se demanda s’il en était la cause, puis il ouvrit la conversation.

« Qu’est-ce qui vous rend ainsi, Sasha ? » questionna-t-il.

Elle leva la tête. « Comment ? » renchérit-t-elle comme si elle ignorait de quoi il parlait.

« Vous craignez quelque chose, ou quelqu’un. » Cela ne sonnait pas comme une question.

Sasha ne répondit pas. Elle avala difficilement sa salive en détournant les yeux, ce qui avait tout d’un oui. Aragorn lâcha son assiette pour ramener son attention sur elle.

« Pourquoi m’avez-vous épargné ? » demanda-t-il subitement.

Elle ramena ses yeux vers lui, perplexe. « Suis-je forcée de répondre à cela ? »

Il ouvrit la bouche et resta muet quelques secondes. « Non… »

« Je ne peux vous faire du mal. » dit-elle finalement.

Aragorn l’observa sans rien dire. Figé sur place, comme s’il ne s’attendait plus à ce qu’elle réponde à sa question. Même s’il le savait, l’entendre de sa bouche était une toute autre chose. Le voyant pétrifié, elle continua.

« Vous éveillez quelque chose en moi… » dit-elle en serrant les dents.

« Est-ce une si mauvaise chose ? » demanda-t-il lentement.

Elle n’hésita pas une seconde. « Mauvaise ? Le mot est faible. »

« Pourquoi cela ? » répondit-il, assez confus. 

« Je suis une assassin ! » lui dit-elle sur un ton grave.

Il sourit faiblement. « Moi aussi. »

Cela lui prit un quelques secondes avant de comprendre. « Vous tuez par vaillance… Je tue par plaisir. »

« Je n’y crois pas. » Son ton était sévère.

Elle fronça les sourcils, haussant le ton à son tour. « Désirez-vous une preuve ? »

Il écarta ses bras de son corps, les laissant grand ouverts. « Allez-y ! »

« Vous êtes cinglé ! » crache-t-elle avec frustration.

« Et vous ? » rétorqua-t-il.

Sasha resta, quelques secondes, la bouche grande ouverte, vexée. « Pourquoi m’avoir invitée ce soir ? »

Il retint un rire. « Votre présence à déjà été agréable. »

« Pourquoi vouloir de moi ? » questionna-t-elle, toujours énervée.

Il renchérit de suite. « Pourquoi vouloir me tuer ? »

« C’est l’ordre qu’il m’as donné ! » lance-t-elle en le fusillant du regard.

Un air grave s’afficha sur son visage. « Qui donc ? »

Elle ouvrit la bouche puis elle le ferma aussitôt. Se rendant compte de son erreur elle se leva brusquement et frappant la table avec son poing. Sasha quitta la pièce, et le Roi ne tenta pas de la retenir. Il resta en place à table, toujours avec le même air. Comme il l’avait prévu en la recevant ce soir, elle avait parlé sans le vouloir. Le choc venant confirmer son hypothèse était plus fort que la fierté d’avoir manipuler la jeune femme avec facilité.

Ce n’était pas elle qui commandait sa mort, mais bien une autre personne. Il garda l’idée des Nazgûls, qui auraient miraculeusement survécu à la chute de Sauron, en tête. L’heure était grave. Après tant de jours en paix, une nouvelle guerre pourrait être proche. Il creusa ses méninges, essayant de mettre le puzzle en place. Il manquait trop de détails pour qu’il y arrive. Bien que la Dúnadan devait être dans une colère noire, il devait en savoir plus.

Il se leva de table, et d’un pas rapide il se dirigea vers les lieux ou séjournait Sasha. Déterminé à apprendre la vérité cette nuit, un sourire vif se dessina sur son visage. Fonçant tête première dans l’ouragan, il ouvrit d’une traite la porte des appartements de la rôdeuse. Un air apeuré traversa d’abord le visage parfait de la Dúnadan. Puis en le reconnaissant, elle retrouva sa colère.

Elle lui tourna le dos en lui hurlant de partir mais il la suivit jusque dans la chambre. Constatant qu’elle l’avait sur les talons elle ramassa la fiole de poison qui reposait toujours sur son lit puis elle la lança dans sa direction. Il l’esquiva de justesse et elle alla éclater contre le mur de pierre, laissant le doux venin couler jusqu’au sol.

« Sasha ! Calmez-vous! » Lui ordonna-t-il sur ton ferme.

Folle de rage, plus contre elle que lui, elle se tourna vers la table de nuit. Elle empoigna son épée qui reposait dans son fourreau. D’un geste rapide elle avança vers lui, et se donna un élan pour le toucher avec son arme.

Ayant les meilleurs réflexes, il évita le coup. En moins d’une seconde, il la désarma et la fit pivoter sur elle-même. Il la tenait de dos à lui, sa propre épée devant son cou. Elle se débattit quelques secondes avant de cesser tout mouvement. Aragorn avait appuyé la lame contre sa gorge, ce qui l’avait forcée à rester immobile.

« Maintenant Sasha, vous allez parler. » expliqua-t-il d’un ton étonnamment calme.

À suivre…

Cette fiction n'est pas censée être longue, donc c'est pourquoi tout va assez vite.

De plus, je ne suis pas très fier de mes compositions pour cette histoire. J'en ai eu des meilleures.

Bon, j'espère que ça vous plaira quand même. :)