Elenya, ou l'amour d'une vie...

Un résumé sans majuscule au début des phrases, ça commence bien... Résumé qui d'ailleurs en révèle suffisamment pour qu'un esprit un peu aguerri puisse détecter une belle Mary-Sue. Voyons voir ça de plus près.

Style/Orthographe.

Apparemment l'auteur distingue deux types de phrases. Celles de narration qui ont le droit à des majuscules et celles de dialogues qui en sont privées. C'est étrange. Toutes les phrases commencent par une majuscule, c'est une règle immuable. Il faudrait reprendre tout ça. Quelques erreurs ont échappé à l'attention de l'auteur: confusion participe passé/infinitif; confusion entre la préposition "à" et le verbe conjugué "as", entre "ait" et "ez" (et ça, c'est pas très joli !) quelques accords mal faits. La plus "laide" reste quand même: "Saroumane s'enfuya". Ce verbe est de troisième groupe, c'est "s'enfuit".  C'est comme "elle ria". Même chose. "Peregrintouque" n'est pas mal non plus. 
En bref, de petites erreurs qui ne sont pas insurmontables mais c'est dommage de ne pas les avoir relevées.

Au niveau du style, c'est assez basique. L'auteur tente quelques envolées lyriques dans les dialogues entre Elfes, du moins au début. Je trouve le texte léger en description. Tolkien met pas mal l'accent dessus dans ses écrits, notamment quand il s'agit de paysages. N'est pas J.R.R Tolkien qui veut mais ce texte manque de corps. Ca va un peu trop vite.

Scénario/Personnages.

Elenya, OC de cette histoire, commence bien son petit trajet de Mary-Sue. J'en résume les principaux symptômes. Déjà, elle est hyper mystérieuse: elle porte une capuche pour cacher une cicatrice qui la défigure. Toute sa famille a été massacrée. Elle se lie très rapidement avec des personnages de l'oeuvre originale: Merry, Pippin, Legolas qui en tombe même amoureux. Je gage que c'est le personnage préféré de l'auteur. Elle est le dixième compagnon de la communauté et ça, c'est le genre le plus courant de Mary-Sue dans le fandom du Seigneur des Anneaux. Elle sait se battre, bref... elle est presque parfaite et ses défauts sont aussi  "mary-suesques". Elle est si mystérieuse que même Tolkien ne sait pas qu'elle existe. Elle ne figure nulle part. Apparemment, Celebrian, la femme d'Elrond, n'a PAS de soeur. D'après ce que Tolkien a laissé, Celeborn et Galadriel n'ont eu qu'une fille.  De plus, Arwen n'a pas de soeur non plus, elle a deux frères, des jumeaux: Elladan et Elrohir. Bon, à la limite, inventer une soeur à Celebrian, pourquoi pas, parce que Tolkien ne parle pas trop d'elle mais pour Arwen, la généalogie trouvable dans le Silmarillion est claire. Je ne suis pas une hyper puriste mais il est nécessaire, je pense,  lorsqu'on s'attaque à une fanfic sur l'univers du professeur Tolkien,  de se renseigner un peu. Tolkien a laissé pas mal d'écrits sur son univers. J'admets que pour certains, il faut s'accrocher. Cependant, il y a tellement d'inconditionnels de Tolkien qui ont mis sur pied leurs propres encyclopédies en ligne. Il n'est pas difficile d'y jeter un coup d'oeil. "Tolkiendil" est une bonne source.
Passons sur ces détails qui ne feront sans frémir que les plus tatillons.
Je me demande ce que l'auteur réserve à son personnage. C'est bien le problème des Mary-Sue, elles s'accaparent tout. Tellement que l'histoire est peu développée autour d'elle. L'auteur brosse rapidement les éléments primordiaux, se contentant de quelques lignes pour que le lecteur s'y retrouve. Après tout, il a lu le livre ou regardé le film, à quoi bon réécrire ce que Tolkien fait si bien? Je pose alors cette question: que va apporter le personnage inventé par l'auteur à l'histoire ? Quel en est l'intérêt ? A la limite, son intérêt serait son histoire d'amour qui apparaît comme sans espoir à cause d'un mariage arrangé. Mais vu le contexte dans lequel cette histoire évolue, pourquoi forger une alliance avec les elfes noirs, alors que tous les Elfes savent que leur temps est révolu et qu'il leur faudra aller un jour vers l'Ouest ?

Les autres personnages sont rapidement brossés dans la seule phrase qui résumé le rassemblement des compagnons lors du conseil d'Elrond. Puis, Merry et Pippin sont évoqués. En fait, les autres personnages ne sont que décoratifs. On parle à peine de Frodon alors que c'est quand même lui le porteur. L'héroïne de l'histoire ne semble pas s'intéresser un peu à lui, ou même le décrire. On ne sait pas ce qu'elle pense du choix d'envoyer un Hobbit (avec tout ce qui fait un Hobbit : la taille, la non maîtrise des armes, l'amour de la tranquillité...) en Mordor.
Legolas est un peu plus développé. C'est normal puisqu'il tombe amoureux de l'héroïne alors qu'elle lui raconte sa pathétique histoire. On aurait quand même aimé que l'auteur brode un peu autour.

Concernant le scénario, hormis le fait qu'il semble prendre la route du roman/film dans ses grandes lignes (puisqu'il s'agit d'une Side Story), on peut sentir, Mary-Sue oblige, que l'on va se concentrer sur l'héroïne et son histoire d'amour impossible. J'entrevois un amoncellement de clichés meurtriers pour cette histoire. Je repose la question concernant l'intérêt de mettre cette intrigue au coeur de l'épopée de l'Anneau. N'aurait-il pas mieux fallu la transposer plus tard ? La vie d'un Elfe est longue. Je pense que beaucoup de lecteurs vont se contenter de voir ce qui diffère de l'oeuvre originale.

En résumé

Des erreurs orthographiques qui peuvent facilement s'éliminer. Attention à la conjugaison des verbes du troisième groupe ! Un style qui ne casse pas trois pattes à un canard mais qui se lit aisément. J'avertirais l'auteur sur le choix de son héroïne très "Mary-suesque" et sur son scénario. Sait-il où son histoire va mener les personnages ? Quel est l'intérêt de ce dixième compagnon ? Que va-t-il apporter ? Lire d'autres fanfictions du fandom permettrait à l'auteur de voir qu'il n'est pas le seul à avoir l'idée du "dixième compagnon", féminin de surcroît.