L'étrange anneau du Roi Isildur

Chapitre 12 : Le Rôdeur du Harad

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Dernière mise à jour il y a 20 jours

 Un long chemin, une grande prairie verte et au loin un arbre. Un majestueux conifère vétu de feuilles blanches. Au ciel, pas un ni deux, mais trois soleils. Brillants d’une lumière étincelante.

- Est-ce cela Valinor ? Se demanda Anarin.

Soudain un voile noir vint cacher la vue.

- Saleté ! Bouge de là !

Il essaie alors de lever le vilain voile noir. Il se concentre de toutes ses forces. Peu à peu le rideau sombre se lève. Mais le paysage n’est plus le même.

Il est dans une pièce sombre, aux murs de pierre. Pour lumière il n’y a qu’une torche à moitié consumée et un vieux toit en bois.

- Chiotte.. où je suis ?

De l'autre côté de la pièce, Anarin entend une conversation.
Une voix aiguë et sournoise s'inquiète.
- Comment allons-nous faire maintenant !? Le roi va quitter la ville, c'était notre seule chance.
Une autre voix répond,
Il va à Osgiliath, on connaît du monde dans la capitale, on pourrait tenter quelque chose ?
Impossible... Il n'y reste que 3 jours avant de partir pour l'Arnor. C'est trop court pour monter un plan sérieux. Ce serait de la folie.
- On n’a pas vraiment le choix. L'Arnor c'est à l'autre bout de la terre du milieu, nous ne pourrons pas opérer la bas.
- Qu'est-ce que vous en dites maître ?
Il y eut un silence pesant.
Anarin, saucissoné par ses cordes, commence à retrouver le contrôle de ses membres. Il peut bouger les doigts et les pieds. Discrètement il se dandine pour tenter de défaire ses liens : peine perdue. Il voudrait appeler au secours mais une boule de chiffon collée dans sa bouche l'empêche de parler.
Une voix grave et impérieuse répond calmement.
- Il y a un autre moyen...
- Ah oui ?
- Dites à notre ami auprès du Roi que nous lui rendons son prisonnier plus une jolie cassette d'argent mais que nous requérons un petit renseignement.
- Lequel ?
- La route exacte qu'empruntera le roi pour se rendre en Arnor et le nombre de son escorte.
- Heu..
- Vous ne comptez tout de même pas...
- Attaquer Isildur? Nous? Non je ne suis pas devenu fou mes amis.
Un murmure de soulagement sifflota
- Mais alors, pourquoi ?
- Parce que si nous ne pouvons, d’autres le peuvent...
À nouveau il y eut un silence.
Anarin n'écoutait que d'une oreille, il avait les yeux rivés sur une grande jarre d'eau posée devant lui.
Je meurs de soif ! Si seulement je peux m'approcher un peu et juste tremper mon chiffon dedans, ça ruissellera dans ma bouche.
Il se tortilla jusqu'à approcher le graal.
Plus qu'un petit centimètre
PAF !
- Hein!? Qu'est-ce que c'est ?
Deux hommes déboulèrent à toute vitesse, épée à la main.
- Le prisonnier s'est réveillé ! Cria l'un
Il a essayé de s'enfuir, renchérit l'autre
Leur épée tremblait nerveusement, ils étaient prêts à trucider un troll. Anarin avait un œil sur les lames menaçantes et un autre sur sa précieuse eau renversée au sol
- Du calme messieurs, il a juste soif...
Le troisième homme venait d'entrer. Il était grand et maître, le visage défiguré, criblé de cicatrices et d'écorches. Sa voix était posée et le ton froid.
- Libérez-lui la bouche, donnez-lui à boire.
- Et s'il crie ?
- Il ne criera pas. Répondit-il en lançant ses grands yeux marrons vers Anarin
Le prisonnier ne se fit pas prier et but à s'en déchirer l'estomac sans émettre le moindre son.
- Mais attendez ! Il a entendu tout ce qu'on vient de se dire.
Le maître éclata de rire.
- Ça n'a aucune importance, ils vont immédiatement l'envoyer à la potence.
Anarin, qui venait d'apprendre sa mort prochaine, ne parut pas blémir. La bouche enfin libre, il toussota un moment puis fixa l'homme au visage meurtri.
- C'est toi le rôdeur du Harad.
- C'est moi oui.
- Pourtant tu n'as pas la tête d'un Haradrim.
- Et toi tu n'as pas la tête d'un chasseur de prime, petit cordonnier.
Les deux se dévisageaient. Anarin n'avait pas peur, le rôdeur ne lui renvoyait que du mépris désintéressé
- Alors? Pourquoi vous le désirez tant ce petit anneau doré, au point d'en offrir 10 000 pièces d'or?
- En quoi cela te concerne ? Tu as raté ton coup petit cordonnier, tu as perdu ta prime et ta vie par dessus le marché. Quand j'ai diffusé cette prime dans la ville je m'attendais à ce qu'elle tombe entre toutes sortes de mains curieuses, mais un apprenti cordonnier...
Oublie cet anneau, tu ne sais rien de lui.
- J'en sais plus que vous.
- Notre prisonnier est bien insolent, bayonnez-le.
- Oui maître.
Le rôdeur du Harad tourna les talons et s'apprêta à partir.
- Je l'ai touché !
- Hum ?
- L'anneau doré ! Je l'ai touché de ma main.
Il se retourna brusquement.
- Qu'est-ce que raconte !? Menteur !
Anarin agita sa main droite qui était solidement attachée. La marque rouge de brûlure était encore saillante.
- Il y a des inscriptions dessus dans une langue étrange.
Le regard du rôdeurs changea soudainement.
- Par tous les Valars !
Comme un nain devant un tas d'or, ses yeux s'illuminèrent. Il attrapa Anarin par les épaules et le secoua comme un fou.
- Comment c'était !? Dis-moi petit cordonnier, dis-moi tout.
- Il... Il m'a parlé. D'une voix douce et gentille, il m'a d'abord complimenté. Puis sa voix à changé...
Les deux teignes se regardaient l'air ahuri. Le rôdeur, lui, buvait ses paroles.
- Mais oui parfaitement ! C'est logique. La force de l'anneau est telle qu'elle a sa propre conscience. Et que t'a-t-elle dit d'autre??
- La force de l'anneau? De quoi vous-parlez ?
Le faux Haradrim se tut un instant.
- Parce que moi aussi je l'ai tenu entre mes mains, mais avant cela, j'ai vu de quoi il était capable.
Il marqua une pause et fit une grimace pensive, presque nostalgique. Il tourna le dos à son auditoire et leva la tête au plafond. Il prit alors une grande inspiration.
J'étais là. Le jour où s'est joué le sort de toute la terre du milieu. Comme tu l'as remarqué je ne suis pas Haradrim. Je suis un Gondorien de souche noble. C'est mon rang qui m'a porté aux premières loges du mal. Je tenais l'épée à côté de notre Roi Elendil lors de la dernière bataille. Nous étions face à lui, Sauron le seigneur des ténèbres en personne.
À son gant de fer noir, il avait un halo de lumière ardent, un maléfice qui le rendait surpuissant. Chaque coup qu'il portait térassait dix hommes. Je fus l'un d'eux. J'ai fait un vol plané et me suis écrasé sur la falaise rocheuse. Pas mort mais sérieusement blessé. Quelques instants plus tard, un autre homme s'est écrasé à côté de moi. C'était le roi Elendil. Son fils a acourru mais il était trop tard. J'ai fermé les yeux et j'ai entendu un bruit strident. Je les ai réouverts et il était là, devant moi.
Le gant de fer maléfique. Le halo de lumière venait de son petit anneau doré. C'est moi qui l'ai ramassé. Je l'ai retiré et contemplé un instant. Les inscriptions dessus étaient rouges vives, presque aveuglantes. Et puis Isildur s'est penché vers moi et m'a ordonné de lui remettre. J'ai refusé et il me l'a arraché des mains. J'étais blessé, que pouvais-je faire...
La suite de l'histoire n'est qu'une aventure sans fin. Je me suis rebellé et on m'a exilé. Je me suis réfugié au Harad où je suis devenu rôdeur puis chef de tous les rôdeurs du sud. Je n'ai qu'un seul désir au monde, avoir à nouveau cet anneau entre les mains. Avec son pouvoir je pourrai même renverser le roi et mettre ma famille à la place. Je suis de sang noble après tout.
Impressionné par le récit, Anarin se demandait comment un simple type comme lui avait pu être mêlé à une telle histoire
Burek... J'aimerais que tu sois là.
Il avait perdu sa seule famille, voilà la seule morale qu'il retenait de tout ça. Ça n'avait plus aucune importance puisqu'il allait mourir.
Le rôdeur du Harad reprit en s'adressant à ses hommes
- Bien ! Revenons à nos affaires, le modus operandi est le suivant : Livrez-le à l'auberge des trois ânes, première chambre au second étage. Les gardes sont prévenus, ils passeront le prendre une heure après à vous et s'attribuerons le mérite de sa capture. Notre ami aura son prisonnier et son prestige.
- Allez debout !
Les hommes saisirent Anarin sans ménagement. Il ne se débattit même pas, son sort ne semblait plus l'intéresser.
Au moment de franchir la porte de la lugubre tour, la voix du noble Gondorien retentit une dernière fois.
- Tu sais...
Il y avait comme une forme d'humanité soudaine dans sa voix, une empathie teintée de malice.
- Si ça peut tapporter un peu de comfort avant ta mort, sache que tenir cet anneau entre les mains... Nous sommes quatres sur cette terre à l'avoir fait. Parmi lesquels un roi et un Maia. Pas mal pour un cordonnier...
La porte s'ouvrit et il quittèrent la tour.
À l'extérieur, le vent soufflait à bourrasque. La ville toute entière s'étendait sous leurs pieds.
Anarin avait les yeux grands ouverts comme une chouette.
Ses geôliers ricanaient.
- Belle vue hein !? Nous sommes sur la plus haute tour de garde de Minas Tirith. La petite tâche noire au loin c'est Osgiliath. Je te parie que si on allumait un grand feu ici, on le verrait jusqu'au Rohan !
Alors qu'il descendait lentement vers la ville, Anarin ne perdait pas une miette du spectacle.
Je veux avoir cette image en tête pour mes derniers instants.
Les toits fumants, les murs de pierres blanches, les dômes de fer et les cloches en cuivre...
Mêmes les choses les plus simple le fascinaient soudain : les escaliers de marbre, les porches en hêtre poncés, les fenêtres en verres polis et les tonneaux en boi...
- Tiens !?
Le tonneau... On dirait qu'il bouge tout seul.
Anarin fronça les sourcils, toutes ses aventures l'ont peut-être rendu fous.
J'ai l'impression de voir comme une tête. C'est impossible.
Les deux ravisseurs l'escortaient sans prêter aucune attention autour d'eux. Il regarda encore de plus près.
Si c'est bien une tête, elle me dit quelque chose....
Par Manwë!
Rohéna !!

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