Un Peuple Oublié
Chapitre 16 : Chapitre 15 _ La Bataille du Gouffre 2
3625 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 11/06/2020 21:32
Ils ne pourraient tenir indéfiniment, et chacun d'eux avait besoin de quelques minutes de repos.
Naé ne s'était pas arrêtée un instant depuis le début de la bataille, et elle réalisa soudain à quel point elle était épuisée, de fatigue et de douleur. Son ouïe se brouilla alors, de plus en plus, tandis que les battements de son coeur résonnait dans tout son être avec tellement d'intensité qu'elle dut se boucher les oreilles, pour continuer d'avancer.
En arrivant dans la grande salle, la puanteur lui prit les narines, et s'éloignant de plusieurs pas, elle tituba et vomit sur le sol.
La chair des blessés pullulait, mêlée à l'urine et à l'odeur de la peur et du désespoir, s'en avait été trop.
Aragorn se précipita vers elle et tenta de la relever en la prenant par le ventre. Mais elle grimaça de douleur, et celle ci lui paraissait anormalement s'accentuer.
Legolas se rapprocha.
-"Que se passe-t-il? lui demanda-t-il en plongeant ses yeux dans les siens.
-Ce n'est rien.
En disant cela, elle avait tenté de soulever son haut afin de voir l'aspect de la blessure, mais le fait de soulever son corset sans le détacher lui arracha une grimace.
-Pourquoi ne cicatrisez vous pas?
L'elfe avait l'air sincèrement inquiet, et cela la surprit tellement qu'elle partit sur la défensive.
-Peut être suis-je trop occupée à répondre à vos questions idiotes.
Elle vit dans son regard quelque chose se briser, et regretta immédiatement la dureté de ses mots. Avant qu'elle n'ait eu le temps de s'excuser, il se releva et partit. Aragorn lui lança un regard plein de reproches, et prise de fierté, elle se redressa.
-Tout va bien. Affirma-t-elle
Elle sentit un regard dans son dos qui jugeait la sûreté de ses pas. La douleur était insupportable mais elle ne voulait pas être un objet d'attention, et encore moins de craintes. Tant pis, elle n'avait qu'à prendre un peu sur elle et à serrer les dents. Elle s'occuperait de cette blessure plus tard, a l'abris des regards et des conseils exaspérants.
Plusieurs hommes s'agitaient dans tous les sens autours d'elle, préférant s'occuper que de rester à ne rien faire en pensant à leur mort.
D'autres restaient assis, seuls, se parlant à eux même, sans doute occuper à prier quelques divinités qu'elle ne connaissait pas.
Des pleurs résonnaient ça et là, ricochant en écho sur la pierre qui les entourait.
Elle prit soudain conscience que tous ces hommes pleuraient ce qu'ils regrettaient, ce qu'ils ne verraient plus, ne goutteraient plus. Ils pensaient à tout ce qu'ils ne vivraient plus.
Cela lui sauta aux yeux comme une évidence. Et alors seulement elle comprit que si elle n'avait jamais eu peur de la mort, c'est parce qu'elle n'avait jamais rien eu à perdre. Sa vie n'avait pas été particulièrement malheureuse, non, mais apparemment pas très heureuse non plus. Pas assez en tout cas pour qu'elle y trouve quelque chose à regretter.
Et à cet instant, les choses se mélangèrent et changèrent dans son esprit. Essayant d'imaginer que cette nuit serait sa dernière, elle réfléchit à son tour. A sa vie. A ceux qui lui manquerait. Et pour la première fois, il y en avait. Elle avait donné de l'importance à d'autres qu'elle. Ca s'était fait petit à petit, bien sur, jour après jour, et à présent cela était une évidence.
Émue et surprise de s'en apercevoir aussi tard, elle crut sentir des larmes monter vers ses yeux, mais aucune ne coula. Un gout amer emplit sa bouche, et ses yeux se posèrent sur Gimli, qui reprenait son souffle dans un coin. Puis sur Legolas, et enfin sur Aragorn. Sa bouche s'étira étrangement, et un sourit triste se dessina sur son visage.
Une peu comme une vieille mélancolie, comme une tendresse familière. Si familière, qu'elle ne l'avait pas vue arriver. Elle se laissa alors remplir par une immense douceur, comme une chaleur réconfortante qui gonfla dans son ventre et qui la soulagea un peu.
Se rapprochant d'eux, elle vit que le rôdeur était en pleine conversation avec le roi.
Quelques instants plus tard, Théoden exposa à tous le plan du rôdeur, et cela remobilisa les hommes. Il était vrai qu'ils ne pouvaient rester ainsi cachés jusqu'à ce que la porte ne cède, de plus, ils étaient le dernier rempart entre ces monstres et les femmes et les enfants qui attendaient dans les cavernes.
Plusieurs hommes se ruèrent dans les écuries, et leur ramenèrent la totalité des chevaux. Naé retrouva Ametis, terrorisé par les bruits et l'agitation de la guerre qui faisait rage.
Après lui avoir murmuré quelques mots en elfique pour le rassurer, elle se hissa sur son dos, à cru. Chacun des chevaux allaient être utilisé, afin de faire un maximum de dégât ou du moins de surprise dans les rangs adverses. Même Gimli avait eu droit au sien, et cela lui avait redonné un peu d'assurance et de courage, de se sentir à la hauteur d'un homme, pour une fois. Tout seul. Sans oreilles pointues difformes, paroles navrantes de par leur stupidité, ou bribes d'épicéa dans les narines pour lui donner l'excuse de ronchonner.
Une lumière entra soudain dans la pièce. Le Soleil se levait. Ils avaient combattu toute la nuit, survivants aux assauts continus de leurs ennemis. L'elleth sourit en voyant cette lueur de beauté s'élever doucement, éclairant le massacre et la laideur de la guerre qui régnait.
Les portes finirent par céder sous la persévérance des uruks, et tous lancèrent leurs chevaux au galop.
Le Roi, aux cotés d'Aragorn, menait la marche, et l'elleth s'était insérée au niveau de Legolas, sans y prendre garde, sous son regard glacial.
Leurs montures piétinaient les abominations qui leur faisaient face, tandis qu'ils donnaient des coups d'épées pour les achever.
Naé crut un instant que la victoire était possible, mais les hommes étaient désordonnés et avaient tendance à s'éloigner du groupe, se faisant ainsi engloutir par la masse sombre qui grouillait à leurs pieds.
Malgré tous leurs efforts, les uruks étaient trop nombreux et se jeter dans la gueule du loup n'avait pas changé leur destin.
Ils étaient entourés, et les chevaux tombaient chacun leur tour. Naé vit soudain une lance traverser l'épaule de Legolas, lui arrachant une grimace. Elle prit le poignard attaché à sa cuisse et l'envoya dans l'œil de son agresseur avant qu'il n'ait eu le temps d’entraîner l'elfe au sol.
L'elfe s'empressa de retirer l'arme d'un coup sec, et une tache sombre se dessina sur son épaule.
Perturbé, il baissa sa garde, et tomba à terre lorsque son cheval se cabra, faisant ainsi deux roulades arrières avant de pouvoir se remettre debout. Sans réfléchir, Naé emmena son cheval jusqu'à lui, et lui tendit le bras. Il le saisit et se hissa derrière elle en une impulsion.
Elle sentit alors la chaleur de son corps lui envahir le dos, et il posa sa main fragilisée contre sa hanche, afin d'avoir une prise, tandis qu'avec l'autre, il continua à faire tomber des têtes.
Plusieurs minutes passèrent, alors qu'ils suivaient le convoi de chevaux meurtrier.
Bloquée entre sa monture et le corps tout en muscles de son cavalier, l'elleth vit ses mouvements se restreindre et le contact de l'elfe brouillait ses pensées, la déconcentrant irrémédiablement.
Sentant que sa position, bien que particulièrement agréable, ne faisait que diminuer ses chances de survit, elle réussit à s'accroupir sur le cheval, et en un salto de coté, ses pieds se posèrent sur le sol, sous le regard étonné de son compagnon. Cela n'était certes pas la plus brillante des idées, mais c'était le seul moyen pour se recentrer sur le combat plutôt que sur la main qui lui serrait la taille.
A peine ses pieds avaient-ils percutés le sol, qu'elle tourbillonnait déjà avec ses lames, semant la mort au sein des rangs ennemis.
Elle ne pouvait s'accorder un instant de répit, ne serait-ce que pour essuyer le sang qui lui giclait au visage.
En se retournant soudainement, elle se retrouva nez à nez avec une tête immonde, dans laquelle était plantée une épée.
Avant qu'elle n'eut le temps de comprendre ce qu'il se passait, elle entendit Legolas atterrir dans son dos. Il avait lancé son épée dans la tête de celui qui aurait du être son bourreau, et se retrouvait maintenant désarmé.
Instinctivement, elle lui avait déjà lancé l'une de ses lames, et se rapprochait de lui.
Leurs dos se heurtèrent, et ils reprirent leur danse meurtrière, sous les premières lueurs de l'aube.
Trop occupée, elle ne réalisa même pas qu'il avait abandonné le cheval pour combattre avec elle.
Cela n'eut pas le temps de la troubler, c'était comme s'ils étaient fait pour se battre ensemble. Tout les deux, contre le monde. Ils n'avaient pas besoin de mots, se comprenant par le regard, chacun de leurs gestes semblaient en accord avec l'autre.
Et ils volaient des vies, dans une harmonie si parfaite, qu'on aurait pu croire que c'était là une chorégraphie qu'ils se contentaient d'interpréter pour la millième fois.
Elle en avait oublié la douleur de son ventre, oublié les hommes et les chevaux qui tombaient à quelques pas. Oublié la petitesse de leurs chances de survit.
Seul l'instant lui importait.
Elle avait totalement perdu le contrôle de ses pensées, et se concentrait uniquement sur le défilé de monstres qui finissait par s'amonceler à ses pieds.
Elle sentait le corps de l'assassin derrière elle, se mouver, se contracter, leurs gestes semblaient se faire reflets les uns aux autres, et les battements de leurs cœurs tapaient à l'unisson. Une énergie incroyable s'empara d'elle, comme elle eut le sentiment qu'ils ne formaient qu'un seul être, au deux moitiés réunies.
Ce fut à peine si elle vit les Rohirims dévaler la colline, lancé sur leurs chevaux au galop.
Face à ce nouvel allié, la peur s'empara de l'armée noire, qui comprit qu'elle ne pourrait faire le poids très longtemps. Les monstres fuyaient vers la forêt, emportés par un mouvement de panique générale, et bientôt, il n'y eut plus d'ennemis face à eux.
Les deux elfes restèrent immobiles quelques instants, chacun reprenant son souffle, doucement. Naé avança ensuite d'un pas, brisant ainsi le lien si particulier qui les liait.
Comme suivant une volonté qui n'était pas la sienne, elle se retourna, et plongea son regard dans les yeux bleus qu'elle avait tant haï.
Elle ne sut combien de temps passa, alors qu'ils restèrent ainsi, face à face, comme figés. A l'éclat dans ses yeux, elle vit qu'il avait ressenti la même chose, la même émotion, lui aussi.
Quelque chose s'était passé entre eux, c'était une évidence. Elle pouvait presque sentir cette énergie, comme un aimant, qui dansait entre eux. Les attirant l'un et l'autre. Ils n'osaient même plus respirer, de peur de se briser, et l'instant s'étira.
Soudain, le prince jeta l'arme qu'elle lui avait prêtée aux pieds de l'elleth, et sans un mot, il s'éloigna, prenant soin de récupérer son épée dans un des cadavres qui les entouraient.
Sa réaction pinça la fierté de la jeune femme, et elle resta amère, tandis qu'une boule se forma dans sa gorge.
Elle entreprit de rentrer à la citadelle, prenant soin d'éviter de regarder les cadavres qui jonchaient le sol.
En entrant dans la grande salle, l'odeur remonta au nez de Naé.
Ce n'était plus tout à fait la même, non, cette fois ci elle était ponctuée par le goût acide de la mort. Les survivants se réunissaient peu à peu, certains rapportant des blessés, dans divers états. Ceux ci étaient allongés sur le sol, dans l'attente d'être soignés. Les gémissements montaient, certains de douleur, d'autres de soulagement, ou encore de tristesse face à la perte d'un frère. Ne voulant pas s'attarder, elle descendit dans les sous sols, près des cavernes. Lorsqu'elle ouvrit la porte, certaines femmes se mirent à hurler, puis se turent en la reconnaissant. Pas un mot ne fut prononcé. Tous attendait qu'elle ouvre la bouche.
-Les Rohirims nous ont trouvé. Nous avons gagné.
A ces mots, certaines crièrent de joie, tandis que d'autres se mirent à pleurer de soulagement. Plusieurs se prirent dans les bras, partageant leur joie avec ceux qui avaient partagé leur peur. Une vieille femme s'approcha de l'elleth, les larmes aux yeux, et l'enlaça. Mal à l'aise, celle ci lui rendit poliment son étreinte, puis s'en éloigna. Ces marques de tendresse ne lui étaient pas vraiment familières, et bien qu'elle ne considérait plus cela comme une faiblesse, elle était encore loin d'y être habituée.
-Rejoignez les survivants, et voyez en quoi vous pouvez être utile.
Elle avait prononcé ces mots avec douceur, pour ne pas les affoler, mais certains prirent soudain conscience que malgré la victoire, les morts et les blessés devaient se compter par centaines, et tous coururent vers la porte. Dans la foule, Eowyn s'approcha d'elle. Ses yeux étaient apeurés, et cernés, mais aucun trace de larme ne coulait sur ses joues. Elle était décidément encore plus forte et plus battante que ce à quoi s'était attendue l'elleth. Les gens ici avaient sans doute eu besoin de soutient, et elle ne douta pas un instant que la jeune femme leur en avait apporté, oubliant ses propres angoisses.
-Votre oncle à été blessé mais ce n'est rien de fâcheux.
Elle sourit, soulagée, mais ne bougea pas.
-De ce que j'ai aperçu avant de descendre, le seigneur Aragorn et votre frère vont bien.
Elle lui sauta littéralement dans les bras, et ses cotes lui firent l'effet d'un choc électrique. La jeune femme s'éloigna précipitamment face à sa grimace.
-Vous êtes blessée?
-Comme chacun d'entre nous.
Les deux jeunes femmes remontèrent en silence dans la grande salle, où les cris et les pleurs des retrouvailles résonnaient contre la pierre. Tout le monde s'était déjà attelé à la tâche, et commençait déjà à soigner les blessures les plus graves. Beaucoup lavaient des plaies, les recousant, ou en amputant certaines, d'autres ramenaient des blessés sur de grosses brouettes, essayant de leur trouver une place sur le sol, au milieu des autres. Certains encore emmenaient les morts à l'extérieur.
Le chef de Rohirims entra alors dans la salle, son casque sous le bras, suivit de près par Aragorn et Gimli.
-Eomer!
Eowyn fondit en larmes et se rua sur le nouveau venu. Celui ci la prit dans ses bras et la souleva du sol. Aragorn sourit et s'approcha de Naé.
-Souffrez vous toujours?
-Je ...
Elle ne s'attendait pas à ce qu'il s'en inquiète, et le fait d'en reparler réveilla sa douleur en sursaut. Comme un gros coup de poing, elle ne put retenir une grimace. Elle avait apprit à oublier la douleur toute la nuit, mais maintenant que l'adrénaline était passé, elle lui revenait d'un coup.
-Venez, nous allons regarder ça.
Il la conduisit un peu à l'écart, et la fit asseoir sur un des tapis qui couvrait le sol. Eowyn, qui avait entendu leur échange les suivit, ainsi que son frère, trop heureux d'avoir retrouvé sa sœur pour la laisser partir.
Ôtant ses spallières et ses brassards, la blessée laissa le rôdeur sortir son poignard et trancher les lacets qui retenaient le haut de son armure de cuir. Devant la vue de son dôme en corset, le teint du rohirim s'empourpra bêtement, et il partit se rendre utile ailleurs. Eowyn alla chercher une bassine d'eau avec un linge propre, sous les indications du rôdeur. La grande porte s'ouvrit soudain, et l'elleth découvrit Legolas, qui s'avançait lentement. Il les aperçut, et s'approcha. Elle vit ses traits se crisper au fur et à mesure de ses pas. La blessure à son épaule semblait ne plus saigner, mais elle était recouverte d'une épaisse couche de croûte et de sang séché.
-Je vais devoir enlever votre corset pour voir la plaie.
Le rôdeur parlait avec douceur, et Naé devinait qu'il avait peur d'accentuer son mal. Elle acquiesça d'un simple signe de tête. Elle ne voulait pas vraiment savoir ce qu'il faisait, ses pensées s'échappaient et elle était dans un état étrange. Comme sonnée par une telle souffrance, c'est comme si sa conscience s'était mise en attente. Comme si elle ne sentait plus l'odeur insupportable qui flottait dans la pièce. Comme si elle ne sentait pas la chaleur des mains de l'homme qui caressait délicatement son ventre. Comme si elle n'avait plus mal, et que le temps s'étirait. Comme si tout tournait au ralenti autours d'elle. Elle regarda le visage du rodeur. Il était trempé, bien sur, de ses cheveux dégoulinaient encore perles de pluie qui allaient s'éclater sur le sol de pierre. Du sang noir tachait sa joue droite. Elle vit dans ses yeux une inquiétude profonde, et cela lui fit froncer les sourcils. Il devrait être heureux. Soulagé. Elle vit que ses lèvres bougeaient, mais les sons lui arrivaient bien trop lentement pour qu'elle comprenne ce qu'il disait. Alors, simplement, elle mit sa main contre sa joue, et, doucement, lui intima avec un sourire de continuer. Cela eut pour effet de le détendre instantanément, et il lui rendit son sourire, avant de tourner la tête vers Legolas.
A son tour, Naé suivit son regard, et ses yeux s’arrêtèrent sur celui qu'elle pensait détester.
Il ôta doucement sa spallière, et elle vit pour la première fois un petit quelque chose dans son visage. Peut être parce qu'elle avait cette impression que le temps s'étirait et qu'elle voyait mieux les détails, mais elle vit des émotions. Du soulagement, d'abord quand il se débarrassa de parties d'armures abîmées. De la souffrance, quand il mit le doigt sur la plaie ouverte qui lui déchirait l'épaule. De la fatigue, enfin. Quand ses paupières se fermèrent, et qu'elle mirent un peu plus longtemps que d'habitude avant de s'ouvrir de nouveau sur ses magnifiques yeux glacés. Givrés, même. Par les Valars qu'il lui semblait beau. Comment elle pouvait encore s'en étonner? Elle devrait s'y être habituée. C'était elle qui devenait givrée. Elle ne put alors retenir un éclat de rire. Nerveux? Elle n'aurait su le dire.
-Ca va aller? Demanda le rodeur au prince, sans s'attarder sur le rire de son amie.
L'elfe sourit.
-Soignez donc votre protégée, je sais ce que j'ai a faire, lui répondit-il avec douceur, en désignant Naé.
Aragorn fit alors courir sa lame le long du laçage de son corset, afin de le lui retirer. N'étant plus cachée que par une légère chemise un tant soit peu transparente, le rôdeur fit attention de ne pas regarder là où ses yeux n'avaient pas à aller, et releva doucement le tissu, découvrant son ventre. Au niveau de ses cotes, sa peau était devenue aussi noire que du charbon, et la jeune elfe pouvait la sentir brûlante sous les doigts du rôdeur.
-Cela ressemble à une hémorragie, dit-il, l'air inquiet. Comment est-ce arrivé?
-L'explosion du mur ..
Il grimaça en imaginant la douleur de l'impact. Il plaça sa main délicatement sur la peau brûlante, cherchant les cotes. Lorsqu'il appuya doucement, elle ne put s'empêcher de vomir à ses pieds, autant de bile que de sang. L'instant de paix et d'euphorie était passé. La douleur était redevenue abominable.
Legolas se redressa, et examina la contusion, soudain inquiet.
-Des cotes ont été brisées. J'ai peur que certains morceaux ne se soient enfoncés dans l'estomac ... Devant la mine effrayée d'Aragorn, il ajouta: C'est une elfe Noire. Et comme le rôdeur ne sembla pas comprendre où il voulait en venir, il expliqua ; Ses capacités de guérison sont incroyables. Avec du repos, son système immunitaire devrait réussir à évacuer ces débris d'os, et cicatriser.
-Ne serait-il pas préférable d'ouvrir pour enlever les éclats?
-Allez vous faire voir. Ils se retournèrent vers elle les yeux écarquillés.
-Premièrement je suis là, devant vous, alors mon avis devrait être le seul important, sans vouloir vexer personne bien sur. Deuxièmement, je suis assez grande pour m'occuper de moi toute seule. Et troisièmement, l'urgence est à aller chercher la tête de Saroumane, pas à faire une bonne grosse sieste. Je me reposerais quand je serais morte. J'ai tenue toute la nuit, je ne vais pas m'écrouler maintenant.
Elle avait hurlé ces mots, mais le fait de se sentir aussi fragilisée l'avait mise en colère. Encore une fois. Elle eut à peine le temps de voir le poing de l'elfe se rapprocher de son visage, qu'elle sombra dans un sommeil profond.
Les bras d'Aragorn la rattrapèrent, et il regarda son compagnon d'un air ahuri.
-Quoi? répondit l'elfe en haussant les épaules. Elle dort.