Un Peuple Oublié
Chapitre 15 : Chapitre 14 _ La Bataille du Gouffre 1
3251 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/06/2020 16:03
Le soleil s'était à présent couché, et les hommes attendaient l'arrivée de leurs ennemis dans l'obscurité.
Naé s'était retranchée dans sa chambre pour s'habiller. S'il n'y avait pas assez d'armures pour tous les Hommes, il n'y en avait aucune ajustée pour une femme.
Elle avait néanmoins réussi à se couvrir les bras, le cou et les épaules, avec des morceaux de cuir inutilisés.
Elle n'était donc pas vraiment protégée, mais il faudrait bien que cela suffise.
Lorsqu'elle eut tout enfilé et arrangé au mieux pour être sur que cela ne la ralentisse pas, elle récupéra toutes ses armes, et se dirigea à présent vers la salle commune, où elle était certaine d'y trouver Aragorn.
En entrant dans la salle, elle vit que Legolas, qui s'était lui aussi changé, était déjà là.
-Nous avons eu raison de vous faire confiance jusqu'ici, pardonnez moi. J'ai eu tord de désespérer.
Legolas avait baissé la tête en disant ces mots, preuve de sa sincérité et d'une gêne timide d'avoir ressenti tant de doutes.
-U moé edorhed, Legolas (il n'y a rien à pardonner Legolas.)
Il lui avait mit une main sur l'épaule, et l'absence de rancœur dans sa voix ne surprit personne.
-Si on avait le temps, je ferais ajuster cette cotte.
Tous se retournèrent, et sourirent devant Gimli, dont la côte de maille qu'il avait enfilé lui tombait sur les pieds.
-Elle est un petit peu serrée à la poitrine !
Les trois compères éclatèrent de rire devant l'orgueil du nain.
Tout à coup, le bruit d'une corne résonna dans la vallée. L'elfe fut le premier à réagir ;
-Ce n'est pas un cor d'orc.
Ils se ruèrent dehors, et c'est avec surprise qu'ils découvrirent Haldir, à la tête d'une troupe d'elfes qui semblaient prêt pour la guerre.
Theoden arriva sur leurs pas, et eu l'air tout aussi étonné qu'heureux de les découvrir.
-Comment est-ce possible ?
-J'apporte la parole d'Elrond de Fondcombes. Autrefois une alliance existait entre les Hommes et les Elfes. A cette époque, nous avons combattu et péri ensemble. Nous sommes venu honorer cette allégeance.
Sa voix était sure, et il n'y avait pas la moindre peur dans les yeux de ses soldats.
- Maé govannen, Haldir (Bienvenu Haldir)
Aragorn, se jeta sur lui et le prit dans ses bras, faisant abstraction des règles de bienséance du peuple elfique. Haldir fut surprit, mais sourit et lui rendit son geste. Il avait comprit en entrant dans la cité à quel point la situation semblait désespérée.
-Vous êtes plus que bienvenu.
Devant la mine toujours ahurie de Theoden, l'elfe ajouta ;
-Nous sommes fiers de nous battre à nouveau aux cotés des Hommes.
Il avait une prestance incroyable, et Naé fut impressionnée qu'il ait choisi de risquer sa vie pour une alliance faite des milliers d'années auparavant. Mais elle ne pu s’empêcher d'admirer sa détermination, et de ressentir une fierté incroyable à faire partie de cette race d'immortels.
Tous écoutèrent ensuite les indications que le Roi donnait à chaque Homme, avant de se positionner suivant les instructions sur les remparts. Dans des rangées bien droite, chacun étaient en rang, et Naé s'était retrouvée aux cotés de Legolas..
-Vous sembleriez presque tendu.
-Simplement concentré.
-Concentré à réfléchir à l'état de votre égo si Naé se révèle être plus efficace que vous au combat ? Ria Gimli, qui se tenait juste devant eux et qui avait l'ouïe plus fine qu'ils ne l'auraient cru.
L'elfe lui jeta un regard hautain.
-Cela n'est pas le cas.
-Le parieriez vous ? Reprit Naé, amusée.
-Parier ? Cela n'est-il donc qu'un jeu pour vous ?
-Mauvais perdant avant même d'avoir commencé, vous êtes très fort, continua-t-elle avec un sourire en coin.
Il grimaça d'agacement.
-Qu'est-ce que j'y gagnerai ?
-Faîtes moi une offre, lui dit-elle en le regardant droit dans les yeux.
Il hésita un instant, puis lança ;
-Votre subordination, immédiate et éternelle.
Elle ne pu retenir une grimace de surprise, et Gimli le regarda en écarquillant les yeux.
-Son obéissance et l'arrêt de ses provocations puériles, expliqua-t-il au nain.
-Oh oh ! Rit celui ci, qui semblait commencer à trouver la situation amusante.
-Je me tuerais avant, mais comme je suis bonne joueuse, je vais accepter.
Elle lui rendit son sourire taquin.
-Et vous, que voulez vous ? Lui demanda-t-il
-Votre respect immédiat et éternel.
Il ne pu cacher sa surprise, qui effaça son sourire. Gimli les regarda, l'un après l'autre, et semblait attendre quelque chose.
-Et moi ? Personne ne me demande ce que je veux ?
L'idée qu'il puisse vouloir se mesurer à eux ne leur avait pas effleuré l'esprit, mais il était vrai qu'il était un excellent guerrier dans son genre.
-Le nain veut jouer ? Lança l'elleth avec un nouveau sourire malicieux.
-Je ne laisserais pas d'oreilles pointues me dépasser ! Grogna-t-il
-Et quel est votre souhait ? Que nous vous laissions notre part de bière ? Demanda Legolas en souriant.
-Bien que vous émettiez là une charmante idée maître Elfe, je préférerais encore que... QUE VOUS ARRÊTIEZ DE NOUS CASSER LES OREILLES AVEC VOS CHAMAILLERIES D'ENFANTS !
Il avait haussé le ton et les Hommes autours d'eux les regardèrent.
-Que le jeu commence alors, enchaîna-t-elle pour détendre l'atmosphère. Et pas de triche, glissa-t-elle à Legolas, sous le regard exaspéré du nain. Vous n'avez pas encore gagné petit être, ajouta-t-elle encore à Gimli en se penchant à son niveau et en lui adressant son plus beau sourire, ponctué d'un clin d'œil.
En se redressant, elle vit que Legolas avait ri à sa plaisanterie, et cela lui fit l'effet d'un choc électrique.
Elle se détourna vite, honteuse d'avoir senti son bas ventre se réchauffer. En réponse à l'arrivée du combat ?
Oui, ça devait être ça, et ça ne pouvait être que ça.
Cela faisait déjà un moment qu'ils se tenaient là, à attendre, dans le silence le plus total.
Rendu aveugle à l'horizon par l'obscurité de la nuit, ils pouvaient suivre l'avancée des uruks au martèlement de leurs pas sur le sol. Ils étaient parfaitement accordés, les 10 000 êtres à l'unisson, telle une monstrueuse machine de guerre, et cela résonnait dans la tête de l'elleth de manière insupportable.
En jetant un regard derrière elle, elle pu voir les Hommes, qui se tenaient dans son dos.
La peur se lisait sur leur visage, et commençait même à se sentir dans l'air, y laissant un parfum acide.
La troupe elfique à coté semblait calme, résolue, préparée depuis des décennies à l'acceptation de leur mort. Leurs visages étaient inexpressifs, tous emprunt de ce même masque de froideur, si propre à leur race.
En reportant son regard devant elle, elle eut soudain conscience qu'elle n'avait pas peur. Elle sentait dans son ventre monter des émotions qu'elle croyait endormies, et pouvait ressentir l'excitation jusqu'au bout de ses doigts. La perspective d'un combat ne lui avait pas parut aussi intense depuis de longues années, et tous ses sens étaient en alerte.
Peut être était-ce du à la proximité de la mort, qui était ce soir là plus forte que jamais, ou autre chose qu'elle ne saurait expliquer.
Soudain, les uruks s'immobilisèrent à quelques dizaines de pas des remparts, hors de portée de leurs flèches.
Ils se mirent à frapper le sol avec leurs lances, oppressant les Hommes par leur nombre et leur rage. Sous les ordres d'Aragorn, chacun encocha une flèche, et tous attendirent leur premier assaut.
Néanmoins, une flèche s'échappa et alla se planter dans la gorge d'un monstre. Celui ci s'effondra sur le sol en un bruit sourd, sous le regard surprit des deux armées.
La colère monta et la vague d'ennemis courut se fracasser contre les remparts.
La voix d'Aragorn s'éleva, et les flèches volèrent, allant s'abattre en un déluge meurtrier. Naé tirait à vu, se concentrant pour faire mouche à chaque fois, et lorsqu'ils atteignirent le mur, elle en était déjà à 17. Elle décida de ranger son arc, économisant ce qu'il lui restait de flèches, et sortit ses épées, attendant la confrontation.
Leurs tours de siège se rapprochaient petit à petit, tandis que plusieurs de leurs échelles étaient déjà en position.
Elle se retrouva face à l'une d'elle, et se prépara au premier assaut. Très vite, le corps à corps commença. 18, 19, 20, 21, 22.
Elle tranchait chaque uruk qui parvenait au sommet de l'échelle. Ses coups étaient mécaniques, instinctifs, elle ne réfléchissait pas. Le sang giclait et l'éclaboussait de traînées noires, tandis que les corps commençaient à s'empiler à ses pieds.
Après plusieurs minutes, elle vit que de nombreux monstres étaient arrivés à se faufiler un chemin au delà des premières lignes, et que les cadavres commençaient à pleuvoir dans les rangs alliés.
L'avantage de leur force, commençait à payer, tandis que le plus petit d'entre eux, restait plus large que le plus fort des hommes.
En voyant arriver vers elle, elle se glissa jusqu'à Haldir, qui se battait un peu plus loin. Elle décapita deux horreurs qui se trouvaient sur son chemin, puis, prenant son élan, elle sauta par dessus l'épaule du Galadhrim et en embrocha un troisième au bout de sa lame.
La danse macabre continuait, et elle ne pouvait rester trop longtemps au même endroit, les cadavres qui s'y entassaient réduisait trop ses mouvements.
Il fallait bouger, toujours, c'était la clef. Elle avait totalement perdu la notion du temps, concentrée à ne pas trop regarder ses adversaires, pour ne pas se laisser surprendre par l'horreur et la laideur qu'ils arboraient.
Soudain, il lui sembla entendre au loin la voix du rôdeur, crier plusieurs fois son nom et celui de l'elfe, mais le temps qu'elle en comprenne la raison, il était trop tard.
Les pierres sous ses pieds semblèrent éclater dans un fracas incroyable. Elle fut projetée dans les airs, et finit sa chute sur le ventre, au milieu de morceaux de roche, 15 mètres plus bas.
Complètement sonnée, il lui fallut quelques secondes pour retrouver l'ouïe, et plusieurs autres encore pour parvenir à bouger ses muscles. Elle pouvait sentir que son épaule s'était déboîtée, et que quelques unes de ses cotes s'étaient brisées.
Prenant une grande respiration, elle parvint difficilement à se remettre debout, afin de prendre conscience de la situation.
Son regard se posa autours d'elle, et elle découvrit beaucoup de corps sans vie, certains à moitié ensevelis sous des morceaux de pierres, d'autres séparés de leurs membres.
Elle comprit que la partie du mur sur laquelle elle se tenait venait d'exploser, laissant à l'ennemi la possibilité d'envahir la cité.
Elle avait eu beaucoup de chance, bien que son état n'avait rien à envier.
Se concentrant sur sa respiration, elle se remit l'épaule en place dans une grimace de douleur, et découvrit que les monstres commençaient à se ruer dans la brèche qui leur était offerte.
Ils fonçaient droit sur elle. Elle recula, se laissant le temps de reprendre son souffle, et aperçut Aragorn, à quelques pas, qui semblait tout aussi sonné.
Tout d'un coup, Gimli, qui avait du voir la scène depuis un peu plus haut, se jeta devant la cohorte ennemie, afin de leur laisser le temps de se retourner.
Ses cotes lui brûlaient le ventre, et elle essayait de prendre sur elle pour oublier la douleur, se focalisant sur autre chose.
L'intervention de Gimli permit aux elfes derrière eux de se réorganiser, et ils encochaient déjà leurs flèches.
-Gimli, Baissez vous!
Il tomba à plat ventre dans la boue, et les flèches volèrent, mettant à terre une quinzaine d'assaillants. Naé s'élança vers le nain, l'aidant à se relever, et l'emmena à l'écart de cette première ligne.
Relevant les yeux, elle vit alors que les remparts étaient entrain de passer à l'ennemi, et aperçut à quelques mètres la chevelure blonde d'Haldir qui semblait en mauvaise posture.
Elle s'élança alors vers l'escalier le plus proche, pour aller lui prêter main forte.
En s'approchant, elle vit qu'il avait été blessé à plusieurs endroits, et que les cadavres qui jonchaient le sol ne l'aidaient pas à pouvoir bouger correctement.
Quand elle fut assez prés, elle put même entendre sa respiration, trop rapide et trop saccadée, qui témoignait de son effort.
Elle s'efforçait de prendre des vies, afin de tracer un chemin pour qu'il puisse la rejoindre, mais ses propres gestes avaient perdu de leur souplesse, et les images devant ses yeux lui paraissaient floues. La douleur qu'elle voulait oublier ne faisait que crier dans ses entrailles, et elle avait toute la peine du monde à rester concentrée.
Son ouïe était brouillée, et elle réfléchissait uniquement à ses gestes, faisant en sorte d'être continuellement en mouvement.
Tout d'un coup, alors qu'Haldir n'était qu'à quelques mètres, elle entendit sa respiration ralentir.
Elle tourna la tête pour essayer d'en comprendre la raison, et le vit, genoux a terre, une épée plantée dans le dos.
Elle grimaça de colère, et redoubla de violence dans ses coups. En moins d'une seconde, elle arriva à sa hauteur, décapitant deux des uruks qui lui faisaient face, puis s'agenouilla auprès de l'elfe qui était tombé au sol. Elle s'apprêtait à dire quelque chose, à le relever pour l'emmener plus loin, mais vit que ses yeux se voilaient déjà. Il lui sourit simplement, puis elle sentit qu'il était parti.
Elle se redressa d'un bond, emprunte d'un élan de rage, comme si sa perte avait provoquée une montée d'adrénaline.
Les épées relevées pour contrer l'attaque d'un monstre, qui perdit la moitié de sa tête dans la foulée.
La plupart des Hommes s'étaient déjà regroupés dans le bastion, et l'elleth était entourée de cadavres. 45, 46, 47. Toute peur ou fatigue l'avait désertée, bien qu'elle savait qu'elle devait rejoindre le bastion au plus vite. Ses alliés tombaient l'un après l'autre sur les remparts, et elle allait finir par se retrouver seule. Elle enjambait les cadavres qui jonchaient le sol, essayant de ne pas les regarder pour ne pas se disperser, se frayant un chemin à coups d'épées autours d'elle. La pluie s'était mise à tomber, et elle ne pouvait rêver mieux pour refroidir son corps qui lui semblait bouillir.
Se rapprochant de la porte, elle vit que les uruks avaient envahi la chaussée, et tentaient d'enfoncer la porte. Soudain, entre deux coups d'épées, elle aperçut Aragorn et Gimli, qui avaient du s'y faufiler afin de la défendre le plus longtemps possible. Bien qu'ils semblaient maîtriser leurs adversaires, ils ne pourraient tenir indéfiniment, et n'avaient aucun moyen de repli.
Continuant à trancher les corps qui se jetaient sur elle, une idée lui vint. S'approchant d'une échelle à présent vide, elle défit le cordage qui la retenait au rempart, la laissant retomber au sol. La corde lui resta dans les mains, et elle s'empressa de l'enrouler autours de sa poitrine pour ne pas qu'elle la gêne.
Se retournant, elle décapita trois monstres qui lui faisaient face, et aperçut Legolas à quelques pas.
Il semblait danser avec ses ennemis, et elle ne vit aucune trace de fatigue dans ses gestes ou son visage. Chacun de ses mouvements étaient précis, d'une rapidité incroyable.
Il était magnifique, et elle continuait à tuer sans réussir à en détourner le regard. Un cri de guerre nain la ramena à ses priorités.
Captant le regard de l'elfe, il comprit immédiatement ce qu'elle attendait de lui.
Ils se rapprochèrent l'un de l'autre, puis elle plaqua son dos contre le sien, défendant ses arrières comme il défendait les siens. Le sang giclait autours d'eux, et elle en était couverte.
D'un point de vu extérieur, ils ressemblaient à une tornade meurtrière au milieu d'un océan d'ennemis.
L'elleth pouvait sentir le corps du prince. Les muscles de son dos se contracter contre elle, comme si c'était les siens. Elle entendait sa respiration, devenir plus rapide et plus brève, au fur et à mesure de ses gestes, et pouvait presque ressentir ses émotions.
Quelque chose se passa, d'inexplicable, mais ce fut tout d'un coup comme s'ils étaient l'extension l'un de l'autre, ou un seul être à quatre bras.
Elle sentit son ventre se réchauffer, petit à petit, et des fourmis la prendre dans le haut des cuisses. Perturbée par ce sentiment étranger, elle se décolla du corps chaud de l'elfe, et déroula la corde dans le vide avant de la lancer à ses compagnons.
-"Aragorn! Gimli!"
Il n'y avait pas de temps à perdre, il fallait faire vite. Legolas ne pourrait la couvrir très longtemps.
Aragorn prit Gimli, et il s'accrocha à la corde, pour qu'elle les tire. Ils étaient plus lourds que ce qu'elle pensait, et la douleur de ses cotes se remit à tambouriner dans tout son corps.
Elle n'avait pas le droit à l'erreur, de toute façon, il fallait les remonter. Sa tête se mit à tourner, et elle crut sentir des larmes de fatigue dévaler lentement ses joues.
Elle les avait déjà hissé de quelques mètres, lorsqu'elle sentit une présence contre elle, puis une main se posa sur sa hanche.
Elle était si chaude qu'elle en ressentit la chaleur à travers ses vêtements. Elle avait déjà reconnu son odeur, et dut se concentrer pour ne pas se laisser déstabiliser par ce contact.
"-Laissez moi faire."
L'elfe avait murmuré ces mots à son oreille, et bien que l'endroit ne s'y prêtait pas, (peut être d'ailleurs était-ce parce que l'endroit ne s'y prêtait pas), elle sentit une nouvelle vague de frissons l'envahir, et une chaleur brûlante lui fit oublier sa douleur le temps d'une seconde.
Se recentrant sur les ennemis qui approchaient, elle fit valser ses lames autours d'elle, démembrant les monstres qui étaient à sa portée.
En quelques secondes, ses instincts reprirent le dessus, et elle s'élança à leur rencontre avant qu'ils ne puissent s'approcher de l'elfe. 68. 69. 70.
Elle tranchait, des têtes, des bras, des membres dans l'élan meurtrier auquel elle s'abandonnait.
Elle avait perdu toute notion, et n'arrivait plus à savoir depuis combien de temps le combat avait commencé. La pluie lavait son visage au fur et à mesure qu'il se couvrait de sang et de crasse, et elle eut soudain l'impression d'éternité.
L'impression que le temps s'allongeait, que les secondes s'étiraient, lui offrant le loisir de contempler les images du massacre qu'elle perpétrait.
Malgré tout, le visage de l'elfe continuait à lui emplir la tête, ainsi que le souvenir de la chaleur de son corps contre son dos, et elle s'en voulait de ne pas réussir à ravaler cette sensation.
Elle se dépensait autant que possible, afin de se vider du moindre sentiment, sans succès.
Une fois Aragorn et Gimli à sa hauteur, ils se précipitèrent tous les quatre dans le bastion avec le reste des hommes.